Ven de Prinss

La mort n'est qu'une étape …
Un chemin …
Que nous devons tous emprunter un jour ou l'autre.

Ven avançait, telle une créature déchue de son âme, soulevant la neige à chaque foulée. Indifférent. Indifférent à cette haine, à cette douleur qui le rongeait depuis des mois. Mais son voyage s'arrêtait là. Lorsqu'il sentit ses forces le quitter, il se retourna. Il voulait voir, une dernière fois, le visage de son ami. Elecsprint. Celui qui avait été son compagnon, ses yeux. Les prothèses de Ven se dérobèrent, et il s'effondra de toute sa hauteur dans la poudreuse. Le Pokémon s'accorda un léger sourire avant de s'éteindre dans le silence de la lande enneigée …

*
Ven se plaqua au sol. L'herbe sèche craqua sous sa masse. Un des Tauros releva la tête, bientôt imité par le reste du troupeau.

« Argh … »

Lentement, le Luxray se redressa. Aux aguets, sa proie jetait çà et là des regards inquiets presque pitoyables. Mais le Pokémon ne se laissa pas démonter et infligea un puissant Coup d'Jus au premier taureau qui passa devant lui. La pauvre bête, paralysée et abattue, s'effondra au sol en soulevant un épais nuage de poussière. La dernière chose qu'elle vit fut Ven, la gueule grande ouverte, se jeter sur elle …
Le reste du groupe s'était enfui et le soleil dardait de ses rayons dans le ciel turquoise lorsque le lionceau entreprit son festin. Celui-ci mordit à pleines dents dans la chair de sa victime, fut aussitôt violemment repoussé en arrière. Il enfonça ses griffes dans le sol et serra les dents, tomba et bascula sur le côté. Pendant un bref instant il crut qu'il était fini. Mais la douleur s'estompa aussi vite qu'elle était survenue … Ses muscles contractés se relâchèrent, et le Luxray poussa un maigre soupir. Ven se remit sur ses quatre membres et s'ébroua. Lorsqu'il s'approcha du Tauros, il eut un mouvement de recul. Sous sa peau en lambeaux, l'animal cachait une plaque de métal d'où jaillissaient encore quelques étincelles bleutées. Le Luxray prit peur et s'enfonça davantage dans le linceul verdoyant de la forêt …

A bout de force, Ven fit halte devant un autel couvert de mousse. L'édifice semblait ancien, cependant il était très bien entretenu. Le Luxray se coucha sur le flanc et attendit patiemment la tombée de la nuit …

*
« A vos ordres, monsieur. »

Eowyn sortit du bureau, fulminante. Bien qu'elle exécuterai les ordres de son patron sans broncher, elle le faisait à contrecoeur. D'ailleurs, qui prendrait plaisir à souiller l'œuvre de la nature ?

*
L'air embaumait. Le printemps était revenu, et les arbres se couvraient déjà de leurs bourgeons. Les paupières collées par le sommeil, Ven peina à se réveiller. L'ombre de la nuit avait enveloppé la forêt dans son intégralité. Le félin tendit l'oreille ; le bosquet devant lui s'agitait d'une façon étrange. A la vue de celle qui en jaillit soudainement, ce dernier sentit la peur lui nouer le ventre. La jeune femme et le Pokémon se fixèrent un long moment. Ils étaient aussi étonnés l'un que l'autre.

« Je suis … Désolée »