Kaminari no Kage de Raidemo

La pluie frappait violemment le sol boueux. Un homme courrait. Des arbres immenses l'encerclaient. Ses pas résonnaient comme dans une cathédrale au milieu de cette forêt menaçante tel un gouffre béant. Une respiration rapide se fit entendre. L'homme se retourna ; son visage était déformé par la peur. Il accéléra. La respiration se rapprochait. La pluie se fit plus battante encore.
Il courait, courait et soufflait à s'en faire exploser les poumons. Soudain, son visage s'illumina, le village apparut. Un vif espoir le traversa, il s'arrêta et mit ses mains en porte-voix. Rien. Il n'eut le temps de rien dire. L'ombre de l'énorme fauve tomba sur lui, l'écrasant sauvagement. Un craquement répugnant s'éleva du corps piétiné. La grande silhouette leva lentement la tête, ses yeux rouge sang se fixèrent sur le village. Le tonnerre retentit soudain, tandis que la créature ouvrait une gueule béante en direction du ciel.

Basho se redressa vivement dans son lit. Une sueur épaisse recouvrait tout son corps.
_ Tu vas bien ? lui demanda Buson qui s'était assis à côté de lui.
_ Je... oui, ça va. Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu devrais dormir.
_ Sûrement pas ! Y a plus important à faire.
_ Hein ? répondit le garçon qui n'était pas totalement réveillé.
_ Viens ! On va le chercher.
_ Quoi ?
_ Notre seul moyen de quitter cette base pourrie !

Pour la deuxième fois les deux garçons pénétrèrent dans la serre. L'air y été plus lourd, comme s'il avait plu. Buson s'avança en boitant.
_ On aurait pas du revenir, s'inquiéta Basho, c'est dangereux ! Je parle pas seulement des monstres mais aussi des gardes ; tu crois qu'ils vont se contenter de te tabasser cette fois ?
_ T'inquiète ! Ils pensent sans doute pas qu'on est assez con pour refaire le même coup deux soirs de suite.
_ Tu viens de dire toi-même que c'est complètement idiot ! Retournons dans la chambre !
_ Pas question ! Maintenant qu'on est là, on fait ce qu'on a à faire.
Basho n'insista pas et partit à la suite de son compagnon. Ils n'eurent pas à chercher longtemps. Un immense serpent de pierre leur faisait face. En voyant les intrus il fit grincer son corps rocailleux en signe d'avertissement.
_ Génial ! C'est un Onix !
_ Beuh, il est super grand...
_ T'en fais pas, j'en fais mon affaire.
A ces mots, Buson sortit la pokéball de sa poche et l'envoya vers le reptile de pierre. Airmure apparut dans un croassement affreux et se mit en position de combat.
_ Mais, … tu sais faire des combats ? s'étonna Basho.
_ Et ouais, là où je vivais on m'a tout appris !
Le garçon fut interrompu par la Charge de l'Onix ; son énorme tête minérale frappa le sol à l'endroit où s'était trouvé Airmure. Heureusement, celui-ci avait eu le temps d'esquiver. Sur les ordres de Buson, le rapace de métal fonça sur son adversaire dans une attaque Aile d'Acier. Le monstre reçut le coup de plein fouet. Le serpent rocailleux s'effondra, emportant deux arbres dans sa
chute. L'oiseau de métal poussa un cri de triomphe.
_ Et maintenant ? souffla Basho.
_ Je pense qu'il est assez affaibli, répondit le gosse en sortant une deuxième pokéball. C'est le moment...
Le monstre de pierre ne s'avouait pas vaincu et continuait à tordre son corps reptilien comme un ver à la merci d'un vent humide. Buson attendit que la tête du serpent se redresse au milieu des remous assourdissants de son corps rocheux. Il envoya la ball qui s'ouvrit au contact du grand reptile. Le serpent disparut dans une lueur rougeâtre. La pokéball vacilla un instant, puis s'immobilisa.
_ Ça y est ! On l'a ! s'écria Buson.
_ Bon, ok. Maintenant on retourne aux dortoirs ?
_ Ouais, c'est partit !
Le gosse blond s'apprêtait à faire demi-tour, puis se ravisa. Il se plaça face à son ami et lui tendit l'Onix.
_ Tiens, il est pour toi.
_ Hein ? Mais pourquoi ? balbutia Basho.
_ Fais pas de manières ! T'en aura besoin, tu verras.
Voir quoi ? Le jeune garçon préféra ne pas poser la question.