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La Société des Douze de Denser



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» Auteur : Denser - Voir le profil
» Créé le 10/11/2007 à 16:05
» Dernière mise à jour le 15/11/2007 à 12:19

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Dans un déluge de feu
Benneth sentait la sueur perler sur son front, une sensation désagréable qui l'avait toujours empêchée de réfléchir correctement. Mais là, avait-il besoin de réfléchir ? Il serra les poings, ces saletés d'extrémistes étaient d'une pourriture infâme, sans scrupules, et aveuglés par des idéaux stupides qui n'engendraient que violence et mort. Des fous, des pantins articulés et dangereux manipulés par quelques hommes désireux de faire du monde tel qu'ils le connaissaient un champ de bataille sanglant. Non, il n'y avait pas besoin de réfléchir.

« - Vous avez un plan ? » demanda le professeur d'une voix pâteuse. Ne pas avoir peur de mourir pour ses idées était une chose, en revanche savoir qu'il était possible de s'en sortir mais en prenant de gros risques, cela avait le don de l'irriter. Mais qu'importe, il fallait qu'il survive, et avec lui ses travaux. Mais la voix fantomatique de Zéro le ramena à la réalité.
« - Vous avez cinq petites minutes pour récupérer autant de documents que vous pouvez en porter. Vous pourrez m'en remettre une partie » et il appuya ses dires en désignant l'intérieur de sa cape, qui semblait à même de contenir quelques kilos de paperasses « et après, on s'en va.
- C'est... aussi simple que ça ? »
Mais Zéro, plutôt qu'une réponse, se contenta d'afficher sur son casque un compte à rebours.

4 : 47

« - Je vous conseil de vous dépêcher docteur, tout ce qui restera ici sera perdu, à jamais. »
Alors aussi vite qu'il le pu, Benneth se jeta vers les grandes tables de travail recouvertes par d'épaisses plaques de verre et attrapa en hâte tous les papiers qui lui passaient sous la main. D'un rapide coup d'œil, il vérifiait les informations qui s'y entassaient au format informatique, et ne gardait que celles qui en valaient la peine. Il s'activait comme un forcené pour sauver son travail, toute sa vie en somme, sous la surveillance presque irréelle d'un Zéro qui restait là, les bras croisés sous sa cape.

3 : 31

« - Activez-vous professeur, sinon nous n'aurons pas le temps de prendre votre assistant au passage, et son réveil risque d'être assez douloureux. Tout du moins je ne doute pas des méthodes inquisitrices des Crocs Noirs, ni de leurs capacités à inventer toujours plus de méthodes de tortures.
- Vous ne m'aidez pas vraiment Zéro, en restant prostré là comme une statue. Me rabâcher que le temps passe n'est pas la meilleure solution, croyez-moi.
- Je vous crois, professeur, plus que 2 minutes et cinquante secondes. »
Benneth sembla exaspéré par le comportement de Zéro, mais qu'importe, après les tables de travail il s'occupait d'arracher de grandes feuilles remplies de formules complexes, de tableaux et de graphiques à d'immenses classeurs grisâtres. Il jeta une pile de papier sur la table à côté de laquelle Zéro attendait.
« Voilà pour vous. » et Stephen sous les traits de son héroïque et controversé personnage s'empara des feuillets qui disparurent sous sa cape, comme par magie.

1 : 12

« - Avez-vous encore besoin de prendre quelque chose ? »
Benneth semblait être sur le point de faire non de la tête se ravisa, leva un doigt triomphale et s'approchant d'un vieux bureau en bois qui jurait fortement avec le décor de la pièce – une autre relique du passé, tel le fauteuil – il en retira d'un tiroir une petite boîte en bois, qu'il fourra dans l'une des grandes poches de sa blouse.

0 : 00

« - Bien, nous pouvons y aller » et sans attendre une seconde de plus, Zéro fît demi-tour et devança le Docteur Benneth dans les longs couloirs silencieux du complexe souterrain. Derrière eux, la porte coulissant se refermait pour la dernière fois.

Benneth regardait Zéro avancer d'un pas sûr. Cet homme savait ce qu'il voulait, il savait où il allait, et Benneth était certain que rien n'avait été laissé au hasard. Les Crocs Noirs allaient-ils sérieusement leurs poser problème ? Il n'aurait su le dire, mais quelque chose dans le comportement de Zéro laisser croire que non.
Ils déambulèrent dans des couloirs aussi longs et nus les uns que les autres, seulement éclairés par quelques faibles halogènes encastrés dans les bordures murales, en hauteur et le tout diffusant une pâle lumière tamisée. Bien qu'il empruntait ces couloirs tous les jours depuis plusieurs années, Benneth n'avait jamais saisit toute l'intensité solennelle de ceux-ci. Ils étaient froids, comme le cœur d'un homme de science, le cœur de celui qui consacre sa vie à la recherche, et pour qui bien vite le monde se réduit à un microscope. Maintenant que la pression s'accumulait dans son être, que son travail allait être fortement retardé qu'il le veuille où non, Benneth pouvait voir le monde tel qu'il était réellement. Pendant ce cours instant, il voyait le laboratoire comme jamais il ne l'avait vu et comme tout le monde aurait pu le voir : une suite de salles silencieuses, impersonnelles et empestant fortement la javelle. Un monde sans âme, qui pourtant travaillait à rendre le futur meilleur. Un véritable paradoxe.

Zéro s'arrêta si soudainement que le docteur faillit lui rentrer dedans. L'étrange personnage se tourna d'un seul mouvement vers une alcôve. C'était l'entrée de l'enclos numéro un, dans lequel se trouvait, entre autre, le spécimen 13. Et aussi étrange que cela parût à Benneth, le corps inconscient de Paterson fît son apparition mystère en surgissant de ladite alcôve... en lévitant ! Le corps du malheureux flottait à un bon mètre du sol, sa longue blouse blanche traînant sur le sol. Le Docteur resta interdit pendant quelques secondes, quand tout à coup cette vision lui rappela un fait important :
« - Zéro ! Les Crocs Noirs vont tout détruire ici... et vous avez-vous-même dit qu'ils tuaient les pokémon. Comment...
- Ne vous en faîtes pas, j'ai capturé chacun des pokémon présents ici. »
Et il reprirent leur marche dans les tunnels glacés du complexe.
« - Vous savez ce que vous faîtes au moins ? » demanda Benneth.
Pas de réponse.
« - On se dirige droit vers le sas d'entrée principale. C'est par là que les... »
BAM
Le bruit assourdissant d'un coup de feu résonna si fort dans l'étroit tunnel que le Docteur se jeta au sol, les oreilles toutes bourdonnantes. Zéro, lui restait debout, au milieu du couloir, le corps de Paterson flottant paisiblement derrière lui. Le docteur aperçu subrepticement les têtes d'hommes surgirent de derrière un amoncellement de caisses dix mètres devant eux.

Benneth se releva, tout tremblant. Un tir. Il n'y avait eu qu'un seul tir... mais quand viendrait le deuxième... Zéro... Paterson...
« - Attention ! » fût tout ce qu'il trouva à dire avant que le déluge ne s'abatte. Jamais le temps ne lui avait parût aussi long, et même des années plus tard, il lui arriverait parfois d'entendre les bruits de fusillade qui s'ensuivirent. Ce fût un spectacle sonore assourdissant. Benneth se serait cru en enfer. Ca tirait sans discontinuer, les balles sifflaient de ci de là, s'enfonçant dans les murs, ricochant sur le sol. Il bascula en arrière, protégeant sa tête de ses mains, et hurlant. Ses cordes vocales vibraient si fort que son long cri couvrit un instant le cracha irrégulier des balles. Puis lorsque le déluge de feu baissa d'intensité, ses oreilles étaient encore congestionnées par cet épouvantable éclat des fusils et des pistolets. Et il continuait de crier.
« Pourquoi... Zéro... pourquoi nous avoir conduit droit dans l'antre du diable... il y avait d'autres sorties... »
Mais le mystérieux sauveur n'avait pas bougé, pas cillé, et il n'avait pas même une égratignure. Et là, debout au milieu de ce tunnel aux murs mangés par les balles, se tenait Zéro. Et devant lui, comme si elles avaient été stoppées net par un mur en acier, des centaines de projectiles incandescents. Ils flottaient dans l'air... et tous dégringolèrent au sol, comme si l'attraction terrestre venait soudainement de se rappeler de son job.

Des cris étouffés s'élevèrent du fond du tunnel. Les assassins, les barbares des Crocs Noirs se remettaient lentement du choc émotionnel. Ils venaient de canarder un type qui avait, sans aucun mal, stoppé toutes les balles qui lui étaient destinées. Benneth, quand à lui, restait muet de stuppeur. Ce Zéro avait de la ressource... vraiment beaucoup de ressource.
Mais déjà résonnaient les cliquetis traditionnels qui accompagnaient le rechargement d'une arme. Chargeurs vides chutant lourdement sur le sol, nouveaux engagés dans la crosse... chargés... et prêt à tirer. Benneth ferma les yeux, se boucha les oreilles... et attendit que le malstrom de feu et de bruit s'abatte de nouveau sur lui.

Mais rien. Il n'y eu pas un tir, pas une explosion, pas un seul cri. Aucune arme ne cracha ses projectiles de mort sur le petit groupe d'individus. Il régnait maintenant un silence total dans les couloirs, et le Docteur s'autorisa à ouvrir un œil. Zéro n'avait pas bougé, il se tenait toujours aussi droit, aussi impartial, tandis que Paterson... et bien Paterson était toujours égal à lui-même, flottant inconsciemment au-dessus du sol. Le Docteur aurait donné cher pour être à sa place en cet instant, mais c'est alors qu'il le vit.
« Ainsi donc... ce n'est pas une légende... »
A chaque apparition de Zéro à la télé, Benneth, comme l'ensemble des spectateurs, avait relevé une constante, une présence qui ne fluctuait jamais : un Cornèbre aveugle. Et pour le moins aussi étrange que cela lui avait parût, l'oiseau au plumage charbonneux se tenait devant son maître, ses yeux laiteux fixant un point lointain au fond du couloir. Et la voix de Zéro résonna :
« - Je vous conseil de vous remettre debout docteur. Nous partons. »
Et il avança sans même jeter un regard derrière lui.

Les tueurs des Crocs Noirs étaient pareils à de laides et horrifiques statues de cire, dont le visage était emprunt pour l'éternité d'une grimace de pure terreur. Les soldats en treillis tenaient encore leurs armes dans leurs mains pendantes, de la bave coulait paresseusement au bord de leurs lèvres. Des coquilles vides. Et le Cornèbre, avançant au pas de son maître, continuait de les fixer, quand soudain l'évidence frappa le docteur Benneth.
« Mais oui... il utilise son pokémon pour lancer l'attaque Ténèbres... pourtant... une attaque de ce type devrait créer une sorte de champ de force spectral, faisant germer une angoisse immédiate chez quiconque s'approcherait... mais je ne ressens rien du tout... »
« - C'est normal Docteur, Cornèbre combine ses Ténèbres à son Hypnose...
- Et ainsi il pénètre dans l'âme même de ses victimes, les transformant en poupées de chiffons... » finit Benneth, qui n'apparaissait même pas surpris que Zéro est pu lire dans ses pensées. Non, à partir de cette nuit fatidique où le Docteur Benneth aurait pu mourir – d'une mort violente assez violente comme il allait le découvrir – il n'aurait plus jamais le loisir d'être surpris par quoi que ce soit.

« - J'espère que vous ne craignez pas trop la chaleur, Docteur.
- Pardon ? » Demanda Benneth qui ressortait de ses pensées.
Mais sans même répondre, Zéro plongea sa main gauche sous sa cape, et en ressorti une petite télécommande noire sur laquelle apparaissait un seul et unique bouton rouge.
Ils venaient de dépasser les membres pétrifiés des Crocs Noirs et de tourner dans un couloir beaucoup plus large et donnant sur la sortie, dont les murs avaient été soigneusement tagués quelques minutes plus tôt du signe de ces extrémistes. Benneth n'y porta aucune attention, il restait hypnotisé par la télécommande de Zéro.
« - Je... en fait... c'est vous qui allez tout détruire, pas eux ?
- En effet docteur. Ce laboratoire ne sert plus à rien, et l'emprise de mon Cornèbre ne durera pas toute une éternité. Tout se terminera ici, par ma main. Mais ne paniquez pas Docteur, vous avez l'essentiel de vos recherches, et je suis sûr que vous devez cacher bien d'autres choses encore ailleurs. Je ne me fais aucun soucis pour vous.
- Mais... et les Crocs Noirs ? Vous n'allez tout de même pas... »
Zéro appuya sur le bouton rouge. Il y eu un grondement au loin, celui d'une bête géante se réveillant après des millénaires d'hibernation, puis les murs, le plafond et le sol se mirent à trembler. Un deuxième grognement, plus puissant, plus furieux. Des tremblements. Plus forts, déstabilisant Benneth. Mais Zéro avançait, impassible, vers la sortie qui s'ouvrait au bout du tunnel. Un immense sas à code qui, semble-t-il, avait été défoncé. Puis cette fois le souffle de l'explosion se fît clairement entendre, comme si un dragon gigantesque venait de cracher son feu destructeur. Les murs et le plafond vibraient si fort que des morceaux de béton commençaient à s'en détacher. Puis le feu infernal dévorant l'espace fît son apparition au coin du tunnel qu'ils venaient de quitter, charriant les corps calcinés des Crocs Noirs, et comme une créature implacable pourchassant sa proie, il se répandit dans toute la largeur du tunnel, grondant. Il s'avançait aussi inexorablement qu'une coulée de boue ou une avalanche, et Benneth cru décerner les contours de chevaux enflammés menant une charge exterminatrice. Puis ce fût comme si les flammes venaient de happer le groupe. Benneth ferma les yeux, se protégea de ses mains... mais rien. Jamais les flammes ne vinrent dévorer ses chaires, scindées en deux par un bouclier protecteur et invisible. Elles continuèrent leurs tonitruantes cavalcades jusqu'à la sortie, où leur soudaine libération déclencha une explosion de joie. Et déjà, dans les tréfonds du laboratoire, Benneth – qui transpirait à grosses gouttes – pouvait presque sentir les murs qui cédaient, les plafonds qui s'écroulaient, et son fauteuil fétiche brûler – à condition que l'explosion que Zéro avait préparé ne l'ait pas réduit en miette avant. Et avançant sans relâche dans la fournaise ambiante, Zéro toujours aussi impassible et Paterson aussi inconscient, les trois hommes et le pokémon qui trottait fièrement sans se soucier de ce qui se passait autour de lui sortirent enfin à l'air libre, tandis que derrière eux, et longtemps encore après qu'ils se soient enfoncés dans la forêt ténébreuse entourant Doublonville, les flammes et la chaleur réduisaient à néant deux années de constructions intensives et secrètes.

ΦΦΦ

« - Alors, Stephen c'est ça ? » L'intéressé hocha la tête. « Oui, donc voyez-vous, ces marques que l'on distingue ici sont celles laissées par les traces d'un pokémon. »
Stephen se pencha un peu plus en avant, pour apercevoir dans la pierre une sorte de demi-empreinte. Aussi large et profonde qu'une main d'homme. Mais une question lui brûlait les lèvres.
« - Dîtes-moi Docteur Benneth, si vous avez une empreinte, même si elle n'est pas entière, pourquoi n'avez-vous pas pu définir de quel pokémon il s'agissait ? De plus, Yann m'a dit que la piste du pokémon était « privilégiée », avec cette empreinte elle devrait-être confirmée depuis longtemps non ? »
Benneth fléchit ses genoux et s'accroupit au niveau de Stephen, son regard plein de vitalité fixé sur le jeune homme. Stephen le vit tout de suite : Benneth était de nouveau un scientifique, un chercheur, et malgré qu'il ne doutait pas que le vieil homme soit profondément touché par ce qui était arrivé à ce village, son monde, lorsqu'il était temps de répondre à des questions bien précises, se limitait à son vis-à-vis, homme ou microscope.
« - Cher Stephen, rien dans cette affaire n'est simple, car voyez-vous, et j'espère que votre surprise n'en sera pas trop déstabilisante, cette emprunte que vous voyez-là est celle d'un pokémon non répertorié. Ni sur Kanto, ni sur Jotho, et encore moins à Hoenn ou Sinnoh. »
Benneth laissa le temps à Stephen de digérer l'information. Le jeune homme, presque inconsciemment, faisait craquer ses doigts alors qu'il serrait et desserrait son poing, ses jointures blanchissant un peu plus à chaque fois. Comment cela était-il possible ? Les empruntes d'un pokémon inexistant... un pokémon non recensé... une idée lui vinrent à l'esprit, et il ne se gêna pas pour en faire immédiatement part à Yann et Benneth.

« - Dîtes-moi tous les deux, pendant tout ce temps, avez-vous pensé à approfondir quelques hypothèses ? Par exemple, la possibilité que ces pokémon portaient des armures ? On sait que les commanditaires de cette... catastrophe sont liés à une quelconque entreprise criminelle. Il existe déjà de telles armures sur le marché noir, capable de renforcer la protection aussi bien contre le feu et l'eau que les attaques psychiques, et surtout chaque modèle pouvant être fait sur-mesure, c'est le meilleur moyen pour laisser des empruntes de pas falsifiées. »
Le Docteur se releva, une grimace fugitive passant sur son visage ridé lorsque son dos sembla faire des siennes. Stephen l'imita, puis enfonça ses mains dans ses poches tandis que Yann continuait d'observer ses pompes, le regard voilé par ses lunettes sombres. Stephen pressentait que la réponse n'allait pas lui plaire. Mais alors pas du tout.
« - Oh, mon cher, non, il est totalement impossible que ce – ou ces – pokémon aient porté une armure. Et la raison en est simple : les experts ont prélevé de l'ADN dans ces empruntes. Pas beaucoup, certes, mais néanmoins assez pour dire que le – ou les – pokémon se déplaçaient sans aucune protection. Plus troublant, l'ADN que nous possédons, tout comme les empruntes, ne correspond à rien de connu.
- C'est troublant, en effet » dit Stephen, songeur. Il essayait de donner une valeur logique à ces informations. « Pourquoi dîtes-vous « le ou les » ? Vous ne savez pas exactement combien il y a de traces différentes ?
- Ce n'est pas une question de compter les traces, répondit sèchement Yann. Il n'y a qu'un seul jeu d'emprunte potable, mais partout autour de nous, dans ces ruines, il y a toutes sortes d'éraflures sur les pierres. On en relève une douzaine différentes, mais aucun moyen de savoir si elles appartiennent à un seul et même pokémon. On pourrait facilement rapprocher certaines entailles à des marques laissées par un Insécateur, mais il devrait posséder des lames d'une taille supérieure à la moyenne. Il y a aussi des marques qui nous laisse penser que le pokémon a utilisé ses poings... ou ça queue. Aucun moyen d'être sur. Cette affaire est un vrai casse-tête.
- Je vois ça » répondit Stephen en soufflant, puis il balaya la scène du regard. Cette place avait du autrefois accueillir le marché, coloré et parfumé, convivial. Au centre se trouvait les restes miséreux de ce qui avait du être une magnifique fontaine recouverte de mosaïques, aujourd'hui à l'état de poussière. « Malgré tout on peut facilement en tirer les grandes questions » reprit le jeune homme « concrètement, qui sont ces hommes en noirs, et pour qui travaillent-ils ? Sont-ils directement impliqués dans la destruction de ce village ? De la en découle une autre question : pourquoi l'avoir détruit ? Quel secret se cache sous ses ruines ? Ou quel secret s'y cachait, car je doute que quelque chose est pu être laissé au hasard à la suite d'une action si importante. Et n'oublions pas la petite fille et l'Evoli. »

Stephen reprit son souffle. La petite fille. Morte. L'Evoli, torturé, un cobaye. Encore une fois, la preuve que ce monde était pourris jusqu'à la moelle. Et le ciel au-dessus de leur tête qui devenait de plus en plus sombre et lourd n'arrangeait rien à son moral. Cette histoire le dépassait. Tant de zones d'ombres, de questions à élucider... il allait falloir être méthodique, mais la vision de ce village rasé, et le souvenir des paroles de Yann à propos de l'Evoli lui indiquait clairement que pour mener à bien cette mission, il allait falloir mettre les mains dans la merde. La plus noire, la plus collante et la plus fangeuse qui soit. Et tout cela n'était qu'un début...

« - Stephen ? »
L'interpellé se retourna. Yann se tenait devant lui, il ne l'avait même pas entendu se déplacer. Son ami lui mis la main sur l'épaule, comme pour tenter de le soulager d'un poids. Mais Stephen sentait que la suite n'allait pas être des plus agréable. Il commençait à avoir l'habitude.
« - Ecoutes... si tu veux me suivre dans cette folie, il va falloir que tu vois des choses... mais tu es prévenu, ça risque d'être plus dur que de simple corps sans vie. Je sais ce que tu es capable d'endurer, mais... tu sais, moi, après avoir visité le... leur cachette souterraine là-haut dans les bois, j'ai bien du vider quatre ou cinq bouteilles, sans parler des... des photos. J'arrivais pas à le croire, c'était dément... mais c'était surtout la réalité, le fil directeur de toute cette histoire. Je suis dedans jusqu'au cou, et je ne m'arrêterais pas, jusqu'à trouver le fin mot de tout ce bordel... ou bien jusqu'à ce que j'en crève, tu comprends ? Je sais que tu as choisis de m'aider, que tu veux ta vengeance... mais ta véritable décision, tu la prendras après. Quand tu auras vu ce que moi j'ai vu. »
Stephen ne su quoi répondre. La voix de son ami s'était faite dure, mais aussi chargée d'un mélange de dégoût et de colère. Qu'avait-il bien pu voir dans ces souterrains...

Stephen le saurait bientôt. Tandis que Yann l'entraînait de nouveau vers la tente, le Docteur Benneth sur les talons, il laissa divaguer son regard sur le lointain, sur ces montagnes tristes sous lesquels se cachaient des choses terribles. D'un mouvement rapide de la main il chassa une mèche de cheveux qui était venue se coller sur son visage. L'air était moite, il suait. Non, décidément, rien ne serait facile dans cette affaire...