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Le Maître du Vent de supersian



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» Auteur : supersian - Voir le profil
» Créé le 27/09/2007 à 22:12
» Dernière mise à jour le 27/09/2007 à 22:12

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Un matin à l'arène
Devenir disciple dans une arène n'était pas chose aisée. Celle de Mauville, pas forcément la plus exigeante, vous demandait de posséder au minimum trois pokémons vol, dont au moins un qui puisse servir de monture dans les airs. La suite de votre admission se déroulait en plusieurs parties : tout d'abord le fatras administratif, qui ne dépendait pas de vous, puis un entretien avec le maître d'arène, et enfin différents combats pour tester votre niveau, votre aptitude, et votre motivation.

Disciple d'une arène était une expérience unique. Vous vous engagiez pour au minimum un an, à vivre selon les règles de l'arène, en communauté avec les autres disciples. Votre vie devenait épuisante, entre les entraînements exigeants, les corvées, et votre jeunesse qui vous incitait fatalement à sortir faire la fête de temps à autre.

Vous n'étiez pas payé, mais tous vos besoins étaient pris en charge par l'arène. Après au moins un an dans une arène, vous pouviez l'exhiber fiérement sur un CV : cela signifiait que vous aviez acquis un sens des responsabilités, des devoirs, de la discipline. Cela signifiait que vous étiez compétent et doué avec vos pokémons. Cela signifiait enfin que vous étiez bien crédule de croire qu'une année dans une arène vous aiderait à trouver du travail : si vous trouviez un travail accessible aux uniques dresseurs qui n'avaient jamais fait et ne savaient que combattre, oui, vous aviez une chance d'être mieux reçu que les autres, mais encore fallait-il trouver ce travail en question.

Mais la communauté qui évoluait dans l'arène de Mauville était loin de se poser la question. L'âge minimum pour entrer comme disciple était de 16 ans, le maximum de 25. Ainsi, une fausse ambiance d'insousciance régnait, quand le travail et la passion se mêlent à la frivolité de la jeunesse...


***


- HOOOOOOOOOOOOOOOO !!!
- Putain non, pas déjà...

Pourtant, Albert se leva courageusement de son lit... Après plus d'une demie-heure de stagnation sous ses draps. Encore complétement abruti, il sortit de la chambre qu'il partageait avec Mika, et se dirigea d'un pas mal assuré vers la salle-de-bains la plus proche.

Arrivé là, il jeta un oeil dans le miroir. Sa figure portait encore toutes les traces de sa semaine passée : des cernes immenses, un regard morne, des cheveux... Sales, et emmêlés. Il n'avait pas trouvé le temps de les laver pendant son séjour au festival... Enfin, c'est ce qu'il se donnait comme raison... Des locks ? Il commençait à l'envisager de plus en plus sérieusement... Mais si ça ne lui plaisait plus un jour, il serait obligé de se raser la tête, et d'avoir les cheveux courts... Quelle horreur. Plutôt mourir que d'avoir les cheveux courts.

- HOOOOOOOOOOOOOO !!!
- Roh, ça va, j'arrive...

L'être auquel Albert s'adressait était un Hoothoot qui portait une pendule autour du cou. Ce pokémon avait été dressé pour venir pousser des hululements retentissants aux heures-clef. Ses yeux rouges et ses sourcils froncés, pourtant habituels chez l'oiseau, semblaient traduire chez lui un énervement profond pour les retardataires...

Il venait de mettre son bec dans la salle-de-bain où le jeune homme finissait de s'asperger le visage d'eau bien froide. D'un air mauvais, il indiqua à Albert l'heure, c'est-à-dire 7 h 35, et commença à gonfler ses joues, pour hurler encore une fois.

- NON ! NON ! Non ! C'est bon, je viens...

Albert se jeta dans l'escalier, pour arriver au rez-de-chaussée, où se trouvait la salle-à-manger.

- Bonjour Albert ! salua toute la maisonnée en choeur.
- Salut tout-le-monde ! répondit l'intéressé en s'asseyant.

Le rythme de l'arène était immuable. Réveil à 7 heures. Petit-Déjeuner à 7 heures 30. Entraînement jusqu'à 9 heures, heure à laquelle l'ouverture officielle aux challengers était déclarée.

La salle à manger, contigüe à la cuisine, restait l'endroit de réunion par excellence. Ses murs étaient recouverts de posters et de tableaux, tous portant sur le thème de l'air, du vent, des oiseaux. Un buffet massif contenait toute la vaisselle, et des trophées et coupes de toute sorte étaient posés dessus, soigneusement entretenus, en tant que symboles de la puissance et de la prospérité de l'arène. Deux tables immenses, pouvant recevoir environ une quinzaine de personnes chacune achevaient de meubler la pièce.

A l'instant où Albert entrait, seule une table était encore occupée, par une dizaine de disciples qui finissaient de déjeuner, certains habillés, vêtus de la tenue officielle de l'arène, un kimono bleu, d'autres en pyjama. Le matin, malgré les vapeurs du sommeil, la salle résonnait souvent de conversations et de rires, ce qui était le cas aujourd'hui, excepté...

- T'es vraiment un boulet. Ton chocolat est trop chaud, j'ai failli me cramer !
- Oh, toutes mes excuses mademoiselle ! La prochaine fois, je mettrais des glaçons !

Les deux personnes qui tenaient cette conversation fortement polémique se nommaient Mika et Clarisse. Ils avaient à peu près le même âge, c'est-à-dire dix-huit ans. Mika était un garçon plutôt chétif, aux longs cheveux noirs bouclés, toujours souriant, même sous les répliques de Clarisse, une fille de petite taille aux cheveux blonds et courts.

Pour une raison inconnue, ils ne pouvaient pas se voir. Leurs disputes rythmaient leurs vies ainsi que celle de l'arène, et la remarque qu'Albert avait un jour faite à propos des deux bélligérents résumait leur situation "Si Mika n'était pas gay, on les aurait déjà mariés...".

Ce matin, Mika était de corvée Petit-Déjeuner, corvée qui consistait à s'occuper du Petit-Déjeuner, c'est-à-dire préparer la table, le repas en lui-même, le servir, débarasser, faire la vaisselle, et nettoyer la table. Cette corvée, naturellement, était déléguée à tour de rôle à chaque membre de l'arène. Il existait un tas de corvées différentes, et 'on ne pouvait raisonnablement espérer passer une journée sans aucune corvée.

Donc le chocolat chaud de Mika l'était trop au goût de Clarisse. Un autre jour, ce sera qu'il n'y a pas assez de chocolat. Un autre que les croissants sont trop mous. Ou trop durs. Ou que la table est sale. Mika rendait à Clarisse la monnaie de sa pièce quand la jeune fille était de corvée Petit-Déjeuner, et en règle générale, la moindre corvée effectuée par l'un entraînait une remarque désagréable de l'autre.

Quand on était habitué, on faisait à peine attention. Il suffisait juste d'éviter que cela dégénère en bagarre collective, comme c'était arrivé quelques fois, les matins de mauvaise humeur générale. Mais Laurent veillait à ce genre de choses, et, d'ordinaire, leur disputes en restaient à de l'ironie cinglante.

Albert se saisit d'un croissant, qu'il trempa dans son chocolat chaud, repoussant au passage sa mèche bleue qui lui gâchait la vue. Le chocolat était d'une température idéale, mais Albert ne devait pas en faire le compliment à Mika, se devant de rester d'une neutralité exemplaire, en tant que futur champion. Pourtant, s'il avait fallu choisir, sa préférence serait immédiatement allée au jeune homme au sourire doux, bien qu'il ne détestât pas Clarisse.

De toute façon, Albert s'entendait avec tous les disciples. L'harmonie pour l'instant régnait à l'arène...

- HOOOOOOOOOOOOOOO !!!!!

... Et la ponctualité.

8 heures. Début de l'entraînement matinal. Toutes les personnes encore présentes dans la salle-à-manger se pressèrent de monter, pendant que Mika commençait à débarrasser : le disciple de corvée Petit-Déjeuner était exempté d'entraînement matinal, pour justement avoir le temps de nettoyer cuisine et salle-à-manger, afin que le disciple de corvée Déjeuner puisse faire son travail dans de bonnes conditions.

Le Hoothoot, surnommé "l'emmerdeur" (on n'en voulait pas à l'oiseau, mais il personnifiait la discipline stricte, que chacun suit sans véritable plaisir...) lui jeta un regard mauvais, considérant comme anormal un humain qui ne se dépéchait pas de remplir son devoir quand il ouvrait le bec pour pousser son cri. Mika, habitué, le calma en lui jetant un morceau de croissant qui traînait sur la table.

Pendant ce temps, les disciples se tassaient dans l'ascenceur.

L'arène était bâtie en plusieurs étages. Au rez-de-chaussée, l'accueil aux dresseurs, la buanderie qui regroupait les machines à laver et les étendoirs à linge, le garde-manger, la cuisine et la salle-à-manger. Au premier étage, les salles où "l'on vivait", c'est-à-dire des pièces avec des canapés, des postes de télévision, des consoles de jeux, un billard... Au deuxième étage, une salle d'entraînement réservée aux jours où il faisait trop mauvais pour l'entraînement extérieur. Le troisième étage rassemblait les chambres et salles de bain. Au quatrième étage, surnommé "la décharge", se retrouvait plein de choses dont on n'avait pas un besoin immédiat, mais que l'on n'avait pas envie de jeter non-plus...

Puis venait le toît. Celui-ci accueillait le terrain de combat, ainsi que des gradins pour les éventuels spectateurs ( de la même façon que les réunions de l'assemblée ou les procès, les matchs pokémons disputés en arène sont gratuits et visibles par le peuple ). Mais il était surtout l'endroit où l'on s'entraînait...

Ce matin, un léger vent soufflait, alors que Laurent, la cinquantaine, tout en puissance, regardait l'horizon d'un air pensif, dos à ses disciples.

Albert était en train d'attacher ses cheveux, pour ne pas être gêné pendant les exercices. Il discutait à voix basse avec Fabio, tous-deux échangeant leur pronostics concernant l'entraînement du jour. De plus, Fabio, qui avait trop traîné dans la salle-à-manger, n'avait pas eu le temps de s'habiller, et avait enfilé à la va-vite le kimono de l'arène par-dessus son pyjama, ce qui était rigoureusement interdit. Il s'attelait donc à resserer le plus possible sa ceinture, afin que le champion ne s'aperçoive de rien.

Soudain, Laurent pivota, se tournant face à la vingtaine de jeunes personnes qui patientait, bien droits et dans un silence exemplaire. Immobile, Fabio lâcha sa ceinture précautionneusement, se demandant si oui ou non le champion avait vu les petits canards qui souriaient sur son haut de pyjama.

Ce ne semblait pas être le cas. Laurent saisit son happeau, qu'il portait comme n'importe quelle personne de l'arène en permanence sur lui, le porta à ses lèvres, et souffla dedans.

Aussitôt, une note claire s'en échappa, s'envolant loin, par-delà la forêt qui entourait l'arène, rasant les cimes, dansant entre les branches, glissant avec le vent.

Quelques secondes suffirent pour que le son produise son effet. Un magnifique Dracaufeu fondit sur le toît, et se posa avec souplesse et magnificience, devant son maître.

Dès lors, chaque disciple, chacun son tour, sortit ses happeaux, et souffla dedans pour faire venir le pokémon qui répondait.

Bientôt, une cinquantaine d'oiseaux survolaient le toît ou s'étaient posés dessus, créant une immense volière où les courants d'air faisaient danser les plumes, où les piaillements répondaient aux chants qui répondaient aux cris.

Tous ces pokémons n'appartenaient pas aux dresseurs. Certains, plus faibles, étaient la propriété de l'arène : ils servaient au champion pour les matchs contre les dresseurs débutants, mais leur nombre ne dépassait pas une demie-douzaine. Ces oiseaux suivaient un entraînement moins poussé, mais quand l'un d'eux devenait puissant, ce qui ne manquait pas d'arriver, il était vendu ou offert à un disciple, et remplacé par un nouvel élément inexpérimenté.

Deux disciples descendirent rapidement chercher au deuxième étage les pokémons qui ne pouvaient pas voler et qui passaient la nuit à l'intéreieur de l'arène, et non-pas à l'extérieur dans les bois environnants. Ils remontèrent vite, escortés par des Natus, Hoothoots, Doduos et Dodrios.

Le vacarme des humains et des oiseaux devenait insupportable, quand un cri sévère de Laurent fit taire tout-le-monde. Bien qu'il ne lui restait qu'un an avant qu'Albert ne prenne sa place, le champion par interim avait l'étoffe d'un maître d'arène. Mais son métier de volcanologue l'intéressait bien plus qu'affronter des dresseurs, et ce n'était vraiment qu'en mémoire de son père qu'il avait quitté Cramois'île, depuis déjà deux ans.

Une soixantaine d'oiseaux occupaient donc le toît de l'arène, attendant les ordres du champion, pour l'entraînement matinal. Partout des plumes, des serres, des becs, des ailes, une armée de pokémons volants qui avait envahi l'espace, écrasant les humains.

- Bien, alors aujourd'hui... commença le champion.

Il laissa passer quelques secondes, comme s'il réfléchissait à ce qu'il allait dire, alors qu'en réalité il voulait juste faire marner tous ces jeunes gens.

- Nous allons travailler l'endurance. Comme d'habitude, des aller-retour d'un bout à l'autre de l'arène : les dresseurs en courant, les oiseaux en volant. Ceux qui possèdent des pokémons qui ne peuvent pas voler, vous allez vous entraîner au deuxième étage, et vous confiez vos pokémons volants à un de ceux qui restent ici. Je vous attends.

Aussitôt, un mouvement presque paniqué se mit en place. Il fallait d'abord répartir les pokémons de l'arène en leur attribuant leur dresseur de la journée, ce qui se faisait avec un tirage au sort. Puis, chacun suivit les ordres du champion, et cinq disciples descendirent avec tous les pokémons non-volants.

Le champion contempla la désormais quinzaine de personnes qui lui faisait face, et les oiseaux qui battaient des ailes au-dessus, impatients de commencer.

Lui-même devait débuter l'entraînement. Il se posta à un bout du toît, Cramé, son puissant Dracaufeu, volant au-dessus de lui. Puis, l'humain et le reptile partirent d'un même élan, et traversèrent le toît, avant de repartir en sens inverse.

Les disciples se joignirent au mouvement, et l'air fut bientôt saturé de pokémons volants qui fendaient l'air, pendant que les ridicules humains s'agitaient en-dessous, tentant de les rattraper...

Environ trois quart d'heures plus tard...

- HOOOOOOOOOOOOOOOOO !!!!

Pour une fois, le cri tombait bien. Tout-le-monde s'arrêta net. Le Hoothoot venait en effet d'annoncer l'ouverture de l'arène, et donc la fin de l'entraînement. Tous les disciples, le visage rouge, en sueur, s'écroulèrent vaguement sur les gradins, laissant dépasser ça-et-là des jambes, des bras...

- Je déteste l'endurance... marmonna une jeune fille.
- Chut, si Laurent t'entend, il pourrait nous en faire faire tous les jours... lui conseilla Albert.
- Rapaaaas... approuva le Rapasdépic de la dresseuse, lui-aussi étalé de tout son long.

Mika, tout guilleret, arrivait de la cuisine où il avait fini de tout mettre en ordre.

- Clarisse, j'adore ta nouvelle coiffure... ricana t-il en croisant son éternelle ennemie, dont les cheveux étaient trempés de sueur et complétement dépeignés.

La concernée ne trouva pas le courage de répondre, tant elle était crevée, mais elle se jurait bien de se venger dès qu'elle aurait retrouvé un peu de souffle...

- Qui est de corvée Accueil aujourd'hui ? demanda Laurent, fatigué lui-aussi, mais dont le visage écarlate avait déjà repris des traits seyant à un champion.
- Moi ! répondit la fille au Rapasdépic.
- Parfait, vas-y.

La disciple s'engouffra dans l'ascenceur. La corvée Accueil consistait à rester planté à l'entrée de l'arène, à identifier les challengers, leur niveau ( nombres de badges, leagues remportées, etc ), avant de les conduire devant Laurent, qui se chargeait de son travail de champion. C'était une corvée mitigée. Parfois, les dresseurs défilaient et on ne savait plus où donner de la tête, parfois, il n'y avait presque personne.

Les cinq disciples qui étaient restés au deuxième étage remontèrent avec leur pokémons, et Laurent examina quelques secondes leur allure, afin de vérifier s'ils avaient bien trimé comme ceux qui s'étaient entraînés sur le toît... Apparemment, c'était le cas.

Le champion s'installa lui-aussi tranquillement sur les gradins, laissant quelques minutes à tout-le-monde pour être de nouveau disponible, puis prit la parole.

- Aujourd'hui sera placé sous le signe de la symbiose avec vos pokémons, et avec les pokémons tout court, puisque vous accomplirez l'exercice également avec les pokémons de l'arène...

Un frémissement d'enthousiasme parcourut la troupe. Cette petite introduction signifiait-elle leur entraînement favori ...? Laurent avait le don de tout embrouiller avec des entrées en matières pompeuses...

- Le vol !

Des hurlements de joie retentirent. Il s'agissait bien-entendu de la pratique la plus intéressante, celle qui s'apparentait le moins à du travail, même si elle le restait.

- Bien, avant qu'un challenger ne se présente, je vais vous faire la démonstration de ce que vous allez faire, même si vous connaissez tout...

En souriant, le champion se jucha sur Cramé le Dracaufeu, puis tous deux décollèrent.

Il s'ensuivit une série de figures aériennes. Elles n'étaient pas très estéthiques ( ce n'était pas leur but ), mais plutôt impressionnantes techniquement. Descente en piqué, loopings, accélération brutale, arrêt brutal, esquive par la gauche, la droite, le haut, le bas... Toutes les capacités utilisées dans un match se retrouvaient ici, mais avec un dresseur sur le dos...

Pour l'oiseau, cela compliquait son exercice : il devait supporter ce poids supplémentaire, et s'en accomoder au mieux pour la réussite de toutes ses figures. Pour l'humain, cela représentait une dose de courage et de maîtrise immense, ainsi qu'une concentration importante, s'accrocher de la meilleure manière pour ne pas tomber, être équilibré au maximum pour ne faire qu'un avec son pokémon...

Tous les disciples, collés à la barrière, admiraient leur champion. A vrai-dire, la majorité d'entre-eux parvenaient à exécuter ces acrobaties. Certains même mieux que Laurent, qui après tout n'était pas un dresseur professionnel. Mais un seul avait le courage de tenter la figure la plus dangereuse et terrifiante de ces enchaînements : il s'agissait d'Albert.

Quand Laurent eut fini sa démonstration, chaque disciple enfourcha le pokémon choisi ( ceux qui possédaient plusieurs pokémons aptes à servir de montures alternaient, ainsi qu'avec le pokémon de l'arène assigné ), et Laurent s'assit sur les gradins, observant ses disciples, qui emplissaient tout le ciel. Les pokémons capables de voler restants devaient patrouiller, les sens en alerte, pour rattraper quelqu'un si celui-ci chutait, ce qui n'était arrivé qu'une fois, fort heureusement : la disciple avait d'ailleurs été récupérée sans problèmes, mais il lui avait fallu deux mois avant de pouvoir, psychologiquement parlant, prendre de nouveau son envol sur un pokémon...

Mais tous les regards étaient tournés vers Albert, même si celui-ci ne s'en souciait pas, et, juché noblement sur Somnia, sa Roucarnage, il effectuait les habituelles techniques de vol synchronisé.

Tout à coup, alors que Somnia venait de faire une remontée en chandelle, Albert se jeta dans le vide. Purement et simplement, comme si sa vie n'avait été faite que de plongeons vers le sol. Aussitôt, l'oiseau se précipita vers lui, et l'attrapa avec adresse entre ses serres, avant de le remonter vers le toît, assez doucement, car elle était fatiguée de l'entraînement, et qu'Albert pesait tout-de-même plus lourd qu'un toudoudou...

Le futur champion atterrit sans encombres, secoua ses cheveux, et ébouriffa gentiment les plumes du crâne de la Roucarnage, avant de se tourner en souriant vers les autres disciples.

Ils avaient beau l'avoir vue exécutée un bon nombre de fois, chaque nouvelle tentative leur arrachait des cris et des spasmes de peur : ils s'attendaient fatalement à voir la pokémon vol manquer sa saisie, et entendre le cri du jeune-homme diminuer au fur et à mesure que celui-ci descendrait, obéissant à la loi de la gravité, qu'il défiait à chaque fois...

Alors que tous les dresseurs et leurs oiseaux s'ébattaient dans les airs depuis un gros quart d'heure, un hululement rageur retentit : aussitôt, tous les regards se tournèrent vers l'ascenceur : en effet, l'emmerdeur devait hurler quand celui-ci s'ouvrait.

Roxane, la disciple au Rapasdépic, accompagnait une jeune dresseuse, et toutes deux se dirigèrent vers Laurent.

Ni une, ni deux, tous les disciples se rangèrent sur les gradins, commençant à bavarder, alors que les oiseaux planaient quelques mètres au-dessus. Les phases d'entraînement n'étaient effectives qu'uniquement quand le champion ne livrait aucun match : le moindre combat signifiait que tous les élèves de l'arène devait l'observer afin d'en tirer conclusions et expérience, ce qui était surtout un prétexte pour arrêter de travailler.

La dresseuse n'avait encore aucun badge, et uniquement deux pokémons. Un souffle de déception se fit entendre : ce ne serait ni un match intéressant, ni un long match.

Laurent fit appel à un Doduo appartenant à l'arène, la jeune fille à un Héricendre.

Le combat fut effectivement de piètre intérêt. L'oiseau était visiblement beaucoup plus fort, mais la dresseuse eut quelques bonnes idées avec son pokémon, et l'on sentait une bonne entente entre la jeune fille et l'être de feu. Néanmoins, Laurent ordonna une triplattaque au Doduo, en lui faisant un signe convenu entre eux-deux, signifiant qu'il devait y mettre toute sa puissance pour clore le combat, ce qui fut fait. Le deuxième pokémon de la dresseuse fut un Psykokwak, mais son inexpérience faisait qu'il ne pouvait attaquer autrement qu'avec des attaques physiques. Laurent s'était déjà fait son opinion : une deuxième triplattaque acheva définitivement le match.

C'était généralement ainsi que fonctionnaient les maîtres d'arène: ils étaient bien plus puissants que la majorité des dresseurs qu'ils affrontaient, mais délivraient leur badges à ceux qu'ils voyaient les plus méritants, et rarement à des dresseurs qui les battaient réellement...

Or, cette dresseuse possédait il est vrai quelques qualités, mais, même pour un premier badge, son entraînement était clairement insuffisant. C'est ce qu'il lui dit d'ailleurs, et la jeune fille, déçue mais attentive, sourit en promettant au Champion de revenir bientôt.

Sur ce, l'entraînement reprit, et Albert rêvassait en s'accrochant aux plumes de Somnia, pensant à l'arrivée d'Alizée, qu'il espérait imminente...