Amitié
7h. Cédric baille, se redresse et s'étire. A ses côtés, Magali dort profondément. N'ayant pas le courage de la réveiller tout de suite, il sort discrètement sans prendre la peine de se changer maintenant. Etre en jean n'est pas bien gênant pour préparer un petit déjeuner.
Dans la cuisine, il retrouve Yann au dessus des plaques de cuisson, occupé avec des œufs au plat. Lui est encore en caleçon.
- C'est une tenue pour faire des œufs ça franchement ? le taquine Cédric en lui donnant une tape dans le dos.
- Bah qu'est-ce tu veux ? Me sens plus à l'aise comme ça ! Et je te ferai remarqué que t'es pas très habillé non plus ! Hé ben mon vieux, t'en as fait de la gonflette depuis que je suis parti ! s'exclame Yann en s'attardant sur le torse et les bras de son ami.
- Pas mal hein ? se vante en Cédric en prenant des poses avantageuses.
- T'as fait quoi pour te muscler comme ça ? Aller, file tes p'tits secrets à ton meilleur pote !
- Si je te le dis tu ne me croiras jamais !
- Dis quand même ! l'encourage Yann.
- Je soulevais des bébés Tauros tous les matins à l'élevage.
- … ouais t'as raison, je ne te crois pas !
- Et pourtant c'est vrai. Ca sent pas un peu le brûlé ? fait remarqué Cédric.
- Le brûlé ? Ah zut !!! s'exclame Yann en retirant vivement les œufs de la plaque de cuisson.
Mais de toutes évidences, il était trop tard.
- Oh ne sois pas triste, des œufs durs à la poêle c'est bon aussi… fait Cédric en passant son bras par-dessus l'épaule de son ami, comme s'il veut le consoler.
- C'est ta faute, tu m'as déconcentré avec tes pecs'.
- Ouais, beaucoup de filles disent ça ! taquine Cédric en évitant de justesse un coup de poêle de son ami qui rie.
- Tu sais quoi, je crois qu'on va bien se marrer pendant ce voyage, avance Yann.
- C'est sûr ! Alors ça a donné quoi cette nuit ?
- Rien du tout… Elle est tombée comme une pierre de sommeil.
- Pas de chance ! Je te préviens Jessica est une grosse dormeuse, t'as largement le temps de recommencer tes œufs au plat !
- Mais elle est un peu farouche aussi, dur de l'embrasser ! se plaint Yann, jetant le contenu de la poêle à poubelle.
- Ca viendra… Tu auras tout le temps qu'il te faut l'ami.
- Ouais… Et de ton côté ? Ca avait l'air assez calme aussi… taquine l'adolescent aux cheveux en bataille.
- On a regardé les étoiles… Oh mais ne rigole pas, crétin !
- Désolé ! s'esclaffe Yann en retenant du mieux qu'il peut son hilarité.
- Je n'ai pas l'intention de la brusquer. C'est déjà une chance inouïe qu'elle soit revenue vers moi.
- Il s'est passé quoi exactement, sur votre île perdue ?
- Querelle de famille… Ca a dégénéré et ça nous a séparé.
- Drôlement moche comme histoire, remarque Yann.
- C'est sûr. Mais maintenant la vie va être belle, pas vrai ?
- Oh oui, la vie va être belle, lui assure son complice avec un clin d'œil avant de casser de nouveaux œufs dans la poêle nettoyée.
Se donnant une tape amicale, Yann retourne à ses œufs tandis que Cédric fait griller des toasts.
- C'est pour ta Magali tous ces préparatifs ? questionne Yann.
- Ben oui.
- Quel copieur ! C'était mon idée de préparer le petit déjeuner à sa copine !
- J'avais l'idée avant de rentrer dans la cuisine ! A croire qu'on a les mêmes tactiques de séducteur, s'esclaffe Cédric.
- C'est cela oui ! C'est moi qui t'ais enseigné toutes les ficelles du bon dragueur en échange des réponses à l'école ! rappelle le rebelle brun aux mèches blondes.
- Ah ouais, peut-être vrai…
- De toutes façons avec la carrure que t'as, toutes les filles se précipitent à tes pieds, c'est vraiment pas juste ! Et dès qu'elles entendent ton nom alors là c'est foutu pour les concurrents « Cédric Calenda, oh j'en reviens pas épouse moi je t'en supplie ! », imite Yann avec une voix suraigu.
- Drôlement raté comme imitation ! Dis, tu veux qu'on passe chez toi pour récupérer des affaires ?
- Ouais, j'ai un paquet de trucs à prendre. Tu crois qu'on peut y aller sans les filles ? Pas trop envie qu'elles voient le bazar de chez moi… confie Yann.
Cédric éclate de rire :
- C'est pas grave il n'y aura que moi qui aurait le privilège de voir ça ! Je vais porter ça à Magali et la prévenir qu'on revient, explique-t-il en montrant le plateau qu'il porte.
Son ami lui répond par un hochement de tête. Doucement, Cédric se faufile dans la chambre, pose le plateau au sol et s'accroupit près du lit où se repose Magali. Il commence à lui caresser les cheveux, et, ne résistant pas, l'embrasse plusieurs fois dans le cou. La jeune fille ouvre ses yeux et, les frottant, observe autour d'elle :
- Cédric ? Oula qu'elle heure est-il ?
- 8h, répond-il avec un tendre sourire. Tiens.
Il ramasse le plateau et le dépose devant sa petite amie.
- Oh un petit-déj' au lit ! Tu es adorable, dit-elle en l'embrassant.
- Je vais m'absenter un moment avec Yann, on va chercher deux ou trois bricoles chez lui pour le voyage. Mange et profite de la salle de bain pendant que Jessica dort encore d'accord ?
- C'est que … j'aurai aimé que tu restes un peu avec moi…, avoue Magali.
Cédric faillit céder en regardant sa belle dans ces draps.
- Nous aurons tout le temps que nous voudrons dès demain. Aujourd'hui il faut hâter les préparatifs sinon nous ne partirons jamais, explique-t-il en se changeant.
La jeune fille hoche la tête. Cédric ressent la même chose que lorsqu'il a laissé Lydia sur le port d'Irisia, le sentiment d'abandonner un être cher.
- Je serai rapide, lui promet-il en l'embrassant à nouveau.
Et il sort de la pièce avec un sourire à sa tendre.