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L'assistant de Joëlle de Arc-en-ciel Evoli



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Informations

» Auteur : Arc-en-ciel Evoli - Voir le profil
» Créé le 24/06/2007 à 18:57
» Dernière mise à jour le 25/06/2007 à 20:40

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Où l'on assiste à une éclosion
Ma première réaction en me réveillant fut de détailler le lit, la chambre dans lesquels j'avais dormais. Ma deuxième, de pousser une exclamation en me rappelant que j'avais dormi au centre. Ma troisième, enfin, de me précipiter dans l'escalier pour retrouver mon oeuf, dont j'avais probablement râté l'éclosion.
Arrivé en bas, je bousculais sans le vouloir l'infirmière, qui allait justement monter – pour m'apporter le déjeuner au lit, comme me l'apprit le plateau qu'elle portait et qui finit par terre.
Je commençais mal ...
Après m'avoir sévèrement réprimandé – nous étions dans un hôpital tout de même, un lieu qui exigeait le calme le plus absolu, il ne fallait pas courir, d'autant que je n'y avais peut-être pas pensé, mais des dresseurs aux Pokémons exténués pouvaient très bien être arrivés dans la nuit, auquel cas ils seraient en train de se reposer, et je les aurai réveillés, et si c'était un patient que j'avais réveillé, hein, je n'y avais pas pensé à ça ? il pouvait être très faible, parfois un long repos valait mieux que de courts soins, est-ce que j'avais seulement compris quelles responsabilités impliquait la vie au centre ? si je continuais comme ça elle pourrait très bien se passer de moi, et j'aurais l'air bête alors, n'est-ce pas, à devoir entreprendre une quête initiatique avec un pokémon dont les seuls attaques étaient la défense et le soin, est-ce que j'avais seulement envisagé cette possibilité, non bien sûr, alors j'avais tout intérêt à me tenir à carreaux, d'autant plus que —
Sauvé par le gong, dans tous les sens du terme. Enfin, presque. Il s'agissait plus d'un discret « ding » que d'un sonore « gong ». C'était la petite clochette de l'entrée qui annonçait l'entrée d'un visiteur. Joëlle me remit d'autorité le plateau dans les mains, me suggéra d'aller voir comment se portait mon protégé et rejoignit son stand à l'accueil en courant.
M'enfonçant dans les profondeurs du centre, je cherchais en vain à me rappeler où se trouvait la couveuse. J'y avais passé toute la journée précédente, et mes seuls souvenirs du chemin pour y accéder étaient donc l'aller, lorsque je n'avais d'yeux que pour l'oeuf dans sa cloche de verre, et le retour, tard le soir, lorsque l'infirmière avait enfin réussi à me convaincre que rester la toute la nuit n'était pas nécessaire, que j'allais de toute façon m'endormir, et que je ne serais moi-même pas très utile au centre si je dormais toute la journée du lendemain. Pour résumer : je ne connaissais le chemin que les yeux baissés, ou bien à demi fermés.
Après une longue errance, je commençai à penser qu'il n'était pas normal que l'on puisse se perdre dans un hôpital. Je réalisais alors que de nombreux panneaux indicateurs étaient là pour m'aider, et je retrouvais sans peine la couveuse, en sous-sol.
L'oeuf était là.
Il attendait sagement dans une petite machine ronronnante.
Je l'en sortis délicatement et entreprit de le frotter méthodiquement, comme me l'avait appris la veille l'infirmière, et avec des gestes emprunts d'amour.

L'après-midi de ce deuxième jour au centre, l'oeuf éclosait.
Il en sortit un Pokémon à la peau rose. Ses yeux étaient petits et noirs. Sur sa tête, quelques protubérances rappelaient vaguement des cheveux humains. Son visage était illuminé d'un grand sourire – comme tous les pokémons fée, en fait.
Je me décidais enfin à le quitter des yeux pour regarder l'infirmière. Elle aussi souriait – comme toujours, en fait. Une discrète larme apparut au coin de son oeil.
– C'est beau, une naissance, n'est-ce pas ? me confia-t-elle.
J'acquiesçait en silence, et reportais mon attention sur le pokémon.
– Lheu ! me dit-il joyeusement.
– Le à toi aussi.
Je souriais à mon tour.
– Bon. Qu'est-ce que tu attends pour t'occupper d'elle ? C'est encore un bébé, ne l'oublie pas !
L'infirmière avait repris son ton sérieux, professionnel. Toute trace d'humidité dans ses yeux avait disparue, quoi qu'ils fussent encore brillants. Je m'approchais du pokémon – de la pokémon, puisqu'effectivement les leveinards étaient tous des femelles, m'asseyait à même le sol et le — la prit dans mes bras. Joëlle s'eclipsa discrètement.
– Madame ?
La silhouette de l'infirmière s'encadra dans la porte.
– Mademoiselle. Christian, rappelle-moi, combien de fois je t'ai dit, hier, de m'appeler Joëlle ?
– Euh, oui. Madem— ... euh, Joëlle, vous ne trouvez pas que ce — que cette Leveinard un peu petite ? Je veux dire, est-ce qu'il — qu'elle n'est pas malade ?
La jeune femme me dévisagea avec indulgence.
– Christian, ne dis donc pas de bêtises ...
– Lheu ! approuva mon nouveau compagnon. Lheureux !
Je baissais mon regard pour contempler cette petite boule rose. « Rheu » ne faisait pourtant pas partie de « Leveinard », non ?
– Christian, elle n'a pas encore évolué ! Comme je te l'ai dit, c'est un bébé. Un bébé pokémon. Un bébé fée. Comme Mélo, Toudoudou ne sont pas évolués en Mélofée ni en Rondoudou.
– Ah. Je ne savais pas qu'il existait des bébés Leveinard.
– Lheureux !
– Et jusqu'à très récémment, moi non plus. Mais tu connaissais l'existence de Tortipouss, Ouisticram et Tiplouf, non ? Lheureux fait partie du Pokédex de Sinnoh. Mais je dois avouer que c'est la première fois que j'en vois un. Tu as de la chance ; c'est un Pokémon rare à Kantô, et il est plus facile de s'occupper d'un bébé pokémon, surtout si c'est ton premier.
Toujours souriante, elle remonta les escaliers pour rejoindre le rez-de-chaussée.
– Lheureux !

Je passais la journée entière à jouer avec la fée. Lorsqu'elle fut fatiguée, je l'installais dans le « lit » que Joëlle avait confectionné pour elle. J'étais crevé, mais heureux. Je m'affalais sur mon lit, à quelques mètres du pokémon. Même dans son sommeil, il continuait de sourire.
– Christian ? chuchota l'infirmière, dont le visage apparaissait dans l'embrasure de la porte entrebaillée. Quand vous serez reposés, venez me voir.
– Demain, vous voulez-dire ? murmurais-je, à moitié endormi.
– Non. Quand Lheureux sera réveillé.
– Mais ... il — pardon, elle a couru toute la journée ... elle doit être crevée ...
Refermant les yeux, j'ajoutais :
– Moi, en tout cas, je le suis.
L'infirmière m'offrit un sourire indulgent – du moins, il me sembla que son sourire permanent exprimait désormais, en plus de la joie naturelle de toutes les cousines Joëlle, de l'indulgence comme celle que l'on accorde aux enfants. Je ne devais d'ailleurs pas avoir l'air âgé, fatigué que j'étais.
– C'est ça, dors bien. Mais ne t'inquiètes pas ; tu verras, les pokémon sont très résistants, quoique les bébés soient fragiles. Et chez les fées, le « repos » est inné.
Je grommelais une réponse aussi inintelligible pour Joëlle que pour moi et basculais dans le pays des rêves. Où je retrouvais des milliers de boules roses, joyeuses au possible, qui sautaient partout et m'achevèrent. Avant de sombrer dans un sommeil inconscient, je souhaitait un « bonne chance » compatissant à tous les possesseurs de toudoudous.