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Mystérieuses disparitions de Lapyrobut



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» Auteur : Lapyrobut - Voir le profil
» Créé le 19/08/2023 à 09:48
» Dernière mise à jour le 20/08/2023 à 17:17

» Mots-clés :   Paldea

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Nunca confíes en mí
𝐿𝑎 𝑝𝑒𝑡𝑖𝑡𝑒 𝑓𝑖𝑙𝑙𝑒 𝑛𝑒 𝑠𝑎𝑣𝑎𝑖𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑐𝑒 𝑞𝑢’𝑖𝑙 𝑠𝑒 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑎𝑖𝑡. 𝐸𝑙𝑙𝑒 𝑒𝑛𝑡𝑒𝑛𝑑𝑎𝑖𝑡 𝑠𝑒𝑠 𝑝𝑎𝑟𝑒𝑛𝑡𝑠 𝑑𝑒𝑟𝑟𝑖𝑒̀𝑟𝑒 𝑙𝑎 𝑝𝑜𝑟𝑡𝑒. 𝑆𝑎 𝑚𝑒̀𝑟𝑒 𝑝𝑙𝑒𝑢𝑟𝑎𝑖𝑡. 𝑆𝑜𝑛 𝑝𝑒̀𝑟𝑒 𝑠𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑒𝑛𝑎𝑖𝑡 𝑑𝑖𝑓𝑓𝑖𝑐𝑖𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡, 𝑒𝑠𝑠𝑎𝑦𝑎𝑛𝑡 𝑣𝑎𝑖𝑛𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑟𝑎𝑠𝑠𝑢𝑟𝑒𝑟.

— 𝑄𝑢’𝑒𝑠𝑡-𝑐𝑒 𝑞𝑢’𝑜𝑛 𝑎 𝑟𝑎𝑡𝑒́ ? 𝑑𝑒𝑚𝑎𝑛𝑑𝑎𝑖𝑡 𝑙𝑎 𝑣𝑜𝑖𝑥 𝑒𝑛𝑡𝑟𝑒𝑐𝑜𝑢𝑝𝑒́𝑒 𝑑𝑒 𝑠𝑎𝑛𝑔𝑙𝑜𝑡𝑠 𝑑𝑒 𝑠𝑎 𝑚𝑒̀𝑟𝑒. 𝑂𝑛 𝑙𝑢𝑖 𝑎 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑜𝑛𝑛𝑒́ 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑛𝑜𝑡𝑟𝑒 𝑎𝑚𝑜𝑢𝑟... 𝐽𝑒 𝑛𝑒 𝑟𝑒𝑓𝑒𝑟𝑎𝑖 𝑝𝑎𝑠 𝑐𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑒𝑟𝑟𝑒𝑢𝑟 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑙𝑎 𝑝𝑒𝑡𝑖𝑡𝑒.

***

Francisco avait donné rendez-vous à Khalis ce jour-là. Il avait décidé d’en finir au plus tôt et il était déterminé à ne laisser aucune trace de cet échange. Au téléphone, Khalis lui avait semblé assez enthousiaste quant à cette petite entrevue.

Ce cher Khalis… Ce jeune homme lui avait toujours semblé un peu étrange… Il lui avait bien parlé de sa vie et des difficultés qu’il avait rencontrées, oui, mais il semblait à Francisco qu’il cachait quelque chose de plus… profond. Une telle haine se déversait de lui le jour de leur rencontre. Il avait pensé que celle-ci était dirigée contre la société mais ce n’était peut-être pas que ça…

Aussi, quand il avait cherché des informations sur lui, comme son nom de famille par exemple, il avait fait chou blanc. Comme s’il n’était né nulle part, n’habitait nulle part, n’existait tout simplement pas. Un mystère qui demeurerait probablement à jamais irrésolu. Mais, de toute façon, n’était-ce pas plus facile de faire disparaitre une personne dont la vie n’avait laissé aucune trace plutôt que l’inverse ?

C’est en tout cas avec cette conviction que Francisco se rendit au point de rendez-vous prévu, au Mont Nappé, non loin de l’arène de type Glace. Le taxi volant était posé sur un petit monticule de neige à côté du centre Pokémon. Une silhouette se tenait à l’intérieur, debout sur la pointe des pieds, agitant les bras dans tous les sens à son intention, un grand sourire ancré sur le visage. Khalis.

— SA-LUT ! cria cette dernière, une fois qu’il se soit suffisamment approché. Ça va ?

Francisco resta interdit. Même l’Infirmière et le marchand de la Boutique se retournèrent, intrigués. Il n’avait jamais vu Khalis dans un tel état de joie. Ce jeune homme lui réservait décidément encore quelques surprises… Finalement, il réussit à articuler :

— Sa…lut. Ouais je vais bien.

Il hésita à avancer. Était-il bien sûr de ce qu’il faisait ? Allait-il vraiment couper l’herbe sous le pied à cette jeune personne semblant enfin vivre la vie qu’elle rêvait de mener, la supplanter pour son seul intérêt. La réponse était oui, et il n’en éprouvait aucun scrupule.

Une fois tout le monde installé, ils s’envolèrent. Si Francisco avait choisi Sevaro comme destination, ce n’était pas du tout car il devait voir un ami comme il avait prétendu. Ce choix était en effet loin d’être anodin, cette ville se situant au Sud de la région et eux se trouvant au Nord, oui, c’est cela : ils passeraient immanquablement au-dessus du Cratère de Paldea.

— C’est cool qu’tu m’aies donné rendez-vous ici ! clama Khalis, le ton de sa voix toujours aussi enjoué. J’ai pu en profiter pour aller voir mon pote Grusha, t’sais, Freeze-Rider, le snowboardeur super connu ! Il est aussi Champion d’Arène spécialisé dans le type Glace, alors il m’aide à progresser en combat ! Il r’présente un sacré défi pour mes Pokémon Sol, comme tu peux t’en douter ! Ah mais attends, j’t’ai pas parlé de mon nouveau passe-temps, si ? En fait…

Et elle continua de parler pendant un bon quart d’heure, semblant ne jamais se lasser. Francisco ressentit exactement le même sentiment qui l’avait étreint le jour de leur rencontre : la perplexité. Il était complétement perdu. Comment Khalis avait-t-il pu autant évoluer depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus ? Il observa d’un peu plus près son interlocuteur, qui venait d’enlever son manteau.

Le look de Khalis avait changé du tout au tout. Elle portait une chemise blanche et un jean. N’étant pas vraiment gâtée au niveau des formes, son apparence restait androgyne, malgré cette certaine affirmation. Cela expliquait la négligence de Francisco.

Mais le plus gros changement était plus haut. Deux boucles d’oreilles ornaient son oreille droite et elle avait prévu d’ajouter des piercings au fur et à mesure pour que finalement ils recouvrent entièrement sa bordure extérieure. Elle s’était laissé pousser les cheveux et les avait teints en bleu canard, preuve suprême de son désir de prendre un nouveau départ. Elle les avait rassemblés en une courte queue basse.

Le seul vestige de son ancienne tenue était ses lunettes de soleil aux verres teintés qu’elle ne se résiliait pas à enlever. Pas avant d’avoir réglé un certain problème familial en tout cas.

Mais ce n’était qu’une question de temps.

Le doute assaillit une fois de plus l’ex-chauffeur de taxi. Mais non, ce n’était pas ça, Francisco n’avait jamais d’état de conscience ! Ce n’était pas son genre. Il se prit la tête à deux mains. Mais qu’était-il en train de lui arriver ? Pourquoi maintenant ? Jamais le moindre scrupule ne l’avait étreint, jamais.

Enfin, peut-être que ce jour-là… Non. Jamais.

— Ça va ? s’enquit la chauffeuse, s’interrompant elle-même dans son long monologue. T’as l’air soucieux…

Francisco releva la tête, les yeux hagards.

— Ouais.

— Tu dois t’dire que j’ai beaucoup changé, c’est ça ? fit-elle, une ride profonde se creusant entre ses yeux, lui donnant soudain l’air bien plus calme et… amer ? (C’était bien une sorte de ressentiment qu’il dessellait en ce ton ?) Eh bien, en fait, j’ai complétement tourné la page sur mon passé, comme tu peux le voir. J’veux plus jamais avoir à reprendre une attitude sérieuse, ça me rappelle trop de mauvais souvenirs…

Les mots de Khalis semblaient danser autour de Francisco, le menaçant dangereusement de ne serait-ce que bouger le petit doigt. Ils étaient chargés de quelque chose de différents de ce qu’ils paraissaient signifier au premier coup d’œil, quelque chose de tacite et d’implicite que seul Francisco pouvait interpréter. Il était censé comprendre quelque chose. Seulement, il avait beau chercher, il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus.

Julien planait sereinement un peu plus loin devant la cabine. Malgré le fait qu’ils se soient assez éloignés du Mont Nappé, quelque flocons tenaces demeuraient présents à ses côtés, mais ça n’en rendait que plus beau le paysage, les rayons du soleil se reflétant dans leurs branches délicates et déposant une magnifique clarté bleutée alentour. Une si belle journée ne pouvait augurer rien d’autre que du bon.

Aussi, quand il vit Khalis lui faire signe, ne s’attendait-il pas à devoir recommencer ce qu’il ne pensait ne plus jamais avoir à faire, quelque chose qu’il avait détesté exécuter mais pour laquelle il s’était forcé et entrainé. Quelque chose pour laquelle il n’avait pas son mot à dire.

Attaquer Lame d’Air sur le taxi.

Pourtant les signes de sa Dresseuse étaient bien réels, et ne laissaient aucun doute quant à leur signification : elle voulait qu’il attaque. Qu’il attaque le taxi pour faire chuter le passager à son bord. Ce passager qui n’était autre que son sauveur, son ancien Dresseur. Francisco.

Pourquoi ? La douce clarté qui l’environnait se fit soudain aveuglante. Pourquoi ? Ses ailes d’acier eurent l’air de peser une tonne soudain, susceptibles de l’entrainer dans les profondeurs du Cratère de Paldea qu’ils survolaient à présent. Pourquoi ?

Pourquoi Khalis voulait-elle tuer Francisco ?

Il avait l’esprit confus comme s’il venait de lancer une attaque Ultralaser. Un trop-plein d’information à assimiler et tant de questions sans réponses le paralysait. Khalis ne lui avait jamais demandé d’attaquer Lame d’Air sur le taxi volant, elle lui avait même annoncé dès le début qu’elle ne le ferait pas… « à moins que je sois en danger » avait-elle cependant ajouté, le plus sérieusement du monde. Julien n’avait pas vraiment prêté attention à cette fin de phrase, ayant retenu l’essentiel : il n’aurait plus besoin de tuer qui que ce soit.

En soit, Khalis était tout à fait capable de se défendre toute seule. Il avait eu bien souvent l’occasion d’en faire lui-même le constat : à chaque fois qu’un client se montrait un peu trop permissif, elle lui faisait passer l’envie de recommencer. Le plus souvent, on ne le revoyait tout simplement plus. Cela voulait bien dire qu’elle ne voulait pas tuer, non ? Alors pourquoi aurait-elle besoin d’aide ? Et voulait-elle tuer Francisco ? Il l’aurait menacée ?

Les flocons continuaient de valser autour de lui, frétillant doucement à la lueur du soleil de plus en plus bas dans le ciel. Il sentait peser sur lui le regard des Tapatoès inquiets - eux aussi ne voulaient pas revivre ce calvaire. Mais ces regards-ci n’étaient pas les plus lourds à porter. Ce ne sont pas eux non plus qui lui firent détourner le sien. Sans ciller, Khalis le fixait intensément.

Et derrière elle, telle deux flammes ardentes dans la nuit, les yeux rouges de son ancien Dresseur semblaient sonder son âme. Ce regard sembla raviver quelque chose en lui, un moment qu’il s’était promis d’oublier et qu’il avait enfui au fond de lui.

C’était il y a plus d’un an, alors que la vague de disparitions n’avait débuté que depuis peu. Julien se revoyait dans un coin, contre un mur, essayant tant bien que mal de se faire petit devant l’immense silhouette de Francisco. Il s’était approché, effrayant. Il s’était penché, menaçant.

Il l’avait frappé, sans pitié.

— C’est ça, c’est ça, tremble ! Vulgaire Pokémon sans défense ! avait-il aboyé. Dirige encore une fois mal ton attaque et ce sera toi que je jetterai dans le Cratère !

Julien était pris de tressaillements incontrôlables, ses ailes bleu turquin repliées sur son corps rougi et meurtri par plusieurs coups. Toutefois, il n’avait pas détaché le regard de celui de son Dresseur. Celui-ci, prenant cet acte comme de la provocation, l’avait assailli d’une nouvelle rouée de coups avant de s’écarter de nouveau, l’air finalement satisfait. Mais le Corvaillus soutenait toujours son regard. Le sourire de Francisco s’était mu en un rictus de dégoût.

— Tu continues de me fixer ? Pff, tu me ferais presque pitié, tient ! T’es rien qu’un pauvre Pokémon même pas fichu de lancer correctement une attaque ! Je comprends que ton ancien Dresseur t’ait abandonné !

Ç’avait été les mots de trop, et le Corvaillus avait lentement détourné ses yeux rouges de son bourreau, les dirigeant vers le sol. Il se sentait si nul. Si inutile. Il savait qu’il avait de la chance que Francisco ne le rejette pas lui aussi. Qu’il lui devait tellement et que, par conséquent, il n’avait pas le droit de lui en vouloir. Il se donnerait à fond pour réussir cette attaque Lame d’Air et ne plus jamais décevoir celui qui lui avait donné sa seconde chance. Cette punition était méritée.

Alors pourquoi l’avait-il défié du regard ? Pourquoi cette provocation ? Peut-être que, finalement, il n’acceptait pas la situation autant qu’il aurait dû…

— Julien !

La voix de Khalis le ramena à la réalité. Il regarda en direction du taxi volant et ce qu’il y vit le figea sur place.

Francisco se tenait derrière sa Dresseuse, les mains levées, prêt à attaquer. Mais Khalis, elle, ne regardait pas derrière elle, non, elle regardait droit devant. Elle le regardait lui. Son sang ne fit qu’un tour, tandis que l’évidence se présentait à lui.

Francisco ne l’avait pas sauvé par compassion pour lui. Il l’avait sauvé dans son propre intérêt, parce qu’il pensait qu’il lui serait utile.

Il n’avait jamais existé une once d’empathie chez cet homme, et il n’en existerait jamais.

Julien était le seul à être maitre de ses choix. Et dorénavant, il ferait les bons.

Dans un cri perçant, il abattit violemment ses ailes illuminées par l’attaque. De gigantesques Lame d’Air vinrent frapper de plein fouet la cabine avant que quiconque n’ait pu effectuer le moindre geste.

Lorsque la fumée engendrée par le choc se dissipa, deux silhouettes se découpèrent dans le ciel crépusculaire étincelant de flocons. L’une d’elle avait les jambes pendues dans le vide, se raccrochant comme elle le pouvait du bout des doigts au rebord du taxi, son seul contact avec la vie. L’autre se tenait debout dans le taxi juste au-dessus, la dominant de sa hauteur.

— Pitié Khalis, remonte-moi !

— Pitié ? PITIÉ ?! Tu oses me demander d’avoir pitié pour toi ?! Comme si tu en avais eu pour moi !

Sur ces mots, elle retira le dernier élément qui la bridait encore, la libérant pour de bon : ses lunettes de soleil. Francisco en resta sans voix. Il fixait sans comprendre cette personne devant lui, cette personne qu’il pensait ne jamais revoir. Il fixait ses yeux couleur grenade.

— Non, murmura-t-il. C’est pas possible…

Tout lui revient d’une façon fulgurante. Ces garçons qui embêtaient sa petite sœur. Qui disaient qu’elle ressemblait à un garçon et qui la frappaient pour cette futile raison. Son regard à elle, lui implorant de l’aider quand il était passé près d’eux. Et lui, maintenant le pas, le regard rivé droit devant lui, faisant comme s’il ne la connaissait pas, comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Ce regard écarlate qu’il avait tout fait pour oublier.

— Cayenn, c’est vraiment toi ?

— Eh oui, mon cher Francisco. Tu pensais qu’en t’enfuyant d’la maison, tu allais aussi fuir ton passé ? Qu’il ne te r’ttraperait jamais ? Eh bah tu te trompais lourdement.

Se disant, elle avança en peu plus son pied des doigts aux jointures blanchies de Francisco, dont le visage était de la même teinte. Il essaya de se hisser mais ses doigts commençaient à glisser.

— Mais… je croyais que tu ne voulais plus faire de mal…

— J’ai dit ça ? s’exclama Cayenn, s’efforçant de réprimer l’émotion qui montait en elle en ricanant. Mais mon pauvre, t’as mal compris… Je parlais des Pokémon. Faire du mal aux humains comme toi, ça ne m’a jamais dérangé. Tu crois que c’est pourquoi que j’me suis retrouvée dans une organisation criminelle ? En soit, nous sommes autant pervertis l’un que l’autre. Sauf que toi, t’as un gros défaut : t’es trop prévisible. Dès qu’j’ai appris que l’homme à l’origine d’ces disparitions avait éliminé un de ses concurrents, j’savais que c’était toi. Toi et ton insatiable rivalité. C’est parce que t’avais peur de perdre contre ces garçons qu’tu les a laissés me harceler, n’est-ce pas ?

— Cayenn, je…

Elle avança davantage son pied et lui écrasa les doigts de toutes ses forces. Dans un cri de douleur, Francisco perdit sa prise et, jetant un dernier regard vers celle qu’il avait toujours secrètement regretté d’avoir ignorée, disparut dans les nuages épais du Cratère.