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Calendrier de l'Avent 2020 de Comité de lecture



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» Auteur : Comité de lecture - Voir le profil
» Créé le 04/12/2020 à 21:22
» Dernière mise à jour le 04/12/2020 à 21:22

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Jour 4 : On lui dit ou pas ? par Cryoleaf
La voiture roulait déjà depuis une bonne dizaine de minutes. Lou-Anne, à l’arrière, son cartable sur les genoux, regardait le paysage par la fenêtre.
La forêt bordant le Pont du Hameau laissa rapidement place aux cascades de la Route 11. En restant attentif, on pouvait discerner des Pokémons Rangers embusqués dans les fourrés. D’après Maman, ils passent la journée cachés ici pour traquer les braconniers et protéger les pokémons du coin. Ça doit pas être très marrant…
La voiture traversa un pont. En contrebas, des randonneurs marchaient le long d’une rivière.

Tous les matins c’était le même trajet, et les mêmes choses à voir. Lou-Anne soupira. Au moins aujourd’hui, elle avait réussi à faire comprendre à Maman que les pantalons, c’était bien mieux que les robes. C’est beaucoup plus pratique pour courir et jouer à la récré !
Soudain, tout devint noir. La voiture venait de rentrer dans un tunnel. Lorsqu’elle en ressortit, le décor était bien différent. Les arbres et les cascades avaient laissé place au bitume et aux gratte- ciels. Ils venaient d’entrer dans Janusia.

En cette période de l’année, la ville arborait de magnifiques décorations. Émerveillée, Lou-Anne contempla les orbes rouges accrochés aux lampadaire qui défilaient sur le côté de la voiture, les rubans enserrant les feu tricolores ou encore les enseignes colorées qui brillaient au soleil matinal. Certaines étaient en forme de Haydaim, ce qui fit sourire la fillette au teint hâlé.
Sur la place du centre-ville, un immense sapin arborait une étoile rutilante et était recouvert de longues guirlandes dorées et duveteuse.
D’habitude, la petite fille n’aimait pas trop le goudron de la ville. Mais en décembre, elle était au contraire très impatiente d’admirer le spectacle brillant et coloré. C’était bien plus intéressant que le début du trajet, vu et revu tous les jours depuis qu’elle allait à l’école.

La voiture s’arrêta tout d’un coup. Une longue file de voiture leur faisait face.
« Ne t’inquiète pas ma chérie, dit Papa en se retournant. On est parti en avance ce matin, on devrait être à l’heure malgré les embouteillages.
– D’accord Papa. »

Elle aurait préféré que les embouteillage les bloquent au niveau de la grande place. Ici, il n’y avait plus aucune décoration à regarder…
Lassée de regarder par la fenêtre, Lou-Anne reporta son attention sur la radio, que Papa venait d’allumer pour passer le temps.

« Revenons à présent sur cette affaire de cambriolage. La semaine dernière, Monsieur et Madame Natson ont découvert que la porte de service de leur boutique avait été crochetée.
– Il s’agit de « Jouets-les-Kid », le célèbre magasin de jouets c’est bien cela ?
– Exactement Manolo. Tout l’argent liquide de leur caisse a été volé, ainsi que leur tout nouvel arrivage de cartes Pokémon à collectionner.
– Ces nouvelles cartes sont très rares, il s’agit d’une édition limitée sortie il y a quelques jours à peine : « Les Haydaim Volants de Noël ». Les collectionneurs sont prêts à payer cher pour obtenir ne serait-ce qu’un exemplaire de l’une d’elle.
– En effet, c’est selon la police la raison pour laquelle les voleurs ont précisément ciblé ces articles- là : ils sont très faciles à transporter et sauront se vendre cher et rapidement.
– On espère que la police saura retrouver au plus vite ces malfaiteurs ! Ce serait dommage que les enfants ne puissent pas obtenir leurs cartes à quelques jours de Noël !
– Oh oui, ce vol n’aurait pas pu tomber à un pire moment de l’année ! »

Lou-Anne sourit. Elle voulait des cartes pokémons elle aussi, mais elle les avait commandées au Père Noël. Le vol n’allait donc pas l’empêcher de les avoir ! Il y avait tout de même quelque chose qui clochait…

Elle interrompit le présentateur radio, tandis que son père redémarrait :
« Papa ?
– Oui Lou-Anne ?
– Pourquoi le monsieur il dit que les enfants pourront pas avoir leurs cartes à cause des voleurs ? De toute façon c’est le Père Noël qui apporte les cadeaux non ?
– Ah mince tu écoutais la radio ? Euh, oui tu as raison, je ne sais pas pourquoi ils ont dit ça…
– Ben oui, si des enfants veulent des cartes, ils le disent au Père Noël et ses lutins les fabriquent, hein ?
– Oui, c’est exactement ça. Et ensuite, le Père Noël distribue tous les cadeaux la nuit de Noël. Tiens on va éteindre cette radio avant qu’ils racontent encore n’importe quoi !
– Ouais, bien dit Papa ! »

* * *

Dans la cour de l’école primaire de Janusia, les instituteurs frappaient dans leurs mains pour annoncer la fin de la récréation.

« Allez, bonne journée mon bébé !
– Papa ! Je suis plus un bébé !
– Ahah pardon pardon. C’est moi qui viendrai te chercher cet après-midi. Et ne sois pas en retard, ce soir c’est les vacances de Noël et on a encore beaucoup à faire pour accueillir la famille !
– D’accord, à ce soir alors !
– À ce soir ! »

Après avoir embrassé son père, Lou-Anne courut pour rejoindre en toute hâte le rang de sa classe, faisant voleter ses cheveux châtains derrière elle. Elle ne voulait pas être en retard.
Leur professeur, Monsieur Tcheren, les guida ensuite à travers les couloirs de l’école jusqu’à leur classe.
Sur la porte recouverte de dessins d’enfants bariolés était écrit « Classe des CE1 ».

Lorsque que tous les élèves furent assis, le professeur Tcheren frappa dans ses mains pour obtenir le silence :
« Bonjour les enfants. Rappelez-vous, la semaine dernière, nous avons parlé du comportement des pokémons Insecte de la région dans leur milieu naturel.
Aujourd’hui, nous allons continuer ce cours avec les pokémons de type Électrique. Comme vous vous en doutez, la plupart d’entre eux aiment les lieux liés à l’électricité, comme les hauts-plateaux ou les montagnes. Ce sont des endroits souvent frappés par la foudre, et les pokémons peuvent ainsi bénéficier des effets de cette dernière.
Cependant, tous les pokémons électriques ne vivent pas en hauteur. Il y a des exceptions pas plus loin qu’ici-même, à Unys. Quelqu’un peut-il me donner l’une d’elles ? »

Un jeune garçon aux cheveux roux leva immédiatement la main.

« Oui Lucas ? l’interrogea le professeur.
– Zébibron ?
– Oui, exactement !
– Je le sais parce que le mien c’est mon papa qui me l’a offert. Il l’a capturé pour moi sur la Route 3, et c’est pas la montagne là-bas !

– Très bon exemple. Limonde aurait aussi été une bonne réponse. Ce pokémon vit aux alentours de la ville de Flocombe. Les autres pokémons électriques d’Unys, à savoir Émolga et les familles évolutives d’Anchwatt et Statitik vivent quand à eux dans les montagnes. Il est d’ailleurs très intéressant de remarquer que… »

C’était peut-être très intéressant, mais pas pour Lou-Anne. Le type Électrique, quelle plaie !
La semaine dernière, le chapitre de ce même cours portait sur les pokémons Insecte. Elle avait eu l’occasion de montrer à tout le monde Noisette, son mignon petit Crabicoque.
La plupart des élèves de la classe n’aimait pas beaucoup les insectes, aussi bien les filles que les garçons, mais ils avaient tous adoré Noisette. Et ça avait été pour Lou-Anne l’occasion de briller ! Grâce à lui, elle avait su répondre à presque toutes les questions du prefesseur !

Elle l’avait reçu l’année précédente, lors de son entrée à l’école primaire de Janusia. Tous les enfants reçoivent un pokémon à cette occasion, et la fillette avait obtenu un Crabicoque. Elle l’avait immédiatement trouvé adorable avec sa petite maison sur son dos, et ils étaient rapidement devenus très amis.

Toujours est-il que ce cours-ci ne parlait ni du type Insecte, ni du type Roche. Lou-Anne finit par rêvasser en repensant à la discussion de tout à l’heure avec Papa.
C’est le Père Noël qui fabrique et amène les cadeaux aux enfants à Noël. Alors pourquoi le monsieur de la radio faisait comme s’il n’existait pas ?
Mais c’est vrai que l’existence du Père Noël est un vrai mystère…
Lou-Anne avait envoyé sa liste de cadeaux il y a seulement trois semaines. Imaginons que tous les enfants aient fait pareil… Comment le vieil homme pourrait-il fabriquer autant de jouets en si peu de temps ? Et surtout, comment pourrait-il tous les distribuer en si peu de temps ?

Peut-être qu’il demande de l’aide à ses pokémons.
Peut-être que l’un d’eux connaît l’attaque Clonage et peut distribuer plusieurs cadeaux en même temps ? Mais c’est pas possible de maintenir une telle attaque toute une nuit… En tout cas le Majaspic de Maman n’en est pas capable.

Toute à ses réflexions, la petite fille ne se rendit pas compte que le cours touchait à sa fin. Monsieur Tcheren les autorisa à sortir en récréation, puis distribua des feuilles d’exercice sur leur bureau.

* * *

Dans la cours, Lou-Anne rejoignit son groupe d’amis. Lucas, le garçon roux au Zébibron, était tout dépité :
« Vous avez entendu la dernière ? Les cambrioleurs de « Jouets-les-Kid » ont toujours pas été retrouvés !
– Et alors ? demanda Clément, un garçon noir très petit.
– « Et alors ? » ?! rétorqua Lucas. Mais je voulais mes cartes Pokémon pour Noël, moi !
– Ben c’est pas grave, intervint Lou-Anne. Si tu les a commandées au Père Noël, tu les auras quand même.
– Mais c’est bien ça le problème ! J’ai envoyé ma lettre avant que je sache que les nouvelles cartes étaient sorties…
– Ah, bah de toute façon tu les aurais pas eues même sans le cambriolage. Il fallait les commander, comme moi.
– Et mais… C’est vrai ça. Oh non, c’est encore pire ! Je les aurais jamais, même si on retrouve les vilains voleurs ! »

Lou-Anne appréciait Lucas, mais elle le trouvait un peu égoïste. Il ramenait toujours la conversation à lui. Elle profita de ses lamentations pour poser la question qui la taraudait :
« En parlant du Père Noël… Je me pose pleins de questions sur lui en ce moment.
– Ah oui, l’interrogea sa meilleure amie Jeanne, une blonde à lunettes aux cheveux bouclés. Quelle genre de questions ?
– Ben déjà, comment il fait pour distribuer tous les cadeaux à tous les enfants du monde en UNE nuit ? On est au moins des milliers d’enfants !
– Moi mon papa il m’a dit qu’on était 7 milliards sur Terre, dit Lucas, qui s’était remis de sa déception passagère.
– Les milliards c’est plus ou moins que les milliers ? demanda Clément.
– Je sais pas.
– Bref, maugréa Jeanne, qui sentait qu’à ce rythme, la question de Lou-Anne allait vite être oubliée. Moi je pense qu’il utilise le décalage horaire. Apparemment, il est pas la même heure selon où on se trouve dans le monde. Du coup il a plus qu’une nuit.
– Ah oui ! s’écria Lucas. Et si il utilise ses pokémons en même temps que lui pour distribuer les cadeaux, ils ont sûrement le temps de tout déposer !
– Oui, mais vous oubliez quelque chose, objecta Clément. Ses pokémons, il les utilise déjà pour tirer son traîneau.
– Ah mais oui c’est vrai ça ! J’avais complètement oublié, s’exclama Lou-Anne. Il doit sûrement avoir six Haydaims.
– Comme les Haydaims Volants dans les cartes Pokémon ! sourit Lucas »

Son sourire disparut aussitôt qu’il eut prononcé ces paroles. Il se rappela le merveilleux cadeau qu’il n’aurait pas à Noël.

« Pff, n’importe quoi ! rigola Jeanne. Ils peuvent pas voler les Haydaims !
– Ah oui ? s’insurgea Lucas. Alors comment il fait voler son traîneau le Père Noël hein ?
– Moi je pense que c’est des Haydaims spéciaux, dit Lou-Anne. En tout cas dans les histoires c’est toujours des Haydaims qui tirent le traîneau.
– Non, pas toujours, intervint Clément. Ma grand-mère vient de Johto, et là-bas c’est des Cerfrousses qui transportent les cadeaux.
– Mais ça vole pas non plus les Cerfrousses ? s’étonna Lou-Anne.
– Ben non ça vole pas ! se moqua Lucas. Pff, des Cerfrousses volants, n’importe quoi ces Johtoïtes !
– Hé, s’emporta Jeanne. C’est pas plus débile que tes cartes de Haydaims volants !
– Ça va, ça va on se calme. Pardon, Clément, s’excusa Lucas »

Lou-Anne ricana. Elle avait remarqué que Lucas aimait bien faire le fier devant Jeanne, mais il la ramenait toujours moins quand c’était elle qui le rabrouait.

« En tout cas, reprit Lucas, je pense que je sais comment ils font les Haydaims pour voler. Et les Cerfrousses, ajouta-t-il en lançant un coup d’œil crâneur vers Clément. »

Il laissa planer un petit silence.

« Ben vas-y, dis-nous ! s’impatienta Jeanne.
– Héhé, se rengorgea-t-il, savourant l’intérêt que Jeanne portait pour lui. Et bien, à mon avis, le Père Noël leur a appris l’attaque Vol Magnétik !
– Vol ma-gné-tik ? articula Lou-Anne en fronçant les sourcils. C’est quoi ça ?
– Oh allez ! On vient de le voir en cours à l’instant ! T’as rien écouté ou quoi ? C’est une super attaque électrique !
– Mmph ! Excuse-moi de penser à des trucs plus importants que tes attaques débiles de type Électrique ! répliqua Lou-Anne, vexée.

– C’est une attaque qui permet à certains pokémons de voler, ou plutôt de léviter, alors qu’ils ne peuvent pas en temps normal, expliqua gentiment Clément.
– Mais si c’est une attaque électrique, marmonna Jeanne, les Cerfrousses peuvent pas l’apprendre ?
– Et les Haydaims ! ajouta le rouquin.
– Ouiiii, et les Haydaims, râlèrent ses trois amis en levant les yeux au ciel.
– Moi je sais pas. V’nez, on va demander aux grands ! s’écria Lucas ».

Il partit en courant vers deux CM2 qui jouaient aux cartes Pokémon. Lou-Anne, Jeanne et Clément se regardèrent, puis le suivirent timidement. Habituellement, les grands n’aimaient pas beaucoup que les petits viennent les embêter.
Les 3 enfants n’étaient pas rassurés, mais Lucas était bien trop impulsif pour mesurer l’ampleur du danger…

« Hé salut ! sourit Lucas en déboulant à toute vitesse. Je peux vous poser une question ?
– Tu peux pas plutôt nous ficher la paix ? On joue là !
– Eh ça vaaa ! Moi et mes potes on se posait une question.
– Eh bah toi et tes potes vous allez la poser à quelqu’un d’autre votre question, on est en plein milieu d’une partie importante !
– Ouais, dégage gamin !
– Eh oh du calme, se braqua Lucas. Ça prendra pas longtemps !
– Trop tard tu nous as saoulés, laisse-nous.
– Est-ce que les Haydaims ça peut apprendre Vol Magnétik ? les ignora le petit garçon.
– Hein ? Pourquoi tu demandes ça ?
– Ou les Cerfrousses sinon, osa s’enquérir Jeanne.
– Les Haydaims ou les Cerfrousses ?
– Ahah attendez, me dites pas que vous parlez des pokémons du Père Noël ?
– On v-veut savoir c-comment ils font pour vo-voler, bredouilla Clément.
– Nan sérieux les mecs ? C’est vraiment pour ça que vous v’nez nous déranger ? Pour parler du Père Noël ?
– Mais quoi à la fin ? Oui c’est ça qu’on veut savoir ! s’énerva Lou-Anne, qui sentait que la discussion prenait une tournure étrange. Dites-nous juste si ils peuvent apprendre Vol Magnétik s’il vous plaît.
– Ahah on n’en sait rien, mais par contre on peut vous révéler un truc qui va changer votre vie ! En fait, le Père Noël, c’est vos… »

TAP – TAP – TAP

Les professeurs tapaient bruyamment dans leurs mains :
« Fin de la récréation les enfants ! Tous en rang devant votre classe ! »

Les deux CM2 partirent en ricanant rejoindre leur maître, Monsieur Watson.

« Lucas ! Mais pourquoi t’as été les embêter ? s’indigna Jeanne tandis que les 4 enfants rejoignaient le professeur Tcheren.
– Ben oui, on aurait pu demander à Monsieur Tcheren ! Il est bien plus gentil que ces deux idiots, ajouta Lou-Anne.
– En plus ils se sont moqués de nous, se lamenta Clément.
– Ben, j’ai pas réfléchi… Je me suis dit qu’ils sauraient vu qu’ils sont grands, et que ça irait plus vite, se défendit Lucas, tout penaud. Désolé les amis… »

Ils rejoignirent le rang. Malheureusement, Monsieur Tcheren était occupé à gronder Lola, qui avait utilisé la Sécrétion de sa Larveyette pour ligoter Mathis. Les deux enfants voulaient jouer à la

policière qui capture le bandit, mais la soie avait collé les jambes du pauvre garçon entre elles, ce qui l’empêchait de marcher.
Ce n’était pas le moment pour poser une question au professeur...

* * *

Le reste de la journée se passa sans encombre. Lou-Anne apprécia beaucoup le cours de mathématiques, où elle apprit que finalement, les milliards étaient bien plus grands que les milliers. À midi, elle eut le droit de sortir Noisette pour le nourrir. Elle lui avait amené ses cailloux préférés, et il fut tout heureux de pouvoir les manger sur les genoux de son amie.
Lucas était jaloux car son Zébibron était trop gros pour s’asseoir sur ses genoux, mais Jeanne réussit à le dérider en lui demandant de lui raconter comment son père avait capturé l’équidé de foudre.

À la fin des cours, le quatuor parvint enfin à poser à leur instituteur la grande question : Cerfrousse et Haydaim peuvent-ils apprendre Vol Magnétik ? Hélas, la réponse était non…

Le père de Lou-Anne l’attendait à la grille de l’école. Elle se dépêcha de le rejoindre, après avoir souhaité de bonnes vacances à ses trois amis.
Durant le trajet du retour, la petite repensa au Père Noël.

Récapitulons.
Le traîneau du Père Noël est tiré par des Haydaims, des Cerfrousses, ou peut-être les deux. Ils peuvent voler mais on ne sait pas comment.
Bien qu’il y ait plusieurs milliards d’humains, le Père Noël est capable de distribuer tous les cadeaux en une nuit, voire un peu plus d’une nuit si on compte le décalage horaire…

Lou-Anne soupira… C’était insoluble ! Comment c’était possible ? Comment un simple mortel pouvait jouir de tant de pouvoirs ?
Soudain, la fillette brune eut une intuition. Il n’y avait qu’un seul moyen de la vérifier :

« Papa ? Euh… Est-ce que le Père Noël est humain ?
– Oui bien sûr. Tu ne crois tout de même pas que c’est un extra-terrestre ?
– Non mais… Je me disais qu’il aurait pu être un pokémon en fait. Il a plein de pouvoirs, il peut fabriquer plein de cadeaux rapidement, les distribuer en une nuit, et ses pokémons peuvent voler !
– Ah oui, c’est vrai que c’est un bonhomme mystérieux le Père Noël ! Mais il n’est pas un pokémon.
– Comment tu le sais ? Tu l’as rencontré ?!
– Euh… Et bien, non, je ne l’ai jamais rencontré. Mais tu sais, même s’il est humain, il a des pokémons. Regarde moi, avec Étouraptor je peux voler !
– Oui mais ses pokémons, c’est des Haydaims et des Cerfrousses qui tirent son traîneau… Ou alors, ça veut dire qu’il a plus de 6 pokémons !
– Ah oui euh, c’est possible mais…
– Mais c’est interdit d’avoir plus de 6 pokémons ! Le Père Noël est quand même pas un hors-la- loi ?! Je veux pas qu’il aille en prison !
– Ahah mais non ma chérie, ne t’inquiète pas. Le Père Noël n’a aucune raison d’être poursuivi par la police.
– Mais alors, comment il fait Papa ?! C’est quoi son secret ?
– Oh, on vient d’arriver ! Écoute, j’ai beaucoup de travail. Tu sais que Papi, Mamie, Tonton, Tata et et ta cousine viennent demain ? Je dois faire la vaisselle, ranger et nettoyer la maison.
Quand ta mère arrivera, on cuisinera les repas du réveillon pour demain. Alors, on discutera du Père Noël plus tard, quand j’aurai le temps d’accord ?
– Rooooh…, ronchonna Lou-Anne. D’accord Papa… »

* * *

« Tiens Noisette, voici ton granit. N’oublie pas de le dissoudre avec ta salive, l’autre fois tu as failli t’étouffer ! »

Le pokémon sourit à sa maîtresse d’un air penaud. Les deux amis prenaient leur goûter dans la chambre de Lou-Anne, mais ils avaient interdiction de sortir. Papa n’aimait pas qu’on soit dans ses pattes quand il nettoyait… Il avait placé Clambert, son Mateloutre, pour garder la porte.

« Papa avait pas l’air de savoir grand-chose sur le Père Noël… Pourtant il sait que c’est un humain.
– Crabi ! sourit le petit insecte.
– Et mais c’est vrai ça ! Il m’a même pas répondi… euh répondu, quand je lui ai demandé comment il savait ça !
– Crabicoque, acquiesça Noisette d’un air grave.
– Mmh moui, c’est pas bête, on pourrait demander à Maman. Peut-être qu’elle ne nous fera pas de cachotteries ELLE !
– Coque ! plussoya joyeusement le pokémon.
– Ahah merci Noisette ! T’es trop mignon, t’es vraiment le meilleur des pokémons ! »

Lou-Anne serra son ami dans ses petits bras, en faisant bien attention de ne pas se cogner ou se couper contre son rocher. Elle avait déjà eu de mauvaises expériences par le passé !
Noisette posa sa pince droite sur la tête de sa maîtresse et caressa ses cheveux châtains tant bien que mal. C’était compliqué avec sa petite taille !

Soudain, la porte d’entrée claqua ! Vu l’heure, c’était forcément Maman !

« Viens vite Noisette ! On court dire bonjour à Maman avant que Clambert nous empêche de sortir de notre chambre, et on en profite pour poser nos questions !
– Crabicoque !!! »

Le temps que Lou-Anne ouvre la porte, Noisette utilisa Poliroche et s’élança avec célérité sur le parquet du couloir, en passant entre les jambes de Clambert. La fillette le suivit en criant :

« MAMAAAAAN !
– Hihi bonjour mon cœur ! s’écria la femme en voyant sa fille ainsi qu’un petit rocher foncer vers elle. Oh, bonjour à toi aussi Noisette ! »
– Tu vas bien Maman ? demanda Lou-Anne en se jetant dans les bras de sa mère.
– Oh oui très bien ! Et toi ma Pichu, tu as passé une bonne journée à l’école ? Tu dois être contente, tu es en vacances maintenant !
– Mmoui c’était bien l’école, même si j’ai pas pu sortir Noisette en cours cette fois…
– Bicoqueuh ! s’insurgea Noisette.
– Mais avec les copains on a parlé du Père Noël !
– Ah oui ?
– Ouais ! Et on s’est posé plein de questions. Déjà, comment il fait pour faire voler ses Haydaims et ses Cerfrousse Maman ?
– Et bien, hum… Oh Marc, coucou mon chéri ! »

Et voilà Maman qui s’enfuyait vers la cuisine. Papa la prit dans ses bras :
« Bonjour Donna ! Ça a été le travail ?
– Oh oui. C’était les courses le plus fatiguant. Mais j’ai ramené tout ce qu’il faut, on n’a plus qu’à cuisiner tout ça !

– Eh Maman ! les interrompit leur fille. T’as pas répondu à ma question ! »

Papa regarda Clambert. Celui-ci haussa les épaules en montrant Maman du doigt.

« Bon, on va commencer par cuisiner les Poffins !, s’enjoua Papa en faisant signe à son Mateloutre que ce n’était pas grave. Tu nous aide Lou-Anne ?
– D’accord, mais seulement si…
– Oui, on va répondre à tes questions, mais va te laver les mains !
– Ouiii Mamaaaan, sourit la jeune fille »

* * *

Assortiment de baies colorées, farine de Florges, Lait Meumeu, Beurre de Chevroum et Liqueur de Ceribou, tous les ingrédients étaient disposés sur la table, prêts à être utilisés.
Dans un coin de la salle à manger, un grand sapin diffusait des senteurs forestières apaisantes qui plaisaient beaucoup à Noisette. Sans doute lui rappelaient-elles la nature sauvage où il avait trouvé son rocher.
L’arbre était recouvert de rubans bleus, jaunes, rouges, roses et verts, symboles du triomphe de Papa et Maman lorsqu’ils participaient encore aux Concours Duo de Sinnoh.
Une étoile à l’effigie d’un Stari trônait fièrement au sommet du conifère, et soutenait les extrémités de nombreuses guirlandes bleues et argentées qui s’enroulaient en spirale autour de l’épais manteau d’épines.

Lou-Anne avait été très heureuse de pouvoir le décorer quelques semaines plus tôt. C’était la première année que ses parents la laissaient approcher des épines !
Cependant, à ce moment-là, elle n’en avait rien à faire du sapin. Elle commençait à en avoir marre des adultes qui veulent pas discuter avec elle ! Elle regarda la pendule.
Cela faisait maintenant une demi-heure que ses stupides parents discutaient de l’organisation et des tâches qui restaient à accomplir avant l’arrivé des convives le lendemain.
Si elle avait accepté de les aider, c’était pour avoir des réponses à ses questions ! Mais tout ce qu’elle avait pu faire jusqu’à maintenant, c’était lancer des baies dans le plat et remuer la pâte. À côté d’elle, Noisette tranchait joyeusement les fruits avec Taillade en sifflotant.
Ils n’avaient pas que ça à faire !

Sans s’arrêter de touiller son ramequin de pâte, Lou-Anne interrompit la discussion de ces parents :
« Bon Maman, est-ce que tu sais comment fait le Père Noël pour faire voler ses pokémons et son traîneau ? Papa n’a pas voulu me le dire !
– Dit donc Lou-Anne ! la gronda son père. Tu peut parler gentiment ! Et pour ta gouverne, je n’ai pas refusé de te répondre !
– Laisse chéri. Et bien, je ne suis pas le Père Noël, ni la Mère Noël d’ailleurs, mais je pense qu’il a un pokémon Psy très puissant qui permet à ses camarades de léviter pendant très longtemps.
– Aaaaah d’accoooord ! C’est bien ça Papa ?
– Euh, oui c’est exactement ça !
– Pourquoi tu voulais pas me le dire alors ?
– Et bien, euh… C’est que je ne voulais pas que tu essayes de faire pareil le jour où tu auras un pokémon Psy. C’est dangereux !
– Ah, mais t’inquiète pas Papa, je comptais pas faire ça ! pouffa la petite fille.
– Bah oui chéri, voyons ! le taquina Maman.
– Tu m’en vois rassuré, sourit-il à son tour.
– Mais j’ai d’autres questions ! Je viens de penser à un truc au fait. Papa m’a dit que le Père Noël était un humain. Mais si ça se trouve, c’est une humaine !
– Peut-être ! s’enjoua Maman.

– Oh non je crois pas, dit Papa en même temps qu’elle.
– Hein ? C’est un gars ou une fille alors ? Vous savez pas ?
– Ben si on l’appelle « Père » Noël, c’est que c’est un homme non ? tenta de se justifier Papa » Mais même s’il répondait à la question de sa fille, c’est à sa femme qu’il semblait s’adresser.
« Et pourquoi ce serait pas une femme ? Ya pas que lui qui travaille !
– Ben ouais, ya les lutins et la Mère Noël aussi, confirma candidement Lou-Anne.
– Crabicoque ! renchérit Noisette, fier de pouvoir éclairer la conversation de ses lumières.
– Oui, et bien des fois, je pense que c’est la Mère Noël qui fait la tournée des cadeaux. Elle est tout aussi capable que son mari !
– Chérie, j’ai pas dit le contraire !
– Mmh, mouais, toi non, mais j’en ai un peu marre que ce soit toujours les hommes les héros des histoires et leurs femmes derrière qui restent à la maison pour surveiller les lutins !
– Je suis d’accord, c’est bien dommage… Et d’ailleurs,…
– Mais du quoi vous parlez là ? le coupa Lou-Anne, qui commençait à perdre le fil de la conversation. C’est un monsieur ou pas le Père Noël ?
– On t’a dit que ça dépendait des fois Lou-Anne ! répéta Papa.
– Voooilà, tout à fait ! sourit Maman. Oh attention Lou-Anne ! Tu as renversé la pâte en touillant trop fort !
– Pardon Maman… Mais maintenant j’ai encore une question. Comment le Père Noël peut distribuer tous les cadeaux en une nuit ? Ou la Mère Noël ? Non parce qu’avec les copains on a calculé et …
– Finies les questions Lou-Anne ! On a encore beaucoup de cuisine à faire, ton père et moi !
– Mais j’en ai encore plein des questions !
– Lou-Anne ! S’il te plaît, va dans ta chambre. Tu sais qu’on s’énerve vite quand tu es dans nos pattes ! On t’appellera tout à l’heure pour le dîner.
– Rooooh… Vous aurez intérêt à répondre à mes questions ! marmonna-t-elle en descendant de sa chaise.
– Bi-Coque ! grommela Noisette en sautant du haut de la table.
– Pardon ? gronda Maman, qui avait très bien entendu.
– Rien, rien…
– Crab, crab…

Une fois que leur fille unique et son pokémon furent sortis de la pièce en tapant des pieds, Donna se tourna vers son mari :
« Mais qu’est ce qu’elle a avec son Père Noël ?
– C’est ce matin à la radio, dans l’émission de Bob et Manolo Toque. Ils ont dit un truc du genre
« Pourvu que les enfants aient leurs cadeaux à Noël, même si « Jouets-Les-Kid » a été dévalisé ». Et elle a pas compris pourquoi ils disaient ça, alors que le Père Noël amènera leurs cadeaux aux enfants quoiqu’il arrive.
– Ah. On devrait lui dire la vérité, tu crois pas ? Elle commence à être grande, elle relève beaucoup d’incohérences…
– Je me posais aussi la question… Écoute, on lui a dit qu’on répondrait à ses questions quand on aurait le temps. On n’a qu’à tout lui raconter quand la famille sera repartie, dans quelques jours.
– Ça me va ! »

* * *

« Pfeuh ! grogna Lou-Anne en donnant un coup de pied dans son sac de linge sale. Ils sont trop bêtes les grands ! D’abord les CM2, ensuite Papa et Maman !

– BI-COQUE ! renchérit Noisette en émiettant d’un coup de pince un morceau de caillou rescapé de son goûter. »

La jeune fille s’assit sur son lit, et le Crabicoque se posta près d’elle.
Elle ramena ses genoux contre elle, enroula ses bras autour et posa sa tête dessus :
« Bon calmons-nous, Noisette. On a quand même un peu avancé même si ils ont pas été très copopé… cooropé… Enfin même si ils ont pas voulus nous aider.
– Crabik, hocha la tête Noisette d’un air sérieux. Crabicoque Bicoque.
– Oui, on ne sait toujours pas le plus important : comment peut-il être aussi rapide ?
– Cra-bi-co-queuh !
– Qu’est-ce qu’il y a Noisette, je comprends pas ce que tu me dis ! »

Le petit insecte leva les yeux au ciel. Il descendit du lit, pointa de la pince un bonnet de Noël qui traînait au sol et se cacha sous son rocher.

Lou-Anne se gratta la tête :
« Tu veux qu’on se cache devant un bonnet de Noël ? »

Elle remarqua que son pokémon se rapprochait tout doucement du bonnet, sans sortir de sous son rocher.
Soudain, lorsqu’il fut assez proche, il bondit hors de son rocher et attrapa le bonnet ! Triomphant il regarda sa maîtresse.

« Tu veux qu’on se cache… et qu’on attrape un bonnet de No… Et qu’on attrape le Père Noël ! Mais oui ! T’es un génie Noisette, on pourra lui poser directement toutes nos questions !
– Crabihihihi, rougit Noisette.
– Et il risque pas de se tromper lui, contrairement à Papa et Maman !
– Bicoque ! s’enjoua le crabe.
– Moi aussi j’ai une idée ! On va vol… euh, récupérer des Poffins pour lui donner. Il donne des cadeaux à tout le monde, mais pas beaucoup de gens lui en donnent je pense. Ben oui, on dort d’habitude.
– Bi-Cok ! valida Noisette. »

La sonnette de la maison retentit à ce moment. Lou-Anne regarda son réveil-Célébi.
« 19h ? Papa et Maman vont encore râler, vu tout le travail qu’ils ont à faire… »

Le petit Crabicoque, curieux, se dirigea vers la porte que son humaine d’amie lui ouvrit. Clambert les regarda sans même bouger de son poste.

« Bicoooooque !! couina Noisette en fonçant vers lui. »

Le Mateloutre cracha un tout petit Pistolet à Eau qui renvoya son adversaire vers sa dresseuse.

« Ok, Clambert, ça va, râla Lou-Anne. On a compris, on reste dans notre chambre. Pff… »

* * *

Une heure après, Maman appela Lou-Anne et Noisette pour le repas. Les parents avaient ouvert en vitesse des boîtes de conserves, et ne mangèrent même pas avec leur fille. Ils mangeront après, quand la cuisine sera terminée, bien trop tard pour que la petite mange avec eux.

Elle eut tout juste le temps de demander qui avait sonné plus tôt dans la soirée.

« C’était un livreur, répondit Maman en sortant un lourd plat du four, grognant sous l’effort. Il amenait – mph ! – des cadeaux – mph ! – de la part de Tata Astrid…
– HEM HEM ! se racla bruyamment la gorge Papa en donnant un coup de coude à Maman.
– Euh oui, tu sais qu’Astrid ne viendra pas demain. Le livreur amenait un cadeau qu’elle voulait offrir depuis longtemps à ta cousine.
– Viviane ? Mais pourquoi ? Elle a pas été sage, le Père Noël lui en amènera pas ?
– Mais si, répondit Papa. C’est juste qu’Astrid aussi voulait lui offrir quelque chose.
– Ah, d’accord.
– Tu as fini ? Tu mangeras ton dessert dans ta chambre, d’accord ? On a besoin de la table.
– Oui Mamaaaan. »

En emmenant son assiette dans l’évier, la petite récupéra Noisette. Elle l’avait envoyé chercher des Poffins pendant qu’elle discutait avec ses parents, et il avait parfaitement accompli sa mission.

* * *

Le lendemain, Lou-Anne se réveilla la première. Elle vérifia que les trois Poffins étaient toujours dans leur cachette, dans son cartable sous le lit. Puis, elle s’habilla (et pas avec une robe !) et alla prendre son petit-déjeuner.
La matinée passa lentement. Lou-Anne voulait rencontrer le Père Noël au plus vite ! Mais elle devrait patienter toute la journée…

À midi et demi, on sonna à la porte. C’était Viviane, la grande cousine de Lou-Anne ! Il y avait aussi les parents de Viviane, et Papi et Mamie aussi.

Cela faisait plus de six mois que la famille ne s’était pas réunie au grand complet. Tout le monde se prit joyeusement dans les bras et s’embrassa.
Puis, on s’installa à table tandis que Papa et Maman faisaient le service.
Papi et Mamie racontèrent encore des histoires de leur jeunesse. Lou-Anne et Noisette aimaient beaucoup les écouter, car ils racontaient souvent les bêtises que faisaient Maman et Tonton Billy quand ils étaient petits. C’était rigolo !

Pendant tout le repas, Tonton Billy se plaisait à rajouter « ou pas ! » à la fin des phrases des autres. C’était amusant au début, mais bien vite Viviane se mit à rouler des yeux quand il recommençait. Lou-Anne, elle, ne s’en lassait pas !

Elle réalisa d’ailleurs que la journée avançait beaucoup plus vite maintenant ! Il était 16h. C’était génial, l’heure de la rencontre avec le Père Noël se rapprochait à grands pas !
Cependant, un problème subsistait. Elle voulait le surprendre, mais elle n’avait préparé aucune cachette…

Pendant que les adultes jouaient aux cartes, Lou-Anne alla près du sapin. C’est ici que le Père Noël déposerait les cadeaux.
Il fallait donc trouver un endroit d’où elle pourrait guetter sa cible sans être vue.

Encore une fois, c’est Noisette qui lui sauva la mise :
« Crabicoque ? proposa-t-il en montrant le canapé.
– Oh, mais oui ! Si on retire ce gros coussin, on peut se cacher en dessous !
– Bicoque ? demanda le petit insecte en désignant ses yeux.
– Ah… Ouais on pourra rien voir par contre. À moins de tenir le coussin au dessus de nos têtes… Mais ça risque d’être trop lourd pour nous.

– Qu’est-ce que vous faites ? »

Lou-Anne sursauta et Noisette se cacha derrière ses jambes. C’était Viviane qui s’était approchée d’eux et avait posé la question.
Lou-Anne ne voulait pas dévoiler son plan à n’importe qui. Mais Viviane… Mmh c’était une grande oui, elle était même au lycée. Mais elle était digne de confiance.

« Tu promets de pas le dire aux autres grands ?
– Ooh ! Un secret ? s’exclama l’adolescente avec un grand sourire. Je promets !
– Ok, alors tends ton oreille, murmura Lou-Anne. Cette nuit, avec Noisette, on va surprendre le Père Noël !
– Ah oui ? Mais pourquoi ?
– J’ai plein de questions à lui poser. Comment il fait pour distribuer tous les cadeaux en une nuit seulement ? Comment il fait pour que ses Haydaims volent ? Est-ce qu’il est un homme ou une femme ? Ou même un pokémon !
– Ahah, un pokémon ?!
– Crabicoque ! la défendit Noisette.
– Eh rigole pas ! On sait jamais, se renfrogna la fillette.
– Mais pourquoi tu poses pas ces questions-là à tes parents ? questionna sa cousine.
– Ils répondent pas, ou alors ils savent pas. Ils font que de me dire « on a du travail à cause des invités, on verra après gnagnagna ».
– Crabibibi, bibibicok, confirma le crustacé.
– Mmh je vois. Et tu n’as pas peur de ce que tu pourrais découvrir ? sourit Viviane, sybilline.
– Ben non. On verra bien, et puis de toute façon je veux savoir !
– Ahah d’accord d’accord !
– Tu sais toi ?
– Non. Je me suis demandé aussi quand j’étais petite, mais j’ai jamais eu ma réponse. Mes parents savaient pas non plus.
– Ah mince. Tu veux pas te cacher avec moi cette nuit alors ? demanda Lou-Anne, pleine d’espoir.
– Oh non, désolée Loulou, cette nuit moi je dors ! Ah mais c’est ça que tu faisais : tu te confectionnais une petite cabane c’est ça ?
– Une cachette !
– D’accord. Bon, je vais pas surprendre le Père Noël, mais je peux t’aider à faire ta cabane.
– C’est vrai ? s’enjoua la petite fille. Génial ! T’es trop cool Viviane !
– Hihi, et toi t’es trop mignonne, rit Viviane en faisant un bisou sur la tête de sa cousine. Déjà, tu ferais mieux de pas te cacher sous les coussins. Ça fera une bosse et ça attirera l’attention.
– Ah oui.
– Par contre, tu peux te glisser sous le canapé. Moi je suis trop grande, mais il y a assez de place pour toi et Noisette. On peut même mettre des coussins et une couverture pour que ce soit plus confortable pour toi. »

Les deux cousines passèrent le reste de l’après-midi à aménager la cachette de Lou-Anne. Le dîner se passa dans la même ambiance chaleureuse que le reste de la journée. Papi et Mamie parlèrent avec Tata des tactiques de jeu qu’elle avait utilisés pendant leurs parties, et Tonton recommença avec ses « Ou pas ! » à la fin des phrases. Il était vraiment intenable…
Pendant ce temps, Papa et Maman faisaient le service tandis que Lou-Anne montrait sa collection de cartes Pokémon à Viviane et spéculait sur ses futurs cadeaux.

Lorsque vint l’heure du coucher, tout le monde plaça ses chaussures devant le sapin, puis retourna dans sa chambre. Viviane fit un clin d’œil à sa cousine, qui le lui rendit.
Papa et Maman firent un bisou à Lou-Anne, et celle-ci fit semblant d’aller au lit. En réalité, elle était habillée sous ses draps, et Noisette se tenait prêt à aller récupérer les Poffins.

* * *

Après avoir entendu la porte de la chambre de ses parents claquer, Lou-Anne et son ami sortirent de la chambre à pas de Zoroark. Le parquet du couloir avait tendance à grincer, et la pénombre rendait la tâche plus compliquée.
Le duo parvint néanmoins à atteindre la salle à manger silencieusement.

Toujours sans faire aucun bruit, ils se glissèrent sous le canapé, dans la douillette cachette aménagée pendant l’après-midi.

« Bon maintenant, on doit rester éveillés, chuchota Lou-Anne.
– Crabi Crabi ? demanda Noisette en montrant l’un des trois Poffins.
– Non Noisette ! C’est pour le Père Noël ! Nous on pourra toujours en manger demain. »

Lou-Anne, elle, n’avait pas faim. Elle ressentait même une certaine lourdeur dans son estomac. Elle avait attendu toute la journée pour rencontrer le Père Noël, mais maintenant que le moment tant attendu approchait, elle commençait un peu à stresser.
Et si le Père Noël n’était pas content de la voir ? S’il la renvoyait au lit sans même écouter ses questions ? Ou pire, et s’il n’apparaissait qu’à condition que la salle soit vide ?

Tourmentée par ses inquiétudes, la petite sursauta lorsque Noisette la toucha :
« Crabicoque, chuchota-t-il en désignant quelque chose avec sa pince.
– Qu’est-ce que c’est que ce truc ? »

Juste en face d’eux, à la droite du sapin, une sorte de disque noir était apparu. Il flottait dans les airs, perpendiculaire au sol, tout lisse, et semblait aspirer toute la lumière qui l’atteignait.
Le disque d’ébène était entouré par une bordure dorée qui, quant à elle, diffusait une douce lueur.

Lou-Anne resta pétrifiée :
« On dirai un Trou Noir ! murmura-t-elle à Noisette, paniquée. Comme dans les histoires sur le vilain Darkrai ! Il vient nous chercher, parce qu’il ne veut pas qu’on connaisse la vérité ! »

Sur ces mots, la surface du disque noir se troubla, comme si une goutte d’eau tombait dans une flaque. Soudain, une forme fugace en sortit !

Lou-Anne gémit de peur en fermant mes yeux. Mais ce n’était pas Darkrai qui se tenait devant elle. La créature était assez petite, pas beaucoup plus grosse que Noisette. Elle lévitait, dos à la fillette, et avait une forme vaguement humanoïde. Ses deux bras étaient séparés de son corps, mais ils flottaient juste à côté, leur extrémité placée à l’endroit où aurait dues se trouver ses épaules.
Sa tête était grosse et cornue, et deux petits anneaux scintillants pendaient à ses cornes.
La pénombre ne permettait pas de distinguer clairement ses couleurs, mais à la lueur des guirlandes électriques la fillette crut reconnaître une couleur de peau grise, avec quelques marques roses.

La créature regardait les chaussures. Elle se gratta la tête, comme si elle se trouvait face à une énigme.
Lou-Anne se demanda ce qu’elle pouvait bien trouver à ses chaussures. Elle rampa de quelques centimètres en avant pour mieux voir, mais écrasa malencontreusement la patte de Noisette dans la manœuvre.
Celui-ci émit un perçant couinement de douleur.

La créature sursauta et fit volte-face, prête au combat. Il semblait gêné dans ses mouvements par un petit paquet qu’il tenait dans ses mains.

Mais Lou-Anne était bien trop apeurée pour le remarquer. Elle resta figée, immobile, le corps encore à moitié sous le canapé.
Un long silence s’installa, durant lequel personne ni pipa mot ni ne bougea.

La petite fille, qui commençait à avoir mal dans cette position, finit par bredouiller timidement :
« Euh, c’est toi le Père Noël ? »

L’inconnu ne répondit pas. Ne voyant aucune menace immédiate, elle s’assit donc par terre, lentement, tout en tirant les Poffins de sous le canapé :
« On voulait t’offrir ça, dit-elle avec un peu plus d’assurance en tendant la friandise vers le pokémon mystérieux. »

Celui-ci, enfin, sembla sortir de sa torpeur. Il s’approcha doucement, suspicieux. La main de la fillette tremblait légèrement.
Il attrapa le gâteau et le porta à ses lèvres.
Lou-Anne remarqua qu’il n’avait que deux doigts, un large et un fin, un peu comme s’il portait des moufles.

Le pokémon croqua et mâcha, lentement. Noisette, qui se cachait derrière les jambes de sa maîtresse, montra le bout de son museau.
Les deux amis retenaient leur souffle. Lou-Anne sentait son petit cœur battre dans sa poitrine.

« Gniéhéhé ! ricana la créature. »

Il fit une pirouette dans l’air, et sourit de toutes ses dents.

« Ahah, rit Lou-Anne, rassurée. On dirait que ça te plaît. Même si ce rire est un peu flippant…
– Bicoque ! couina Noisette en se recachant derrière Lou-Anne.
– Niéhé ! confirma le pokémon en enfournant le reste du Poffin dans sa bouche. »

Il pointa ensuite du doigt les pieds nus de Lou-Anne. Il fronçait les sourcils, intrigué.

La fillette regarda ses pieds, puis repensa au moment où il regardait les chaussures de tout le monde au pied de l’arbre de Noël.

Elle comprit :
« Ah ! Tu te demandes où sont mes chaussures ! Regarde derrière toi, sourit-elle en les pointant du doigt. Je les ai mises là pour que le Père Noël sache où déposer mes cadeaux. »

Le petit pokémon volant se posa alors au sol, et plaça soigneusement le paquet qu’il tenait depuis tout à l’heure dans les chaussures de la petite fille.

Il la regarda, satisfait, et émit de nouveau son ricanement vaguement inquiétant :
« Tadaaa, Gniahahah !
– Attends…, réalisa Lou-Anne. Tu viens de me faire un cadeau ! Mais alors c’est vraiment toi le Père Noël ! J’avais raison ! T’es bien un pokémon ! T’entends ça Noisette ? On avait raison, le Père Noël est un pokémon !
– Bi… coque…, gémit celui-ci, toujours effrayé par son confrère.

– Quand je vais raconter ça aux copains ! Et Papa et Maman qui ont préféré inventer n’importe quoi au lieu de me dire qu’ils savaient pas. Ahah je suis trop contente !
– Niéhéhé !
– Chuuuuuucoque ! susurra Noisette pour intimer le silence à son amie.
– Oh oui, t’as raison, faut pas réveiller les parents. On va se faire gronder sinon. »

Le petit Père Noël flotta vers Noisette. Celui-ci s’enfuit en contournant les jambes de Lou-Anne. Le pokémon mystérieux s’amusa à poursuivre Noisette, qui s’enfuit en courant dans toute la pièce.

« Hihihi, du calme Noisette, il est gentil ! C’est le Père Noël après tout !
– Niiiiiéhéhé !
– Père Noël ! J’ai des questions à te poser, si tu veux bien me répondre. Déjà, où est ton traîneau ? »

Le Père Noël cessa de voler après le Crabicoque et se rapprocha de Lou-Anne. Il ne semblait pas comprendre la question.

Celle-ci sentit son malaise :
« Euh… Bon, ok, conclue-t-elle, déçue. Plus important : comment tu fais pour distribuer les cadeaux à tout le monde en seulement une nuit ?
– Gniéhéhé ? »

Le pokémon se dirigea vers le gros cercle noir, qui n’avait pas bougé depuis le début de la conversation. Il le traversa et disparu sous les yeux effarés de Lou-Anne et Noisette, mais en ressortit une dizaine de secondes plus tard, les bras remplis de paquets identiques à celui dans les chaussures de la fillette.

« Oh ! s’exclama Lou-Anne. Alors en gros, ce machin noir et doré c’est ta hotte de Père Noël ? Elle est pas du tout comme dans les dessins animés ! »

Le pokémon disposa un paquet dans chaque chaussure (ce qui faisait deux cadeaux par personne), mais en garda un. Il s’approcha ensuite doucement de Noisette, et le posa devant lui.

Le crustacé regarda le paquet, ne se sentant pas très en confiance. Il déchira néanmoins l’emballage d’un petit coup de Taillade.
Lou-Anne ouvrit des yeux ronds. Le paquet contenait des cartes Pokémon, mais pas n’importe lesquelles. Il s’agissait de l’extension « Les Haydaims Volants de Noël » !

« Woaw ! Mais c’est trop bien ! Je le savais bien que le Père Noël nous offrirait nos cadeaux même avec cette histoire de cambriolage. Ahah quand je pense à la tête que ferait Lucas s’il était là ! »

Noisette, lui, n’en avait pas grand-chose à faire des cartes Pokémon. Néanmoins, il, avait compris que le lutin volant ne lui voulait pas de mal. Son air autrefois effrayant lui paraissait à présent simplement malicieux.
Il courut dans un coin de la pièce, vers son panier, et revint avec une petite balle.

« Oh, tu veux jouer à la balle Noisette ? C’est que c’est pas trop l’heure… Tu veux jouer avec nous Père Noël ?
– Gniéhé ! acquiesça ce dernier »

Les trois camarades s’amusèrent à se passer la balle de Noisette. Ils commencèrent par la faire rouler au sol. Mais bien vite, ils se lassèrent et préférèrent se la lancer.

Le Père Noël volait, et les petites pattes de Noisette raclaient tout doucement le sol, aucun d’eux ne faisait donc de bruit.
Lou-Anne en revanche, devait faire très attention à ne pas taper des pieds ou rigoler trop fort. Elle finit par arrêter de courir pour se déplacer en glissant sur le parquet bien ciré. Cela la rendait à la fois plus silencieuse et plus rapide !

Au bout d’un moment cependant, elle perdit l’équilibre et ne rattrapa pas la balle que Noisette projetait vers elle. Celle-ci se dirigea vers une vitrine remplie de vaisselle.
Lou-Anne retint son souffle, la sphère allait tout casser !

Heureusement, le Père Noël intervint. Il fit apparaître un deuxième cercle noir en plein dans la trajectoire de la balle, qui l’avala.

Le pokémon farfouilla ensuite dans le premier rond noir et en ressortit la balle, triomphant :
« Gniéhéhé ! se gaussa-t-il.
– Oh. Bravo Père Noël ! Tu m’as sauvée !
– Crabi ! le félicita Noisette.
– Alors comme ça, tous les ronds noirs sont reliés entre eux…, s’enjoua la fillette. C’est trop bien ! »

Le Père Noël volant ricana, puis relança la balle vers Lou-Anne. Elle l’attrapa mais protesta :
« Désolée Père Noël… Je m’amuse bien avec toi, mais je commence à être fatiguée. On fait une petite pause et on rejoue après d’accord ? »

Sur ces mots, elle se dirigea vers le canapé et se coucha dessus. Elle s’endormit rapidement. Noisette ramassa la balle et la rangea dans son panier. Il gémit à l’attention du pokémon mystérieux en désignant le couloir.
Semblant comprendre ce qu’on attendait de lui, le Père Noël attrapa Lou-Anne. Malgré sa petite taille, il pouvait la porter sans problème.
Suivant le Crabicoque qui le guidait jusqu’à sa chambre, il transporta Lou-Anne jusqu’à son lit. Heureusement, il n’y avait pas de Clambert pour garder la chambre cette fois !

Le pokémon déposa délicatement sa nouvelle amie dans son lit.
« …onne nuit… pè… oël…, marmonna-t-elle dans son semi-sommeil. »

Le Père Noël lui sourit, puis salua Noisette.
Celui-ci lui le remercia d’un « Crabiiii » enjoué, puis alla se lover dans les bras de la petite fille, qui dormait maintenant profondément.

* * *

Quelques minutes plus tard, deux silhouette pénétrèrent dans la salle à manger. L’une d’elle retint l’autre par le bras en chuchotant :
« Attends Marc ! Viviane a dit que Lou-Anne s’était cachée sous le canapé c’est ça ?
– Oui. Tu es toujours sûre de vouloir y aller juste comme ça, et qu’elle découvre la vérité de cette façon ?
– Oui, on fait comme prévu. Si elle est assez grande pour vouloir surprendre le Père Noël, elle l’est également assez pour savoir.
– D’accord. Et de toute façon, on voulait lui en parler d’ici quelques jours alors…
– Exactement. »

Papa et Maman, les bras chargés de cadeaux, contournèrent le canapé. Ils s’arrêtèrent net. Quelque chose était étrange…

« Euh attends… C’est toi qui as déjà mis des cadeaux dans nos chaussures ?
– Non… c’est pas toi ?
– Ben non !
– C’est peut-être ton frère ?
– Mmh peut-être. Il ne nous a rien dit, mais connaissant son comportement, disons, malicieux, il aurait très bien pu nous faire encore une blague.
– Oui c’est possible. Bon allons-y. »

Ils déposèrent tous les cadeaux, en faisant attention de bien donner chaque paquet à son destinataire. En se retournant, Papa jeta un œil vers le canapé. Il ne voyait rien de suspect.
Maman, qui constata que son mari traînait, retourna sur ses pas. Il lui montra le canapé en haussant les épaules.
Maman se positionna derrière le canapé, pour ne pas que Lou-Anne la voit, et se baissa. Elle regarda dessous, mais malgré la pénombre, il n’y avait aucun doute : il n’y avait rien là-dessous… Rien, hormis deux Poffins, dont un partiellement grignoté par des mandibules d’insecte.

Les parents retournèrent dans leur chambre, perplexes.

* * *

« Joyeux Noël Manolo !
– Joyeux Noël Bob !
– Allez, sans plus attendre, passons aux dernières nouvelles !
– Et oui, pas de repos pour l’info, ahah !
– Bien dit ! Alors Manolo, du nouveau sur cette affaire de vol à « Jouets-les-Kid » ?
– Et bien figurez-vous que oui ! Ce matin, en passant dans sa boutique, Monsieur Natson a entendu un bruit étrange dans un placard, au sous-sol. Il l’a ouvert, et ce qu’il a trouvé à l’intérieur dépasse tout bonnement l’entendement !
– Vous vous titillez ma curiosité ! Qu’était-ce ?
– À l’intérieur du placard, un homme tapait contre la paroi, en espérant que quelqu’un viendrait le délivrer. Il était ligoté, bâillonné et ne portait rien d’autre qu’un slip.
– Vous êtes sérieux Manolo ?!
– Oui ! Mais le plus fou, c’est que cet homme s’est avéré être le cambrioleur en personne !
– Vraiment ? Il serait revenu sur les lieux du crime ?
– Et bien, apparemment, il avait prévu de rester chez lui un moment, le temps que tout le monde oublie l’affaire. Mais en sortant du magasin, il dit avoir marché dans une flaque noire, qui l’a complètement absorbé. Cela lui a fait perdre connaissance.
Lorsqu’il s’est réveillé, il se trouvait dans une pièce sombre, et ne portait plus que ses sous- vêtements. Le sac dans lequel il avait placé le produit de son larcin avait disparu. Ne sachant pas trop ce qui s’était passé, le brigand est sorti de la pièce sombre et s’est retrouvé… en plein milieu du Désert Délassant !
Pris de panique, il a essayé de retourner à l’intérieur du bâtiment, mais la porte s’était subitement verrouillée. Il entendit alors des ricanements aiguës et effrayants. Après cela, il dit avoir fait volte- face pour s’enfuir, mais son pied est tombé dans la même flaque noire que tout à l’heure. Il a basculé dedans et a encore perdu connaissance.
Lorsqu’il s’est de nouveau réveillé, il était dans l’état dans lequel Monsieur Natson l’a trouvé.
– C’est tout bonnement incroyable ! Quel crédit pouvons-nous accorder à cette histoire grotesque ?
– Et bien, nous ne savons pas pour le moment. La police dit préférer n’écarter aucun piste.
– Et qu’en est-il du butin ?

– Monsieur Natson n’a pas retrouvé les cartes. En revanche, il a été abasourdi lorsqu’il a découvert ce matin, sous son sapin, en plein milieu de ses cadeaux, plusieurs liasses de billets dans ses pantoufles. La somme était strictement identique à celle que le cambrioleur avait volée !
Sa famille assure ne pas être à l’origine de ce cadeau… troublant.
– Et bien Manolo, voilà qui ressemble fort à un canular ! Ne pensez-vous pas que cela puisse n’être qu’un coup de pub de la part de la famille Natson ?
– C’est ce qu’affirment leurs concurrents. Cependant, plusieurs éléments restent très mystérieux. Je vais maintenant laisser la parole à nos experts. Madame Iris, je vous en prie... »

Viviane éteignit la radio et ronchonna :
« Dis donc Papa ! On est le matin de Noël ! Tout le monde t’attend pour ouvrir les cadeaux et toi, tu écoutes la radio ?
– Ou pas ! J’étais en train de m’habiller figure-toi !
– Oui, si tu veux. Dépêche-toi, plus tu prends longtemps, plus il y a de chances pour que Lou-Anne ouvre le cadeau que tu as choisis pour elle sans toi ! ajouta-t-elle malicieusement.
– Quoi ?! Ah ça non ! Je veux être là quand ma nièce préférée ouvrira mon cadeau !
– T’en n’as qu’une Papa !
– Ou pas ! sourit-il, fier de son coup. »

Viviane leva les yeux au ciel en souriant malgré elle.
Quelques minutes plus tard, Tonton Billy rejoignit la salle à manger, où tout le monde l’attendait.

« CRA-BI-COK ! cria Noisette, énervé par l’attente.
– Ouais bien dit Noisette ! Tu faisais quoi Tonton ?
– Je me faisais belle pour l’ouverture des cadeaux ! plaisanta le retardataire.
– Bon allez, sourit Maman, qui craignait que les reproches ne pleuvent. C’est l’heure d’ouvrir les cadeaux ! »

Chacun s’avança vers sa paire de chaussures et s’agenouilla pour déballer ses cadeaux.
Lou-Anne aimait beaucoup ce moment. C’était un instant où tout le monde retombait en enfance, parents comme enfants.
Noisette la tira de sa rêverie en tirant sur sa manche.

« Crabi ? s’enquit-il.
– Tu veux que je te l’ouvre ? Attends une seconde… Oh ! Mais c’est une grosse pierre ! C’est ta prochaine maison Noisette, pour quand tu seras plus grand !
– Crabi Crabe ! exulta le petit pokémon. »

Il sortit immédiatement de son actuelle coquille pour essayer son nouveau rocher. Mais ce dernier était bien trop lourd pour lui !

Lou-Anne rit tant elle trouvait la situation cocasse. Mais son rire s’évanouit d’un coup, sous le coup de l’étonnement :
« Regarde Noisette ! chuchota-t-elle, excitée. Le Père Noël a laissé beaucoup plus de cadeaux que quand dans mes souvenirs ! Tu crois qu’il en déposé d’autres après nous avoir emmenés au lit ?
– Crabicoque, supposa l’insecte. »

La petite déballa ses cadeaux. Comme elle s’en était douté, le petit paquet qu’avait déposé en premier le pokémon volant contenait des cartes pokémons de l’extension « Les Haydaims Volants de Noël ».

Surexcitée, elle cria de joie :

« Merci Père Noël Trou Noir ! »

Entendant cela, Papa et Maman se regardèrent :
« Quoi ? « Père Noël Trou Noir » ? D’où elle sort ça ?
– Je sais pas… Mais regarde dans sa main. C’est pas les cartes qui ont été volées là ? Tu as réussi à lui acheter un paquet avant le cambriolage ?
– Non pas du tout ! C’était pas toi ?
– Ah, mais attends, ça doit être ta sœur, non ? Elle nous a tout fait livrer vendredi soir.
– Mmh, c’est vrai que la connaissant, elle a dû tout acheter des semaines à l’avance, avant le vol.
– Par contre, il faudra qu’on m’explique pourquoi elle en a offert à tout le monde… Depuis quand toi et moi on est fan de ces cartes ?!
– Ça j’en sais rien… Mais sinon, à propos de ce Père Noël Trou Noir… On devrait lui dire non ?
– Je sais pas. Elle a tout fait pour surprendre le Père Noël cette nuit, mais elle semble avoir abandonné son plan au dernier moment.
– Tu veux qu’on la laisse rêver encore un peu ?
– Oh oui. Mon bébé est encore si jeune !
– Ou pas ! ajouta malicieusement Lou-Anne, qui s’était approchée et avait compris qu’on parlait d’elle. »

Tonton Billy la regarda, étonné, puis éclata d’un rire tonitruant en lui faisant un clin d’œil.