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Traque de deux jours de Ramius



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Informations

» Auteur : Ramius - Voir le profil
» Créé le 12/03/2020 à 18:45
» Dernière mise à jour le 12/03/2020 à 19:20

» Mots-clés :   Absence de poké balls

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Trouvent le repos.
Cette nuit-là, Cara s’éveille quatre fois sous un ciel différent. Elle a le sommeil léger ; pour passer toute la nuit d’une traite, il faut qu’elle soit vraiment épuisée. Mais voyager sur le dos de son Démon est devenu plus reposant que fatiguant.

Enfin, elle a l’habitude. La plupart du temps, les Alchimistes la regardent d’un air drôle quand elle décline la tente qu’ils lui offrent, puis prennent un air plus compréhensif quand elle prétend mal dormir sans avoir le ciel au-dessus de sa tête. C’est faux : elle dort aussi mal en voyant les étoiles. Mais au moins, elle peut lire l’heure à leurs positions dans le ciel.

Il reste une heure avant l’aube. Cara se lève silencieusement, et replie la natte qu’elle a étendue dans le sable. Elle ne dormira pas plus cette nuit-là ; autant travailler son corps. Cela lui rappellera son entraînement à la Forteresse : les apprentis étaient incités à se lever une heure avant l’aube, et à faire d’eux-mêmes des séries d’exercices. Force, équilibre, souplesse… Pour commencer la journée, ce n’était pas le plus agréable. Mais Cara y voyait un avantage : quand les autres apprentis commençaient à sortir de leurs lits, elle savait que la nuit était terminée.

Elle cesse de penser, et commence à compter. Dix gondes, souvent trente, parfois une nute, et au total trois mille six cents gondes : les pensées n’ont pas d’importance, il n’y a que le temps qui s’écoule silencieusement.

C’est la philosophie de l’Ordre d’Oghonek : le vide. Si vous vous mettez au service des autres, si vous vous dévouez, vous n’avez pas à penser. Vivez, agissez, et laissez votre esprit trouver le calme. La sérénité sera votre force, la connaissance de vous-même sera votre alliée. Alors les Guerriers se taisent, obéissent, et comptent le temps restant jusqu’à ce qu’ils puissent changer de position, harceler un autre muscle, un autre tissu.

Vient le matin.

L’Alchimiste est le premier — le second — debout, le premier hors de sa tente : la rosée de l’aube, déposée par les dieux sur les Maracachi, a quelques propriétés utiles. Mais les Plantes s’empressent de la boire : il faut faire vite pour en récolter un peu.

À sa suite, le village s’anime. Pas qu’il y ait grand-chose à faire ; s’occuper d’une bande de Sapereau qui ont l’air tout à fait autonomes, traire les Excavarenne… La quatorzaine de guetteurs s’entraîne à manier la lance. En quelques nutes, alors que le ciel bleu et les rayons brûlants du soleil s’invitent sous les tentes et incitent les villageois à se réveiller, les rues se peuplent, des enfants courent, des adultes maintiennent le village en vie. Ce qui n’est pas si difficile, malgré la cruauté du désert. Les humains ont établi autour des Maracachi une petite oasis mouvante qui ne leur demande pas beaucoup d’entretien.

L’Alchimiste est peut-être le plus actif. S’il avait un Arbre à contes, il lui suffirait d’une poignée de gondes pour distiller une potion dont les Nodulithe se gorgeraient… Mais il n’a que des Maracachi, et s’il peut en extraire bien des essences précieuses, cela lui demande du temps et de l’attention.

C’est cet Alchimiste que Cara veut voir en premier. L’Alchimie est une Science, et dans les villages nomades, c’est une Science ardue que les pratiquants rêvent d’adoucir. Trop souvent, un Alchimiste décide un jour de devenir Physicien, Généticien, Mathématicien… Quoi d’autre ? Et le village périclite, car aucun Alchimiste nomade ne veut y passer ses jours vieillissants. En voulant se faciliter la vie, le scienteux coupe ses apprentis du monde.

Mais c’est pire quand la soif de savoir frappe sous un Arbre à contes. Car alors, l’Alchimiste nomade parti du village des années plus tôt y revient un jour, et y trouve son confrère dévoyé. Il est arrivé à Cara de devoir élucider des meurtres, causés de cette façon par la Science.

Elle suit l’Alchimiste dans son petit atelier. C’est la plus grande tente du village ; elle déborde d’alambics, de sacs remplis de pollen, de fioles et de coupelles… Cara y repère rapidement certains éléments, dont elle sait qu’ils sont malcommodes. Un calibre peint, pour identifier les couleurs de pollens ; c’est cela qui disparaît le plus souvent en premier. Ces calibres ne sont pas pratiques, peuvent faire perdre du pollen, perdent leurs couleurs au fil du temps… Un microscope est bien plus pratique.

Mais les microscopes ressemblent aussi à tant d’autres instruments ! Une lunette de visée, par exemple. Voir en grand, c’est pratique ; voir en grand, c’est dangereux. Surtout, surtout, on peut tout étudier avec un microscope, pas seulement les pollens. Le sable, le bois, la chair… Les microscopes sont interdits.

Cara n’en voit pas. Le calibre de l’Alchimiste repose tranquillement dans un coin. Un voile est posé dessus, qui tombe à moitié ; il laisse voir des couleurs vives, un instrument astiqué. L’Alchimiste le remarque, et va ajuster le voile.

Non, dit-il en réponse à la question que Cara n’aurait pas posé. Ces petits jeux-là ne me concernent plus, je suis trop vieux.

— Je n’en doutais pas vraiment, note-t-elle d’une voix rongée par le sable mais affable.

— N’hésitez pas à ouvrir quelques caisses, il n’y a rien.

Elle ne s’attarde pas. Le temps de trouver quelques instruments dont elle a l’habitude, et elle part ; presque. Sur le seuil, avant de se plonger pour la journée dans la vie placide du village, elle se retourne, comme prise d’un doute.

Au fait, lance-t-elle. Je cherche une femme, dans la quarantaine. Elle porte ses cheveux dénoués, au vent ; je les ai connus roux, mais le désert doit les avoir blanchis. Elle transporte des gemmes transparentes.

— Pas vu passer, signale l’Alchimiste. D’ailleurs, je doute qu’elle aurait promené ces cailloux à l’air.

— C’est vrai.

En quittant la tente encombrée, trop petite pour deux, Cara lâche un léger soupir de soulagement. Un jour, un Alchimiste a fait exploser la moitié de sa tente pour essayer de la tuer. Son épée l’avait sortie de là, mais cela avait énervé son Carchacrok. L’Alchimiste avait ensuite commis l’erreur de s’enfuir dans le désert… Au moins, Cara avait eu le temps de poser quelques questions aux habitants.

La Science a beau être un fléau qui ne se laisse pas éradiquer, elle ne concerne tout de même qu’une minorité de villages. La plupart du temps, Cara passe sa journée à pied à s’ennuyer. Elle n’est pas censée s’ennuyer, mais il n’y a que sur le dos de son Démon, au milieu du désert, qu’elle peut faire le vide.

Où est-il, d’ailleurs ? Elle le cherche du regard un instant. Là ; en train de s’enterrer dans le sable frais, entre deux Maracachi. La Guerrière sourit. Il est en plein milieu du village, pour une fois. Elle va innocemment s’asseoir non loin, en bordure du champ de cactus, et fait semblant de s’amuser à l’observer.

Il doit y avoir une huitaine d’enfants dans le village, tout au plus. La veille au soir, elle ne les a pas vraiment remarqués, occupée à apprécier un conte qu’elle n’avait jamais entendu. Ce matin, elle serait aux premières loges pour les observer. Qui sait ? Peut-être, parmi eux, en trouverait-elle un qui soit capable de devenir un Guerrier du sable. Certes, ce ne sera pas bien grave si elle ne prend jamais d’apprenti ; à vrai dire, cela arrive plutôt souvent. Mais Cara tient à rendre à l’Ordre ce qu’il lui a donné.

Elle patiente. Le village s’anime doucement alors qu’elle plonge dans le calme. Les tentes se vident, les rues se remplissent, les gens s’activent, et les enfants courent. C’est le matin, ils ont quartier libre. C’est l’après-midi, quand le soleil harasse les esprits, qu’on a coutume de leur transmettre les savoirs sous l’ombre des peaux d’Excavarenne.

Cara attend. La troupe rieuse et bondissante ne tardera pas à passer par là. Peut-être beaucoup de bruit pour rien ; mais en tout cas, ce sera certainement drôle.

Ils arrivent. Un premier bambin, pourchassé de près par les autres, débouche sur la place en riant. Ralentit, se fige. Le Démon lové dans le sable a levé un œil sur lui. Les autres le rattrapent, ont la même réaction ; ils s’arrêtent en rang, presque aussi droits que l’horizon.

Le Carchacrok se désintéresse rapidement des enfants. Il a bâfré comme quatre la veille au soir, et les siens n’ont pas besoin de beaucoup de nourriture : les enfants n’ont absolument rien à craindre.

Mais il y a tous ces contes qui parlent d’innocents écartelés par la rage du Démon. Il y a ces dents acérées qui dépassent de sa mâchoire, il y a ces traces de sang séchées sur la peau bleue, il y a ces fines écailles tranchantes, il y a ces griffes longues comme un bras d’enfant, il y a ces épines qui jaillissent en désordre des membres du Démon, il y a ces muscles noueux qui jouent sous la cuirasse. Il y a cet œil entièrement jaune, à la pupille d’un noir insondable, droite, fendue et acérée, ce regard malveillant. Il en faut peu pour éveiller la peur des enfants, et ils ont droit à la totale.

Cara intervient avant que son Démon ne se désintéresse des enfants et retourne se rouler dans le sable.

Qu’y a-t-il ? N’ayez pas peur, il ne vous fera rien.

Les enfants se regardent les uns les autres. Qui faut-il craindre le plus ? Le Démon des sables alangui, ou bien sa maîtresse bien réveillée ? Cette dernière en rajoute une couche.

Tenez ! dit-elle en se levant. Je donne une rose des sables à celui qui s’en approche le plus près !

Et pour les convaincre, elle fouille un moment dans ses poches, trouve la bonne, et en ressort la structure de roche cristalline. Celle-ci est assez impressionnante ; pas plus large qu’une main, mais les pétales de pierre collés les uns aux autres ont l’épaisseur d’un ongle. Il ne faut pas s’y tromper : la rose est solide.

La Guerrière sait la fascination que ces cailloux exercent sur les enfants ; c’est pour l’un d’entre eux que, des années auparavant, elle s’est assise en face de la gueule d’un Démon. Elle en garde toujours quelques-uns en réserve, entre les dagues, les sacs de viande séchée, les gourdes, les lanières de cuir, les pansements, les fioles de suc de Torterra, qui encombrent ses larges poches. Elle n’aime pas beaucoup l’idée d’accrocher des fontes à son Démon, elle trouve qu’elle le gêne déjà bien assez quand il court.

Le sort prend une fois de plus, les enfants admirent la roche qui prend l’aspect de la vie. Ils se lancent des regards de défi, ils cherchent leur courage. Et l’un d’entre eux fait le premier pas. Il s’approche à un bon mètre du Démon.

Ce dernier, joueur, lève la tête et braque ses yeux attentifs sur le bambin. Cara sourit discrètement. Elle ne peut pas s’empêcher de repenser au jour lointain où c’était elle à la place de cet enfant.

Cloué par le regard du Démon, ce dernier n’avance plus. Il semble plutôt avoir envie de reculer : il a gagné l’épreuve, c’est lui qui est le plus proche. Mais parmi les autres enfants, un second sort du rang, et s’approche encore plus près ; du côté de la queue du Démon. Ce dernier détourne la tête vers ce second curieux.

C’est parti. Maintenant, le jeu ne peut plus se terminer que d’une seule façon. Quand l’un des enfants osera toucher de la main la peau rugueuse du prédateur.

Les uns après les autres, ils s’approchent, se soutiennent mutuellement. Ils se voient successivement piégés par le regard doré, mais au lieu de fuir, ils se viennent en aide et chacun prend sur lui un peu du fardeau. Petit à petit, ils s’approchent. Maintenant, ils font presque un cercle autour du Démon.

Un autre prédateur du désert aurait pris cela comme une agression, comme une attaque en surnombre, et aurait violemment riposté. Pas le Démon des sables : lui se comporte toujours comme s’il était invulnérable. D’ailleurs, Cara sait qu’il ne fait que jouer le jeu. Ses cours de biologie n’ont jamais réussi à lui faire comprendre comment c’est possible, mais le Démon n’a pas besoin de ses yeux pour voir.

Il n’y a plus que quelques cètres entre une peau dont les écailles écartent le sable autour d’elles et une dont les plis se tendent lâchement. Un Démon et un enfant se fixent du regard. Derrière la tête serpentine, un autre enfant avance doucement. En vain ; quand il tend la main, le Carchacrok recule doucement la tête, et autorise la main à lui gratouiller la nuque.

C’est presque caricatural : en quelques instants, le prédateur devient un gros Excavarenne en train de se faire chatouiller par sept gamins. Le tout en ronronnant bruyamment.

C’est le huitième enfant qui éveille l’intérêt de Cara. Celui-là est resté en retrait ; mais pas parce qu’il a peur. Il admirait le Démon ; il soutenait son regard avec plus d’émerveillement que d’effroi. Cet enfant-là respecte le prédateur, et il ne le touchera pas. C’est dans celui-là que Cara voit un possible Guerrier des sables.

Soudain, la présence de l’épée s’accroît. Cara sent soudain une portion du désert, toute proche, une forme de vie, une meute, la malveillance, la faim. L’épée lui signale une meute de Chiens des Enfers qui a décidé d’attaquer le village.

Comment les appelle-t-on, déjà ? La question occupe l’esprit de Cara une gonde à peine, avant qu’elle ne la chasse et siffle. Des Démolosse, oui. Le Carchacrok relève la tête, ignorant les enfants autour de lui. Sa Guerrière devine qu’il cherche la cible, qu’il se sert de ce sens invisible. Et il trouve.

Le premier Démolosse qui arrive au sommet de la dune surplombant le village lâche un jappement excité. L’appel à la curée. Sa meute y répond ; mais un Démon aussi.

Le Carchacrok se relève brusquement, effrayant les enfants autour de lui, se dandine sur ses jambes si courtes, pendant un pas ou deux, pour s’éloigner des enfants — et se jette soudain dans le sable, déchaîne toute la puissance de ses bras.

La meute débouche au sommet de la dune, commence à la dévaler. Il lui reste bien cinq cents mètres avant le village : elle n’a pas le temps de se débander, seulement celui de voir le prédateur qui fuse ; il les intercepte moins de cinq gondes plus tard, vers le sommet de la pente encore. Les Chiens aiment à attaquer en groupe compact, en pointe de flèche ; ils ont tenté de s’éparpiller, mais la charge foudroyante les cueille alors qu’ils sont encore trop serrés. Le Démon projette une poignée de corps sombres autour de lui.

Cara regarde le carnage avec désintérêt. Cela faisait un bon moment que son Démon n’avait pas eu l’occasion de se déchaîner ainsi ; avec une Guerrière sur son dos, il ne peut pas accélérer aussi brutalement.

L’inconvénient de cette charge dévastatrice, c’est que certains Chiens ne perdent pas le nord. Le Démon est derrière eux, et il va lui falloir un temps précieux pour faire demi-tour. En toute logique, ils poursuivent donc leur propre charge sur le village. Sans doute seulement pour le traverser, mais la Guerrière ne peut pas le leur permettre : ils infligeraient trop de dommages aux tentes, aux Maracachi, aux vies. Elle pose la main sur la poignée de l’épée qui ne quitte son dos que la nuit et dans la bataille.

Faire le vide. Aucune pensée parasite. Rien que la présence de l’esprit étrange de l’épée. Le désert. Le Chien en tête de la charge. L’épée se saisit de sa destination dans l’esprit de la Guerrière.

L’ombre engloutit Cara. Pour le monde extérieur, elle semble disparaître en glissant sur le côté ; pour elle, c’est un déferlement de ténèbres, un tourbillon qui voudrait l’absorber. Mais l’épée a la main sûre ; elle guide habilement l’humaine vers la destination qu’elle a choisie. Cela ne dure qu’un instant ; puis Cara émerge à une centaine de mètres d’où elle est partie. Sur le chemin d’un Démolosse.

L’épée siffle dans l’air, laissant derrière elle une traîne bleue, lumineuse, et vient cueillir le Chien des Enfers au poitrail.

Étrangement, elle ne tranche pas. Les épées des Guerriers des sables ne sont pas très acérées. Mais elles ont un avantage indéniable : ce sont des Pokémon, elles aussi. L’air se trouble, la chair se déforme au point d’impact ; le Démolosse est projeté sur le côté, avec une simple estafilade qui l’empêche de se relever aussi efficacement qu’une amputation.

La Guerrière reporte son regard sur le reste de la dune. Les Chiens restants n’ont pas l’intention de prolonger ce combat déséquilibré ; la charge du Démon les a déjà effrayés, et voilà maintenant qu’un Chétif leur barre le passage — ils se détournent. Les quelques membres de la meute qui dévalaient la pente un instant plus tôt incurvent leurs courses, évitent Cara, évitent le village. Quand il émerge du sommet de la dune, le Démon voit deux bandes de Chiens dépenaillés en train de s’enfuir la queue entre les jambes dans deux directions différentes. Il hésite à les pourchasser, un instant ; puis redescend la pente en modérant son allure.

En entrant dans le village, Cara est accueillie encore plus chaleureusement que la veille. Bien que rares, les attaques d’une meute de Chiens des Enfers sont le danger le plus craint du désert.

La gloire ne l’intéresse pas. La gloire a fait des myriades de morts et n’a jamais sauvé personne. Non ; ce qu’elle veut, c’est que ces gens puissent continuer à vivre dans le désert, comme ils l’entendent, en paix. À suivre leurs Maracachi, à s’occuper de leurs Excavarenne, à entretenir de vieux contes oubliés, à espérer que les quelques mélodies qu’on entend jouer entre leurs tentes se propageront dans le désert.

L’enfant la regarde d’un air grave. Il s’est faufilé entre les jambes des adultes, au premier rang, pour la remercier du regard. Cara lui rend son regard, et lit dans le sien ; il comprend.

Il est jeune, huit ans à peine. Mais c’est lui. Cara en est certaine ; un jour, cet enfant portera le nom d’Inal-Cara. Son apprenti.

Il faut se dépêtrer de la cohue de remerciements ; cela prend un petit moment. La Guerrière répond aux bénédictions avec une voix qui appartient au désert profond, une voix marquée par le sable et l’air sec ; et les villageois sont rassurés, ils se disent qu’ils en ont fait assez. Ils passent devant elle, lui offrent leur gratitude, et reçoivent en échange un petit morceau de la bénédiction de l’Ordre.

Quand la foule libère la Guerrière, elle prend un moment pour demander un nouveau service à son épée. Faire le vide. Aucune pensée parasite. Rien que la présence de l’esprit étrange de l’épée. Penser au visage innocent de cet enfant prometteur, demander à l’épée de s’en rappeler. Un lien se tisse, doucement.

Cara repartira le lendemain. D’ici-là, l’épée aura terminé de marquer l’enfant ; elle pourra le retrouver où qu’il soit dans le désert. La Guerrière pourra partir, reprendre sa traque. Informer l’Ordre, en rentrant, et revenir avec un Maître de Guerre. Si ce dernier l’accepte, elle proposera aux parents de faire de leur enfant son apprenti. Elle est impatiente.

Mais il faut déjà finir la journée. Cara se remet à la tâche. Y a-t-il des gens, dans ce village, que la Science a tentés, ou qui en connaissent ? La journée sera longue.