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Traque de deux jours de Ramius



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» Auteur : Ramius - Voir le profil
» Créé le 12/03/2020 à 18:45
» Dernière mise à jour le 12/03/2020 à 18:45

» Mots-clés :   Absence de poké balls

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Dans le désert,
D’abord, c’est un petit bruit. Un genre de crissement, un petit choc sur le sable. On se fige. On tend l’oreille. Ça pourrait être n’importe quoi ; d’ailleurs, les prédateurs les plus gros n’y prêtent pas attention.

t. t. t.

Mais c’est rythmique. C’est étouffé par le chant des dunes, ça se propage loin… Ce bruit ne vient que d’un seul habitant du désert. Le pire.

On écoute. On attend. On commence à se tenir sur ses gardes, à anticiper. Le bruit se rapproche.

tsh. tsh. tsh.

Soudain une première proie panique et s’enfuit. Une autre, la voyant, l’entendant, l’imite. Bientôt un vent de terreur souffle sur le désert. Il est là. Il arrive. Le prédateur.

sfomp ! sfomp ! sfomp !

Le temps qu’il arrive, qu’il soit là, au sommet d’une dune, tous se sont enfuis. Certains courent, certains creusent sous le sable, certains se sont envolés. Ils savent que cela ne sert à rien. Le Démon court plus vite, le Démon creuse aussi loin, le souffle du Démon peut faire chuter ce qui vole et le Démon n’a alors plus qu’à sauter pour cueillir sa proie. Tout ce qui compte, c’est qu’il pose son regard sur quelqu’un d’autre en premier.

Mais le Démon n’est pas en chasse.

Sfomp ! Sfomp ! Sfomp !

Il dévale la dune, de son rythme régulier, suivi du regard, de l’odorat, des vibrisses, par toutes ses proies.

Les vibrations se propagent mal, dans le sable. Pourtant, quand le Démon court, on l’entend de loin. Le Démon est violence, le Démon est puissance. Le Démon des sables règne sur le désert. Quand ses pattes plongent dans le sable, la foudre se répand autour de lui ; et les myriades de petits grains se soudent les uns aux autres, attirés par la force invisible. Le sable glissant devient ferme, et les bras du Démon le propulsent au loin.

Sfomp ! Sfomp ! Sfomp !

Griffe et nageoire s’enfoncent ensemble dans le sable, et quand elles en ressortent, le sable sort aussi. Il conserve la force de la foudre, et en s’appuyant sur elle, la queue du Démon peut rester en suspension.

Tout, dans cette course, est violence, est puissance. Son rythme lent qui prend le temps de relâcher la force colossale du Démon, le choc du sable contre l’écaille, le pouvoir qui maintient le Démon à moitié en l’air. Sa silhouette, ce buste étroit qui roule en rythme avec les deux longs bras qui frappent le sol, ce bassin large, cette queue qui fouette l’air, le sable qui se soulève derrière lui. S’il le voulait, le Démon pourrait garder le sable auprès de lui ; et à la fin de sa course, il serait suivi d’une tempête.

Sfomp ! Sfomp ! Sfomp !

Il est tout proche ! Les placides Serpents-Tempête, les lapereaux cachés entre les puissantes pattes de leurs parents, les esprits du désert, tous se terrent. Et tous regardent, la curiosité leur tenaillant les entrailles.

Le Démon n’est pas en chasse. Le Démon modère sa course, il ménage sa force immense. Derrière son aileron dorsal s’accroche une forme drapée de brun. Elle est recroquevillée sur elle-même, accroupie sur le dos de Démon, elle se tient fermement à son aileron. Dans son dos, une présence, comme les Cercles-à-Dents, comme les Sarcophages, quelque chose de ni vraiment vivant ni vraiment mort.

Sfomp ! Sfomp ! Sfomp !

La présence sent toutes ces proies qui se sont enterrées au lieu de fuir aussi bien qu’elles la sentent. Le Démon les perçoit, ses sens affutés détectant la tension des nerfs et l’odeur de la chair. Mais l’ombre est là, sur son dos.

Ce Démon n’est pas en chasse. Ce Démon sert une de ces étranges créatures, à la fois si faibles et si dangereuses. Ce Démon ne fait que passer. S’éloigner, remontant la pente de la dune suivante. On respire. On se détend. On a survécu.

sfomp ! sfomp ! sfomp !

Le vent du soulagement succède à celui de la terreur. Le Démon est passé. Il a éloigné devant lui les grands prédateurs, ceux qui ne savent plus se cacher dans le sable ; ils ont fui en courant, des proies de choix pour le plus rapide des coureurs. Il ne reste que les habitants les plus faibles du désert. Pendant un moment, ils seront en paix.

Le Démon ne fait pas place nette sur son territoire. Il ne pourchasse pas les hordes de Lions-Soleil, les meutes de chiens, il n’interdit pas les airs aux Ailes de Flammes. Il ne fait que dévorer tout le monde, sans distinction, quand il a faim. Le Démon est loin au-dessus de ses proies ; les seuls auxquels il dispute son territoire, ce sont ses semblables.

Et les seuls qui sont parvenus à apprivoiser sa rage, ce sont ces étranges créatures drapées d’une seconde peau ample, lâche, qui ne reste pas à la même place. Comment une peau qui coulisse sur elle-même, si aisée à déchirer, si mince, a-t-elle pu les protéger de la violence du Démon ? Quand il chasse, le Démon se rue sur sa proie quelle que soit sa taille ; il la repère, il la traque, et il la charge de toute sa puissance, et l’air se colore de sang.

Nulle carapace ne l’arrête, nul pouvoir ne semble l’affecter… Alors comment ces chétives créatures peuvent-elles se tenir si négligemment sur son dos ?

Ils auraient bien des surprises, les habitants du désert, s’ils affrontaient directement la chétive créature. Un jeune Serpent-Tempête, un Lapin fouisseur, un Lézard nocturne, sont chétifs. Les Chétifs, eux, sont juste élancés. Ils sont trop grands, trop faciles à attraper, à maîtriser et à ouvrir. Mais pas faibles.

Des Chétifs, il y en a de trois sortes. Il y a les Chétifs faibles, qui restent terrés dans leurs tanières à longueur de journée. Certains d’entre eux sont plus petits, plus faibles encore.

Il y a les Chétifs téméraires, qui s’aventurent seuls dans le désert pour y combattre un prédateur et rapporter sa dépouille à leurs semblables. Ceux-là sont plutôt à leur place. Leur chair est délicieuse, fraîche, souple, loin de la carne qui fait bouger la plupart des proies du désert. Mais les Chétifs téméraires portent une longue griffe, et parfois, ce sont eux qui tuent le prédateur.

Celui-là, c’est un Chétif Invincible. Rares sont les habitants du désert qui ont eu à combattre un Chétif Invincible sans le soutien du Démon qui l’accompagne ; et aucun n’y a jamais survécu pour le raconter.

Sous son ample sarouel, la Chétive ne pense pas. Elle se laisse porter. Il n’y a pas besoin de penser.

Elle ressent. Elle accompagne doucement les mouvements du Démon qui la porte, elle répond au roulis qui la berce. Elle laisse son esprit se dissoudre dans le temps de la course. Les pensées ralentissent, s’arrêtent. C’est un bagage inutile lors d’une traque. S’il y en a besoin, son épée la réveillera.

Sfomp ! Sfomp ! Sfomp !

Le Démon court, imperturbable.

Sfomp ! Sfomp ! Sfomp !

La lame veille, infaillible.

Sfomp ! Sfomp ! Sfomp !

L’humaine attend, impassible.

Sfomp ! Sfomp ! Sfomp !

Ils traquent.

***

L’erg se déroule sous les griffes du Démon, inlassablement, les dunes succédant aux dunes. La course est violente, la course le fatigue, mais le Démon prend plaisir à cette dépense d’énergie. C’est agréable, tout simplement, de sentir ses nageoires s’enfoncer dans le sable, modifier sa texture, lui appliquer leur énergie-tonnerre. C’est agréable de se sentir voler, en suspension sur l’air, au rythme de ses longs bras qui se balancent pour aller cueillir le sable.

Le but de la course est la course. Il n’y a rien d’autre. Les dunes se ressemblent toutes, et masquent l’horizon. Même au sommet de l’une d’elles, on ne voit que de l’ocre clair à perte de vue, indistinct et troublé. Les yeux ne servent à rien, dans le désert : le bleu éclatant du ciel et le flamboiement du sable chauffé par le soleil se confondent, il ne reste que l’éclat. La lumière.

Il n’y a rien d’autre que la course. Même lorsqu’on traque une proie, qu’on la sent devant soi, seule compte la course. La brusque explosion de puissance qui fait voler le sable jusqu’au sommet des dunes, la charge que tout le désert redoute. La proie n’est que le prétexte.

Mais quand on tombe sur un obstacle, c’est vrai que la course n’est plus seule. On ne peut pas courir sur les obstacles, seulement marcher.

Le Démon incurve sa course, descend en se décalant de la dune du sommet de laquelle il a vu l’obstacle. Il va simplement en faire le tour.

C’est un Reg. Pas un des regs de pierre qui parsèment certaines régions du désert, émergeant du sable en colonies lâches, comme s’il y avait encore de la roche en-dessous ; non, c’est un Reg d’Acier. Un repère pour les créatures les plus dangereuses du désert. Les Regs ne sont pas l’endroit favori du Démon. On l’y craint, comme partout, mais il n’est pas dans son élément. Lui vit dans le sable, pas dans l’Acier.

La présence s’agite, sur le dos de la Chétive. Le Démon attend, sans ralentir. La présence s’agite parfois pour rien. Mais pas cette fois. La Chétive se réveille, sort de sa transe de voyage. Elle écoute, elle pense. Et elle flatte doucement l’épaule du Démon. Il ralentit.

Le vent qui fouette la peau écailleuse de son museau ralentit, se fait simple souffle. C’est amusant que le vent suive aussi facilement la course de tous les habitants du désert. Il va toujours contre eux, où qu’ils aillent. Les jeunes Démons s’amusent parfois à essayer de lui faire perdre pied ; ils courent dans tous les sens, le plus vite possible, pour l’empêcher de tous les suivre. Ça ne marchait pas très bien, se rappelle-t-il : souvent, il percutait d’autres Démons, et ça se terminait en bagarre.

La Chétive parle, de sa voix asséchée par l’air du désert. Les Chétifs ne sont pas à leur place dans le désert ; le vent arrache leurs mots, leur air, le soleil vole leur force. Mais ils sont assez forts pour rester là. Le Démon respecte cela.

Il y a trois humains.

Trois ? Est-ce qu’ils le font exprès ? Le Démon trouve que depuis le temps qu’il repère des Chétifs, ils devraient avoir appris que plus ils sont nombreux, plus il les trouve facilement. Mais bon, de toute façon, les Chétifs ne se cachent jamais à sa vue. Ils sont faciles à trouver. La traque reste intéressante : il peut courir.

Il ouvre ses sens. Il regarde, il écoute, il perçoit… Il n’y a pas moyen de l’exprimer. Même l’odorat, les Démons des sables ne se le communiquent pas facilement ; mais cela

Le Démon laisse l’air passer dans ses narines. Entrer par le bout de son museau, courir dans ses glandes spécialisées, et sortir le long de ses dents. Il peut sentir une proie de très loin. Il cherche. Et il sent, en effet ; parmi les courants d’air brûlants qui viennent du Reg, il reconnaît les senteurs subtiles qui définissent les Chétifs.

Le Démon laisse le monde s’engouffrer dans sa conscience. Sa peau se vide de toute influence, la force de la foudre le déserte entièrement. Seules restent les influences extérieures. Les champs qui s’échappent de tout, qui définissent tout aussi facilement que l’odeur. Le Reg les perturbe ; cette immense masse d’Acier aveugle le Démon. Mais il a est habitué. Il ignore le Reg, et se concentre sur le reste. Qu’y a-t-il de vivant, sur ce Reg ?

Voyons. Des Dragons d’Acier, qui aménagent leur nid ; eux sont très visibles. Des Rubans de Feu, qui se lovent dans les entrailles du Reg et absorbent sa chaleur. Des Soleils-Volants, aussi, qui planent dans les courants aériens au-dessus du Reg. Une meute de Chiens aux flammes toxiques, aussi, qui monte la garde. Et là, en bord du Reg… Les Chétifs.

Ils sont trois, comme la présence l’a perçu. Le Démon se demande comment elle fait ça : elle ne ressent pas la foudre. Ils longent le bord du Reg, évitant de s’aventurer trop à l’intérieur. Là où ils sont, la fournaise pourrait déjà les tuer.

Le sens de la foudre demande plus de pratique que l’odorat, et est trop précis pour permettre d’appréhender une zone entière rapidement. Mais il donne aux Démons leur supériorité totale sur le désert. Ils ne sont pas les prédateurs les plus craints parce qu’ils courent vite, frappent fort, ou parce qu’ils ont des écailles solides. Ils le sont parce qu’on ne peut jamais les prendre par surprise. En s’engageant sur le Reg, sur ses pattes arrière assez solides pour le porter, le Démon sait exactement où se trouve chacun de ses habitants. On ne peut pas s’approcher de lui en silence ; l’attaquer, c’est tomber dans un piège.

Aujourd’hui, le Démon ne cherche pas le conflit. Ses pas alourdis par la Chétive qui s’accroche à son dos résonnent sur le Reg ; il n’aime pas cette impression d’être audible loin à la ronde, sans pouvoir foncer sur ses adversaires.

Il marche, lentement, laborieusement. Même une course modérée va à une vitesse foudroyante, comparée à la marche. Et encore mieux, une charge. Qu’est-ce qu’il aimerait pouvoir charger, se débarrasser de ce Reg, de cette surface qui n’est que solide, qui ne laisse aucune prise à ses nageoires… Il marche.

Cela ne dure pas bien longtemps ; sa Chétive a beau être forte, elle ne supporte pas bien la chaleur ; ici, elle ne peut même pas marcher, elle doit se cramponner à son aileron. Le Démon a donc choisi le chemin le plus court à travers le Reg. Et il arrive bientôt près des trois Chétifs.

Eux se sont équipés lourdement ; leur allure pataude trahit les poids accrochés à leurs pieds, sous leur seconde peau. Ces choses les protègent de la chaleur, au moins un moment. Ils se figent en voyant le Démon des sables surgir de derrière une arrête brillante. Puis se détournent, et se dirigent vers le désert, à quelques pas d’eux. Une longueur suffisante pour être hors d’atteinte de la plupart des habitants du désert.

Ils ne fuient pas ; au contraire, ils se mettent à la merci du Démon. Et surtout, en retournant dans le sable, ils permettent à sa Chétive de descendre. Ils savent ce qui se passe.

Rapidement les quatre Chétifs arrivent sur le sable doux.

Le désert luit sous vos pas, commence-t-elle.

— Le désert luit sous vos pas. Qu’est-ce qui nous vaut votre attention ?

— Je cherche des hommes qui cherchent le trouble, qui apprennent à l’extraire de la paix. Vos sacs, s’il vous plaît.

Ils les font tomber de leurs épaules, ils ont l’habitude. Le Démon se désintéresse de sa Chétive ; elle n’a rien à craindre de ses semblables. Ils n’essaient même pas d’être intimidants, ils se contentent de se plier à ses ordres. Alors lui s’étend de tout son long dans le sable, et laisse les grains venir crisser sous ses écailles, et le réchauffer de l’intérieur, absorber le poids que l’effort commence à faire peser sur lui.

Il attend, c’est son tour. Pas très longtemps, sa Chétive est efficace. Elle a tôt fait de vérifier que ces voyageurs qui choisissent les dangers du Reg plutôt que ceux de l’erg ne transportent rien d’anormal. Rien d’inhabituel. Rien de contre-nature.

Et ils repartent, chacun vers sa destination.

Le Démon ne sait pas où est la sienne, et il ne comprend pas vraiment la façon dont un parcours en particulier peut piéger ses proies. Il traque, mais à distance. Il cherche à s’approcher à bonne distance de ses proies, pour que la présence puisse les lui signaler, et que la Chétive puisse les contrôler… mais comment est-ce que ça peut coincer les proies ? Elles sont loin, elles ne sont pas là au bon moment, et il y a ces détours… Il n’arrive pas à se le représenter.

Mais il sait que le trajet ne décrira pas une boucle avant le lendemain. Alors en se fiant à son sens de l’orientation, que les siens ont forgé au fil de générations innombrables passées dans le désert, il s’élance à l’opposé de la direction d’où il est venu.

Lui non plus n’a pas tant besoin de penser. C’est la présence qui veille ; c’est sur elle qu’on compte pour repérer les Chétifs. Le Démon profite de la course et du sable sous ses griffes, sa Chétive cherche en elle la sérénité qui la rend si dangereuse quand elle décide de se battre. Ou simplement de passer à l’action.

Sfomp ! Sfomp ! Sfomp !

Sous le ciel d’azur, une flèche bleu roi traverse les dunes aux tons beiges. Le Démon aime courir, et il sent que sa Chétive aussi aime quand il court. Pourtant, au début, les premières fois qu’elle avait grimpé sur son dos, il la sentait tendue, crispée même. Ses nerfs scintillaient sous sa peau, elle craignait la course ; et surtout elle en sortait fatiguée, mentalement, physiquement. Maintenant, la course semble lui rendre toute sa force, et le Démon s’en satisfait, car ils peuvent passer plus de temps à courir.

Du matin au soir, le Démon et sa Chétive parcourent le désert en courant. Cette vie lui plaît ; il n’a pas à s’inquiéter de ses congénères, il a tout le temps du monde pour lui, et avec lui la Chétive qui s’est donnée tant de mal pour qu’il la respecte. Tous deux, ils sont nés pour courir, et pour courir ensemble.

Le temps ralentit, à mesure que le Démon court, laisse ses bras le porter, le désert s’enfuit derrière lui. Il voudrait bien courir du soir au matin, il s’en sent la force. Mais à mesure que le soleil devient une braise qui descend sur l’horizon, la Chétive se tend, légèrement. Pour les Chétifs, ce n’est pas naturel de passer toute la journée dans la même position ; et elle a beau ne plus ressentir la fatigue qui inquiétait son Démon, il faut quand même qu’il lui permette de se reposer.

Mais le trajet est prévu pour cela aussi. Avec le soir qui tombe, la présence sort de son silence, elle dit quelque chose à la Chétive. Elle ne parle pas au Démon. Il n’est pas à l’aise, à l’idée de la porter sur son dos. Il s’y est habitué, mais cet être est tellement étrange…

Le Démon sent une main toucher les écailles de ses épaules qui se balancent en rythme. La gauche ; il la laisse faiblir, il laisse sa course s’incliner sur la gauche. Il relève la tête, aussi.

Le sens de la foudre réside sur son museau, sur ses nageoires, sur sa queue, partout. Mais quand il court, il n’a que le museau pour percevoir les tensions. Alors il se concentre sur lui, il ignore la force qu’il génère lui-même, et il cherche. Il lui faut quelques instants pour apercevoir le village ; il brille, mais pas bien fort, comparé au sable qui vole autour du Démon.

Il est un peu sur la gauche, en effet. Maintenant qu’il le voit, le Démon peut corriger sa course. Il s’aligne sur le village. Et il laisse ses appuis prendre plus d’ampleur, même s’il sent sa Chétive grimacer un peu.

Puisque la course est sur le point de se terminer, il accélère, il savoure encore un peu sa vitesse.