Les Chevaliers pokémon : Un être déchiré de ShiroiRyu

Chapitre 10 : À partir de rien

« Nous voilà donc en Amérique ? Mais nous sommes où par contre ? »

« Hmm… Nous sommes assez éloigné des grosses villes pour éviter d’attirer l’attention. Si nous devrions nous placer sur une carte, nous serions dans le Kentucky. »

« Un peu à l’Est des États-Unis donc ? C’est bon à noter. Mais… Mais par où nous commençons alors ? Si vous avez une idée de votre côté ? »

« Déjà, interroger les gens est une mauvaise idée. Moi, j’ai plutôt une autre question : pourquoi est-ce que vous êtes encore là tous les deux ? »

Qalanos s’était adressé à un coup d’adultes qui les suivait. Pas vraiment discrètement, les deux personnes dont l’une masquée s’arrêtent dans leurs mouvements, regardant Qalanos avec un peu de surprise avant que la femme masquée ne dise :

« Eh bien, ça me semble normal non ? Nous vous accompagnons pour le moment. Rien de plus, rien de moins, voilà tout. Faut pas faire semblant d’être surpris, ça ne marchera pas. »

« C’est pas une question de faire semblant, pfff. Ah… J’imagine que tant que vous n’êtes pas un souci, ça devrait passer. C’est juste triste que ça soit un adolescent qui doive dire ça à des adultes car ils ne savent pas être responsables. »

« C’est plus vexant que triste. Nous ne sommes pas des boulets. Sans nous, tu n’aurais pas pu prendre l’avion pour aller essayer de retrouver votre ami alors tu modères tes paroles. »

« GRAAAAAAAAAAAA ! » s’exclame l’ours, comme pour leur dire de se taire et de continuer à avancer. Si y en avait bien un qui était focalisé sur la mission, c’était Timber.

« Oui, oui, Timber. Nous allons partir à sa recherche. Mais si on ne sait pas quel chemin prendre, on risque de ne jamais y arriver. Sans aller jusqu’à interroger les gens, peut-être pourrions nous nous installer à un café ou quelque chose du genre et écouter les nouvelles du jour ? On sait jamais, sur un coup du sort. »

« Je ne suis pas certaine qu’ils parlent des chevaliers-pokémon dans les dernières nouvelles voire même dans l’actualité mais vu qu’on a aucune base, autant essayer ! »

Xalex est d’accord avec lui. Pas peu fier de ça, Raon a juste un large sourire aux lèvres tandis qu’il regarde ce qui se passe autour de lui. Eh bien… Il n’y a pas tant que ça à faire, n’est-ce pas ? Enfin, dans tous les cas, il est temps d’aller retrouver la civilisation mais déjà Qalanos murmure :

« Est-ce que l’un d’entre vous parle l’américain ? Ou du moins l’anglais ? »

« Héhéhé, c’est notre cas. » s’exclame Phiny tandis que Fafran soupire légèrement devant la petite vantardise de celle qui l’accompagne.

« Pardonnez-là. Et oui, nous savons parler plusieurs langues. Dans les faits, à cause de nos armures-pokémon, nous voyageons beaucoup. »

« Comme les oiseaux migrateurs, j’imagine. » complète Xalex, l’homme lui faisant juste un petit sourire, amusé de voir qu’elle venait de mettre dans le mille.

« C’est exactement ça. Disons que nos armures-pokémon aiment voir de nouveaux décors, à partir de là, cela fait bien cinq à dix ans que nous voyageons avec elles. Et donc à partir de là, nous avons été obligés d’apprendre quelques langues. Pas toutes hein ? Mais généralement, l’anglais permet de communiquer avec la quasi-majorité des gens. Du moins, ceux qui sont aptes à nous répondre. »

« Oh, c’est plutôt utile ! C’est même une excellente chose ! Bon ben, ça veut dire qu’on va compter sur vous pour discuter avec les gens. Vous pourrez tenter de nous apprendre un peu aussi sur le moment ? »

« Bien entendu. Je ne pourrais pas t’apprendre une langue en entier mais au moins, tu auras quelques bases pour que tout se passe bien, qu’est-ce que tu en dis ? »

« Hey ! Vous pouvez compter sur moi ! Qu’est-ce que vous en pensez ? Qalanos ? Xalex ? »

« Hmm ? Je trouve que ce n’est pas une mauvaise idée de mon côté. » déclare Xalex, un peu songeuse. « Juste savoir les commodités. Comme bonjour, au revoir, merci, et demander où se trouve tel ou tel lieu ou s’ils ont vu telle ou telle personne. »

Super ! Encore une fois, Raon a le sourire en écoutant Xalex qui confirme que sa proposition n’est pas mauvaise du tout. Sincèrement, ça fait toujours plaisir d’entendre ça. Et Qalanos ? Ce dernier marmonne que oui, pourquoi pas. Finalement, Raon se tourne vers Fafran, tout sourire avant de reprendre :

« Bon ben alors, c’est décidé, hahaha ! Je suis prêt pour les premiers cours ! »

« Les premiers cours ? Tout de suite ? Hmm, peut-être pas. On verra quand nous serons installés à une table pour déjeuner, si nous arrivons à en trouver une… et aussi une ville en priorité. Il vaut mieux commencer par la base. »

Alors que Raon se met déjà à suivre Fafran pour discuter avec lui, accompagné de son singe métallique, Xalex se gratte le cuir chevelu, un peu confuse. Elle observe Raon puis Timber qui va rejoindre les deux hommes avant de murmurer à Qalanos :

« Je me fais peut-être des idées mais c’est moi ou Raon… discute beaucoup avec eux ? Pourtant, il était le premier à dire de faire attention à ne pas trop se rapprocher d’autrui pour éviter les mêmes ennuis qu’auparavant. »

« Peut-être qu’il a besoin d’une figure comme celle d’un grand frère ou d’un adulte ? J’en sais rien. Dans les faits, il a toujours été du genre à vouloir des gens autour de lui. Il n’aime pas être seul et veut être rassuré. C’est ce que j’ai cru comprendre de lui à force de voyager avec vous. Peut-être que je me trompe ? Mais il faudrait éviter que... »

« On va le laisser faire. Si ça lui fait du bien, c’est une bonne chose. Le moral n’est pas forcément au beau fixe ces derniers jours, il ne faut pas oublier. Si ça lui permet d’oublier un peu les ennuis et les soucis, autant continuer. »

« D’accord, d’accord. Après, c’est toujours le plus expressif du groupe, il ne faut pas se mentir. J’imagine que ça doit lui faire du bien d’oublier les ennuis et autres. »

« Cela serait la moindre des choses en vue de la situation actuelle. Si nous n’avions pas commencé à partir à la recherche de Waram et Sanphinoa... »

« C’est complètement stupide. Dire que de base, je ne pensais pas rejoindre un groupe ou quelque chose du genre. Au final, je suis toujours avec vous dans les environs. »

« Tu auras beaucoup de mal à te débarrasser de nous, si tu espérais y arriver avec aisance. Et puis bon, c’est mieux ensemble, non ? »

Il ne répond pas aux propos de Xalex. Ce n’était pas qu’il l’ignorait mais simplement, il ne voyait pas quoi lui répondre exactement dans une telle situation. La demoiselle masquée continua son chemin aux côtés de l’adulte elle aussi masquée, commençant alors à discuter avec elle comme si de rien n’était.

« Je n’avais jamais posé la question mais… mais vous êtes aussi de l’école de Gliros ? »

« Tout le monde ne l’est pas forcément mais dans notre cas précis, oui. Les chevaliers-pokémon s’entraînent parfois entre eux, dans des coins reculés. Disons que l’école de Gliros est pour ceux qui montrent des aptitudes latentes mais qui ne le savent pas… ou qui sont tout simplement perdus, rien de plus. »

« Un peu comme les nombreux orphelins dont s’occupait la principale. »

Un soupir s’échappe des lèvres de Phiny, celle-ci se retrouvant comme plongée dans un conflit interne dont elle ne peut aisément s’en échapper. Xalex penche un peu la tête sur le côté, cherchant à voir si elle devait lui poser une question ou non avant de ne rien faire.

Plusieurs heures finissent par s’écouler avant qu’ils n’arrivent enfin en vue de la civilisation. D’après l’état des routes et des bâtiments, il n’est pas difficile de voir que ce n’est pas la plus prospère et développée mais qu’importe.

« Tant qu’il y a à manger, c’est tout ce qui compte, n’est-ce pas ? »

« Enfin, espérons quand même que la nourriture soit consommable aussi. Bon Fafran ! Tu vas pouvoir nous faire le traducteur ! »

L’homme émet un léger rire, comme pour confirmer tout cela avant de pénétrer en premier dans un café-restaurant. Ils sont au beau milieu de l’après-midi et il y a n’y a pas tant de monde que ça. Par contre, ils ont été obligés de laisser Timber hors de la ville en lui faisant promettre de ne pas provoquer de grabuge.

« Il faudra ramener de la nourriture pour lui. On ne doit pas oublier. »

« Ne t’en fait pas, Raon. On prétendra qu’on veut emporter de la nourriture avec nous mais en grosse quantité. Par contre, je ne sais pas si « grosse quantité » sera vraiment suffisant pour Timber. On va dire qu’on a pas la même alimentation que lui. »

Raon répond par l’affirmatif, confirmant les propos de Fafran alors qu’il était temps de mettre en route la seconde raison de leurs présences ici. Les trois adolescents ne peuvent compter que sur les deux adultes avec eux, jetant un œil à la petite télévision installée au plafond pour les clients.

Ils ne comprennent pas réellement les paroles mais si par chance, une photo de Waram est présente, ils pourront alors avoir de ses nouvelles. Pendant qu’ils déjeunent, les trois paires de yeux sont rivés sur l’écran de télévision. Pour autant, rien ne semble apparaître à l’écran qui pourrait les convaincre que Waram est dans les environs.

« Fafran ? Les discussions autour ? Qu’est-ce que ça donne ? »

« Pour le moment, rien du tout. Les États-Unis sont très grands, vous savez ? »

« Oui, oui… mais avec qui sait, enfin un peu de chance, peut-être que nous aurions pu... »

« Il ne faut pas trop compter sur la chance et… Pourquoi est-ce qu’ils nous regardent ? » demande Qalanos en voyant bien que certains regards étaient maintenant posés sur eux.

« Eh bien, nous parlons une langue étrangère. Heureusement, ce n’est pas une langue qui pourrait poser un problème mais… bref, ne vous inquiétez pas. Tant que l’on ne donne pas l’impression d’insulter leur pays ou de proférer des menaces envers autrui, ça devrait passer. »

Phiny était encore là pour leur répondre, Fafran étant concentré à écouter les alentours. Peut-être un peu trop car il sembla complètement ignorer le monde autour de lui. D’ailleurs, est-ce que vraiment à cause de leurs paroles que les gens les regardent ou alors…

« Les Chevaliers-Pokémon sont bien connus dans le monde entier non ? Enfin, disons que dans les pays civilisés et autres, ils sont connus, non ? » questionne Raon en tapotant doucement le crâne d’Istiti.

« Plus ou moins, oui. Disons qu’ici, c’est connu, mais ça reste une occurrence rare. Surtout que nous ne sommes pas des personnes célèbres mais des gens « normaux ». »

« Cela veut dire que l’on va devoir aussi se méfier de quelque chose. Lorsque nous partirons, il faudra faire gaffe à ce que nous soyons pas suivis. »

Qalanos avait terminé sa petite réplique par un grognement, signe qu’il n’avait pas confiance dans les personnes autour d’eux. Cela se voyait qu’il était sur les nerfs depuis leur arrivée aux États-Unis et il ne faisait rien pour changer cela.

« Nous ne devons pas utiliser nos capacités contre de simples humains, Qalanos. »

« C’est pourtant notre absence de réaction qui a emmené Waram dans cette situation. Et pareil pour Sanphinoa. Car nous avons décidé de ne pas réagir ou alors bien trop tard. Maintenant, on peut en voir les résultats, tss. »

« Ce n’est pas aussi simple que ça, Qalanos, et tu le sais très bien. C’est juste un concours de circonstances et de trahisons qui ont emmené cette situation, c’est tout. »

« C’est juste « pas de chance » hein ? Tu écoutes un peu ce que tu dis ? »

« J’écoute tout mais tu sembles vouloir tout prendre de travers, c’est différent, Qalanos. Et ce qui est tout aussi perturbant, c’est le fait que tu te préoccupes autant de Waram. »

« Waram et Sanphinoa. Ces deux-là ne font que nous apporter des problèmes. Ils vont finir par m’user complètement jusqu’à la moelle. »

« Tu ne vois que les choses du mauvais côté. Au moins, tu ne pourras pas prétendre que tu ne les apprécies pas, n’est-ce pas ? »

Même sans voir à travers le masque, il sait qu’elle est en train de sourire. Pour autant, lui-même n’a pas le coeur à ça. Comment est-ce qu’il pourrait sourire comme si de rien n’était ? Non, la situation n’est pas drôle ou amusante.

« Oh… Chut. Taisez-vous quelques secondes, s’il vous plaît. »

Fafran avait fait un petit geste de la main avant de proférer ces quelques mots, avant de tendre l’oreille. Aussitôt, le reste du groupe s’arrête dans ses propos, écoutant avec distinction ce qui se passe.

Seule Phiny peut comprendre en même temps que Fafran mais elle ne semble pas pour autant prête à parler elle aussi. Enfin, après quelques minutes, Fafran se met à soupirer avant de dire d’une voix lente :

« Bon… Aucune nouvelle de Sanphinoa mais on s’en doutait, n’est-ce pas ? »

« Oui mais est-ce que ça veut dire que... »

« Pour Waram ? Disons que j’ai des nouvelles mais pas forcément bonnes. Il y a un mandat d’arrêt sur sa tête dans plusieurs états et à l’heure actuelle, il n’est pas vraiment dans celui où nous nous trouvons malheureusement. »

« Un mandat d’arrêt ? Mais pour quelle raison ? Est-ce que… ça a un rapport avec tout ce qui s’est passé autour de lui ? Sur sa personne ? »

« Plutôt sur les nombreux massacres qu’il a commis. Et comme il porte une armure-pokémon, de nombreux chevaliers-pokémon vont partir à sa poursuite. Si nous ne faisons rien pour l’arrêter avant les autres, il y a de fortes chances qu’il soit éliminé définitivement. »

« Alors qu’est-ce que nous attendons ? Nous savons dans quel état il est ! Si nous prenons un moyen de locomotion, nous pourrions nous y rendre rapidement, non ? Et ensuite, nous pourrions partir à sa recherche non ? »

« Tu oublies une chose, Raon. Il vaut mieux te calme. La taille de certains états équivaut bien à celle d’un pays d’europe voire même plus grand. Nous allons tenter de nous y rendre mais ne pensez pas que l’on trouvera Waram aussitôt. » finit de dire Fafran avant de reprendre son repas. Oui, ils avancent à peine, ils ont des indices mais il faut garder la tête sur les épaules. Tout est bien loin d’être aussi facile que prévu.