un café estival
Bonjour ! Bienvenue au café de la grange, aujourd'hui c'est mercredi, vous avez le droit à notre promotion de la semaine !
Prenez ce soda cool, il est offert par la maison.
Comme à mon habitude j’accueille les clients avec le sourire tandis que la douce musique filtrant de l’extérieur donne une ambiance reposée au lieu.
Le café est comme une seconde maison pour moi, cette ambiance relaxée et les habitués si sympathiques ne laissent pas penser à un lieu de travail mais plutôt à un petit salon où tous discutent et babillent sous la douce chaleur de ce début d'été, alors que résonnent dehors les échos des nombreux musiciens.
En effet, même si le lieu est déjà fameux pour ses quelques musiciens, l'approche de la fête de la musique en intensifie d'avantage l'abondance.
Que ce soit des guitaristes solitaires ou des groupes de rock, ils semblent tous se passer le mot afin de se réunir le jour J dans notre petite ville, transformant les rues en un amalgame de bonne humeur et de convivialité, ou les passants rêvassent et flânent, ébahis ou excités, découvrant les artistes au milieu des entrepôts.
Tous les ans, c'est le même manège, tous les ans, la ville se teinte des couleurs variées qu'expriment les cœurs joyeux, mélancoliques ou bien frustrés des musiciens et offre un véritable déluge d'émotions à ceux qui prennent le temps de s’arrêter sur ses pavés.
Le café se transforme alors en un lieu de rencontres, de rendez-vous et de débats où j'observe se former les liens, les histoires.
Comme cette fois par exemple où ce jeune garçon avait emmené cette fille en rendez vous mais que, pris par le stress, aucun des deux n'avait dit mot de toute l'heure, se contentant de regarder leur chocolat Skitty comme deux Ramoloss en peine, ou bien la fois où se sont retrouvées
deux amies après des années de séparation que l'une d'elles avait passée à Johto avant d'avoir le mal du pays.
Des histoires banales mais pleines de vie qui égayaient ces quelques journées de travail intensif.
Tous les ans, à cette date, le café cesse de servir quelques heures en début d'après midi pour laisser le temps à quelques habitués de nous envoûter de leur musique sur la terrasse.
Alors se massent sur les pavés ou sur les lattes des spectateurs silencieux, attentifs, et absorbés devant un morceau d'accordéon, puis un autre de guitare, tant et si bien que se terminaient les heures sans qu'on ne les ait vues passer.
Il faut donc reprendre sa place, secouer ses membres engourdis et endoloris afin de retourner mettre le bar en ordre afin de servir a nouveau les clients.
Mais, à cet instant-là, comme à chaque fois, je m'esquive, laissant le travail aux autres ; je me presse toute excitée du côté du musée, je sais qu'il est là car il y est chaque année.
Mon cœur bat, une douce mélodie se fait entendre à mesure que je me rapproche; mais à une vingtaine de pas mes pieds s'arrêtent, je vacille, je me cache derrière un mur, le même que tous les ans, j’arrête de respirer et me fige.
Je la reconnais, c'est cette musique envoûtante qu'il jouait la dernière fois, mais je ne sais quoi faire et ferme mes yeux.
La première fois que je l'ai entendu, je paressais dans les rues quand je m'étais faite happer par cette mélodie colorée et sucrée, son visage enjoué, ses cheveux châtains rabattus en arrière et ses yeux d'un vert émeraude m'avaient fait frissonner… Son sourire éclatant de joie et de malice m'avait fait fondre, j'étais comme hypnotisée et j'était restée immobile et muette un long moment, qui me sembla à la fois infini et bien trop court, regardant ce jeune homme inconnu qui chantait ses quelques chansons.
Je n'avais recouvré mes esprits qu'après qu'il ait terminé de jouer ; il rangeait son matériel.
Je sortais tout juste de ma torpeur que je le voyais me sourire, me regarder. Il s'était approché dans ma direction : la jeune femme qui était restée jusqu'au bout et l'avait écouté, l'air si intéressée.
À cet instant-là, mon cœur s'était emballé, tout mon corps s'était empli d'adrénaline et de crainte, j'ai couru, sans me retourner et sans m'en rendre compte j'étais devant le café, haletante ; je m'étais enfuie, lâchement.
Je me sentais idiote, je ne savais si je devais y retourner, s'il était encore là....
Je ne savais que faire jusqu'à ce qu'un cri venant du café ne résonne dans ma direction.
J'avais été interpellée par mon patron et revenais lentement à la réalité, j'était partie bien trop longtemps et m'étais faite sermonner, réduisant à néant mes chances de retourner en arrière.
Les années suivantes j'avais tenté ma chance, il était là à chaque fois, mais je restais cachée et l'écoutais jouer, puis m’enfuyais vers le café car je n’arrivais pas à l’approcher. Depuis quatre ans j'y retourne mais n'ose pas. Comme l'idiote qui s'était enfuie la première fois.
Je soupire, la musique s’arrête et je rouvre les yeux, je me retourne et commence a marcher vers le café, résignée, mais je m’arrête ; mon poignet est retenu, pendu au bout de mon bras, quelque chose empêche ma fuite et me maintient fermement.
« Vous n'allez pas fuir cette fois... si ? »