Chapitre 4 : Sans difficulté
Chapitre 4 : Sans difficulté
« Ben alors ? T’es déjà mort ? Ce n’est pas très drôle, tu sais ? »
Un adolescent à la chevelure noire vint frapper dans un corps traversé par une longue ligne en diagonale et ensanglanté, couché au sol. Le corps vola contre une pierre, fissurant cette dernière tout en laissant une traînée lorsqu’il retomba.
« Vraiment, les humains, ce n’est plus que ce que c’était… ou alors, est-ce parce qu’il s’agit de Waram ? Hmm, bonne question ! »
Question dont il connaissait aisément la réponse mais cette dernière ne l’intéressait pas le moins du monde ! HAHAHA ! Partant dans un grand éclat de rire, Waram rigola comme un dément avant de placer une main devant son œil droit, retirant la mèche de cheveux noirs qui lui obstruait la vue.
« Bon bon bon ! Ooooh ! Mais c’est quoi ce petit village ? »
Encore un ! Il fallait dire que le type qu’il avait exterminé venait de ce village hein ? Des habits crasseux, un vrai pouilleux. Et s’il l’avait provoqué ? Oh, pas du tout. C’était juste quelqu’un comme ça, qui passait son chemin.
« Bonjour, bonjour, les gens d’ici et les gens d’ailleurs ! »
Hmm ? Aucune réaction ? Il s’était attendu à des cris de surprise ou autre. La raison à cela ? C’est bien parce qu’il venait de faire un joli salto en avant pour atterrir sur l’un des toits des rares maisons de cet endroit. Oh, ces types s’exclamaient enfin… sauf que…
« Ah ben mince, il manque la traduction ! »
Car oui, ils s’exprimaient sauf qu’il ne comprenait rien du tout à ce qu’ils disaient. C’était dommage ! Vraiment dommage, comment est-ce qu’ils allaient faire alors hein ? Car oui, la situation était presque problématique ! Bah ! Il haussa les épaules, déclarant :
« De toute façon, je comptais simplement vous tuer donc que vous me compreniez ou non, je ne crois pas que j’y aurais accordé de l’importance ! »
Et comme pour confirmer ses propres dires, une tête quitta le reste du corps d’un homme d’une trentaine d’années. Et ensuite ? Eh bien, ce n’était que le début d’une longue liste de morts, Waram faisant un véritable carnage, épargnant ni les femmes, ni les enfants. Quelques minutes plus tard, il se frottait les mains tâchées de sang, comme ses habits et son visage.
« Et en voilà une bonne chose qui est faite ! On est jamais aussi bien servi que par soi-même ! Ah, qu’est-ce que ça fait du bien de posséder ce corps après tout ce temps ! Hmm ? Mais je pensais que tu étais mort, toi ! »
Il entendait les sanglots d’un enfant. Est-ce qu’il avait réussi à s’en sortir par un coup du sort ? Difficile à dire mais c’était bien triste pour lui. Il n’aimait pas laissé un survivant ! Sa main griffue se rapprocha du visage de l’enfant qui se recroquevilla sur place. Waram s’arrêta à quelques centimètres de lui, fronçant les sourcils.
« Hum ? C’est quoi ça ? Pourquoi ma main tremble ? »
Pourquoi est-ce qu’elle s’était mise à trembler maintenant ? Alors que ce n’était vraiment pas le moment ! Waram émit un grognement de mécontentement avant de disparaître du champ de vision de l’enfant.
« Tss, on dirait que je n’ai pas encore le contrôle complet de ce corps. C’est vilain, très vilain de ta part. Il semblerait que tu as besoin d’une petite leçon ! »
Et sans crier gare, alors qu’il se trouvait isolé au beau milieu d’une prairie, voilà que son propre poing vient s’abattre sur son visage, le cognant avec force. Oui, il venait de se frapper lui-même et cela sans aucune retenue.
Et il continua ainsi pendant quelques minutes, se frappant dans le ventre, dans le menton, dans le visage, sans aucune hésitation et contrainte. Lorsqu’il en avait terminé, il avait le visage en sang et le corps couvert de blessures sous la forme de nombreuses entailles.
« Voilà, et dorénavant, tu vas commencer à comprendre ta position. Je pensais que tu avais totalement disparu mais on dirait bien que tu as envie de lutter hein ? Mais ne t’en fait pas, je vais tellement profiter de ton corps que tu n’oseras plus paraître ensuite. »
Si quelqu’un avait été là, il aurait sûrement traité Waram de fou. Mais la réalité était bien plus sinistre. Depuis ce combat contre l’antre de la Terre, il n’était plus le même. Quelque chose le possédait et s’amusait avec son corps.
L’adolescent en lui-même ? Il était difficile de savoir ce qu’il était devenu… ou presque ! Car oui, le nouveau propriétaire ne se privait pas du tout de ce qui était en train de se passer. Il partait à chaque fois dans l’exagération et dans l’abus, n’hésitant pas à éliminer animaux et humains par pur plaisir sadique via ce corps qu’il avait obtenu.
« Ah… Dire que ça faisait si longtemps que je n’étais pas sorti ! »
Il se répétait cela, s’étirant longuement avec un large sourire avant de commencer à siffloter une nouvelle fois. Maintenant qu’il avait fait un massacre dans ce village perdu et paumé au milieu de nulle part, il avait un petit creux quoi !
D’un simple coup de pied, il vient faucher un arbre qui se trouvait devant lui, observant les branches qui étaient maintenant au sol avant de faire un petit « Oups ! » singulier. C’était vraiment dommage, n’est-ce pas ?
« Et dire que je pensais qu’il s’agissait d’un arbre fruitier. Je vais devoir vérifier avec les autres alors ! Dommage, dommage ! »
Un second arbre, puis un troisième, et un quatrième. À chaque fois, l’adolescent aux cheveux noirs ne donnait qu’un simple coup de pied pour faire fendre l’arbre comme si de rien n’était. Et à chaque fois, il soupirait d’un air las, comme dépité par ce qu’il trouvait, c’était à dire rien du tout. Et cela l’amusait, l’amusait comme un petit fou.
« Je me demande ce qu’est devenue cette petite armure-pokémon du Diamat. »
C’était peut-être là une réelle préoccupation de sa part. Cette armure avait été un petit problème en soi. Il avait aisément compris ce qu’elle représentait. La vérité sur certaines armures-pokémon était peu connue et pourtant, elle avait son importance.
« C’est bien pour cela qu’elle était plus puissante que la moyenne. »
Hum. Peut-être qu’il aurait mieux valu s’en débarrasser à cet instant ? Maintenant, il était comme embêté. Le fait d’y penser le mettait en colère. Comme s’il avait compris qu’il avait peut-être commis une erreur dans le passé.
« Hmm… J’ai besoin de me défouler mais il me faudrait un peu plus de challenge. »
Est-ce qu’il allait trouver une nouvelle ville ? Se promener dans une forêt un peu sauvage et aller cogner sur des animaux ? C’était aussi une bonne idée même si ça manquait un peu de piquant. Les animaux étaient bêtes et stupides, il n’y avait rien de bien à les affronter.
« Et me faire déjà connaître de quelques chevaliers-pokémon ? HAHAHA ! Mais je sais où je vais aller ! Ils sont si faciles à retrouver et autant aller les titiller ! »
Oui ! C’était même ce qu’il comptait faire tout de suite. En plus, ces idiots utilisaient parfois des armes à feu et autres. Ils étaient vraiment parmi les déchets de l’espèce humaine et des chevaliers-pokémon. Et les déchets, on les trouvait où ? Dans un dépotoir !
« Eh bien alors ? On dirait que tu n’as pas fini de bosser, mon gros ? »
Il était assis au sommet d’une pile d’ordures odorantes alors qu’il avait un sourire narquois, un genou ramené au niveau de son ventre. Il s’adressait à ce qui semblait être un chevalier-pokémon d’une taille et corpulence moyenne mais dont l’armure violette était parcourue par des lignes de même couleur mais plus sombre.
L’origine de l’odeur déplaisante provenait visiblement de cet homme, celui-ci relevant son visage en émettant un grognement de mécontentement. Et comme si de rien n’était, il retourna à ses affaires, fouillant dans les ordures.
« Oh ? Tu as décidé de ne pas parler ? C’est vraiment dommage. J’avais envie de voir si un type comme toi avait quelque chose dans le pantalon mais en vue de la gueule de ton armure-pokémon, on comprend aisément qu’il n’y a rien à sauver chez toi. »
« Non mais t’es qui, toi ? T’es le genre de petit merdeux qui mérite une bonne claque dans la gueule, c’est ce que tu vas prendre si tu continues. »
« Oh ? Et c’est toi qui va me l’administrer ? Et j’ai cru mal entendre où tu étais en train de dire que tu n’es même pas au courant de qui je suis ? J’imagine que dans l’antre de la Terre, tu es au plus bas de l’échelle sociale hein ? »
« Je vais pas me préoccuper de toi, j’ai mieux à faire. J’ai des ordres et je m’en vais les respecter car sinon... »
« Tu vas te faire taper sur les doigts car tu es un vilain garçon hein ? »
« MAIS PUTAIN, C’EST QUOI TON PROBLÈME ?! »
L’homme à l’armure violette avait jeté une barre de fer sur le côté, finissant par poser son regard sur Waram. Celui-ci, avec son sourire narquois, continuait de le fixer d’un air amusé, se levant du sommet des ordures.
« Tu fais bien de lever la tête pour me regarder. Cela ne fera que te rappeler la position dans laquelle tu te trouves. »
« Ouais, en fait, t’es juste un beau parleur comme ces cons dans l’antre de la Terre. Je les connais, je sais ce que ça va donner. Donc ouais, non. »
Et cette fois-ci, le chevalier-pokémon lui tournait le dos pour s’éloigner. Vraiment, il allait l’emmerder jusqu’au bout hein ? Il voulait juste éclater quelqu’un d’un peu plus costaud que la moyenne. Waram émit un grognement avant d’ouvrir la bouche, crachant une flamme violette qui vint stopper la marche du chevalier-pokémon.
« Je ne crois pas t’avoir permis de partir, non ? »
« Et merde, fait chier, y a vraiment que des connards dans ce monde ! »
« Et oui, sauf que tu as devant toi le roi des connards ! L’empereur même et… Hmm, non, dans le fond, ça ne sonne vraiment pas aussi bien que je le pensais. »
Waram avait fait un saut pour atterrir non-loin du chevalier-pokémon, celui-ci préparant quelques sphères gluantes dans ses mains, les envoyant en sa direction. L’adolescent fit à peine quelques pas, bougeant à gauche et à droite, les esquivant avec facilité.
« Sérieusement ? J’espère que tu es quand même un chevalier pokemon d’argent ? »
« Mais tu vas te faire foutre, espèce d’enfoiré ! Je suis le chevalier-pokémon du Tadmorv ! Mon nom est S... »
« Pfff, ce n’est même pas amusant en fin de compte. » déclara Waram, coupant net la parole à son adversaire mais aussi sa tête, celle-ci tombant à côté du corps, séparée proprement.
Pourtant, sa main se plaça ensuite sur l’armure qui ornait le cadavre sans tête, des fissures se faisant apparaître de plus en plus jusqu’à ce que l’armure se brise. Waram émit un profond bâillement avant de marmonner :
« Ah oui. Ils ont vraiment que des déchets dans l’antre de la Terre. Dire que je comptais juste lui mettre quelques baffes et lui dire d’aller prévenir ses petits copains. »
Mais visiblement, il avait été décevant, encore plus que prévu. Il avait été d’une telle faiblesse, encore plus que Waram à ses débuts dans l’école de Gliros. Hum, d’ailleurs, cette fameuse école, avec l’antre de la Terre qui avait tout rasé ou presque, il n’avait pas cherché à voir s’il y avait des survivants.
« Bah, de toute façon, ce sont sûrement des gamins donc je n’avais rien à craindre. »
Hmm ? C’était quoi cette pensée absurde qu’il venait d’avoir ? Ne rien avoir à craindre ? Craindre qui ? Quoi ? Les gamins de l’école de Gliros ? Qui donc ? Cet hystérique avec son macaque ? Ce type super sérieux avec son insecte ? Cette fillette masquée qui se croit être la grande sœur du groupe ? Ou alors Sanphinoa ?
« Hahaha… HAHAHAHA ! Je n’arrive pas à le croire ! Quelle idée absurde ! »
Une idée tellement absurde… mais qui le faisait s’enrager. La preuve étant : Il venait de serrer son poing avec une certaine force, ses doigts s’enfonçant dans la chair de sa paume avant jusqu’à la faire saigner.
« Ce n’est pas bon de s’emporter pour des futilités de la sorte, n’est-ce pas ? »
Mais cela lui donnerait une bonne raison d’aller éclater définitivement les anciens amis de Waram. D’ailleurs, rien que cette pensée faisait bouillir son corps de l’intérieur, comme si tout son être était en colère contre lui-même.
« Héhéhé, on dirait que l’idée ne te plaît pas forcément. Qu’est-ce que tu dirais si je profitais de cette fille pendant que tu ne contrôles pas ton corps, Waram ? Je suis sûr et certain que je pourrais aisément la faire mienne hein ? »
Il arrivait à ressentir toute la haine de Waram en lui. Oui, c’était le corps de l’adolescent, un corps qui avait déjà profité des charmes de Sanphinoa mais pas jusqu’au bout. C’était un corps encore pur ou presque hein ?
« Je pourrais te montrer comment on s’occupe d’une femme correctement, non ? Des connaissances millénaires, hahaha ! »
OUCH ! Son poing droit venait de frapper son ventre avec force, le faisant pouffer. Il était vraiment capable de reprendre un peu le contrôle de son corps hein ? Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres alors qu’il déclarait :
« Vraiment ? J’ai toujours su que vous étiez une race problématique mais dans votre cas précis, vous êtes vraiment des fléaux. On a bien fait de raser votre village à l’époque. Foutus humains qui se prétendaient être les égaux des dieux ! »
Et c’était bien sur un ton enragé qu’il disait cela. Ces humains, qui habitaient dans ce foutu village perdu au milieu des montagnes. Il ne restait plus rien d’eux. Il ne restait que quelques survivants, qui tentaient de rester en vie. Mais tout en haut, ils avaient prévu cela.
C’est même pour ça qu’il était dans le corps de Waram. Comme une bombe, comme un piège prêt à détonner, il avait fallut attendre des années pour ça. Le souci, c’est qu’il avait pris possession de ce corps plus rapidement que prévu.
De base, il aurait fallut attendre la majorité de Waram pour que la possession soit optimale mais bon, à situation d’urgence, mesure d’urgence. Peut-être était-ce pour ça qu’il y avait encore un peu de rébellion dans son corps ?
« Ne t’en fait donc pas, Waram. Tu finiras par plier. »
Comme si la volonté d’un simple humain pouvait rivaliser avec la sienne ? Comme si Waram ne pouvait qu’envisager la possibilité de retrouver son corps hein ? Mais pour briser à tout jamais son espérance, il n’y avait pas cinquante solutions.
« Dès qu’ils se retrouveront en travers de mon chemin, je te laisserais observer d’un œil leurs morts de tes propres mains. »
Oui, c’était une promesse facile à réaliser. Il sera alors certain d’entendre l’âme de Waram se briser de l’intérieur puisque malgré ses dires, l’adolescent tenait aux membres de son groupe.