Chapitre 3 : Trouver ce qu’il désire
Chapitre 3 : Trouver ce qu’il désire
« Pardonnez-moi, est-ce bien ici que… »
« Hmm ? Tu es qui toi ? C’est la première fois que je te vois parmi nous. »
« Euh, je suis simplement un nouvel apprenti mousquetaire. »
Une dame d’un certain âge. Elle devait bien avoir une cinquantaine d’années, on pouvait apercevoir quelques cheveux grisonnants mais elle portait des lunettes. C’était exactement ce comment il voyait les personnes qui étaient cultivées, bien différent de lui.
« Oh ? Un apprenti mousquetaire. Et tu viens donc dans cette bibliothèque, hein ? »
« C’est exact, madame. Je voulais juste en apprendre un peu plus sur quelque chose mais la bibliothèque semble si grande et importante. Je crois bien que je ne suis pas tiré d’affaire. »
« Hahaha, c’est bien pour cela que je suis là. Enfin bon, tu connais les règles d’une bibliothèque ? Comme le fait d’être discret ? »
« Euh… C’est la première fois que je pose les pieds dans un tel endroit. » déclara l’adolescent aux cheveux blonds, un peu confus et embêté.
« Ah bon ? Hmm. » commença à marmonner la vieille femme avant de le regarder d’un air suspicieux, finissant par demander : « Dis-moi, tu es l’apprenti de quel mousquetaire ? »
« Euh, du mousquetaire des ténèbres, pourquoi donc ? »
« Ah ! Cette petite malotrue hein ? Elle qui n’a jamais pris d’apprenti, elle a décidé de changer de fusil d’arme ? Hmmm ? »
Et encore plus maintenant, il se sentait étudié comme s’il était une monstruosité. Il vint déglutir légèrement, un peu mal à l’aise avant de dire d’une voix faible :
« Euh, vous savez, je ne suis pas vraiment comme elle et... »
« De la graine de voyou ? C’est à moi d’en décider. Ce malandrin féminin est vraiment une horrible créature qui ne fait que mettre un capharnaüm pas possible là où elle passe. »
« Je ne suis pas comme elle et je suis certain qu’elle n’est pas aussi affreuse que vous le dites. Elle doit avoir un bon côté, non ? »
« Le fait que tu dises « un » montre bien que tu ne crois même pas en tes propres paroles. Ah ! Bon, je ne peux pas renvoyer quelqu’un qui n’a rien fait mais si tu fais ne serais-ce qu’une seule erreur, tu peux être certain que tu seras mis à la porte. »
« D’accord, le message est bien passé, madame. Je vais éviter de faire une bêtise. »
« Il vaut mieux pour toi, ah ! Hmmm, enfin bon, tu semblais avoir une question, non ? Tu peux la poser, c’est mon travail que d’y répondre. »
« Euh, je voudrais en savoir un peu plus sur les plaques d’Arceus. »
« Oh saint Arceus, pourquoi est-ce que tu veux en connaître à leur sujet ? Déjà que ta… maîtresse voulait aussi en connaître plus sur la marque. »
Elle avait vraiment une haine presque palpable envers Ebiné. Peut-être que la jeune femme aux cheveux noirs lui avait vraiment mené la vie dure à la bibliothécaire. Il sentait un peu désolé pour elle, disant :
« Euh, eh bien, c’est simplement que j’ai appris qu’elles étaient importantes et qu’en tant que porteur de la marque d’Arceus, je voulais juste en savoir plus, c’est tout. »
« Hmm, oui, je vois. Alors, pour les livres d’histoire, c’est la troisième rangée à droite à partir d’ici. Pour des livres en eux-mêmes, je n’en ai aucun en tête. »
« Ce n’est pas grave. J’en demande déjà beaucoup trop. Merci beaucoup, madame. »
« Humpf. Si seulement ta maîtresse pouvait prendre exemple sur toi. »
Il ne répondit pas à la remarque de la bibliothécaire, s’inclinant juste un peu pour la remercier avant de simplement se diriger vers la rangée qu’elle lui avait précisé. Parcourant les livres du regard, il cligna des yeux plusieurs fois avant de se murmurer :
« Il y a tellement de livres compliqués. C’est quoi ces titres ? La culture des rizières à l’époque des premiers mousquetaires. Albert, le premier mousquetaire ? Hmmm… Oh, c’est de la fiction. Je me disais bien. »
Il se parlait à lui-même mais de façon presque inaudible. Il ne voulait pas que la bibliothécaire lui tombe dessus et le jette dehors. Mais comment faire ? Prendre quoi comme livre d’abord ? Ceux qui avaient un titre incompréhensible ?
Des livres plus petits ? Plus épais ? Heureusement que Melgana avait été là dans le passé pour lui apprendre l’écriture et la lecture. Sans elle, il était certain qu’il ne serait jamais arrivé à accomplir une telle chose. Ah … Bon, prendre cinq bouquins, un peu au hasard, s’installer et croiser les doigts pour avoir un résultat correct.
Sauf que malheureusement, comme prévu, il n’avait pas de chance sur le coup. En espérant que le hasard vienne l’épauler, il fallait plus envisager l’échec qu’autre chose. L’adolescent poussa un petit soupir, refermant un livre avant d’aller le ranger. Alors qu’il plaçait le livre dans son emplacement correspondant, il poussa un petit cri en apercevant le visage masqué d’Ebiné qui venait le fixer… à travers l’étagère.
« Ah ! Qu’est-ce que ça veut... »
« Hey ! Qu’est-ce que j’ai dit et… VOUS ! Du balai ! »
La bibliothécaire n’avait pas tardé à relever son visage de son propre livre en entendant le cri de la part de Soklar. Et autant dire qu’en remarquant que ce dernier avait été effrayé par le visage d’Ebiné, elle se dirigeait déjà vers eux.
« Soklar, nous allons manger. C’est l’heure. Oh, nous mangerons dans ta chambre ! »
« Dans ma chambre ? Mais pourquoi cela ? »
« Oh, c’est comme ça que se passent les repas chaque soir. Tu n’es pas au courant ? »
Soklar cligna des yeux, cherchant à voir si la femme masquée aux cheveux noirs était en train de blaguer ou non. Pourtant, le voilà déjà prêt à l’accompagner. Mais avant, il devait faire quelque chose. Il se tourna vers la bibliothécaire, prenant les livres avant de les ranger, Ebiné lui demandant ce qu’il était en train de faire.
« Tout simplement une civilité, maîtresse Ebiné. Vous devriez tenter aussi, vous verriez, c’est pas si mal que ça en fin de compte. »
« Hmm ? » commença à réfléchir Ebiné avant de regarder la bibliothécaire, souriant sous son masque avant de déclarer : « Pas vraiment envie, désolée ! »
« Ah… Enfin bon, merci à vous, madame la bibliothécaire. Je reviendrais une prochaine fois pour continuer la lecture. Il y a vraiment beaucoup de choses à découvrir. »
« Quand tu voudras tant que tu restes mieux élevée que ta maîtresse. »
Pour toute réponse, Ebiné rigola comme si de rien n’était. Elle devait vraiment apprendre à mieux se tenir mais… Soklar n’était pas là pour ça. Pour le coup, il salua la bibliothécaire avant de quitter la pièce, accompagné d’Ebiné. Celle-ci était en train de marcher à côté de lui, Soklar étant songeur.
« Euh, est-ce que je peux faire quelque chose pour vous, maîtresse Ebiné ? »
« Hmm, juste me dire pourquoi tu n’as pas peur de moi, contrairement aux autres apprentis ? Je crois que je voudrais bien connaître la réponse hahaha ! »
« Euh ? Parce que vous êtes ma professeure ? Et donc qu’à partir de là, si je commence à craindre celle qui va m’instruire, je ne suis pas certain que cela va m’aider. »
« Oh ? Juste pour ça ? Ce n’est pas parce que tu m’aimes bien et toutes ces choses ? »
« Euh, on ne se connaît pas assez pour que je puisse vous apprécier plus qu’il n’en faut, maîtresse Ebiné. Voici ma chambre, je tiens juste à m’excuser/. »
« Oooh, il y a des choses que je ne dois pas découvrir ? J’aime fouiner ! »
Des choses à ne pas découvrir ? De quoi est-ce qu’elle parlait donc ? Il cligna des yeux, sans réellement comprendre avant de la faire rentrer dans sa chambre. C’était vraiment très… sobre. En même temps, il venait d’arriver. Un petit bureau, un lit, une table de nuit, rien de plus, rien de moins. Oh et une fenêtre qui donnait sur la cour.
« Ah oui, j’ai presque l’impression que c’est ma chambre ici ! Je crois que je vais grandement apprécier l’idée de m’installer ici ! »
« Euh… Vous plaisantez, n’est-ce pas, maîtresse Ebiné ? »
« Qui sait ? Oh ! Je vais aller chercher les repas du soir ! Tu peux aller t’installer déjà ! »
Il allait surtout voir pour trouver une seconde chaise. Alors qu’elle disparaissait dans le sol, comme à son habitude, l’adolescent souleva le bureau avec facilité, remarquant qu’il s’était quand même bien renforcé grâce à Melgana depuis tout ce temps.
Mais voilà, il déplaçait le bureau pour aller le mettre au milieu de la pièce, prenant sa chaise pour la placer elle aussi. Pendant qu’Ebiné n’était pas là, il commença à réfléchir, finissant par installer le bureau près du lit. Voilà ! Ainsi, il allait manger assis sur le lit pendant qu’Ebiné aura la chaise !
« Et me voilà, attention, c’est chaud ! »
Hmm ? D’où est-ce qu’elle allait venir ? Il se retint de pousser un cri lorsqu’il remarqua qu’elle traversait sa porte fermée comme si de rien n’était, un plateau avec deux assiettes, des couverts et tout le tralala. Qu’est-ce qu’il y avait ? Oh, euh, de la viande en sauce, des légumes, et bon sang, il devait reconnaître une chose.
« Ça sent drôlement bons ! Ils se sont surpassés par rapport à midi ! »
« Hahaha ! Tu n’as plus qu’à t’installer et à déguster ! »
Sur le coup, il allait pas se priver et… euh… Pourquoi est-ce qu’elle s’installait à côté de lui sur le lit ? Il la regarda mais déjà, le bas du masque se relevait pour dévoiler ses lèvres, comme avec Melgana alors qu’elle mangeait en silence.
Bon, eh bien, il était le seul que ça dérangeait visiblement. Mangeant lui aussi en silence, il pouvait simplement constater que c’était délicieux. Comment était-ce possible un tel changement entre les deux repas ?
« Faudra m’expliquer comment les cuisiniers peuvent faire un changement aussi radical ! »
« Hahaha ! C’est si étonnant que ça ? Et si bon ? Bien ce que je pensais ! »
« Eh bien, ça n’a juste rien à voir avec le repas de ce midi. Mais comment ça se fait ? »
« Eh bien, disons qu’ils sont plus aptes à être doués si tu « parles » avec eux. Et surtout si tu demandes à manger dans ta chambre ! »
« Euh … parler ? Vous n’avez quand même pas essayer de les menacer hein ? »
Elle penchera la tête sur le côté, un petit sourire aux lèvres. Vu qu’elle n’a pas le bas de son masque, il arrive clairement à le voir. Qu’est-ce qu’elle était en train de manigancer, cette femme ? Il ne devait pas se montrer inquiet mais à côté, elle ne faisait rien pour améliorer la situation. Mais s’il apprenait qu’elle avait vraiment attenté à la vie des cuisiniers, il n’était pas certain d’apprécier à nouveau ce repas. D’ailleurs, cela lui avait coupé l’appétit et il repoussa l’assiette d’un air maussade.
« Eh bien ? Tu n’as plus faim, c’est ça ? »
« Disons que j’aurai préféré un repas qui ne soit pas fait sous la menace d’une mort. »
« Hmm ? Mais qui a dit ça ? » demanda Ebiné sur un ton plutôt surpris, Soklar positionnant son visage en face du sien avant de dire :
« Mais c’est vous qui m’avez dit que... »
« Oh, mais je n’ai rien dit à ce sujet ! Tu te trompes, Soklar. C’est dommage ! »
Il n’était pas certain de tout comprendre et saisir. Pourquoi est-ce qu’il avait l’impression qu’il était pris pour un idiot sur le coup ? Ce n’était peut-être pas qu’une impression. Il sentait qu’il allait avoir du mal à cerner sa maîtresse.