Pocket Monster Encyclopedia Poetica de Soundlowan

La jeune chercheuse souffle sur le liquide brûlant dans la tasse. Chaque fois qu'elle se sert un café, c'est la même chose. Il lui faut au moins dix minutes pour simplement pouvoir y tremper les lèvres sans se brûler. Elle repose le récipient, retourne à son écran. Le texte sur lequel elle travaille lui résiste aussi bien qu'il y a une minute. Manque de chance, c'est normalement le prochain qui doit être ajouté à la base de données sur laquelle toute l'équipe travaille - puisqu'ils ont décidé de suivre l'ordre des textes dans le manuscrit original.
Découragée après plusieurs jours d'échecs, elle se laisse aller contre le dossier de sa chaise de bureau et laisse échapper un long soupir. La jeune femme tente de se motiver en s'étirant comme un chaglam, espérant trouver une sorte de rituel magique pour venir à bout des difficultés. Finalement elle revient à une position plus conventionnelle, pour s'apercevoir du regard angoissé de son collègue travaillant au bureau tout à côté. Son visage trahit une sorte de problème insoluble dont il serait la proie.
- Toi, ça ne va pas.
- C'est encore ce texte, explique-t-il de bonne grâce en agitant la copie d'une page manuscrite.

Elle a une sorte de soupir désolé à son égard, destiné à exprimer sa compassion. La scientifique n'a aucun mal à comprendre l'intérêt de son interlocuteur pour les quelques lignes sur lesquelles il travaille à chacun de ses moments libres, mais leur directeur de recherches à été très clair sur son refus de mettre sa traduction en ligne.
- Tu sais bien qu'on ne travaille que sur les pages qui évoquent un pokémon précis, lui rappelle-t-elle doucement. On ne sait même pas si ce poème fait partie du manuscrit d'origine, ou s'il a été ajouté ensuite au moment de faire la couverture.
- Je sais, je sais, gémit le doctorant. Mais il est tellement beau ! Et tu ne vas pas me dire qu'il n'a aucun rapport avec le reste de l'oeuvre.

Sa collègue ne peut qu'en convenir. Elle sait bien que c'est le texte préféré de son partenaire, et le style semble suffisamment uniforme pour pouvoir considérer qu'il vient du même auteur. Mis à part la maîtrise de la métrique, qui cette fois est manifeste. Soit il s'agit d'une personne unique qui, pour cette occasion spéciale, a particulièrement soigné sa création en respectant les règles de l'art, soit il s'agit d'un autre poète qui s'est contenté d'imiter le style du premier. Dans les deux cas, il est effectivement dommage de ne pas conserver un tel texte en ligne malgré les restrictions imposées par leur supérieur en charge du projet.
Elle jette rapidement un oeil dans le couloir qui mène à leur laboratoire. Vide.
- Dépêche-toi, si tu veux le mettre dans la base c'est le moment, souffle-elle.
- Tu crois ?
- C'est l'heure de sa pause déjeuner, il en a encore pour trois quarts d'heure au moins. Tu n'as qu'à le mettre en annexe, en donnant le lien à l'endroit où il devrait se trouver dans le manuscrit. Il ne l'a pas spécifiquement interdit dans son protocole de travail.

Le jeune homme hésite un instant, craignant la réaction des autres chercheurs. Finalement il se décide, tapant à toute vitesse sur son clavier.

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Jamais Trinité n'apparaîtra si sacrée
Aux yeux de l'éleveur en quête d'idéal
Que ce choix dans chaque tradition bien ancré
Trois types pour les autres maître ou féal

Quelles aventures ne promettent-ils pas ?
Quel paradis, quel horizon n'oserais-tu ?
Désormais ils sont là, te gardent du trépas
Une sphère, à jamais pour toi il s'évertue

Glisseras-tu lentement sur l'onde vive et claire ?
Voudras-tu cette flamme qui danse dans l'air ?
Laisseras-tu s'épanouir ce tendre bourgeon ?

Une décision, et maintenant tout commence
Prends en main ton destin, et un amour immense
Car à deux c'est une vie que nous partageons