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The End of the World de Marshan Utopium



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Informations

» Auteur : Marshan Utopium - Voir le profil
» Créé le 29/01/2017 à 11:45
» Dernière mise à jour le 29/01/2017 à 11:45

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Chapitre 6 : De nouveaux amis
Cela faisait maintenant une bonne heure que nous nous débarbouillions. Tinky s'était réveillé et reprenait ses esprits pendant qu'Annabelle et moi étions parties nous changer, chacune derrière un arbre. Nous avions abandonné nos vêtements après la bagarre contre les Batracné, car rien n'aurait pu les ravoir. Je portai maintenant le t-shirt aux différents teintes de bleu et le jogging gris que m'avait donné Annabelle. J'avais également changé de sous-vêtements et avait rattaché mes cheveux grâce à l'un des nombreux élastiques de mon poignet. J'étais toujours toute collante de boue, mais je me sentais quand même un peu plus propre. Après avoir mangé une Baie Jouca, Annabelle, Tinky et moi reprîmes la route. Je n'arrêtai pas de penser à ce garçon qui m'avait contactée en rêve, Louis. Qui était-ce vraiment ? Je n'étais même pas sûre qu'il soit bien réel. J'avais peut-être juste rêvé, comme une personne normale. Mais j'avais de vraies sensations, comme si je m'y trouvais vraiment… Je ne savais plus quoi penser. J'essayai d'arrêter de me prendre la tête, mais toutes mes pensées refoulées revenaient aussitôt à la charge. Annabelle et Tinky me parlaient, mais je n'écoutais que d'une oreille. Il fallait que je sache qui était ce Louis, j'étais sûre qu'il était réel.

Deux heures. Nous avons marché deux heures avant d'apercevoir l'ombre d'un bâtiment, l'ombre de quelque chose d'humain. Nous étions enfin arrivés à Yantreizh, et sans encombres ! Enfin, si on oublie l'incident des Batracné. Non, ça ne s'oublie pas, désolée.

- Margaux, ça fait deux heures que tu discutes avec toi-même dans ta tête, tu veux pas revenir à la réalité, avec nous ?

C'était Annabelle qui me parlait.

- Hm ? Oh, oui, désolée, je réfléchissais.

Je reportai mon attention sur les différents bâtiments qui se dressaient devant nous. Cela faisait vraiment du bien d'apercevoir quelque chose de civilisé. Nous nous rapprochions assez vite de la ville lorsqu'un sentiment de stress me prit à la poitrine. Normalement, c'est ici que se trouvait Louis. Deux options se présentaient : soit Louis n'était que le fruit de mon imagination et je ne saurai plus quoi faire, soit ce garçon existait bel et bien et nous n'allions plus être seules, ce qui serait déjà un bon point. Peut-être même que nous pourrions glaner quelques informations quant à ce qui se passe dans le monde, ou en tous cas ce qui se passe dans la région de Kalos. Nous mangeâmes les trois dernières Baies Jouca que nous possédions, puis nous arrivâmes finalement à Yantreizh. Cette ville était plus grande qu'elle n'en avait l'air, et je ne savais pas du tout où chercher. La bagarre avec les Batracné nous avait grandement retardés ; de plus, nous étions partis assez tard, le soleil commençait déjà à se coucher. Nous nous installâmes à l'endroit pile où nous nous trouvions actuellement, c'est-à-dire à l'entrée de la ville. Annabelle déploya deux couvertures qu'elle avait prise. Je me demandai pourquoi elle ne les avait pas sorties avant, mais je ne m'attardai pas plus longtemps sur la question, qui n'avait finalement aucune importance. Annabelle s'endormit rapidement, elle devait être grandement fatiguée. Je n'étais pas au top de ma forme non plus. Je m'allongeai sur la couverture de couleur pastelle, Tinky collé contre moi. Je l'aimais bien, ce petit Axoloto. Il nous avait aidé sans vraiment chercher à comprendre, juste par pure gentillesse. Je m'endormis finalement assez rapidement moi aussi, en contemplant Tinky, recroquevillé contre mon ventre.

Cette fois-ci, ce ne fut pas le soleil qui me réveilla, et encore moins un rêve. Non, c'était quelque chose de beaucoup plus désagréable, quelque chose de dur, de froid, de coupant. Un canif. J'aurai aimé me tromper, vraiment. Mais non, là, juste sur mon cou, je sentais cette petite lame parfaitement aiguisée, à peine appuyée sur ma peau. J'ouvris doucement les yeux et découvris qu'Annabelle se trouvait dans la même situation que moi. Tinky dormait toujours. Nous étions en pleine nuit, aussi mes yeux durent s'habituer à la pénombre. Je fis mine de me rapprocher de Tinky pour qu'il puisse nous sortir de là, mais une voix masculine me chuchota doucement à l'oreille :

- Je ne ferai pas ça si j'étais toi. Franchement, j'ai pas envie de t'abîmer.

Sa voix se voulait grave, mais je pouvais y ressentir une pointe de peur. Je ne pouvais voir mon agresseur, mais celui d'Annabelle m'était parfaitement visible. Ces cheveux châtains en bataille, ces yeux noisettes, ce visage pâle, ces vêtements de sport… Je manquai de m'étrangler. J'ouvris de grands yeux, ne sachant quoi dire. Quand le garçon en question me vit, ses yeux s'agrandirent, eux aussi. Il relâcha Annabelle et cria :

- Aubin, lâche-là ! C'est la fille qu'on a contactée !

Je sentis une hésitation dans la poigne de mon agresseur, mais ce dernier, apparemment dénommé Aubin, retira sa lame de ma gorge. Je pris une grande bouffée d'air et regardai Louis, qui me surplombait de toute sa hauteur. Enfin, c'était assez subjectif étant donné qu'il avait l'air d'être à peine plus grand que moi. Je me relevai en même temps qu'Annabelle. Alerté par les cris de Louis, Tinky venait de se réveiller. Je me retournai pour regarder le jeune homme qui avait placé son petit couteau sur mon cou. Ma gorge se noua. Il était… Comment dire ? Euh… Magnifique ? Oui, je pense que ça lui va bien comme adjectif. Il était très grand, élancé, ses traits fins rappelaient presque ceux d'une fille. Ses cheveux d'un noir de jais étaient assez bien coiffés et ses yeux vert translucides me fixaient sans broncher. Il ne portait que des vêtements sombres. A le voir comme ça, dans la nuit, j'aurai pu le comparer à un chat noir. Je détournai finalement le regard pour le reposer sur l'autre adolescent présent, c'est-à-dire Louis. A mieux le regarder, oui, il n'était pas moche non plus, je l'avoue. Je vis les yeux noisette du garçon regarder derrière moi. Regardait-il Aubin ? Instinctivement, je me retournai une seconde fois, et ce que je vis me fit douter de ma vue. J'avais sûrement besoin de lunettes, parce que je voyais double. Là, derrière moi, se trouvaient deux Aubin. Enfin, le Aubin que j'avais déjà vu et un autre, blond. Le même corps, sauf que ses yeux étaient d'un marron presque orange. Leurs vêtements n'étaient pas les mêmes non plus. L'un les avait complètement noirs, l'autre dans les tons beiges orangés. Le deuxième Aubin portait une grosse écharpe orange avec des carreaux rouges. Je ne pouvais décrocher les yeux des ces deux adolescents. Ils devaient avoir environ mon âge, peut-être à peine plus âgés. A ce moment-là, je dois avouer que, si c'étaient eux les derniers représentants de l'espèce humaine, ce n'était pas pour me déplaire. Attendez… Non mais qu'est-ce que je dis ?! Ce serait catastrophique si c'étaient eux les derniers hommes sur Terre !

- Euh… T'es avec nous ?

Je relevai la tête. Je n'avais même pas vu que le Aubin blond s'était rapproché de moi et m'avait parlé. Je le regardai avec des yeux d'hurluberlue.

- Je t'ai demandé comment tu t'appelais.

Après avoir articulé un « Margaux » minable, il posa la question à Annabelle, qui lui répondit avec une assurance sans égale. Quoiqu’un peu vexée qu’une fille de quatorze ans ait plus de confiance en elle que moi, j’étais contente d’avoir quelque comme elle à mes côtés. Si j’étais tombée sur une personne qui me ressemblais, le Griknot m’aurait déjà dévorée dans la Steppe d’Illumis... Je fixai toujours les trois garçons, qui s'étaient à présent rapprochés les uns des autres. Ce fut le Aubin blond qui prit la parole en premier.

- Bien. Donc, d'après Louis, vous n'êtes pas dangereuses.

- Enfin ça, on aurait pu s'en rendre compte nous-même… ironisa le vrai Aubin.

- Tu peux répéter ? enchaîna Annabelle, qui n'aimait apparemment pas la remarque de l'ado. Vous nous agressez en pleine nuit, vous dites que l'un des vôtres connaît Margaux et en plus vous nous humiliez ? Non mais vous vous prenez pour qui sérieux ?

Le blond soupira.

- Ecoute gamine, on voulait juste savoir si vous étiez des amis et des ennemis. A croire que vous êtes plutôt dans le premier camp, et c'est une bonne chose, parce que je dois t'avouer que je ne me suis jamais servi de mon couteau, et j'ai pas très envie de savoir la sensation que ça fait.

Annabelle déglutit.

- Bon. A nous de nous présenter, je suppose. Je m'appelle Matthias. Et voici mon demi-frère, Aubin. dit-il en montrant le chat noir. Le petit dernier, c'est Louis, un ami.

Des demis-frères ? Des jumeaux oui !

- Je suis toujours écarté de la famille… soupira Louis. Je te rappelle que, tous les trois, on se connaît depuis ma naissance !

Je vis Matthias retenir un petit rire. Louis devait être un peu plus jeunes que lui et son demi-frère. Ils avaient l'air d'être très proches, tous les trois. Soudain, j'entendis un estomac gargouiller. Quand je compris que cela venait de l'un de trois garçons, ce fut à mon tour de retenir un ricanement. Aucun des trois n'avait de sac, aussi, je supposais qu'ils n'avaient rien à se mettre sous la dent. Je regardai Matthias, qui avait l'air d'être le meneur du groupe.

- Vous voulez casser la croûte ? demandai-je avec un sourire qui se voulait plein d'assurance.

- Maintenant ? Je veux dire, en pleine nuit ? me répondit-il.

- Disons qu'avec un réveil aussi brutal, on n'a pas vraiment envie de se rendormir de sitôt… balança Annabelle.

Je vis Aubin chercher quelque chose à répondre, mais il ne dit mot. L'un des ventres gargouilla de nouveau. La question ne se posant même plus, je cherchai quelque chose à manger dans mon sac. Nous n'avions plus de Baies Jouca, mais j'avais toujours quelques gâteaux. J'aurai préféré les garder, mais je sentais encore les trois garçons méfiants, surtout les demis-frères, et je pensais me les mettre un peu dans la poche avec de la nourriture. Dans les jeux vidéos, ça marche toujours. Et vu l'appétit des trois adolescents, il me semblait bien que ça marchait aussi dans la vraie vie. Les gâteaux furent avalés en cinq minutes. Je reportai mon attention sur Annabelle, qui ne les quittait pas des yeux. Je lui chuchotai :

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? On ne sait pas où aller et la nourriture va commencer à manquer. On reste avec eux ?

Annabelle ne me répondit pas tout de suite. En fait, elle ne me répondit jamais. Ses yeux s'agrandirent d'un coup, si bien que je regardai le spectacle qui s'offrait à nous. Les garçons… dormaient. ILS DORMAIENT. J’hallucinai. Ils nous avaient réveillés en nous menaçant, avait mangé nos gâteaux (que je leur avais proposés, certes), et maintenant ils dormaient dans notre campement de fortune, dont l'un d'eux -Matthias- bavait à moitié sur ma couverture. Non mais c'était une blague ? Annabelle et moi dûmes nous retenir de ne pas les secouer. A vrai dire, nous étions fatiguées nous aussi. Je retirai délicatement la couverture sous la tête du blond pour la déposer également sur les trois garçons. Ils ne devaient pas avoir très chaud, mais c'était déjà ça. Je m'allongeai avec Annabelle et Tinky pour terminer notre nuit. Comme tous les soirs, je me mis à réfléchir. Mon esprit bouillonnait sans que je ne puisse l'en empêcher. Et, sans cesse, ce dernier revenait à l'événement du jour : l'apparition des trois ados. La bagarre contre les Batracné était pas mal non plus en tant "qu'événement du jour", mais bon. Plus mon esprit tournait, plus une question revenait : mais dans quoi m'étais-je embraquée ? Je sentis que je n'étais qu'au début de mes surprises. Je m'endormis ainsi, collée à Annabelle, serrant Tinky comme s'il n'était qu'une simple peluche.