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Recueil « Dans le rêve d'un autre » de Raishini



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Informations

» Auteur : Raishini - Voir le profil
» Créé le 07/01/2017 à 12:37
» Dernière mise à jour le 07/01/2017 à 12:47

» Mots-clés :   One-shot

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Napoléon III de l'espace (Katyusha)
Il est assez tôt, en cette soirée d'hiver, mais l'air comme l'eau sont déjà glacées, au large de Yantreizh, dans la région de Kalos. La nuit , et son voile noir percé des rayons de quelques astres lointains, s'est déjà installée dans le ciel, tandis qu'une fier flottille de navires avance, toutes voiles dehors, sur la mer secouée par les rafales de vent, semblant plus véloces qu'un Etouraptor en piquée.

Une douzaine de bâtiments, toutes voiles dehors, vont à la mer l'honneur de leur présence. De magnifiques vaisseaux, ornés de figures de proue dorées, d'une coque faite des plus robustes chênes de Neuvartault, vernis afin de briller comme des phares dans la nuit. Des canons forgés par les meilleurs artisans d'Illumis s'étaient percés des trous dans cette magnifique coque, et semblaient prêts à en faire de biens plus gros dans celles du malheureux rafiot qui arrivera dans leur ligne de mire. Ces pièces d'artilleries étaient ornés de Gueriaigles aux ailes bien ouvertes, qui se retrouvaient sur les pavillons flottant en haut des mats. Un symbole de gloire, de pouvoir et de majesté, majesté impériale qu'il représente. Derrière ces Gueriaigles dorés, trois couleurs se laissaient à voir : Bleu, Blanc, Rouge.

Et, au milieu de cette glorieuse armada, il y a moi. Un pauvre Braisillon, forcé à attendre serré avec ses pairs, au fond d'une cale sombre et humide, sur un bois rustique, infesté d'échardes qui semblent transpercer mes plumes comme le ferrait un de ces sabres, portés par les marins qui gardent l'entrée vers le niveau supérieur. Tout comme ce navire, ils sont, de l'extérieur, magnifiques et rutilants. Leurs têtes sont ornées d'un bicorne noir et doré, lui-même surmonté d'une plume orangée, venant d'un de mes congénères. Quand à leur uniforme, il est un mélange d'un bleu de Prusse et d'un rouge Bismarck, assez intenses pour en faire rougir de honte et de jalousie les plus fins tisserans de Kanto. Le tout orné de dorures plus brillantes que l'étoile du berger. Un fusil manufacturé avec le plus grand soin est appuyé contre la vulgaire paroi qui sépare les sections de la cale. Ces Marins de la Garde s'en serviraient bien contre moi et mes congénères entassés ici, si nous ne leur étions pas d'une utilité sans commune mesure.

L'immensité bleue a décidé de se faire violente, ce soir, et bien qu'il pèse plusieurs milliers de tonnes, notre bâtiment tangue de tout les côtés, au grand désarroi de nos geôliers, qui semblent en être malade. Moi, ça ne m'affecte pas. Fort heureusement, je n'ai pas besoin d'un malheur de plus sur la longue liste que j'ai. Que j'aimerais ne pas être dans ce navire à la destination incertaine, et dont l'humidité gêne ma respiration. Que j'aimerais être à nouveau dans la nature sauvage du sud de Kalos, dans les forêts et les plaines vides d'hommes. Revoir ma volée, tout ces Passerouge qui seront, un jour peut-être, aussi, voir plus puissants et majestueux que moi.
Mais un matin, les troupes de « l'Empire » sont venues. Avec leur grand chapeau noir et poilu, et leurs uniformes d'un bleu et rouges à en faire éclater la rétine. Ils ont incendiés les nids avec des Némélions semblant être les plus grands et les plus puissants à avoir jamais foulés Kalos. Et à l'aide de filets, ils m'ont capturé, moi et mes congénères. Les Passerouge, et les plus faibles des Braisillon, furent immédiatement noyés dans la rivière. Mais ceux qui étaient « bons de guerres », dont moi, allaient devoir servir la cause de « Sa Majesté le Troisième Empereur ».

Nous furent balancés dans de grands sacs, et traînés sur quelques dizaines de lieues. Puis, les sacs à patates furent ouvert, et la lumière comme l'activité éclatantes d'un hôpital militaire vinrent à nos yeux. Mais sans surprise, personne n'eut le temps de les admirer, ou d'essayer de les comprendre ; Des hommes habillés de blanc et de rouge, et à la bouche couverte par un étrange petit masque, nous prirent, saisis entre leurs mains vulgaires et puissantes, et nous mesurèrent, pesèrent et testèrent pendant des heures durant. Ils semblaient observer avec une attention impressionnante les attaques qu'ils nous obligeaient à lancer, si bien qu'on pourrait se demander s'ils étaient réellement des médecins. Puis, dès que nous eurent finis notre numéros, ils nous remirent dans ces vulgaires sacs, et au bout de quelques minutes, nous étions à nouveau en mouvement, dans ce qui semblait être une charrette. Le prochain trajet fut long, et bien que je ne pouvais voir l'extérieur, la lumière passant à travers la paroi permit de savoir que nous avons voyagé deux jours et deux nuits, sans pouvoir dormir, du fait de l'immonde entassement, ou boire et manger. Quand les sacs furent ouverts à nouveau, nous étions dans le port de cette ville nommée Yantreizh. A mon grand malheur, le seul moyen de sortir de ce sac chaud et puant était de se précipiter dans une cage, dans laquelle nous fûmes portés par quelques gros bras jusqu'au fond de ce navire, il y a une bonne semaine. Pour la première fois depuis deux jours, nous avons pu manger et boire ; quelques pauvres morceaux de pain rassis et moisi, dont que je pus obtenir que quelques miettes, et de l'eau trouble et dégoûtante. Ce repas, nous l'eûmes quatre fois au total, et il n'y en a pas eu d'autre. J'ai beau être plutôt robuste, ma faiblesse est évidente, et j'ai du perdre plusieurs centaines de grammes. Mais pour nos gardes,
oisifs, ce n'était pas un problème. Nous leurs offrions un peu de discrétion, eux qui avaient dû rester bien plus longtemps sur ces navires ancrés au port. Bien mieux nourris, il est vrai.

Après cette longue semaine, cet après-midi, le trois-mât a finalement appareillé, dans un brouaha incroyable venant des niveau supérieurs. J'ignore qui nous allons rencontrer en mer, mais de ce que j'ai compris par l'attitude de ces gardes, ce ne sont pas des amis. Et ils semblent vouloir que nous enflammions ces malheureux. Pour l'instant, ils gardent une trappe fermée, au plafond de notre « cellule », mais elle s'ouvrira sans doute, pour nous laisser sortir.

Le vent commence à se faire plus fort. Le navire court sur les flots, et la tension semble monter un cran. J'entends, au-dessus, des pas, des paroles incompréhensibles, fermées d'une exclamation : « Vive La Royale, vive Kalos, Vive l'Empereur ! »
Soudain, un bruit sourd retentit dans le lointain, suivi de plusieurs dizaines d'autres. Pendant quelques secondes, tout se tait à nouveau, puis une série de sons similaires retentit, mais cette fois depuis notre bateau : L'artillerie tire, secouant tout le vaisseau de son recul. Puis celle venant du lointain réponds. Une autre, plus proche car venant de notre flotte, se fait entendre. Le tonnerre de l'Artillerie commence.

Notre navire est secoué par la bordée tirée à intervalles réguliers, et, parfois, par un boulet ennemi venant s'écraser quelque part dans l'immeuble flottant qu'est une frégate. Après une bonne dizaine de bordées, de plus en plus faibles au fil du temps, l'agitation semblait encore plus palpable. Puis, un cri arriva aux oreilles de nos geôliers, et aux nôtres.

« Il est temps de détruire la Royal Navy, et d'établir la domination de notre Empire sur les mers ! Lâchez la nouvelle arme ! Vive l'Empereur ! »

Après un autre « Vive l'Empereur » solennel, un de nos geôliers ouvrit la trappe, et, tellement attirés par l'envie de sortir que j'en oubliais la présence d'un ennemi, je me précipitais dedans, suivi par tout mes congénères. Une sorte de tuyau avait été percé jusqu'en à la surface, et au bout de quelques secondes à peine, nous fument sortis. Nous étions au-dessus de notre navire, et à quelques dizaines de mètre, un autre, semblant deux fois plus imposants, puissant et agressif, fonçait vers nous. Tout le reste de la flotte semblait dans la même situation. Si j'avais été sensé, j'aurais fuis. Sans doute pour m'écraser en mer, car je n'avais pas l'endurance suffisante pour rejoindre la terre, surtout avec le vent violent qui nous poussait loin de Yantreizh et de la côte. Mais une semaine dans un environnement si fermé m'avait rendu fou de rage, et cette rage, il fallait que je la déverse. Que les flammes qui grandissent dans ma gorge sortent et réduisent en cendre le premier malheureux qui se mettrait au travers de leur route. Ce malheureux, c'était ce navire, qui nous fonçait dedans. Je me lançais aussitôt dans sa direction, suivi par les autres Braisillon, également assoiffés de vengeance et de violence. Le déjà gigantesque navire semblait grandir à chaque second où je me rapprochais de lui, mais je n'avais pas peur. Enfin, moi et ma volée, nous n'étions qu'à quelques mètres. Le feu allait pouvoir commenc...

Soudain, un étrange tube, manié par un homme, se tourna vers nous. Un feu, d'un autre type, semblait en sortir, à une vitesse bien trop grande pour être suivie. Le bruit que cette machine faisait été insupportable. Plusieurs bruits sourds par seconde, sans qu'une seule pause ne vienne marquer cette mélodie de l'enfer. Et en l'espace d'une seconde, la volée avait été ravagée, et nous n'étions plus que quelques uns à attendre d'être fauchés. Une munition vient se loger dans mon aile, brisant mes os comme s'ils n'étaient que de vulgaires morceaux de plastique, que je tombais, d'une chute horriblement longue, dans la mer glacée et déchaînée. Ce froid glacial aurait bientôt raison de moi, si un Sharpedo ne me gobait pas avant. Juste devant moi, le puissant navire écrasait celui de « l'Empire » sous le feu constant de son artillerie, et de ces machines de l'enfer qui allaient décimer l'équipage aussi rapidement qu'elles le firent pour notre volée. J'essayais de cracher quelques flammes vers ce navire, qui m'avait condamné. Mais je n'étais plus capable de faire quoi que ce soit. Dès que je levais la tête, elle semblait retomber, jusqu'à ce que j'en perde le contrôle. Je perdais le contrôle de tout, et la douleur qui envahissait mon aile était d'une rare violence, que seule semblait surpasser celle qui envahissait mon esprit. Pourquoi m'étais-je lancé à l'assaut de ce navire ? Pourquoi je n'ai pas tenté de fuir ? De sauver ma vie ? De me donner une chance de revoir ma terre ?

Pourquoi suis-je en train de mourir pour ce « Troisième Empereur », qui m'est inconnu ?

Ma tête s'enfonce sous l'eau ensanglantée, et la dernière chose que je vis avant de fermer les yeux fut cet océan sans fond, et ce requin à dorures fonçant sur ma carcasse.