Game of noadkoko
Au milieu de la plage, les noadkokos secouaient leurs têtes frénétiquement dans tous les sens. Au fur et à mesure que Polux s’approchait d’eux en évitant les chutes de noix de coco, il lui semblait apercevoir des formes sombres gigoter au sommet des arbres pokémon.
Alors qu’il arrivait devant les troncs, une énorme masse lui tomba dessus et lui fit manger le sable. La créature, presque aussitôt, rugit de colère et remonta dans l’arbre. Polux se frotta le dos. Mais qu’est-ce qui se passait à la fin ? En levant les yeux il eut la réponse. Une bande de quatermac avait élu domicile dans le noadkoko. Fous de rage, ils lançaient sans discontinuer des noix de coco dans les airs, en direction de l’arbre voisin. Polux suivit du regard les projectiles et comprit ce qui se passait. Dans le second noadkoko, un groupe de crabagarre fulminait tout autant, lançant des boue-bombes à tout rompre.
-Ca y est j’ai résolu le problème ! C’est juste une guerre de territoire entre les quatermacs et les crabagarres. Voilà j’ai gagné mon épreuve !
Le têtarte soupira en levant les yeux au ciel. Polux fit la moue. Evidemment que non il n’avait pas fini son épreuve. Mais les crabagarres et les quatermacs étaient connus comme les pokémon les plus violents et les plus têtus de tout Alola. Le jeune homme grommela dans sa barbe :
-Ça valait le coup d’essayer. Bon allez quand faut y aller, faut y aller !
Il se frotta les mains pour se donner de l’énergie et agrippa le tronc gigotant devant lui. Le visage crispé, il grimpa petit à petit l’arbre immense. Intérieurement, il n’arrêtait pas de maudire le vieil homme. Il était un surfeur, pas un montagnard, grimper n’était pas sa spécialité !
En arrivant au sommet, le jeune homme essaya d’attirer l’attention des primates.
-Hé les gars, calmez-vous un peu, vous faites fuir tout le monde en bas ! Les gars ?
Les pokémon ne l’écoutaient pas du tout. Polux rougit de colère. Pour qui se prenaient-ils ceux-là ? Vexé, il s’agrippa à l’un des singes et lui bloqua les bras.
-Ecoutez-moi à la fin ! Vous risquez de blesser des gens en bas !
-Maaaaaaaac !
Les quatermacs braquèrent leurs regards enflammés sur lui. Polux déglutit de frayeur. En une seconde, il se retrouva la tête dans le sable, en bas de l’arbre. Le têtarte gloussa derrière son gant. Le jeune homme était rouge de honte maintenant.
-Bien ! Je vais parler aux crabagarres, eux seront plus matures j’en suis sûr.
Et aussitôt il s’élança vers l’arbre voisin. Avant de saisir le tronc, il ne put s’empêcher de gémir. Il n’avait pas intérêt à redescendre de la même façon. Ainsi, de façon toute aussi pathétique qu’à la première tentative, Polux escalada le long cou du noadkoko. Mais cette fois-ci il n’eut pas le temps d’arriver jusqu’au sommet. Alors qu’il était à la moitié du parcours, certains des crustacés l’aperçurent et lui lancèrent leurs projectiles en plein dans le visage. En quelques secondes, le visage de Polux fut recouvert de boue. Ne voyant absolument plus rien, il perdit sa prise sur le tronc et s’écroula au sol.
Têtarte s’approcha de lui et le tapota avec le bout d’une branche. Mais son dresseur refusait de réagir. Le batracien soupira de nouveau. C’était tout Polux ça, dès qu’il y avait une difficulté un peu trop grande, il faisait le mort. Décidant qu’il était temps d’arrêter le massacre, le têtarte prit les devants.
D’une puissante attaque laser glace, il pétrifia les pattes des quatermacs et les pinces des crabagarres. Surpris, les deux groupes de pokémon se regardèrent dans le blanc des yeux, se demandant comment réagir. Le têtarte leurs envoya alors de puissants pistolets à eau en plein dans le visage. Une salve de rugissements lui répondit qu’il avait bien réussi à capter leur attention. Le têtarte leva les poings et désigna au loin un troupeau de noadkokos installés sur la plage voisine, inoccupée par les touristes en raison de son manque d’exposition au soleil.
Aussitôt les quatermacs et les crabagarres se fixèrent en plissant les yeux, immobiles. Aucun des deux clans n’avait remarqué cette plage idéale, et maintenant, tous les deux voulaient y séjourner. Après plusieurs secondes qui semblèrent une éternité, tous s’élancèrent à toute vitesse en direction des noadkokos en train de dormir. Avant même que têtarte n’ait eu le temps de reprendre son souffle que la plage était devenue déserte.
Les deux noadkokos bien malmenés se redressèrent bien droits en chantonnant de bonheur. Le calme était revenu. Polux, n’entendant plus rien, se releva d’un bond, l’air un peu ahuri. Puis voyant que tout était redevenu tranquille, il se mit à sourire.
-Et voilà, j’ai sauvé la plage ! C’était vraiment simple comme bonjour ! Ah ah ah !
Le têtarte leva les yeux au ciel. Son dresseur ne changerait jamais. Au même moment, le maitre plagiste fit son entrée à petites foulées. Il avait du mal à trottiner et arriva devant Polux tout essouflé.
-Ouf, féli …, excuse-moi, je disais donc, félicitations, tu as dégagé les quatermacs et les crabagarres d’ici. Ils passent leurs temps à se disputer pour l’occupation d’un noadkoko alors qu’il y en a des dizaines et des dizaines sur toute l’île. Enfin, tu as brillamment réussi ta première épreuve. Pour la prochaine, je veux que tu viennes au cabanon demain matin à l’aube.
Polux eut un hoquet de surprise.
-L’aube ? Mais c’est super tôt ! Qu’est-ce qui peut bien se faire à l’aube ?
-Ta deuxième épreuve, ah ah ah !
Et le vieil homme repartit à petites foulées vers son cabanon en faisant de grands signes aux touristes de revenir. Polux regarda son têtarte qui lui renvoya le même regard d’incompréhension. Ah les personnes âgées de nos jours !