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La flotte des damnés de Lady_Waka



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» Auteur : Lady_Waka - Voir le profil
» Créé le 25/09/2016 à 04:45
» Dernière mise à jour le 06/11/2016 à 21:32

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Une pierre, deux coups...
Au loin, entre l'horizon et la portée des canons, ce qui était il y a trente secondes un brave et fier croiseur n'était plus qu'une boule de feu incandescente, autour de laquelle flottaient, sur une mer d'huile, les restes pitoyables d'une paroi, d'une plaque de blindage, d'une table ou d'une tourelle. De la fumée qui s'élevait dans le ciel, une forme se dégagea soudain, brisant le mur noir de sa forme effilée.

Le croiseur ennemi, bien qu'ayant une gîte notable, et une déchirure crachant une fumée noire, était toujours opérationnel, son pavillon, bien qu'invisible étant donné l'absence de brise, toujours accroché tout en haut des superstructures, sur son petit mât.

Lui, et ses deux autres camarades, se ruaient sur la petite flottille Hoennite, qui tentait, à toute vapeur ou, pour le dire de manière plus appropriée, à tout pétrole, d'échapper à son poursuivant, qui la dépassait largement en puissance de feu. Sur leur chemin, les navires Hoennites croisèrent une vision qu'aucun homme à bord n'aurait supporté voir. Tout un groupe, un banc, un escadron même, de Sharpedo, se ruant vers leur pitance. Droit vers la fumée, vers ce qui restait du Pierre Bart et les quelques membres d'équipage ayant survécu à la terrible explosion. Ah, quelle misère, quelle tragédie était-ce, de voir arriver la mort de son frère, de son camarade. La mort fendait les eaux de ses sinistres ailerons, narguant ceux qui avaient survécus aujourd'hui. Pour bien des marins, il était impossible de retenir les larmes...

Mais l'amiral Juhel, bien que proche de l'effondrement suite à la perte d'Esteva, avait des priorités plus importantes. Les navires ennemis n'étaient pas aussi lents qu'ils l'espérait. Pour tout dire, ils semblaient même commencer à rattraper leurs proies. Elles ne se laissaient pas faire, pourtant : L'amiral se surmenait, analysant le vent du mieux qu'il pouvait, vérifiant chaque quart d'heure la carte des courants marins, et donnant continuellement des ordres à la salle des machines, tandis qu'il orientait le Flamboyant, et la flottille qui l'accompagnait, afin de s'éloigner le plus vite possible de l'ennemi. Mais rien n'y faisait. Il y a trois quarts d'heure, l'ennemi semblait être à treize nautiques ; il était maintenant à onze et demi, et pourrait bientôt faire tonner le canon face à sa proie presque désarmée. Les jeux semblaient faits ; et il semble que Kanto ait, déjà, gagné la partie, et s'apprête à rafler la mise...

Soudain, cassant l'organisation de la petite flottille qui, telle un troupeau d'Ecremeuh, attendant que le Graheyna vienne la chercher, un plus petit navire, torpilleur, se détacha de la formation. Au même instant, la radio du poste de commandement du navire amiral se faisait entendre.

« Torpilleur d'Escadre David 1er d'Hoenn au Flamboyant. Prenant en compte situation actuelle, échappatoire impossible. Allons retarder flotte ennemie. Profitez pour fuir. Bonne chance »

Le torpilleur et ses six-cent tonnes changea entièrement de trajectoire, fonçant face à l'ennemi sur son flanc gauche, là où le Pierre Bart avait coulé, Tout en préparant le torpillage des navires ennemis. Passé les premières secondes, les trois croiseurs se mirent immédiatement à changer de trajectoire pour faire face à l'attaquant, perdant leur vitesse et la direction de leur cible principale.

Bientôt, leurs puissantes batteries d'artillerie se mirent à ouvrir le feu sur le frêle torpilleur. Mais toucher une cible aussi véloce à longue distance relevait d'une chance extraordinaire. Ainsi, sous les yeux médusés de ceux qui, depuis leurs postes, pouvaient observer la scène, le petit navire Hoennite se défaisait des tirs ennemis en manoeuvrant autant qu'une danseuse dans les grande soirées de la royauté Kantéenne, tout en sa rapprochant dangereusement de sa cible. Quand, aux yeux de la flotte Hoennite, le torpilleur et sa cible semblaient tout aussi éloignés l'un que l'autre, une volée de torpille sorti des tubes et se jeta dans l'eau. Quelques secondes plus tard, des tirs direct du croiseur, à quelques kilomètres à peine, eurent raison de l'intrépide torpilleur. Mais il ne partit pas en vain, car au bout de deux bonnes dizaines de secondes, ses flèches firent mouche, et le croiseur qui avait coulé le Pierre Bart s'arrêta net dans sa course. L'oeil avisé pouvait apercevoir, à l'horizon, de grands ailerons, revenant d'une boule de feu qui, bien que proche de l'extinction, commençait à luir dans le début de soirée, pour s'orienter vers le colosse d'acier, se brisant lentement en deux dans un déchirement douloureux à l'oreille comme à la vue des autres navires Kantéens.

Le combat était terminé, et chacun pansait ses blessures, bien plus dans l'esprit que sur le corps...

L'amiral Juhel contemplait le spectacle. Le Grand Amiral Esteva et le Capitaine de Corvette Arisaka, tout les deux « tombés au champ d'honneur »... Deux hommes qu'il avait, tant bien que mal, essayé d'instruire aux arts de la guerre navale.

L'Amiral, exténué psychologiquement comme physiquement, se laissa tomber dans le vieux et rustique fauteuil de la salle de commandement. Malgré sa fatigue, il s'attelait à une des tâches les plus dures du militaire : La mémoire. Il creusait dans son esprit, ressortait tout les souvenirs, vieux ou pas, qu'il lui restait d'Esteva et Arisaka.. Il lui était bien difficile d'admettre qu'ils soient tout les deux morts, enterrés au fonds des eaux. Juhel, vieux et avisé, ne croyait pas en une prétendue survie de ses anciens élèves si il se souvenait d'eux. Pour autant, les oublier, ou pire, les réduire à leur existence de militaire et à leur fin funeste, les réduire au fait qu'ils soient morts au combat, ne ferait que desservir et souiller encore plus leur mémoire. Il devait, pour suivre de manière honnête le principe même du respect, tenter de conserver tout les souvenirs, tout ce qu'il avait de lié à ces deux hommes. Et un tel travail de mémoire est une vraie torture pour le cerveau usé et fatigué.

Doucement, sans l'aide de son capitaine perdu dans ses pensées, le croiseur, glissant sur l'eau, disparut du champ de vision de ses assaillants. Malgré le naufrage du plus puissant navire Hoennite, la flotte d'Oki Rima avait échoué dans sa mission d'anéantir la flotte ennemie. Maintenant, il était trop tard pour continuer la poursuite, et les deux croiseurs lourds survivant firent demi-tour pour revenir en pleine mer, où ils devaient rencontrer la flotte principale.

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« Grace est... morte ? »

Atterré au fond d'un des deux lits superposés, Louis était effondré. Les événements de l'après-midi l'avaient, en moins d'une heure, complètement détruit. Grace était morte. Ces certitudes et ses espoirs, anéantis. Sa confiance en lui-même et sa gaieté, un lointain souvenir.

La porte le séparant de la salle principale était fermée, et Elaïa avait enlevé son arme de service, un pistolet récupéré dieu ne sait-où par les services techniques de la Marine... Bien qu'elle, ainsi que Jack et Miguel, aimeraient faire confiance au jeune cadet, il est évident que donner une arme à une âme dont une bonne partie de la consistance vient tout juste d'être balayée n'est pas une bonne idée.

Eux-même avaient déjà bien du mal à réaliser ce qui venait d'arriver. Dès le premier vrai combat, le Pierre Bart, qui leur semblait si puissant et majestueux, avait été envoyé par le fond, et le Grand Amiral Esteva, dont nul ne contestait l'autorité, était parti avec lui. Pour autant, et malgré tout le mal que penser ça lui faisait, Miguel savait qu'au fond, ce n'était pas plus mal pour lui. François Esteva avait toujours détesté ses idées progressistes, et bien qu'il ne soit pas marin de vocation, il méprisait tout cette jeune école, au grand contraire de Juhel. Il est juste dommage que des centaines de cadets soient morts pour avoir un chef plus ouvert d'esprit...

De son côté, Jack examinait les Pokéballs transmises par la section du Pierre Bart. Elles étaient toutes lambda -rien qu'avoir une Pokéball était un privilège dans la misère d'Hoenn-, mais leur entretien était rigoureux, et elles avaient encore la brillance presque aveuglante des exemplaires tout juste sortis d'usines. Enfin, après les avoir minutieusement examinées, Jack se décida à les ouvrir.

La première contenait un Natu. C'était également le cas de la seconde, et, à la surprise de Jack, Elaïa et Miguel, de la troisième et quatrième. La cinquième était celle d'un Xatu, et la sixième encore celle d'un Natu.

« Eh ben, Miguel, tu n'es pas le seul à être obsédé par une espèce, à ce qu'on dirait... »

Il n'essuya pas de réponses, Miguel comme Elaïa étant fascinés par ces nouveaux Pokémon oiseaux.

Le jeune homme était assez distant vis à vis des créatures, mais les observait avec un intérêt notoire. Après tout, il trouverait bien une utilisé à des type Psy. Elaïa, de son côté, caressait déjà dans le sens des plumes les Natu, comme si elle les avait connu depuis toujours. Son visage montrait une expression joyeuse et innocente, qui contrastait fort avec son comportement habituelle. On aurait dit une enfant qui découvre la ferme... Et, comme pour ne pas gâcher le moment de cette enfant, les Natu se laissaient faire, approuvaient tant bien que mal d'un grognement satisfait. On aurait presque dit qu'une Alchimie se faisait entre les deux parties. Mais, tandis que Jack le remarquait, et ne voyait que ça, Miguel était trop plongé dans ses pensées. Au fil des minutes et des secondes, cela paraissait de plus en plus évident. Bien sûr, des Pokémons Psy seraient incroyablement utiles. Il faut juste apprendre à les dompter, et à les diriger. Et, surtout, à connaître leur puissance.

Un sourire à moitié narquois se dessina sur les lèvres du jeune tacticien, sans qu'il en ait conscience. Maintenant que ses idées sont en place, et que son supérieur approuve, il ne manque plus qu'un combat afin de prouver au reste de l'équipage, puis au monde, son génie...