Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

La flotte des damnés de Lady_Waka



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Lady_Waka - Voir le profil
» Créé le 28/08/2016 à 03:52
» Dernière mise à jour le 25/09/2016 à 02:25

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Le combat de Pierre Bart
Le combat de la Danaé, chant de marin français

Au loin, à cinq ou six miles marins du Flamboyant, se tenait le Pierre Bart. Un peu plus loin, sur son bâbord, tribord et centre avant, trois navires lui faisaient face. Partout autour du croiseur lourd, les obus faisaient remarquer leur présence et leur sourde menace, tombant dans la mer, de plus en plus proche du navire amiral Hoennite.. Ce dernier ripostait de toute sa force ; ses canons, pointés sur le croiseur ennemi situé à bâbord, tiraient au maximum de leur cadence. L'ennemi était bien plus puissant ; Trois croiseurs lourd contre un seul. Mais le Pierre Bart faisait fièrement face à son ennemi. Ne pouvant se replier, il faisait face à son ennemi,fonçant à pleine vitesse sur le navire qu'il pilonnait.

Soudainement, deux coups, venant du tribord, heurtèrent de plein fouet le flanc du navire. Celui-ci fut secoué par l'onde de choc ; sur l'ensemble du pont comme à l'intérieur, objets et cadets volèrent, ou, pour les chanceux ayant trouvé de quoi s'accrocher, étaient sérieusement secoués. Un trou béant avait remplacé l'endroit où lrs deux obus étaient arrivés ; fort heureusement, il était bien au-dessus du niveau de la mer. Mais le navire et son équipage, comme pris dans un irrémédiable élan, continuèrent leur route droit sur le croiseur de bâbord.

Tout d'un coup, un moment de réconfort vint renforcer la détermination de l'équipage du navire : Deux obus venaient de toucher de plein fouet le navire ennemi, en plein dans la tour de commandement. Sur le pont, l'exultation de l'équipage vint interrompre, pour quelques secondes, la mission de chacun. Puis tout le monde se remit au « travail » ; Les tubes lance-torpilles étaient préparés, tout comme les canons secondaires, qui seraient bientôt à portée.

Pourtant, dans le cœur de la bête d'acier, d'autant plus dangereuse qu'elle était blessée, tout le monde n'avait pas le cœur à combattre. Dans les tréfonds de la coque, sous la ligne de flottaison, une petite section était loin de l'ordre militaire qui régnait sur le navire.

Dans cette ensemble de deux pièces, entouré des parois métalliques, un vieille radio jouait sa musique. Ce n'était pas une marche, pas un glorieux chant de guerre ou une musique exaltant la patrie, terre promise, mais une pauvre vieille Polka, venant d'un lointain pays, perdu dans le froid et la glace. Le doux bruit de l'accordéon était, parfois, couvert par les pleurs de deux cadets de première année ; Un garçon brun et trapu, et une jeune fille blonde et mince. On aurait dit qu'ils étaient encore de jeunes enfants ; Jetés dans le grand bain alors qu'ils n'avaient même pas fini de se forger une identité. Et, maintenant, la peur de la mort, désormais inéluctable, les hantait. Pendant qu'ils semblaient oublier le monde qui les entoure dans leur désespoir, un demoiselle plus âgée, sans doute une troisième année, réunissait toutes les Pokéballs qu'elle pouvait. Ce n'était pas chose facile, en particulier quand, d'une minute à l'autre, un obus risquait, si il ne vous tuait pas, d'envoyer toutes ces balles rebondir sur les murs à cause de son onde de choc. Mais malgré que son travail soit, de nombreuses fois, défait, elle le refaisait toujours avec une attention, une minutie et une détermination qui forçait presque l'admiration, tout ça en ne faisant que ramasser des Pokéballs.

Ce petite manège fut interrompu par l'horrible grincement de la porte métallique qui s'ouvre, laissant entrer un cadet de troisième année, grand, relativement mince et châtain. Sur son visage, la triste mine de la défaite et de la peur était, à grand mal, camouflée par un rictus gêné. Avant qu'il ne puisse dire un mot, un violent choc subi par le navire jeta violemment tout le monde sur le sol d'acier.

« … On va tous mourir... et bientôt... D'ici un quart d'heure...
Ses yeux se remplirent de larmes, qu'il tenta de camoufla en enfouissant son visage dans ses mains tremblantes
Tout sera fini. On fonce en plein dans la flotte ennemie...

- Mais... Ils sont devenus fous ! S'indigna la cadette la plus âgée, une brune à lunettes assez petite.

- C'est le vieux qui a ordonné ça... Et le pire... C'est que tout ces imbéciles le suivent, comme si ils allaient se sacrifier pour quelque chose, comme s'ils faisaient un acte monumental...

- … Je comprends très bien ta colère, mais... calme-to...

- Grace, arrête de te moquer de moi ! Comment veux-tu que je sois calme ! Je n'ai pas envie de me suicider en imbécile au beau milieu de l'ennemi ! Je veux vivre ! Voir du pays, parcourir les océans et le monde ! Et puis, trouver un sens à ma vie... Avoir quelqu'un, quelque chose... Je me suis engagé pour ne plus errer en vain... Pas pour mourir comme un pauvre héros histoire de remplir les livres d'histoires, qui ne parleront de nous comme d'une masse...

- Il suffit, Carlo ! Arrête de te méprendre sur ton sort, on a tous le même ! Moi aussi, je veux vivre, j'ai un fiancé, une famille, des Pokémons... Mais s'il faut mourir... J'aurais aimé le faire dans de meilleurs conditions, pas dans une bête charge suicide, mais...
La petite brune posa une main sur son cœur, tout en soupirant: Il faut bien l'accepter.

- Grace... Je veux dire, mademoiselle Bertram, bredouilla t-il. Voulez-vous vraiment sombrer dans l'oubli comme ce navire sombrera bientôt au fond de l'océan ? Que votre nom soit oublié, et qu'on ne parle que de sept-cent mort sans jamais y penser autrement que comme un chiffre, sans jamais penser à nos esprits, nos personnalités, nos âmes... Voulez-vous vraiment ne devenir qu'une tombe parmi tant d'autres qui ont été et seront, dans le futur, semées par des imbéciles comme Esteva ? Une tombe devant laquelle les gens passeront, sans s'arrêter, en pensant à vous comme un « membre d'équipage », en oubliant que vous avez un nom, une histoire, une personnalit...

- Arrête ! Il suffit, Carlo, on y peut rien ! Continue donc tes tirades morbides, moi, je continuerais le combat, jusqu'à la fin... Abandonner l'honneur ne me gêne pas, il ne m'a jamais intéressé... Mais tant que je serais en vie, je n'abandonnerais pas le Flamboyant, l'escorte, leur équipage... Elle marqua une courte pause. Mon fiancé... Sur ces autres navires, ce sont nos camarades, qui, eux, vont continuer le combat... Je ne les abandonnerais pas...

- Je vois... Alors nous n'avons plus rien à nous dire... son expression triste montrait une froide et fataliste déception.
Au revoir, Grace Bertram... Au revoir, vous deux, fit-il en jetant un regard aux deux premières années, blottis l'un contre l'autre dans leur peur.
De toute façon, il n'y a plus rien à faire. »

En quelques secondes, il sortit d'une poche son arme réglementaire, un vieux pistolet Revolver. Il le pointa sur sa tête, appuyant de toute sa force comme pour renforcer l'impact de la balle. D'une pression sur la gâchette, la munition partit, venant se loger en plein dans le crâne de Carlo. Son cadavre s'écrasa contre le mur quelques secondes plu tard, secoué par le choc d'un nouveau coup des obus ennemis, qui mit tout l'électricité de bord hors-service. La fin, pas celle précipitée et forcée, mais la véritable et l'inéluctable, approchait.

------------

Sur le Flamboyant, bien que le navire ne subisse pas la pluie de feu et d'acier, l'activité et un certain chaos régnait. Le navire naviguait, en parallèle à la bataille, tandis que les équipage entraient dans les tourelles, préparaient les torpilles. Dans la tour de commandement, l'amiral Juhel tentait, du mieux qu'il pouvait, de recevoir les ordres et de diriger le navire. Le reste de la flottile ne semblait pas dans un meilleur état, les petits escorteurs naviguant entre les deux croiseurs dont ils étaient censés accorder une protection. Le temps, magnifique, et l'excellent visibilité, ajoutaient une forte irritation chez certains ; On pouvait voir tout l'affrontement, le combat entier, mais il semblait impossible de prendre part. C'était comme regarder l'exécution d'un ami, d'un parent.

Depuis déjà une demi-heure, Juhel tentait, en vain, d'entrer en communication avec le Pierre Bart, et avec Esteva. Sans ordre, il ne pouvait rien faire, seulement observer le croiseur fonçant vers ses ennemis, les incendies éclatant et gagnant le massif et la tour de commandement, et se rapprochant dangereusement des tourelles, et des munitions. Il avait du mal à croire ce qu'il voyait. Le Pierre Bart poussait droit sur un des navires ennemis, à sa vitesse maximum. Les canons tirant au maximum de leur cadence, qu'ils soient ceux principaux, contenus dans les tourelles, ou secondaires, dans des « casemates » installées dans la coque du navire.

Esteva, bien qu'il ne s'y connaissait que de manière superficielle en tactique, n'était pas fou. Il savait bien qu'en fonçant droit dans une flotte de trois navires aussi puissant que le sien, il coulerait sans aucune échappatoire, et ne pourrait, dans le meilleur cas, qu'emporter un seul de ses adversaires sous les eaux...

Soudain, l'amiral Juhel fut interrompu dans ses observations par un cri venant de la radio. Elle grésillait, le son était irrégulier et des pans entiers de ce que disait l'interlocuteur étaient effacés. Mais le discours en lui-même restait compréhensible.

« Amiral Juhel, ainsi que le reste de la Flotte ! Ceci est un ordre de l'Amiral Esteva ! Tirez toutes vos torpilles sur le navire vers lequel j'avance et repliez-vous sans demander votre reste !

- Grand Amiral, que faites vous dont ? … Esteva, pourquoi ? Pourquoi foncer droit vers...

- C'était la seule solution, Bertram. L'ennemi... sa parole se ralentit, tandis qu'il poussa un soupir semblant montrer une méprise envers lui-même.
L'ennemi nous a repéré avant que nous puissions faire de même, et il a pris une formation encerclant mon navire, qui avançait le premier... Même en virant de bord, il était trop tard, nous n'avons détecté l'ennemi... que quand les premiers obus sont tombés autour du pont de ma coquille de noix... Le Pierre Bart était condamné dès le départ, mais pas le reste, alors... Encore une fois, sa voix se fit plus lente, plus grave et plus triste.
Je suis désolé de vous laissez... Bertram. Une fois que le dernier coup de canon aura retentit, que la dernière balle de carabine aura été tirée et la dernière torpille lancée, vous serez le commandant de cette flotte et je serais l'attraction du cimetière militaire. Bonne chance, Bertram, l'honneur de notre Marine repose maintenant sur vos épaules...

- Grand amiral... Vous êtes dont certain que c'était... la seule solution ?
- Les communications seront coupées dans vingt secondes. Adieu, Bertram, adieu et courage... Mon ami. »

Le signal radio disparu dans l'air. Le reste de la flottille avait entendu le premier message d'Esteva, et ientôt, les premiers « Serpangs »* des contre-torpilleurs et torpilleurs de l'escorte partirent droit vers le navire ennemi du flanc bâbord, qui semblait maintenant si proche du Pierre Bart que les équipages auraient pu s'engager au fusil et à la carabine.

« Vieux pirate... Tu sais très bien que si les torpilles sont bien alignées, tu vas sans doute y passer aussi... Mais si tel est ton choix... »

L'amiral sortit du poste de commandement pour arriver sur la passerelle, et il hurla aux hommes maniant les lance-torpilles, sur le pont :

« Tirez toute la salve déjà chargée sur le navire ennemi à bâbord du Pierre Bart !

- Mais, monsieur, les torpilles risquent de toucher les deux navi...

- On ne discute pas ! »

Bientôt, six torpilles sautèrent du flanc du navire et commencèrent leur course dans l'eau, fonçant à pleine vitesse vers leur cible, qu'elle soit volontaire ou pas. Aussitôt, le Flamboyant et les navire de l'escorte virèrent de bord, la poupe face à la flotte ennemie et au Pierre Bart. Bientôt, tout serait bel et bien terminé.


Dans la section de Reconnaissance Pokémon du Flamboyant, Miguel et Elaïa finirent par repointer. Jack et Louis étaient encore là, et, si certes leur frayeur était passée, ils ne comprenaient toujours pas pourquoi le navire avait brusquement tourné, ni ce qui se passait à la surface.

Pour une fois, ce fut le dresseur de Braisillon qui arriva le premier. Il fut immédiatement questionné par son ami Jack, qui semblait soutenu dans ses interrogations par le jeune Louis.

« Alors, Miguel, qu'est ce qu'il se passe ? Qu'est ce que nous allons faire ?
Et le Pierre Bart ? Ajouta le jeune blondinet
… Nous nous éloignons de la zone de combat, après avoir tiré une salve de torpilles... Le Pierre Bart et son équipage se sont sacrifiés pour sauver le reste de la flotte face à trois croiseurs ennemis... »

Un regard d'effroi empli les yeux de Louis.

«  Il... il a coulé ?
Pas encore, mais ça ne saurait tarder... »

Tandis que le jeune cadet commençait à fondre en larmes, un bruit, calme et réconfortant, mais assez fort pour se faire entendre, perturba le silence de mort qui commençait à s'installer. Sur la machine qui était, il y a quelques secondes, vide, six Pokéballs se tenaient à présent.

«  Gr... Grace, c'est toi ? »

L'immense bruit sourd d'une soute à munitions explosant dans le lointain clôt la scène quelques secondes plus tard.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

*: Les torpilles sont, dans la vraie vie, souvent nommées anguilles.

Une explication rapide du chant.


L'information suivante est susceptible de révéler quelque chose d'important et de gâcher une surprise
En 1756 (1754 pour la France) débute la Guerre de Sept ans, parfois surnommée la vraie première guerre mondiale, opposant d'un côté le Royaume-Uni, la Prusse, le Portugal et leurs alliées Allemands, face au Saint-Empire Romain Germanique, la France, la Russie et divers états alliés.

Le Québec, possession française à la frontière avec le Canada Britannique, devient bientôt un lieu d'affrontement majeur, qui vit plusieurs victoires françaises au début de la guerre. En 1759, deux frégates d'environ 40 canons françaises reçoivent la mission d'aller ravitailler la colonie française. Pour ce faire, la moitié de leur artillerie est enlevée, remplacée par vivres et matériel. Le tout est commandé par Pierre Bart, neveu du célèbre corsaire Jean Bart, qui avait coulé ou capturé nombre de navires ennemis (Un cuirassé sera même nommé à son nom dans les années 1910, et un second dans les années 1930). L'opération était suicidaire, et Pierre Bart le savait, il avait même informé le commandement, mais sans qu'elle ne soit annulé. Il accepta malgré tout de la diriger. Sans surprise, les deux frégates parties de Dunkerque, la Danaé et l'Harmonie, furent engagées par des frégates anglaises, elles complètement armées. La Danaé engagea l'ennemi, laissant l'Harmonie se replia. La frégate seule, surchargée et affaiblie, livra un intense combat face à une frégate Anglaise à plein potentiel, qui sera rejointe par un autre navire de la même classe. Six heures de combat acharnés suivirent. Pierre Bart mourut pendant le combat, les jambes fracassée par l'artillerie ennemie. Son fils, Benjamin Bart, prit le commandement du navire, et fut tué avec son chirurgien, après que sa jambe eut aussi été emportée par un boulet. La majorité de l'équipage était soit mort, soit blessé, et le navire dévasté fut capturé par la Royal Navy. Les honneurs militaires furent rendus à ses deux commandants, et la Danaé fut remise en service, après de longues réparations, en tant qu'HMS Danae.

L'Harmonie parvint à atteindre Ostende, en Flandre (à l'époque possession du Saint-Empire Romain Germanique, allié de la France dans ce conflit). Le combat de la Danaé fut, semble t-il, écrite à son bord avant que le navire ne revienne en France.