La jeune Avia
Quel magnifique spectacle que celui d'une escadre navale quittant un port. Sur les ponts, que ce soient ceux du Pierre Bart, du Flamboyant , ou sur celui des escorteurs, les cadets s'affairent, les « estafettes » de bord transmettent nouvelles au commandant, et ordres aux sections. Le soleil, haut en cette heure proche de midi, baigne ce paysage hyperactif de sa lumière, et sa chaleur qui dérange fort les hommes d'équipages, enfouis sous leur épais uniforme.
Miguel et Jack, après avoir admiré le départ de leur croiseur et du reste de la flotte, entrent enfin dans les entrailles du navire, par une porte située sur le flanc des superstructures.
L'intérieur est serré, animé par les bruits mécaniques de la machinerie, des pas sur le sol de fer, et par les discussions et ordres constamment donnés à l'intérieur. Une épaisse odeur de gazole renforce l'image mécanique de l'intérieur du bâtiment. On se croirait dans un mélange de garage et d'usine.
Les deux compagnons savent où se situe la salle : Tout au fond du navire, sous la ligne de flottaison. Le chemin pour y accéder est long, et tortueux, et nombre de fois, ils doivent s'écraser contre la paroi afin de laisser passer quelqu'un d'autre. Plus ils descendent, plus les couloirs sont petits et serrés. Enfin, après avoir descendu trois étages, et parcourus presque un kilomètre dans un navire de cent quatre-vingt mètres de long, ils arrivèrent à une porte sur laquelle était indiquée : « Locaux du groupe de Reconnaissance Pokémon ». Dans un horrible grincement, Miguel ouvrit la porte et entra à l'intérieur avec Jack, qui referma, provoquant une seconde fois l'horrible bruit aigu.
La salle était exiguë et basse, et il fallait avoir une attention hors-pair pour ne pas heurter un tuyau, un instrument ou même la paroi.
Contre le mur en face de l'entrée, se tenait une machine de soin et de téléportation à Pokéballs, qui ressemble curieusement à une d'un centre Pokémon local. En l'observant de plus près, Miguel pu lire l'inscription : « Centre Pokémon de Nénucrique », qui le fit ricaner un peu.
Jack, de son côté, examinait avec la plus grande attention la machine. Contrairement à celle originelle, aucun écran n'était posé sur le mur ; les branchements auraient étés trop complexes, sans doute. Tout avait été repeint du « gris artillerie », même teinte que celle qui couvrait les parois internes du navire. Un coffre métallique, portant toujours la même teinte, était posé à côté de la machine. Jack, empli de curiosité, l'ouvrit, et tomba sur un bazar digne des pires marchés aux poissons de Poivressel. Dans le même coffre étaient mélangés matériel de soin, pokéballs, cartes, une radio, et même des rations pour Pokémons. Plus ou moins tout ce qu'il faut pour maintenir une force d'attaque via Pokémon opérationnelle, voir l'agrandir, se dit Jack, peu confiant à l'idée de n'employer que six Pokémons feu, de la même espèce de surcroît.
Sur la droite, une porte énigmatique se tenait. Que pouvait-il bien y avoir derrière ? Jack, trop occupé à analyser le contenu du coffre, n'y prêtait que peu attention, mais Miguel, lui, entendit quelques paroles passer à travers la paroi métallique.
« Il y a quelque chose, derrière, quelque chose de vivant ! S'écria t-il.
- Allons, Miguel, tu es sûr ? Je n'ai aucune idée de ce que cette porte fait-là, mais ce ne doit être qu'une réserve...
- Attends, je vais vérifier. »
Miguel s'approcha, et d'un coup, ouvrit la porte en grand, évitant ainsi un long grincement de plusieurs secondes.
Il fut surpris par ce qui se trouvait derrière : On aurait dit un dortoir, avec deux lits superposés... Et deux cadets, occupés à lire ce qui semblait être un manuel !
Miguel, surpris, vociféra aussitôt :
« Mais... Mais qu'est ce que vous faites là ?
- Nous... nous avons été assignés à la section de Reconnaissance Pokémon, monsieur. Répondit le premier des deux intrus, une jeune demoiselle aux cheveux noirs et au teint pâle.
- Vous ne seriez pas Miguel Barcelo et Jack Ruyter ? On nous a dit que vous étiez nos deux camarades de section, le tout sous le commandement de Miguel, poursuivi l'autre cadet, un petit blond aux grandes lunettes rondes
- Nous... On ne nous a rien dit... répondit l'intéressé, avant d'être surpris par un coup de coude de son ami Jack, qui lui glissa à l'oreille :
- Si nous voulons assez de moyens pour construire une véritable force et faire nos preuves, quatre bras de plus ne seront pas de trop.
- Qu'est ce que vous chuchotez, tout les deux ? Interpella la brune, fixant Miguel de ses yeux rouges perçants.
- Rien, rien ! Jack me disait juste que c'était un plaisir d'avoir du soutien dans notre tâche ! »
Le sourire gêné de Miguel ne semblait pas tromper le regard inquisiteur de sa subordonnée. Dérangé par la personnalité froide, semblant presque mauvaise, de la jeune fille, Miguel tenta de détourner la conversation.
« Comment vous appelez-vous, tout les deux ?
- Louis Juan, monsieur ! Répondit le cadet, tout en se mettant au garde à vous, tremblant comme une feuille.
- Elaïa Avia... dit, péniblement, la cadette, visiblement irritée par son supérieur.
- Bien, Louis et Elaïa... Vous permettez que nous nous appelions par nos prénoms ? Ce sera plus rapide »
Louis eut immédiatement un hochement de tête enthousiaste, tandis qu'Elaïa accepta, à contre-coeur à en voir son visage fermé et irrité.
Jack continua « l'interrogatoire » des deux autres cadets. Ils semblaient plus jeunes que Miguel et lui-même : Alors qu'eux-deux avaient dix-neuf ans, les deux cadets en faisaient seize, dix-sept tout au plus.
« Vous êtes des première année ?
- Oui, Jack, je suis première année, et Elaïa aussi, répondit Louis, ne semblant guère se préoccuper de la réponde d'Elaïa. Après-tout, étant donné son comportement, qui sait si elle aurait daigné répondre..
.
- Vous êtes bien jeunes, tout de même. Il serait risqué de vous envoyer au combat si tôt, vous risqueri...
- Je veux combattre. Que Louis reste à faire de l'entretien si ça lui chante, mais moi, je ne suis pas venue là pour ça.
- C'est bien courageux, tout ça, mais as-tu des Pokémons, au moins ? Répliqua Miguel, surpris par l'attitude cavalière de la jeune cadette.
- Oui, j'en ai un, répondit-elle, avant de tendre le bras. Vif comme un éclair, un Hélédelle, apparu de nul part, vint s'y poser, bien assez rapide pour provoquer la stupeur chez les trois autres marins, mais assez délicatement pour ne pas blesser sa fragile maîtresse.
-Où... où était-il ? C... c'est pas possible ! On est ici depuis une heure, et je ne l'ai même pas vu ! Bafouilla Louis, pris de stupeur, et même de tremblements, à la vue de la furtivité de l'Hélédelle.
- Mustang était en haut d'un des lits superposés. Je lui ai fait signe de ne pas se faire remarquer, il ne s'est pas fait remarquer.
- Il est drôlement obéissant, ce sera excellent au combat ! Poursuivi Miguel, cette fois avec un grand sourire aux lèvres.
- Mustang ne combattra pas. Je m'y oppose formellement. Répondit Elaïa, d'un ton accusateur, tandis que sa main se posait sur le cou de son Pokémon, et le caressait, lentement et paisiblement.
- C'est une blague ? Tu te rends compte à quel point un Pokémon aussi bien traité pourrait être utile ? Miguel était, cette fois, empli de colère, et fit monter le ton considérablement.
- Jamais je ne laisserais Mustang courir des risques aussi grands. Je combattrais avec certains de vos Pokémons, ou j'en capturerais en chemin, ce n'est pas un problème. Mais jamais je ne laisserais Mustang courir des risques aussi important. Tout en disant ces paroles, elle prit son Hélédelle entre ses bras, comme pour le protéger, et désigna du doigt six Pokéballs, accrochés à la ceinture de Miguel, sous son uniforme, mais dont la forme se distinguait facilement.On m'avait dit que tu avais six Pokémons, et qu'ils étaient liés à toi par une relation admirable. Pourquoi ils ne pourraient pas combattre, eux ? »
Miguel était empli de fureur, mais il lui restait assez de jugement pour comprendre qu'il ne fallait mieux ne pas s'opposer à sa « subordonnée », car sa volonté semblait excéder toutes celles des autres membres d'équipages. Il laissa donc Elaïa, et se tourna vers Louis, pour lui demander si, lui aussi, il avait un Pokémon. Mais avant d'avoir pu dire quoi que ce soit, un grondement sourd vint interrompre l'habituel concert de la mécanique et des voix, qui régnait dans les entrailles du navire.
« Qu'est ce que c'était, ça ? »
Avant d'avoir pu obtenir une réponse, il vit Elaïa, bientôt suivie de Jack s'élancer à travers la porte, vers le surface du navire. Il prit immédiatement leur suite, tout en faisant bien attention à disposer de ses Pokéballs, laissant Louis, apeuré par un tel grondement, seul.
En chemin, il eut à peine le temps de voir Elaïa, se glissant entre tuyaux, parois et membre d'équipages grâce à sa petite taille, avant qu'elle ne les distance définitivement, lui et Jack. Au bout de quelques minutes de course à travers les organes du Flamboyant, ils atteignirent la surface, pour voir une bonne partie de l'équipage massée sur le pont, applaudissant. En haut, sur l'estrade accolée au pont de commandement, l'amiral Juhel contemplait le côté bâbord du navire. De ce côté, se tenaient plusieurs rochers, abritant des casemates Kantoennes, non armées, dédiées à informer les bunkers d'artillerie situés plus loin. Soudain, le grondement, bien plus fort, recommença : les tourelles venaient de tirer. Quelques secondes plus tard, un des rochers fut parsemé par des explosions, démolissant l'ouvrage situé dessus. Un tonner d'applaudissement, de la part des membres d'équipage situées sur le pont, suivi.
Le Pierre Bart tirait aussi à tout canon, son artillerie, plus puissante, détruisant non seulement les petites fortifications, mais également tout le rocher où elles étaient posées.
Le manège se poursuivit quelques minutes, les deux croiseurs détruisant un à uns les petits forts. Mais, alors que tout l'équipage criait sa joie de voir ces avants-postes ennemis, situés juste en face de Poivressel, détruits, Miguel regardait, intrigué, l'océan.
Il n'y avait aucun survivant nageant, aucune tâche de sang, rien qui ne pouvait laisser sous-entendre qu'il y avait la moindre chose de vivante dans les casemates de béton. De plus, alors que, depuis plusieurs minutes, les deux navires tiraient, aucun coup des batteries ennemies n'avait été effectué. L'amiral, depuis la tour de commandement, semblait, lui aussi, intrigué.
Une fois l'ensemble des avants-postes démolis à grand coup d'artillerie, les deux navires se remirent en marche, et la grande majorité de l'équipage revint à ses postes. Mais pas Miguel. Si les croiseurs s'approchaient des batteries ennemies, il est probable qu'elles tirent, mais elles ne l'ont pas fait... de là à déduire qu'elles ne sont pas occupées, il n'y a qu'un pas.
A la surprise de Jack et Elaïa, eux aussi restés sur place après la fin du tir, Miguel se mit à gravir l'échelle qui menait vers le poste de commandement. L'amiral Jacques Juhel, resté à l'extérieur afin de scruter l'horizon, n'accueilli pas d'un mauvais œil l'arrivée de son subordonné, se doutant déjà de sa requête.
« Amiral, étant donné l'inactivité des batteries ennemies, Il me semble raisonnable d'effectueur une reconnaissance afin d'en savoir plus. Notre service est disponible, si vous le souhaitez.
- Vous avez prédit la requête que j'allais vous faire, Miguel. En effet, il faut effectuer une reconnaissance sur la zone, mais il faut encore que je demande la confirmation à monsieur Esteva. Attendez-moi une petite minute, répondit l'amiral en entrant dans le poste de commandement.
Il en sortir quelques secondes plus tard
- Vous avez l'autorisation d'Esteva, Miguel.
- Bien, monsieur, je vais tout de suite lancer un Braisillon afin qu'i...
- Ce ne sera pas nécessaire. Suivez-moi. »
L'Amiral descendit l'échelle, suivi par Miguel, et conduit son subordonné à l'arrière du navire. Il s'y tenait un hydravion, sur une plage dédiée à l'accueillir et le récupérer. C'était un monoplace, qui aurait été racé et élégant si des flotteurs ne cassaient pas ses lignes. L'appareil était entoilé, mais semblait avoir souffert de usage du temps : La toile était, par endroit percée. Malgré tout, étant donné les pauvres moyens de la Marine d'Hoenn, l'appareil avait fier allure.
« Mon amiral, veuillez excuser mon toupet, mais je ne sais pas piloter...
- Ne vous inquiétez pas, Miguel, la petite Avia sait... »
Un regard surpris se figea à la tête de Miguel, tandis qu'il se tournait vers son Amiral.
« Monsieur, je ne veux pas avoir l'air de vous contredire, mais... Elaïa est caractérielle et insolente. Je doute que ce soit assez prudent de la laisser...
- Je comprends vos sentiments, Miguel, mais ne vous inquiétez pas. Le plus fou des agitateurs devient un homme sage et posé quand on lui donne une responsabilité importante.
- Bien, mon Amiral...
- Une dernière chose... Prêtez-lui un de vos Braisillon, s'il vous plaît. C'est lui qui ira observer de près les batteries, l'hydravion ne fera que l'y conduire.
- B.. Bien, monsieur... Miguel ne parvenait pas à cacher son manque de confiance envers Elaïa, et il n'aurait, en temps normal, jamais accepté de lui prêter un de ses chers Braisillon... Mais c'était nécessaire pour accomplir la mission... Sa mission, puisque c'est lui qui l'avait proposée. Il ne pouvait pas revenir en arrière.
-Je comprends très bien vos appréhensions, Miguel, mais ne vous inquiétez pas. La jeune Avia à une expérience incroyable avec les oiseaux, je suppose que vous l'avez vu avec son Hélédelle. Elle a aussi un amour inconditionnel pour eux. Elle ne ferait aucun mal à un de ces Pokémons, même celui de son pire ennemi... »
Miguel et l'amiral furent interrompues dans leur discussion par l'arrivée de Jack et d'Elaïa à l'arrière du pont.
La première opération du Groupe de Reconnaissance Pokémon allait débuter.