La vérité n'est pas toujours bonne.
Chapitre 13 : La vérité n'est pas toujours bonne à entendre.
« Quoi ? Elle est partie avec lui ? »
Chen cligna des yeux, ne comprenant pas tout de suite l'offuscation de Jun, puis il se mit à rire. Le garçon troussa encore plus son nez.
« Quoi ?
- Ne serais- tu pas jaloux, Jun Ketchum ?
- Hein ? Quoi, moi ? Non ! »
Chen rit de plus belle. Jun protesta :
« C'est pas ça, mais je connais Satine depuis plus longtemps que lui et il… il…
- Ne t'inquiètes pas Jun ! »
Ils entrèrent dans la chambre. Régis était près de la fenêtre. Il se tourna vers eux, il vit la mine renfrognée de Jun et l'air jovial de son grand père.
« Qu'est-ce qu'il y a ?
- On a un amoureux inavoué jaloux !
- Je ne suis… Rha, laissez tomber… »
Jun sortit de la pièce en maugréant. Le sourire de Chen s'effaça un peu, il plissa les yeux et posa son regard sur Régis.
« Heu, grand père pour tout à l'heure… »
Sam lui fit un signe de main.
« Ne t'inquiètes pas, il y a des choses plus importantes et plus graves.
- De quoi tu veux parler ?
- Jun. Il change. Je ne sais pas si c'est à cause de Satine ou alors par rapport au fait, qu'il grandisse et qu'il se rende compte de la situation. »
Chen releva la tête, il venait de réaliser quelque chose. Il demanda à Régis :
« Sais-tu s'il a prévenu sa soeur ? »
Régis secoua la tête.
« Je ne sais pas, il faudrait demander ça, à Ondine. »
Un gémissement se fit entendre. Savanah était en train de se réveiller. Régis s'approcha du lit.
« Papa ?
- Je suis là. »
Il posa une main apaisante sur son front.
« Maman ? Je veux voir maman… »
Régis serra les dents, il se doutait qu'à un moment ou un autre, elle allait demander des nouvelles de sa mère. Malheureusement, il ne pouvait pas répondre à ses attentes. Sa mère n'était plus de ce monde. Le grand père avait vu le malaise de Régis, il décida de prendre la relève.
« Régis, vas téléphoner à Ondine. Je m'occupe d'elle. »
Il leva les yeux vers son grand père. Il acquiesça.
« Grand père ! »
Sam sourit à la jeune fille, qui se releva dans son lit.
« Oui, grand père est là. Je m'en vais pendant un petit moment. Papa va téléphoner, il revient après. »
Il lui déposa un baiser sur le front. Il sortit. Le grand père vint s'asseoir près de la petite.
« Papa est malade ?
- Pourquoi dis-tu ça ?
- Il est tout blanc. »
Il sourit à la petite.
« C'est juste que ton papa est très fatigué et très soucieux en ce moment.
- C'est à cause de moi ? Parce que je suis malade ?
- Non, ne t'inquiètes pas.
- Grand père ? Dis-moi, s'il te plait dis le moi… Maman, elle est où ? »
Sam avait oublié, que même à 6 ans, Savanah restait très perspicace. Elle voyait les choses que même des adultes n'arrivaient pas à voir. Elle a toujours été une petite fille très intelligente.
Il passa une main dans ses cheveux. Que devait-il dire ? Comment devait-il agir ? Savanah le savait, elle sentait que quelque chose n'allait pas… Etait-il enclin à lui dire la nouvelle ? Il ne devait pas la laisser dans l'ignorance. De plus, il savait qu'il ne fallait pas compter sur Régis pour ça. Toute cette histoire ravivait les douleurs du passé de chacun… Et il sentait, que de nouveaux évènements allaient poindre à l'horizon. Chen passa une main sur la joue de son arrière petite fille, dans un geste tendre et qui se voulait paternel.
« Ma grande, depuis un moment, ton père a changé. Je… Je vais te dire pour ta maman. Elle… Elle… »
La jeune fille le regardait avec des grands yeux interrogateurs et naïfs. Allait-il réussir à aller jusqu'au bout ?
« Je pense que je peux te le dire franchement et sans tourner autour du pot. Tu es une fille très intelligente, je pense que tu comprendras plus facilement que ta sœur. Ta maman est… morte. »
Savanah cligna des yeux plusieurs fois. Chen se demanda si elle avait bien compris. Régis entra alors dans la chambre et regarda son grand père fixement. Il avait été trop rapide, Chen se douta qu'il n'était pas encore aller téléphoner. Savanah tourna son regard vers lui.
« Quel jour on est ? »
Régis fixait son grand père. Sam demanda :
« Savanah, tu sais ce…
- N'essaye pas de changer de sujet ! »
La réaction de Savanah fut si violente que Régis et Sam reculèrent.
« Savanah, calme toi !
- Je suis calme ! Je ne suis pas idiote surtout ! Mes cheveux n'étaient pas aussi longs… Mes doigts n'étaient pas aussi fins ! Et mon corps, il n'est pas pareil… Il est plus grand mais plus fragile à la foi. Je ne me trompe pas… Non ? Je n'étais pas comme ça, hein ? »
Sam s'approcha du lit et essaya de prendre la petite dans ses bras. Elle le repoussa.
« Calme toi, Savanah ! Régis ? Appelle une infirmière ! »
Régis était complètement pétrifié. Savanah continuait à se débattre et à pleurer.
« JE VEUX SAVOIR !
- Tu n'es pas différente… Tu es toujours Savanah !
- CE N'EST PAS CE QUE JE DEMANDE ! JE VEUX SAVOIR LA DATE D'AUJOURD'HUI ! »
Régis regardait la situation d'un air absent. Le bruit alerta une infirmière. Elle entra dans la chambre.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? »
Elle vit la petite en pleine crise d'angoisse. Elle s'approcha du lit.
« On doit la calmer.
- NON ! VOUS ÊTES MECHANT, VOUS NE REPONDEZ PAS A MA QUESTION !
- Ma petite je t'en prie calme toi ! »
Sam essayait de la calmer comme il pouvait.
« Savanah. Tu es restée dans le coma pendant deux ans. »
C'était Régis. Elle arrêta de pleurer et regarda son père.
« Ta mère est morte, il y a 8 ans. Tu as maintenant 14 ans. Tu ne te souviens pas de tout, c'est parce que tu es en partie amnésique. Tu as été enlevée par un homme qui s'appelait Yung…
- Régis arrête ! »
C'était Sam, la petite se tourna vers son grand père :
« C'est vrai ? »
Il resta muet, ne pouvant renier ce que son petit fils disait, mais ne pouvant non plus approuver. Régis continua :
« - Ta mère est morte après ta disparition… Elle est morte de chagrin… de chagrin de t'avoir perdu.
- Monsieur, vous devriez arrêter. Elle risque de ne pas… »
Régis regarda l'infirmière. Il continua.
« Yung a essayé de t'endoctriner et il a fait des expériences sur ta mémoire… »
Sam se leva et attrapa Régis par le col et le plaqua violemment contre un mur, mais ce ne le fit pas arrêter pour autant. Savanah avait le regard dans le vide.
« - TAIS TOI ! ARRÊTE !
- … Cet homme a été retrouvé mort, il y a deux jours, on suppose… »
Chen le gifla pour qu'il se taise. Pendant ce temps, l'infirmière appuyait frénétiquement sur un bouton d'urgence pour appeler de l'aide.
« … On suppose que quelqu'un de plus puissant est derrière tout ça et ça pourrait être ton parrain Sacha ! »
La respiration de Savanah était devenue saccadée. Elle commença à tourner de l'œil et elle tomba dans les pommes. Chen lâcha Régis. Il attrapa sa petite fille, alors qu'elle tombait sur le côté.
« SAVANAH ! SAVANAH ! »
Elle avait le teint pâle et elle était brûlante. Bientôt, appelés par l'infirmière de garde, le docteur Iron et deux autres infirmières arrivèrent.
« Qu'est ce qu'il se passe ? »
L'infirmière de garde, qui avait assisté à la scène répondit :
« Choc psychologique. »
Pendant que le médecin s'occupait de la fille. Chen se tourna de nouveau vers Régis pour l'attraper de nouveau par le col.
« QU'EST-CE QUI T'AS PRIT ? TU ES DEVENU MALADE ? TU VEUX QU'ELLE REPLONGE C'EST CA ? »
Régis releva la tête, il avait toujours le regard brumeux et lui répondit :
« Tu vois moi aussi, je sais le faire. Mais je ne le fais pas dans ton dos ! »
Chen, surpris, lâcha Régis. Il avait donc écouté la conversation entre lui et Savanah. Il le gifla de nouveau… Une fois, deux fois, trois fois. Si bien que ses lunettes volèrent par terre.
« Tu n'es qu'un imbécile, Régis ! »
C'est alors qu'il tomba d'un coup, raide. Surpris, Chen le rattrapa tant bien que mal.
« REGIS ! »
Le docteur se retourna et vit la nouvelle situation.
« Mettez-la sous perfusion, et allez chercher un second médecin. »
Il se baissa et examina les pupilles de Régis.
« Deuxième choc émotionnel. Mais que s'est-il passé dans cette pièce bon sang ? »