Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Et le soleil devint ténèbres. de Clafoutis



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 15/03/2016 à 15:45
» Dernière mise à jour le 15/03/2016 à 15:45

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 21 : … au paradis ?
 
 Le dîner dansant de Sraosha se déroulait divinement bien ; les rires hypocritement innocents des demoiselles se mélangeaient aux plaisanterie faussement intelligentes des damoiseaux, et le tout sur une douce musique classique. Le centre de la salle du bal, qui était le théâtre de multiples et magnifiques danses terriblement intéressées, resplendissait de mille feux sous un impérial et titanesque lustre de cristal.

Pourtant, il y avait un lieu qui résistait encore et toujours à la noblesse et les bienséance, un lieu infâme où deux êtres ignobles faisaient la loi...

— Lâche ce beignet ! hurla Jenna.
— Naooon ! cria Sevan. Je l'ai vu en premier !!
— Ah tu la joues comme ça, hein ?!

D'un geste rapide, l'ancienne religieuse craqua ses poings et se jeta ni plus ni moins sur le fameux beignet que Sevan allait engloutir.

— E-Espèce de folle ! geignit Sevan en tentant de repousser son assaillante.
— Donne. Moi. Ce. Bei. Gnet ! articula exagérément Jenna la fureur dans les yeux.
— Jamais ! C'est le tout dernier saveur crabe qu'il reste ! Et j'ai compté, tu en déjà mangé 145 et moi seulement 144 ! Il me revient de droit !

« Sevan recule  ! » cria mentalement Darkrai.

Sevan s'exécuta, évitant un de justesse un terrible coup de poing de la rousse en furie.

« Merci Mister Dark ! »
« Humpf, de rien. J'ai honte de participer à vos gamineries mais moi-même je dois avouer que ces beignets sont ridiculeusement bons... attention, elle charge ! »


Il s'en suivit donc un long pugilat d'une rare violence qui dissuada chacun de s'approcher du banquet. Un peu plus loin, Darius serrait les dents, faisait tout pour que personne ne sût qu'il connaissait ces deux énergumènes.

— Quelle honte..., soupira-il.
— Haha, ils savent se donner en spectacle, n'est-ce pas ?
— … !

Surpris, l'inspecteur se retourna vers sans doute la dernière personne qu'il aurait pu imaginer.

— Vous me parlez maintenant, monsieur Alas Wynes ? N'avez vous pas passé ces derniers jours à me fuir ?
— Vous fuir, moi ? s'étonna faussement Wynes. Loin de moi cette idée ! Après tout ne sommes-nous pas alliés ?
— … alliés ? souleva un Darius méfiant.

Wynes sourit affablement.

— Mais oui, même si nos camps et méthodes sont opposés, nous recherchons et combattons intrinsèquement la même chose. D'ailleurs, je vous conseille d'ouvrir l’œil cette soirée, il risquerait de se passer quelque chose de très intéressant...
— Que voulez-vous...

Avant même que Darius ne put finir sa phrase, Alas Wynes le gratifia d'un grand sourire franc avant de rejoindre un autre groupe de professeurs.

Là, c'était clair. S'il ne restait qu'une seule particule de doute dans la tête d'inspecteur, elle venait de tout bonnement imploser. Ce Alas Wynes avait un lien avec l'affaire, point. Restait à savoir lequel. En même temps, Darius n'avait pas détecter une véritable malice dans ces propos, et cela le perturbait.

Soit les sens de l'inspecteur étaient complètement rouillé, ou soit Wynes était véritablement sincère.

Et puisque la première proposition ne pouvait évidement pas être la bonne, Darius surchauffait d'incompréhension.


***

Jonas Knel était quelque peu las de ses soirées dansantes ; il avait beau chercher, il n'en voyait pas l'intérêt. C'était toujours le même schéma chaque semaines, les fils ou filles des familles les moins puissantes cherchaient à séduire les filles ou fils des familles les plus puissantes. Un jeu hypocrite dont personne n'était véritablement gagnant.

Peut-être était-il trop idéaliste pour son monde, mais Jonas était un véritable romantique. Bien sûr, il était fier de son nom ; sa famille extrêmement riche lui avait permis de s'offrir un luxe dont même les rois en seraient jaloux. Cependant, lorsque d'autres se pavanaient dans la luxure, s'en vantait à tue-tête, en devenait esclave, Jonas était différent.

Il voyait dans ce luxe non pas une prérogative à exposer aux yeux des autres, mais une véritable chance dont il avait le devoir d'exploiter pour grandir en tant qu'humain. Et c'est dans cette philosophie que Jonas s'était épanoui dans le monde, cherchant sans cesse à comprendre ceux qui lui étaient différents. A ne pas être dans le jugement, mais dans la compréhension.

Et c'était cette compréhension qui lui permettait d'affirmer que ces soirées dansantes n'étaient que des mascarades.

Lui, il rêvait de vrais, de voyages, de connaissances, et d'amour véritable. Et non pas d'hypocrisies, d'enfermements et de censures. Malheureusement, c'était ces trois concepts que Sraosha se définissait. Jonas n'avait pas vraiment eut le choix de son école, comme tous les fils de personnalités richissimes, il avait été envoyé à Sraosha dès qu'il en avait l'âge.

C'est la voie de l'excellence, après tout. Un école d'élite où l'on apprend aux jeunes héritiers à être digne de leur nom et surtout à bien comprendre qu'ils étaient infiniment supérieurs aux habitants du « bas-monde ».

Jonas abhorrait cette idée, mais il jouait le jeu. Il avait vite comprit que ne pas aller dans le sens du courant, ici, était très mal vue. L'adolescent n'avait qu'une hâte, rapidement terminer ses études et partir dans un grand voyage, à la découverte du monde. Et en attendant...

— M-Monsieur Knel, bafouilla une petite voix féminine. P-Pourriez-vous m'adresser cette danse ?

Jonas soupira mentalement et se retourna vers une demoiselle de son âge somme toute assez mignonne. Enfin pour être plus précis, c'étaient bien plus son maquillage et ses habits qui étaient mignons, son visage en lui-même était d'une banalité affligeante.

Jonas ne savait même plus combien de fois une scène de ce genre s'était déroulée. Il savait aussi ce qui attirait ces demoiselles. Ce n'était certainement pas sa livide chevelure brune mal coiffée, et encore moins son air patibulaire. Non, c'était bien plus son nom, et les gigantesques multinationales que possédaient ses parents.

Autre chose que détestait Jonas; ici, il n'y avait plus d'individu, il n'y avait que des bonnes affaires potentiels. Pour preuve, chaque étudiant ici était listé selon sa fortune et chacun pouvait avoir accès à cette liste, histoire de faciliter la recherche de gros poissons.

En résumé, cette fille n'aimait que son compte en banque et non pas l'individu qu'il représentait.

— Vous êtes laide, cracha t-il, retourner brouter dans les immondices qui vous caractérisent.

Et Jonas s'éloigna fermement, sans un regard pour la pauvre adolescente pétrifiée d'horreur.
Certes, ce qu'il avait dit n'était pas très gentil, mais c'était pour son bien. Et puis, Jonas espérait secrètement qu'en étant le plus abject possible avec toutes ces courtisanes, elles finiraient par se décourager. Fol espoir.

Décidément, cette soirée se promettait d'être on ne pouvait plus ennuyeuse. Normalement, Jonas se placerait très stratégiquement dans un coin du buffet et grignoterait périodiquement des petits fours. Sauf qu'aujourd'hui, le buffet était... occupé par d'étranges personnages sans doute peu recommandables.

Jonas reconnaissait vaguement l'adulte à la chevelure ébène, il l'avait déjà vu déambuler sans but dans les couloirs, sans doute un professeur. C'était assez étrange de voir deux professeurs se battre violemment, comme des animaux, pour de la nourriture. Un spectacle totalement nouveau dans ce cadre de rigidité et de bienséance qu'était Sraosha. Jonas devait reconnaître que cela en était presque rafraîchissant.

Mais ce n'était pas pour autant qu'il irait engager la conversation avec ces deux énergumènes ; il régnait autour d'eux une aura si agressive que personne de censé oserait intervenir.

Donc, le buffet était inaccessible, et rester proche du centre de la piste de danse attirerait les prétendantes comme des mouches. Génial. Comment pouvait-il se tirer de ce mauvais pas ?

Une seule idée venait à la tête de Jonas : être en mouvement. S'il restait immobile, il serait une proie facile. Mais s'il bougeait sans cesse, ces filles auraient beaucoup plus de mal à le rattraper. Il était vrai que quelque fois, une intrépide demoiselle tentait d'aller à sa rencontre, mais Jonas la voyait venir de loin et accélérait sans pitié dans l'espoir de la semer.

Il avait l'air un peu idiot à marcher – et parfois courir – autour de la salle du bal en continu, mais au moins, c'était efficace. Généralement, la prétendante abandonnait après trois tour de la grande salle.

Cependant, alors par pur hasard, Jonas lança un regard aléatoire, il se figea.

Son esprit devint soudain plus blanc que neige, ses fonctions les plus élémentaires semblèrent même en rester pétrifiés. La musique, le bruit, les couleurs, les autres l'univers, plus rien n'existait. Il n'y avait plus que lui ; lui et cette fille.

Dans ce monde de néant où il se trouvait, la longue chevelure d'or de cette merveilleuse créature scintillait autant que mille étoiles, une lumière divine qui l'aveuglait douloureusement, mais qui l'attirait tant qu'il ne pouvait en détourner les yeux. Une cascade dorée et mystique, s'écoulant si librement et si divinement sur le dos de la belle qu'elle semblait être l'origine de toutes choses.

Lorsque enfin, Jonas parvint à détourner les yeux de cette vision mortellement charmeuse, ce fut pour recevoir un second coup dans son cœur. Le visage albâtre de la nymphe, si pur, rayonnait d'une telle aura naturelle de gentillesse que Jonas sentit soudain le terrible poids de ses pêchés. Il s'en voulait de regarder cette déesse d'un autre monde, lui, pauvre humain pécheur. Il la déshonorait de sa seule présence, du simple fait de respirer le même air qu'elle.

Mais pourtant, son désir était trop fort, il ne pouvait cesser de la fixer de ses yeux d'homme. Qu'importe qu'il soit maudit et qu'il rôtisse en enfer, les quelques secondes d'extases que la vue de cette incarnation de la magnificence lui accordait valait bien une éternité de martyrs.


***

Depuis le début de la soirée, Armeline Hinnster pavanait allègrement avec ces amies. Et en tant que fille la plus riche de l'école en dépit de ces dix ans, la rousse en avait beaucoup, d'amies. Ces dernières étaient néanmoins surprise de voir Alice à ces côtés. Elles avaient après tous passé tous ces derniers jours martyriser ma blondinette !

Cependant, elles ne brimaient Alice que parce que Armeline le faisait. Mais étrangement, la fille Hinnster semblait ne plus s'occuper de la petite blonde, par conséquent, son troupeau – ou amies – ne s'en occupait plus non plus. Toujours imiter la tête de file, c'était la clef pour réussir dans l'univers « noble ».

Quant à Alice, elle n'était pas là par plaisir, mais bien pour surveiller Armeline. Cette dernière avait quand même été séquestrée pendant plusieurs semaines dans sa propre chambre ! Remarque, elle avait l'air d'avoir plus ou moins bien traité malgré tout, vu comment elle rayonnait actuellement de vantardises.

Pour être tout à fait honnête, en arrivant à ce bal, qui réunissait les deux écoles, Alice avait bien voulu se précipiter vers Sevan, son seul et unique véritable allié dans ce monde. Cependant, la blonde avait vite constaté que son allié avait eu la même idée... pour le buffet.

Elle avait eu beaucoup de mal à le croire, lui qui était toujours à ces côtés, qui avait promis de veiller sur elle, l'avait complètement oublié au profit d'un simple buffet ! Alice pensait sincèrement qu'après tant de jours séparés, Sevan aurait sauter sur l'occasion pour venir la voir et la réconforter, mais non. Déçue, la blondinette avait donc décidé de se concentrer uniquement sur Armeline.

— Ohoh ! gloussa justement la petite rousse. Vous avez vu comment il me regarde ?
— Il n' y d'yeux que pour vous ! lança joyeusement une membre de son troupeau.
— C'est naturel, vous êtes la plus ravissante d'entre toutes ! renchérit une autre.
— Arceus lui-même resterait béat devant vous !

« Ridicule... », pensa Alice. Combien d'éloges ces filles sans personnalités avaient déjà vomi au cours de cette soirée ? Plus d'un millier, assurément. Le pire, c'était qu'elles répétaient en boucle quasiment la même chose, comme si elles n'étaient que des machines pour flatter l’ego surdimensionné d'Armeline.

— Il vient vers moi ! s'exclama soudainement la rousse. Vite, que quelqu'un me dise de qui il s'agit !

Comme un seul être, toutes les autres gamines l'accompagnant, sorties la fameuse liste sur laquelle étaient imprimées la photo et la fortune de chaque élève de l'école.

— J'ai trouvé ! cria l'une d'entre elles. C'est.... oh ! Par Arceus ! Il s'agit du N°2, Jonas Knel !
— K-Knel ?!

Armeline déglutit. C'était un nom à ne pas prendre à la légère. Les immenses multinationales des Knel étaient bien connu dans le milieu de la haute, et pour cause : leur richesse était un pilier économique dans quasiment toutes les régions du monde. Peu importe l'endroit où l'on voyagerait, les Knel étaient omniprésents.

Armeline se souvint avoir plusieurs fois tenté de l'approcher par le passé, sans succès. Certes, il avait 17 ans et elle 10, mais la noblesse ne connaissait pas les âges, uniquement les intérêts.

Cette fois, le vent tournait enfin en sa faveur ! Si elle parvenait à mettre le grappin sur la fortune des Knel, son nom restera graver à jamais dans l'histoire de la haute, elle sera celle qui aura fait passer les Hinnster dans un nouvel échelon de richesse !

… ou pas. Alors qu'elle passait plus ou moins élégamment ses doigts dans sa chevelure écarlate, un petit sourire vainqueur aux coins des lèvres, Jonas Knel – symbole de pouvoir, de richesse et d'avenir – passa simplement devant elle, l'ignorant complètement.

— … hein ?

Armeline en resta coite, cherchant l'explication logique dans sa tête. Normalement, Jonas aurait dû s'arrêter devant elle, et lui avouer son émerveillement. Sauf que ce rêve ne s'était pas réalisé. Dans son incompréhension, Armeline se retourna vivement, dans l'espoir de voir Jonas faire demi-tour. Qui sait, peut-être qu'il avait simplement oublié de s'arrêter ?

Non, ce n'était pas ça. Jonas était derrière elle, figé, devant une Alice on ne pouvait plus surprise. Armeline n'en pouvait pas être sûr, mais elle crut voir des larmes coulant sur les joues de l'adolescent. Et puis, brusquement, le riche héritier s'agenouilla solennellement.

— Ô belle et mystérieuse créature dont l'image ne peut s'arracher de mon regard, ayez pitié de moi, pauvre humain d'ici-bas ! Faites-moi l'honneur, je vous en conjure, de dévoiler à moi pauvre pécheur, votre nom que je devine si pur !
— …

A ce moment précis, si Alice avait une pancarte géante avec un gros « PARDON ?! » inscrit dessus, elle le brandirait sans hésiter. Par tous les diables, qui était donc ce type venu de nulle part ?! Et c'était quoi cet manière de parler venu d'un autre temps et qui n'avait aucun sens ?!

— … euh..., lâcha finalement et intelligemment la blondinette.
— Non ensorceleuse ! la stoppa dramatiquement Jonas. Pas un mot ! Pas un murmure ! Je ne sais si mon cœur pourrait supporter la torture de votre voix, Ô, combien charmeuse !
— …

Légèrement paniquée, Alice fureta à droite et à gauche, à la recherche d'une aide providentielle. Or, ce n'était certainement pas Armeline et son troupeau qui feraient quoi que ce soit, tant elles étaient ébahies – voire sur le point de s'évanouir pour certaines...


***

Soudain, Sevan s'immobilisa.

— Haha, je l'ai !

Profitant de ce moment de faiblesse inespérée, Jenna se jeta habilement sur le fameux beignet saveur crevette – et provocateur de guerre gustative depuis 1456 – et l'enfourna goulûment dans sa bouche.

« NAON ! cria mentalement Darkrai. Sevan ! Qu'est-ce qu'il te prends encore ?! Un peu plus et on aurait pu l'avoir ! »
« Darkrai, je ressens quelque chose..., répliqua gravement ce dernier.
« Quoi ? »
«  My Lolicon sense is tingling ! »
« …quoi bis ? »


— Oh non ! s'exclama terriblement Sevan. Mon Lolicon Sense m'indique qu'Alice est en danger !

Sans attendre une seconde de plus, Sevan fusa à toute vitesse à travers la salle du bal, à la recherche de sa précieuse blondinette. L'idiot qu'il avait été ! Au lieu de se précipiter vers le buffet, il aurait dû aller la voir avant tout ! Comment avait-il pu commettre une erreur aussi grossière ?!

« Il fallait dire que ces beignets étaient vraiment irrésistibles..., tempéra Darkrai »

Sevan hocha vigoureusement du crâne. Ces fichues beignets l'avaient détourné du sens premier de sa vie, à savoir, Alice. D'un autre côté, si même le prince des ténèbres – la roi de la malice – avouaient que ces beignets étaient irrésistibles, cela signifiait ce que cela signifiait...

Mais à présent, Sevan avait pleinement retrouvé ses sens ! Il ne lui fallut que très peu de temps avant trouver la blondinette, parmi un groupe de fillettes. Le cœur de Sevan se serra lorsqu'il vit l'expression désemparée d'Alice et surtout lorsqu'il remarqua le drôle de type accroupit devant elle. D'un seul geste, Sevan bondit magistralement, atterrissant juste devant sa protégée.

— Arrière, gredin ! menaça t-il furieusement.
— S-Sevan ? s'étonna Alice.
— Ne t'en fait pas ! assura ce dernier. Je suis là pour te protéger désormais !

Jonas Knel se releva, surprit. Il n'avait certainement pas imaginer que quelqu'un viendrait interrompre sa déclaration enflammée.

— Et vous êtes ? plissa le brun des yeux.
— Je suis le chevalier de la nuit ! s'exclama Sevan avant de prendre une pose guerrière. Déguerpis, ou au nom de la lune, je vais te punir !

« Et voilà, soupira mentalement Darkrai, typiquement le genre de moment où je regrette tellement de l'avoir connu... »

Jonas était dans le flou total. Il reconnaissait légèrement l’hurluberlu qui était précédemment occupé à dévaliser le buffet, mais de là à savoir pourquoi est-ce que ce type s'interposait entre lui et sa dulcinée...
Cependant, lorsque Jonas vit Alice se cacher derrière ce « chevalier de la nuit », s'agrippant à sa taille, le riche héritier fut frapper par un éclair.

Ah, il comprenait maintenant. Cet individu était son ultime obstacle, l'ultime épreuve que Arceus avait placé sur sa route avant qu'il ne pût accéder à la félicité !

— Je vois, souffla Jonas avec un petit sourire déterminé. Naïf que j'ai été de croire que la route de l'Amour serait sans embûche. Et bien soit. Qui que tu sois, tu es désormais mon ennemi juré ! Je me retire pour l'instant, mais ne te réjouis pas trop vite, car bientôt, l'ange d'or sera à moi !

Sur ce, Jonas tourna le dos à l'assemblée, médusée, et se retira en poussant de petits ricanements.

— Drôle de type, plissa Sevan des yeux avant de reporter son intention sur Alice. Mais plus important, il t'a fait du mal ?!
— N-Non, bafouilla la blondinette.

Sevan soupira longuement de soulagement.

— Tant mieux ! Tu n'as rien à craindre maintenant, je suis là avec toi ! Si jamais un autre gugusse bizarre t'approche, il aura affaire à moi !

Alice lui rendit un sourire sincère, elle se sentait en sécurité avec Sevan à ses côtés. Bien plus que quand elle était seule à Osha, à subir des brimades en permanence. Elle en avait même oublié tous son ressentiment précédent, lorsque Sevan avait préféré se précipiter sur le buffet plutôt que d'aller la voir.

Cependant, elle n'eut pas le temps de célébrer plus longtemps ses retrouvailles.

Brusquement, les lustres de cristal s'éteignirent, tous, sauf un. La dernière source de lumière éclairait majestueusement un homme, au second étage, dont le regard fier et perçant surplombait tous les invités du bal. Oregon Redspear, le proviseur tant estimé.

Tous se mirent à l'applaudirent. Seul Darius, Alice et Sevan restèrent inertes, à se demander ce qu'il se passait. Jenna, elle, continuait à manger comme si de rien n'était.

Oregon Redspear, leva alors une main, royal :

— Mes très chers amis ! Je vous souhaite la bienvenue dans mon humble demeure pour fêter comme il se doit la soirée dansante hebdomadaire de Sraosha !

Les applaudissement déjà tonitruants doublèrent d'intensité. Jonas Knel pesta. Pourquoi tant de vigueur dans un simple applaudissement ? Tout cela parce que personne ne voulait s'attirer les foudres de Redspear.

— Cependant, les calma le proviseur. Ce soir n'est pas un soir comme un autre. Oui mes amis, ce soir sera le dernier. Le dernier soir avant la fin et l'avènement de Sraosha !

Cette fois, plus d'applaudissement, mais une foule d’interrogations. Des murmures interloqués envahirent la salle.

— Du calme mes amis ! reprit Redspear. Avant d'aller plus loin, je souhaite vous rappeler l'objectif principal de cette école : magnifier l'élite. Car oui, vous êtes tous l'élite de notre nation, non, du monde entier ! Vous possédez le véritable pouvoir, le pouvoir qui fait tourner le monde, l'Argent ! Sans vous, ce serait tout notre système qui s'écroulerait pitoyablement. Vous êtes nos piliers !

Oregon Redspear s'arrêta un moment, baissant légèrement sa tête rigide.

— Cependant, je ne peux que constater que plus le temps passe, et plus l'élite se dégrade. Les mœurs impurs du bas-monde vous corrompent fatalement. Je fais de mon mieux pour vous en préserver ici, dans cet Eden qu'est Sraosha, mais une fois que vous quittez cette école, je ne peux plus vous protéger. J'y ai longtemps réfléchis. Que puis-je faire pour que vous restiez éternellement aussi purs que le cristal ? Si seulement je pouvais toujours rester à vos côtés, pour vous montrer le droit chemin !

Soudain, Redspear leva ses deux bras au ciel, conquérant.

— Mais alors que je sombrais dans la dépression, Arceus m'a répondu ! Oui, vous avez bien entendu ! Dieu lui-même s'est ému de ma cause ! Il m'a alors donné la solution. Le problème voyez-vous, c'est que vous êtes bien trop influençables, vous êtes faussés par votre propre libre-arbitre. C'est pourquoi, ce libre-arbitre, ce concept néfaste qui n'est destiné qu'à vous faire plonger dans la débauche, je vais vous en libérer !

Subitement, le dernier lustre, la dernière lumière, trépassa.

La panique commençait sérieusement à se répandre en bas, dans la salle du bal. Et encore ce n'était rien. Lorsque soudain, le sol se mit à s'ouvrir et à disparaître, ce fut un cri de terreur unique qui éclata.