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The End of the World de Marshan Utopium



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» Auteur : Marshan Utopium - Voir le profil
» Créé le 10/02/2016 à 23:10
» Dernière mise à jour le 29/01/2017 à 11:28

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Chapitre 5 : Un mystérieux rêve
Il faisait noir, le silence était complet. Je n'avais jamais vu de pièce aussi sombre. Enfin, si je me trouvais dans une pièce, parce que je ne savais même pas où j'étais. Je ne savais pas non plus comment j'étais arrivée ici. Je m'étais réveillée ici avec les idées brouillées. Je n'avais plus la Pokéball de Flash, je n'avais tout simplement plus de sac. L'absence de mon Pokémon me perturba, j'avais vraiment l'impression d'être abandonnée. Ma solitude était renforcée par la disparition d'Annabelle. J'étais bel et bien seule dans un endroit que je ne connaissais pas. Les Axoloto avaient disparus, ainsi que l'herbe fraîche sur laquelle je dormais. Tout était trempé d'un noir d'encre. Je me sentais très mal, j'étais complètement perdue. Je ne comprenait pas ce qu'il m'arrivait. Soudain, quelque chose rompit le silence, la tension augmenta d'un cran. Des bruits de pas -sûrement ceux d'une personne assez légère- se rapprochaient. Mes muscles se tendirent, mes sens étaient en alerte. J'avais l'impression que l'obscurité de l'endroit s'était intensifiée. Les pas se rapprochaient rapidement derrière moi. Paralysée, je ne me retournai pas. Les pas s'arrêtèrent et je sentis un souffle chaud et calme dans mon cou. Prenant mon courage à deux mains, je me retournai vivement pour comprendre, ne serait-ce qu'un peu, ce qui se passait. Un garçon à l'apparence banale se trouvait à quelques centimètres de mon visage. Je retins ma respiration. Il avait des cheveux en bataille de couleur châtain, ses yeux étaient d'un noisette profond, ils me fixaient avec attention. Son visage était fin et assez pâle. Il portait un t-shirt bleu et une veste de sport grise et rouge avec un jean noir. Il avait les mains dans les poches. Soudain, il brisa le nouveau silence qui s'était installé.

- Qui es-tu ?

Sa voix se faisait grave. Il avait l'air d'avoir à peu près mon âge. Essayant de ne pas paniquer, je répondis à sa question calmement.

- Je… Je m'appelle Margaux. Et toi ?

Il hésita un peu avant de me répondre.

- Louis.

- Tu sais où on est ? avisai-je.

- Bien sûr ! dit-il avec un grand sourire craquant. C'est moi qui t'ai amenée ici.

Devant mon incompréhension, il m'expliqua :

- Je suis étonné de rencontrer quelqu'un après tant de tentatives échouées… Mais la "connexion", si je peux appeler ça comme ça, ne tiendra pas longtemps. Ozinor nous maintient en contact mental, mais son pouvoir est limité. Dis-moi juste juste juste juste…

Je reculais d'un pas. Ce jeune homme, Louis, s'était mis à… beuguer. Comme un ordinateur ou un jeu vidéo. Son image se brouillait. Il tentait de me dire quelque chose.

- Ecou-cou-cou-coute-m… Va… Yan… Yan… Treizh-treizh…

Puis il disparu. Tout redevint noir et silencieux. Je mis un certain temps à retrouver mon souffle et mon calme. Je m'embrouillai de plus en plus, la situation qui venait de se dérouler ne semblait pas réelle. Soudainement, je me mis à tomber dans le vide. Comme tout était noir, je ne voyais pas que le décor bougeait, mais je sentais bien que mes pieds ne touchaient plus le sol -si il y en avait un-. J'aurai voulu crier, mais aucun son ne sortait de ma bouche. Puis je me réveillai d'un coup, me relevant de l'herbe maintenant gelée. Mes yeux étaient grands ouverts. Devant moi, une étendue de boue avec quelques Axoloto çà et là ; à côté, Annabelle, qui dormait paisiblement. Le fait d'être revenue à l'endroit où je mettais endormie me rassura, mais je ne pus dormir du reste de la nuit. Je ne savais même pas quelle heure il était, j'avais déjà perdu la notion du temps. Mon cerveau se mit à réfléchir à la vitesse de l'éclair, mais il n'obtenait aucune réponse. Etait-ce vraiment un rêve ? C'était tellement réel… Qui était ce Louis ? Comment m'avait-il "contactée" ? Tout cela me perturbait grandement. Pendant que je réfléchissais, le soleil se levait peu à peu. Je n'y prêtai pas attention. Je n'avais jamais trouvé les levers ou couchers de soleil attirants, ou même tout simplement joli. C'était juste un amas de couleurs pastels ou fluos qui brûlaient les yeux. De plus, dans pas mal de films, j'avais vu que les amoureux se tenaient la main devant ce genre de choses, que c'était très romantique. Et je n'aimais pas le romantisme. On pouvait même dire que je détestais ça. Je n'avais jamais vraiment connu l'amour et je n'y tenais pas. Soudain, je vis Annabelle bouger.

- T'es déjà réveillée ? me demanda-t-elle avec un grand sourire et un air endormi plaqués sur le visage.

Je ne pus lui répondre, j'étais encore trop chamboulée par mon "rêve" et les immondes couleurs du soleil. Je n'étais pas faite pour dormir dehors. Même si l'herbe était, je dois l'avouer, assez confortable, cela ne valait pas un vrai lit. Enfin. Annabelle se leva et me tendit sa main pour que je fasse de même. Je me mis debout à mon tour et observai les environs, qui n'avaient pas changés depuis cette nuit : de la boue à perte de vue. Le petit Axoloto d'hier s'approchait de nous, à croire qu'il nous observait et qu'il attendait que l'on se réveille. Une fois arrivé à la petite butte où nous avons dormi, il grimpa et planta son regard dans le miens. Je vis une fois de plus de petites étoiles dans ses yeux.

- Bien dormi ? nous demanda-t-il d'une petite voix.

Annabelle acquiesça pour nous deux. La boue de cette nuit avait séchée sur nos pieds et nos jambes et se craquelait à présent. Je savais qu'il fallait remettre ça, au moins pour aller sur une autre colline sortant de l'amas verdâtre qui s'étendait à perte de vue. Et cela ne m'emballait pas du tout. Mais bon, quitte à faire quelque chose que je n'aimais pas, autant le faire tout de suite. Je remis les pieds dans la boue, suivie de peu par Annabelle. Tinky, alias Axoloto, nous amena dans ce qu'il appelait leur "cantine". Enfin, c'était juste une autre butte avec des Baies Jouca en son centre. Annabelle et moi en mangeâmes deux chacune, puis nous fixâmes Tinky, qui nous regardait manger. Annabelle rompit le silence :

- On ne va pas s'attarder ici. dit-elle. Mais on ne sait pas où aller et ces marécages sont immenses…

Après un court instant de silence, ce fut à mon tour de prendre la parole.

- Je crois que l'on va continuer vers Yantreizh, c'est ce qui me paraît logique.

Heureusement pour moi, Annabelle acquiesça. Il me semblait bien que c'était ce nom ce ville que j'avais entendu dans mon rêve, et nous ne savions pas vraiment vers où nous diriger. J'étais soulagée de l'accord d'Annabelle, car je n'avais vraiment pas envie d'expliquer pourquoi je voulais aller dans cette ville. Elle m'aurait prise pour une folle schizophrène. Nous attendions à présent la réponse du Axoloto.

- Pas de problème, je peux vous guider à travers les marécages, ils ne sont pas aussi immenses qu'ils en ont l'air, on devrait en avoir pour un peu moins de trois heures.

L'optique de marcher encore pendant trois heures dans une boue humide et collante ne m'emballait guère, mais nous n'avions pas le choix. Annabelle et moi prîmes nos sacs à dos respectifs, déjà prêtes à affronter l'immonde matière verdâtre qui allait se coller sur nos jambes et nos pieds. Tinky passa devant en premier et s'enfonça dans la boue. Il se retourna vers nous et nous incita à prendre quelques Baies Jouca dans nos sacs, car la nourriture commencerait à manquer dans moins d'une heure. Nous ne nous fîmes pas prier. Une fois nos sacs un peu plus lourds qu'à leur habitude, nous nous enfonçâmes à notre tour dans les marécages. Mes courbatures revinrent à la charge dès que mon pied toucha la boue. Notre longue marche promettait.


Cela faisait maintenant plus d'une heure et demie que nous marchions, et rien ne s'était encore produit. C'était évidement une bonne nouvelle ; aucun Pokémon mesurant plus de deux mètres ne nous avait sauté dessus et personne n'était tombé dans la boue. Nous étions épuisées mais continuions d'avancer. Il faisait assez chaud et le soleil nous tapait sur la figure, ce qui ne nous arrangeait pas. Nos jambes avaient de plus en plus de mal à braver les marécages, mais Tinky, qui avait l'habitude, nous encourageait et nous poussait quand il fallait. Nous avions déjà fait une pause d'environ un quart d'heure, et nous n'allions pas tarder à recommencer. Nous trouvâmes une petite butte semblable à celle où nous avions dormi et nous déposâmes nos sacs, qui nous paraissaient peser une tonne. Annabelle et Tinky se partagèrent une Baie Jouca pendant que je réfléchissais. L'absence de Pokémon dans les environs me troublait. Depuis le départ de notre voyage, j'avais rencontré des Pokémon différents en une période assez courte, et là, plus rien. Seulement un petit Axoloto qui nous guidait. D'ailleurs, je trouvai ça bizarre qu'il nous ai spontanément proposé son aide. Jusque là, à part Flash, je m'était faite attaquée par un Brutapode, des Fermite et un Griknot, et je peux vous dire qu'aucun d'eux ne nous a proposé d'aide. Seul Tinky avait été gentil avec nous. Je ne comprenais pas, ce Pokémon avait-il quelque chose derrière la tête ? En tous cas, nous devions le suivre car, pour l'instant, nous n'avions pas d'autres options. Nous reprîmes notre route après cette courte pause et marchâmes encore une bonne demie-heure. Soudain, quelque chose attira mon attention. Nous nous trouvions dans la boue, entourés par de grands buissons touffus et des arbres cachant un peu plus le soleil que tout à l'heure. Le calme était complet, ce qui créait une certain tension. De plus, les marécages étaient devenus plus profonds, la boue me montait presque jusqu'aux hanches, et arrivait au niveau du ventre d'Annabelle. Tout était beaucoup trop calme, je n'étais pas à l'aise. Je regardai Tinky et lui chuchotai :

- Dis, quels Pokémon, à part des Axoloto, vivent ici ?

- Il y a des Barloche, quelques Tritosor inoffensifs, beaucoup de Limonde et des Batracné, assez agressifs je dois dire.

Je tapais chacun des noms qu'ils me disait dans mon Pokédex. Soudain, je me raidis en même temps que le Axoloto. Annabelle nous regarda, ne comprenant cet arrêt soudain de la marche. Dans le Pokédex, je lisais distinctement « Batracné est un Pokémon agressif qui n'hésitera pas à vous attaquer. Il est difficile à repérer mais facile à dresser. Quand il fait vibrer la bosse sur sa tête, il provoque des ondulations dans l'eau, mais aussi des tremblements de terre. Il immobilise ses proies avec sa langue longue et gluante ». Comme pour confirmer mes peurs, je sentis une chose froide et fluide passer entre mes jambes. Un frisson de dégoût me parcouru.

- Courez ! nous cria Tinky.

Sauf que l'on ne pouvait pas, nous étions coincées dans la matière verte et gluante qui s'étendait à perte de vue. Tinky plongea dans la boue et je sentis à nouveau quelque chose glisser autour de moi. Vu le cri qu'Annabelle venait de pousser, je compris qu'elle aussi venait de sentir quelque chose. Nous n'étions pas seuls ici, c'était une certitude. Nous ne bougions pas, ne sachant quoi faire. Soudain, je vis Annabelle se faire happer dans l'immonde marécage. Je ne pus retenir un cri de stupeur et avançai du plus vite possible vers l'endroit où elle se tenait il y avait à peine trois secondes, mais je n'étais pas folle, elle n'était plus là. Je la vis ressortir, couverte de boue, quatre mètres plus loin. J'avançai le plus vite possible pour aller la rejoindre, mais quelque chose agrippa ma jambe et me tira dans la boue. J'entendis Annabelle crier. J'ai tout de suite pensé à envoyer Flash, mais je n'arrivai pas à atteindre sa Pokéball, puis il n'aurait pas pu faire grand-chose dans cette bouillasse. Je regardai ma cheville : une espèce d'énorme grenouille bleue avec une pustule démesurée sur la tête essayait de m'emmener au fond. Je me débattis, en vain. Soudain, je vis Tinky foncer à une vitesse hallucinante vers le Pokémon et lui assener un coup de boule extraordinaire. Le Batracné qui me tenait lâcha prise d'un coup, et Tinky m'aida à remonter à la surface. Ce fut moins une, car l'oxygène me manquait. Je pris une grande inspiration et frottai rapidement mes yeux pour éviter que la boue n'y rentre plus qu'elle ne l'avait déjà fait. Mes yeux me brûlaient, mais je n'eus pas le temps d'y penser. Je courrai aux côtés d'Annabelle pour échapper à cet enfer. J'entendais un sacré tumulte derrière nous, Tinky était sûrement en train de se battre contre nos assaillants. Une petite colline sortait des marécages juste devant nous. Je l'atteignis le plus vite possible et sans réfléchir, envoyai Flash. Le petit Pokémon Combat en sortit et comprit tout de suite ce qu'il se passait. Je criai :

- Flash, fais quelque chose ! Je sais pas, attaque, fais n'importe quoi, mais envoie-moi valdinguer ces Batracné !

C'est à ce moment précis que je me rendis compte du dévouement et de la puissante de mon Riolu. Je le vis mettre ses paumes l'une en face de l'autre ; une espèce de boule d'énergie de couleur marron orangé apparut. Elle grossi un peu, et Flash la lança droit devant lui. L'attaque toucha l'un des Batracné en pleine face. L'onde provoquée par le choc fut si puissante qu'elle envoya les trois autre Batracné voler une quinzaine de mètres plus loin. Je ne les vis pas ressortir de la boue. Tinky avait été propulsé vers nous. Je partis le chercher dans la boue ; il était inconscient. Je remontai sur la butte et m'allongeai aux côtés d'Annabelle. Flash s'assit à côté de moi, il ne disait mot. Il n'avait rien dit, n'avait opposé aucune résistance et avait exécuté mon ordre sans la moindre insistance. Je trouvai ça incroyable. Je le regardai, les yeux embués de larmes.

- Merci…

Il me répondit par un grand sourire. Je regardai Annabelle : elle avait les yeux fermés et des larmes coulaient le long de ces joues. Je crois que nous n'avions jamais eu aussi peur de notre vie. Je reposai ma tête sur le sol. Tinky, qui était lui aussi à côté de moi, n'avait pas l'air blessé. Je soufflai ; il fallait attendre qu'il se réveille…