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Et le soleil devint ténèbres. de Clafoutis



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» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 04/02/2016 à 21:19
» Dernière mise à jour le 15/03/2016 à 15:41

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Chapitre 20 : Ce soir, nous irons dîner...
 
 Pour l'instant, Alice décida d'attendre le temps qu'Armeline se fasse toute belle. Bien qu'elle ne comprenait toujours pas ce besoin pressant de se sublimer alors que l'on venait de passer plus d'une semaine dans un placard ; les sombres histoires de priorités. Soudain, un terrible cri résonna dans la salle de bain. N'écoutant que son courage, Alice courut vers elle, s'imaginant le pire.

– I-Impossible !

Armeline était là, habillée d'un charmant de petit ensemble rose. En revanche, son expression était loin d'être charmante, elle. Une teinte de terreur apocalyptique était ancrée dans son visage, bouche-bée, c'était à peine si elle arrivait à aligner deux mots.

– V-Vous ! hurla t-elle en direction de la blondinette après avoir canaliser son souffle. Q-Quel jour somme-nous ?! E-Et... quelle heure ?!
– Euh..., hésita Alice, nous sommes Samedi, dans l'après-midi...

La rousse soupira légèrement de soulagement, bien qu'elle restait encore très tendue.

– Pffiou..., i-il est encore temps... j'ai eu peur de manquer l'occasion... mais non ! Je dois me préparer plus que ça alors !!

Brusquement, Armeline s'activa à la puissance mille, parcourant chaque recoin de la salle de bain, dès fois, elle fonçait dans sa chambre et fouillait désespérément sa garde-robe, essayait diverses tenues, avant de revenir se maquiller, de se démaquiller dans un cri d'exaspération, de revenir mettre le fouillis dans sa garde-robe, se ré-remaquiller ; et ce cirque continua pendant une bonne dizaine de minutes devant une Alice perplexe. La petite rousse allait si vite qu'elle soulevait des nuages de poussières à chacun de ses passages éclairs.

– Q-Qu'est-ce qu'il se passe ? osa enfin Alice.

Armeline se stoppa net dans un effet sonore presque comique. Elle n'en croyant pas ses oreilles et dévisageait la blondinette d'un air désabusé.

– Vous vous fichez de moi ? Samedi ! Nous sommes Samedi ! Le dîner dansant hebdomadaire, ça vous dit quelque chose ? Gnniiih ! Mais où ai-je mis mon blush ?!

Non, Alice pouvait l'affirmer, ça ne lui disait rien. Peut-être était-ce une autre tradition de l'école ? Elle devait avouer qu'elle avait complètement ignoré les documents informatifs que lui avait fournit Christopher Stone sur l'établissement, ça ne l'intéressait pas vraiment. Le fil se dessina rapidement, Armeline était en train de se préparer pour ce fameux dîner dansant.

– Euh..., tenta une Alice hésitante. Mais... tu ne veux plus voir le proviseur ? … et celui qui t'as enfermé dans un placard ?
– Pour la millième fois, pesta Armeline sans pour autant cesser de chercher son précieux blush, ne me tutoyez pas ! Et pour vous répondre, au diable ce criminel et ce proviseur ! La soirée est mille fois plus importante ! Déjà que j'en ai manqué une et peut-être deux, je ne peux me permettre de louper celle là !

Alice essaya de comprendre comment un simple dîner dansant pouvait être « mille fois plus important » qu'une séquestration et usurpation d'identité, sans succès.

– … et pourquoi ? se risqua t-elle en s'attirant les foudres démentielles d'Armeline.
– Pourquoi ? POURQUOI ?! Mais tu sors d'où toi ?! C'est la seule occasion que l'on a de rencontrer les garçons de Srao ! Je dois absolument assurer que ma grande famille s'allie à une autre du même acabit, il en va de l'avenir des Hinnster ! l'empire financier représentant à lui seul 30% de la fortune de Parádeisos !

Alice était – encore – un peu perdu, ne comprenant pas grand chose à ce que sa camarade rousse babillait. Par contre, ce qu'elle avait compris, c'était que la Armeline n'était pas très claire dans sa tête. Elle avait l'air d'avoir complètement oublié qu'elle s'était faite séquestrer !

Une demi-heure plus tard, Armeline se laissa tomber sur une chaise, épuisée. Franchement, si elle devait donner son avis, Alice la préférait comme elle était avant, avec son ensemble rose. Là, c'était trop.

Elle portait une grande robe noire en soie très féminine – trop même –, de longs gants satins recouvrant son avant-bras, un collier de fines pierre scintillantes, sans oublier bien sûr ses pommettes bien trop rosées et ses lèvres bien trop rougies. Cela aurait pu aller, sauf que voilà, Armeline était une gamine de dix ans, ce qui donnait au tout un aspect terriblement faux.

Alice n'était même plus sûre de ce qu'elle devrait dire dans ce genre de situation. Visiblement, l'épisode de la séquestration était vraiment passé au oubliette au profit d'une séance de mode. Vive la logique. Ce « dîner dansant » était si cruciale que ça ?

– Mais qu'est-ce que vous faîtes encore là vous ?! pesta Armeline. Sortez d'ici, ce n'est pas votre chambre !

Sympa. Surtout en sachant que sans elle, hé bien la Armeline, elle serait toujours à croupir dans un placard. Or, que faire, que dire ? Cette Armeline ressemblait comme deux gouttes d'eau à l'autre ; ce même caractère de privilégiés qui n'écoutaient que leur propre voix.

Cependant, il restait encore des « pourquoi » dans cette histoire. Pourquoi capturer Armeline et la mettre dans un placard ? Pourquoi se faire passer pour elle ? Alice avait beau chercher, elle n'arrivait pas à comprendre. En tout cas, cette fois, il faudrait vraiment qu'elle aille chercher Jenna. Il était temps qu'une adulte s'occupe de cette affaire.


 ***

Lorsque Alice arriva de nulle part dans ses appartements lui raconter l'histoire rocambolesque de Armeline Hinnster, sa prétendue séquestration et de la personne se faisant passer pour elle, Jenna crut que la petite blondinette avait bu. Par conséquent, elle fut tout d'abord jalouse, puisque ça faisait longtemps que l'ex-religieuse n'avait pas bu un bon verre alcoolisé ; c'était injuste que Alice ait le droit de se remplir le gosier et pas elle !

Surtout que c'était elle l'adulte, c'était elle qui devait être saoul H24 ! Par Arceus, elle en rêvait même le soir, d'un petit verre de vin bien rosé qui venait délicatement se poser dans sa main, et puis, de cette sensation de chaleureuse fraîcheur si particulière qui l'envahissait une fois le précieux nectar divin s'écoulant dans sa gorge !

Puis, Jenna se rappela que l'alcool était introuvable dans cette école, donc que Alice ne pouvait être saoul, et que aussi, elle-même était peut-être légèrement dépendante.

– … tu es vraiment sûre de ce que tu dis ? grinça Jenna.

Alice hocha rapidement la tête, plusieurs fois. Jenna pesta. Et zut, il fallait donc se mettre au boulot ? Elle aurait bien contacté Sevan et Darius en espérant qu'ils fassent tout à sa place, mais Jenna se souvint qu'il était impossible de les contacter justement. Julia lui avait interdit tout appareil électronique et de communication. Soit disant que les « ondes » émies par ces appareils étaient néfastes pour les étudiants, et de plus, ces objets impures étaient tous strictement interdit ici.

Elle était bien sympa la Julia, mais comment voulait t-elle qu'ils travaillaient si on leur imposait autant de contraintes stupides ? C'était à se demander si elle voulait qu'on le retrouve cet Alan Surt !

Jenna soupira de plus belle. Cela tombait vraiment super mal. Quand Alice avait surgi, elle était en train de se préparer pour le fameux dîner dansant de ce soir. Et qui disait dîner, disait forcément nourriture. Et qui disait Sraosha, disait forcément démesure. Et donc, qui disait dîner dansant organisé par Sraosha disait forcément paradis. Ce n'était pas qu'elle manquait de mets de choix ici – c'était même l'inverse – mais c'était une question d'ambiance. La même chose avait un goût bien différent si l'on la mangeait dans sa chambre ou dans une soirée de gala !

Or, si elle devait s'occuper d'Armeline, Jenna devrait faire une croix sur ses préparations. Et si ça se trouve, son enquête l'empêcherait même d'assister à la soirée ! Chose impensable, elle se devait de se remplir la panse ce soir, elle en avait fait un objectif de vie.

Soudain, Jenna s'illumina. A ce fameux dîner dansant, il y aurait les garçons de Srao, mais aussi le personnel enseignant ! Ce qui lui donnait une excuse de choix...

– Écoute gamine, souffla t-elle. On ne fait rien pour l'instant. Ce soir, on retrouvera le flic et l'autre rigolo, on en profitera pour les mettre en courant de l'affaire. Vaut mieux être le plus nombreux !

Alice plissa les yeux, incrédule. Mais elle finit néanmoins par acquiescer. Elle même ne pouvait rien faire de plus dans l'heure actuelle, mis à part garder un œil sur Armeline.

– Bon, siffla Jenna. Si t'as rien d'autre à dire dégage maintenant. Ce n'est pas que tu gênes, mais ce n'est pas loin !

La blondinette, une nouvelle fois désabusée, partit sans demander son reste, avec la forte impression d'avoir déjà vécu cette scène il n'y a pas si longtemps...


 ***

Plus les choses allaient, et plus Alice – bien qu'appartenant à ce genre – se demandait s'il n'y avait pas un problème avec la gente féminine. Concrètement que ce soit Armeline ou Jenna, l'on pouvait retrouver les mêmes tares génétiques qui les rendaient tout à fait insupportable. Il faudrait qu'elle fasse attention à ne pas devenir comme elle à l'avenir.

Pourtant, la situation était grave. Une enfant s'était faite séquestrée et quelqu'un avait pris sa place ! Et non, tout le monde restait obsédé par le dîner dansant de ce soir. Alice finit par se demander si ce n'était pas elle la personne étrange, à force.

Pendant que la petite blondinette ruminait gentiment dans les longs couloirs vides, elle reçut soudain choc. Visiblement, une autre enfant qui passait par là à pas de course ne l'avait pas vu et l'avait percutée de plein fouet. Rien de bien intéressant. Ou si.

L'enfant en question était Armeline. Sauf que Alice venait justement de quitter la vraie Armeline, qui devait certainement en avoir pour des heures à se préparer dans sa chambre. De plus, la Armeline qui venait de lui tomber dessus était habillé de façon plutôt classique, habituel. Rien à voir avec la robe d'adulte que la véritable Armeline s'évertuait de porter.

– Ah...

Les deux enfants croisèrent leur regard. Il se passa comme un déclic. Soudain, la « deuxième » Armeline comprit qu'Alice savait, et Alice comprit qu'elle savait aussi qu'elle savait. S'en suivit donc une jolie fuite de la part de l'usurpatrice.

Alice accéléra naturellement, poussée dans son instinct. Elle n'était pas spécialement versée dans l'art policier, mais rien que de voir un suspect s'enfuir faisait monter son adrénaline. Et elle devait se l'avouer, ce n'était pas si déplaisant.

Les grandes coursives de Osha étaient désertes à cette heure si, encore plus que d'habitude. Sans doute que tout le monde était encore occupé à se pomponner pour ce soir. Ce qui rendait les choses beaucoup plus simples pour Alice, car s'il y avait du monde, la « fausse » Armeline aurait sans doute pu s'en servir contre elle de diverses façons, toutes pas très loyales.

Heureusement, Alice n'avait pas se soucier de ce détail à présent. Elle n'avait même pas à se soucier d'être discrète. Elle pouvait même utiliser ses pouvoirs de Corrompus. Sauf qu'elle hésitait encore. Ses portails dimensionnels peuvent-être très pratique, mais ils sont la marque de son pêché. Alice n'était pas fier de ce pouvoir – et surtout de la manière dont elle l'avait acquis – et rechignait toujours à s'en servir.

Néanmoins, Alice avait quelque peu sous-estimé son adversaire. Cette fois-ci, elle en était sûr : cette fille qui la fuyait n'était pas Armeline. Jamais cette noble enfant ne pourrait tenir un rythme de course aussi effrénée.
En quelques secondes à peine, la fuyarde l'avait déjà bien distancé et Alice se rendit rapidement compte qu'elle ne pourrait jamais la rattraper avec ses petites jambes.

A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Alice s'arrêta brusquement, fit une analyse détaillée des lieux et retint ça respiration. Aussitôt, son corps plongea dans le sol. Dans la seconde qui suivit, elle émergea dans un cercle obscure à quelques mètres en face de la fausse Armeline.

– … wooh ! s'étonna cette dernière. Qu'est-ce qu'il vient de se passer ?!
– Qui es-tu ? tenta Alice de se faire menaçante – sans grand succès néanmoins.

La fausse Armeline soupira. Elle ne s'était pas trompée, Alice était bien au courant de tout. Comment, elle ne le savait pas, mais il était clair que la blondinette savait qu'elle n'était pas la véritable Armeline Hinnster. A quoi bon continuer de jouer la comédie alors ?

– Comment l'as tu deviné ? demanda l'imposteur.
– J'ai trouvé et libéré la vraie Armeline dans sa chambre !
– Ah, je vois, elle est donc libre à présent... merci de me l'apprendre.

Alice se mordit la langue. Elle n'était vraiment pas douée, elle qui voulait des réponses, c'était finalement elle-même qui en donnait à sa cible !

– Pourquoi as-tu fais ça ? continua la blondinette sans se laisser démonter. Qui es-tu vraiment ? Pourquoi lui ressembles-tu autant ?
– … que de questions, sourit son interlocutrice. C'est bien pour les enfants d'être curieux ! Cependant, je suis assez pressée, on remettra ça à la prochaine, hein ?

Brusquement, l'usurpatrice fonça droit devant. Le corps d'Alice se tendit. Qui qu'elle était, cette usurpatrice courrait terriblement vite, même deux fois plus que précédemment ! Pendant une seconde, la fausse Armeline passa juste à côté d'Alice, cette dernière, dans un instinct éclair, eut la présence d'esprit d'attraper le bras droit de l'usurpatrice. Elle réussit. C'était ce qu'elle cru. Normalement, Alice aurait du saisir le bras sa cible, sauf que sa main passa complètement à travers le fameux bras. Comme si ce dernier n'existait pas.

La blondinette en resta hébétée, se demandant vraiment ce qu'il s'était passé pendant que la fausse Armeline disparut dans les couloirs.


 ***

S'il y a une chose que Darius ne n'aimait pas, c'était bien de perdre du temps. Et là, il était comblé. Une soirée dansante, sérieusement ? Normalement, il aurait poliment décliné, jusqu'à ce qu'on lui apprenne gentiment qu'il serait fort dommageable qu'un professeur soit absent pour l'occasion. Psst ! Comme s'il avait le temps de faire mumuse dans une soirée insipide qui n'avait d'autres buts que de faire copuler des minettes et beaux gosses richissimes !

Darius avait fait ses recherches sur l'école – il fallait bien que quelqu'un le fasse dans l'équipe – ; et l'un des but principaux de Sraosha était de former une élite toujours plus riche et puissante. Pour atteindre ce but, divers moyens avait été employés.

Comme par exemple, l'isolement extrême des élèves depuis l'enfance. On enfermait les progénitures des titans les plus puissants de Parádeisos ici, sans contact avec le monde extérieur, et on leur rabâchait tout le temps à quel point ils étaient nobles, forts et beaux, qu'ils étaient différent de la plèbe miséreuses du sous-monde. Pas étonnant qu'ils avaient tous fini pas être arrogants au possible.

De même, il serait malheureux que cette future élite se mélangeait au petit monde. C'était pourquoi les dîners dansants étaient organisés. Pour que les garçons et les filles se rencontrent et tissent des liens entre-eux ; une belle manière de forger des couples.

C'était l'une des raisons de pour lesquelles les garçons et les filles étaient séparés d'ordinaire d'ailleurs. Cela renforçait le côté « spécial » de la soirée, et transformait cette dernière en véritable occasion à ne pas manquer. Et le résultat était stupéfiant, puisque à la fin de leur scolarité, 99% des élèves finissaient fiancés. A noter qu'il n'était pas rare qu'une famille donnait un « petit » pot-de-vin au proviseur pour qu'il rapproche leur fils ou fille d'un héritier particulièrement bien portant. L'inverse était aussi vrai, certain donnait pour que leur enfant se tenait le plus loin possible des moins riches. Les joies de la noblesse.

Bref, rien de bien intéressant pour le policier. Que pourrait-il y apprendre ? Que Samantha était folle amoureuse de Brandon mais que pour des raisons familiales leur union était impossible ? S'il voulait des novelas il n'avait qu'à allumer la télévision. Là non, il était présent pour résoudre une disparition.

Et justement, à cause cette affaire, il était vraiment de mauvaise humeur. Jamais il n'avait autant patauger dans une enquête. Personne ne savait rien, aucun indice, aucune caméra n'avait enregistré l'enfant le jour de sa disparition... la seule piste solide restait encore et toujours ce Alas Wynes et encore fallait il le trouver. Depuis leur dernière altercation, ce dernier avait complètement disparu. Darius avait encore une fois tenté de l’appâter en dispersant des gâteaux par terre, mais l'opération fut un échec complet. Et en plus, Darius c'était fait engueuler par un majordome chargé du nettoyage. Une belle journée de merde.

Alas Wynes était la seule raison pour laquelle Darius acceptait – plus ou moins – de perdre son temps à cette soirée. Puisque tous les professeurs étaient conviés à participer, le Wynes y serait aussi forcément ! C'était donc avec cette pauvre compensation que Darius soupira, blasé d'avance à l'idée de participer à une soirée ô combien ennuyante.


 ***
Une fois le soir venu, les élèves de Srao et de Osha se réunirent à la plate-forme de téléportation respective leur école ; cet étrange mécanisme capable de transporter un corps physique d'un endroit à un autre en un temps record. Sauf que cette fois-ci, la plate-forme était programmée pour transporter les élèves autres part, au siège du proviseur.

Le proviseur, Oregon Redspear, vivait à Raosh, un manoir situé entre Srao et Osha, en pleine nature sauvage. Il n'y avait aucune route pour y accéder, mis-à-part la plate-forme de téléportation. Cependant, cela n'enlevait en rien au sublime de l'endroit.

La première chose qui choquait, était sans doute l'omniprésence de cristaux. Tout ici était en cristal, le sol, le plafond, les murs, les lustres, les statues, les vitraux, les meubles... bref, ce Redspear avait comme qui dirait un sacré fétichiste. Cependant, malgré cette omniprésence, impossible de décoller les yeux de la décoration. En effet, chaque objet de cristal était si finement taillé, et si différemment les uns des autres, que l'on avait l'impression d'avoir un ensemble d’œuvre d'art complètement hétérogène.

Accordé au garde-corps – en cristal évidemment – de l'escalier, Redspear souriait. Ses élèves, de tout âge, entraient un à un dans l'immense salle de bal ou un immense buffet y était préparé. Le proviseur tiqua légèrement lorsqu'il vit une étrange adulte rousse foncer à une vitesse effarante jusque la nourriture et commencer à s'empiffrer sans plus de gêne. Et visiblement, elle avait passé l'idée à un de ses collègues, puisque un autre professeur à la chevelure ténébreuse suivi son exemple dans la seconde...

Ah, c'était sûrement deux des « outsiders » qu'il avait invité dans son école. Les « Sentinelles », une récente équipe soit disant d'élite formée par la présidente Vanille Valérian. Enfin, ce n'était que des habitants du bas-monde, sans aucune valeur. La seule élite qui existait réellement était celle qui avait été élevé dans son école, celle qu'il avait lui même polie.

Oui, les élèves étaient comme un pierre de cristal brute ne demandant qu'à être sublimer. Et c'était là la digne tâche du modeste Oregon Redspear. Il taillait ses élèves, les inculquait les bonnes valeurs de l'élite, les élevait au dessus de la masse, il les rendait parfait, comme se devait d'être les surhommes. Car tous ces élèves étaient des surhommes en devenir. Comment cela pouvait être autrement ? Ils étaient les fils et les filles des dirigeants du monde.

Les véritables dirigeants bien sûr, pas les vastes blagues comme cette Vanille Valérian. Non, les authentiques maîtres du monde étaient ceux qui possédaient l'artefact magique nommé Argent. Contrôler l'Argent était être comme un dieu. Tous le monde se pliait devant vous, vous décidiez de tout, personne n'osait vous regarder de haut. Vous étiez sans nul doute un être divin.

La volonté première de Redspear en créant l'école était de garder la noblesse de la progéniture de dieux. Avant la création de Sraosha, il arrivait quelque fois que ces enfants d'élites côtoient – ou pire s'entichent – des pourritures du bas monde. C'était inacceptable. La noblesse devait rester pur sang ! Une alliance entre dieux et immondices était contre-nature !

Mais grâce à lui et à son école, les choses étaient revenus dans l'ordre. Les dieux ne côtoyaient que les autres dieux, bien protégés du monde extérieur dans une forteresse divine. Voilà ce qu'était Sraosha, l'ultime rempart protégeant les êtres divins de la médiocrité maladive de la terre !

Or, Redspear avait beau jouer son rôle à la perfection, il avait beau forger ses élèves depuis le plus jeune âge, certain restaient dissidents. Une fois le cursus scolaire terminé, ces enfants étaient de nouveau vulnérables. Redspear se souvenait d'un de ses anciens élèves, qui, une fois adulte, avait renier son nom pour pouvoir se marier à une paysanne. Le malheureux proviseur en avait été profondemment attristé.

Cependant, cette tragédie lui avait fait comprendre que la corruption du bas-monde était encore plus infâme qu'il ne le pensait. L'école ne suffisait pas, il fallait voir encore plus loin, préserver la pureté de la noblesse pour l'éternité. C'était son rêve, un rêve qui n'en serait bientôt plus un.

Oui, aujourd'hui. Aujourd'hui sera un jour à marquer d'une pierre blanche ; car en ce jour, son ultime projet de purification sera mis en place. Certain le traiterait sûrement de fou, mais tant pis. Il sacrifierait bien son intégrité si en échange, il sauverait le monde !