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Legendary Bonds de Clafoutis



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» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 29/01/2016 à 14:00
» Dernière mise à jour le 29/01/2016 à 14:00

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Quatrième mensonge : Plongeon.

 
 Paniqué, Zmrc remit son masque et s'empressa de rejoindre Jean-Kevin. L'heure était grave, très grave. Sofian venait de se faire kidnapper et sa copine aussi ! Que faire ? Que faire ?! La question ne cessait de résonner dans sa tête, à la recherche d'une réponse qui ne venait visiblement pas.

– Qu'est-ce qu'il t'arrive ? lui lança Jean-Kevin en le voyant arriver. Tu es pâle comme un linge !
– Jikay !! C-C'est Sofian ! Et sa copine ! Ils ont été kidnappé par plein de types armés ! Et c'est pas tout, y avait une femme, je savais que je l'avais déjà vu ! C'est Roxanne Tsutsuji, la bras-droit de Pierre Rochard ! Mais c'est la folie ! Pierre Rochard c'est le Maître de la ligue et le commandant de la police non ?! Alors pourquoi est-ce qu'il enverrait ses troupes contre Sofian ? J-Je ne comprends pas !!

Jean-Kevin écarquilla plusieurs fois des yeux, éberlué tant par le contenu de la tirade que par sa vitesse effrayante.

– D-Du calme ! Je ne suis pas sûr d'avoir tout compris, parle plus doucement, je t'en prie !

Zmrc acquiesça et s'efforça de résumer la situation de façon plus conventionnelle, même si sa panique se faisait toujours fortement ressentir. Jean-Kevin ne s'était pas trompé, il avait bien entendu ce qu'il avait entendu la première fois. Mais il n'arrivait toujours pas à le croire.

– Il faut faire quelque chose, quelque chose ! s'affola Zmrc.
– J-Je ne suis pas sûr de comprendre..., geignit Jean-Kevin. Mais si c'est vrai il faudrait aller voir les autorités compétentes...
– Impossible ! Je te l'ai dit, Roxanne et Rochard SONT la police !
– Gnn... t'es sûr que tu n'as pas pris un coup sur la tête ?!
– Non ! Je les ai vu comme je te vois ! Ils sont partis en hélicoptère !
– …

Jean-Kevin baissa les yeux. Même si cette histoire paraissait tirée d'un conte imaginaire, il y avait des éléments concrets. Cet hélicoptère par exemple, Jean-Kevin en avait effectivement vu un se diriger plein nord un peu plus tôt. Serait-ce possible que...

– … admettons, grinça Jean-Kevin. Mais qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? On n'est que deux !
– Je ne sais pas ! C'est pour ça que je t'en parle ! Tu n'es pas le « grand Jean-Kevin Gabaïto » ? Tu ne peux pas faire un truc ?!
– Gnnn... j'ai honte de l'admettre mais je suis un peu banni de ma famille pour l'instant ! Dans l'état actuel, je n'ai pas plus de pouvoir qu'un autre !
– Mais on ne peut pas rester sans rien faire ! C'est notre ami quoi !
– Je sais ! cria presque le noble déchu. Mais ce n'est pas comme si l'on pouvait suivre un hélicoptère !
– … !!

Soudain, Zmrc s'illumina comme s'il venait d'avoir l'idée du siècle. Sans attendre plus longtemps, il libéra son fière Couaneton. Jean-Kevin haussa un sourcil ironique.

– Ne me dis pas que tu comptes envoyer ce truc pourchasser un hélico ?
– Haha, ne sous-estime pas mon puissant serviteur des ténèbres, Méphistophélès !

Jean-Kevin fixa de nouveau le caneton azur qui était actuellement très occupé à se picorer le derrière.

– … Okay, se blasa t-il. Et donc, ton plan ?
– Haha ! Comment n'y ai-je pas penser plus tôt !

Tout d'un coup, Zrmc sortit de nulle part un étrange gadget qu'il pointa victorieusement au ciel.

– Alors ?! s'excita Zmrc, tu ne me demandes pas ce que c'est Jikay ?!
– Je serais tenté de t'envoyer sur les roses, soupira Jean-Kevin, mais vu l'urgence de la situation je vais quand même jouer à ton stupide jeu de questions/réponses. Donc, qu'est-ce ?
– Huhuhu...

Le grand sourire au lèvre, Zmrc trépignait comme s'il avait attendu ce moment toute sa vie.

– Je te présente l'Aèrocrash ZX ! Une système d'ailes métalliques portatifs à réacteur ! Automatiquement relié au système nerveux des Pokémon, il agit comme deux membres supplémentaires, permettant à chaque Pokémon volant de moins de 10 kilo de multiplier leur vitesse ET maîtrise du vol ! N'est-ce pas pas le pinacle de la société moderne ?! Vendu 5 399,99 Pokédollars dans tous les Pokéshop !
– … je vois, plissa Jean-Kevin des yeux. Je passerais sur le fait qu'un appareil servant à voler porte le mot « crash » dans son nom et je te demanderais juste une chose : t'es sérieusement sérieux là ?!
– Parfaitement ! Avec ce petit bijou, mon Méphistophélès va rattraper et suivre cet hélicoptère en un coup d'aile ! Il va ensuite pouvoir nous guider vers le lieu d'atterrissage !

Jean-Kevin soupira mais ne rajouta rien, après tout, il n'avait pas meilleur solution. Prenant ce silence pour un ébahissement devant son génie, Zmrc installa l'Aèrocrash ZX sur son Couaneton et l'envoya sur le champs accomplir sa périlleuse mission.

Et aussi incroyable que cela pût paraître, après que les réacteurs de l'engin crachèrent d'épais nuages de fumée, le Couaneton s'envola à une vitesse stupéfiante. Avant de disparaître au loin, il adressa à son dresseur un fier salut militaire à l'aide d'une de ses ailes, salut que Zmrc lui rendit, la larme à l'œil.

– Vole, mon ami, rejoins les étoiles ! s'émeut-il.
– … j'espère que tout va bien se passer..., souffla Jean-Kévin. Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? On attend ?

Zmrc se retourna vers son camarade, déterminé.

– Non ! Jikay, il faut aller chercher des renforts !
– … des renforts ? Je suis désolé de te décevoir mais je ne connais personne...
– Euh..., réfléchit rapidement Zmrc, et les autres filles là ? La fille au cheveux blanc, la petite ronchonne et l'autre avec des couettes rousses !
– Mais je ne les connais pas personnellement moi ! grommela Jikay. Je ne sais même pas où elles habitent !
– … moi non plus, geignit Zmrc. Et il reste le problème de la grande brune aussi !

Jean-Kévin se frotta le menton, suspicieux.

– La grande brune... tu veux dire sa copine ?
– Ouais ! Elle a été enlevé elle aussi, mais par des types en blouses, un peu comme des scientifiques ! Mais je ne sais pas trop où ils l'on emmené, je me suis enfuis avant la fin...
– C'est pas possible...

Plus la situation avançait et moins elle avait de sens. Jean-Kévin se frotta douloureusement le front, espérant se sortir de ce mauvais rêve.


 ***

 Sofian tenta fébrilement d'ouvrir les yeux ; ses membres frôlaient la roche de très près. Il se sentait faible, incapable d'esquisser le moindre mouvement efficient. Même sa vue était altérée, impossible de ne voir autre chose qu'un paysage gris et flou. Sa tête lui faisait terriblement mal, il avait envie de se l'écraser contre un mur pour faire cesser cette atroce souffrance mais il lui était impossible de bouger.

En désespoir de cause, le brun tenta de reconstituer les événements. Il s'était passé quelque chose de grave, c'était certain. Mais quoi ? Impossible de penser clairement, à chaque fois qu'il essayait, une intense brûlure nerveuse électrisait son corps.

Ne pouvant ni bouger ni penser, Sofian referma les yeux, résigné. Il était dans le néant totale, ne savant pas où il était, ni pourquoi, ni comment. Il ne savait même plus qui il était ; ce n'était plus qu'une masse de chairs meurtries attendant un avenir lointain...

Plongé dans sa paralysie, Sofian ne pouvait remarquer la forme humanoïde luisant d'un rose étrange flottant au dessus de lui. La forme le toisait durement, froidement, se moquant de son état actuel. Si elle le pouvait, elle, Génésis, rirait au éclat. Sauf qu'elle ne le pouvait pas, elle n'était pas douée d'émotions, en tant qu'outil de Dieu, elle ne pouvait que suivre ses directives.

Génésis avait tout vu, Sofian avait été capturé par les Précurseurs et ramené dans leur prison secrète, dans le niveau le plus profond. Or, une simple cellule ne saurait garder Sofian ; il possédait le Lien de Cobaltium, même s'il ne savait pas encore l'utiliser. Il fallait limiter les risques. Alors, les Précurseurs l'avaient tous simplement et massivement drogué, transformant Sofian en une loque vivante.

Dans cet état, impossible pour lui de faire quoi que ce soit. Sofian restait avant tout un humain, il restait aussi fragile que tous les êtres de son espèce s'il ne pouvait faire appel à son Lien.

Génésis s'éleva légèrement, se concentrant ; son corps s'illumina de plus belle. Petit à petit les toxines s'échappèrent du corps de Sofian ; des petits filaments de poisons sortaient de chacun de ses pores de peau avant de rejoindre Génésis. Dans un petit moment, il serait complètement guéri. Libre à lui de faire ce qu'il voulait par la suite.

Le rôle de Génésis s'arrêtait là. Après avoir analyser une nouvelle fois la situation et constater le succès de sa mission, Génésis disparut petit à petit, ne laissant aucune trace de sa mystérieuse apparition.


***

Lorsque Sofian retrouva ses sens, ses souvenirs déferlèrent, le faisant revivre chaque secondes de sa mésaventure. Il tapa rageusement le mur. Il avait été incapable de faire quoi que ce soit. Il avait été capturé. Nelly était de nouveau au main d'Acène et Gloria. Elle allait de nouveau souffrir, et il n'avait pas pu la protéger. Vraiment, il était le pire.

Et le voilà maintenant, dans une cellule rocheuse, sans possibilité de fuite. Il n'y avait pas de barreau dans sa prison, il semblait juste enfermé dans un carré de roche. Quoique, à y regarder de plus près, il y avait plaque d'acier au plafond, une trappe ? Peut-être avait-il été balancé par là ? A quoi cela lui servirait de le savoir de toute façon ?

Il était pris au piège, sans savoir où il était exactement. La seule chose qu'il savait, c'était que pendant qu'il se tournait les pouces, des scientifiques fous s'amusaient copieusement à disséquer Nelly.

Il n'avait plus Razor Blood, son joker. Même s'il ne savait pas l'utiliser pleinement, avoir une arme aussi puissante lui conférait une certaine confiance, lui qui était si faible. Sans Razor Blood, c'était la fin. Même Curry avait disparu, son Arkéapti. Mais étrangement, ça ne lui faisait pas grand chose. Ce n'est pas qu'il détestait son petit Pokémon, mais il ne l'aimait pas vraiment non plus.

C'était un cadeau surprise de Thomas, à l'époque où il avait été kidnappé par le Général. Lorsque Thomas lui avait confié le Pokémon préhistorique, Sofian était encore bien trop bouleversé par les événements pour refuser. Depuis, il trimballait Curry bien plus comme un symbole que comme un véritable ami.

Tiens, en repensant au Général, la situation actuelle était presque similaire. Enfermé dans une prison, sans doute souterraine vu la roche, par un homme de pouvoir. Peut-être que cette fois-ci encore, des héros comme Roy ou Cyrus viendraient le sauver ?

Sofian ricana nerveusement. Qui irait sauver un raté, une loque, un bon à rien comme lui ? Il allait crever ici et c'était tout ce qu'il méritait après tout. De toute façon, il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre. Sa vie appartenait à Nelly maintenant, littéralement. Il avait fait un pacte avec Génésis. Sa force vitale était continuellement drainer par Nelly, qui aurait du mourir contre le Cobaltium.

… Cobaltium. Soudain, Sofian se rappela du fameux Lien. Il l'avait vu à l'œuvre, dans la forteresse de Miya, où Nelly s'était transformée en véritable arme d'acier justement grâce au Lien. Il paraîtrait que lui aussi possédait ce pouvoir impressionnant.

L'espoir renaissait petit à petit. Avec ses pouvoirs, il pourrait peut-être briser la roche et trouver une sortie...
Sofian secoua la tête, amusé. Il était vraiment faible, toujours se relier à quelque chose. Soit à Nelly, soit à Razor Blood, soit à la puissance de Cobaltium... mais jamais à son propre pouvoir. A lui tout seul, il ne valait rien. Mais que pouvait-il y faire ? C'était là le destin des faibles, de toujours se faire porter par les forts.

Sofian ferma les yeux, et tenta de se concentrer. La présence de Cobaltium. Il la ressentait depuis ce jour maudit. Mais par peur, il avait toujours été réticent à aller plus loin, d'aller embrasser cette présence. Or, il n'avait à présent plus le choix.

Plus il tentait de s'approcher mentalement de Cobaltium, et plus Sofian pouvait sentir son corps se réchauffer, son cœur battre de plus en plus vite. Il pouvait aussi sentir des changements sur ses membres ; ses poings devenait de plus en plus dur, de même pour ses jambes.

A un moment, Sofian resta bloqué, ne pouvant aller plus loin. C'était comme si Cobaltium avait posé des limites. Voyant que tout effort supplémentaire était inutile, Sofian rompit son état de méditation et réémergea.

Il resta un moment sans voix. Ses poings et ses pieds étaient devenus luisant comme l'acier. Étrangement, Sofian ne sentait pas de changement au niveau sensoriel, il avait l'impression d'avoir toujours le même corps. Alors que ce n'était évidemment pas le cas.

Curieux de tester sa nouvelle force, Sofian s'avança vers la parois rocheuse et, après un moment d'hésitation, y fracassa son poing. Il ne sentit rien, le mur ne pouvait pas en dire autant. Dans un fracas monstre résonnant terriblement à travers la cellule carrée, des fragments rocheux se fissurèrent et se détachèrent du mur.

Sofian resta un long moment éberlué par sa propre action. La puissance des Liens étaient véritablement terrifiante, si ils étaient capables de rendre un être aussi faible que lui capable de briser des murs.

Sauf que son émerveillement refroidit rapidement, lorsque apparut derrière la roche... encore de la roche. Il devait être enterré sacrément profondément et entourer de roches épaisses. Cela ne servait peut-être à rien, mais Sofian se décida à « creuser » jusqu'à trouver quelque chose de plus réjouissant. Tout ce qu'il espérait c'était que ces ravisseurs ne pointèrent pas le bout de leur nez, alertés par le bruit. Note pour plus tard, détruire de la roche avec son poing, ce n'était pas très discret.


***


Il passa une main dans sa chevelure noir ébène – qui commençait à se faire sacrément longue maintenant – et gratta sa barbe mal rasée. Il n'avait rien de mieux à faire, il n'y avait de toute façon rien à faire ici. Depuis combien de temps était-il emprisonné ? Six mois ? Un an ? Plus peut-être ? Il avait perdu le compte.

Au début, il traçait des traits sur les murs avec ses ongles pour compter les jours, pour faire comme dans les séries Unysiennes, mais il avait vite arrêté. Déjà parce que ça faisait mal au doigt à force, et que s'était assez dur à faire mine de rien.

Désormais, il passait la plupart de son temps à dormir, c'était les seuls moment où il ne se morfondait pas, ses seuls moments où il pouvait se sentir en paix. Depuis qu'il s'était fait prendre, il avait tout perdu. Femme, famille, amis, idéal. Il était devenu qu'un simple prisonnier habitué à la routine moribonde, ayant perdu tout espoir de sortir du trou.

Aujourd'hui encore, il était affalé sur sa couche d'acier. Il venait de « manger » sa ration du jour, une espèce de bouillie que le geôlier lui lançait dans un bol chaque midi. Pas très ragoûtant mais ça lui permettait de rester en vie. Il avait longtemps pensé à se laisser mourir, mais il n'avait jamais mener ce projet à bien. Ça leur ferait bien trop plaisir à ces Précurseurs.

Ce fut donc dans la certitude de vivre une autre journée ennuyante qu'il ferma les yeux. Quelle ne fut pas sa surprise, lorsque le mur d'en face se fissura avant de s'écrouler subitement ! Réaction immédiate, le prisonnier bondit vivement, prêt à agir au cas où. Malgré sa longue incarcération, ses réflexes de combattant étaient toujours aiguisés, il n'avait pas été un sbire d'élite pour rien !

– … tiens, un trou ! fit une voix surprise.

Le prisonnier observa d'un œil perplexe un jeune brun, pénétrer sa cellule. Il avait l'air vraiment mal au point, et perdu. Mais surtout, et ce qui attira directement son regard, se fut ses membres. Des poings et jambes d'acier. Ce qui n'était, comme qui dirait, pas très naturel.

– Qui es-tu ?! fit-il d'un ton qui se voulait autoritaire.

Sofian prit un certain temps avant de se rendre compte qu'il avait envahit le territoire d'un autre prisonnier. Un grand gaillard en tenu rayée, aux longs cheveux drus et noirs ébène, très mal coiffé. A vue de nez, Sofian estimerait l'âge de cet homme à presque 30 ans.

– … bonjour ? tenta Sofian. Je ne suis que de passage, je cherche la sortie...

Le prisonnier plissa les yeux, pas très sûr de comprendre. Ce brun n'avait pas l'air d'avoir d'intention hostile, mais prudence restait de mise.

– Tu ne la trouveras pas ici, répondit-il. Nous sommes enfoui profondément sous terre, impossible de sortir à moins de remonter au premier niveau. Mais réponds moi, qui es-tu ? Pourquoi es-tu ici ?
– Sofian Aaken, se présenta t-il. Désolé, mais je n'ai pas vraiment le temps pour la parlotte. Je dois à tout prix sortir d'ici et retourner à Mérouville, mon ami est en danger et je dois la sauver.
– Tu es un ennemi de Rochard, toi aussi ?
– On peut dire ça, oui.
– … je vois.

Le prisonnier se détendit légèrement. Oui, ce brun n'avait vraiment pas l'air d'être un Précurseur. Et s'il était ici, dans une prison, c'était sans doute que Rochard ne le tenait pas dans son cœur. Peut-être à cause de son pouvoir ? Quoi qu'il en soit, la maxime « les ennemis de mes ennemis sont mes amis » prévalait dans ce genre de situation.

– Excuse-moi d'avoir été méfiant, sourit-il. Je me nomme Steeve, Steeve Manyula. J'ai été capturé par les Précurseurs depuis... sacrément longtemps. Et comme je suis malheureusement un bon dresseur, ils ont jugé indispensable de m'enfermer au niveau le plus profond...
– Steeve... Manyula ? écarquilla Sofian des yeux.

Manyula. Un nom peu commun mais que Sofian connaissait pourtant à la perfection. Ilyana Manyula, la petite diablesse au tempérament de feu et passionnée de sucreries. Maintenant qu'il y repensait, Ilyana lui avait mentionné qu'elle avait un frère, un ancien Sbire Aqua, qui avait rejoint Arthur et Max, les anciens leaders Aqua et Magma, pour une raison inconnue.

Sofian fit rapidement le lien, Arthur et Max étaient des ennemis mortels des Précurseurs, selon ce que leur avait dit Rochard, ce qui faisait donc de Steeve un autre de leur ennemis.

En y regardant de plus près, il y avait certain très de ressemblance entre lui et Ilyana ; la même chevelure ténébreuse, et des traits de visage caractéristiques, bien que Steeve semblait cependant beaucoup plus amical que sa petite sœur, malgré sa tête de déterré résultant de sa longue incarcération.

– Ahem, toussota Steeve en fixant les poings d'acier de Sofian. Je vais être droit au but, tu possèdes une capacité spéciale, n'est-ce pas ?
– … ça se voit tant que ça ?
– Disons que si tu n'avais pas réduit en miette le mur de ma cellule, j'aurais pu ne rien remarquer mais...
– … désolé pour ça, promis une fois dehors je te paierais le maçon.

Steeve pouffa légèrement.

– Tu as le sens de l'humour au moins, c'est bien. Mais ce ne sera pas la peine, tu veux t'échapper, moi aussi. Pourquoi ne pas faire équipe ? On ne sera pas de trop à deux contre mille ! Je n'ai peut-être pas de pouvoir, mais je suis un assassin plus ou moins efficace, et je connais un peu les lieux.

Sofian considéra l'offre un instant avant de l'accepter. Il n'avait pas tord, le maximum d'aide serait la bien venu et en plus, c'était un Manyula.

– Tant que l'on refait surface, acquiesça Sofian.
– Parfait ! sourit le frère d'Ilyana. Déjà, j'aimerais savoir la nature de ton pouvoir, il vient d'un Pacte ?

Sofian fit rapidement appel à se mémoire. Les Pactes, Rochard en avait déjà mentionné. C'était des sous-Liens , entre humain et Pokémon ordinaire – non-légendaire donc. Les Pactes étaient semblait-il assez courant chez les Protecteurs, car l'un de leur chef, Niels Rizardon, pouvait en octroyer autant qu'il le voulait à ses serviteurs. Cependant, les Pactes étaient bien entendu infiniment moins puissant qu'un bon Lien en bonne et due forme.

Voilà qui confirmait une nouvelle fois les doutes de Sofian, Steeve Manyula était bien au courant de toute cette folie. Et autre chose, cela assurait aussi qu'Ilyana était étrangère à tout cela. Son frère était sans doute parti sans laisser de trace justement pour que sa sœur n'ait pas à subir cette guerre absurde.

– … non, réfuta Sofian. Il paraît que je possède un Lien, celui de Cobaltium...

Steeve siffla d'étonnement.

– Hé ben mon cochon, tu plaisantes pas toi ! Un Lien, carrément !
– … et toi ?
– Je ne suis un pas un sous-fifre du « Seigneur » Rizardon, affirma Steeve avec une pointe de fierté et mépris. Je suis affilié à Max et Arthur, nous, nous n'avons peut-être pas de Pacte pour nous aider à combattre mais nous avons au moins encore toute notre tête comparer à ces malades !

Sofian ricana par politesse. Il ne connaissait rien des affaires des Protecteurs, mais il semblerait qu'ils aient quelques conflits internes.

– Mais je sais me battre, même sans Pokémon ! assura le prisonnier. Je suis sans donc beaucoup plus compétent que pas mal de gardes ici. Enfin, le problème c'est qu'ils sont vachement nombreux. Même avec un Lien ça va être coton de se faire la malle, cependant, je pense qu'on devrait avoir des chances.
– Combien environs ?
– Bah, je dirais... je sais pas moi, 2% ?
– …
– C'est mieux que rien !

La prison était si bien gardée que cela ? Les partisans de Rochard n'avaient pourtant pas de pouvoir spéciaux, ce qui les rendaient très vulnérables à ceux possédant un Pacte ou un Lien.

– S l'on veut agir, il faut déjà établir un plan, somma Steeve un peu plus sérieux désormais. Tu as de la chance d'être arrivé maintenant, les gardes viennent de finir leur ronde. Mais il faut agir vite, car je pense qu'ils se douteront de quelques choses s'il voit le gros trou dans le mur...

Sofian le rejoignait sur ce point. Lui aussi, s'il était garde dans une prison et qu'il voyait un énorme passage creusé dans le mur d'une cellule, il aurait quelques soupçons.

– C'est le moment de faire jouer mes longs mois passés ici ! se détermina Steeve. Cette prison est constituée de cinq niveaux. Nous sommes actuellement dans ce dernier, le niveau réservé aux menaces les plus euh... menaçantes ? Bref, tu m'as compris ! Les gardes font des tours régulièrement, une fois toutes les heures, bien qu'après midi, ils font une pause d'une heure, ce qui tombe miraculeusement bien vu que l'on est justement dans cette tranche horaire !

Steeve prit un fragment du mur et traça un losange au sol, qu'il coupa par cinq traits horizontaux.

– Voilà la prison, grosso-modo. Creusé à même la roche, mais entouré par un solide alliage mille fois plus solide que de l'acier. Je ne pense pas que tu puisses le percer même avec ton Lien. Si ce n'était pas le cas, on aurait pu s'enfuir en creusant juste un tunnel d'ici jusqu'à l'extérieur mais... c'est la vie, on y peut rien. Commençons par lister la liste de nos problèmes, et ça va être long...

Le prisonnier vétéran s'éclaircit la voix, prêt à continuer sa longue tirade.

– Déjà, il y a une alarme à la porte de la cellule, si nous tentons de la forcer, c'est cuit. Cependant, il n'y a pas d'alarme... dans les murs ! C'est pourquoi on aura besoin de ton lien pour se creuser un tunnel de la cellule jusqu'au couloir principal. Une fois ce but atteint, il nous faudra remonter. C'est inutile d'espérer de ne pas se faire remarquer, le combat est inévitable. Cependant, il ne faut pas oublier que nous sommes pas là pour nous battre, mais pour nous enfuir, ce qui signifie qu'il faudra toujours privilégier la fuite plutôt que de chercher à neutraliser tous les gardes. Nous n'y arriverons pas de toute façon.

Steeve montra ensuite le deuxième niveau sur son dessin.

– Ici, ce sera l'étape crucial. Le second niveau est le niveau du personnel, autrement dit, tous les gardes qui tenterons de nous arrêter viendrons de là. Ce sera quitte ou double, faudra foncer à travers les lignes, ni plus ni moins. Cependant, il faudra se méfier de Torideps. C'est le directeur de la prison. Loin d'être un bureaucrate, c'est une véritable forteresse à lui tout seul, d'après ce que je sais de lui, il est spécialisé dans le maintient des lignes, la défense et l'épuisement de l'adversaire. Ce qui est très mauvais pour nous, car justement nous devons agir le plus rapidement possible.

Sofian acquiesça. Plus Steeve parlait et plus le projet de fuite semblait irréalisable, mais rester sans rien faire était de même impensable.

– En admettant que nous arriverons au sommet, par Arceus ne sait quel miracle, arrivera le petit soucis principal. Partir d'ici. Car tu ne le sais peut-être pas, mais nous sommes sur le flanc du volcan, le Mont Chimnée, ici. Loin de toute civilisation, terrain dégagé et donc facilement repérable, aucun endroit pour nous cacher. En plus, la prison est situé dans une grande crevasse, pour partir à pied, il faudra escalader la falaise. Tu l'auras compris, deux gugusses en train de se promener dans le coin seront facilement appréhendés, surtout que je soupçonne le terrain d'être piégé. Non, il faut voir les choses en plus grand, et utiliser les moyens de l'adversaire.

Sofian pencha la tête, curieux de savoir ce que son nouvel ami avait derrière la tête. Le sourire de Steeve s'agrandit.

– Nous allons voler un hélicoptère.
– … un hélicoptère ? … je vois, si la voie de la terre n'est pas possible, il reste les airs.
– Il y a juste deux petits hic.
– … j'ai peur...
– Premièrement, leur aéroport est très bien gardé, tu t'en doute, et aussi...
– … et aussi ?
– Je ne sais pas piloter !


***


Une étoile fumante brillait à l'horizon. Petit à petit, elle commençant à se dessiner plus précisément, jusqu'à prendre la forme d'un joyeux caneton azur équipé d'une étrange pair d'ailes mécaniques supplémentaire.

– Je t'avais dit qu'il reviendrait rapidement ! se vanta Zmrc.
– Je dois avouer que je suis surpris qu'il ait encore toutes ses plumes, souffla Jean-Kevin.
– Et tu n'as pas fini d'être surpris, constate maintenant la superbe intelligence de mon prince des ténèbres !

Zmrc sortit une carte de la région, soigneusement préparée pour l'occasion. Fièrement, le Couaneton se posa au sol et pointa de son bec le Mont Chimnée.

– Sofian a été emmené là-bas !
– … ce truc sait lire une carte ?! s'étouffa presque Jean-Kevin.
– Et oui, fanfaronna Zmrc. Je lui ai appris plein de trucs à mon prince des ténèbres ! Faut dire que je m'ennuie grave chez moi, tu sais, personne ne me remarque sans mon masque, je suis souvent tout seul, faut bien faire passer le temps...
– Ehm..., fit un Jean-Kevin soudainement gêné par l'aveu de son ami.
– Mais au moins ça nous sauve la vie ! s'illumina brusquement Zmrc. D'ailleurs, mon Méphistophélès sait faire touuut plein de trucs, comme appuyer sur la chasse d'eau, ouvrir un frigo, ou jouer au bilboquet !

Jean-Kevin se plaqua la main contre le front, se sentant idiot de s'être inquiéter pour cet énergumène .

– Génial, vraiment, siffla t-il. Bon, maintenant on sait que les kidnappeurs de Sofian se trouvent sur un volcan continuellement en éruption. Faut que je prenne mes jolies petites chaussures de marches, j'imagine ?
– Euh ouais ce serait bien !
– … j'étais ironique idiot, grinça Jean-Kevin. En plus, le Mont Chimnée est énorme, tu veux qu'on le fouille à deux ?!
– Haha ! croisa fièrement Zmrc des bras. Encore une fois, tu sous-estimes mon prince des ténèbres ! Méphistophélès sera capable de nous guider au point EXACT où se trouve Sofian, c'est qu'il y a une mémoire de Donphan !
– Tu donnes vraiment trop de crédit à ton piaf !
– Un peu de respect, s'offusqua Zmrc, Méphistophélès a un QI terrifiant, je joue souvent au échec avec lui et en 352 parties je n'en ai gagné aucune !
– Si tu veux mon avis, le problème vient d'ailleurs..., éluda Jean-Kevin.

Le noble déchu secoua la tête, comme s'il avait le temps de plaisanter bêtement avec un type avec un masque de Pikachu noir !

– Que faisons-nous alors ? Allons nous vraiment devoir, nous deux uniquement, aller secourir Sofian – un type qui m'a fait pas mal de sales crasses au passage – au beau milieu d'un volcan ? Surtout qu'on ne sait même pas ce qui nous attends là-bas !
– M-Mais on ne peut pas l'abandonner ! On est sans doute les seuls qui savent qu'il est en danger ! Et on ne peut pas compter sur la police puisque... c'est la police qui l'a emmené !
– Dans quelle embrouille il s'est encore fourré..., grommela Jean-Kevin.
– Je ne sais pas, mais en tout cas, je ne peux pas le laisser tomber ! se résolu Zmrc. Moi j'y vais, et tout de suite !

Sans attendre plus d'une seconde, Zmrc courut en ville où il espérait prendre la première ligne en destination de Vermilava. Pourquoi attendre ? Il n'avait personne à qui demander de l'aide et qui sait ce que Sofian pouvait vivre en ce moment même ? Et puis... Zmrc était invincible. Il ne le savait pas exactement pourquoi, mais ces blessures guérissaient d'elles-même. Il avait un jour tester son don en tailladant son bras, en moins d'une seconde, les blessures avaient disparu comme si de rien n'était.

Au fond, il se disait que s'il avait ce mystérieux don, c'était pour aider ceux dans le besoin, comme dans le cas présent. Sofian avait besoin de lui, et il ne pouvait pas ignorer son appel.

Laissé derrière, Jean-Kevin pesta. Ce type au masque était vraiment sérieux. Il allait se jeter dans la gueule du loup sans rien savoir de la situation. Il y avait énormément d'inconnus à l'équation. Pourquoi Sofian s'était -il fait enlevé par tout un commando ? Pourquoi Roxanne était-elle impliqué ? Était-ce vraiment la police les responsables ? Et si c'était elle, Sofian serait-il devenu un hors-la-loi depuis sa récente disparition ? Trop de questions, aucune réponse.

Jean-Kevin aurait bien voulu rester là. Il n'était ni le gardien de Sofian, ni de Zmrc. Ce dernier pouvait faire ce qu'il voulait. Cependant, au fond de lui, Jean-Kevin avait une pointe de culpabilité à laisser Zmrc plonger seul dans une histoire qui le dépassait sûrement.

Même si c'était relativement récent, Zmrc était quand même le seul être vivant qu'il côtoyait régulièrement et plus ou moins amicalement. En fait, depuis ce voyage à Vermilava avec Sofian et son groupe, Zmrc n'avait cessé d'harceler Jean-Kevin, jusqu'à le suivre dans sa boutique de jeux-vidéo. A force, des liens s'étaient créés. Surtout qu'en y réfléchissant, Zmrc était le premier à avoir établi un telle relation avec lui, depuis le début de sa vie.

– Graaaah !!

Grommela rageusement, Jean-Kevin fit de son mieux pour rattraper l'adolescent au masque de Pikachu, persuadé qu'ils étaient en train de faire la plus grande erreur de leur vie.


***


Deux heures plus tard, Jean-Kevin se demandait vraiment ce qu'il faisait là, à faire de la grimpette sur un territoire volcanique, en compagnie d'un adolescent se trimballant avec un masque de Pikachu, en train de suivre un Couaneton bombant son duvet.

C'était de la folie, ni plus ni moins. Sauver Sofian ? Qui avait été enlevé par un mystérieux commando en lien avec le Maître de la ligue ? Et pourquoi lui, Jean-Kevin Gabaïto, prendrait tant de risque ? Sofian n'avait été qu'une source d'ennuis pour lui, presque son ennemi pendant une longue période. Combien de fois avait-il été viré à cause de lui ? Il en avait perdu le compte.

Cependant, par il ne savait quel miracle, Sofian était aussi devenu l'un de ses rares amis. Lorsqu'il n'essayait pas de l'embêter, ce fichu pouvait être assez sympathique. Et en ce moment, il avait sûrement besoin d'aide.

De son côté, Zmrc marchait fougueusement, ne prenant pas une seconde pour s'arrêter. Jean-Kevin commençait sérieusement à souffrir, mais il était peine perdu de tenter de demander une pause. Il fallait arriver le plus vite possible et faire concession de sa peine. Chose impensable pour Jean-Kevin auparavant, lui qui était doué d'un égoïsme hors-paire. Il fallait croire que son petit voyage à Hoenn l'avait véritablement changé...

Et pourtant, le noble avait bien envie de tout laisser tomber. Il faisait tellement chaud, sa transpiration dégoulinante le grattait terriblement, en plus de coller ses vêtements à sa peau. La sensation était insupportable, et pourtant il fallait surmonter ses limites. Et de toute façon, s'arrêter n'était peut-être pas la meilleure solution vu le nombre de Pokémon – très – sauvages du coin.

Après nombre d'ampoules au pieds, le duo de fortune arriva enfin à destination. Ils en restèrent pétrifiés.
En contrebas, dans une large crevasse, se tenait un énorme bâtiment argentée. Il ressemblait à un pentaèdre, mais il était certain que la pyramide s'enfonçait profondément dans le sol. Des hommes lourdement équipés et armés protégeaient l'entrée.

Déjà que Jean-Kevin était assez craintif, la vue d'une sympathique arme à feu faisant la moitié de sa taille ne l'émoustillait pas plus.

Jean-Kevin et Zmrc s'accroupirent immédiatement sur le sol, histoire de ne pas se faire repérer et trouer en moins de deux.

– … ôte moi d'un doute, geignit le noble déchu. Ceci n'est pas notre destination, n'est-ce pas ?
– Euh...

Là, c'était démentiel. Deux civils. S'attaquer à une forteresse d'apparence imprenable. Génial, tout simplement génial.

– Sofian est là-dedans..., rappela Zmrc.
– …

Encore une fois, des questions déferlaient sans l'esprit de Jean-Kevin. Que diable faisait Sofian dans cette base futuriste ?! Quoi qu'il en soit, la motivation du noble était vite redescendu au ras des pâquerettes.

– Je...

En revanche, ce n'était pas le cas de Zmrc. Une lueur de défi luisait dans ses yeux. Des flingues ? Pfeuh. Il était invincible. Alors certes, il n'était pas immunisé à la douleur, mais Sofian souffrait peut-être énormément en ce moment même ! En plus, il possédait une deuxième arme secrète...

– Je vais y aller, termina t-il.
– … !

Jean-Kevin resta sans voix face au courage inconscient de son ami.

– Si j'enlève mon masque, ils ne me verront pas, assura Zmrc.
– T-Tu es sûr ? bafouilla Jean-Kevin. Je sais que tu es spécial, mais eux, ils ont l'air d'avoir une tonne d'équipements de pointe ! Et si ils ont des appareils permettant de voir des personnes comme toi ? Tu sais, avec ces trucs qui repère à la chaleur corporelle...
– …. c'est un risque à prendre, se crispa Zmrc. Je peux le faire. J'ai un don. Ce n'est pas pour rien. Je ne peux pas faire marche arrière, après être arrivé si loin.

Jean-Kevin baissa les yeux. Ce type, Zmrc, était réellement impressionnant. Il était plus petit de taille, mais là, Jean-Kevin avait l'impression d'avoir un géant à ses côtés. Comment pouvait-il garder sa contenance devant un défi aussi surréaliste ?

Ce type valait vraiment quelque chose. Alors que lui, le « grand Jean-Kevin Gabaïto », n'était qu'une grande gueule, à crier sa pseudo-supériorité à qui voulait bien l'entendre, mais qui était incapable de faire face aux difficultés.

– Je vais chercher Sofian, réaffirma Zmrc.
– …

Jean-Kevin restait silencieux. Il se sentait honteux. Lui, il voulait fuir. C'était la réponse logique à une telle situation. Mais Zmrc voulait se battre. Et il ne plaisantait pas. Il allait vraiment se donner à fond, contre mille adversaires cent fois plus puissants que lui. C'était un inconscient, mais il avait l'âme du héros. Jean-Kevin en était jaloux mais aussi admiratif.

Zmrc tremblait, ça se voyait qu'il était terrifié. Mais son courage bouillonnait. Après avoir déglutit, il enleva son masque. Jean-Kevin perdit immédiatement sa trace. Il ne pouvait plus le voir, mais il était évident qu'il dévalait en ce moment même la pente menant à la crevasse.

Jean-Kevin sentit une boule dans son cœur. Il se surprit à prier pour que rien de grave n'arrive. Lui qui se prenait lui-même pour un dieu et refusait d'admettre la supériorité d'un être mystique par fierté, c'était, pour ainsi dire, un miracle.

Pour l'instant, tout était calme. Mais cela n'allait pas durer. Dans juste quelques minutes, un chaos sans nom déferlera.