Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Et le soleil devint ténèbres. de Clafoutis



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 25/01/2016 à 16:37
» Dernière mise à jour le 25/01/2016 à 16:38

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 19 : Alliés de circonstance.

 
 Ynès Salwa courait sauvagement et vivement autour de la salle circulaire, à « quatre pattes » – plutôt trois en réalité – , ses très longs cheveux grenats et son manteau ivoire flottant rageusement à son rythme effréné. Qu'importe le point de vue, c'était une véritable louve en chasse, prête à déchiqueter sa proie de ses griffes acérées.
Mais loin d'être effrayé, un éclat joueur éclairait les yeux de Sevan. Courage ou inconscience... ?

– Waah ! C'est super cool ce qu'elle fait !

... Darkrai pencherait plus pour la deuxième proposition.

« Sevan, si tu ne fais rien, tu va trouver ça un peu moins cool, c'est moi qui te le dis... »

– Ouais, je sais ! Mais moi aussi je sais faire des trucs cool ! Sevan's Kick !

Son pied s'enroba d'une épaisse brume azurée. Et toujours aussi jovial, le joyeux luron fusa subitement vers son adversaire, le visant précisément, quand bien même Ynès fusait toujours à vitesse grand V à travers la salle. Surprise, cette dernière ne put que contrer le coup de son propre bras.

– Mais t'es vachement rapide ! s'étonna Ynès.
– Hihi, n'est-ce pas ? Et j'ai d'autre chose en réserve aussi, Sevan's Punch !

Idem, après avoir canaliser son énergie dans son poing droit, Sevan cogna durement. Très durement. Et il permit à Ynès de savourer le goût de la poussière, du moins, l'aurait permis si cette dernière n'avait pas vivement bondit en arrière.

– Toi aussi t'es rapide ! s'enjoua Sevan.
– Faut bien avoir de quoi survivre, lui sourit Ynès en retour.

Soudainement, la Corrompue concentra dans sa main une boule d'énergie nocturne qu'elle écrasa violemment à ses pieds. Sol, murs et plafonds tournèrent brusquement au ténèbres, comme si une aura obscure venait de plonger la salle dans une autre dimension où la nuit était reine .

– Bienvenue dans mon royaume ! s'inclina légèrement Ynès.

« ... Sevan ! commenta Darkrai. L'énergie obscure vient de faire un bond drastique... »

– Tu as perdu, Sevan ! déclara Ynès en position d'attaque. Personne n'a jamais réussi à me vaincre sur mon territoire de chasse !
– Ah non, non ! l'arrêta son adversaire. C'est l'inverse je dirais, c'est toi qui a perdu !
– ... oh ? Et pourquoi cela ?

Sevan pencha la tête sur le côté, faisant l'air de réfléchir. Juste l'air, évidemment.

– Bah, j'suis peut-être pas malin, mais je sais ça l'est encore moi d'utiliser les ténèbres contre moi !
– Ah ?
– Bah oui ! J'ai le pouvoir de Darkrai en moi, le prince des ténèbres, alors en invoquant tant d'obscurités, forcément tu me renforces, regarde plutôt !

Sevan leva nonchalamment une main en l'air, et aussitôt, toute l'énergie ténébreuses fut follement aspirée dans celle-ci. Après une bonne trentaine de seconde de cyclone épouvantable, Sevan referma sa main, provoquant une explosion de puissance monumentale. Son poing se teint progressivement d'un bleu azur étincelant, ardant, fumant, envoûtant. De même, ses pieds se revêtirent de la même couleur. Sevan, plia légèrement les genoux, et s'élança.

– Sevan's Punch !

Ynès ne put que se protéger de son seul bras. Une bien maigre défense. Au simple contact, la pauvre Corrompue s'encastra vivement dans le mur, mordant la roche.

Un long silence suivit la démonstration de puissance, un silence terrible, marquant d'autant plus la brutalité du choc. Cependant, alors que les secondes passèrent, des gouttes de sueurs déferlèrent sur le visage de Sevan.

– ... oups ? ... hé, tu ne bouges plus ?! Hé, tu vas bien ?!

Paniqué, l'hôte du prince des ténèbres courut ridiculement vers sa précédente adversaire, dans l'espoir d'acquérir de ses nouvelles, positives si possible. Après une rapide inspection, il se figea dans l'effroi.

– Waaah ! Elle a un bras en moins, je lui ai arraché un bras !!

Blessée mais amusée, Ynès pouffa légèrement.

– Pff ! Non, je suis née comme ça, je n'ai qu'un seul bras.
– Ah ! Tu parles encore ! se soulagea Sevan. J'ai eu sacrément peur à un moment...
– ... t'es un drôle de type toi. Venir t'excuser après avoir frapper son adversaire...
– Bah, c'est pas comme si je te détestais ! se justifia Sevan avec un grand sourire. Ce serait pas cool si je t'avais vraiment, vraiment blessée !

N'y pouvant plus, Ynès éclata de rire.

– Hahaha ! T'es vraiment, vraiment bizarre comme type ! Avec un sacré punch en plus de ça !
– N'est-ce pas ?! fanfaronna Sevan. C'est la première fois que je tape avec, enfin que mon vrai moi tape avec, puisque mon autre moi l'avait déjà fait auparavant et euh...
– Ça va j'ai compris ! le coupa Ynès avant que tout cela ne devienne vraiment incompréhensible. Pfouaaah ! Dis donc, tu sais vraiment casser l'ambiance toi, je n'ai plus du tout envie de me battre !

Sevan acquiesça.

– Faut dire aussi, s'attaquer comme ça, sans savoir pourquoi, c'est pas tip-top.
– Sans savoir pourquoi ? Je suis une Corrompue, l'une des représentante des ténèbres, et tu fais partie des Sentinelles, la récente unité de police créée par la présidente Vanille Valérian elle-même. Ce n'est pas une raison suffisante pour être ennemi naturel ?
– Mmh... tout ça c'est beaucoup trop compliqué pour moi ! En plus je suis moi aussi un Corrompu !
– ...
– Et sinon ça, il n'y a pas d'autres raisons de se taper dessus, non ?
– Euh... non ? A vrai dire, je suis ici pour enquêter, pas pour me battre. Toi aussi non ?
– Enquêter sur quoi ?

La grosse voix de Darkrai résonna d'un coup, à la surprise générale.

– Bah quoi ? grogna t-il. Tu m'as déjà cafter tout-à-l'heure, pourquoi je resterais caché ?
– ... qui parle ? geignit Ynès.

Embarrassé, Sevan enleva le gant de sa main gauche, révélant le gros œil rouge y ayant élu domicile.

– Yo, salua Darkrai.
– ...

Ynès s'immobilisa instantanément, devenant aussi blanche que neige.

– Je sens que ça va être long..., soupira le prince des ténèbres.


***

Les rires. Les regards. Les rictus. Les moqueries. Telle était le nouveau quotidien d'Alice. Pourquoi ? Pourquoi elle ? Pourquoi devait-elle subir tout cela ? Ne pouvait-elle pas être en paix pour une fois dans sa vie ? Toujours, toujours les malheurs s'abattaient sur elle, sans qu'elle ne pût rien y faire.

En y repensant, en seulement 10 ans de vie, tout dans son existence avait été foiré. Elle n'avait jamais demandé à être une Corrompu, elle n'avait pas demandé à être avec ses parents, elle n'avait pas demandé à être abandonné. Alice avait l'impression que l'univers la détestait, la haïssait, l'abhorrait.


Oui, déteste le monde...


Alice acquiesça à la voix résonnant dans sa tête. La haine était la seule chose qui ne trompait pas. Le reste n'était qu'illusion, hypocrisie, pour tromper la malice. En réalité, chaque personne était seule et devait le rester. Et la seule chose capable de faire tenir une personne était la haine. Pour survivre, il fallait ne faire preuve d'aucune compassion, aucune pitié, car on n'a aucun ami dans ce monde. Que des inconnus armés d'un couteau dans le dos.

Sa situation actuelle par exemple, elle avait été jeté dans cette horrible école accompagnée de cette garce de Jenna. Qu'est-ce qu'il pourrait mal se passer ? Sans compter qu'elle avait visiblement l'étiquette « souffre-douleur » inscrit à l'encre noire sur son front.

Alice en voulait énormément à la police de l'avoir envoyée ici. Elle n'était qu'une enfant, elle n'était pas faite pour être membre d'une pseudo-unité d'élite. Mais elle comprenait. La police ne voyait pas en elle une enfant, mais une arme. C'était vrai après tout, elle était forte, comme tous les Corrompus. Elle pouvait créer des portails dimensionnels de tailles variables capables d'aspirer tout et n'importe quoi et de le ressortir.

Comme lorsque son « autre elle » avait prit le dessus à Sol-Styx, elle avait absorbé l'incendie de l'auberge dans l'un de ses portails. Or, son pouvoir ne se limitait pas à ça, elle pouvait absorber, mais aussi renvoyer. Tiens, là, si elle le voulait vraiment, elle pouvait « libérer » l'incendie sur Osha, incinérant toutes ses petites putes sur le champs. Et honnêtement, elle n'était pas loin de vraiment le vouloir, justement.


Pourquoi te retenir ? Détruis-les avant qu'ils ne te détruisent.


Alice grinça des dents. Oui, elle le pouvait. En un mouvement de doigts, elle pourrait déclencher l'enfer. Mais était-ce vraiment la solution ? Devrait-elle se laisser porter par sa nature de Corrompu ? Peut-être, ou peut-être pas...

La ténébreuse blondinette s'arrêta brusquement. Cela faisait plusieurs minutes qu'elle déambulait machinalement dans les couloirs, sans vraiment savoir où elle allait. Et là, elle se situait dans le dortoir, et pas n'importe où, juste devant la chambre d'Armeline. Cette petite salope. En y repensant, tout était de sa faute. Absolument tout. C'était cette satanée rousse qui avait monté l'école contre elle. Oui, seule Armeline méritait d'être la cible de ses flammes vengeresses.

Après voir vérifié que personne n'était dans les parages, Alice créa discrètement un micro-portail, où sortit juste assez de flammes afin de brûler la serrure. Elle légèrement appuya sur la poignée.

Alice avait agit sur l'impulsion, une fois à l'intérieur, elle resta immobile un instant, perdue. La chambre d'Armeline ressemblait à la sienne. Rien d'étonnant à cela, toutes les chambres d'Osha était bâtie sur le même modèle : un grand lit à baldaquin dans le coin haut-gauche, un bureau à ses côtés, et des armoires contre le mur opposé, et une petite porte blanche menant à une salle de bain personnel. Après, libre aux occupantes de décorer comme elles le voulaient.

Ici, en l'occurrence, la pièce était envahit de peluches. Chose étonnante considérant le caractère aigri et hautain de sa propriétaire. Alice se demanda un moment si elle pouvait utiliser cela contre elle... peut-être que cette Armeline cachait autre chose ? Dans l'espoir dans trouver plus, Alice se décida à fouiller dans les placards...


***

– Darkrai ? Dans ta main ?
– Hé oui, c'est dingue, hein ?
– ... et ça ne te fait pas mal ?!
– Non, c'est plus comme une sorte de gros tatouage en fait !
– ... et si je touche l'œil, ça fait un truc ?

Cela faisait maintenant dix minutes que Ynès Salwa tournait curieusement autour de la main de Sevan, le bombardant de questions.

– Si tu touches ça fait pas mal non, mais c'est dégueulasse, la prévint Sevan. Ça reste un œil après tout ! Je me souviens d'une fois où j'ai voulu me gratter le derrière et...
– Euh non ça va, pas trop de détails non plus ! l'arrêta tout de suite Ynès.

Darkrai toussota bruyamment, autant d'exaspération que de gêne.

– Bien, maintenant que les présentations sont faîtes, l'on peut repartir sur des bases plus sérieuses ? grommela t-il. Vous parliez d'une enquête, c'est cela ?
– Euh oui ! acquiesça Ynès. Je sais pas si peux le dire mais... baah après tout, pourquoi pas ! Paraît qu'il se passe un truc louche ici, et pas très sympathique.
– Voilà qui est très précis..., soupira Darkrai.
– Ce n'est pas tout ! reprit vivement la Corrompue. Même nous, nous ne savons pas trop ce qu'il se trame, mais deux choses sont sûres : la royauté est impliquée, ainsi qu'un fragment de la Gemme Azurée !

Ces derniers mots rappelèrent vaguement quelque chose à Sevan... Gemme Azurée..., Jenna lui en avait parlé il y a longtemps s'il s'en souvenait bien. Mais c'était un peu trop loin pour se remémorer précisément la scène. Il fallait dire qu'entre la découverte de la nature de Corrompue d'Alice, la tentative d'assassinat sur cette dernière par Jenna, la fuite nocturne de Cercl'œil, suivit du combat à Sol-Styx, Sevan n'avait pas le loisir de graver chaque événements mineurs dans sa mémoire.

– La Gemme Azurée ?! réagit néanmoins violemment Darkrai. Mais c'est...
– La relique des ténèbres par excellence, continua Ynès. Et au passage, l'ingrédient indispensable pour la Prévarication, le rituel pour devenir un Corrompu.
– ...
– Dites, pencha légèrement Ynès de la tête. C'est un peu bizarre de dire ça mais... tu n'es pas Conrad Lux, hein ?

Sevan tressaillit. Ça, il ne l'avait pas oublié. Conrad Lux était un Corrompu dont la tête était mise à prix, et Jenna Naïven était la vaillante guerrière censée le tuer, et qui avait réussi au passage. Sauf que Conrad avait ensuite conclu un pacte in-extremis avec Darkrai, lui rendant ainsi l'étincelle à son corps sans vie. En gros, c'était le nom qu'il portait avant sa résurrection.

– ... qu'est-ce qu'il te fait dire ça ?
– Bon là, j'en dit sûrement trop, soupira Ynès. Mais Conrad était un nouveau chez nous, un très prometteur. Mais il n'était pas encore un Corrompu à l'époque, il ne trouvait pas de Pokémon avec qui contracter.
– Un Pokémon ?
– Bah, chaque Corrompu est lié à un Pokémon ! récita Ynès comme si c'était une évidence, de préférence d'un type obscure comme Poison / Ténèbres / Spectre, mais il y a des variantes. Moi j'ai le pacte de Zoroark par exemple. Bref, Conrad voulait devenir un Corrompu, mais sans Pokémon, il ne pouvait pas faire officiellement parti des nôtres. C'est à ce moment là que notre chef avait décidé de l'envoyer dans une mission secrète, à Cercl'œil.
– ... Cercl'œil, hein..., marmonna Sevan.
– Oui, confirma Ynès. Ce non n'est pas dû au hasard, à ce qu'il paraît, c'est ici que Darkrai aurait péri durant les temps anciens, avant d'être scellé dans la Gemme Azurée. La Gemme aurait ensuite été détruite et dispersé aux quatre coins du monde pour ne pas qu'il puisse renaître, mais je m'égare. Selon no recherches, le cœur de la Gemme, là où résiderait l'âme de Darkrai, se trouverait à Cercl'œil.

Ynès s'arrêta un instant, reprenant un peu sa respiration. Sevan et Darkrai la fixaient avec une attention inflexible.

– Pour résumé, la mission de Conrad était de retrouver le cœur de la Gemme, et de faire un pacte avec Darkrai. Sauf que nous n'avons plus aucune nouvelle de Conrad. Je savais que c'était de la folie de le laisser partir seul, mais notre chef a jugé que c'était plus prudent, pour la discrétion...

Ynès secoua la tête, comme pour se débarrasser de ses pensées sombres.

– Mais toi, tu dis avoir un pacte avec Darkrai, le pacte que devait avoir Conrad... ça ne peut pas être une coïncidence ! D'un côté tu ne lui ressembles absolument pas ; tu es tout son opposé à vrai dire, tu n'as ni sa chevelure d'or, ni son air taciturne et froid. Cependant de l'autre je ne sais pas, j'ai l'impression de sentir la même aura, sans parler du pacte avec Darkrai...
– ...

Sevan grinça des dents. Devait-il lui avouer qu'il était effectivement ce Conrad, mais qu'il avait perdu la mémoire ? Il avait décidé de faire un croix sur son passé inaccessible et de se consacrer au présent désormais, c'était pourquoi il avait garder son nom de Sevan, celui que Darkrai lui avait donné, plutôt que de reprendre celui de Conrad Lux. Conrad était mort ce jour là, tué par la Gardevoir de Jenna. Un point c'est tout.

Or, Sevan voulait tout de même savoir plus son passé, mais il ne voulait pas non plus le revivre, reprendre la place de Conrad et de faire comme si de rien n'était. Une foule sentiments contraire qui l'empêchait de répondre.

– Non, souffla t-il finalement. Je me nomme Sevan, et uniquement Sevan. Désolé mais, je ne connais pas ce Conrad Lux.
– ... n'est-ce pas, se résigna Ynès. Mais dans ce cas, comment peux tu avoir le pacte de Darkrai ? Aurais-tu trouvé le cœur de la Gemme quelques part d'autre ? Et qu'est-il devenu de Conrad... ?
– ... haha..ha..., ricana nerveusement Sevan.

Darkrai ferma son œil, soucieux. Il sentait bien la contradiction du cœur de son hôte, mais il préféra rester silencieux. Il y avait des situations où le silence était la meilleure des réponses.

– Au fait, tenta Sevan de détourner la discussion. Tu parlais de ton « groupe », c'est qui exactement ?
– ... notre famille, des Corrompus ou des parias de la société qui décident de se serrer les coudes, nous sommes une sorte de grande famille. Tu connais déjà l'un d'entre nous, Jeoffrey Dean. Un brave type, bien qu'un peu impulsif...

« Un peu », effectivement. Ce n'était pas comme s'il avait mis à feu et à sang Sol-Styx juste pour le plaisir de voir la ville brûler.

– Ahem, toussota de nouveau Darkrai. Pour en revenir sur l'enquête sur Srao et Osha...
– Ah oui, se redressa Ynès. Je suis censée trouver ce que la royauté fiche avec un fragment de la Gemme Azurée dans cette école. La royauté est un peu notre ennemi mortel, tu comprends, c'est le siège des Saints, ces religieux qui tentent de répudier toutes formes d'obscurité dans le monde. Et nous, les Corrompus, nous sommes un peu l'incarnation de cette obscurité, alors voilà, par la force des choses...

Sevan tenta de s'en souvenir. Oui, Jenna lui en avait parlé aussi, des Saints – ou religieux. Des êtres bénis par Arceus, et ayant un pouvoir spécifique la « Grâce », paraît-il super-efficace contre les Corrompues. Jenna pouvait le contrôler d'ailleurs, mais à très faible quantité ; elle restait incapable d'affronter des Corrompus confirmés Jeoffrey, Alice... ou lui-même d'ailleurs. En y repensant, elle ne gérait pas des masses la Jenna.

– Ça nous inquiète vachement chez nous, s'assombrit Ynès. Sans compter en plus la récente disparition de cet enfant, Alan Surt je crois, qui ne fait que confirmer mes doutes. Cette école cache un lourd secret, c'est certain.


***

Alice resta abasourdie une bonne dizaine de seconde. En ouvrant ce placard, elle avait espéré tomber des des affaires personnelles d'Armeline, des babioles, des vêtements, des trucs du genres. Mais elle n'avait jamais pensé qu'elle aurait découvert Armeline Hinnster elle-même, déjà ligotée et bâillonnée bien comme il le fallait !

Pendant un instant, Alice songea à profiter de la situation. En prenant son temps, elle pourrait créer une portail suffisamment gros pour contenir Armeline et l'y envoyer. Ainsi, cette petite garce resterait à flotter aléatoirement dans une dimension froide et vide, jusqu'à ce qu'elle meurt de faim.

Mais d'un autre côté, une question taraudait la blondinette : pourquoi ? Pourquoi Armeline était t-elle enfermée dans un placard ?

Sans doute appâtée par la lumière, Armeline se tourna vers Alice. Les deux regards s'entrecroisèrent. Soudain, la rousse se mit à gigoter comme un Chenipan, voulant sans doute faire passer un message, du style « délivre-moi ! » ou dérivé. Alice hésita un instant mais décida tout de même de s'exécuter, après tout, elle n'aurait pas de réponse en restant dans cette situation. Elle enleva néanmoins que le bâillon, le reste allait dépendre de la suite.

– Aaaaf ! respira bruyamment Armeline. Enfin, c'est pas trop tôt ! Ils vont m'entendre à la direction ! Ah ça oui, le nom de la grande Armeline Hinnster n'a pas fini de résonner !

Alice regrettait déjà d'avoir ouvert ce placard. Mais alors qu'elle s'apprêtait à remettre le bâillon à sa place d'origine, une question étrange l'immobilisa.

– ... et vous êtes qui vous ?!

Alice fronça les sourcils. Impossible qu'Armeline ne la reconnaisse pas, surtout vu le « traitement de faveur » qu'elle lui avait accordé depuis son arrivé. Cependant, elle n'avait étrangement pas l'air de plaisanter...

– Et bien quoi ? Vous ne répondez pas ? Et qu'attendez vous pour me libérer, j'ai encore les poings et pieds liés si vous ne l'aviez pas encore remarqué !
– ... je me nomme Alice Strainford, je suis arrivée il y a deux jours...

Armeline fit la moue.

– Une nouvelle, c'est cela ? Pfeuh, il accepte vraiment n'importe qui ici, regardez vous, vous n'avez aucune classe !
– ... vous ne me connaissez pas ? s'enquit Alice.
– Comment je l'aurais pu ?! Je suis enfermé ici depuis des semaines ! Celle qui m'a enfermé ici me traite comme un animal, me nourrissant juste assez pour ne pas que je m'évanouisse... grbl... si je l'attrape celle-là...

Alors là, c'était le flou complet du côté d'Alice. Quelque chose ne tournait pas rond, assurément. Armeline aurait été séquestré ici pendant plusieurs semaines ? ... alors qui était cette petite garce qui avait tant fait souffrir Alice ? Plongée dans ses interrogations et ses doutes Alice réalisa soudainement une chose.

Pourquoi était-elle entrée dans cette chambre ? Pour se venger d'Armeline. Pour la faire souffrir. Elle avait même envisager de la tuer. Alice serra les poings. Elle s'était encore une fois laissé poussé par ses envies de destructions, par sa nature de Corrompues, par la douce petite voix dans sa tête. Non, ce n'était pas elle. Elle n'était pas violente, elle n'était pas une meurtrière !

Alice défit précipitamment les liens d'Armeline. Elle devait la sauver, c'était ce qu'aurait fait n'importe qui en voyant une enfant séquestrée ! Elle devait chasser toutes ses émotions négatives, redevenir une petite fille et non pas un ange de la mort. Il ne le fallait plus.

– Euh... Armeline..., tenta Alice de communiquer.
– Qui es-tu pour m'adresser la parole aussi vulgairement ?! Je suis la grande Armeline Hinnster, héritière de l'empire financier Hinnster, représentant à lui seul 30% de la fortune de Parádeisos ! Fait preuve de respect !

Bon, il fallait qu'Alice chasse ses émotions négatives certes, mais vu l'interlocutrice, ce n'était pas si simple. Il ne fallait pas la blâmer si à l'occasion, un petit portail dimensionnel sortait de nulle part !

– Ehm, se contint t-elle. Oui, c-comment vous dire, vous avez vraiment été enfermé ici pendant plus d'une semaine ?
– Me traiterais-tu de menteuse, petite sotte ?! Après l'enfer que j'ai vécu ?! Tu dis t'appeler Alice Strainford, n'est-ce pas ? Je ne connais pas, mais laisse moi te dire une chose, si tu continue de me dénigrer, les Hinnster ont largement le pouvoir de faire tomber ta famille ! Aaah ! Mais qu'est-ce que je fais encore ici moi ? Il faut que je prévienne le proviseur !

Décidée, Armeline se leva fièrement, et courut... vers sa garde-robe. Et oui, elle était enfermé durant des semaines, et donc, elle avait pas mal transpiré durant ce temps. Elle n'allait tout de même pas se présenter ainsi devant le proviseur, toute barbouillée et en sueurs, ce serait une insulte au nom des Hinnster ! Il faudrait aussi qu'elle prenne une douche et se remaquille aussi au passage...

– Attendez ! la stoppa Alice alors que la rousse s'apprêtait à entrer dans sa salle de bain personnel.

L'effet fut immédiat, Armeline se retourna, rouge comme un piment.

– J-Je rêve, où vous venez de me donner un ordre ?! A moi, la grande Armeline Hinnster, héritière de l'empire financier Hinnster, représentant à lui seul 30% de la fortune de Parádeisos !

Alice soupira intérieurement ; ah ça, on allait le savoir qu'elle était l'héritière de l'empire machin-truc-chouette super riche. C'était à se demander combien de fois elle le disait par jour...

– Quelqu'un d'autre à pris ta place.
– ... pardon ?

Au début, Alice voulait le dire avec plus de tact et de doigté, mais finalement, non.

– Il y a une autre fille dans l'école qui se fait appeler Armeline Hinnster. Personne ne sait que tu as été séquestré en fait, puisqu'il y a cette autre Armeline que tout le monde prend pour toi. Et elle te ressemble beaucoup !

Tout en ayant le même caractère, omit de mentionner Alice.

– C-C'est une plaisanterie !
– Non, c'est vrai ! Je te conseille de rester cachée pour l'instant....
– Gnnn ! bouillonna Armeline. Déjà, je n'ai pas de conseils à recevoir de vous ! Ensuite, NE ME TUTOYEZ PAS ! Je ne suis pas votre copine ! Et dernièrement, laissez-moi tranquille, je dois prendre une douche !

Et sans un regard en arrière, Armeline s'enferma dans la salle de bain. Alice haussa les épaules. Communiquer avec cette noble de rousse était non seulement éreintant, mais aussi désespérant. Du moins, pour crier ainsi, elle devrait être en forme, surtout pour une gamine censée s'être fait séquestrée pendant plusieurs semaines.

Il fallait peut-être prévenir Jenna, elle saurait sans doute quoi faire dans cette situation et qui sait, ça avait peut-être un rapport avec l'affaire de la disparition...