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The End of the World de Marshan Utopium



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» Auteur : Marshan Utopium - Voir le profil
» Créé le 24/01/2016 à 17:05
» Dernière mise à jour le 29/01/2017 à 11:11

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Chapitre 4 : Le marécage des Axoloto
Sur les conseils d'Annabelle, nous avons attendu la tombée de la nuit. Elle m'avait dit que les Pokémon dormaient, comme nous, la nuit -sauf certains qui étaient nocturnes, mais c'était un nombre plus infime que les Pokémon vivant de jour-. Mais, si on les réveillait, ils seraient plus agressifs que pendant la journée. En fait, les Pokémon restaient des animaux comme les autres. Ou presque. Annabelle et moi prîmes nos sacs ; je fis rentrer Flash dans sa Pokéball, et nous sortîmes. Il faisait très froid dans le désert. Ce dernier était vide, aucun Pokémon ne traînait dans les parages. Nous avançâmes tout de même prudemment, en silence. Je pensais à tellement de choses à la fois que je ne savais même plus ce que à quoi je réfléchissais précisément. De toute façon, les mêmes bribes de mots revenaient en boucle : "Pokémon", "Lysandre", "Annabelle", "papa et maman", "Christophe". Je ne savais pas quoi penser de tout ce qu'il venait de se produire. L'explosion, la disparition de mes parents, l'apparition des Pokémon, le louveteau qui s'était transformé, le départ et sûrement la mort de Christophe, la rencontre avec Annabelle, ce deuxième départ soudain que nous venions de prendre ensemble, juste pour ne pas être seules… Je ne la connaissais même pas ! Je ne connaissais pas Flash non plus, à vrai dire… Non, je ne devais pas douter, pas maintenant. J'étais partie et, même si tout cela me paraissait flou et m'effrayait, je devais rester forte et continuer, ne serait-ce que pour survivre. Je fermai les yeux et pris une grande inspiration, puis sortis avec Annabelle. Je buttai sur une petite pierre, ce qui eut pour effet de me réveiller une bonne fois pour toute. Je regardai autour de moi et, à part la porte menant à Illumis qui était maintenant assez loin derrière nous, je ne voyais rien. Je suivais ma nouvelle amie, elle avait l'air de connaître cet endroit. Nous marchâmes pendant deux bonnes heures ; j'étais exténuée. Mais je finis par apercevoir une autre porte. Nous l'atteignîmes environ vingt minutes plus tard. Il devait être presque une heure du matin. Nous traversâmes la porte, en observant bien l'absence de vigile, ce qui était évidement normal. Il devait être mort, et cette pensée m'effraya. Mais, s'il était mort durant son service, qui avait déplacé son cadavre...? Horrifiée par mes propres pensées, je me concentrai à nouveau sur la route à suivre. Annabelle et moi débouchâmes sur un petite ville assez pittoresque. Comme j'avais bien suivis mes cours de géographie, je savais que nous nous trouvions à Port Tempères. Je savais également que pour continuer notre chemin, il faudrait prendre le métro. Nous nous dirigeâmes donc sans convictions vers la station de métro. Quand nous entrâmes, nos craintes se confirmèrent : il n'y avait personne. Nous n'étions bien sûr pas entrées dans les maisons des personnes qui habitaient ici, mais tout le temps n'avait pas pu s'endormir paisiblement dans son sommeil ! Même si ne pas voir de cadavre était un soulagement, l'absence de corps ne me rassurait guère. Où étaient-ils tous passés ? Je regardai Annabelle dans les yeux, sans rien dire, il était évident que si personne n'était en vie, nous ne pourrions pas prendre le métro. Nous ressortîmes, ne sachant par où passer pour continuer notre route. En un regard fugace, nous décidâmes de passer par l'Arène, histoire de confirmer que la petite ville était vraiment vide. Nous traversâmes rapidement la petite ville et entrâmes dans ladite Arène. Nous nous retrouvâmes face à un immense pilier entouré de fleurs colorées et de lierre. L'herbe verte vif au sol avait l'air vraie. L'entretien de cette Arène devait prendre énormément de temps et d'argent. N'entendant que le silence, nous décidâmes de ne pas grimper le pilonne géant, l'Arène était sûrement vide, elle aussi. Nous ressortîmes en quête d'une voie pour sortir de cette ville. Après de longues minutes de recherches intensives chacune de notre côté, Annabelle cria :

- Margaux, ici ! Y'a quelque chose de… bizarre.

Je la rejoignis et observai effectivement un phénomène que je n'avais jamais vu de ma vie. Ici, à Port Tempères, se trouvaient d'immenses marécages. Je n'étais jamais venue ici mais j'étais sûre que ces tas de boue ne se trouvaient habituellement pas ici. Je savais également qu'il y en avait sur la Route 14, mais les marécages ne se déplaçaient pas, comment auraient-ils pu arriver jusqu'ici ? Pourtant, au vu de la continuité de ces derniers, il était fort probable que la Route 14 et Port Tempères soient reliés. Dans ce cas-là, ces étendues de boue devaient continuer sur des kilomètres. Mais sans métro, nous ne pouvions pas continuer plus loin. Je mis un pied dans la boue et constatai qu'elle n'était pas très profonde, mais assez collante. Ces marécages étaient notre seul chemin. Ils allaient être très difficiles à traverser, surtout vu leur longueur. Mais je regardai Annabelle, qui me suppliait du regard. Elle non plus ne voulait pas traverser cette immondice, surtout que l'on ne savait pas quels Pokémon se cachaient là-dedans. Je me penchai et remontai mon jean jusqu'au dessous des genoux. Annabelle, qui était en robe, n'eut pas besoin de le faire. Je regardai mes chaussures, qui allaient vite rendre l'âme dans cette boue infâme. Annabelle rentra la première dans la matière verdâtre. La marche ne semblait pas si difficile ; je la suivis. Nous marchâmes quelques minutes, écoutant nos propres plaintes.

Cela faisait maintenant presque une heure que nous marchions. L'avancée était de plus en plus dure, nos jambes fatiguaient au fur et à mesure de nos pas. Nous étions silencieuses ; chaque mot nous fatiguait. La nuit noire nous faisait presque peur. Le souffle froid du vent nous fouettait le visage. Soudain, Annabelle, qui était derrière moi, s'arrêta.

- Je n'en… peux plus…

- On ne peut pas abandonner ! Je sais que c'est difficile, mais on n'a pas le choix ! On va pas se laisser mourir ici quand même ! lui répondis-je.

D'habitude, c'était moi qui abandonnais. Mais cette fois-ci, c'était différent. Je ne voulais pas mourir et je ne voulais pas qu'Annabelle meure aussi. Mais je voyais bien qu'elle ne pourrait pas faire un pas de plus. Elle était épuisée, puis j'avais compris que le sport, aussi facile soit-il pour moi, était un effort surhumain pour elle. Seule la danse classique, qui était sa passion, ne devait pas l'épuiser. Ses longs cheveux roses trempaient presque dans la dégoûtante boue verdâtre. Soudain, ses yeux bleus s'agrandirent et elle sortit son Pokédex de son sac. Une voix robotique en sortit : « Axoloto passe une énorme partie de son temps dans l'eau, mais il est obligé d'en sortir pour manger. A terre, il recouvre son corps fragile d'un voile toxique et visqueux.  Il dort à demi enfoui dans la boue au fond de l'eau. » Je me retournai vivement et baissai la tête pour voir de quoi, ou plutôt de qui, parlait le Pokédex. En effet, un tout petit Pokémon se trouvait à mes pieds. Ce "Axoloto" ressemblait à un axolotl, d'où son nom je suppose. Il était bleu clair, n'avait pas de bas mais possédait deux espèces de cornes violettes de chaque côté de sa tête. Ses petits yeux noirs me fixaient, je les voyais pétiller. Je le regardai aussi, ne sachant que faire. Il poussa un petit cri, se retourna et avança de quelques pas. Il s'arrêta et se retourna de nouveau vers moi, poussant toujours son petit cri qui, je dois l'avouer, était assez mignon.

- Je crois qu'il veut qu'on le suive… me dit Annabelle.

Je regardai de nouveau l'Axoloto et me résignait à être d'accord avec Annabelle. Il faisait nuit et nous ne savions pas quoi faire, puis elle était morte de fatigue. Je m'approchai de mon amie et la pris sur mon dos. A ce moment, j'étais heureuse de constater qu'elle était non seulement plus petite, mais aussi beaucoup plus légère que moi. Son poids rendit tout de même la marche encore plus difficile, mais c'était supportable. Je suivais le petit Axoloto dans la boue. Il nageait dans cette dernière et semblait s'y plaire. Il en était presque mignon. Je ne sais pas pendant combien de temps je suis restée derrière ce Pokémon à le suivre. Vingt minutes, peut-être plus. Je tombais moi aussi de fatigue maintenant. Mais ce que je vis m'émerveilla et me soulagea. L'Axoloto m'avait menée jusqu'à une sorte de paradis boueux. Des sculptures de matière verdâtre trônaient çà et là, une mare à l'eau douteuse se trouvait au centre, et des dizaines d'Axoloto se jetaient dans l'eau et batifolaient un peu partout. C'est à ce moment-là que je me rendis que les Pokémon étaient des créatures exceptionnelle. Personne ne connaissait rien d'eux et, en une journée, ils avaient construit leur petit paradis. Le petit Pokémon qui m'avait conduite ici semblait parler avec ses compères. Puis, après leur courte discussion, les Axoloto nous ramenèrent, à Annabelle et moi, de petits fruits jaunes. On aurait dit des citrons possédant une feuille de taille moyenne. Sans se poser de questions, Annabelle croqua dans le fruit. Je vis ses yeux s'agrandir. Elle avala goulument la baie et me regarda :

- C'est super bon !

Un peu méfiante, j'acceptai le fruit qu'un Axoloto me proposait. Je croquai à mon tour dans la baie et sentit un tendre goût sucré se déposer sur mes papilles. Mon amie avait raison, ce fruit était tout simplement une merveille gorgée d'eau et sucrée à souhait. Je finis rapidement et jetai la feuille par terre, comme Annabelle. Sans perdre une seconde, deux Axoloto vinrent vers nous et remirent un petit tas de terre sur les feuilles que nous venions de jeter. Il ne me semblait pas que le terre fut fertile, mais sait-on jamais. Puis, si cela leur faisait plaisir, pourquoi pas ? Je déposai Annabelle à terre, qui avait repris des forces en mangeant. C'était incroyable comme ses fruits inconnus nous avaient requinquées, de vrais merveilles. C'est à ce moment que je remarquai que le petit Pokémon qui nous avait amené jusqu'ici me fixait depuis déjà quelques minutes. Cela me mettait mal à l'aise.

- Je peux savoir ce qu'il y a ? demandai-je au Axoloto, sans attendre de réponse.

- Je réfléchis. me répondit ce dernier.

J'eus un mouvement de recul, stupéfaite. J'avais oublié que les Pokémon parlaient. Mais pourquoi n'avais donc pas compris ses petites cris dans le marécage tout à l'heure ? Je décidai de poser la question à Annabelle. Elle me répondit sobrement :

- J'ai lu, dans une section du Pokédex, que quand un Pokémon a suffisamment confiance en quelqu'un, ce quelqu'un en question peut comprendre le langage du Pokémon. Et, moi aussi, j'ai compris ce qu'il a dit.

Ah, d'accord. Ce Axoloto avait donc confiance en nous, soit. Je ne comprenais pas très bien pourquoi et je détestais ne pas comprendre. En tant que véritable perfectionniste, je me devais de tout connaître. L'incompréhension et la stupidité m'étaient insupportables. Rien que le fait de ne pas avoir su tout de suite pourquoi je comprenais ce Axoloto m'avait exaspérée. Enfin, actuellement, ce n'était pas le plus important.

- Vous venez d'où comme ça ? demanda le petit Pokémon.

- Pour ma part, j'habitais une petite bicoque dans la Steppe, jusqu'à ce que Margaux, une Illumisienne, vienne me rendre une petite visite. répondit calmement Annabelle.

- Donc elle, c'est Margaux. continua Axoloto. Et toi ?

- C'est Annabelle. Répondis-je. Dis-moi, je peux savoir où on est ?

- Vous vous trouvez à ce que j'appelle personnellement le paradis de boue, mais ça n'a pas de nom précis. Enfin, il est tard et même si les Baies Jouca vous ont redonnées des forces, vous devez être fatiguées, non ?

Les Baies Jouca ? Ces fruits succulents qu'ils nous avaient données ? Cela s'appelait donc comme ça, bien. Je jetai un rapide coup d'oeil à Annabelle et constatai qu'elle aussi était à deux doigts de s'évanouir de fatigue. Nous acquiesçâmes et le petit Axoloto nous conduisis sur une petite île ; une espèce de petite colline que ne trempait pas dans la boue. D'ailleurs, je ne savais toujours pas d'où venait cette étendue de matière verdâtre. Ils n'avaient pas pu apparaître comme ça… Enfin, j'étais trop fatiguée pour réfléchir. J'aurai du me dire que dormir chez des Pokémon n'était pas un bonne idée, que je n'aurai jamais du quitter ma maison, ma ville, mais je n'avais pas eu le choix. Je n'avais jamais eu le choix. Je m'allongeai sur l'herbe fraîche, Annabelle dormait déjà. Elle avait l'air si fragile, épanouie sur le sol froid. Mais, réveillée, elle avait une force de caractère indescriptible, cela se voyait. Je tournai la tête vers le petit Pokémon bleu sans bras, qui me cria en partant :

- Au fait, mois c'est Tinky. Bonne nuit !