Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Une radio, un pendentif et une tablette de chocolat. de TheMizuHanta



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : TheMizuHanta - Voir le profil
» Créé le 22/01/2016 à 17:09
» Dernière mise à jour le 12/02/2016 à 17:23

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 28 : Nouvelle ville et rendez-vous.
Vestigion : 14h29

- Terminus, tout le monde descend !

Je lâchais un soupir de soulagement. Nous étions enfin arrivés à notre destination. Nous voilà enfin à Vestigion, aussi appelée la vieille ville. Nous étions au milieu de grands bâtiments résidentiels gris, et les rues semblaient plutôt calmes. Cet endroit était connu pour sa culture du passé. Tout ce qu'elle apprenait résidait dans les connaissances des anciens, ceux qui avaient foulés le pied sur ce qu'est devenu Sinnoh, il y a plusieurs siècles, voire millénaires. Alors que Charbourg se procurait des matières premières dans les mines, cet endroit était la Mecque des archéologues. Ils viennent de toute la région pour partager ou obtenir des connaissances sur les dernières trouvailles, même dans les pays alentours. Mais le plus important dans cette affaire, c'était que nous étions enfin sortit de ce labyrinthe maudit... La grotte de la route 206 est un véritable enfer. Il nous a fallu presque une semaine entière pour voir la lumière qui inondait la vielle ville de Vestigion. Et encore, il nous a fallu trois jours de plus pour trouver la bonne sortie. La route entière nous aura pris en tout onze jours. Deux pour la forêt, trois de plus avec la venue d'un Évoli tout gris, cinq pour sortir de la grotte et enfin une dernière à emprunter un chemin vallonné pour arriver à notre destination. Grâce à mes sens aiguisés en orientation et de l'instinct quelque peu hasardeux d'Anna, notre chemin était tout tracé.

"- Hey ! remarqua cette dernière. Je ne pouvais pas savoir que le chemin de droite nous ramenait à l'entrée !"

Je lâchais un regard circonspect vers mon Pokémon Aura. Son "intuition féminine" nous avait amené une fois dans un nid de Nosférapti, deux fois au bord d'un ravin et lorsque l'on croyait avoir trouvé la sortie, ce n'était qu'un trou dans la falaise pour admirer de haut la forêt dans laquelle j'ai trouvé un Évoli au seuil de la mort. Grâce à nos compétences combinées et notre esprit d'équipe bien rodé, nous avons réussi à perdre notre chemin un nombre incalculable de fois. Entre les moments où ma lampe torche s'est éteinte par manque de batterie, ceux où nous retournions à notre point de départ ou encore ceux où nous avions réussi à nous séparer... Imaginez quand on combine ce moment avec une lampe morte, et vous aurez une idée de l'amusement que nous avions éprouvé lors de cette traversée. En plein dans le noir avec une sourde... J'avais en plus sur le dos le Pokémon que nous avions ramassé lors de cette nuit étrange. Je ne pouvais pas le faire rentrer dans sa Pokéball, car elle ne prendrait pas en compte les bandages et autres soins que je lui avais apportés, ils s'écrouleraient sur le sol sans lui et ce dernier reviendrait avec des blessures encore plus graves. Je devais donc le nouer au sommet de mon sac à dos, car il n'était pas assez lourd comme ça, et me coltiner ses gémissements quand je bougeais trop.
Cette grotte était maudite, il n'y avait pas d'autre mots. J'avais lu à divers endroits que la traversée, bien organisée, ne prendrait que deux, voire trois jours. Il nous en a fallu cinq, c'était donc une traversée bien laborieuse. Mais au moins, nous n'avions pas eu de problèmes dans le genre blessures ou autres. On avait réussi à trouver le troisième jour un abri, qui nous autorisait une réelle pause pendant quelques temps et nous vendait de la nourriture si besoin. Mais le plus difficile dans cette exploration était le cycle du jour et de la nuit. Comme nous étions dans le noir à longueur de journée, notre horloge biologique était bien perturbée. Je devais régulièrement regarder ma montre et proposer souvent des temps de pause d'une heure ou deux. Et sinon, les quelques Pokémon de type roche, eau ou même combat ne faisaient pas long feu face à Anna. Elle devenait de plus en plus rapide, précise et forte. Elle gagnait même en autonomie, elle pouvait mener certains combats sans mon aide, quand elle avait déjà combattu certaines espèces plus d'une fois. Elle s'améliorait de jour en jour, et c'était bien plaisant.

- Est ce que... L'on est à Vestigion...? demanda une petite voix faiblarde, que je reconnaissais bien.
- Yep. Vous arriverez à votre maison tout seul ?
- Oui oui... Je connais les environs comme ma poche... Merci gamin...

Comme sa poche... Nous avions dû tailler un bout de route avec un petit vieux, d'environ 75 ans. L'air tout petit, rabougris, avec une petite barbichette grise. Il avait une tenue de montagnard, se préparant à une ascension avec des piolets. Quand je l'ai trouvé, il m'avait dit qu'il cherchait des champignons, et qu'il avait perdu son chemin. Je lui ai donné un peu à manger au moment où il m'a dit que ça faisait déjà une semaine et demie qu'il était coincé ici, mais il avait l'air toujours aussi indifférent. Il a pu admirer nos compétences hors du commun en repérage pendant à peu près deux jours, avant de retrouver la sortie. Il s'éloigna de nous en marchant lentement, les mains derrière le dos, à regarder sans arrêt à droite et à gauche d'une manière bien mollassonne. C'était une expérience plutôt étrange, qui restera gravée dans notre mémoire. Le petit vieux s'arrêta au bout de quelques pas, se retourna et me dit :

- Tu pensera à faire passer à l'eau claire ton Évoli... Il est recouvert de cendres...
- Euh... Ouais... Merci du conseil.

Il avait finalement remarqué le fait qu'il avait une couleur différente. Je me demandais comment est ce qu'il ne pouvait pas le voir lors de notre route en extérieur. Ce sera la première remarque que j'obtiendrais à propos de mon Pokémon chromatique. Je restais encore quelques instants, planté là, à le regarder partir. Je ne savais pas vraiment pourquoi est ce que je ne me dirigeais pas vers le centre Pokémon le plus proche... J'éprouvais un peu de réconfort, de fierté à avoir aidé quelqu'un. C'est un sentiment normal, je ne comprenais pas pourquoi est ce que ça m'arrêtait ainsi. Anna posa sa main sur mon épaule, pour me prévenir qu'il fallait maintenant y aller. Elle avait raison. Il fallait que notre Évoli reçoive des soins avancés. J'avais beau lui avoir donné des médicaments de première qualité, il fallait qu'il se fasse consulter par des spécialistes. J'avais aussi un rendez-vous, une chambre à réserver et un combat à organiser contre la championne du coin. Je m'étais enregistré dans un coin de ma tête le chemin à prendre pour ces trois activités en fonction des lieux importants. La première sera donc le centre Pokémon qui ne se trouve pas très loin de nous.

Centre Pokémon de Vestigion : 14h42

Ce trajet ci fut bien plus court que celui qui nous a pris deux semaines. Je me sentais déjà plus en sécurité en profitant de l'air climatisé et de l'odeur de désinfectant. Je me dirigeais vers le comptoir, où se trouvait une hôtesse d'accueil. Elle avait l'air absorbée par ce qu'elle faisait sur son ordinateur, la lecture d'un article ou un jeu je présume. Je posais mon sac au sol et détachais mon prisonnier. Je le déposais sur son bureau et me mis à tousser discrètement pour lui faire comprendre que quelqu'un avait besoin de ses services. Elle émit un rapide coup d'œil vers moi avant de retourner à ses occupations. Elle finit par tourner la tête quand elle comprit pourquoi est ce que je l'ai appelé. Elle me demanda, avec un ton suspicieux :

- C'est votre Pokémon...?
- Maintenant oui. On l'a trouvé dans la route 206 complètement blessé, avec les deux pattes gauches cassées et une ouverture au flanc. J'ai fait de mon mieux, mais il faudrait un diagnostic complet. Si vous pouvez jeter aussi un œil là-dessus, ça m'arrangerait.

Je déposais à côté du grand blessé sa Superball, pour deux raisons. La première, c'est qu'elle possède un numéro de série, ainsi que des empreintes qui désigneraient son ancien dresseur. La seconde était plus une manière de me protéger. En montrant la capsule qui a permise de l'attraper, je peux prouver que je ne suis pas son dresseur d'origine, les modèles perfectionnés de Superballs ne sont vendues qu'aux dresseurs professionnels. Il suffisait que je donne maintenant ma carte de dresseur étudiant afin de payer les soins pour que tous les soupçons portés sur moi s'envolent. Elle fixa la capsule que je lui avais donné, me fixa dans le blanc des yeux et tendit un papier avec un crayon. Il s'agissait d'un formulaire que je devais signer en tant que propriétaire de cet Évoli, pendant qu'elle appelait un infirmier pour qu'il lui amène un brancard. Le Pokémon tout gris me fixa avec un regard suspicieux. Il me surprit aux premiers abords, puis je compris pourquoi est ce qu'il se comportait ainsi, je le rassurais de suite :

- T'inquiète pas... Je vais pas retenir cette visite sur ta note. On revient bientôt, dans deux ou trois heures environ.

Il avait l'air d'un coup plus tranquille quand il savait que sa dette ne bougerait pas après l'opération. Il se laissa prendre calmement par l'aide-soignant pour le poser sur le lit à roulettes.
Je le regardais partir lentement sur son chariot en attendant qu'il soit pris en charge. Une fois qu'il avait franchi une porte réservée au personnel, je signais les papiers disant que j'étais son dresseur, que j'étais garant de lui. Je n'avais maintenant plus rien à faire ici. Ses soins intensifs allaient prendre du temps, et j'avais encore plusieurs choses à faire. Je me dirigeais rapidement vers la sortie en compagnie d'Anna, après avoir remis mon sac sur le dos. La prochaine étape consistait à réserver une chambre d'hôtel et aller ensuite à mon rendez-vous. Pour la première étape, ça me semblait aisé, il y en a sûrement non loin de l'arène. Je me lançais donc à travers les rues de la vieille ville pour chercher un endroit pour nous reposer durant la nuit.

Vestigion : 15h12

"- Dis-moi Rode... Pourquoi est ce que l'on s'est arrêté ici...?"

Nous étions dans une rue piétonne. Il y avait sur les côtés des magasins de vêtement ou des terrasses sur les trottoirs grâce à des restaurants ou des cafés. Et j'avais ordonné là halte devant l'un de ces derniers. Ce troquet se nommait "Au bon vieux temps", et il se démarquait d'un air rustique avec son mobilier d'époque et sa moyenne d'âge des clients plutôt haute. Je regardais souvent ma montre, l'air un peu dérangé. Je lui expliquais que j'attendais quelqu'un, et que je devais être ici il y a un peu plus de dix minutes. Je continuais à regarder des deux côtés de la rue, est ce qu'elle était elle aussi en retard ? C'est bien difficile d'avoir l'air convaincant, d'être un meneur quand on n'arrive pas à arriver à l'heure.
Mon téléphone se mit à vibrer dans ma poche. Je l'ouvris et regardais le nom qui s'affichait sur l'écran. C'était Jeslie Kireum, la journaliste de Weekly's Beginners. Je l'avais rencontrée à Charbourg et au bout d'une difficile négociation au téléphone, elle est devenue mon attachée de presse. Il était convenu que nous nous retrouverions à chaque ville dans lesquelles j'arriverais. Elle avait décidé du lieu et de la date du rendez-vous quand j'ai réussi à sortir de la grotte. Étant donné que nous étions enfin arrivé, elle était peut-être encore un peu en retard, histoire que je n'en ai pas à me faire. Je pressais sur le bouton du téléphone vert pour décrocher et porta le combiné à mon oreille. Je n'ai même pas eu le temps de dire un "Allô" qu'elle me coupa immédiatement :

- Vous êtes en retard... commença-t-elle d'un ton morne.
- Rooooh... Faut pas s'en faire pour si peu, on n'en est pas à cinq ou dix minutes près, non?
- Nan... Vous êtes carrément à côté de la plaque. Vous êtes en retard d'une heure...
- Hein... Quoi ?!
- Le rendez-vous a été fixé pour 14h, et non quinze...
- Ho meeeeeeerde...

Comment est ce que j'ai fait pour me gourer à ce point-là ? Le rendez-vous a été convenu par transmission orale, et c'était hier ! Est ce que cela vient de la fatigue due à notre traversée plus que laborieuse ? En tout cas, ma mission pour paraître sérieux et imposant me semblait carrément compromise... J'étais quelque peu coincé dans une situation délicate avec un panneau de bouffon sur la tête. Je voyais Anna essayer d'étouffer un rire à côté de moi... Ah bah oui, c'est bien facile de se moquer des gens qui oublient les horaires de rendez-vous !
J'entendais mon interlocutrice lâcher un profond soupir de l'autre côté du fil, elle m'annonça qu'elle était déjà à l'intérieur, à siroter un énième expresso. Une fois que j'étais entré dans le café, elle m'indiqua qu'elle se trouvait à ma droite. Je vis une jeune femme blonde, chemise blanche et veste noire, une tasse dans une main et le téléphone dans l'autre. Il ne lui restait plus qu'un visage à moitié morose et à moitié en colère pour que je retrouve la personne qui m'attendait. Elle était à la limite de me faire tomber la foudre dessus pendant qu'elle raccrochait sans me quitter des yeux. Je la saluais gentiment de la main, mais cette tactique d'approche ne semblait pas efficace. Je me plaçais en face d'elle, sans faire de gestes brusques, pendant qu'Anna s'asseyait à mes côtés. Elle essaya de se faire toute petite, elle savait que le moment n'était pas propice pour plaisanter. Le temps de parlementer était enfin venu Je devais choisir minutieusement les premiers mots qui allaient sortir de ma bouche, ils seront décisifs. Mais je n'avais plus le temps de réfléchir. C'était maintenant que tout allait se jouer. Je pris alors une profonde inspiration, la fixa dans le blanc des yeux, et lui annonça le message de paix suivant :

- Coucou.
- ...
- ...
- Vous... Vous êtes quelqu'un... De surprenant. Je n'arrive pas à déterminer si vous tenez du génie ou bien du crétin absolu.
- Je vais essayer de prendre ça pour un compliment...
- Vous arrivez devant moi comme une fleur pour me les briser pendant que je fais de la paperasse, puis vous réalisez un exploit digne d'un professionnel en ligue étudiante. Vous arrivez à prendre mon éditeur en tenaille et puis vous décidez de me faire poireauter deux semaines pour un trajet qui ne demande que cinq jours !
- Et bien... Pour le retard, j'ai tout de même une explication... Vous avez ce que je vous ai demandé ?
- Oui... D'ailleurs, va falloir m'expliquer ce que vous voulez faire avec ça...

Elle se pencha sur le côté, plongea sa main dans son sac et se releva avec un sac plastique. Elle me le tendit, j'en sortis son contenu. Il y avait deux livres, l'un portant sur l'élevage des Évolis et l'autre sur des stratégies de combat avancé. Je la remerciais pour son service, et les remettais dans le sac plastique. Mais... J'avais l'impression d'avoir déjà vu ce dernier... Il avait des bandes bleues sur un fond jaune, avec le nom du libraire "Gilbert Henfel". Je le connaissais, et le gérant en particulier. C'est là que j'achetais la plupart de mes ouvrages quand je ne pouvais pas les emprunter à la bibliothèque, à Unionpolis. Il n'y avait pas d'autres magasins que celui là qui donnaient ce sac. Je relevais la tête et fixais Jeslie avec un regard méfiant. Elle avait un visage indifférent, elle cachait un sourire presque mesquin. Est ce qu'elle... Je lui demandais immédiatement, histoire d'être sûr :

- Ces livres... Vous les avez achetés à Unionpolis... N'est ce pas ?
- Oui. D'ailleurs, monsieur Henfel vous passe le bonjour, et vous félicite pour votre exploit.
- Est ce que... C'est une blague...?
- Si c'était vraiment une blague, vous seriez recouvert de confettis...
- Est ce que vous vous souvenez de ce que je vous ai donné comme conditions ?
- Ne pas faire de recherches sur votre vie, ne pas vous accompagner durant vos trajet ni essayer de vous retrouver. Il faut aussi que tout article rédigé par moi uniquement soit validé par vous.
- Exact... Vous venez de transgresser la première règle...

C'était une liste de règles que j'avais imposé quand j'avais demandé à ce qu'un responsable de Weekly's Beginners m'appelle sur mon téléphone. Je leur avais offert l'exclusivité de mes interviews et autres offres qui leur permettraient de parler de moi en échange de quelques conditions à respecter. Mais apparemment, Jeslie n'en avait que faire. Je m'étais attendu à ce genre de "révolte", mais pas aussi vite... J'avais enregistré la conversation entre moi et son patron sur mon téléphone, si je lui repassais le coup de fil, elle comprendrait que je ne rigole pas. Je pourrais utiliser cette preuve pour attaquer le journal en justice et me trouver une autre maison d'édition par la suite. La principale concernée sirota lentement son énième tasse tout en me regardant tranquillement, comme si elle s'attendait à ce que j'explose. Une fois qu'elle avait reposé sa tasse et avalé sa gorgée de café, elle en profita pour mettre un point sur les i :

- Je vais être franche... Tout ceci relève presque de l'extraordinaire.
- Et bien allez y... Expliquez comment est ce que ça s'est passé... Je suis tout ouïs... prévenais je lentement.
- Oui, j'étais à Unionpolis à la base. De toute façon, j'avais déjà l'information concernant votre provenance... Vous êtes déjà passé deux fois aux infos et l'arbitre gueulait votre ville natale avant votre combat contre Pierrick. J'y étais allée pour me promener. Je voulais voir à quoi ressemblait l'endroit où vous avez grandit, histoire d'essayer de "capter votre caractère" comme on dit.
- J'imagine que c'était pour plus que ça... Vous n'étiez pas à la pêche aux infos sur moi ?
- Évidement, comme tout journaliste, on veut tout savoir sur tout, c'est indéniable. Cette curiosité fait partie de notre arsenal principal... Et c'est ce qui nous fait aussi défaut. Je ne pouvais pas trouver où est ce que vous habitiez... Et puis votre lycée interdisait l'accès aux dossiers des élèves, je ne pouvais pas faire grand chose, jusqu'au jour où vous m'avez appelé pour que je vous achète des bouquins. Je suis allée à la librairie la plus proche et puis voilà. Le vendeur n'arrêtait pas de parler de vous, à chacun de ses clients. Je lui ai dit que ces livres étaient pour vous et il me les a offerts, voilà tout.

Et... Voilà tout...? Cette histoire tenait la route, le vendeur était toujours content que je vienne dans sa boutique. Je lui parlais souvent de mes résultats et de ma mère. Il me connaissait bien, disait sans cesse que je serais un bon dresseur, comme mon père... Mais tout ceci pouvait bien être une histoire pour me berner. Il fallait que je sache si c'était des bobards ou non.
Je ne pouvais pas lire dans son esprit, mais Anna si. Je lui demandais, sans dire un mot, si elle nous disait la vérité. Je voulais aussi savoir si elle ne nous cachait pas quelque chose d'autre. Si elle possédait une information que j'ignorais, ça tournerais très probablement à mon désavantage. Anna la fixa longuement, et Jeslie le remarqua. Elle me demanda ce que mon Pokémon lui voulait. Je la rassurais en lui disant qu'elle était juste... Intriguée par... Sa tenue. Bon, mon explication venue de nulle part n'était pas franchement crédible, mais si ça permettait de ne plus faire attention à Anna, et ce n'était pas plus mal.
Ma Lucario m'annonça qu'elle ne se sentait pas de remord ou de méfiance émanant de notre journaliste. Elle en tira la conclusion que ce qu'elle m'avait raconté était directement tiré de ses souvenirs, elle ne mentait donc pas. Dans ce cas... Je pouvais continuer la conversation sans problèmes, si je pouvais croire ses explications. J'appelais un serveur afin de prendre une commande. Je demandais un simple verre d'eau et un chocolat chaud pour Anna. Jeslie ainsi que le garçon de café eurent tout les deux une réaction d'incompréhension. Puis le serveur se dirigea vers les cuisines sans dire plus. La journaliste retourna à ses affaires histoire de ne pas commencer à poser des questions qui « pourraient me gêner ». Je repris alors, avec tout de même un ton un peu méfiant, histoire qu'elle ne se doute pas non plus de quelque chose :

- Bon... Eh bien, si je peux vous faire confiance, je pense qu'il n'y a pas plus de problèmes que ça.
- Tiens donc ? J'aurais pensé qu'un gamin aussi futé que vous aurait été plus méfiant que ça...
- Disons que j'ai une sorte de "détecteur de mensonges" et qu'il m'a dit que tout allait bien.
- Dans ce cas... Est ce que vous pouvez m'expliquer pourquoi est ce que vous m'avez demandé de vous acheter un guide de dressage sur les Évolis ? demanda-t-elle en sortant un calepin pour prendre en note la réponse que j'allais lui donner.
- Et bien... J'en ai trouvé un deux jours après que l'on soit partit de Charbourg. On avait établi un campement pour la nuit à une heure de la grotte jusqu'à ce qu'on entende un hurlement... On est allé moi et Anna voir ce que ça pouvait bien être... On a trouvé un Évoli, battu jusqu'au bord de la mort, et avec une robe argenté et une fourrure blanche.
- Attendez... remarqua-t-elle avec un ton surpris. Voulez pas dire que...
- Si. Quelqu'un venait de relâcher d'une manière carrément brutale un Évoli chromatique.
- "Relâcher" ? Comment ça ?
- Et bien celui qui l'avait mis dans un sale état avait aussi laissé à ses côtés une Superball. C'était probablement la capsule qui contenait ce Pokémon tous les jours... Il s'agissait donc d'un relâchement dans les règles. Concluais-je en sirotant une gorgée d'eau.
- Est ce que... Ce serait possible de le voir ? Une photo rendrait l'article bien plus attrayant !
- Ça ne va pas être possible pour l'instant... Il est actuellement en soins intensifs au centre Pokémon. Il va donc falloir attendre encore un peu.
- Dommage...
- Je comptais sur ce livre afin d'en savoir plus sur son espèce, ce sera utile en combat.
- Vous comptez l'intégrer dans l'équipe ?
- Pour l'instant oui, mais c'est provisoire. Je ne peux pas dire pourquoi, mais il y a des risque qu'il nous quitte en cours de route.
- Bien bien... Pour un premier article de blog, ça va bien booster votre notoriété, c'est moi qui vous le dis !
- Hein ? Comment ça un blog ?
- Vous savez que Weekly' Beginners est un hebdomadaire n'est ce pas ? Je n'allais tout de même pas publier un article de vos impressions sur votre futur combat d'arène dans le prochain numéro pour attendre une semaine de plus pour parler de ce qu'il s'est passé face à Flo Shito... Ce que vous m'avez raconté et la suite de cet interview va être mit sur le site de notre maison éditoriale, tous les dresseurs qui captent notre attention ont le droit à leur blog personnel. Comme ça, les fans peuvent suivre quotidiennement le parcours de leurs idoles et on a une idée de la masse de magazines à produire chaque semaine.
- Ah bon ? C'est vrai que ça tombe sous le sens... Et c'est bien pratique.
- D'ailleurs, si vous pouvez me donner votre adresse mail maintenant, je pourrais vous envoyer l'article que j'écrirais ce soir, afin que vous puissiez le valider, ça fait partie de vos conditions de contrat.
- Ma... Quoi...?
- Votre adresse mail, répéta-t-elle sans même lever les yeux et d'un ton naturel, c'est pas si compliqué pourtant.
- Et bien... Heu... J'imagine que je n'en ai pas...
- Pardon ?

Elle releva immédiatement la tête avec un regard bien surprit. Elle avait beau me fixer comme elle le voulait, ça ne m'expliquait toujours pas ce que c'était. Vu qu'elle m'avait parlé d'un site internet, il s'agissait probablement de quelque chose que l'on faisait sur l'ordinateur. Et pour être franc, je n'avais jamais utilisé un ordinateur. Je n'en voyais pas l'utilité, si j'avais besoin de savoir quelque chose, la bibliothèque me suffisait amplement. Je savais parfaitement que les personnes de mon âge passaient tout leur temps dessus, et Jeslie devait aussi compter là-dessus. Étant donné que j'étais complètement à la ramasse, j'allais tout lui dire et lui demander en profitant qu'est ce que c'était, qu'une adresse mail. Son regard est passé de la surprise à l'incompréhension, puis à la déprime. Elle lâcha un soupir de détresse et commença ses explications :

- Une adresse mail, ou adresse électronique... C'est une adresse virtuelle qui permet d'envoyer des e-mails, ou des messages électroniques.
- Comme envoyer une lettre quoi...
- Oui, mais au lieu de prendre deux semaines à aller de l'envoyeur au destinataire, ça prend moins d'une seconde.
- C'est vrai que c'est rapide.
- Mais qu'est ce que je fais avec un hipster... se lamenta-t-elle d'un ton las, j'imagine que vous n'avez pas de compte sur des quelconques réseaux sociaux...
- Je crois que j'en ai déjà entendu parler dans ma classe... Mais non.
- Et votre téléphone ?

Je sortis mon cellulaire à clapet rouge de ma poche, l'ouvrit et le tourna vers elle. Elle écrasa sa tête contre la table, ça voulait probablement dire qu'elle était exaspérée. Je ne voyais pas ce qu'elle avait contre mon téléphone, il envoyait des "textos" et permettait d'appeler. Il tenait deux jours quand je l'utilisais beaucoup et une semaine quand je fais attention. Couplé à une batterie externe, j'étais bon pour deux semaines de voyage. Et puis si jamais ils essayaient de me tracer, je n'aurais pas de mal à m'en débarrasser, vu qu'il m'a coûté que très peu. Je n'allais pas lui donner encore plus de raisons de ne pas me prendre au sérieux, et essayais de changer de sujet pour continuer son interview :

- Et sinon... Qu'est ce que vous voulez parler d'autre ? Je n'ai pas d'autres sujets en tête qui pourraient être intéressant pour les "fans".
- On pourrait déjà commencer par votre avis sur la championne de Vestigion... déclara-t-elle en reprenant son crayon d'une manière bien mollassonne.
- Et bien... Elle aime passer beaucoup de temps dans la forêt, on peut donc en conclure qu'elle met un point d'honneur sur son territoire.
- Où est ce que vous voulez en venir ?
- Il n'y a qu'un genre d'animal qui veut garder son territoire, les prédateurs. Ils ont un endroit à défendre pour diverses raisons, que ce soit la nourriture ou l'habitat, et ils ne reculent devant rien contre leurs envahisseurs. Alors que je m'attendais à un adversaire posé et réfléchit en affrontant Pierrick Stark, Flo me paraît plus... Sauvage, imprévisible. Bien évidemment, je compte faire combattre Anna face à sa Roserade, dont on vante son efficacité, particulièrement face à ses Feuillemagik. Mais je sais déjà que ces dernières ne seront pas son atout dans ce combat...
- Vous avez une idée, un plan pour contrecarrer cette attaque ? Elle a donné du fil à retordre à plus d'un dresseur, et il n'y en a que très peu qui s'en sont sortis.
- J'ai réfléchit pour trouver quelque chose qui tienne la route... C'est assez risqué, et puis je n'ai pas pu testé cette idée. Je l'utiliserais peut être si la situation l'impose, mais ce ne sera pas sa carte principale, je peux vous l'assurer.
- On a hâte de voir ça...
- Je n'ai pas grand-chose d'autre à dire sur elle... Après tout, je ne vais la rencontrer que dans trois jours... Il faudra attendre ce jour-là pour savoir si notre préparation aura été à la hauteur de mes espérances.
- Trois jours ?
- Oui, le trajet aura été plutôt épuisant... Et puis on a maintenant un nouveau dans le groupe, et on pourrait aussi en profiter pour visiter les lieux. Je n'ai pas pris ce temps à Charbourg... J'avais combattu le lendemain de mon arrivée et je suis partit rapidement après le duel. Une petite pause fera du bien à tout le monde.
- Bien bien... lâcha-t-elle en grattant de plus en plus vite.
- Si vous avez d'autres questions... Il nous reste encore la réservation du combat à faire et retourner au centre Pokémon, pour aller voir si l'opération s'est bien passée.
- Il y en a peut-être une... Depuis votre exploit, les médias ont tous étés chamboulés, que ce soit la presse, la télévision, internet ou même la radio. Beaucoup relatent l'histoire d'un jeune homme, sortant du lycée avec un résultat parfait, et terrassant un Pokémon des plus puissants de la ligue de Sinnoh. D'autres parlent d'un garçon mystérieux avec des objectifs étranges... Puis il y a les autres.
- Les autres ? Qu'est ce que vous voulez dire par là ?
- Ces derniers parlent d'un gosse arrogant, ayant probablement soudoyé le système scolaire et fils à papa qui a reçu un Pokémon surentraîné quelques jours avant que l'on lui organise pour lui un combat de démonstration contre un champion. En clair, ils disent que toute cette histoire n'est qu'une vague poudre aux yeux, et que vous avez juste eu une famille qui pouvait se payer vos caprices.

Quelle belle bande d'enfoirés... Je m'attendais à ce que certains doutent des efforts dont j'ai fait preuve pour en arriver jusque-là. Mais là, c'était trop. J'imagine que ces mecs là n'étaient que des pauvres cons qui avaient besoin de rabaisser toute personne qui avait réussi. Après tout, si ça faisait vendre, autant être cru. Ce genre de personne est répugnant, mais je n'allais pas rentrer dans leur jeu, ils n'attendent que ça. Je pris une gorgée afin de me clarifier la gorge puis annonça d'un ton calme :

- Vous voulez savoir ce que je pense de ces personnes ci ?
- Oui, mais après tout c'est votre droit de ne rien dire.
- Je ne vais pas leur faire ce plaisir. Je pense tout simplement qu'ils n'ont pas eu assez. Après tout, pour eux, je ne suis qu'un gosse, et ne pas avoir la majorité n'aide pas à la crédibilité. Tout ce qu'il y a à faire, c'est qu'ils posent leur cul sur le fauteuil, qu'ils attendent trois jours et qu'ils regardent mon combat contre la championne de Vestigion. Ils auront alors une preuve de plus en ce qui concerne ce dont je suis capable.
- D'accord... Bon... Pour ce qui est des questions, je n'ai plus grand-chose à vous demander.
- Très bien. Qu'est ce que l'on fait maintenant ?
- On peut dire que l'interview est terminée... Un mot pour vos fans ?
- Je ne sais pas trop... Ils ne doivent pas non plus se bousculer, non ?
- Vous rigolez ? Faut être aveugle pour... Ah bah oui, si vous n'utilisez pas internet aussi... Pour l'instant, les estimations ont donné un résultat de plus de 20 000 personnes qui suivent votre mouvement.

Autant que ça ? Là par contre, ce débordement était au-dessus de mes prévisions. C'était une information qui confirmait mes attentes, mais qui était tout aussi surprenant. Je ne pouvais m'empêcher d'esquisser un petit sourire de satisfaction. Après tout, ça pouvait faire sauter de joie n'importe qui. Anna me félicita, mais c'était en partie, voire carrément grâce à elle. C'était elle qui avait trimé durant deux ans afin d'en arriver là... Mais ce n'était que le début, il ne faut pas se reposer sur nos lauriers. La route est encore longue, mais au moins, on n'a pas été éjecté dès notre arrivée. Il va falloir avancer, et on saura dans trois jours si on est prêt pour continuer cette aventure. J'attendais qu'Anna finisse sa tasse pour que je laisse quelques billets afin de payer la note de la table et laisser un pourboire. Je rangeais les livres dans mon sac et pris congé de Jeslie. Elle me demanda, avant que je me lève :

- Vous penserez à vous créer une adresse mail. Envoyez moi un message quand c'est fait, vous aurez l'article dans la soirée.
- Bien... Je vais essayer. Au revoir.
- A bientôt.

Je sortais enfin, accompagné d'Anna, dans les rues de Vestigion. Il ne restait plus qu'à faire un tour à l'arène pour réserver notre combat. Après ça, nous feront une pause durant les deux prochains jours. On visitera la ville, passeront un peu de temps tous les trois, si on peut faire sortir notre nouvelle recrue. Le repos est tout aussi important que le travail. La traversée a été difficile et la prochaine étape sera dure à passer. J'ai confiance en ma Lucario, mais je dois aussi faire attention à sa santé, son état. Je dois faire en sorte qu'elle ne s'épuise pas à la tâche, qu'elle aille bien. Car elle est un Pokémon, et je suis son dresseur.