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Une radio, un pendentif et une tablette de chocolat. de TheMizuHanta



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» Auteur : TheMizuHanta - Voir le profil
» Créé le 08/01/2016 à 19:25
» Dernière mise à jour le 22/01/2016 à 17:09

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Chapitre 27 : Instincts de survie.
Endroit inconnu : ??:??

Où est ce que je suis ? Il fait chaud. Tout est noir autour de moi, je ne peux pas bouger. Respirer est difficile, mais je ne veux pas mourir. Je ne peux pas mourir, pas maintenant. Tout mon corps est endoloris, le simple fait de m'imaginer faire un quelconque mouvement me fait un mal de chien partout. Est ce que... J'ai été encore une fois attrapé ? Est ce que quelqu'un a profité de mes blessures pour faire de moi sa nouvelle bête de compagnie ? Ça fait si longtemps... Je ne compte plus tout ceux qui m'avaient accueillis les bras ouverts, avec un sourire aux lèvres et le regard pétillant. "Tu es quelqu'un de spécial, bienvenue dans l'équipe"... Combien de fois est ce que j'ai entendu ce refrain entaché d'hypocrisie ? Il suffisait d'attendre tout au plus une semaine ou deux pour qu'il me regardent d'un oeil différent. Oui, j'étais quelqu'un de différent, mais pas pour les bonnes raisons.
Je continuais de respirer, chaque bouffée d'air me permettais de rester en vie, j'en avais besoin. Mais mon odorat se réveillait peu à peu, je commençais à sentir quelque chose qui me chatouillait les narines. Mes oreilles cessaient de siffler, et les sons stridents laissaient la place à un bruit de bois qui craquait petit à petit. Ma truffe me confirmait l'odeur de brûlé, il y avait un feu pas loin de moi... Tout près de moi. Est ce que... J'étais dans le feu ? Est ce que c'était moi qui brûlais ? Est ce que la personne qui m'avait ramassée venait de me jeter dans un foyer, comme Élise l'avait fait ? Il fallait que je m'en sorte ! Tout de suite ! Réveille toi !

Forêt : Nuit

Je pouvais enfin voir, je m'étais sortis de ce monde noir. Toutes les couleurs se mélangeaient devant mes yeux, tout était brouillé. Je voyais quelque chose bouger devant moi. Me concentrer était une torture, mais je parvenais à faire une mise au point avec de longs efforts. J'arrivais à distinguer une forme orangée danser devant moi. Elle était rapide, et des étincelles s'envolaient dans un ciel noir d'encre. Il fallait encore attendre quelques secondes pour que ma vue soit corrigée. Ce que j'avais devant moi était bien un foyer, délimité avec de grosses pierres et des bûches braisées pour durer toute la nuit. Les flammes se trouvaient à moins de deux mètres de moi, et en regardant autour de moi, je remarquais que j'étais emmitouflé dans un sac de couchage. C'était donc pour ça que j'avais si chaud.
J'essayais de m'extirper de ma couverture, mais une douleur refit surface. Je ne pouvais plus bouger mes deux pattes gauches et mon ventre me brûlait. J'essayais d'enfouir la tête sous la housse, et je voyais mon corps tout entier recouvert de bandages en tout genres. J'avais même des bâtons attachés aux pattes touchées pour me servir d'attelle. J'avais toujours l'esprit un peu embrumé, mais je comprenais rapidement que quelqu'un m'avait soigné. Je me souvenais que mon dernier "dresseur" avait carrément utilisé son Mackogneur pour m'empêcher de le suivre. Je n'ai jamais aimé ce dernier, un vrai crâneur, il devait y avoir prit du plaisir pour me tabasser. Mais on n'est pas là pour les souvenirs, il va falloir d'abord savoir où est ce que j'ai atterris...

"- Tu es réveillé ? Est ce que ça va ?"

Je venais d'entendre une voix résonner dans ma tête. Une voix féminine, un ton clair qui devait appartenir à une jeune femme d'une vingtaine d'années. La voix d'une personne avec des ambitions, des rêves, qui ne connaissait rien du monde qui l'entourait. Pourquoi ? Est ce que j'avais sombré dans la folie ? Avais-je développé une seconde personnalité ? Qui s'est détaché de mon esprit pour m'habiter comme bon le souhaite ? Je regardais autour de moi par pur réflexe, comme si quelqu'un allait s'asseoir à côté de moi.
A ma surprise, je voyais quelque chose qui s'était posé sur un tronc mort, à ma droite. Je levais les yeux pour découvrir une créature des plus étranges. La lueur du feu était suffisante pour différentier ses différentes couleurs. Elle était principalement composée de bleu et de noir aux membres et à la tête, son corps était quand à lui recouvert d'une belle fourrure blonde. Elle avait une pointe luisante à la poitrine ainsi qu'au dos de ses mains. Elle me fixait avec des yeux teintés d'un rouge de velours. Elle avait l'air attentionnée, chaleureuse, et tellement pure. J'avais à mes côtés un ange. Était ce la propriétaire de cette voix si douce ? Étais je déjà mort ? Dans ce cas... Pourquoi est ce que je suis blessé ?

"- Non, tu n'es pas mort. Ça fait maintenant trois jours que tu es en train de dormir."

Encore cette voix dans ma tête ? Je commençais déjà à en avoir plus qu'assez. Je ne voulais plus entendre cette voix, elle me donnait juste l'impression de devenir de plus en plus fou. Il fallait que ça cesse !

"- Ne t'inquiètes pas, c'est juste moi qui te parles. Je m'appelle Anna, enchantée de faire ta connaissance."

La belle créature me fit un signe de la main avec un petit sourire timide. Elle se leva de sa place et se déplaça de l'autre côté du foyer. Elle se mit à genoux, je ne pouvais plus la voir à cause du feu. Mais elle se releva quelques secondes plus tard. Elle me rejoignit avec quelque chose dans les mains, et se mit à genoux devant moi. Elle avait une sorte de bol, et l'apportait à la hauteur de mes lèvres. C'était de l'eau, elle voulait donc me faire boire. Je n'allais pas dire non, j'avais la gorge sèche, et peut être que c'était pour cette raison que je ne pouvais rien dire. Sentir le liquide couler tout le long de ma gorge était plus que agréable, je me sentais revivre, comme si de nouvelles forces se créaient dans mon corps. Je pouvais respirer beaucoup plus facilement, et la douleur de mes blessures s'en allaient petit à petit. Je lâchais un soupir de soulagement quand elle retira le bol de ma portée. Je me sentais extrêmement bien, et calme. Elle avait l'air rassurée de m'être venue en aide, elle lâcha un petit sourire timide. Elle me demanda tout de même, histoire d'être sûre.

"- Est ce que tu as besoin d'autre chose ? Si jamais..."
- Non... Je vais bien... essayais je d'articuler avec peine. Merci... Quand même.
"- Tu n'es pas obligé de t'épuiser à me parler, tu dois garder tes forces. Si ça te fais trop mal, il te suffit de penser à moi, et j'en déduirais que tu veux que l'on discute."

En... Pensant à elle ? Il suffisait que je garde l'image de son visage en tête pour qu'elle en déduise que je veux lui parler ? Elle hocha immédiatement la tête pour répondre à ma question. C'était tout de même carrément perturbant. Elle était capable de savoir ce à quoi je pensais à tout moment ? Ça faisait presque peur, Anna s'en excusa de suite. Je ne savais pas trop quoi en penser d'elle. Ou peut être... Comment est ce qu'elle pouvait faire tout ça ? Je n'avais jamais vu quelqu'un comme elle, et mon intuition me disait qu'elle n'était pas du type psy. Elle répondit d'un non de la tête. Elle essaya de m'expliquer comment est ce qu'elle faisait.
Je n'arrivais pas trop à comprendre le pourquoi du comment. Elle m'avait expliqué des choses sans queue ni tête, comme l'aura ou un lien d'un esprit à un autre. Ce n'était pas vraiment clair, et je pense que mon état ne me permettait pas de réfléchir beaucoup.

"- Je suis désolée... C'est déjà plutôt compliqué, et je ne suis pas très bonne dans les explications..."
- Pas... Ta faute...

Ce n'est pas si grave que ça. De toutes façons, ceci n'a pas trop d'importance. Ça ne me concerne en rien, donc que je ne comprenne ou pas, ça n'a pas vraiment d'importance. Tout ce qui pouvais m'importer pour le moment, c'était ce qui m'appartenais. La Superball qui faisais de moi le serviteur de l'humain qui l'avait, et mon... Où est ce qu'il était ?! Je regardais partout autour de moi, et je ne voyais pas mon pendentif. C'était une petite pierre bleue attachée à l'aide d'un long et fin fil, afin qu'il ne cache pas l'ornement. Je dois la retrouver à tout prix, il faut que je la retrouve. Elle n'est pas à moi, elle est à Aëllis !

"- Ton pendentif ? répéta la créature bleue, ne bouge plus, je te la rapporte !"

Elle se releva immédiatement et courue à nouveau de l'autre côté du feu. Elle se rapprocha de moi avec le collier dans les mains. J'étais rassuré, il n'était pas perdu... Je lâchais un soupir de soulagement, c'est comme si on avait retiré une lame que l'on avait planté dans mes côtes il y a à peine dix secondes. Je lui demandais de le mettre à mon cou.

"- Tu... Tu es sûr ? Je ne sais pas si c'est une bonne idée, avec toutes les blessures que tu as..."

Je n'ai rien au cou. Et puis, ce pendentif doit rester sur moi, quoi qu'il arrive. Si jamais je le perdais pour de bon, ma vie n'aurait plus aucun sens. Elle détourna le regard quelques instants, l'air désolé et intrigué. Puis elle décida de faire ce que je lui demandais. Ça faisait du bien de retrouver mon collier. C'était tout ce qui me fallait, le reste ne valait rien à mes yeux à côté de mon pendentif. Je regardais la pierre bleue, elle brillait avec la lumière des flammes orangées, elle était magnifique. Un présent d'il y a maintenant plus de quatre ans... Il n'était que pour elle... Mais je sortais rapidement de mes pensées nostalgiques, je ne voulais pas qu'Anna sache tout ça. Cette dernière détourna une nouvelle fois la tête, avec un visage honteux cette fois ci.
Je regardais autour de moi. Il y avait une tente dressée à quelques mètres de ma place, et une casserole reposait non loin des flammes. Je pouvais aussi voir quelques boîtes de conserve, certaines ouvertes et d'autres non. Où est ce que j'avais atterris...? Est ce que c'était elle qui avait fait tout ça ? Est ce qu'elle vivait d'elle même ? Comment est ce qu'elle avait tout ce matériel qui venait des villes alors ?

"- Ce n'est pas moi qui ai monté tout ça... C'est mon dresseur. Il s'appelle Rode Ward."

Rode... Ward ? Je ne savais pas pourquoi, mais son nom me disait quelque chose. C'était un nom que j'avais entendu il n'y a pas si longtemps que ça. Mais je n'arrivais pas à me le rappeler. Celle qui restait à mes côtés se releva, elle se mit à marcher un petit peu. Elle disait qu'elle allait se balader un peu, qu'elle avait veillé sur moi durant toute la journée. Mais... Attends ! Elle s'arrêta et tourna la tête vers moi, avec un air attentif et légèrement fatigué. Elle avait besoin de s'aérer, je n'allais pas la déranger plus que ça. Je m'excusais de l'avoir appelle pour rien. Elle me répondit que je ne devais pas m'en faire pour ça et s'enfonça dans les bois. J'étais maintenant tout seul.
Maintenant, la question qui me traversait l'esprit était "Qu'est ce que j'allais faire ?". J'avais atterrit dans le campement d'une personne que je ne connaissais pas. Il avait un Pokémon étrange qui a des pouvoir bizarres. Tout ceci ne me disait rien qui vaille. Ce "Rode Ward" avait probablement d'autres Pokémon dans son équipe, qui seraient prêt à exécuter le moindre de ses ordres. Il devait dormir dans la tente, c'était la nuit et il avait demandé à cette "Anna" de monter la garde et de me surveiller. Maintenant qu'elle était partie faire un tour, je pouvais agir. J'étais dans une condition confortable, réchauffé, nourris et soigné. Mais je savais déjà pourquoi est ce que ce dresseur voulait de moi. Ils ont tous voulu de la même chose. Je porte ce pelage gris comme s'il était doré. Ils se ruent tous sur moi dès que je sors d'une tanière. Je sais que je suis différent de mes semblables, mais est ce une raison pour faire de moi une créature à s'approprier à tout prix ? Il fallait que je m'en aille, c'était mieux pour eux, et surtout pour moi.
Je commençais à bouger mes pattes, celles de gauche me faisaient horriblement souffrir, mais les deux autres n'avaient pas l'air d'avoir été touchés par la folie de mon ancien dresseur. J'avais aussi une large entaille sur le flanc, qui risquait de se rouvrir si jamais je bougeais trop. Il était temps de faire un effort. Je dépliais mes pattes antérieures afin de me retourner sur le ventre. Mon flanc me faisait serrer les dents, et la patte arrière semblait ne pas vouloir se plier comme bon me semble.

- Comme si c'était pas assez chiant comme ça... maugréais je à cause de la douleur.

Je ne pourrais pas me déplacer facilement avec mes attelles, mais je pourrais au moins rester debout. Ce fut avec un effort surnaturel que je pu sortir de ma couverture, me relever, et faire quelques pas sans avoir poussé un hurlement de douleur. Il fallait que je respire profondément, régulièrement. Je devais me calmer afin d'oublier a douleur. C'était la seule chose utile que m'avait appris Jérôme, le premier qui m'avait attrapé, ou enfermé dans cette Superball... Je m'approchais doucement du feu pour essayer de m'habituer à la marche de l'estropié. Je baissais les yeux sur les boîtes de conserve, en espérant que l'une des boîtes ouvertes étaient encore pleines. Il restait une moitié de haricots et il y avait dans l'autre une pâte verte pas vraiment appétissante. Je laissais parler ma faim en plongeant mon museau dans la première conserve métallique. Sentir quelque chose remplir mon estomac vide depuis trois jours était si satisfaisant, je me sentais revivre. Le plat n'était pas mauvais et c'était drôlement nourrissant. Je n'étais pas entièrement repus, mais c'était largement suffisant pour prendre la route la plus proche. Je regardais une dernière fois l'endroit qui m'avait accueillit. Il s'agissait peut être d'un groupe sympathique, mais ils se mettraient vite à vouloir me voir mort. Une semaine ? Deux semaines ? Un mois ? Il ne fallait pas plus pour que l'un d'entre eux soit frappé de je ne sais quoi. Qui puisse lui faire perdre raison, le blesser gravement, ou de le tuer. Quand ce moment arrivera, ils se mettront tous d'accord pour dire que c'était de ma faute, et m'éjecteront du groupe, si avec de la chance, ils ne veulent pas ma mort. Je savais déjà tout cela avant de rencontrer mon premier dresseur. Ma couleur apportait le malheur, j'étais le mauvais envoyé des dieux. C'était ma propre mère qui me l'avait dit. Je ne l'avais compris que trop tard... Avant que je ne puisse m'excuser auprès d'elle. Mais je n'avais plus le temps de me remémorer le passé, il était grand temps que je bouge.
Je me dirigeais donc à l'opposé de l'endroit où était partie Anna, ce serait complètement idiot de la croiser pendant que je m'enfuie. Je marchais lentement, c'était le seul choix que j'avais. Mon état m'empêchait de courir et il valait mieux ne pas faire de bruit, pas pendant la nuit. Je n'étais plus un jeune chiot naïf, j'aurais beau faire de mon mieux, mon espèce restera une proie, même si je ne suis pas un herbivore pacifiste. Je suis petit et faible, une cible de choix pour toute grosse bête ou même un rapace en manque de chair fraîche. La loi de la nature était dure, mais elle était claire. Je devais faire attention au moindre bruit, rester le plus discret possible. Je m'enfonçais dans les buissons dès que j'en avais la possibilité, même si les branches avaient tendance à titiller mes plaies, ce qui était loin d'être agréable. Je finissais par déboucher sur un chemin qui s'apparentait à une route commune. Ma vue s'était un peu habituée au peu de lumière que m'offraient les quelques rayons de lune qui passaient au travers des feuillages. Je n'arrivais pas à trouver des plants qui pouvaient porter des fruits ou des baies. Ce n'était pas que mon repas expédié en quatrième vitesse m'avait laissé sur ma faim, mais certaines baies avaient des vertues médicinales. Je pourrais peut être oublier un moment la douleur de mes blessures avec une baie Oran ou autre. Avec un peu de chance, je pourrais aussi trouver un terrier vide ou un petit arbre pour me cacher entre ses branches. Je pourrais au moins être en sécurité pour la nuit. Ça me mettrait hors de portée du premier prédateur ou même de la vue de ceux qui m'avaient soignés, les retrouver maintenant me mettrait dans une position bien délicate. Et puis si ils se sont tant occupés de moi, c'était probablement pour me vendre. Un chromatique en bon état doit valoir un paquet de pognon. Je ferais tout pour rester libre et surtout en vie. Tant que je n'aurais pas accomplis ce que je devais faire, elle ne pourra jamais se reposer en paix. C'est à cause de moi si tout ceci s'est arrivé, c'est donc à moi de corriger mes erreurs.

- Hey toi ! Tu m'as l'air bien perdu !

Je venais d'entendre une voix rauque, mais qui devait appartenir à un Pokémon plutôt jeune. Il venait d'au dessus de moi. Je levais rapidement la tête, sachant pertinemment que ces mots m'étaient adressés. Il y faisait trop sombre pour que je puisse voir qui voulait tant me causer. Mais j'arrivais à distinguer deux paires d'yeux rouges, luisants dans un fond noir. Les deux créatures se tenaient sur les branches les plus hautes de la forêt, c'était sûrement des oiseaux. L'un d'entre eux n'avait pas l'air d'apprécier le fait que je ne leur réponde pas. Il lança alors avec un ton plus agressif, comme pour me confirmer mes soupçons :

- Ouais, c'est à toi qu'on parle mon chaton...
- Oui ? Qu'est ce que vous voulez de moi ? répondis je en essayant de ne pas montrer des signes de douleur.
- On dirait que tu ne sais pas où tu vas. répondit le second, à l'air un peu plus benêt que le premier.
- Je sais où je veux aller, ne vous inquiétez pas pour moi.
- Ah oui ? C'est quoi ton lieu de rendez vous ? croassa l'un d'entre eux, on pourrait peut-être t'aiguiller le chemin !
- Je veux juste sortir de cet endroit, la direction m'importe peu, merci quand même. remerciais-je en reprenant ma route.
- Oh tu sais... La forêt est plutôt grande... Ça ne va pas être bien facile, surtout quand on a deux pattes cassées.

Je m'étais immédiatement arrêté. Comment est ce qu'il savaient pour tout ça ? Je me doutais bien qu'en me voyant presque momifié de bandages, j'avais l'air blessé, mais ils n'avaient aucun moyen de savoir pour mes jambes ! Je les entendais ricaner, c'en était énervant. Ils devaient savoir pas mal de choses sur mon compte. La question était "A quel point est ce qu'ils en savaient sur moi ?". Le seul moyen de répondre à ma question était de leur demander :

- Je... Je vous demande pardon ?
- Tu ne peux rien nous cacher... On t'a vu te faire défoncer la gueule par un mastodonte. On allait voir si tu "allais bien" quand un petit d'homme et sa créature ont décidé de te prendre. On les a bien entendu, pendant qu'ils te soignaient. Tu ne peux pas aller bien loin avec "des fractures et une plaie ouverte", n'est ce pas ?
- Je n'ai pas besoin de votre aide, et encore moins de votre avis pour faire mon chemin. Donc si vous m'excusez, j'ai de la route à...
- Je suis désolé de te déranger encore une fois, mais il y a un autre problème... continua le premier.
- Ouais, un gros problème ! répéta le second.
- Bon... commençais je à m'impatienter, je vais m'en aller maintenant, j'en ai rien à... Faire de vos soucis et tout ce qui peut...
- Ça fait déjà plus de deux jours qu'on a pas mangé...

Et merde... C'était donc pour ça qu'ils m'avaient adressé la parole... Après tout, je ne suis qu'un pauvre Évoli, sans défenses et incapable de se défendre lui même, une cible de choix donc. Ils avaient faim et je me doutais bien que mes paroles n'allaient pas remplir leur ventre vide. Je pouvais commencer à courir maintenant, mais il me rattraperaient bien vite vu mon état. Je ne voyais pas de buissons ou autres endroits où je pouvais me cacher. A ce moment là, j'avais compris que je me trouvais dans une situation carrément désavantageuse. Tout ce que je pouvais faire, c'était de continuer la conversation tout en cherchant un endroit où je pourrais me planquer :

- J'ai comme... L'impression que je commence à comprendre à quoi est ce que vous vouliez en venir...
- Tu n'es pas né de la dernière pluie toi... N'est ce pas ?
- Vous pourriez calmer votre faim avec des baies, vous devez connaître le terrain bien mieux que moi.
- Oui, tu as raison... Pourquoi se contenter d'un peu de viande bien fraîche à portée de son bec quand on peut se goinfrer de quelques groseilles et des mûres ? demanda-t-il d'un ton clairement ironique.
- Peut être parce qu'à cause de tous les médicaments que l'on m'a administré, ma viande aura un goût bien amer.
- Ça veut dire quoi "administré" fréro ? demanda le simplet, j'ai faim moi !
- Ça veut dire ferme là et bute le avant qu'il ne se barre ! Tue le en un coup, le blesser ne rendra la chaire que plus dure à mâcher !
- D'acc !

Les quatre yeux rouges se déplacèrent à toute vitesse entre les divers feuillages de la forêt. A ce qu'on dirait, les négociations sont dans un état d'abandon. Place à la chasse, il ne me restait plus qu'à courir. Enfin, essayer de courir, car entre deux pattes tendues par une attelle et une longue plaie traversant tout le flanc, je n'étais pas au meilleur de ma forme. Je tentais d'effectuer quelques bonds sur le côté quand je les entendais fondre sur moi. Mais je savais parfaitement que je ne tiendrais pas longtemps comme ça. Il fallait que je trouve une idée pour contre attaquer, et maintenant !
Tout à coups, je sentis quelque chose craquer. Je m'écrasais contre le sol d'une telle violence que j'en eu le souffle coupé. J'essayais de me relever, mais ma patte arrière gauche me faisait horriblement souffrir. Un rapide coup d'oeil confirmait mes craintes. La branche qui maintenait ma jambe venait de se briser. Je ne pouvais plus me tenir debout, et encore moins me déplacer. Je n'avais maintenant plus beaucoup de solutions, avec une patte en moins et deux piafs qui volaient au dessus de ma tête. Je devais trouver un moyen de m'échapper, et rapidement. Tout ce que je pouvais faire pour me défendre, c'était d'utiliser mes crocs, en espérant qu'ils aient la gentillesse de venir à ma portée. Mais la politesse devait leur faire défaut, car ils s'apprêtaient à foncer encore une fois sur moi en piqué. L'idée de base avait complètement échoué, il fallait penser à un plan b. J'étais paralysé et ma seule chance de me défendre était maintenant inutile. J'avais beau me creuser la caboche, mais rien ne sortait. Je crois que ma situation était plus que critique. si ça continuait comme ça, j'allais finir en dîner pour deux vieux piafs. Mais je peux encore faire quelque chose, je suis obligé. Je dois rester en vie, à tout prix. Je dois le faire pour elle... Jusqu'à ce que je puisse...

- Anna ! Forte Paume ! Ne dépasse pas le second palier !

Tout à coups une forme humanoïde se dressa devant mes yeux. Elle se plaça entre les deux prédateurs et moi, comme pour me protéger. Elle tendit ses bras, en effleurant à peine les oiseaux, et ils furent tous les deux projetés. Ils ne se relevèrent pas, comment est ce qu'elle avait fait ? Une autre masse sombre s'approcha de l'endroit où mes chasseurs se sont écroulés. Une lumière apparut de sa main, et éclaira les deux corps gisants. C'était des oiseaux au plumage sombre, avec un bec jaune. Ils possédaient une coiffe de plumes qui ressemblait à un chapeau. Celui qui avait généré un tel rayon lumineux devait posséder une lampe torche. Il lança, pensif :

- Deux Cornèbres... Ils sont assez répendus sur la route 206, et ils profitent de la nuit pour chasser, ils sont nyctalopes... Ça veut dire qu'ils peuvent voir dans le noir, expliqua-t-il en tournant la tête vers Anna, ou que la lumière de la lune leur est largement suffisant pour voir comme en plein jour... Pas comme celui là.

Il accompagna ses paroles en se retournant, et en pointant sa lampe en plein sur mon visage. Je fus aveuglé par la lumière qui arriva brutalement. Je ne pouvais pas voir son visage, mais j'en déduisait que c'était le dresseur d'Anna, étant donné que j'avais entendu son nom. On dirait bien que ma tentative d'évasion a été un véritable échec. Je sentais que j'allais passer un mauvais quart d'heure au moment où il lança, avec un soupir d'épuisement :

- On va le ramener au campement... Je sens que ça va rapidement me les briser cette histoire...

Campement de la route 206 : Nuit

- Bon... Comment te dire...?

Nous étions retourné là où je me suis réveillé. Rien avait changé, j'étais toujours sur le sac de couchage et Anna à mes côtés. La seule différence, c'était qu'il y avait un jeune homme en face de moi, adossé à un arbre, à moins d'un mètre de moi. Il avait un visage légèrement long, des yeux d'un vert étrange et de longues mèches brunes couvraient son front. Il avait décidé de m'éloigner du feu et de me retirer la deuxième attelle, il avait comprit que c'était à cause de ça que je ne pouvais plus me relever. Il me regardait avec un air énervé, et je savais pertinemment pourquoi. Mais je ne m'attendais pas du tout à sa première réaction. Il s'approcha lentement de moi, tendit son bras droit et me retourna une violente gifle. Ma joue me brûlait et j'avais la tête qui tournait. J'avais déjà du mal à rester à l'endroit sans mes deux pattes gauches, mais là, je suis carrément tombé à la renverse. J'essayais de reprendre rapidement mes esprits, afin de comprendre ce qui lui passait par la tête. Dès qu'il avait compris que mon attention était à 100% sur lui, il commença.

- Je vais être franc... Tu es carrément pète couilles. Comment ça ? demanda-t-il en tournant la tête vers Anna, qui devait lui avoir dit quelque chose à propos de son langage grossier. Okay, je vais être plus polis... Je suis désolé, mais tu me les brises. Est ce que tu sais que je viens d'utiliser tout notre matériel médical pour te soigner ? Et tout ce que tu fais, c'est profiter qu'Anna aille se reposer pour te tirer en douce ?

Je ne profitais pas qu'elle ait eu besoin de repos pour m'en aller... Enfin... Si peut être... Mais c'est pas une raison pour être aussi violent...!

- A cause de toi, elle n'arrête pas de se dire que c'est de sa faute, alors que ça fait trois jours que l'on n'a pas bougé juste pour toi !

Et alors ? Je n'ai jamais demandé à ce que l'on me ramasse ! Pourquoi est ce que vous avez fait ça ? Le fric ? La réputation ? Tout ça juste parce que je suis différent des autres Évolis ? Vous êtes tous pareil ! Dès que j'avais voulu lui hurler ces paroles en plein dans sa face, je ressentais quelque chose d'étrange. J'avais la sensation qu'une émotion m'oppressait. Je tournais la tête vers Anna, elle avait un visage complètement différent. Elle était surprise, et surtout extrêmement déçue. Elle s'éloigna de moi en tournant la tête. Sans que je ne comprenne le pourquoi du comment, j'avais compris que c'était mes paroles qui la tracassait autant. Le garçon en profita pour me coller une seconde torgnole. Il enchaîna :

- Si tu veux savoir pourquoi est ce que l'on a décidé de te garder... On avait entendu quelqu'un gueuler, pas loin de notre campement, il fallait les éloigner de nous si on voulait éviter les problèmes. On t'a trouvé, presque en charpie. J'allais retourner à notre base, et Anna a voulut à tout prix que l'on te prenne pour te soigner. Si elle n'avait pas autant insisté, tu ne serait pas là à te prendre des baffes, tu resterais crevé avec le bide ouvert en deux !

C'était Anna qui l'avait convaincu de me garder ? Pourquoi est ce qu'elle avait fait tout ça pour moi ? Ça n'avait aucun sens, elle n'a aucun avantage à lui dire de me faire rentrer dans l'équipe, c'était même des inconvénients qui l'attendait.

- Je vais te dire un truc... Que tu sois un chromatique, j'en ai rien à battre. Tu as envie de te barrer ? Très bien, mais avant, il va falloir régler deux trois détails...

Régler des détails ? Qu'est ce qu'il voulait dire par là ? Il avait maintenant un visage posé, il avait l'air de réfléchir à quelque chose. Il devait avoir trouvé une idée, car il se mit à avoir un sourire au coin de la bouche. Il ne me laissa pas plus de temps pour réfléchir, et reprit ses explications :

- J'ai claqué tout mes médicaments et matériel médical pour toi, et c'est pas de la camelote. C'est difficile à se procurer et ça coûte cher, alors imagine si on l'utilise sur le premier Pokémon un peu blessé que l'on rencontre... Mais j'ai trouvé un moyen pour qu'on soit tous les deux content. Je ne vais pas te garder à vie, tu as l'air de vouloir faire plein de chose, et tu as sûrement tes raisons pour te barrer. On va donc faire un deal. On te garde avec nous, tu te soignes, et tu rembourses tes dettes en combattant pour moi. Quand tu m'aura fait gagner les 12 000 Pokédollars que j'ai utilisé pour toi, tu auras le choix de te barrer ou non, si jamais tu t'amuse avec nous sur le bout de route que l'on fera ensemble. Et si en plus de ça, je peux t'apprendre deux ou trois trucs pour te battre, c'est tout bénef pour tout le monde. Alors ? Marché conclu ?

Il me tendit la main, comme si j'étais un simple collègue de boulot. Qu'est ce qu'il attendait ? Que je tende ma seule patte valide pour dire que j'étais d'accord ? Après tout... Si tout ceci était vrai, je ne pouvais tout de même pas les laisser tomber ainsi. J'avais encore quelques doutes pour ce Rode, mais Anna avait l'air sincère, et elle devait s'être donné du mal pour moi. Aëllis n'aurait pas voulu que je me comporte ainsi. En même temps, je n'avais pas non plus vraiment le choix, je leurs devait en quelques sortes ma vie, je ne pouvais plus agir comme bon me semblait. Il ne me restait plus qu'à tendre ma patte avant, celle qui marchait encore. Il me la serra, la secoua un peu et se releva après l'avoir lâchée. Il partit prendre son thermos afin de se désaltérer et me proposa un peu d'eau. Je refusais son offre, je n'avais pas soif. En me regardant, il se mit à froncer des sourcils, s'agenouilla et mit sa main sous mon cou. Je le sentis prendre mon pendentif entre ses doigts, il fit alors une remarque :

- Mais attends... J'avais mis son collier dans mon sac... C'est toi qui le lui a donné Anna ? demanda-t-il en tournant la tête vers son Pokémon. Ah bon ? Tant que ça ? Bon... Tu as l'air de t'en faire beaucoup pour ton petit bijou... Je vais donc te prévenir de suite. Je vais te laisser avec ça autant que tu le veux, sauf en combat parce que tu risques de te faire étrangler... Mais si jamais tu essaye encore une fois de te barrer en douce sans avoir remboursé tes dettes, je garde ton collier sur moi... On est bien clair ?

Je me disais bien que tout ceci était un peu trop simple. Il fallait bien qu'il prenne la seule chose qui me soit chère en otage. En même temps, qui n'aurait pas eu cette idée ? C'est la plus efficace. Mais au moins, il a la bonté de me prévenir. Il aurait pu prendre mes effets personnels sans dire un mot. On pouvait donc dire que je m'en étais plutôt bien sortis. J'hochais de la tête pour lui dire que j'avais compris. Je n'étais peut être pas tombé si bas après tout. En tout cas, Anna avait l'air d'avoir oublié ce qui venait de se passer, elle se mit à regarder le ciel étoilé avant de se mettre à bailler à s'en décrocher la mâchoire. Elle quitta son tronc pour aller se coucher sous la tente, elle avait besoin de sommeil. Rode lui annonça qu'il n'arriverait plus à se rendormir, une fois qu'il était réveillé à cause de ce déb... A cause de moi. Il se leva et s'approcha lentement du feu, en me lançant que toute cette histoire lui avait creusé le ventre. Il ramassa une boîte de conserve et s'écria :

- Attends... Comment ça se fait qu'il n'y ait plus de haricots...? Anna n'en a pas mangé... Oh putain t'es pas sérieux ?!

Il accompagna ses paroles en me lançant des éclairs avec les yeux. Il devait avoir rapidement compris le chemin que j'avais pris avant de m'en aller. Il prit alors la seconde boîte, celle qui contenait une pâte verte étrange. Il prit une cuillère et se l'attaqua comme si il mangeait de la glace. Il m'expliqua que c'était des épinards... Je n'en avais jamais mangé, mais je me doutais que ça n'allait pas me plaire. Ça avait beau être riche en fer, je ne ferais pas confiance à ce type pour ce qui est de mon alimentation, même si je suis omnivore. Mais bon... Il va me falloir du temps pour amasser son fric. Il faudrait que je passe un peu de temps à les connaître un peu tout les deux...
Mais je commençais déjà à avoir quelques absences... Mes paupières devenaient lourdes et ma tête se baissait petit à petit. J'étais épuisé, et je n'allais plus tenir très longtemps. Alors que j'allais me laisser emporter dans le pays des rêves, Rode me lâcha avec une pointe d'empathie :

- Bonne nuit, et à demain tête de mule.