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Legendary Bonds de Clafoutis



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» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 07/01/2016 à 01:40
» Dernière mise à jour le 07/01/2016 à 01:40

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Troisième mensonge : Seuls contre tous.

 

 Nelly fusa la première, si vivement qu'elle se transforma en une flèche argentée. Julia créa immédiatement une épaisse Protection sphérique autour d'elle et de son frère. Cependant, cela n'impressionna guerre la grande brune. Elle rentra en puissamment en contact avec le bouclier psychique dans un fracas tonitruant, il teint bon, mais Nelly réitéra inlassablement ses charges fulgurante, s'acharnant impitoyablement, ne laissant aucun répit à Julia.

Au bout de dix secondes seulement, des fissures firent leur apparition, sonnant petit à petit le glas de la Protection. Elle finit par exploser dans un fracassant éclat de verre, cependant, pendant que Julia gagnait du temps, Julio chargeait sa Lumi-Éclat. Dès que Nelly entra dans sa ligne de mire, le majordome envoya son éblouissante sphère lumineuse.

Nelly esquiva vivement sur le côté, or, Julia usa de nouveau de ses Protections, non pas pour se protéger cette fois-ci, mais pour ériger des murs invisibles sur le chemin de la grande brune, entravant ses mouvements. Surprise, Nelly heurta violemment une Protection. Momentanément immobilisée, elle ne pouvait plus éviter la Lumi-Éclat meurtrière.

Ce fut alors qu'Happy intervient à son tour, érigea un Mur Lumière en la sphère de lumière et sa dresseuse, ralentissant juste assez la Lumi-Éclat pour permettre à Nelly de s'échapper. Julia grommela, peu satisfaite.

– Je l'avais oublié celui-là...
– Attention petit sœur, la prévient Julio. Elle est d'une autre paire de manche.
– Je sais, je sais, mais excuse-moi de la sous-estimer vu ce que l'on nous a servi avant.

La maid jeta un regard méprisant à Marc Mikuri et Juan Adan, tous deux effondrés au sol.

– Ils ont fait de leur mieux... !, tenta Julio de les défendre.
– Mouais...

Un peu irritée, Julia matérialisa autour d'elle des myriades de fragments psychiques, qu'elle plaça aléatoirement sur le terrain. Chacun de ses éclats de Choc Psy agissait comme une mine explosive, au moindre contact, boum.

Cette fois-ci, se fut à Happy de jouer, de par son agilité extrême, il parvint à se faufiler entre les mines flottantes. Mais c'était sans compter Julio. Subitement, une colonne de lumière émergea du sol, et frappa violemment l'Insécateur. Sa balance perdue, la pauvre mante religieuse heurta les fragments de Choc Psy un à un, provoquant une formidable explosion en chaîne.

– Une belle fin pour un insecte, sourit Julia.
– Hm.

Cependant, point de bouillie d'insecte au menu de ce soir. Une fois l'étouffant nuage de poussière dissipé, Happy réapparut, enrobé dans ses Ailes d'Aciers. Furieux d'avoir été pris au dépourvu, il prit appui sur le mur et fusa vers Julia toutes faux en avant. Julio s'interposa in-extremis, contrant la faux gigantesque d'Happy uniquement grâce à son bras maintenant éclatant d'une curieuse aura psychique. D'un large geste, le majordome repoussa l'Insécateur jusqu'à Nelly comme si de rien n'était.

– Je t'avais dit de ne pas les sous-estimer, lâcha t-il.
– D'accord, j'ai peut-être mis la charrue avant les Tauros, je l'admets...
– Je vois, statua soudainement Sofian.

Des regards interloqués se tournèrent vers le brun.

– Julia est spécialisée dans les protections, tandis que Julio est spécialisé dans l'offensive. C'est pour cela que Happy a résister aux Chocs Psy de Julia, puisque ses attaques ne sont pas si fortes !
– … c'est exact, sourit le majordome après une brève réflexion. Je vois que vous êtes toujours aussi observateur, monsieur Sofian. Effectivement, c'est dans l'ordre des choses. Les Latios ont toujours eu une affinité particulière à l'offensive. Mais savoir cela vous aidera t-il vraiment ? Nous ne sommes pas des petits Pokémon sauvages que l'on trouve dans l'herbe !

Pour confirmer ses dires, Julio matérialisa des fragments psychiques autour de lui, comme l'avait fait Julia avant lui. Sauf que ces fragments de Choc Psy étaien&t deux fois plus gros que ceux de sa comparses, et luisaient puissamment comme de petites étoiles.

– Ceux-là, je doute que votre Insécateur pourra en réchapper indemne !
– …

Nelly resta silencieuse, observant attentivement le couloir. Ce dernier était de nouveau rempli de mines flottantes explosives, mortelles, cette fois. Julia avait recouvert les murs, le plafond et le sol de la pièce de Protections et de Murs Lumières. Une charmante attention, puisque l'explosion en chaîne des Chocs Psy pouvait sans doute anéantir la forteresse en entier. Elle pensa même à en mettre un devant Sofian. Pour l'empêcher d'intervenir ou pour le protéger ? La question restait entière.

Cependant, entre les mines il y avait suffisamment d'espace afin de s'y faufiler. Or, si l'idée était tentante, elle n'était pas sans risque, comme l'avait prouvé Happy un peu plus tôt en se prenant une attaque surprise. Mais rester sans rien faire serait encore plus dangereux, Julio était déjà en train de concentrer une autre Lumi-Éclat à pleine puissance.

Donc, puisque la mort hurlait de partout, pourquoi hésiter ? Pendant un moment, Nelly canalisa toute la force de son Lien, uniquement dans ses jambes. Ses dernières se raffermirent dangereusement, se métamorphosant en impitoyable bloc d'acier. Elle se courba légèrement, et puis...

Un trait argenté fusa en ligne droite, moins d'une seconde, se fut le temps qu'il fut à Nelly pour traverser tout le couloir et atteindre les deux Éons. Elle traversa chaque éclat de Choc Psy à une vitesse si effarante que lorsque ses dernières explosèrent, Nelly était déjà bien loin.

La grande brune réapparut juste derrière Julio, comme si elle venait de se téléporter, et d'un coup de pied fulgurant, elle envoya le majordome dans les explosions. Du moins ce fut ce qu'elle cru, puisque Julia réagit au quart de tour et utilisa ses pouvoirs psychiques pour retenir son frère avant qu'il ne soit propulsé dans la zone mortelle.

Sauf que ce faisant, la maid se retrouva momentanément vulnérable, et Nelly en profita allégrement pour lui assener un généreux coup de pied retourné.

Sofian ne pouvait que rester admiratif devant un tel déchaînements de puissances et de grâces. Nelly contrôlait parfaitement le combat, se mouvant avec une fluidité féerique, réagissant à la moindre action de ses adversaire comme si elle les prévoyait des secondes en avances.
En quelques minutes à peine, Julio et Julia se retrouvèrent acculés au fond du couloir.

– C'est bien ce que nous pensions, soupira Julio, un possesseur Lien est bien plus fort qu'un légendaire pur jus...
– C'en est presque rageant, avoua Julia.
– Hm, fronça Nelly des sourcils. Vous ne vous êtes pas battu sérieusement.

Les deux éons en forme humaine se regardèrent un instant, presque amusés.

– Haha, ricana faiblement le majordome, nous sommes déjà grillés ?
– Pour notre défense, s'avança la maid, vous non plus vous n'y êtes pas aller à fond.

Sofian en resta coi. Ils étaient en train de dire que ce combat n'était que pour la forme ? Juste une sorte de mise en scène ?

– …

Nelly détourna les yeux, silencieuse. Elle n'avait échappé aux scientifiques et à leurs expériences que grâce à Rochard, qui en échange voulait qu'elle combatte à ses côtés. Sauf que visiblement, elle ne pouvait pas répondre à cette promesse. Elle voulait y aller à fond, mais c'était impossible.

Frapper dans le but de tuer. Avant, cela ne lui aurait causé aucun problème morale. Car son ancienne elle n'avait pas de morale, juste de l'instinct de survie. Mais désormais, elle avait changé, elle ne voulait plus survivre, elle voulait vivre.
Julio constata son trouble, et s'avança lentement vers elle.

– Nous vivons pour mademoiselle Miya, déclara t-il. Son bonheur et notre seul préoccupation, et de toute évidence, tuer ses amis ne va pas y contribuer.

Julia acquiesça gravement.

– Pourtant, notre destin est de nous entre-tuer.
– … !

Soudainement, la porte au fond du couloir s'ouvrit lentement. Chacun se figea, prit par surprise. Des bruits de pas, petits mais raisonnant puissamment, se firent entendre. Peu à peu, la silhouette d'une petite rousse à couettes se dessina. Ses traits étaient doux, mais fatigués. Sofian presque du mal à la reconnaître tant l'aura qui se dégageait d'elle différait de d'habitude. Ce n'était plus la petite rousse joviale et espiègle d'avant, mais une adolescente épuisée, les yeux vides, à un tel point qu'on douterait qu'elle soit encore en vie. Elle ressemblait plus à une sorte de poupée désarticulée.

– Bonjour... chef et... la grande perche, sourit t-elle faiblement.

Même sa voix semblait venir d'outre-tombe. Tout d'un coup, Sofian se demanda s'il connaissait vraiment cette fille. En y repensant, que savait-il de cette petite rousse ? Rien du tout. Elle était venue dans son club du jour au lendemain, et c'est tout.

– Miya..., souffla t-il.
– … ça fait longtemps, hein ? Je me suis vraiment inquiétée depuis que vous avez disparu à Vermilava... Camélia et Ilyana se sont fait un sang d'encre.

Ah... Camélia et Ilyana, les pauvres. Depuis l'incident de Cobaltium, elles n'avaient pas arrêté de lui envoyer des dizaines de messages sur son portable. Sofian n'avait osé leur répondre, ne voulant les mêler à tout ça. Il s'excuserait proprement la prochaine fois qu'il les verrait, même si étrangement, il sentait qu'il ne les reverrait plus jamais, comme si elles faisaient partit de son ancienne vie, d'une époque révolue.

– Tu es au courant de tout maintenant, hein ? continua doucement Miya. Sur Avalon, les Protecteurs, les Précurseurs... c'est fou, hein ? Désolée de t'avoir cacher tout ça, enfin, tu ne m'aurais certainement pas cru si je t'en avais parlé, n'est-ce pas ? La fin du monde, même les gosses trouveraient cette histoire ringard.

Sofian ne pouvait qu'acquiescer. Lui-même avait encore beaucoup de mal à y croire, même en ayant vu de ses propres yeux d'innombrables preuves.

– Et dans cette histoire, je suis l'antagoniste. L'enfant des Protecteurs, l'une des clefs menant à la fin du monde. Tu comprends ce que cela signifie ? Si tu veux empêcher la fusion entre Avalon et notre monde, tu devra me tuer.
– … arrête...

Sofian serra dents et poings.

– Oui, je suis loin de comprendre cette situation, toute cette folie ! Mais s'il te plaît, ne parle pas de ta mort comme si ce n'était rien... ! Tu sais très bien que jamais...
– … Sofian, le coupa fermement Miya. Cette histoire nous dépasse, nous simples humains. Les notions comme l'amitié n'ont aucun sens ici. Julio, Julia.

Une nouvelle fois, le frère et la sœur se regardèrent, perplexes, mais obéirent néanmoins. Ils reculèrent en faisant une référence, tout d'un coup, leur corps se mirent à luire, de plus en plus intensément, avant de fondre en particules de lumières, bleues pour Julio, et roses pour Julia.

Les particules bleutées s'enroulèrent sur la main droite de Miya et prirent la forme d'un magnifique gant azuré, dont une lame psychique ondulée ornait chaque doigts. Quant aux particules rosées, elles se ressemblèrent autour de Miya, formant une sorte d'imposant voile translucide protecteur.
De même, son œil droit prit une teinte azurée tandis que son œil gauche devint rosée. Miya fixa durement Sofian de ses yeux récemment vairons.

– Tu vois, ce que je suis ? siffla t-elle. Je ne suis pas une petite gamine innocente, je suis l'une des armes ultimes des Protecteurs, rien de plus. J'ai déjà du sang sur les mains, je ne compte même plus les os qui ont craqué sous mes coups.
– … Miya...
– … et si tu ne réagis pas tu sera le prochain !

En un éclair, Miya fusa vers Sofian, son gant acéré en avant. Elle était fulgurante, mais Nelly parvient quand même à s'interposa, contrant les lames azurés du gant de son propre bras d'acier renforcé. Les deux filles restèrent immobiles, mais tout en déployant une énorme quantité d'énergie, bras contre gant.

– Qu'est-ce que tu fais ? lui glissa férocement Nelly.
– Mon devoir en tant qu'enfant des Protecteurs. Je dois éliminer tout ce qui est susceptible d'empêcher la Fusion. Quoi que ce soit, qui que ce soit.
– Mais qu'est-ce qu'il se passe, bordel ? jura Sofian. Miya ! T-Tu n'es pas sérieuse ?!
– … désolé, mais je dois le faire. De toute façon, tout le monde va mourir.
– Miya ! Tu ne penses pas ce que tu dis, n'est-ce pas ?!
– Taisez-vous !!

Miya hurla rageusement, forçant d'avantage sur son gant.

– Vous ne savez rien de ma vie, de ce que j'ai dû endurer avant de venir ici ! J'étais déjà maudite dès ma naissance... enfant des Protecteurs, est-ce que vous savez ce que cela représente ? Est-ce que vous savez ce ça fait de devoir tuer sans cesse ? Est-ce que vous savez ce que c'est que d'être l'égérie d'une secte de fanatiques sanguinaires ?! J'ai essayé de fuir toute cette folie, d'intégrer la vie normale... j'y ai cru à un moment... vraiment... mais ma malédiction ma rattrapée. Je ne peux pas être heureuse, car je suis l'enfant des Protecteurs, celle qui est chargée d'enclencher la fin du monde !

Miya renforça son appui sur le sol, commençant à repousser Nelly.

– Ce monde est pourri, peuplé de fous furieux et de malheurs... un monde qui refuse le bonheur ne devrait même pas exister !!

Soudain, Miya poussa un cri démentiel, son énergie azurée et rosée explosa d'un coup, balayant tout le couloir. La force de Miya augmentait exponentiellement ; d'un coup, elle envoya Nelly embrasser le mur.

– Nelly ! paniqua Sofian.

Cette dernière se releva rapidement, mais fébrilement. Elle n'était pas au mieux de ça forme et surtout...

– Sofian... il faut fuir.
– … !

… en face, Miya devenait de plus en plus effrayante. Son aura de puissance tempêtait littéralement autour d'elle et pire, le sol à ses pieds commença à s'effriter dangereusement. Cependant, à travers le chaos, le regard de Sofian restait fixé sur Miya. Ses yeux incarnait la haine, le ressentiment... et la tristesse. Il ne pouvait pas se tromper, pendant qu'elle déchaînait son pouvoir, pendant qu'elle proclamait vouloir les tuer, de purs larmes coulaient sur ses joues.

Nelly prit de force le bras de Sofian, qui était paralysé, et courut vers la sortit à toute vitesse. Elle récupéra au passage les corps inconscients de Marc Mikuri et Juan Adan, bien qu'elle avait bien envie de les laisser là.
Heureusement pour elle, Miya ne cherchait pas – encore – à les attaquer, elle restait immobile, à déployer une aura monstrueuse. Mais là encore, la partie n'était pas gagnée. Le déchaînement de la petite rousse réduisait petit à petit la forteresse en ruine, un peu plus ils finiront tous enfouis sous des tonnes et des tonnes de débris.

– … !!

Soudain, l'épais mur menant à l'extérieur explosa. Nelly ne réfléchit pas une seconde et sauta par la brèche, tout en faisant attention à ne pas faire tomber son lourd chargement.

– Oh ! s'étonna une adolescente vêtue d'un manteau blanc tranché d'une diagonale noire.
– … Sofian ? dit de même un autre vêtu d'un manteau noir tranché d'une diagonale blanche.

Karen et Kunja écarquillèrent les yeux, ne s'attendant visiblement pas à voir débouler Nelly à travers le trou qu'ils venaient de creuser.

– Vous deux... il faut fuir, ordonna fermement Nelly des yeux.
– Je me disais bien que le vent du destin avait tourné, déclara dramatiquement Kunja. Tout d'un coup, les vils Protecteurs que nous affrontions vaillamment ont abandonné le combat, nous nous sommes dis que c'était l'occasion de nous attaquer directement à la forteresse...
– L'enfant des Protecteurs est ici, continua monotonement Nelly. Nous n'avons aucune chance.
– Cette puissance maléfique vient donc d'elle..., marmonna Karen. J'imagine que notre salut est dans la fuite, dans ce cas.

Nelly acquiesça gravement. C'était bien la première fois qu'elle voyait Miya déployer toute ses forces, mais son œil guerrier était sans appel. Il n'y avait aucun espoir.


***

En dix minutes, forteresse tomba. Simplement sous l'effet de l'aura de Miya. Tous avait déserté, Protecteurs et Précurseurs ; ce n'était pas le moment de mourir aussi bêtement.
Qui avait gagné cette bataille ? Nul ne saurait le dire avec exactitude. Quoi qu'il en soit, Nelly, Sofian, Marc et Juan rentrèrent au manoir de Rochard, abattus. Mais étrangement, ce dernier les attendait avec un petit sourire sur le visage, comme s'il s'attendait à ce résultat.

– Haha, cette petite Miya est incroyable, n'est-pas ? Décimer nos troupes et les siennes de sa seule présence...

Sauf que Rochard était bien le seul à être de bonne humeur, en face lui, les regards noirs fusaient.

– Qu'est-ce que cela signifie Rochard ?! hurla Marc Mikuri. Que faisait l'enfant des Protecteurs et ses servants dans cette forteresse ? Vous nous aviez assuré qu'aucun adversaire sérieux ne s'y trouvait ! Et pourquoi ce « Sofian » possède une arme d'Avalon ?!
– … tu possèdes une arme d'Avalon ? s'étonna Rochard en se tournant vers le brun.

Ce dernier toisa le maître d'Hoenn, ne sachant plus comment agir en sa présence. Il hocha néanmoins la tête en sortant Razor Blood.

– Magnifique ! s'émerveilla t-il. Tu nous avais caché cela, mon ami !
– Vous aussi, cracha Sofian. Vous saviez que Miya se trouverait là-bas, n'est-ce pas ?
– Tout à fait, avoua facilement le maître. Les retrouvailles n'a pas été trop dur j'espère ? Mais vous vous en êtes sortis vivants, donc tout va bien.
– Vous... !

Sofian s'avança, les poings crispés. Nelly l'arrêta d'un geste de bras.

– C'était lâche, asséna t-elle en direction de Rochard.

Ce dernier sourit doucement.

– J'aurais plutôt dis « pragmatique ». Grâce à cela, vous savez désormais à quel point nos adversaires sont puissants, et aussi que vos amis d'hier sous vos ennemis d'aujourd'hui. Une pierre deux coups, et de plus, les Protecteurs ont perdu une forteresse, nous sommes indubitablement gagnant. J'admets que j'avais espéré que grâce à votre Lien, vous soyez en mesure de nous débarrasser de l'enfant des Protecteurs, mais j'ai dû être trop gourmand.
– Alors c'est donc vrai, geignit Sofian, vous voulez tuer Miya...
– Évidemment, déclara simplement Rochard. Je vous l'ai déjà dis, non ? La situation devint de plus en plus critique, la trêve temporaire est fini. Nous vous avons laisser côtoyer l'enfant des Protecteurs pendant vos jours au lycée par compassion pour vous, mais maintenant que le « cercle » est apparu, l'histoire est tout autre.

Marc Mikuri n'en cru pas ses oreilles.

– PARDON ?! Vous voulez dire que ces deux là ONT CÔTOYÉ l'une de nos pires ennemies ?! Et... et que faisons-nous pour cette arme de malheur ?! Comment ce Sofian l'a eut en sa possession ? Qui nous dis que ce n'est pas un espion pour le compte des Protecteurs ?!
– Mets-là en veilleuse, siffla Nelly.
– Qu... !

La grande brune l'ignora et toisa de nouveau Rochard.

– Par compassion pour nous ? C'est faux.
– Oh ? s'étonna Rochard. Que veux-tu dire par là ?
– Si vous aviez pu vous débarrasser de Miya vous l'auriez déjà fait. Mais vous n'en aviez pas la force. Alors vous avez préféré ne pas commencer les hostilités par prudence.
– … c'est une manière de voir les choses.
– Vous vous êtes bien fichu de nous..., pesta Sofian.

Pierre Rochard, s'avança d'un pas, fixant de Sofian de sa prestance de maître.

– Sofian Aaken, déclara t-il sereinement mais puissamment. J'ai été investi d'une mission, celle d'empêcher la fusion, celle de sauver notre monde, celle de sauver des millions, non, des milliards d'êtres vivants. Peux-tu imaginer ce que cela représente, toi, n'ayant jusqu'à lors que vécu au chaud dans ta petite ville ? Penses-tu réellement que j'y arriverais en jouant les bisounours ? L'enjeu est bien trop phénoménal, bien plus que tout ce que tu peux imaginer. Qu'est-ce qu'un mensonge, qu'est-ce qu'un meurtre, si ces derniers peuvent sauver de milliards de vie ?

Sofian recula malgré lui, intimidé par l'imposante aura de Rochard.

– … oui, vous avez raison, je ne peux pas le comprendre...

Sofian soupira longuement, avant de lui tourner le dos.

– Et puisque je ne peux pas le comprendre, je n'ai rien à faire ici. Vous avez gagné, Rochard. Je quitte le manoir.
– Je ne te laisserais pas faire, répondit le maître au tac au tac. Tu es l'un des seuls d'entre nous à posséder un lien, sans compter ton arme d'Avalon.
– Ma décision est prise, je ne veux plus avoir affaire à vous. Cette mission m'a au moins fait comprendre une chose : dans cette histoire tout le monde souffre. Julio et Miya... aucun d'entre eux ne désirait se battre, plus que de nous combattre, ils combattaient leur propre cœur. En en tant que chef de club, je ne peux permettre à mes assistants de souffrir !

Rochard resta un moment ébahi, avant de rire à plein poumon.

– Hahaha ! Chef de club ? N'est-ce pas hilarant ! Tu te rattaches à des valeurs bien illusoires, mon ami !
– Riez autant que vous le voulez ; je ne veux plus jamais avoir affaire à vous, rien de ce que vous direz ne changera ma décision.

Au tour de Sofian de s'imposer devant le maître.

– Vous aviez dit que nous avons toujours le choix, n'est-ce pas ? Et bien je comptes bien faire valoir ce droit. Je quitte ce manoir.
– … si tu fais cela, nous ne te protégerons plus. Tu seras une cible facile pour les Précurseurs ; ce que tu as vu dans cette forteresse n'est qu'un petit aperçu de leur puissance, seul tu ne pourras rien faire.
– Je prends le risque.
– … je vois, souffla Rochard. Très bien, tu peux partir, bien que cela je trouve cela très dommageable.
– Bien sûr je ne pars pas seul, Nelly vient avec moi.
– …

Rochard tâcha de garder sa contenance, même s'il était clair que cette proposition ne l'enchantait pas plus que ça. Quand à l'intéressée, elle pencha simplement la tête.

– Nous avons besoin de Nelly, déclara Rochard. Sa force surnaturelle nous est nécessaire contre les Protecteurs.
– Décidément, vous êtes comme ces deux scientifiques. Nelly n'est qu'un objet, une arme pour vous, c'est cela ?
– Non, tu te trompes. Cependant, dans la situation où nous sommes, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre plus de force de frappe.
– C'est non-négociable. Et puis, si moi j'ai le choix de partir, pourquoi pas Nelly ? N'est-ce pas une humaine avec ses propres droits ? A moins que vous ne la considériez véritablement que comme un simple outil sans volonté ?
– Tu parles beaucoup pour elle, mais qu'elle est véritablement son avis ? souffla Rochard. Nelly, n'oublie pas que les enjeux sont énormes. Tu as déjà sacrifié ton enfance, ta vie avant de stopper la fusion des mondes. Tu ne vas quand même pas nous abandonner après un tel sacrifice, fais-le au moins pour toi, en vengeance à toutes ses années perdues !

En attente d'une réponse, Rochard et Sofian se tournèrent vers la grande brune, qui restait toujours imperturbable.

– … je veux partir, décréta t-elle.
– … je vois. Dans ce cas, je ne peux rien y faire j'imagine.

Sofian resta un court moment interdit. Rochard acceptait sa volonté, aussi facilement, sans se battre plus que ça ? Étrange. Enfin, ce n'était pas comme si Sofian allait refuser cette occasion de fuir toute cette folie. Oui, c'était lâche de sa part. Le destin du monde se jouait derrière les rideaux alors que lui se plaignait de sa petite personne. Mais que pouvait-il y faire ? Il était humain, encore libre de choisir lui-même ce qu'il voulait faire. Et vraisemblablement, tuer Miya ou Julio n'était pas au programme.

Sans dire un mot de plus, Sofian adressa un regard silencieux à Nelly avant de quitter la salle de contrôle en sa compagnie. Rochard soupira longuement.

– Tu es sûr que c'est la bonne décision ? intervint enfin Roxanne qui était restée silencieuse depuis le début.
– Je ne veux pas les braquer plus que cela, expliqua le Maître avec une petite lueur dans les yeux.
– … toi, tu prépares quelque chose.
– Excusez-moi, s'avança Marc Mikuri. Mais vous m'aviez totalement ignoré ! Je veux des réponses à mes questions !

Rochard leva les yeux au ciel, déjà lassé.


 ***

En sortant du manoir, une seule question taraudait Sofian, « Et maintenant... ? ». Retourner à Mérouville lui traversa l'esprit pendant un instant. Mais qu'allait-il y faire ? Ne risquait-il pas d'impliquer Camélia ou Ilyana dans cette histoire s'il les revoyait ? Visiblement, ces deux-là étaient étrangères au conflit, et Sofian tenait à ce qu'elles le restent.
Sa vie d'avant avait disparu, il devait se faire une raison. Il devait passer à autre chose, quitte à commencer une vie de vagabond.

– Désolé de t'embarquer dans tout ça, s'excusa Sofian.
– Ce n'est rien, le rassura Nelly. Je n'aimais pas cet endroit.
– Haha...

Effectivement, la demoiselle ne devait pas garder de très bon souvenir de son ancienne prison, où elle avait dû subir d'innombrables expériences malsaines.
Sofian leva les yeux au ciel, soupirant devant le soleil naissant. Il avait décidément mal choisi son moment pour partir. Après une épuisante mission nocturne, la fatigue commençait sérieusement à se faire sentir.

– Il faut trouver un autre abri...


***


Pierre Rochard pénétra le laboratoire souterrain, le pied ferme. Il ne prêta aucune attention à ceux le dévisageant, et encore moins aux cuves transparentes où flottaient des membres pseudo-humains. Il n'avait pas le temps de faire dans l'émotionnel. Il avait un but, un objectif, rien de plus. Il ouvrit une porte d'acier rouge et entra, sans frapper.

– Tiens donc, Rochard, quel bon vent t'amènes ?

Acène Windie ne sembla nullement surpris de la visite du maître ; il paraissait même l'attendre, élégamment assis derrière son bureau, toujours vêtu de son vieux costard noir bordée de rouge et surmonté d'une veste de scientifique.

– J'ai besoin de ton aide, déclara Rochard.
– J'en ai entendu parler, Sofian et Nelly ne veulent plus jouer avec toi, c'est cela ?
– C'est cela.
– Haha, sans eux et sans nos inventions, te voilà bien pitoyable Rochard. Et tu dis être maître d'Hoenn ?

Rochard ne sourcilla pas, restant digne.

– Épargne-moi tes sarcasmes. Tu es aussi concerné que moi, la fusion entre Avalon et notre monde nous concerne tous.
– Mais j'estime mes recherches plus que ma vie, sourit Acène. C'est pour cela que je refuse catégoriquement de vous aider si Nelly ne revient pas.
– La condition est irrévocable, n'est-ce pas ?
– Exactement.
– C'est d'accord.

Le sourire d'Acène s'agrandit. Voilà, ce n'était qu'une question de temps. Rochard ne pouvait décemment pas se passer de leur service. Il pouvait bien raconter à qui le voulait qu'il était dégoûté par leur expérience, au fond de lui, Rochard savait qu'elle était nécessaire à la survie du monde.

– Te voilà enfin revenu à la raison, s'amusa Acène. Cependant, tu nous as fait perdre des jours précieux en nous enlevant Nelly, ils nous faut une compensation.
– … n'abuse pas, Acène , le prévint gentiment le maître.
– Oh, rien de spécial. J'ai entendu dire que ce Sofian possédait une arme d'Avalon. Je la veux également, si nous parvenons à la reproduire en masse, nous serions tous gagnant.
– Je verrais ce que je peux faire.
– Très bien alors, je te laisse faire, monsieur le maître ! J'attends de bonnes nouvelles d'ici peu...
– Elles arriveront très bientôt.


***


Nelly vérifia l'endroit encore une fois. Rien à signaler, ou presque. Le duo avait fuit Lavandia vers l'ouest, vers Vergazon. Au plus précisément, au sud du petit village, ou subsistait une énorme forêt sauvage. Ici, ils seraient en sécurité... en théorie.

Ils n'étaient pas dupes, en quittant le manoir de Rochard, ce dernier devenait un de leur ennemi. Un de plus. Ils les avaient laissé partir beaucoup trop facilement, il y avait forcément Lamproie sous roche ! Et Nelly le sentait, quelqu'un les traquait. Quelqu'un de doué, vu qu'elle même n'arrivait pas à le localiser. Enfin, Nelly n'y pouvait rien pour l'instant, cependant, dès que cet intrus passera à l'action, elle serait sans pitié.

De son côté, Sofian ne pouvait s'empêcher de penser à Miya. Elle était torturée de l'intérieur. Quelle genre de vie avait dû avoir jusqu'à présent ? Peut-être que Nelly savait quelque chose...

– Miya ? réfléchit-elle.
– Oui, je m'en rends compte maintenant, je ne sais rien de vous, alors que je prétendais être votre ami, c'est pathétique...
– … On ne sait pas grand chose d'elle. Mais comme tous les enfants des Protecteurs, c'est une orpheline.
– Une orpheline ?
– Hm. Les enfants des Protecteurs sont choisis dans des orphelinats, dès leur plus jeune âge. Ils ne doivent avoir aucune attache au monde et ils sont élevés de façon à le détester.
– J-Je n'en savais rien...
– Tu n'as pas à t'en vouloir. Aucune d'entre nous ne voulais vous inquiéter.
– …

Sofian s'arrêta de marcher, et s'appuya contre un arbre. La nature ici sentait bon, c'était reposant. Beaucoup moins luxueux que Lavandia, mais diablement plus rafraîchissant.

– C'est incroyable quand même, soupira t-il. J'ai l'impression de me réveiller d'un long rêve, ou de commencer un cauchemar. J'hésite encore. Tout me semble si différent maintenant, même Miya. Ce n'est que maintenant que je m'en rends compte mais, elle ne parlait pas d'elle à la troisième personne, contrairement à d'habitude. Auparavant, j'aurais trouvé ça étrange mais maintenant...
– Miya porte aussi son fardeau, décréta Nelly. Tout comme moi, elle s'est fait enrôler lorsqu'elle était enfant sans savoir dans quoi elle s'embarquait.
– … tu crois qu'on peut faire quelque chose pour elle ?
– Non.

Réponse implacable.

– … vraiment ?
– C'est déjà trop tard. Tu l'as vu toi même.
– J-Je ne sais pas...
– Nous avions déjà suffisamment de problèmes pour nous occuper de ceux des autres.
– … pas faux. Mais...
– Pas de mais.
– Arf.
– Et c'est malpoli de parler d'une femme devant une autre.

Sofian resta un moment sans voix face à une telle déclaration, et laissa finalement s'échapper un petit rire. Toujours aussi direct cette Nelly, aucune honte.

– Pourquoi es-tu aussi concernée par moi ?
– P-Pourquoi, dis-tu...
– Tu aurais pu partir seul.
– Ne dis pas n'importe quoi, je ne t'aurais jamais laissé seule chez ses types ! Ce Rochard est un pur politicien, il fait patte blanche devant nous, mais qui sait à quoi il peut réellement penser ?
– Ça m'a fait plaisir que tu prennes ma défense.
– … c-c'est un peu embarrassant dit comme ça...
– Tu perds facilement pieds, asséna Nelly devant un Sofian virant au rouge pivoine.
– … j-je n'ai jamais été très courageux...

Soudainement, Nelly s'approcha très près de lui, plaquant sa main contre sa joue.

– Et si je fais ça ?
– T-Tu es très agressive dis-donc...
– Il le faut bien avec toi.
– J-Je ne sais pas comment je dois le prendre...
– Détends-toi.

Là tout d'un coup, Sofian eut comme qui dirait très, très chaud. Il avait l'impression qu'une cascade de sueurs lui déferlait sur le visage, et cela avait l'air de plutôt amuser Nelly, qui avait un léger sourire espiègle sur son visage.

Cependant, alors que Sofian sentait de plus en plus le doux souffle chaud de Nelly sur sa peau, cette dernière s'arrêta soudainement ouvrant grands les yeux. Elle s'effondra sur le coup.

– … !

Sofian la reteint instinctivement, tremblant d'incompréhension.

– Hé bien, c'était difficile de trouver un moment où elle baisserait sa garde. J'ai presque cru que cette mission allait durer des jours.
– Q-Qui va là ?!

Dans un léger bruit de feuillage, une forme humanoïde atterrit légèrement. Malgré sa combinaison de camouflage militaire, Sofian la reconnut immédiatement. Une telle chevelure ne s'inventait pas en même temps, surtout avec de tels rubans.

– R-Roxanne ?
– Je dois te remercier Sofian, sans toi, je n'aurais jamais pu administrer ce tranquillisant à ta petite amie.

En disant cela, la seconde de Rochard joua avec une espèce de petite sarbacane.

– Il y a la dedans de quoi endormir tout un régiment de Drattak, il faut bien ça pour elle.
– Q-Qu'est-ce vous voulez ?!
– Vous le savez déjà, soupira Roxanne. Traitez-nous de tous les noms, mais nous sommes trop désespérés pour faire dans le sentimental. Nous reprenons Nelly, et votre arme aussi.

Sofian sut instinctivement qu'il était inutile de résister. Il était trop faible, et le temps qu'il saisisse Razor Blood, Roxanne n'aurait pas moins de 100 occasions pour lui faire connaître le même sort que Nelly.
Cependant, ce n'était pas une raison de s'agenouiller devant l'adversité !

– … Et si je refuse ?
– Parce que vous pensez avoir le choix ?
– … je peux vous poser une question ?
– Dites touj...

Pendant que Roxanne soupirait sa réponse, Sofian plongea vivement la main dans sa veste et sortit Razor Blood. Il y était presque, un simple mouvement et Roxanne serait renvoyée d'où elle venait ! Sauf qu'il avait sous-estimé le temps de réaction de son adversaire, elle avait bel et bien été prise au dépourvu, mais son entraînement d'élite compensa largement. En moins d'une demi-seconde, une légère piqûre lui brûla le cou. Le paysage fondit devant lui, comme la transition d'un mauvais film.


***


– Veillez servir à ma modeste personne l'une de vos meilleures glaces je vous prie.
– Et moi aussi j'en veux !
– … gnn...

En bonne professionnelle, la vendeuse – et son indécrottable air placide – récupéra le double paiement avant d'aller d'aller préparer les cornets demandés.
Jean-Kévin Gabaïto se retourna vers son « compagnon », passablement irrité.

– Et pourquoi tu me suis partout toi ?!
– Bah parce que je suis ton ami ! s'enjoua un adolescent au masque de Pikachu noir.
– Je ne suis pas ton ami ! Je n'arrive même pas à prononcer ton nom !
– J-Je ne suis pas ton ami ?

Tout en prenant le cornet de glace que la vendeuse lui tendait, Zmrc lança à Jean-Kevin un de ses bons regards de Ponchiot battus dont il avait le secret. Jean-Kevin y résista quelques secondes avant de détourner les yeux.

– … bon ! Il est possible, je dis bien possible, que je puisse apprécier ta compagnie dans certaines circonstances, mais c'est tout, hein !
– Ouaiis, tu l'as dit, je suis ton ami !
– N-Non, je n'ai jamais dis ça ! Arrête de tout interpréter en ta faveur !
– Hihi !

Et Jean-Kevin et Zmrc se mirent à arpenter les rues de Lavandia, ensemble.

– Pff, soupira finalement Jean-Kevin, obligé de changer de ville pour ne pas avoir ce fichu « cercle » qui gâche mon ciel ! Je ne sais pas ce qu'il se passe mais ça ne me plaît pas du tout.
– Je comprends ce que tu veux dire, moi aussi je ne l'aime pas beaucoup ce « cercle », il me donne des frissons... et le pire, c'est que j'ai l'impression qu'il s'agrandit chaque jour !
– Sans parler de la disparition de l'autre grand dadais et de sa copine, gggrbll... oser disparaître après avoir forcé ma magnifique personne de participer à ce voyage de roturier ! Si jamais je le retrouve celui-là...
– Dis, en parlant de Sofian, tu n'as pas trouvé ça étrange quand on est parti voir la police ?

Jean-Kevin fronça les sourcils.

– Pour peu que oui ! Ils ne m'ont même pas écouté, alors que le timbre de ma voix est si doux !
– Euh ouais, s'tu veux. Mais c'est vrai qu'ils étaient genre « on s'en fout / tout est sous contrôle / rien à faire».
– Pfeuh ! Voilà ce qui arrive lorsque l'on confie la police à la ligue Pokémon ! Ce ne sont que des rustres sauvages, rien à voir avec moi.
– Pourtant ils ont fait leur preuve et les gens les aiment bien d'habitude...

Jean-Kevin s'arrêta brusquement, se retournant vers son compagnon de fortune.

– Assez ! Je ne suis pas venu ici pour me remémorer d'aussi désagréables souvenirs !
– … ! Hé ! Jikay regarde !
– … comment as-tu osé m'appeler ?
– Jikay ! Puisqu'on est ami, je me suis dis que ce serait sympa de te donner un surnom ! Et puis, tu avoueras que c'est déjà moins ringard que Jean-Kevin.
– T-Toi, grogna l'intéressé au nom ringard, espèce de...
– Mais ce n'est pas ça que je voulais dire, regarde là-bas ! On ne dirait pas Sofian ?!
– Sof... quoi ?!

Intrigué, le noble Gabaïto regarda la direction que lui pointait Zmrc ; il en resta bouche-bée.

– M-M-Mais c'est lui, cet Alburostre ! Alors pendant tout ce temps il prenait du bon temps ici avec sa copine ? Je vais lui dire deux mots moi...
– Attends ! somma Zmrc en lui retenant la manche. Y a un truc louche !
– … et quoi donc ?
– J'ai l'impression... qu'ils fuient. Et que quelqu'un les suit.
– Reviens sur terre, roturier-au-nom-imprononçable, nous ne sommes pas dans un film d'espion !
– Non, je le sens, regarde leurs mouvements, ils ne sont pas naturels...
– Et sur quoi te bases-tu pour dire cela ?
– Je ne sais pas vraiment... mon instinct ? Quoi qu'il en soit, suivons-les, mais discrètement !

Jean-Kevin plissa un sourcil perplexe, mais obéit tout de même. Après tout, il n'avait rien à perdre et surtout, ça lui donnait une occasion de sermonner bien copieusement Sofian !

Ce dernier, ainsi que Nelly qui l'accompagnait, sortit de la ville. Le duo de présumé fugitifs se dirigea ensuite vers le sud, endroit où il n'y était censé rien n'avoir, mis-à-part une forêt sauvage. Cette fois-ci, même Jean-Kevin – ou Jikay – devait se rendre compte que quelque chose clochait dans le potage.

– Attends-moi là, l'arrêta Zmrc.
– … pourquoi ?
– J'ai l'impression que c'est super risqué là-dedans. Mais si j'enlève mon masque, je passerai totalement inaperçu, fais-moi confiance !

L'étrange capacité de Zmrc. Un être si peu imposant que s'il n'usait pas d'artifice tel son masque pour se faire remarquer, personne ne le voyait, pas même ses parents. Jean-Kevin se demandait encore comment cela était possible, mais à force, il avait cessé de chercher à comprendre.

– D'accord, mais fais vite, je n'ai pas envie de pourrir ici.

Zmrc acquiesça gravement et enleva délicatement son masque. Soudain, Jean-Kevin, qui était pourtant en face de lui, le perdit complètement de vue.

– … mais c'est quoi ce type, exactement ?!


 ***


De son côté, Zmrc suivait Sofian et Nelly à la trace... ainsi que l'étrange ombre sautant d'arbre en arbre. D'ailleurs, cette ombre lui disait curieusement quelque chose, il était persuadé d'avoir déjà vu ses longs cheveux brun et ses deux imposants rubans roses quelque part, à la télévision... et très souvent en plus de cela... et zut, ça lui reviendra peut-être après.

Ce qui était certain, c'était que ni Sofian, ni Nelly ne semblait avoir conscience de la présence de cette ombre. Enfin, Nelly donnait quelque fois des coups d'œil suspect en hauteur, mais jamais dans la bonne direction. Il fallait dire que l'ombre en question était très discrète, se déplaçant sans bruit.

Alors comment est-ce que lui, pauvre Zmrc quelconque, parvenait à la distinguer comme neige au soleil ? Même lui ne saurait l'expliquer, c'était comme si il pouvait sentir « l'aura » de cette personne, une aura froide et guerrière, qui hérissait chacun de ses poils. A l'inverse, il émanait de Sofian et Nelly une aura très chaude, attendrissante, contrastant terriblement avec la froideur de l'ombre.

Puis, tout ce passa en un éclair. Avant même qu'il ne put comprendre pourquoi, ni comment, Nelly Strike se retrouva à terre ; l'ombre était passée à l'action. Peu après, Sofian connu le même sort. L'ombre aux rubans roses s'approcha du brun, lui arracha une sorte d'éventail rouge et blanc des mains, et sortit une téléphone portable.

Une minute plus tard très exactement, Zmrc se planqua comme jamais. Une sorte de commando armé apparut en trombe et emmena Sofian dans un hélicoptère, tandis que des individus en blouses de scientifiques emmenèrent Nelly avec eux.

Zmrc ne pouvait que rester spectateur devant tant d'absurdités. Beaucoup, beaucoup trop de questions se bousculaient dans sa tête. En tout cas, une chose était claire : c'était la merde.