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Et le soleil devint ténèbres. de Clafoutis



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» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 23/12/2015 à 18:02
» Dernière mise à jour le 23/12/2015 à 18:02

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Chapitre 18 : Comment éduquer des enfants ?


 En à peine une journée, Darius Helder s'était déjà forgé une sacrée réputation. Dès qu'il empruntait un couloir, les fières étudiants de Srao s'arrêtaient sur place et s'agglutinaient sur les cotés en adressant foule de respect à l'inspecteur. Ce dernier n'avait aucune idée de pourquoi, mais en tout cas, il faudrait qu'il pense à s'acheter de nouvelles munitions pour son flingue. Son stock s'écoulait vite ici.

Aujourd'hui le programme était simple : discuter un peu plus avec Alas Wynes. C'était la seule piste que Darius avait et il comptait bien l'exploiter jusqu'à la moelle, y dût-il en gâcher le reste de son chargeur !

Le suspect N°1 fut assez simple à débusquer, l'enquête préliminaire ayant révélée que l'individu était particulièrement friand de bacon au chocolat, si ça, ça n'était pas extrêmement louche ! Darius en a donc simplement déposé par terre, du couloir jusqu'à une pièce isolée. Comme lorsqu'on déposait des croquettes au sol pou attirer des animaux. Impossible qu'une personne sensée ne morde à l'hameçon, cependant, il était encore plus impossible qu'une personne sensée ne soit amie avec Sevan. Darius avait donc toutes ses chances.

– … grmpf ?
– …

Et le résultat ne se fit pas attendre. A peine eut t-il posé le dernier bacon au sol qu'un étrange bruit de type morfale se fit entendre derrière lui. Wynes était là, à quatre pattes, au sol, une quantité énorme de chocolat autour de la bouche.

– Je ne pensais pas que ce plan marcherait aussi bien, avoua Darius.
– C-Cr'est vrous quifr m'afrez donné cref bacon ?!
– Ne parlez pas la bouche pleine !

Alas avala – avec grâce évidement – tous ce qu'il avait dans sa bouche, et regarda la boîte de bacon que tenait l'inspecteur, des étoiles dans les yeux.

– C'est vous qui m'avez donné ces bacon ?!
– Oui, effectivement...
– V-Vous... vous êtes le Père Noël ?!
– … cette discussion m'épuise déjà. Enfin, je voulais discuter avec vous, alors je vous en prie, relevez-vous et cessez de vous comporter comme un Groret !

Le professeur de physique-chimie s'exécuta, subitement intéressé.

– Ah ? Et pourquoi le Père Noël veut me parler ?
– Je me nomme Darius Helder ! cria presque se dernier. Je suis professeur de mathématique dans ce même lycée !
– Donc, le vrai nom du Père Noël est Darius Helder... et il est prof' de math' !
– Gnn... je vois pourquoi vous avez une si bonne compatibilité avec Sevan. Et dire que j'ai séché mon cours pour vous. A choisir, j'aurais encore préféré supporter mes élèves...
– Vous avez séché votre cours ? s'étonna Alas.
– … plus ou moins, sourit mystérieusement Darius.


 ***


Quelque part, dans une salle de classe quelconque...

– …

Des élèves observaient avec la plus grande incrédulité leur professeur. Ou plutôt, ce qui leur servait de professeur. Sur la chaise où était censée se trouver ce dernier trônait un grand traversin, vêtu d'une veste grise, et sur le haut de l'oreiller était habilement dessiné un visage mécontent.

– Q-Qu'est-ce qu'il nous fait là ?

Le fameux élève N°2-4, alias Jonas Knel, s'avança vers le bureau de Daruis, dans l'espoir de comprendre la situation.

– Eh ! Regardez, il y a un petit mot collé sur le traversin ! Voyons voir ce que cela cache... ahem, je lis : « J'ai caché des caméras dans la salle, tous ceux qui ne travailleront pas ou qui quitteront la classe mourront. »

Tout d'abord, un long moment de flottement. Puis, l'information arriva aux cerveaux des adolescents. Enfin, les stylos s'animèrent.



 ***


– J'aime être direct, s'amusa Darius.
– Mmh ? fit innocemment Alas.
– Ce n'est rien, oubliez.

L'inspecteur toussota, recentrant la conversation.

– Dites-moi Alas Wynes, vous êtes relativement nouveau ici, non ?
– Euh oui, trois semaines pour être exacte, pourquoi ?
– Juste comme ça. Vous devez être sacrément doué dans votre discipline, cette école n'accepte que le meilleur.
– Hihihi, ricana Alas, oui je me débrouille !

Comme prévu, Wynes faisait l'idiot, mais c'était à prévoir vu le personnage. Au fond ce n'était pas si dérangeant, tant qu'il lui répondait.

– Mais pourquoi avoir choisi cette école ? s'enquit Darius. Sans vouloir vous vexer, vous ne me semblez pas tailler pour ce genre d'environnement d'élite.
– … hihi ! Bah euh... comme ça ! Même si c'est vrai que c'est clairement pas un endroit pour moi, ils sont tous si arrogants ! Et même cette école, tous ces moyens gaspillés à tout va, rien que les murs argentés dans le couloirs, les boutiques de luxe approvisionnées en continu...
– C'est un autre monde, avoua Darius.
– Et ces types là, Julio et Julia Gothimu, ils me sortent vraiment par les oreilles à se prendre pour les grands chef ! … bon techniquement ils SONT les maîtres à bords, mais quand même, un peu plus de considération pour le petit personnel serait la bienvenue !

Darius acquiesça d'un air qui se voulait compatissant.

– Mais si vous vous ne vous plaisez pas ici, pourquoi rester ? Cela fait presque un mois que enseignez ici, rien ne vous retient.
– Ouiii, je saiiis... mais enfin voilà... vous comprenez...
– Pas vraiment non.
– Disons que j'ai mes raisons... oh ! Mais c'est que l'heure tourne ! J'ai un cours bientôt, à plus taaard !

Et Alas Wynes prit la poudre d'escampette... avant de revenir subitement pour récupérer la boîte de bacon de Darius avant de repartir voguer vivement aux quatre vents.

– … il ne perd pas le nord lui, se blasa l'inspecteur.

Mais malgré tout, cette courte discussion avait quelques points intéressants, que même un novice aurait pu relever. Bien, il était temps de retrouver ses élèves, en espérant qu'ils aient tous obéis à son ordre. Par anticipation, Darius enleva la sécurité de son arme ; il n'aimait pas perdre son temps.



 ***


Pendant ce temps, à Osha, Jenna Naïven se dirigeait avec ferveur vers son premier cours d'EPS. Et diantre, même le plus aigri ne saurait dire qu'elle ne s'y était pas préparé ! Transat, boissons fraîche, parasol, chapeau de plage, tenue d'été, elle était armée jusqu'aux dents. Elle avait installé son arsenal sur les marges du terrains de sport ; elle était prête.

Cependant, quelle ne fut pas sa surprise en voyant arriver ses petites élèves avec le même équipement qu'elle, traînant les pieds comme de vraies professionnelles. Les voilà qui plantaient tranquillement leur parasol, comme si de rien n'était.
Intriguée, Jenna se leva de son trône de plage, bien décidé à tirer cette affaire au clair.

– Les filles, qu'est-ce que vous faîtes ? Nous avons un cours de prévu, n'est-ce pas ?
– Tout à fait, répondit effrontément une petite rousse.
– Et donc ? plissa Jenna des yeux. Que signifie tout ceci ?
– Ah ! Parce que vous pensiez réellement que nous allions nous abaisser à écouler notre précieuse sueur ?

Jenna pencha la tête, comprenant de plus en plus la situation.

– Donc, si je traduis, vous ne voulez pas faire de sport.
– Exactement.
– Ah, cool alors, puisque moi non plus.

Cette fois-ci, ce fut la rousse qui fut surprise.

– Pardon ? Vous n'allez pas nous obligé d'entrer sur le terrain ?
– Pourquoi je le ferais ? Vous ne voulez pas travailler, moi non plus, tout le monde est gagnant !
– Vous êtes spéciale vous, nos autres professeurs d'EPS nous hurlaient dessus pendant toute l'heure.
– Et cela fonctionnait ?
– Pas du tout.

Jenna regarda son interlocutrice. Elle n'avait que 10 ans, mais pourtant, elle avait déjà un sacrée potentiele. Si Jenna était encore une religieuse, elle la prendrait bien comme disciple tient...
La pseudo-professeur d'EPS repéra néanmoins parmi les gamines une autre qui n'avait pas l'arsenal de la petite vacancière. Une petite blondinette fort reconnaissable.

– Oh ! se souvint brusquement Jenna. C'est vrai, j'ai la classe d'Alice aujourd'hui !
– Pfeuh ! Je me demande bien ce que cette idiote fait ici, regardez là, elle est moche, inutile, stupide.

Et oui, effectivement, Jenna se souvenait vaguement qu'Alice était brimée par ses camarades. Rien que cette pensée l'emplissait de joie. Cette fichue Corrompue n'avait que ce qu'elle méritait, et d'ailleurs tant qu'elle y était...

– Parfaitement ! sourit grandement la professeur de sport. Et vous savez quoi ? A ce qu'il paraît, elle aurait triché pour entrer ici.
– Vraiment ?!
– Mais oui, comment voulez-vous qu'une roturière telle qu'elle puisse pénétrer ce lieu huppé ? Ne répétez pas que je vous ai dit cela, mais peu avant son admission, l'on a vu sa mère sortir du bureau du proviseur...
– Dans le bureau de Monsieur Redspear ?
– Exactement, et vous savez ce que ça veut dire...

Son interlocutrice la regarda de ses grands yeux innocents, non, visiblement, elle ne comprenait pas.

– Ah oui, vous n'avez que 10 ans.
– Hé, je suis une grande fille ! De quel droit oses-tu me rabaisser ?!
– Calme-toi, je vais t'expliquer, ce que cela veut dire lorsqu'une roturière sort du bureau d'une homme influent juste avant d'obtenir ce qu'elle veut...

Jenna se lança donc dans un long récit, se donnant la tâche de narrer avec le plus de précisions possibles les péripéties des femmes de petites vertus, en ne tarissant pas d'éloges sur leur vilenie, leur capacité à user honteusement de leur charme, et leur parenté évidente au diable. Et le tout évidemment de façon très pédagogique, adapté à un public de 10 ans.

– Et ainsi, le proviseur a tiré son coup avec la mère d'Alice ! conclut Jenna.
– Oooh ! s'exclama la gamine.
– Entre nous, ce genre de déviance est héréditaire, ce qui signifie que cette Alice va elle aussi à coup sûr devenir une catin et peut-être l'est-elle déjà !
– Une catin ?
– C'est le nom que l'on donne à ces femmes terribles, ces briseuses de ménages, ces voleuses d'hommes !
– … !
– Et oui, cette petite profiteuse d'Alice peut paraître inoffensive maintenant, mais plus tard, ce sera une toute autre histoire. Si je peux vous donner un conseil, se serait de la détruire tant qu'il est encore temps, enfin, je dis ça comme ça...

La petite rousse au visage d'ange hocha vivement la tête, complètement convaincue. Jenna sourit, satisfaite de son œuvre.

– Haha, se relacha t-elle. Vous me plaisez bien, comment vous appelez vous ?
– Je me nomme Armeline Hinnster, héritière de l'empire financier Hinnster, représentant à lui seul 30% de la fortune de Parádeisos !
– Et bien Armeline, n'hésitez pas si vous avez besoin d'aide pour tourmenter notre future voleuse d'homme, je serais ravie de vous aider !


 ***


– Et zut ! Je me suis encore perdu !
– Tu n'avais pas un plan gros malin ?
– Oui, Wynes m'en avait donné un hier !
– … hé bien qu'est-ce que tu attends, sors-le !
– Je l'ai perdu, hihihi !

Darkrai ne prit même pas la peine de répondre tant il avait l'habitude de ce genre de pitreries.

– Mmh, réfléchit Sevan, je devrais peut-être faire un second plan pour me rappeler où est-ce que j'ai mis le premier plan... mais dans ce cas, il faudrait que je fasse un troisième plan pour me souvenir d'où est-ce que j'ai mis le deuxième qui me rappelle où est-ce que j'ai mis le premier pour qui, je le rappelle, j'aurais fait respectivement le deuxième, le troisième et le quatrième plan...
– Je suis impressionné que tu arrives à suivre des stupidités encore plus labyrinthique que cette école... Mais ça ne serait pas plus simple de ne pas perdre le premier plan en premier lieu plutôt ?!
– Hahaha ! Voyons Mister Dark, ne parle pas de choses irréalisables !

Après avoir bien ri de la proposition insensée – ? – de son indissociable camarade de route, Sevan frappa dans les mains, semblant réaliser quelque chose.

– Oh ! Je sais !
– Quoi maintenant ?!
– Huhu, tu es naïf, Mister Dark !
– …. accouche, et vite, par pitié.
– Mmh ? Mais je ne suis pas enceinte... bref, ce que je voulais dire, c'est que c'est le moment !

Après une dizaine de seconde, Darkrai remarqua que son ami ne daignerait certainement pas continuer ses élucubrations s'il ne jouait pas le jeu. Fichu Sevan et son fichu sens théâtral...

– C'est le moment de quoiii ? répondit finalement exagérément Darkrai.
– Huhu ! Mais tu le sais très bien Mister Dark ! CE moment, celui où le héros se perd dans la forteresse ennemie, et surprend – par le plus grand des hasards – une discussion entre deux méchants, ce qui le permet de déjouer leur plan par la suite !
– … tu lis vraiment trop de romans, toi.
– C'est ce que tu dis pour l'instant, mais tu verras lorsque j'espionnerais la conversation de la méchante Grincheuse Éminence Sauvagement Tyrannique Agrégée Pour Occire et de son fidèle Ninja Kamikaze Vantard Dominateur !
– … n'invente pas des noms comme ça... et c'est beaucoup trop long, qui s'appellerait comme ça de toute façon ?!
– Trop long ? Je peux raccourcir alors, voyons voir, en prenant que les premières lettres peut-être... ah voilà ! La méchante GESTAPO et son fidèle NKVD !
– … Non. Juste non. Abandonne l'idée.
– Bouuh, t'es pas marrant !

Sevan croisa fermement les bras, boudeur. Il était bien certain de sa théorie et il comptait bien le prouver ! Il allait débusquer la GESTAPO et le NKVD et n'en faire qu'une bouchée !

– Et pour maximiser mes chances, je vais emprunter ce petit couloir suspect !

En disant cela, Sevan pointait une porte qui ne menait vraisemblablement pas à une salle de classe, porte qui portait l'attrayante mention « Accès Interdit ».

– Et tu sais ce que l'on dit Mister Dark, s'enjoua Sevan, m'interdire quelque chose c'est me supplier de le faire !
– C'est un raisonnement de gosse, ça !
– Peut-être, mais tu ne peux pas m'en empêcher, hihihi !

Et donc, ce fut tout joyeux que Sevan se faufila dans le passage mystérieux, prêt à vivre de formidables aventures avec son ami ténébreux... du moins, c'était ce qu'il cru au début.

– Hééé ?! La porte est fermée à clef !
– Tiens donc, soupira Darkrai, quelle étrangeté de fermer une porte interdite d'accès...
– Mais ce n'est pas grave, je peux l'ouvrir !

Toujours un grand sourire ingénu sur le visage Sevan concentra une crépitante boule d'énergie ténébreuses dans sa main et en profita pour faire sauter le serrure de la porte.

– Ouaiiis ! s'enthousiasma t-il innocemment. Explorons, explorons !
– Un instant ! l'arrêta brutalement le prince des ténèbres. D'où tu sais faire ça toi ?!
– Ah ça ? Bah quand depuis l'accident de Sol-Styx, j'ai appris deux trois trucs sur tes pouvoirs. Je les contrôle pas encore totalement mais j'peux faire deux ou trois trucs cool ! Mais bref, c'est pas le moment de parler de ça ! Explorons, Explorons !

Darkrai ricana nerveusement sous l'insouciance de son ami. Un type décidément plein de surprises, et sans doute inconscient de 90% des choses qu'il faisait.
Le passage menait à un long couloir, s'enfonçant de plus en plus dans les entrailles de Parádeisos.

– Ooh ! Un souterrain ! s'émerveilla Sevan. C'est génial, je me demande quel genre de monstre se terre ici ? Des géants ? Des titans ? Des zombis ? Voire peut-être même le prince des ténèbres ?!
– C'est moi ça..., siffla Darkrai.

Et non, nulle créature fantastique – minus le diable qui l'accompagnait – ne l'attendait au fond du tunnel. Plutôt, il y avait une sorte plate-forme circulaire d'un mètre carré surélevé. Contrairement au reste du couloir, la pièce était richement décorée, colorée d'un artistique mélange d'or et d'argent très pur. Mais ce fut indubitablement la plate-forme qui attira le regard de Sevan.

Il s'en dégageait comme une aura mystérieuse, peut-être parce qu'elle était tapissée d'une étrange matière violette, s'illuminant brièvement par moment, au rythme d'un battement de cœur.
Et alors que Sevan était encore en pleine observation, la lueur violette explosa tout d'un coup, recouvrant toute la pièce.

« Sevan cache-toi, vite ! » ordonna Darkrai.
« Je veux bien mis où ça?!, répliqua ce dernier. Il n'y a rien ici ! »


– Aaah, tous ces voyages commencent à m'épuiser..., expira bruyamment une voix.

« Gniih ! Il y a quelqu'un, il y a quelqu'un ! » paniqua Sevan.
« Je l'entend bien crétin, mais que veux tu que j'y fasse?! » s'affola de même Darkrai.


La lumière commença enfin à s'apaiser, laissant ainsi l'honneur aux deux individus présents de se délecter de la présence l'un de l'autre.

Au centre de la plate-forme trônait une femme, assez petite mais adulte, au visage fin et aux grands yeux azurés, vêtue d'un ample manteau ivoire. Deux choses chez elle marquait très singulièrement. Premièrement, sa longue, très longue chevelure grenat, nuancée d'ébène par endroit. Elle touchait même délicatement le sol, en plus d'être très drue, épaisse, mal coiffée, presque sauvage.
Deuxièmement, un fait tout simple. Elle n'avait qu'un seul bras gauche. Difficile de ne pas le remarquer, vu l'énorme bandage entourant son épaule, remontant jusqu'à son cou.

– Euh, salut ? fit finalement un Sevan à court d'option.
–... salut, plissa la nouvelle venue des yeux.

« Dit Sevan, s'avança mentalement Darkrai, je crois que j'ai compris... »
«  Oh ? »
« Mais oui, ce commandant, Stone je crois, il nous en avait parlé ! Il y a une plate-forme de téléportation entre les deux écoles, c'est sans doute ça ! »
« Mmmh, mais ça veut dire que c'est une enseignante ! se soulagea Sevan. Ouf, pendant un moment j'ai cru que j'avais rencontré la GESTAPO ! »
« Mais tu vas arrêter avec ça... »


Mais alors que Sevan s'apprêtait à se présenter à sa – probable – collègue en bonne et due forme, cette dernière prit soudainement une pose pas très sympathique, aiguisant son regard.

– Vous m'avez vu.
– Euh, oui ? s'interrogea innocemment Sevan. C'est à ça que servent mes yeux !
– Je vois, dans ce cas...

D'un impressionnant salto avant, l'inconnue sauta de la plate-forme, et se retrouva à quelques mètres derrière Sevan, lui coupant la sortie.

– Incroyable ! applaudit Sevan. Vous êtes professeur de gymnastique, hein ?!

« Sevan, je doute qu'elle soit une prof'... et j'ai déjà vu ce manteau quelque part ! »

– Je ne suis pas enseignante, se méfia la femme.
– Oh ? Une élève super-redoublante alors ? Ah ! Mais il ne faut pas se démoraliser pour ça hein, à un moment vous l'aurez votre diplôme !
– Je ne suis pas une élève non plus !
– Ah ? La femme de ménage ? Ou la cantinière peut-être...
– Et je ne travaille pas ici !
– Je le savais !

Soudainement effrayé, Sevan recula, suant à grosses gouttes.

– Vous êtes la méchante GESTAPO !
– … la quoi ?
– La méchante Grincheuse Éminence Sauvagement Tyrannique Agrégée Pour Occire !

« Sevan... » grogna désespérément Darkrai.

– … hé ! s'étonna la femme. C'est pas mal comme nom !
– N'est-ce pas, sourit Sevan. J'y ai mis toute mon âme !
– Oui, je sens bien le talent artistique dans le choix des adjectifs, tu as un bel avenir toi. Oh, si tu me permets de te tutoyer !
– Mais bien sûr, mon amie !

« Dites-moi que je rêve... », geignit Darkrai.

– Haha, mais non je suis désolée, je ne suis pas la méchante GESTAPO.
– Ooh..., fit un Sevan très déçu.
– Je me nomme Ynès Salwa, se présenta t-elle en penchant élégamment la tête, je suis ce que vous appelez une Corrompue.
– Ah ? Comme moi alors !
– Exactement Sevan ! J'ai entendu dire que tu as sacrément massacré mon petit frère, Jeoffrey.

Après plusieurs secondes, la connexion se fit enfin.

– Tu es la sœur de Jeoffrey Dean, le mec au Scorvol ?!
– Hahaha, pas vraiment, disons que l'on est comme une famille là-bas. Mais c'est sympa que ce soit toi qui me trouve en premier ; je vais faire d'une pierre deux coups, protéger mon identité et venger mon frère !
– Oh, donc la castagne est inévitable...
– Je le crains, désolé.
– Non, ça va, je m'en doutais un peu à vrai dire !
– Dans ce cas, c'est sans rancune !

Tout d'un coup, l'air s'électrifia. Ynès prit fortement appui sur le sol, crépitante d'énergies obscures. Sa posture courbée avait tout de la bête sauvage prête à fondre sur sa proie, même ses beaux yeux azurés prirent une teinte carnassière.
Elle resta ainsi, immobile, observant goulûment son adversaire, se léchant allègrement les babines.

– La chasse est ouverte !

Et Ynès Salwa bondit, tous crocs en avant.