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Legendary Bonds de Clafoutis



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» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 21/12/2015 à 19:45
» Dernière mise à jour le 21/12/2015 à 19:45

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Second mensonge : Un château dans les bois.


– Une mission ?
– Je sais que c'est soudain, s'excusa Rochard, mais nous avons besoin de votre nouvelle force, de votre Lien avec Cobaltium. Nous manquons cruellement de force de frappe, et sans être pessimiste, je dirais que les Protecteurs sont environ vingt fois plus puissants que nous ; comprenez que nous attendons beaucoup de vous et de votre Lien.
– …

Aujourd'hui, Pierre Rochard décida d'emmener Sofian et Nelly dans sa base d'opération, située au cœur de son manoir. Sofian s'était cru dans un film de science fiction au premier abord, tant les murs étaient recouvert d'hologrammes de toutes sortes et la pièce remplit de machines aussi étranges que biscornues.
Ils n'étaient pas seule, une foule d'individus on ne pouvait plus sérieux s'affairaient continuellement autour d'eux, les yeux rivées sur leur écran holographique et vociférant parfois des ordres à travers leur casque-micro.

– Au risque de vous décevoir, sourit faiblement Sofian, je suis faible, très faible même.
– Je confirme, appuya Nelly avec vigueur.
– … Nelly, j'apprécie ton soutien mais dès fois, ça fait mal !

Richard pouffa légèrement.

– Haha, peut-être. Mais grâce à votre Lien, vous serez normalement capable de prendre possession des pouvoirs de Cobaltium, et même de les sublimer. Vous ne vous battrez pas avec votre propre puissance, mais avec celle d'une légende, gardez bien cela à l'esprit. Même un enfant ferait des ravages colossaux avec un Lien.
– C'est bien beau tout ça, mais je ne sais pas l'utiliser, votre fameux Lien !
– Malheureusement, souffla le maître, nous en savons très peu nous aussi sur la matière, c'est la première fois qu'un possesseur de Lien se trouve dans notre camp.
– Et vous voulez tout de même nous envoyez en mission malgré tout ça ?!
– Et bien... oui. Vous savez ce que l'on dit, c'est en forgeant que l'on devient forgeron...

Sofian leva un sourcil perplexe. Effectivement, il sentait que depuis peu, un pouvoir étranger dormait en lui, une puissance énorme, effrayante. Mais de là à lui demander de la dompter, c'était une tout autre histoire.

– Mais rassurez-vous, voulu le calmer Rochard. Nous n'allons pas non plus vous envoyer à l'abattoir, c'est une simple mission de routine. Avec des risques mineurs.
– Des risques... ?
– Mineurs.
– Mais des risques quand même !
– Nous sommes en guerre mon ami, il est difficilement envisageable d'éviter tout risque.
– Gnn... j'imagine que nous n'avons pas le choix...

Rochard haussa les épaules.

– Vous avez toujours le choix. Cependant, prenez aussi en compte le fait que nous vous logions tous les deux, Nelly et toi, en plus de vous fournir une protection contre nos ennemis. Nous n'avons besoin de que combattants ici, nous ne pouvons nous permettre de nous encombrer de poids inutile. N'y voyez rien de personnel, c'est juste que nous sommes dans l'urgence la plus totale.
– Ç-Ça va ! paniqua Sofian. J'ai compris, inutile de s'énerver !
– Bien.

Le maître de la ligue se retourna vers l'un des écrans holographiques de la salle, qui s'agrandit suffisamment afin de surplomber tous les autres. Une sorte de forteresse y était affichée.

– Je vous présente notre cible, s'avança Roxanne. Nous avons reçu la confirmation que cette forteresse est un bastion de Protecteur, nous projetons de l'attaquer ce soir même.
– C'est ça la mission de routine ? plissa Sofian des yeux.
– Nous avons une routine assez particulière, sourit mystérieusement Rochard.
– Je comprends votre désarroi, reprit Roxanne, mais vous ne serez pas seul, bien évidemment. Vous accompagnerez l'escadron de Marc Mikuri, il a quelques affaires à régler avec les Protecteurs...
– Marc Mikuri ? s'étonna Sofian. Ce n'est pas le plus puissant champion d'Hoenn ? C'est l'un des vôtres lui aussi ?!

Rochard pouffa devant la naïveté du brun.

– Je suis le maître de la ligue, mon ami ! Évidemment que tous les champions sont avec nous.
– Mais je ne comprends pas, réfléchit Sofian. Vous avez avec vous les plus puissants dresseurs de la région, pourquoi nous demander de l'aide ? On ne fera que les ralentir !
– Les champions ne font pas le poids contre les possesseurs de Liens, expliqua Nelly.
– C'est comme le dis la demoiselle, soupira le maître. Les Protecteurs possèdent une force de frappe provenant directement des Pokémon légendaires, nos pauvres bestioles communes ont beau être fortes, elles se font vite dépasser.
– Mais nous ne sommes pas totalement dépourvu, répliqua Roxanne. Les plus puissants d'entre nous sont capables de tenir tête les Protecteurs, Marc Mikuri en fait parti. Vous n'avez donc rien à craindre pour cette mission... peut-être.

Pour Sofian, en tant que citoyen ordinaire, les champions symbolisaient la puissance pure. Et on lui disait maintenant qu'il devait affronter des ennemis capables de les rétamer d'un geste de bras ?

– Ne vous inquiétez pas, reprit Rochard, ils n'y aura normalement pas de puissants Protecteur sur les lieux, nous allons mener plusieurs attaques en parallèle sur plusieurs autres bases, pour être sûr de maintenir les meneurs occupés le temps du véritable assaut.
– D'après nos sources, il n'y a qu'un possesseur de Lien qui protège cette base, son identité est encore inconnu, mais il est certain qu'il ne s'agit pas des Leaders des Team Aqua et Magma, ce qui est en soit une très bonne nouvelle.
– P-Parce que nous affrontons aussi les team Aqua et Magma ? geignit Sofian.
– Haha, s'amusa Rochard, c'est vrai, il faut peut-être que je te briefe sur nos ennemis, excuse-moi !

Rochard toussota légèrement, et demanda de changer l'écran holographique. Deux imposants individus y apparurent, l'un portant une tenue de scientifique écarlate, tandis que l'autre ressemblait à un pirate des temps moderne.

– Arthur et Max, ces vielles canailles, sourit faiblement Rochard. Ils ont repris du service, chez les Protecteurs cette fois. Ce sont sans doute deux des entités les plus dangereuse du monde, et je n'exagère pas. Puisqu'ils ont respectivement les Liens de Kyogre et Groudon, des Liens qu'ils maîtrisent à la perfection.
– ...

Brusquement, un souvenir d'enfance envahit Sofian. Oui, il s'en souvenait, plus jeune, lorsqu'il avait été kidnappé par le Général, une crapule à la puissance gargantuesque. Un homme se faisant appeler Max était apparu de nulle part et avait vaincu le tout puissant Général en une fraction de seconde. A l'époque, il était trop jeune pour faire le lien, mais désormais, tout s'expliquait.

– J'ai honte de le dire, mais même moi je ne peux les vaincre, s'obscurcit Rochard. Pathétique, n'est-ce pas ? Je ne tiendrais pas une seconde contre eux. Enfin, passons. Les Team Magma et Aqua représentent le plus gros des forces des Protecteurs, mais ce n'est pas tout.

Max et Arthur disparurent de l'écran et laissèrent la place à un vieil homme aux cheveux tombant, élégamment habillé, se tenant gentiment sur une canne richement décoré. Il arborait un visage doux, mais quelque chose dans sa posture trahissait une grande force.

– Mesdames et messieurs, s'exclama exagérément Rochard, je vous présente Niels Rizardon, le seigneur des Protecteurs, ni plus ni moins !
– … le seigneur ? répéta un Sofian incrédule.
– Exactement, et le titre n'est absolument pas pompeux. Puisque ce charmant vieillard possède ni plus ni moins de neuf Liens.
– Neuf... ?
– Tu as peut-être du mal à te l'imaginer, puisque tout ceci est nouveau pour toi. Mais avoir un Lien c'est déjà énorme. Un Lien symbolise l'alliance entre un homme et une puissance divine. Et ce monsieur en possède neuf. C'est notre plus grand ennemi, non seulement de part sa force absolument galactique, mais aussi parce qu'il est capable de former des Pactes.

Encore un mot inconnu, le cerveau de Sofian commençait dangereusement à surchauffer.

– Un Pacte est un sous-Lien, expliqua Roxanne devant l'air ahuri de Sofian. A la différence près que le Pacte lie un humain et un Pokémon ordinaire, il n'est pas question de légendaire ici. Ceux là sont infiniment moins forts que les possesseurs de Liens, mais représente tout de même une menace, de part leur nombre.
– Niels est une sorte d'envoyé d'Arceus, reprit Rochard, du moins c'est comme cela qu'il se présente. Et vu son pouvoir si particulier, je n'ai aucun mal à le croire.
– Je vois..., tenta Sofian de voir. Donc, globalement, il y a énormément de monstre hyper cheat chez les adversaires. Et euh... j'ai peur de poser la question mais, est-ce que vous avez quelque chose de spéciale, du même niveau, vous ?

Rochard, Roxanne et Nelly se regardèrent, gênés. Finalement, ce fut cette dernière qui osa rompre le silence.

– Acène Windie et Gloria Fudin.
– Mais... ce ne sont pas les scientifiques qui t'ont charcutés ?!
– Hm, acquiesça t-elle tristement.
– Encore une fois, s'immisça Rochard, la demoiselle à raison. Ces deux là sont fous, mais ce sont aussi des génies. De part leurs inventions et drogues proprement miraculeuse, ils sont capables d'augmenter le potentiel humain de plus de 400%, nous rendant capable de combattre à mains nues un possesseur de Lien. Cependant...
– … maintenant que nous leur refusons leur poule au œuf d'or, compléta Roxanne, ils ne seront moins enclin à nous aider.

Un lourd silence s'installa à nouveau. C'était vrai, les deux scientifiques collaboraient avec Rochard et son équipe uniquement pour pouvoir « travailler » sur Nelly.

– Ahem, vous avons aussi nos compétences ! tenta vivement Rochard. Ne nous laissons pas abattre par de quelconques tour de passe-passe divins. Aussi puissants que peuvent être les Protecteurs, nos braves Pokémon les terrasserons !

Sofian pouvait sans problème déceler le manque de confiance du maître, mais décida de ne pas le faire remarquer, par sympathie.

– Il y a moi aussi.

Tout le monde, en chœur, se retourna vers Nelly.

– Je suis forte moi aussi. Sans avoir besoin de drogues. Et j'ai un Lien.
– … effectivement, admit Rochard. C'est pourquoi je vous demande ardemment de participer à la mission de ce soir.

Sofian serra discrètement les dents. Oui, il avait dit qu'il combattrait aux côtés de Rochard il y a quelques jours, mais c'était plus sur une impulsion, le feu de l'action. Il ne s'était jamais imaginé une seule seconde qu'on l'enverrait prendre d'assaut une forteresse !

– Bien, s'exclama Roxanne pour reprendre l'attention, vous en savez assez sur nos ennemis, revenons au sujet principal.
– En effet, parler de ces monstres me saque vraiment le moral, avoua Rochard. Bien qu'il nous faudra parler d'un dernier pour que vous compreniez l'intérêt de notre attaque. Notre but, je le rappelle, est d'empêcher la fusion d'Avalon et de notre monde. Mais comment nous, pauvres humains, pouvons réaliser un tel prodige ? C'est simple, en éliminant celui qui doit terminer la fusion, Génésis.
– Génésis est selon la légende le second d'Arceus, expliqua Roxanne. Il a été envoyé dans notre monde selon sa volonté, afin de conclure son œuvre. Si nous le supprimons, la fusion s'annulera.
– Sauf que nous ne savons que très peu de chose sur Génésis, soupira Rochard. Enfin presque, il est certain que les Protecteurs le protège, d'où leur nom d'ailleurs... bref, en attaquant cette forteresse, nous espérons trouver une piste sur la cachette de cette créature divine.
– C'est pour cela que l'assaut de ce soir est capital, appuya Roxanne. N'importe quels indices supplémentaires est salvateur.
– Je vois..., commença Sofian à réellement comprendre.

Roxanne rechangea l'écran holographique pour montrer le plan de la région, zoomant progressivement sur une zone verdoyante.

– Comme je le disais, l'assaut aura lieu ce soir. La cible est astucieusement cachée dans la forêt au sud de Cimetronelle. Elle est très difficile d'accès, et impossible d'atteindre via la voie des airs sans se faire repérer. Il va donc falloir y aller à pied, pour le meilleur et pour le pire. Heureusement, d'après l'équipe de repérage, la forêt n'est pas excessivement protégée, il y a bien quelques gardes, mais rien de bien méchant. Il sera facile de s'en débarrasser.

Retour de la forteresse à l'écran.

– Cependant, une fois les gardes neutralisés, il faudra agir vite. Une unité attaquera l'aile ouest et autre autre l'aile est, et ce, simultanément. Une double diversion en somme, pendant ce temps, une petite équipe déguisée profitera de la panique pour simplement infiltrer la base par la porte principale.
– La porte principale ? s'étonna Sofian.
– Huhuhu, s'amusa Rochard, n'est-ce pas l'usage d'entrer par l'entrée ? Surtout si l'on porte les couleurs de la maison. Ma chère partenaire vous l'a dit, n'est-ce pas ? L'équipe d'infiltration sera déguisée. Vous allez voler les uniformes des gardes de la forêt, avec deux assauts simultanés, ils ne poseront pas beaucoup de question à mon avis !
– … vous en êtes sûr ?
– C'est un plan, haussa le maître des épaules, tous les plans ont une part d'aléatoire !
– Et c'est censé me rassurer ?!
– Non !
– … je vois...


***

Le soir fatidique vint beaucoup plus rapidement que prévu. A peine avait-il le temps de dire ouf que Sofian s'était retrouvé en pleine forêt inconnue, et affublé d'une combinaison militaire de camouflage. Contrairement à ses collègues provisoire, il n'avait pas d'arme à feu, beaucoup trop dangereux pour quelqu'un comme lui. Un peu plus tôt, Rochard avait tenté de lui apprendre les rudiments du tir, mais dès son premier essai, Sofian manqua de s'évanouir sous l'effet du recul...

Mais cela ne signifiait pas qu'il était désarmé, il possédait toujours Razor Blood, son éventail d'Avalon. Il avait soigneusement gardé son existence secrète, et ne comptait l'utiliser qu'en cas d'urgence. Mais il ne ferait pas la même erreur qu'avec Cobaltium. Si l'urgence se présentait, il le dégainerait sans tarder.

– Alors le nouveau, qu'est-ce que ça fait d'être sur le banc de touche ?
– … hahaha...

Pour la première phase du plan, c'est-à-dire de nettoyer la forêt de ces quelques gardes, seuls les meilleurs éléments étaient appelés, le reste devait attendre que le chemin soit libre avant d'avancer. Si tout le bataillon entier pénétrait profondément dans le bois comme un seul homme, adieu la discrétion...

– Ça me va personnellement, j'ai déjà du mal à m'imaginer que je suis ici !
– Tu vas voir, on s'y fait... malheureusement.

Comme il n'y avait rien à faire pour ceux rester derrière, les âmes isolées et ennuyées se réunissaient. Ce fut ainsi que Sofian rencontra Théodore Swanna, ou Théo pour les intimes. Un jeune dresseur de l'arène de Marc Mikuri, à Atalanopilis. Malgré tout, Sofian pouvait y lire la lassitude sur son visage, ce n'était pas son premier combat et ce ne serait certainement pas le dernier.

– Mais je te le dis, cette mission sonne bien. Avec un peu de chance, il n'y aura aucune perte !
– Aucune perte ? répéta doucement Sofian. Parce que d'habitude... il y en a ?
– … c'est rare qu'il n'y en ai pas, s'assombrit Théo. La guerre n'est pas comme une petit défi Pokémon amicaux entre amis. Ici, la mort est le principal enjeux. Ne retiens jamais tes coups sur un champ de bataille, car ton adversaire lui, ne te fera pas ce plaisir.
– … je tacherais de m'en souvenir.
– Je te dis ça, parce que j'en ai connu des types qui ne prenaintt pas cette guerre au sérieux. Ils sont tous morts, tous, les uns après les autres.
– …
– C-Comme mon meilleur ami, que je connaissais presque depuis ma naissance. Ça devait être une mission de routine, une simple reconnaissance de terrain, mais... c'était un piège. Peu d'entre nous ont survécu. Je me souviens encore de son rire, il avait hâte de rentrer et d'acheter cette énorme bavarois édition limité... et puis... c'était si soudain, une belle en plein cœur...

Petit à petit, les choses commençaient à devenir vraiment, vraiment embarrassante pour Sofian. Il voyait bien que son nouveau camarade avait besoin de parler, sauf qu'il n'avait peut-être pas choisit le meilleur partenaire pour cela. Le sujet était bien trop sérieux pour lui, il ne voulait pas se risquer sur ces terrains là.

Ce fut alors que Sofian les aperçut, il douta un moment, mais c'était bien eux. Comment ne pas les reconnaître avec de tels accoutrements ? Surtout que ça jurait énormément avec le restes des soldats en combinaisons militaires, c'était à se demander comment il ne les avait pas vu plus tôt.
Sofian s'en servit comme excuse inespérée pour se dégager de son camarade moribond. Ce dernier comprit rapidement ; il était un habitué de la solitude.

– Ça alors, le destin nous jouerait-il encore des tours ?
– La vie est décidément très joueuse...

Sofian sourit doucement. Oui, ce fameux duo du néant, Karen et Kunja. Enfin des visages connues !

– Salut, les salua t-il. Content de voir que vous n'avez pas changé ! Mais, qu'est-ce que vous faites ici ?!
– La même chose que toi, déclara sereinement Kunja. Nous pourfendons le mal.
– Notre absence ne serait-elle pas étrange plutôt ? reprit Karen. Nous sommes les justiciers d'ombre et de lumière, l'avenir du monde se joue actuellement, notre présence n'est que pure logique.
– Hahaha...

Folie était d'essayer d'argumenter contre ses deux énergumènes.

– Vous êtes au courant de tout, pour Rochard et le reste, c'est ça ? conclut Sofian.
– Oui, avant même que nous vous avons rencontré. Était-ce le fruit du hasard, ou plutôt du destin ? Qui peut vraiment le dire...
– Et...

Le visage de Sofian s'assombrit, amer.

– … et pour Nelly aussi, vous étiez au courant ?
– Nelly ? s'interrogea honnêtement Karen. La demoiselle à l'Insécateur, si je ne me trompe pas ? Il s'est passé quelque chose ?
– Vous ne savez pas ? s'étonna Sofian à son tour.
– Absolument pas, répondit Kunja. Le réseau des Précurseurs est aussi vaste que le sable du désert, il est impossible que nous nous connaissions tous. Alors ainsi, cette dresseuse de talent est l'une des nôtres...
– En y repensant, notre ignorance est étrange. Cette femme à l'Insécateur possède un talent inné, elle devrait être très connue parmi nos rangs !

Cela coulait sous le sens. Nelly n'était jamais aller au front après tout, elle était coincée dans ce fichu laboratoire avec ces scientifiques fous.

– Hm, s'amusa Karen, je comprends pourquoi Rochard nous a expressivement demandé de venir nous joindre à cette petite fête.
– C'est donc toi le nouveau qu'il voulait que nous rencontrons, compléta Karen. Il devait savoir que nous nous connaissons déjà.
– Sympa de sa part, ricana Sofian, il s'inquiétait de me voir seul, c'est ça ?
– Cet homme a toujours un coup d'avance, sourit Kunja, même notre Œil Omniscient ne peut percevoir ses véritables intentions.
– Il n'est pas le maître incontesté pour rien, rajouta Karen.

Le regard de Karen s'égara derrière Sofian, dévisageant l'être pathétique adossé à un arbre.

– Néanmoins, force est de constater que notre bon maître a été clairvoyant. Un peu plus et tu finirais dépressif.
– Ah ?
– Tu t'entretenais avec Théodore Swanna, exact ? C'est un brave type, mais depuis la mort de son équipe, son âme a péri.
– Nous te conseillons de ne pas trop t'en approcher, reprit Kunja. La mort est bien plus contagieuse qu'on ne veut le faire croire.
– Son sable vitale est presque écoulé de toute façon, soupira Karen. Sans l'âme, le corps n'est qu'une coquille vide, pourrissant de seconde en seconde. Si tu veux notre avis, il ne rentrera pas de cette mission.

«  Mais je te le dis, cette mission sonne bien ! ». Cette phrase de Théo résonna à nouveau dans l'esprit de Sofian. Le ton qu'il avait utilisé en la prononçant feignait l'assurance, mais dégoulinait de résignations. Sofian comprenait maintenant, cette « mission sonne bien »... pour mourir. Théo avait déjà programmé sa disparition.

– C'est la réalité de la guerre, affirma Kunja. L'ennemi naturel de notre âme.
– Mais vous avez l'air de bien le supporter, remarqua Sofian.

Karen et Kunja se lancèrent un regard complice.

– Évidemment, répliquèrent t-ils en chœur. Nous sommes le duo du Néant ! La volonté divine ne saurait ébrécher notre esprit !
– Haha..., s'amusa doucement Sofian, ça à l'air d'être bien d'être fort... physiquement et mentalement.
– Nous ne sommes pas parfait, somma Karen. Je ne suis douée qu'en offense...
– … tandis que mon atout réside dans la défense, finit Kunja. Seul, nous sommes imparfaits...
– … et ensemble, nous rien ne nous défait !

Un sourire rêveur décora soudainement les lèvres du duo.

– O-On l'a fait ! se réjouit exagérément Kunja. Doubles rimes, en finissant chacun les répliques de l'autre !
– E-Et dans une discussion banale qui plus est, sans entraînement, rien que par l'instinct !
– Je crois qu'une nouvelle page de notre histoire vient de s'écrire ! Hihihi !

Sofian pouffa malgré lui. Ces deux là étaient de sacrés zigoto pour sûr ! Être capable de changer de comportement en moins d'une seconde, et ce dans une situation aussi sérieuse, n'était pas donné à tout le monde. Mais étrangement, Sofian ne trouvait pas cela ennuyeux, mais plutôt... étrangement rafraîchissant.

Après de longues minutes d'extase, Kunja reprit conscience de la présence du brun. Il toussota d'embarras.

– Ahem, oui voilà, hahaha. Excuses-nous, c'est l'émotion...
– A-Au fait, se pressa Karen de changer de sujet, l'équipe de reconnaissance en prend du temps !
– Oui, ça va faire plus d'une heure qu'ils sont partis, j'espère qu'il n'est rien arrivé.

Sofian se retourna vers le sud, où était censé se trouver la forteresse des Protecteurs. Plus tôt, Marc Mikuri lui-même et ses meilleurs disciples avaient infiltrés les lieux. Leur mission était simple : débusquer les gardes et leur confisquer leur uniforme. Sofian ne s'inquiétait pas trop pour eux, c'était censé être des professionnel après tout. Sauf que parmi les infiltrées, se trouvait aussi Nelly. Et ça, ça changeait tout.

– Inutile de s'encombrer l'esprit, avança Kunja. Concentrons nous plutôt sur la suite, le plus gros de la mission.
– Nous sommes chargés de faire diversion, reprit Karen. Nous sommes de la simple chair à canon, bonne qu'a permettre le succès de l'équipe principale.
– Haha, ricana maladroitement Sofian. Désolé...

Un peu de compassion était naturel. Faisant partit lui-même partit de l'équipe principale, c'était le moins qu'il puisse leur accorder.

– Ne le soit pas, le réconforta Karen, c'est un travail de coopération. Si tu veux nous remercier, fait de ton possible afin de hisser notre drapeau sur cette forteresse !

Ça, Sofian le voulait bien, mais honnêtement il comptait plus se reposer sur les autres. Ils seront quatre à s'infiltrer par la porte de devant en profitant de la panique. Sofian Aaken, Nelly Strike, Marc Mikuri et Juan Adan, son ancien professeur. Une équipe de choc, à une personne près, lui-même.

Selon le plan, la diversion devrait être suffisamment conséquente pour que 95% des forces soient occupées. Enfin, il restait toujours 5%. Principalement le maître des lieux et ses seconds, qui garderaient le cœur de la forteresse en dépit de l'agitation extérieur, tel un boss de donjon et ses serviteurs.

– Tiens, sourit Karen, en parlant du loup...

Marc Mikuri arriva enfin, traînant avec lui une dizaine d'hommes en caleçon, saucissonnés bien serré. Les gardes de la forteresse, assurément. Tout le peloton se mit en marche. Les deux groupes de diversions se réunirent rapidement, tandis que le groupe de Sofian enfilèrent l'uniforme des gardes déchus.

Tout se déroula dans le plus grand professionnalisme et la plus grande concentration, même le duo du Néant, d'ordinaire assez dissipé, affichait une froideur étonnante. Sofian ne se sentait vraiment pas dans son élément, son caractère frivole révulsait instinctivement ce sérieux excessif. Mais il ne pouvait pas faire le difficile, la situation exigeait se genre d'atmosphère. Il aurait bien voulu discuter un peu avec Nelly – maintenant qu'elle était revenue – mais idem, elle restait mortellement concentrée. Pour dire, elle ne répondait même plus ses « Hm » pour faire genre qu'elle l'écoutait. La guerre avait commencé.


 ***


Après une longue marche éreintante, la forteresse des Protecteurs fut enfin en vue. Une sorte de château-fort antique, sans le pont-levis et les douves néanmoins. A la place, une porte tout à fait normale, qui s'encastrerait dans n'importe quelle maison de campagne, et un petit poste de sécurité. Le contraste entre la petite entrée et les immenses murs triplement épais était assez saisissant à première vue, presque pittoresque.

La première équipe de diversion, celle de Karen et Kunja, passa à l'action. Dès la première attaque, un nombre impressionnant de gardes fourmilla, prêt à chasser les visiteurs indésirables.

Karen et son Ninjask dément causèrent énormément de dégâts à eux seules, même les murailles de la forteresse se fissurèrent sous les Bourdons répétés. Le reste de l'équipe s'occupaient principalement de protéger Karen. Les défenseurs l'avaient rapidement identifié comme menace principale et la ciblaient principalement. Foule de déluges de flammes, de tornades aqueuses et d'éruptions sylvestres fusaient en permanence sur la frêle adolescente de blanc.

C'était bien connu, dans le duo Pokémon/dresseur, c'était ce dernier le plus vulnérable. Il était logique de la viser en priorité et d'ignorer son Ninjask. La fin justifiait les moyens, surtout en temps de guerre.

Heureusement pour Karen, le reste de son équipe était principalement versé dans l'art du soutient et de la protection. Après tout, Karen suffisait elle-même pour l'offensive, sa puissance valait tout le bataillon à elle seule, dommage qu'elle pêchait tant que ça en défense.

Kunja non plus n'était pas en reste et laissa plus d'une fois ses adversaires ébahis avec son Munja invincible. Voir une coquille vide encaissée des désastres naturelles et les absorber sans broncher avait de quoi démoraliser.

Aux yeux de leurs ennemis, Karen et Kunja étaient comme un mur infranchissable. D'un côté, une diablesse de puissance effritant des murailles blindées, et de l'autre, un titan invincible stoppant impassiblement des montagnes dévastatrices.

– Hahaha ! hurla Karen derrière une myriade d'explosions en tout genre. Souffrez, pleurez, désespérez manants !
– Tentez de nous opposer n'est que démence, cria Kunja à son tour. Endurez, subissez, mourrez ! Je suis celui qui arpente les nuits aux procès de la Lumière, de mes serres voilées, je fauche l'espoir que je quête !
– Je suis celle qui arpente les jours à la lueur des Ténèbres, compléta vaillamment Karen, de mon poing vengeur, je purifie le désespoir funèbre !

Le couple se lancèrent un regard complice dont ils avaient le secret avant de joindre leurs mains :

– Nous sommes ceux qui défient les origines, l'alliance des Ténèbres et de la Lumière, le duo du Néant !

Et les Protecteurs n'étaient pas au bout de leur peine, déjà qu'il avait du mal à repousser l'assaut du duo, une puissante explosion se fit sentir à l'opposée de la forteresse. La seconde diversion était en marche. Moins violente que celle de Karen et Kunja, mais la peur de la première attaque leur faisait craindre le pire. Comme prévu, les Protecteurs envoyèrent tout le reste de leur force contrer le nouvel assaut.

– Aah ! Il n'y a rien de plus beau qu'un plan qui fonctionne ! savoura Juan Adan.
– Et c'est à nous de nous assurer qu'il fonctionne jusqu'au bout professeur, répliqua Mark Mikuri. Allons-y !
– Hm, appuya Nelly.
– … okay..., fit un Sofian qui les suivait en se faisant le plus petit possible.

Juan tiqua au ton faussement impliqué de son camarade provisoire.

– Dis-moi Marc, lui souffla t-il discrètement. Je me pose la question depuis longtemps désormais, qui est cet homme ?
– Je n'en sais pas plus que toi, avoua son ancien élève, Rochard nous a sommé de l'emmener et de le protéger...
– Un ordre du Maître, je vois... J'espère juste qu'il ne sera pas encombrant.

Sofian ricana doucement. Il avait parfaitement entendu ses camarades de route, et à dire vrai, lui aussi espérait ne pas trop être une gêne. Encore une fois, il se demandait se qu'il faisait là. Se tenir entre les imposants Marc Mikuri et Juan Adan avait de quoi intimider. Deux êtres particuliers au style particulier.

Surtout ce Juan dont la chevelure se remarquait surtout de part sa double mèche de cheveux blanc. Était-ce vraiment légale ce genre de coiffure ? Et qui portait encore un jabot à son costume de nos jours ? Encore un vieux coincé dans une époque révolue !
Enfin, Marc n'était pas en reste aussi, dont la tenu moulante et un peu trop révélatrice l'aurait fait passer pour un pervers quelconque s'il n'était pas un champion...

– Ne les écoutes pas, lui lança silencieusement Nelly.
– … ?
– Tu n'es pas inutile.
– … m-merci.

Sûrement qu'elle ne disait cela que pour le réconforter, mais ça lui faisait sincèrement chaud au cœur. C'était décidé, il allait faire de son mieux pour cette mission, même si son mieux ne valait certainement pas grand chose !

En raison de la double diversion, le poste de garde devant l'entrée était complètement désert. C'était stupide pour des envahisseurs de passer par la grande porte, assurément. L'adversaire devait aussi le penser, heureusement. Ou peut-être que les protecteurs n'avaient pas assez d'hommes pour protéger les deux fronts et l'entrée ?

L'attaque comptait surtout sur l'effet de surprise, et le moins que l'on puisse dire, c'était que c'était réussi. La forteresse n'était pas une base principale des Protecteurs, faiblement défendu. Et contre ça, les Précurseurs avaient envoyé de quoi faire un coup d'état, pas étonnant qu'ils soient un peu dépassés.

Une fois à l'intérieur de la forteresse, c'était tellement la folie que personne ne daigna leur demander ce qu'il faisait là. Ça courrait dans tous les sens, les blessés affluaient continuellement, la rage et le sang embaumait dangereusement.

– Dépêchons-nous et ne nous faisons pas remarquer, somma Marc.

Le reste du groupe acquiesça. Se faufiler aux étages supérieurs n'était pas bien difficile. De l'extérieur, ce bastion ressemblait à une véritable forteresse moyenâgeuse. Cependant, l'intérieur n'avait rien à envier au palace cinq étoiles ; les escaliers étaient accueillants.

Ils n'y avaient pas que des combattants ici, Sofian remarquait énormément d'individus ordinaires tremblant désespérément de peur. Ce n'était pas une base militaire, mais plutôt de civils. Le cœur de Sofian se noua à cette révélation.

Le quatuor pénétra sans peine l'ultime pallier de la « forteresse ». Pas une âme qui vive, un silence presque religieux régnait, contrastant terriblement avec l'enfer des étages inférieurs. Du moins, pour l'instant. Marc arrêta son équipe d'un geste de main, les mettant en garde.

– Nous ne sommes pas seuls.

Sofian déglutit. Alors ça y est ? C'était le moment d'affronter le boss du donjon ? Instinctivement, le brun repéra tous les coins où ils pouvaient se planquer en cas de coups durs.

– Tiens donc, qu'avons nous là ? s'avança une voix très élégante. Trois gentlemans et une détestable femme ?

Le sang de Sofian ne fit qu'un tour. Ce ton suffisant, cette démarche élégante, ce duo de couleur blanche et bleue, cette uniforme atypique...

– J-Julio ?!
– Monsieur Sofian..., répliqua t-il en détournant les yeux. J'aurais aimé vous revoir dans d'autres circonstances...
– T-Toi aussi... j-je ne comprends plus rien ! Nelly, Karen et Kunja, et maintenant toi... mais qu'est-ce qu'il se passe ici ?!
– Je suis désolé, ce n'était pas dans mon intention de vous tromper, mais comprenez-nous, mademoiselle Miya était si heureuse de pouvoir vivre un semblant de vie normale...
– M-Miya... évidement, elle aussi forcément...
– …
– J'étais au courant.

Éberlué, Sofian se retourna vers Nelly, toujours aussi impassible, quoique arborant une légère expression ombrageuse.

– Il m'était impossible de ne pas les connaître, s'expliqua t-elle.
– Tout juste, confirma Julio, comme nous ne pouvions ignorer le projet Yllen. Je vous remercie d'avoir agi comme si de rien n'était au lycée cependant, vous aviez beau être une femme, votre gentillesse vous honore.
– Hm.

Sofian ricana sombrement. Alors tout le monde était au courant de se qui se tramait dans les coulisses, sauf lui ? Il avait vraiment l'impression d'être le Cadoizo de la farce !

– Ne relâchez pas votre garde ! ordonna Marc. Ce n'est pas un adversaire ordinaire !
– Julio Gothimu, sourit Juan. C'est la première fois que nous nous rencontrons si je ne m'abuse.
– J-Julio, geignit Sofian, mais qui es-tu réellement ?
– Nous sommes les gardiens de mademoiselle Miya, sonna une deuxième voix.

Une deuxième entité fit son apparition. Étrangement, Sofian avait l'impression de l'avoir déjà vu quelque part... Elle portait un uniforme de maid, complétant parfaitement son homologue masculin, sauf que contrairement à lui, elle arborait principalement du rouge et du blanc.

– Aaah ! se souvint le brun. Vous êtes la serveuse, dans ce café ! Celui où Camélia travaillait !
– Bingo ! frappa t-elle des mains. Julia Gothimu, pour vous servir !
– V-Vous êtes... frère et sœur ?!

Julio et Julia, un majordome et une maid... Sofian se sentait idiot de ne pas avoir fait le rapprochement plus tôt.

– J'aimerais prolonger les retrouvailles, souffla sombrement Julio, mais je crois que votre présence à un autre but, n'est-ce pas ?
– Où se trouve Génésis ? vociféra Marc.
– La grande question, sourit Julia. Si je vous dis qu'elle n'est pas ici, vous partirez ?
– Je crois que non, répondit Juan en tout honnêteté. Et aussi, même si vous nous disiez la vérité très chère, une base ennemie est toujours bonne à prendre.
– Dans ce cas, inutile de continuer cet entretient.

Julio et Julia Gothimu bloquaient à eux seul le grand couloir de la forteresse-palace. Le majordome ne cessait de jeter des regards désolés à Sofian et Nelly, mais cela ne l'empêchait pas de se mettre en position de combat.

Deux contre quatre, la balance numérique penchait indubitablement du côté des Précurseurs. Et pourtant, Marc et Juan reculèrent instinctivement devant les deux domestiques. Le champion d'Atalanopolis libéra un imposant Kaimorse, tandis que son maître opta pour un puissant Colhomard. Nelly n'avait guère le choix de ce niveau là et Happy fit son apparition. Sofian, quand à lui, tenait discrètement Razor Blood.

– Un Pokémon Glace et un autre de Ténèbres, frissonna Julia, vous nous connaissez bien.
– Mais pensez vous réellement qu'une simple table de type soit suffisante ? se concentra Julio.

Tendu comme jamais, Marc adressa ses dernières directives.

– Écoutez-moi bien, faites bien attention à leur pouvoir psychique. Ils jouent énormément à perturber notre champs de vision, ne vous fier pas qu'à vos yeux.
– Tss, siffla Julia, voilà pourquoi je déteste les hommes, incapable de garder le suspense...
– D-Des pouvoirs psychiques ? geignit Sofian. J-Julio ?!
– …

Le majordome soupira longuement, résigné.

– Je crois que ça ne sert plus à rien de le cacher désormais.

Majordome et maid se mirent subitement à briller d'un léger éclat irisée ; leur uniforme dansèrent élégamment au rythme de leur aura de puissance.

– Nous sommes Julio et Julia Gothimu, les gardiens de l'enfant des Protecteurs, nommés par Génésis elle-même, aussi connu sous les noms de... Latios et Latias.

Énième coup de marteau pour Sofian. Latios et Latias ? Sérieusement ? Haha, ce n'était même plus drôle ! Remarque ça avait du sens, cela expliquait pourquoi cette Julia disait craindre les types Glace et Ténèbres...

– Maintenant que les présentations sont faites, conclut Julia, permettez nous de nous occupez de vous, chers invités !

Brusquement le couloir se remplit d'une brume blanchâtre, si épaisse qu'il était impossible de voir ses propres mains.

– Attention ! hurla Marc. Kaimorse, Blizzard !

L'air devint soudain glacial, gelant même les murs. Dans cette véritable purée de poids, Marc privilégiait les attaques de zone. Si tu ne peux pas trouver l'insecte qui se cache dans une botte de foin, brûle là. Le résonnement était à peu près le même.

Le Kairmorse arrêta subitement son assaut ; ce n'était pas volontaire. Une colone de lumière émergea violemment du sol, projetant terriblement le pauvre morse de glace jusqu'au plafond.
Bien sûr, personne mise à par Julia et Julio n'avait vu l'action.

– Q-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?! grogna Marc. Kaimorse ! Tch... ce fichu brouillard de lâche...
– Votre Pokémon est hors de combat, le prévient le majordome psychique. Je vous conseille de le rappeler.
– Hors de combat ?! Impossible ! C'est un Pokémon d'élite, ayant suivit l'entraînement du Maître ! Il ne peut pas être K-O aussi rapidement ! Kairmorse, Blizzard, recommence !

Cinq longues secondes passèrent, sans que rien ne change.

– K-Kaimorse... ?
– Je vous l'avais dit, il est à bout de force. Rappelez-le vite avant que son état ne s'aggrave.
– Gnn... merde !

Marc jura. Il avait bien l'air malin maintenant ! Pourtant il le savait, qu'aucun cadre des Protecteurs n'étaient à sous-estimer. Julio et Julia, non, Latios et Latias, deux entités aux pouvoirs psychiques insensées. Des Pokémon légendaires – bien que pour une raison quelconque ils préféraient garder forme humaine.

– Kairmorse, revient, Staross, à tout tour !
– Un Pokémon Psy, cette fois-ci, analysa Julia, vous jouez sur la résistance maintenant ?
– Vous n'allez pas tenir ce ton suffisant encore longtemps...
– Ne t'énerves pas, Marc, tenta de le calmer Juan. C'est ce qu'ils veulent.

Et ils n'étaient pas loin de réussir. Une visibilité nulle, une vulnérabilité complète. Difficile de garder ses nerfs intacts dans de telles conditions. Ce qui était pourtant le cas de Nelly. Elle avait enfin fini de comprendre l'origine de ce fichu brouillard, une Ball'Brume, la spécialité de Julia en tant que Latias. En intérieur, cette capacité avait l'agaçante particularité de réduire à néant la visibilité. Les deux frères et sœurs devaient sûrement utiliser leur pouvoir afin de s'y repérer, un camouflage parfait. La solution était pourtant évidente, il suffisait simplement de transformer l'intérieur en extérieur.

Nelly se concentra brièvement, faisant appel à son Lien de Cobaltium. Ses doigts se raffermirent en un poing inimaginable, devenant plus dur que l'acier. D'un appui, elle s'éleva vivement jusqu'au plafond, qu'elle brisa d'un seul coup. Aussitôt, l'air extérieur rentra en concurrence avec la brume, la dissipant peu à peu.

– Alors on ne nous avait pas menti, sourit faiblement Julio, vous avez vous aussi contracté un Lien.
– Hm, répondit Nelly comme si de rien n'était.

L'heure n'était pas à la discussion. Dès qu'une ouverture fut visible, Happy fondit sur Julia toutes faux en avant. L'assaut fut simple, vif, et efficace. La maid psychique esquiva un temps trop tard ; une sale entaille lui recouvra le dos.

– Tch ! siffla t-elle. Vous êtes plus fort que vous en avez l'air... peut-être devons nous fuir...
– Ne tentez de pas de nous faire croire que vous êtes en difficulté, fit Juan d'un ton calme. Tranche-Nuit, mon ami, empêche cette dame de se soigner !

Julia siffla de plus belle. Elle qui espérait les distraire le temps qu'elle utilise discrètement un Soin ! Le Colhomard de Juan était beaucoup plus rapide qu'il en avait l'air, et lorsqu'elle cru enfin s'en débarrasser, se fut Happy qui l'accueilli avec un grand sourire... et une sympathique Plaie-Croix.

– Ggnn ! Julio aide moi bon sang !
– … oui, oui...


Julio n'était vraiment pas à l'aise, il était contre Sofian et Nelly. Des amis de Miya. Et un peu les siens. Ils les avaient connu. Il l'avait bien vu tout à l'heure, Happy était préparé à l'attaquer lui, pas Julia, mais Nelly l'avait fait dévier sa course sur sa sœur au dernier moment. Lui aussi, il devait se l'avouer, n'avait pas envie de leur faire de mal.

Cependant, ils ne devaient pas franchir l'ultime porte de la forteresse, c'était bien trop dangereux. Ce n'était pas le moment de faire des sentiments !

– Pardonnez-moi, marmonna t-il avant de briller dangereusement.

Aussitôt, tous fut pris d'un violent mal au crâne, sans nul doute le résultat d'un terrible Psyko.

– J-Julio..., geignit Sofian.
– Si vous partez maintenant, nous vous ferons aucun mal. Soyez raisonnable, vous ne pouvez pas nous vaincre.
– Ah, … parvient à prononcer Marc, ce n'est qu-qu'un question de temps ! Bientôt, le reste de nos force arrivera et...
– Ne nous faites pas rire, grinça Julia. Nous sommes assez fort pour supporter toute votre escadron. De même que vos deux as, le duo du Néant je crois ? C'est de la rigolade pour nous !

Le Psyko devenait de plus en plus insupportable. Sofian avait l'impression que sa pauvre cervelle allait exploser, comme écraser par un poids inimaginable. En désespoir de cause, il se raccrocha à la première chose qu'il avait sous la main. Razor Blood.
Un geste brusque, une terrible onde de choc, le couloir fut considérablement élargi.

– Qu... ?!

L'étonnement fut totale, autant dans un camp que dans l'autre. Au milieu des ruines trônait Sofian, son éventail de guerre en main, qui n'avait aucune idée de ce qu'il venait de faire.

– C-Cet éventail ! hurla Julia. C'est un Hyper ?! Impossible, ça ne peut pas venir d'Avalon... ! Julio !
– … pas de doute, analysa t-il. Cette arme provient bien d'Avalon. Hé bien monsieur Sofian, nous ne sommes pas les seuls à avoir fait quelques cachotteries !
– … hihihi..., ricana maladroitement ce dernier. Oui, il semblerait, hihihi !
– Et le voilà qui ricane bêtement ! se blasa Julia.
– Chassez le naturel..., s'amusa Julio.

Au moins, l'action inopinée de Sofian brisa totalement le Psyko. Mais à quel prix ? Désormais, Marc et Juan le dévisageait gravement, ils semblaient même étrangement près à... l'appréhender.

– V-Vous ! le pointa vivement Marc. Quel lien avez-vous avec Avalon ?!
– Moi ?! s'étonna Sofian.
– Ne le niez pas ! Pourquoi possédez vous un Hyper ?! V-Vous êtes un traître n'est-ce pas ?!
– Hé non ! J'ai eu ce truc par hasard, je vous le jure !
– Tu te fiches de nous ?!

Marc était si furibond que Sofian recula automatiquement. Deux minutes, c'était lui le méchant de l'histoire maintenant ? Il pouvait se douter qu'Avalon n'était pas bien vu de la part des Précurseurs, mais de là le menacer...
Sofian lança un regard en direction de Juan. Cet homme avait l'air calme et réfléchi, il saurait tempérer son ancien élève ! Et oui, il saurait certainement le faire, mais visiblement, ce coup si, il était plutôt de son avis.

– Ne nous trompons pas d'ennemi, déclara autoritairement Nelly.
– Nous ?! l'attaqua Marc. Depuis quand on est devenu « nous » , l'expérience de laboratoire ?!
– … expérience de laboratoire ?
– Et qui me dit que vous n'êtes pas de mèche avec lui, vous non plus ?! V-Vous avez un Lien, vous êtes forcément du côté des Protecteurs vous aussi !
– Hé, bondit Sofian, je peux admettre qu'on m'insulte – j'en ai l'habitude de toute façon – mais ne traitez pas Nelly de traîtresse, après tout ce qu'elle a vécu !
– Silence ! pesta Marc. Je ne peux plus vous faire confiance, vous possédez une arme d'Avalon ! Une arme de nos ennemis mortels !
– Hé bien, hé bien, quel esprit d'équipe ! se moqua Julia. A ce rythme, nous n'aurions même pas à vous arrêter, vous allez vous-même vous auto-détruire !
– Finissons-en, soupira Julio.

Pendant que « l'équipe » des Précurseurs réglaient certains problèmes en interne, le majordome psychique canalisa une immense quantité de lumière dans la paume de sa main en une sphère irisée. Il éclata violemment cette dernière sur le sol, créant un véritable tsunami éblouissant. Mais cette attaque n'était pas qu'un jeu de lumière loin de là, son impact matériel était de même tout aussi conséquent ; le quatuor se retrouva au sol.

– Tu étais obligé de sortir une Lumi-Éclat ? se plaignit Julia en massant ses yeux.
– Inutile de faire durer cette mascarade plus longtemps, ils ne sont plus capable de coopérer.
– N'empêche, ce garçon possède un Hyper, réfléchit la maid, comment l'a t-il obtenu ?
– Sûrement un coup de Génésis, supposa Julio, qui sait ce à quoi elle pense...

Julia soupira longuement.

– N'est-ce pas. Enfin, je suis légèrement déçu. Un champion et son professeur, une fille possédant un Lien et un type avec une arme d'Avalon, je m'attendais à un combat un peu plus dantesque...
– … tu me croiras si tu veux, mais je suis ravi d'avoir rapidement expédié l'affaire.
– … je le sais, mademoiselle Miya ne supporterait pas de les faire de mal.
– N-Ne parlez pas comme si c'était déjà fini !

Doté d'une rage enivrante, Marc Mikura se releva, titubant certes, mais bien décider à en découdre. Son Staross tenait encore debout, attendant ses ordres, parfait.

– Laser Glace !
– Un tel acharnement est admirable, souffla Julia.

Le rayon glacé fusa droit devant, sa puissance était indéniable. Mais la maid psychique érigea sans même esquisser le moindre geste un Mur Lumière qui l'absorba comme du petit lait.

– Je n'ai pas encore dit mon dernier mot ! Staross, je compte sur toi !
– Laisses-moi aussi te prêtez main forte, se releva Juan à son tour. Colhomard, Tranche-Nuit !

Les deux dresseurs aquatiques se lancèrent dans une lutte aussi enragée qu'inutile. Julia et Julio jouaient clairement avec eux, esquivant et déviant principalement leur multiple assaut, certes élégants et puissants, mais infiniment trop faible.

– Hé Nelly, tu es vraiment évanouie ou tu fais semblant ?
– …. hm, sourit-elle finalement.
– Haha, je me disais aussi...

Toujours au sol, Sofian et Nelly – parfaitement conscient – restait étranger au déferlement aquatique et psychique s'animant autour d'eux.

– Je n'arrive pas à croire que ce Marc ait dit toutes ces horreurs, se rappela amèrement Sofian.
– J'ai été surprise aussi, je ne savais pas que tu avais une arme d'Avalon.

Sofian déglutit difficilement.

– Ha..haha ! Il y a une très bonne explication à cela... c'est que, enfin voilà...
– Je te crois, le coupa Nelly.
– Ah ?
– On ne choisit pas son destin, je suis bien placée pour le savoir.
– … oui, désolé.
– Inutile de t'excuser.

Petit moment de flottement, les éclats du combats se firent de plus en plus tonitruants.

– Et maintenant ? s'avança Sofian.
– Je pourrais les vaincre, grâce au Lien et à Happy.
– Alors tu arrives vraiment à contrôler ce Lien...
– Je m'y suis entraînée ces derniers jours.

Finalement, Sofian se dit qu'il aurait du faire de même au lieu de flâner sans discontinuer au manoir de Rochard.

– Ce n'est pas si difficile, je te l'apprendrais lorsqu'on rentrera.
– Si on rentre un jour...
– J'affronterais Julia et Julio tout à l'heure.
– Et pourquoi pas maintenant ?
– Je ne veux pas aider Marc et Juan.
– Haha, et tu attends qu'ils soient hors de combat et au bord de l'inconscience, c'est ça ? Sadique. Mais étrangement, je te comprends.
– Hm, sourit Nelly.

Sofian secoua gentiment la tête, apaisé.

– Julio est un Latios... ah ! Avec tous ses événements insensés, je ne suis même plus surpris. Et du coup, qui est Miya exactement ?
– On l'appelle l'enfant des Protecteurs, la fille adoptive de Niels Rizardon.
– Bah voyons... Eh, attends un instant, j'ai déjà entendu le nom de Niels quelque part...
– Le seigneur des Protecteur.
– Ah oui, Rochard m'en a parlé ce matin, l'un de vos ennemis mortels.
– Sofian.

Le ton de Nelly se fit soudain plus préoccupé, elle même hésitait à poursuivre.

– Rochard t'as caché le véritable objectif de cette mission. Et je doute aussi que Marc et Juan soient au courant.
– … pardon ?
– Cette forteresse est l'endroit où vie Miya. D'où la présence de Julio et Julia.
– … l'endroit où... vie Miya ?
– L'enfant des Protecteurs est une cible prioritaire. Si Marc ou Juan la croise, ils l'exécuteront.
– … !!
– Rochard voulait que tu participes à la mission pour voir ça.
– Q-Quoi ?!
– Il voulait que tu comprennes la dureté de la situation. Tes anciens amis sont tes ennemis mortels à présent.

Sofian peinait à la croire. La vie de Miya, son assistante N°4, était en danger ? Et plus que cela ils étaient venus pour la tuer ?!

– Rochard m'a tout avoué peu avant la mission. Je suis désolée de te l'avoir caché... je... ne savais pas comment te le dire.

Ce Rochard... sous ses airs sympathiques, ils pouvaient se montrer étonnamment cruel. Envoyeer Sofian en mission pour tuer Miya, sans le lui dire ! Et pour quoi ? Pour qu'il coupe définitivement les ponts avec son ancienne vie ? En assassinant ses anciens amis ?!

– Un beau salaud..., résuma Sofian.

Un bruit sourd se fit résonna subitement, suivit d'un second. Marc et Juan venaient de s'écrouler à bout de force. Nelly sourit.

– C'est mon tour.
– … n'y va pas trop fort.

La grande brune lui adressa un signe de tête malicieux avant de se relever. Elle se dépoussièra lentement, comme si elle n'avait rien à faire de gravité de la situation.

– Oh ? remarqua Julia. Vous arrêtez enfin de faire semblant ?
– On était grillé ? ricana presque Sofian.
– Évidement monsieur Sofian, s'amusa Julio. Nous sommes des êtres psychiques, les apparences ne nous trompent pas.
– Hm, fit une Nelly étrangement déçue.
– Cependant, reprit le majordome, je n'ai pas besoin de pouvoir pour savoir que vous désirer vous battre. Sérieusement cette fois.

Peut-être était-elle vexée que son effet de surprise n'est pas pris ? Quoi qu'il en soit, Nelly s'avança fermement vers ses deux adversaires Éons. Elle ferma les yeux, canalisant dans son corps l'énergie de Cobaltium.

Petit à petit, les pointes de ses cheveux s'agrandirent et se colorèrent d'argent, ses yeux reflétaient désormais une froideur azur insoupçonnée, et deux cornes effilées beiges poussèrent au niveau de ses épaules, pointant fièrement vers l'arrière.
Elle incarnait l'impassibilité à son paroxysme, sa posture et son flegme n'avait absolument aucune faille. Ses sens étaient aiguisées aux maximum, sauvages et impitoyable. Elle était devenue une arme implacable, infaillible.

L'atmosphère s'alourdit d'un coup, prémisse d'un affrontement terrible. Nelly toisa ses deux adversaires tout en dégageant une onde de choc rien qu'en serrant les poings. Happy, son fidèle Insécateur, bondit à ses côtés, une lueur rouge sang illuminant ses yeux de prédateurs.

– Hm, déclara simplement Nelly.