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The Rose Queen. Tome 1 : L'usurpatrice. de Clafoutis



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Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 05/12/2015 à 05:58
» Dernière mise à jour le 05/12/2015 à 05:58

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Chapitre 7 : Le pourfendeur.

Plusieurs jours s'étaient déroulés depuis la révolte des domestiques, savamment – ou presque – orchestré par Sae Ishtar, la dernière Rose Queen en date. Cette révolution avait mené à un retournement drastique de le chaîne du pouvoir, jetant impitoyablement les nobles dans le carcan de la servitude, et élevant les domestiques au rang de maître.

Le changement fut brutal, tellement que les nobles ne purent réagir. Qu'ils le voulaient au non, ils avaient tout perdu, et ils allaient devoir s'y faire. Sans Pokémon ni privilège, ils ne pouvaient que de se rendre compte de leur condition de simple humain.

Même si les nouveaux-nobles continuaient de torturer à l'occasion les anciens, une chose avait changé. Auparavant, à chaque fois qu'un noble faisait subit son courroux injustifié à un domestique, le cœur de Sae se nouait, de peur et de colère. Or, désormais, les cris de martyrs résonnant continuellement à travers le château n'avaient rien de désagréables, non, loin de là ; la marque de la justice les couronnait.

Les nouveaux-nobles avaient tout à fait le droit de torturer leur prédécesseur, après tout ce qu'ils avaient subis. Ce n'était que justice, le retour du karma. Ils attendaient tous ce moment depuis des lustres, accumulant la rage, baissant la tête devant moult injustices, juste pour enfin pouvoir faire déferler leurs châtiments sur leur bourreau.

Pendant que le peuple du château s'enjaillait dans le sang et la bonne humeur, Sae Ishtar quant à elle, passait des jours heureux sur son trône, bercée par les mélodieuses plaintes morbides des anciens-nobles. Tout allait bien pour l'instant, Isaac Forneus s'occupait des affaires de royaume seul pour l'instant. Il continuait d'éduquer Sae de son mieux afin qu'elle puisse enfin prendre elle-même le royaume en main, mais vu l'état le niveau de l'usurpatrice, ce n'était pas avant un bon moment.
Quant à Vanille Valérian, elle continuait de jouer docilement les servantes personnelles et n'avait pas son pareille pour égailler les folles soirées de la Rose Queen.

Bref, le futur s'annonçait radieux. Or, le destin n'est pas assez gentil pour accorder un futur radieux, c'était bien au dessus de sa magnanimité.
Déjà, Sae avait senti dès ce matin que cette journée allait être pourrie. Alors qu'elle venait juste de se réveiller, elle s'était méchamment cognée le petit orteil dans un coin du lit. Ça ne trompe pas.

Mais surtout, surtout, ce qui acheva de faire jurer l'usurpatrice, ce fut lorsque ce drôle de type, entra bruyamment dans la salle du trône sans crier gare. Il était étrangement habillé, rien de ce qui ne ressemblait de près ou de loin à ce qui se trouvait dans le coin. Principalement vêtu de gris, son costume était soyeux et élégant. Il portait également un étrange chapeau triangulaire d'un blanc lumineux, agrémenté d'une plume rouge. Sans oublié l'étrange épée violacée à la garde dorée qui traînait à sa ceinture, attirant indubitablement l'attention.

Sae Ishtar le regarda, incrédule, s'avancer de plus en plus près. A ces côté, Vanille se mit instinctivement en garde, se préparant au pire. L'homme au chapeau continuait sa route, sans ralentir, un peu plus et il arriverait à quelques centimètres de la Rose Queen.

– Qui êtes vous ? lança cette dernière avant la réalisation de cette événement.

Aucune réponse.

– Hé ! V'savez qui j'suis ? Arrêtez-vous !

Aucune réaction.

– Maîtresse, s'inquiéta Vanille, il y a quelque chose de louche chez cet … !!

Sans le moindre avertissement, l'homme dégaina sa lame et, d'un geste vif et fluide, la dirigea mortellement vers Sae. Vanille réagit au quart de tour, sautant sur sa maîtresse et l'envoyant avec elle plusieurs mètres plus bas. Le trône de Rose Queen fut proprement tranché en deux, quand bien même il était principalement composé de pierres épaisses réputés indestructibles.

– Qu... ! s'injuria Sae. Mais c'qui celui-là encore ?!
– Tsst, siffla l'inconnu alors que Vanille libéra son Carchacrok. J'espérais finir mon contrat en un coup.
– Ma maîtresse vous a demandé qui vous êtes, grinça sa servante personnelle. Et lorsqu'elle demande quelque chose, une réponse est exigée !

L'homme à l'épée secoua la tête l'air ennuyé, mais il soupira finalement, cédant à la requête.

– Je me nomme Lahcen Dominion, aussi connu sous le sobriquet de pourfendeur.
– Tu parles d'un nom chelou, plissa Sae des yeux.
– Je ne l'ai pas choisi, haussa-il des épaules. Mais rassurez-vous, vous n'aurez pas à le supporter bien longtemps. Je suis une sorte de tueur à gage voyez vous, et quelqu'un m'a gentiment demandé de vous tuer, moyennant finance.
– Un tueur à gage ?! s'exclama Vanille. Qui vous envoie ?!
– Je viens de le dire, sourit doucement Lahcen. « Quelqu'un ».

Jugeant le temps mort arrivé à son terme, le pourfendeur relança son assaut. Tel l'éclair il fondit droit sur Sae ; c'était sans compter l'intervention de l'énorme dragon de Vanille, qui bloqua la lame de ses puissantes griffes.

– Belle bête, sourit Lahcen, mais malheureusement...

Brusquement, l'épée du pourfendeur se recouvra d'une fine pellicule violacé et d'une simple impulsion, découpa les griffes du dragon comme du beurre.

– Il n'y a rien que je ne puisse découper !
– Impossible ! recula Vanille !
– Ohé, geignit Sae, on est pas la mouise là ?!

S'entourant d'une rageuse aura draconique, Carchacrok se propulsa sur l'impudent ayant osé lui manucurer les griffes. Malgré la vitesse de l'assaut, Lahcen esquiva la Dracocharge d'une facilité déconcertante et se retrouva en un éclair derrière le dragon. Il leva sa lame, près à pourfendre le Carchacrok.

Mais avant même que l'épée meurtrière ne touche sa cible, la joue de Lahcen se déforma violemment et le pourfendeur s'écrasa contre un pilier ; le choc fut si brutal que ce même pilier se brisa en deux.

Lahcen se releva difficilement, se massant douloureusement sa joue meurtrie. En voyant l'expression guerrière et la chaussure ensanglantée de Vanille Valérian, il ne prit pas longtemps à comprendre ce qui lui était arrivé.

– Joli coup de pied, je ne l'ai pas vu venir, avoua le pourfendeur.
– Ah ! sourit la policière. Tu étais si concentrée sur mon Pokémon que tu m'avais complètement oublié. Je me devais de te rappeler ma présence !
– Je dois avouer être surpris ! D'habitude, les dresseurs de Pokémon ne comptent que sur leur petites bestioles. Ce coup de pied... ce n'est pas celui d'un amateur !
– Je ne suis pas l'étoile montante de Parádeisos pour rien. Je ne suis peut-être pas très intelligente, mais je suis forte !

Pour corroborer ses propos, Vanille fusa vers Lahcen. Le pourfendeur réagit rapidement, sautant vivement en arrière. Il multiplia les coups d'épées, espérant trancher son adversaire. Sauf que son œil, avait du mal à suivre son adversaire. Il n'avait jamais vu une personne bouger avant autant d'agilité, en une seconde, elle pouvait se trouver dans une direction tout à fait opposée que précédemment.

De son côté, Sae regardait le combat dans un coin, gentiment planqué derrière un large débris de marbre. Bah, qu'est-ce qu'elle pouvait faire de toute façon ? Elle n'était qu'une humaine ! Elle avait des pouvoirs certes, mais elle ne savait pas s'en servir. C'était comme avoir une lame émoussée, de loin ça pouvait être très joli, mais niveau efficacité ce n'était pas tout à fait ça. Et puis, sa servante personnelle se débrouillait très bien toute seule ! Comme quoi, elle avait fait le bon choix en l'engageant.

– J'ai l'impression d'essayer de toucher un Ninjask à main nue..., pesta Lahcen.
– Et le Ninjask n'est pas seul, sourit doucement Vanille.

Tout d'un coup, un coup de patte énorme envoya valser le pourfendeur jusqu'au plafond. Le Carchacrok poussa un grognement satisfait, sa vengeance était accomplie.
Lahcen reprit rapidement ses esprits et bondit, laissant une distance très raisonnable entre lui et ses adversaires.

– Je ne m'attendais pas à autant de résistance, grommela t-il. Le client n'avait pas précisé la présence d'un garde du corps...
– T'comptes fuir la queue entre les jambes ? se leva soudainement Sae.

Après une courte analyse, la situation était tout à son avantage en fait. Elle pouvait très bien lancer autant de piques qu'elle le voudrait, Vanille était là pour la protéger !

– Pas tout à fait, chère proie, sourit Lahcen. Je disais juste que ce travail allait être un peu plus intéressant que prévu.

Son regard s'aiguisa en un instant, sa poigne se raffermit autour de la garde de son épée.

– Je me nomme Lahcen Dominion, un guerrier vagabond à la recherche des défis les plus ardus. Lorsque ce client m'a réclamer la tête de la terrible Rose Queen, mon sang n'a fait qu'un tour. La légendaire Rose Queen, l'invaincue ! Nul doute que j'ai été immensément déçu en vous voyant véritablement, une pauvre gamine faiblarde. Et lâche en plus de cela, laissant les autres se battre à sa place.
– Hé ! protesta Sae toujours cachée derrière son pilier. J'tiens à la vie moi !
– Cependant, force est de constater que vous savez vous entourer. Je suis sérieux désormais, voyons ce que votre garde du corps peut faire contre le pourfendeur !

Puis, ce fut comme si le vent fut subitement trancher en deux. Lahcen disparut, et sans raison apparente, le Carchacrok se fracassa violemment contre le mur. Vanille en resta interdite, elle n'avait rien vu venir, et pourtant elle avait elle avait une grande confiance en la capacité exceptionnelle de ses yeux. Voyant la situation retourner à son désavantage, Sae rampa sous les débris, espérant devenir complètement invisible.

Vanille ne devait sa survie qu'à son instinct surhumain, lui permettant d'esquiver d'un cheveu à chaque fois les assauts démentiels du pourfendeur. Et vu l'état du sol après avoir accueilli la lame de ce monstre, la policière de Parádeisos se disait qu'elle allait continuer à écouter son sixième sens un long moment encore.
Cependant, esquiver uniquement ne permettait jamais de gagner un combat. Vanille espérait très fort que ce Lahcen finisse par se fatiguer avant elle, mais très honnêtement, l'événement inverse avait beaucoup plus de chance de se réaliser.

Et même, plus le temps passait, et plus Lahcen semblait devenir de plus en plus rapide, tandis que Vanille voyait de plus en plus de sueurs perler de son front. Comment s'extirper de ce mauvais pas ? Elle avait beau y réfléchir, aucune solution miracle ne venait à son esprit. Son Carcharcrok commençait à reprendre conscience, bien. Mais lui aussi semblait désemparer face à un adversaire semblant se fondre dans l'air.

Rien ne pouvait arrêter Lahcen, de part se vitesse phénoménale, il était invisible à l'œil nu, et armé de sa fine lame, il tranchait, non, pulvérisait tout ce qui avait l'audace de croiser son chemin. Pilier de marbre, mur renforcé, même le sol épais, tout était réduit en poussière. Sae priait très fort pour que ce pourfendeur reste très loin d'elle.

Mais d'un autre côté, l'usurpatrice rageait un peu. Cela lui coûtait de l'admettre mais ce type avait raison : c'était une lâche. Mais que pouvait-elle faire ? Si seulement son fichu pouvoir pouvait faire un petit coucou, ça serait vachement cool. Encore que, est-ce que les petits éclairs qu'elle balançait aléatoirement pouvait vaincre ce monstrueux épéiste ?

– Là !

Vivement, Vanille se retourna en un éclair, sortant un étrange objet noir de sa poche. Puis, un bruit tonitruant tonna brusquement. Lahcen se stoppa instantanément, surpris. Un mince filet de sang s'échappait de son épaule droite.

– … petite maline, pouffa t-il. Tu m'avais caché ce petit joujou !

Vanille leva sa nouvelle arme au niveau de sa bouche et souffla légèrement dessus.

– Héhé, fit-elle satisfaite. Je suis une policière, c'est tout à fait naturel que j'ai un flingue !
– Une policière... ? Ah oui, tu disais être l'étoile montante de Parádeisos... tu n'es as d'ici toi non plus. J'ai été imprudent, ça fait vraiment un mal de chien ces choses là.
– J'avais visé le cœur...
– J'ai bien fait d'esquiver alors, sourit-il en coin.

Vanille fronça les sourcils. Ok, maintenant ce type pouvait esquiver les balles. Cela dépassait l'entendement.

– Tu n'es pas humain, n'est-ce pas ? s'avança la policière. Un Corrompu peut-être ?
– Corrompu ? s'étonna Lahcen. Ah oui, ce sont vos criminels régionaux à Parádeisos. Non, je ne suis pas un partisan de Darkrai, rassure-toi.

Le pourfendeur tourna le dos à son adversaire, levant énigmatiquement la tête.

– Mais tu as raison, je ne suis plus vraiment un humain. Disons que j'ai été comme qui dirais... amélioré. As-tu déjà entendu parlé de l'Éminence ?
– Oui, acquiesça Vanille. Certain le considère comme un ancien prophète, enfin, pour d'autres – comme moi – ce n'est qu'un simple scientifique.
– Ah, on te truciderait si tu disais cela dans ma région. Mais je partage ton point de vue, l'Éminence n'est pas un prophète, juste une homme de science, un brillant homme de science. Il aurait laissé certain de ses travaux enfouis aux quatre coin du monde. Les dirigeants de mon pays on retrouvé une drogue de l'Éminence capable de décupler les capacités physiques, ils se sont empressés de la tester, afin de créer des soldats invincibles. Et me voilà.
– … et tu dévoiles les secrets militaires de ta région comme ça ? plissa Vanille des yeux.

Lahcen ria franchement, complètement détendu.

– Je l'emmerde, ma région ! Je suis un vagabond désormais, ou un déserteur, c'est selon. Ces enfoirés pensaient me contrôler, je me suis bien chargé de leur prouver le contraire, hahaha...

Le petit ricanement du pourfendeur fort en sous-entendu glaça le sang de son interlocutrice.

– Enfin, c'est de l'histoire ancienne tout cela. Maintenant je suis libre, n'obéissant qu'à moi-même.
– Et à tes clients ! hurla courageusement Sae avant de se planquer une nouvelle fois.
– Tiens, la petite reine tente de participer ? s'amusa Lahcen. Mais c'est vrai, je suis lié à mes clients, il faut bien que je gagne mon pain.
– Donc, tu assassines pour de l'argent ? réfléchit Vanille.
– Oh, à l'occasion. Je fais un peu de tout à vrai dire, je te donnerais bien ma carte si tu cesses de protéger la Rose Queen.
– Un instant !

Brusquement, Sae bondit de sa cachette, résolue.

– … oui ? s'étonna Lahcen.
– Si j'ai tout pigé, tout ça, c'est juste une histoire de fric !
– C'est l'idée, oui. Je suis un peu à la dèche en ce moment, à peine de quoi me payer une chambre... Celui qui veut votre mort m'a promis un sacré pactole à la clé, l'affaire en or en somme.
– Huhuhu, pouffa Sae. J'suis une reine moi, j'ai un bon gros paquet de frics moi aussi ! Sûr'ment plus que l'autre gugusse !
– Ooh ! s'exclama musicalement Lahcen. Voilà qui est intéressant, j'avoue ne pas avoir pensé à cette affaire de ce point de vue. Je suis tout ouïe, ma reine. Combien être vous prête à débourser pour sauver votre vie ?

Sae pencha innocemment la tête. Elle n'avait strictement aucune idée de la valeur de l'argent. Qu'était-ce qu'une grosse somme ? Elle n'avait jamais vraiment eu à manipuler les pièces en tant que servante. Il fallait trouver une solution alternative...

– Pourquoi n'pas choisir toi-même ?
– Mmh ?
– Si j'te conduis à la salle du trésor et qu'tu choisis c'que tu veux ?
– Une sorte de récompense à la carte ? De plus en plus intéressant. Oui, pourquoi pas, et si rien ne me plaît, je pourrais toujours vous tuer sur le champ...
– Ne crois pas pouvoir y arriver aussi facilement ! grogna Vanille.

La pourfendeur secoua la tête, souriant.

– Parce que tu penses pouvoir m'arrêter ? Enfin, tu es une bonne guerrière la Parádeisoise, je reconnais au moins cela. Tu fais partie des rares à avoir réussi à me blesser, c'est en partie pour cela que j'accepte l'offre de ta reine. Vois cela comme une sorte de récompense de ma part.

Lahcen remit nonchalamment son épée dans son fourreau et haussa les épaules.

– Alors, qu'est-ce qu'on attend ?


***

La lourde et rustique porte d'acie grinça à son ouverture. Pour Sae aussi c'était une grande première, jamais elle n'avait imaginer un jour pouvoir pénétrer dans ce lieu sacré qu'était la salle au trésor de la terrible Rose Queen. Même depuis son « investiture », elle n'y avait pas mis les pieds. Elle avait d'autres chats à fouetter après tout, entre les entraînements d'Isaac et la révolte des domestiques.

– Pffiou, siffla Lahcen. C'est rustique ici, il n'y a pas de lumière ? Même pas une petite torche ?
– Euh...

Bien évidement, la salle au trésor était situé en sous-sol. Aucune chance d'avoir ne serait-ce qu'un petit rayon de soleil dans le coin.

– Pas de panique ! surgit Vanille. J'ai ce qu'il vous faut !

Toute fière, la Parádeisoise sortit un petit objet étrange de sa poche, plus cylindrique cette fois. Aussitôt, une puissante lumière crue illumina la pièce.

– D-D'la magie ?! bondit Sae.
– C'est une lampe torche, la renseigna Vanille. C'est un truc plutôt commun chez moi !
– Chez moi aussi, s'amusa Lahcen devant la réaction exagérée de Sae. Vous vivez vraiment des siècles en arrière ici, haha !

Le regard du pourfendeur se fit plus inquisiteur, scrutant les lieux.

– Alors, voyons ce que notre petite reine à dans ses coffres...

La première chose que le bon mercenaire trouva fut de la poussière, beaucoup de poussières. L'air en était saturé, tant qu'il était difficile de respirer sans éprouver l'irrésistible envie de tousser jusqu'à en expulser ses poumons. Visiblement, personne n'était venu ici depuis des décennies, des siècles peut-être. Lahcen haussa les sourcils, allait-il vraiment trouver une chose de valeur ici ?

Au pire, il avait toujours son ancien contrat sur la tête de la Rose Queen. Mais à vrai dire, il n'avait plus très envie de ce travail. Il commençait presque à trouver ses deux gamines sympathiques et surtout, cette Vanille avait l'air d'être une combattante de valeur. Et Lahcen n'aimait pas tuer les combattants de valeur, c'était du pur gâchis selon lui.
Sauf que malgré ses bons sentiments, le pourfendeur devait aussi vivre, et pour vivre, il faut de l'argent. Restait à trouver un truc sympathique dans le coin...

Et pour ça c'était mal parti. Il y avait principalement des feuilles de papier et des livres ici, visiblement anciens. Sûrement que certains avaient de la valeur, mais Lahcen n'était pas un expert dans ce domaine. Il se connaissait plus en diamants, rubis et autres pierres précieuses à vrai dire, les trucs sonnants et trébuchants !

En désespoir de cause, Lahcen se démena pour trouver de bons vieux coffres aux trésors. Il finit par en trouvé, bien caché au fond. Leur contenu fut très décevant. Les seuls joyaux s'y reposant étaient noirs et friables, plus communément appelés boules de poussières.
C'était simple il n'y avait absolument rien de valeur ici. Cette salle n'avait de trésors que le nom.

– Vous vous êtes bien fichu de moi, grommela t-il en direction de la Rose Queen.
– Y a vraiment que dalle ici ?

Lahcen haussa un sourcil surprit. Elle avait l'air sincérement étonnée elle-aussi. N'était-ce pas censé être sa salle au trésor ?

– Rien de rien.
– Pff, où est-ce que cette fichue Rose Queen cachait ses machins alors ?!
– … pardon ?
– C'est vrai quoi ! Elle avait forcément des trésors... j'devrais d'mander à Isaac, il devrait l'savoir lui...
– Une seconde, vous êtes bien la Rose Queen, n'est-ce pas ?

Sae sursauta brusquement se rendant compte qu'elle venait de penser à voix haute.

– Euh... oui ? fit-elle très doucement.

Lahcen s'approcha d'elle, méfiant. Sae recula, intimidée.

– Non, vous n'êtes pas la Rose Queen.
– M-Mais non, protesta timidement Sae. C-C'bien moi...
– Voilà qui explique tout, soupira le pourfendeur. Pourquoi est-ce que vous êtes si faible, pourquoi est-ce que vous ne savez pas ce qui se trouve dans cette salle au trésor, pourquoi est-ce que votre langage est si... particulier...

Lahcen fit quelques pas en arrière, réfléchissant.

– Voilà qui est embêtant. Je devais tuer la Rose Queen, pas une usurpatrice. Je ne suis peut-être qu'un vulgaire mercenaire mais j'ai un code de l'honneur...

Voyant qu'elle ne pouvait plus tromper son interlocuteur, Sae soupira.

– Tu n'trouveras plus la Rose Queen, j'l'ai buté.
– Pardon ?
– Ouais, j'sais pas trop comment j'ai fait, j'l'ai buté et j'ai pris sa place point ! Ç'va faire plusieurs semaines déjà.
– Plusieurs semaines, hein...

Cette faiblarde avait vraiment tué la légendaire Rose Queen ? Le Lamporoie était vraiment dur à avaler. Mais d'un autre côté, tout corroborait, encore une fois. Surtout en se qui concernait la rumeur sur le brusque changement de comportement de la reine, qui aurait de plus aider les domestiques à se révolter.

– Je suis bien embêter, je dois l'admettre. J'avais aussi accepté ce job pour me mesurer à la Rose Queen, et j'apprends qu'elle est déjà morte... mmh... j'aime pas ça, pas du tout...
– Mouais, intervint Sae. Euh, mais du coup, t'comptes encore m'tuer ou pas ? Parce que j'ai pas qu'ça à faire moi...
– … vous êtes vraiment quelque chose, mademoiselle l'usurpatrice ! ria franchement Lahcen.

Amusé, le pourfendeur s'assit sur une énorme pile de documents.

– Mais ça me plaît, continua t-il un sourire aux lèvres. Vous voyez, je suis entre deux feux. Je suis censé vous tuez, mais vous n'êtes pas la Rose Queen. Ma fierté en prendrait un sérieux coup si je vous élimine, alors que vous êtes si faible. Cependant, d'un autre côté, j'ai besoin de vivre...

Brusquement, Lahcen frappa dans ses mains.

– Vous avez bien dit que la Rose Queen avait un trésor, n'est-ce pas ? Qui visiblement ne se trouve pas ici.
– Euh ouais, j'crois. 'Fin j'suis pas sûre mais comme c'était la reine, elle devait forcément avoir deux ou trois trésors...
– Je vois. Dans ce cas c'est décidé. Je vais rester ici à la recherche de ce trésor, qui m'appartient de droit désormais. Et en attendant, je veux être loger au frais de la princesse, si je puis m'exprimer ainsi.
– … hein ?!
– M-Maîtresse ! paniqua Vanille. V-Vous n'allez pas acceptez quand même ! Il est dangereux !
– Si je voulais vraiment vous tuer, on ne serait pas là à papoter tranquillement, sourit affablement Lahcen. Et puis, n'est-ce pas là un excellent compromis ? Je vous laisse la vie sauve et j'ai un toit gratuit pour une durée indéterminée !

Constatant les regards perplexes de ses interlocutrices, le pourfendeur secoua négligemment la main.

– Et puis avez-vous vraiment le choix ? Ne suis-je pas en position de pouvoir ?
– Gnn, geignit Sae. 'L'a pas tord le gusse... mais s'il me tue pas, j'vois pas pourquoi être contre.
– Mmh, admit Vanille à contrecœur.

Satisfait, Lahcen se releva et s'inclina extravagamment devant Sae et Vanille.

– Permettez moi de me présenter à nouveau, gentes dames. Je me nomme Lahcen Dominion, aussi connu sous le nom de pourfendeur, enchanté. J'espère que notre coopération temporaire se déroulera sous les meilleurs auspices !