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Legendary Bonds de Clafoutis



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» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 23/11/2015 à 03:34
» Dernière mise à jour le 23/11/2015 à 03:34

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~ Nelly Strike : Le royaume du mensonge ~
[size=4]Premier mensonge : Un secret bien gardé.[/size]


Le cadre avait beau être idyllique, le lit moelleux, l'air délicatement parfumé, Sofian avait atrocement mal à la tête. Rochard lui avait gentiment prêté une chambre du manoir, histoire de passer la nuit. Mais le brun n'était pas dupe, le Maître n'avait pas que de la considération en tête ; il ne voulait pas le laisser partir. Enfin, ce n'était pas comme si Sofian désirait fuir à présent.

Les propos du Maître résonnaient encore et toujours dans sa tête, cette histoire de fin du monde, de guerre, de scientifiques fous, de nouvelle humanité... toutes ces folies. Si ces élucubrations n'étaient pas sorties de la bouche d'un imminent personnage, Sofian aurait déjà appelé l'asile.

Et surtout, surtout, Nelly Strike. Cette vision d'horreur restait pernicieusement gravée dans sa mémoire. La belle demoiselle, allongée sur une table d'opération horizontale, entourée par de menaçantes machines, le corps torturé. Son torse n'avait plus rien d'humain, ce n'était qu'un amas de chair déchirée et répugnant. Sofian avait la nausée à chaque fois qu'il y repensait, et justement, il y pensait sans cesse...

Mais quelque part, Sofian était heureux qu'elle ne soit pas morte. Apparemment, qui ou quoi que ce soit, la mystérieuse voix dans la caverne de Cobaltium ne s'était pas fichue de lui. Nelly était bien en vie... et Sofian allait bientôt mourir. Il le sentait. Ce fil rouge invisible, s'échappant de son corps. Sa vie. Sa vie allait continuellement vers Nelly. C'était là le prix à payer pour avoir voulu jouer avec la mort. Mais Sofian s'en moquait ; c'était lui qui aurait dû mourir, les lames de Cobaltium lui était destinées.

Justement, en parlant du mousquetaire légendaire, Sofian pouvait lui aussi le sentir, là, quelque part, sans son cœur. Un présence étrangère, se mêlant à son âme. C'était donc cela, le fameux « Lien » dont tout le monde ne cessait de lui parler ces derniers temps ? Ce n'était pas franchement agréable. Sofian avait l'impression que son corps ne lui appartenait plus, qu'une volonté supérieure se battait au sein même de son être.

Cependant, il y avait autre chose dans ce Lien. En se concentrant un peu, Sofian pouvait aussi sentir la présence de Nelly Strike. Elle aussi partageait ce Lien de Cobaltium avec lui, c'était l'une des conditions pour qu'elle restât en vie. Cette présence rassurait Sofian. Un présence chaleureuse, rassurante, forte, mais emprunte de tant de mauvais souvenirs...

Soudainement, quelqu'un toqua à la porte, deux fois. Sofian se releva de son lit, surprit. Il ne s'attendait pas à recevoir de la visite. Il ne s'attendait plus à rien. Cependant, poussé par la curiosité, le brun se décida à ouvrir la porte. Qu'avait-il d'autre à faire de toute façon ?

– … oh.
– Hm.

Sofian recula instinctivement d'un pas en reconnaissant Nelly. Bon, au moins, elle allait bien. C'était tout ce qui comptait, non ?

– Je peux rentrer ?
– … oui, bien sûr.

L'atmosphère devint soudainement très pesante. Il y avait tellement de choses à dire, et pourtant, Sofian ne pouvait que se mordre les lèvres.
La grande brune s'installa élégamment sur un somptueux sofa, Sofian préféra une simple chaise en bois.

– Désolée, déclara t-elle en détournant les yeux.

Un petit moment de flottement s'installa ; Sofian ne savait quoi répondre.

– Rochard m'a dit que tu es au courant, reprit Nelly. Ça a dû te faire un choc.

Un petit sourire nerveux décora les lèvres du brun. Effectivement, ça lui a bien « fait un choc ».

– Désolée de t'avoir menti.
– Ce...

« Ce n'est pas grave. » avait-il voulu répondre, et pourtant, Sofian se bloqua en milieu de phrase. Il n'arrivait plus à regarder Nelly en face. Pourtant, la demoiselle avait fait l'effort de se vêtir de l'uniforme du lycée, comme pour montrer que rien n'avait changé. Mais c'était faux, tout avait changé. A chaque fois qu'il la regardait, l'image de son torse infect brûlait dans sa mémoire.

– C'est moi qui suis désolé, lâcha néanmoins Sofian. Ce qui s'est passé avec Cobaltium, ton... s-sacrifice...
– Mon sacrifice ? plissa Nelly des yeux. Je me souviens avoir pris un coup à ta place. Mais je n'en suis pas morte. Même si je ne me souviens plus de la suite...
– Haha...

Alors comme ça, Nelly n'avait pas connaissance de la suite des événements ? Elle ne savait donc pas pour le « pacte » qu'il avait passé avec la mystérieuse voix. Elle ne savait pas qu'elle drainait inconsciemment sa vie.

– Oh, tu n'as rien manqué, menti Sofian. Ce fichu mousquetaire avait … utilisé ses forces dans sa dernière attaque. Il s'est évanouit peu après.
– … hm.

Nelly pencha la tête, suspicieuse. Quelque chose ne tournait pas rond dans cette histoire. Cependant, c'était du passé, et tous étaient vivants. Alors, pourquoi s'inquiéter ?

– Tu..., hésita Sofian avant de se reprendre. Tu n'as pas mal ?

Le brun désigna timidement le torse meurtrie de son amie, conscient de toucher un point sensible.

– …. non, fit la demoiselle en se mordant les lèvres. Je m'y suis habituée. Je subis ces expériences depuis des années.
– C'est horrible...
– … je suis forte Sofian. Je suis née comme cela. Ils se servent de ma force pour permettre à l'humanité de survivre. C'est ma mission, je ne peux pas y échapper.

Le ton de Nelly était sec et sans appel.

– C'était amusant de jouer les filles normales au lycée, mais c'est fini désormais. Je ne suis pas née pour être normale. Ma place est ici. Mon rôle est d'aider les scientifiques à sauver l'humanité. Rien d'autre.
– Qu'est-ce que tu racontes ?! s'emporta Sofian. T-Tu n'es pas qu'un vulgaire sujet d'expérience ! Tu es Nelly Strike ! Mon assistante N°2 ! … et mon amie !
– … je suis heureuse que tu me voies comme une amie, mais il faut voir la vérité en face. Je ne suis plus humaine.

Nonchalamment, Nelly déboutonna son chemiser, révélant l'amas de chair moribond remplaçant son torse. Sofian serra fortement des dents.

– Est-ce le corps d'une humaine ? demanda simplement la demoiselle. J'ai abandonné mon humanité il y a longtemps. C'est ce que je suis venue te dire Sofian. Je ne suis plus la Nelly Strike du club. Toi tu es encore humain. Tu es l'un des ceux pour lesquels nous nous battons. Tu n'as pas à te battre toi même.

Nelly reboutonna son haut et se leva, quoi que légèrement tremblante, du sofa ; elle s'apprêtait à sortir de la chambre.

– Tu ne peux pas être sérieuse, hein ? geignit Sofian. Tu... tu vas nous abandonner, comme ça ? Repartir dans ce fichu laboratoire dégueulasse, à jouer les cobayes pour des scientifiques fous ?! N-Ne me dis pas que cette vie te plaît ! T-Tu vois bien ce qu'ils ont fait à ton corps ! Ce sont eux, les inhumains ! Tu... tu n'es qu'une victime ! Ils se moquent de toi, Nelly !

La grande brune se stoppa, le visage baissée.

– Et alors ?

Brusquement, Nelly Strike se retourna vivement, de puissantes larmes aux yeux.

– Tu penses que ça me fait plaisir d'être charcutée ainsi depuis mes 12 ans ?! Je... je voulais juste être utile, que ma vie ait un sens ! Ils me l'ont dit... ils m'ont dit que ma force innée était un don divin ! Ils m'ont dit que mon devoir était de sauver l'humanité, ils m'ont dit que j'allais enfin être aimé ! Cela va faire 8 ans que je vie ici, dans ce laboratoire. 8 ans d'enfer. Et tu veux me dire que ces 8 ans n'ont été que mensonge ?! Je... je ne peux pas le croire. Et même si c'était vrai, je ne veux pas le croire. Car si je l'admets, cela revient à admettre que ma vie n'a plus aucun sens !

Sofian resta un moment époustouflé. Jamais il n'aurait cru Nelly capable d'un tel déferlement de sentiments. La Nelly toujours forte, impassible et sereine venait de révéler les fêlures de sa carapaces.

– C-Comment peux-tu dire que ta vie n'a aucun sens ? cria presque Sofian après s'être remis. Oui ! Je ne sais rien de ta vie et des terribles souffrances que tu as du endurer ici, c'est vrai ! Mais pendant le peu de temps où je t'ai connue, du moment où je t'ai rencontré jusqu'à ce dernier jour à Vermilava, j'ai appris à voir une Nelly ayant de la valeur, une personnalité ! Quand tu étais avec nous, tu n'étais pas un rat de laboratoire, n'est-ce pas ? Tu étais Nelly Strike, la vraie Nelly Strike ! Celle que tu aurais dû être si ces satanés scientifiques t'avaient laissée tranquille ! T-Tu ne peux pas dire que ta vie n'a aucun sens, ce serait rejeter tous les moments que tu as passé avec nous ! Ces moments où tu étais libre, où tu étais rien d'autre que notre amie... ce... ce n'était pas un mensonge, n'est-ce pas ? Tu t'amusais bien avec nous, n'est-ce pas ? J-Je ne peux pas croire le contraire !

– Bien sûr que je m'amusais ! répliqua férocement Nelly. Comment l'inverse pourrait-être possible ?! Pendant ce mois où j'ai été lycéenne, où j'ai été permise de sortir pendant plus d'une heure par jour, je ne me suis jamais sentie aussi bien ! C'était génial, véritablement ! Mais justement... c'est justement pour cela que je dois tout oublier ! C'est bien trop difficile ! J-Je ne suis plus autorisée à sortir désormais. Je vais devoir rester cloîtrée ici, dans ce laboratoire. Jusqu'à la fin. Si je me remets à penser ce mois de bonheur, je... je ne pourrai pas tenir le coup, tu comprends ? Que tu le veuilles ou non, tu dois te faire une raison. Je ne suis qu'un rat de laboratoire. Je l'ai été pendant bien trop longtemps pour changer désormais. C'est ainsi.

Avant même que Sofian ne puisse répliquer, Nelly lui tourna rapidement le dos et courut presque vers les couloirs du manoir. Résignée. Nelly était résignée à servir de cobaye aux scientifiques du laboratoire souterrain. Comment aurait-il pu en être autrement ? Pendant 8 ans, elle avait été endoctrinée et manipulée, remplie de rêves et de convictions illusoires. Elle ne pouvait tout simplement pas tout balayer d'un revers de mains.

« Mais quand bien même ! ragea mentalement Sofian. J-Je... je ne vais quand même pas la laisser retourner là bas ! »

Une nouvelle fois, l'image de la grande brune allongée sur cette horrible table d'opération revint le hanter. Et elle avait passé 8 ans de sa vie là dessus ? Aucun humain ne méritait cela, quelle qu'en soit la raison !

– Nelly, attends !

Puisant dans toutes ses forces, Sofian se précipita à son tour, et attrapa fermement la délicate main de la demoiselle, alors qu'elle s'apprêtait à descendre des escaliers.

– Non, n'y retourne pas ! s'exclama t-il désespérément. J-Je ne sais pas trouver les mots pour te convaincre, mais.... je voudrais juste te dire que tu comptes énormément pour moi et que... j-je refuse que tu retournes dans cet enfer ! Je le refuse catégoriquement, tu m'entends ! J-Je ne supporterai pas de te savoir souffrir, comprends moi, Nelly !
– Sofian...
– Je t'en prie ! Si... si ce mois que nous avons passé ensemble voulait vraiment dire quelque chose pour toi, alors ne pars pas !
– C-C'est injuste, geignit-elle faiblement. T-Tu n'as pas le droit d'utiliser les sentiments...
– Oh que si ! J-Je m'en fiche de ce que tu penses, de tes convictions, de ta « pseudo-mission » et de tout le reste ! J-Je suis juste un putain d'égoïste ! J-Je ne veux pas que tu souffres, je veux que tu restes près de moi !
– …. je... ne peux...
– Assistante ! tonna Sofian en retenant ses larmes. En tant que chef de club égoïste, je t'ordonne de rester ici !
– P-Pourquoi... ? lâcha faiblement Nelly. Pourquoi es-tu si désespéré ?
– Tu me demandes pourquoi ?! Je t'ai vu, sur cette table, dans ce laboratoire souterrain ! J'ai vu ce qu'ils ont fait de toi, et rien que de penser que tu as vécu cela pendant plus de 8 ans me donne envie de hurler ! S-Surtout que... t-tu es très importante pour moi, Nelly ! Vraiment !
– Beau parleur, ricana t-elle doucement. Tu dirais ça pour n'importe laquelle des tes assistantes.

Sofian secoua vivement la tête.

– Non, c'est différent. J-Je ne sais pas vraiment comment le dire, c'est assez nouveau pour moi mais... je-je sens que... tu comptes vraiment, vraiment pour moi. Beaucoup plus que n'importe qui d'autre.
– … en-encore, rougit brusquement Nelly. C'est lâche d'utiliser les sentiments...
– Tu peux m'appeler lâche ou ce que tu veux ! se borna Sofian. Je peux supporter n'importe quelle insulte, si cela peut me permettre de rester avec toi !
– … !! … v-vraiment... t-tu es un lâche...


***

– PIERRE ROCHARD !

Deux heures du matin, ce n'était techniquement pas une heure à laquelle l'on s'attendait à entendre une furie gueuler à tue-tête dans les couloirs d'un manoir, et pourtant, c'était bien ce qui était en train de se passer.

– Sors de là ! Espèce de Maître de pacotille !

En réalité, Pierre était déjà bien réveillé. Il suivait même la furie à la trace depuis déjà plusieurs minutes, un sourire amusé sur les lèvres. Il voulait voir combien de temps la scientifique de renom, Gloria Fudin, tiendrait avant de laisser éclater toute sa rage. Malheureusement, une donnée imprévue vint bouleverser tous ses plans.

– Cessez de hurler comme cela ! grogna une voix féminine qui désirait visiblement continuer sa nuit . Y en a qui tente de dormir ici !
– Vous ! vociféra Goria. Je n'ai que faire des sous-fifres ! Ramenez-moi Rochard !
– Mais oui, mais oui, s'irrita légèrement Roxanne Tsutsuji. Que se passe t-il encore ? Vous avez cassez votre tube à essai préférée ? Vous vous êtes cogné le pieds sur un coin de mur ? Vous avez perdu votre doudou peut-être ? Vous pouvez m'en parler ma grande, je suis toute ouïe. Inutile de déranger le grand manitou.
– Espèce de petite traînée, vous vous moquez de moi ?!
– Oui, effectivement. C'est votre cervelle sur-développée qui vous a permis cette déduction ?

Soudainement, des applaudissements résonnèrent à travers les couloirs ; Rochard décida enfin à sortir de l'ombre.

– Hahaha ! s'amusa t-il. Excusez ma chère seconde, elle est très désagréable lorsqu'on perturbe ses nuits.
– Tss, si tu étais là depuis le début, il fallait le faire savoir ! lui reprocha Roxanne. Pff..., je suis sûre que je vais même pas réussir à me rendormir avec tout ce foutoir...
– Je ne suis pas là pour écouter vos scènes de ménage, bondit furieusement Gloria. Pierre Rochard, il y a une rupture dans notre contrat !
– … plaît-il ? s'étonna ce dernier.
– Ne faites pas l'innocent ! Nous avons convenu de laisser Nelly Strike libre pendant un mois, le temps estimé avant l'apparition d'Avalon. Cependant, une fois ce délai dépassé, elle était censée revenir au laboratoire ! Or, ce n'est pas le cas ! Elle est venue nous voir tout à l'heure, et elle refuse de nous aider à nouveau !
– Ciel, quelle surprise ! s'exclama faussement Rochard. Ne plus vouloir finir sa vie sur une table d'opération après avoir pleinement goûté à la liberté pendant un mois ! Vraiment, je ne comprends pas !
– Ne jouez pas au plus malin avec moi, menaça Gloria. Grr... quand je pense que ce matin encore, elle était avec nous... nous n'aurions jamais dû la laisser voir ce Sofian, je suis certaine que tout est de sa faute....

Roxanne soupira bruyamment.

– Écoutez-moi bien la blouse-blanche, s'avança t-elle. Si je me souviens bien, il était convenu que si Nelly refusait de vous suivre, elle en aurait pleinement le droit, n'est-ce pas ? Les droits de l'Homme ça vous dit quelque chose ?
– C'est bien trop tard pour cela ! hurla la scientifique. 8 ans ! 8 ans que ce projet est en marche ! Nous ne pouvons pas l'arrêter maintenant, ce serait de la folie ! Nous avons besoin de Nelly pour compléter les Yllen, c'est un élément essentiel ! Nous sommes si proches du but !
– Alors ça y est ? se raffermit Rochard. Nelly n'est qu'un « élément » ? Permettez-moi de vous le redire en face : vous me dégoûtez. J'espère que vous ne comptiez pas sûr moi pour convaincre Nelly de revenir entre vos pattes, car vous risquerez d'avoir une bien mauvaise surprise.

Se comprenant cernée, Gloria serra les dents, fixant Rochard et Roxanne d'un air de défi.

– Cela ne se passera pas comme cela ! promit-elle. Si vous refusez de nous remettre Nelly, vous n'aurez plus aucune aide de notre part, c'est bien compris ?! Aucune ! Ah ! Et bonne chance pour vaincre les Protecteurs sans nos inventions !

Sur ce, la scientifique à la chevelure glycine fit demi-tour, furibonde, et retourna se terrer dans son laboratoire.

– Enfin un peu de tranquillité ! soupira Roxanne de soulagement. Mais tu es sûr que tout va bien se passer ? Ça me fait mal de l'admettre, mais elle a raison sur un point. Contre les Protecteurs et leur Lien, nous sommes complètement démunis. Nous avons besoin de leurs inventions pour combattre.
– Nous trouverons une solution, tenta de se convaincre le Maître. Nous ne sommes pas non plus sans ressources.
– … si tu le dis. Bon c'est pas tout ça mais j'ai sommeil moi... à plus tard...

Baillant bruyamment, la seconde du Maître traîna paresseusement des pieds jusqu'à sa chambre.

– N'empêche...
– Quoi ? se stoppa Roxanne.

Rochard eut un petit sourire en coin.

– Tu dors toujours avec ton pyjama Tarinor à ton âge ?
– … ! E-Et alors ?! rougit t-elle. J'peux encore porter ce que je veux non ?!


***

Le lendemain matin, Sofian, Nelly, Rochard et Roxanne se réunirent dans le grand salon du manoir. L'ambiance était dense, la tension palpable.

– Comment ça on ne peut pas partir ? fronça Sofian des sourcils.
– Hé bien, je suis désolé, s'excusa le Maître un peu gêné, mais vous devez comprendre. Vous ne pouvez plus retourner à la vie normale.
– Et pourquoi cela ?
– Premièrement, vous possédez un Lien, ce qui – sans mauvais jeu de mot – vous lie irrémédiablement à tout ce qui se passe actuellement.
– Mais je m'en fiche pas mal de ce qui se passe ! Je veux simplement retourner à chez moi, continuer d'aller au lycée... bref, m'éloigner de tout ça !

Rochard soupira profondément, gêné.

– Nous ne pouvons pas le permettre, je suis désolé. Tu te souviens de ce que je t'avais dis hier sur la mort du notre monde ?
– … vaguement.
– Permets-moi de tout d'expliquer.

Le Maître réajusta la cravate de son costume, mettant de l'ordre dans ces pensées.

– Lorsque le Créateur a créé ce monde, il lui a aussi inclus une durée de vie. Une sorte de date de péremption, pour être plus clair. Et une fois cette durée de vie arrivée à son terme, le monde « mourra ». Et une fois morte, la Terre ne sera qu'un cadavre se décomposant petit à petit. Elle deviendra toxique, impropre à la vie.
En revanche, le Créateur a aussi prévu une façon de « sauver » notre monde : la fusion. Tu vois ce « cercle » au dessus de Mérouville ? C'est peut-être difficile à croire, mais il s'agit d'une espèce de portail dimensionnel – encore incomplet actuellement – menant à un autre monde, se nommant Avalon. Le rôle d'Avalon est de fusionner avec notre monde mourant, pour en créer un nouveau qui lui, sera « parfait », infini.
Cependant, cette fusion n'est pas sans sacrifice. Lors de la fusion, tout être vivant de l'ancien monde disparaîtra purement et simplement.
Notre monde actuel n'est en réalité qu'un sorte de version « bêta » du véritable monde que le Créateur avait prévu de modeler. Comme un artiste dessine un croquis éphémère avant de créer son œuvre impérissable. Tu comprends ? Au yeux du Créateur, nous ne sommes que des pions, des « testeurs » vivant dans ce monde éphémère, des sujets d'études dispensables afin de lui permettre de créer son monde parfait. Alors oui, lorsque notre monde éphémère périra, le prochain sera irréprochable, éternel, parfait. Mais aussi tâché de notre sang.
Notre but, celui des Précurseurs, est d'empêcher la fusion entre notre monde et Avalon. Nous voulons êtres les premiers êtres humains à s'opposer à la volonté de Dieu, et d'imposer la notre. Nous ne voulons pas mourir pour un quelconque plan divin, nous avant notre propre volonté, un destin que nous seul choisissons.
Évidement, empêcher la fusion signifie aussi signer l'arrêt de mort de notre monde. Du moins en théorie. Le monde ne disparaîtra pas, il deviendra juste terriblement hostile. C'est pour cela que nous travaillons activement sur des alternatives, permettant à l'humanité de survivre en tout lieu et en tout temps, même entourée des pires toxines.

Sofian, qui écoutant précautionneusement ce monologue invraisemblable ne put s'empêcher de sourire en coin.

– Travail dont Nelly a dû payer le prix malgré elle...
– … effectivement, geignit Rochard. Rien ne pourra jamais me dédouaner de mes erreurs, je le sais. Le projet d'Acène et Gloria est fou. Il ne permettra pas de sauver l'humanité, mais de la remplacer par des marionnettes artificielles. Ils veulent combattre Dieu mais en se prenant pour Dieu. Sauf qu'ils ne sont que des mortels...

Rochard secoua la tête tentant changer de sujet.

– Mais nous en parlerons plus tard. Il faut se tourner vers l'avant, c'est là même la raison d'être des Précurseurs. Nous avons finalement trouvé une solution afin de permettre à l'humanité de survivre dans un monde mourant. Les essences élémentaires.
Tu n'es pas sans savoir que notre monde abrite également des Pokémon Légendaires, tu en as toi même combattu un. Nous avons trouver un moyen d'extraire le pouvoir élémentaire de ces Pokémon de Légende, pour en créer l'essence.

Voyant que son interlocuteur était complètement perdu, le Maître sortit une espèce de petite sphère argenté de sa poche.

– C'est un échantillon de l'essence d'Acier, expliqua t-il. Regarde.

Rochard manipula délicatement la sphère de ses doigts et soudainement, elle se transforma en un long bâton, puis, en plateau, en disque, en dague, avant de reprendre sa forme initiale.

– C'est de ceci que les Pokémon tirent leur force afin d'utiliser les attaques de type « Acier ». Fascinant n'est-ce pas ? Il s'agit de la forme matérielle de l'Acier. C'est avec ceci que nous comptons insuffler de nouveau la vie dans notre monde. Pour l'instant, nous n'avons que l'Acier, bientôt, la Roche et la Glace. Notre but est d'acquérir l'Eau, le Feu, le Vent, le Sol. Quatre éléments essentiels afin d'assurer notre survie. L'idéal serait de tous les obtenir, mais il faut être réaliste. Le temps presse.

Sofian se souvint vaguement avoir vu Rochard présenter cette invention à la télévision quelques semaines auparavant. Il devait avouer que c'était impressionnant, de voir une petite sphère mystique prendre mille et une formes différentes en une fraction de seconde.

– Cependant, s'assombrit Rochard. Obtenir ses essences élémentaires pose un problème. Celui du meurtre. Un Pokémon Légendaire ne peut vivre sans l'élément qui le correspond, c'est ainsi. Pour créer l'essence d'Acier, nous avons dû tuer Registeel, un être dont l'existence pourfendait les âges. De même, nous sommes actuellement en train de drainer l'énergie vitale de Régice et Régirock. C'est horrible, mais notre survie est en jeu.

Rochard se redressa, déterminé.

– Car les Pokémon Légendaires sont nos ennemis. Ils sont des envoyés du Créateur afin d'assurer le bon déroulement de la fusion. C'est eux ou nous. Et c'est là que j'en viens à vous. Par nature, ceux qui contractent des Liens sont les ennemis des Précurseurs. Vous deux, vous avez contracté le Lien de Cobaltium, c'est pour cela que nous devons vous garder sous surveillance.

Sofian fronça les sourcils, se sentant menacé. Rochard le remarqua et s'adoucit.

– Mais ne vous inquiétez pas, votre cas est particulier. En général, lorsque l'on contracte un Lien, la volonté du Pokémon Légendaire est si forte qu'elle peut aller jusqu'à contrôler son « hôte ». Or, ce n'est pas votre cas, pour plusieurs raisons. De un, Cobaltium n'est qu'un demi-dieu, dont la présence n'est pas si imposante que cela, et de deux, par un concours de circonstance que j'ignore, vous avez tout les deux le même lien. Comprenez que c'est une première, jamais deux personnes n'ont partagé le même Lien. Cela rend l'influence de Cobaltium encore plus faible, car il doit se partager vos deux esprits.
– … je ne suis pas sûr de comprendre, avoua Sofian.
– Ce n'est pas quelque chose que tu peux comprendre, mais que tu dois sentir. Concentre toi, ne ressens-tu pas quelque chose de changer en toi ? Comme une présence en plus ?

Incrédule, Sofian tenta l'expérience. Il ferma les yeux et se focalisa sur lui-même. Au bout de quelques secondes, il le ressentit. Là quelque part, dans son corps, un présence fière et étrangère : Cobaltium.

– … je vois, conclut Sofian.
– C'est ce que l'on appelle un « Lien ». Cobaltium vous a donné ses pouvoirs, vous êtes libres de les utiliser à votre guise. Normalement, vous devriez les utiliser pour assurer la fusion, comme le Créateur le voudrait. Cependant, vu que votre Lien est partagé en deux, Cobaltium ne peut influer efficacement sur vos esprits. Restez néanmoins vigilants, au moindre affaiblissement, il n'hésitera pas à prendre le dessus sur vous.

Rochard regarda Sofian droit dans les yeux, le regard perçant.

– Tu comprends maintenant ? Avec ce Lien, tu ne peux pas te permettre de reprendre ta vie normale, c'est bien top dangereux. Surtout avec la menace des Protecteurs.
– … les quoi ? plissa Sofian des yeux.
– Les Protecteurs, reprit Roxanne qui en avait marre de laisser son patron dominer la discussion. Nos ennemis. Ils sont principalement constitués de personnes ayant contractés un Lien, ils œuvrent pour assurer le plan du Créateur, et donc, la fusion. Sans nul doute, ils sont déjà au courant pour votre Lien, ils pourraient venir vous chercher à tout moment. Ce manoir est votre seul refuge désormais.

Sofian se frotta le crâne, endolori par toutes les informations surréalistes qu'il venait d'absorber.

– Laissez-moi résumé, souffla-il. Premièrement, le monde va mourir s'il ne fusionne pas avec Avalon. Or, s'il fusionne, nous mourrons tous. Cependant, si fusion il y a, le monde créé sera « parfait » et éternel. Vous, les Précurseurs, voulez à la fois empêcher la fusion et empêcher notre monde actuel de périr. Alors que les Protecteurs, vos ennemis, veulent que la fusion aie lieu, provoquant ainsi la création du monde « parfait », mais notre mort également.
– Voilà, acquiesça Roxanne. C'est à peu près ça.
– Nous avons tous nos raisons, décréta Rochard. Je peux comprendre les Protecteurs de vouloir la fusion ; car même si nous mourrons, le monde créé sera parfait et éternel. Les êtres qui y vivront seront en paix pour toujours. Cependant, même si je le comprends, je ne peux pas l'accepter. Je ne veux pas mourir pour les plans d'un Dieu, je ne veux pas d'un destin écrit à l'avance. Je veux être maître de ma destinée, je veux me battre pour survivre. C'est égoïste, je le sais, mais je préfère être un égoïste qu'un simple pion dévoué à un Dieu lui-même égoïste.
– L'humanité de ce monde imparfait à ses défauts, compléta Roxanne, mais ce n'est pas une raison pour tous nous balayer d'un mouvement de main. Nous pouvons survivre, même sans l'aide de ce Créateur capricieux. Peut-être qu'à ses yeux nous ne sommes que des insectes insignifiants, mais ces insectes ont une volonté, et comptent bien le lui faire savoir.

De la détermination pure enflammait les yeux de Rochard et de Roxanne. Ils n'étaient que des humains, il en avaient conscience. Ils affrontaient le Créateur, celui à l'origine de de toute chose. Mais cela ne les effrayait pas, au contraire. Ils voulaient prouver au marionnettiste vivant au dessus de l'humanité que sa création ne voulait plus subir ses caprices, qu'elle désirait voler de ses propres ailes.

– Je comprends, acquiesça Sofian. J-Je dois avouer que moi aussi j'en ai un peu marre de subir mon destin actuellement.

Son « invocation » à Avalon, le plan d'Eve Vylnamore, la rencontre et le combat contre Cobaltium, la « mort » de Nelly et sa résurrection... Sofian n'avait rien voulu de tout cela, ce n'était que l'œuvre du Créateur qui se plaisait à jouer avec son destin. Maintenant, il avait l'occasion de prendre sa revanche.

– Bien que cette histoire semble dingue, je ne peux pas la nier. J'ai bien Cobaltium en moi, et le « cercle » de Mérouville existe bel et bien.

« Et j'ai la preuve irréfutable de l'existence d'Avalon » pensa en plus t-il.

– Je ne sais pas si je pourrais me rendre utile, mais si je peux dire deux mots à Dieu en vous rejoignant alors... ce sera avec joie !


***

L'après midi, Rochard et Roxanne laissèrent Sofian et Nelly déambuler tranquillement dans les couloirs du manoirs. Le Maître et sa seconde avaient énormément de choses à leur dire, mais ils préféraient laisser cela pour plus tard. Sofian leur en était reconnaissant, il devait lui-même digérer le torrent d'informations qu'il venait d'ingurgiter.

C'était déjà une tache énorme. Hier encore, il passait un week-end avec ses amis, et le voilà maintenant se battant contre le fin du monde. Il y avait eu, comme qui dirait, un léger bouleversement.

Et par-dessus tout, la vérité sur Nelly était encore plus dur à avaler. Elle avait vécu comme cobaye de laboratoire pendant 8 ans. 8 ans de sa vie volés par des scientifiques avides de pouvoir. A chaque fois qu'il y repensait, une rage énorme lui montait au ventre. Comment était-ce possible de faire subir ce genre d'horreurs à un être humain ?!

– Tu vas bien ? s'inquiéta Nelly en voyant le teint pâle du brun.
– … hein ? s'étonna Sofian en sortant de ses pensées. Euh... oui, oui, je vais bien...
– … Hm, plissa t-elle suspicieusement des yeux.
– Hahaha..., ricana faiblement Sofian. Ahem, sinon il y a quoi à faire ici ? Vu qu'on a pas le droit de sortir...
– Le billard, lâcha la grande brune avec un petit sourire.
– Le... billard ?
– Hm.

***

Quelques minutes plus tard, Sofian entra dans une grande salle, très classe et sobre. Cela lui faisait beaucoup penser à un bar de luxe. Nelly se dirigea instinctivement au fond, où trônaient plusieurs tables de billards.

– Il n'y a personne d'autre ?

En effet, ce répliqua de bar était entièrement vide. Sofian et Nelly étaient les seuls impudents à oser s'y aventurer. Ce n'était pas que pour cette pièce, le manoir en lui-même semblait démuni de vie ; Sofian n'y avait strictement croisé personne mis à part Rochard et Roxanne.

– Non, répondit nonchalamment Nelly en prenant une queue de billard. Tu sais jouer ?
– Ehm, pas vraiment, avoua Sofian. Le billard c'est le truc où faut taper des boules, non ?
– Des billes, le reprit fermement l'experte.
– … bah, billes, boules, c'est pareil !
– Des billes, insista t-elle durement.
– … ok ! geignit Sofian devant le regard glacial de la demoiselle.

Satisfaite que l'odieux amalgame soit réglé, Nelly plaça deux billes – une rouge et une blanche – sur la table.

– Essaie, déclara t-elle.

Peu convaincu, Sofian saisit la queue de billard et s'approcha lentement du billard.

– Euh, il faut juste taper une bou... bille avec ce truc ?
– La bille blanche, précisa Nelly. Tente de viser la rouge avec.

Toujours aussi hésitant, Sofian acquiesça et se positionna devant la table. Il n'avait strictement aucune idée de comment faire. Nelly jugea qu'il était bon d'intervenir au moment au Sofian décida de tenir la queue de billard comme un club de golf en multipliant les swings dans le vide.

– Pose ta main droite ici, et la gauche là. Plie légèrement les genoux. Mets toi à hauteur de la table.
– Okay...

L'apprenti retenait se respiration, tendu comme jamais. Peut-être que le fait que Nelly soit juste derrière lui, le guidant manuellement au fur et à mesure qu'elle donnait ses ordres. Sofian pouvait presque sentir son souffle sur son épaule et tressaillait à chaque fois que la demoiselle posait sa main sur la sienne, afin de la positionner correctement.

– T-Tu as l'air de t'y connaître ! bafouilla-il histoire de se changer les idées.
– C'était tout ce que j'étais autorisée à faire. Lorsque j'étais « emprisonnée » ici.
– Ah...

Voyant que la discussion risquait de prendre une dimension encore plus gênant, Sofian se décida de se concentrer sur le billard. Malheureusement, il fut tellement perturbé que son coup loupa lamentablement, faisant à peine rouler la bille blanche.

– Pfft ! pouffa Nelly.
– Hé ! protesta vivement Sofian. On ne se moque pas des débutant !
– C'est le coup le plus pathétique que j'ai jamais vu. Même pour un débutant.
– Maiiis ! Je vais pleurer si tu continues !
– Pleure si tu veux, sourit Nelly. Tu resteras pathétique.
– Gnn...

Étrangement enjouée, Nelly prit elle aussi une queue de billard et d'un geste gracile et élégant, elle empocha la bille rouge, d'un coup précis et efficace.

– Pfiou ! siffla Sofian. Pas mal !
– Hm, apprécia la demoiselle.
– Je ne pense pas pouvoir arriver à faire un coup pareil avant des dizaines d'années !
– 8 ans, souffla Nelly en détournant les yeux.
– Ehm, oui, effectivement... mais ils t'ont laisser partir à un moment, non ? Tu pouvais aller au bar de Thomas et même au lycée.
– C'était exceptionnel. Gloria et Acène n'avait plus besoin de moi pour quelques temps, Rochard a réussi à négocier ma « libération ».
– … je vois.

Un brave type ce Rochard. Sofian ne le connaissait principalement que via la télévision et un peu via le tournoi à son lycée, mais visiblement, il était véritablement sympathique.

– Mais c'est terminé maintenant ! assura Sofian. Tu ne vas plus servir de cobaye désormais !
– O-Oui...

Nelly lui tourna le dos, hésitante. Effectivement, elle avait annoncé à Gloria Fudin qu'elle désirait tout arrêter, sous la pression de Sofian. Mais l'on ne pouvait pas effacer 8 ans en quelques mots. Elle avait été conditionnée pour être un rat de laboratoire pendant bien trop longtemps...


***

Dans son laboratoire souterrain, Gloria Fudin fulminait. Nelly qui refusait de servir de cobaye ? Alors comme ça, elle voulait détruire toute une vie de travail ? Inconcevable ! Le projet Yllen symbolisait l'apothéose de ses recherches, cela ne pouvait pas se terminer ainsi !

– Calme-toi, lui conseilla son collègue Acène Windie. Tu n'arriveras à rien en fronçant les sourcils.
– Comment veux-tu que je me calme ? grogna t-elle. Cette garce va tout faire foirer ! Et c'est sans compter l'autre abruti de Rochard qui la protège !
– Rochard, hein ? ricana presque Acène. Ce n'est qu'un faible. Il a besoin de nous, et il le sait. Nous sommes les seuls capables de surpasser les Protecteurs en terme de puissance. Vous avez bien vu dans quel état Marc Mikuri s'est retrouvé après avoir affronter Thomas Raibolt.
– Qu'est-ce que tu préconises alors, monsieur le génie ?

Acène soupira en souriant.

– D'attendre, tout simplement. Rochard viendra bientôt pleurer entre nos jambes.
– Attendre ?! cria presque Gloria. Et pendant ce temps, j'en fait quoi de mes recherches ?!
– Ce que tu peux, déclara simplement Acène en haussant les épaules. Ne t'inquiètes pas, nous retrouverons bientôt notre poule aux œufs d'or.
– Gnn... comment peux tu être aussi insouciant...

Sur cette dernière réplique, la scientifique à la courte chevelure glycine se précipita bruyamment vers la sortie. Une fois qu'elle fut hors de son champs de vision, Acène Windie serra les dents en empoignant douloureusement sa poitrine. Il sortit une boite de comprimés de sa blouse blanche et l'avala d'un coup.

Cette petite idiote, si aveuglée par ses recherches qu'elle en devenait obsédée. Si elle continuait de réagir comme cela, le projet Yllen ne pouvait qu'échouer. Et cela, Acène ne pouvait pas le permettre. Ce projet devait arriver à terme, et ce, le plus rapidement possible.

Cependant, gueuler ne servait strictement à rien. Il allait agir insidieusement, avec intelligence. Jouer sur les faiblesses de ses ennemis afin de mieux les vaincre. Rochard avait beaucoup de faiblesses, son incompétence à gérer les Protecteurs était la principale. De même, si cette Nelly espérait fuir son destin aussi facilement, elle se mettait le doigt dans l'œil jusqu'au coude. Dès qu'elle avait mit le pied dans ce laboratoire, sa vie était terminée. Elle était un sacrifice, un sacrifice nécessaire.