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The Rose Queen. Tome 1 : L'usurpatrice. de Clafoutis



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Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 06/11/2015 à 20:22
» Dernière mise à jour le 06/11/2015 à 20:22

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Prologue : La reine est morte, vive la reine !
Sae Ishtar pencha simplement et bêtement la tête ; un sang appétissant dégoulinait de sa lame.

Pour être honnête, elle s'imaginait déjà munie d'une magnifique paire d'ailes angéliques à voleter à travers de quelconques contrées regorgeant de tulipes multicolores, ou au pire, à bouillir dans un énorme chaudron accompagnée de charmants criminels de tout poil.
Mais non, Sae n'était ni au Paradis, ni au Enfer. Elle était encore sur Terre, bien vivante.
Dans le doute, elle tata méticuleusement son corps. Tête, bien sur les épaules. Bras, encore raccrochés au reste. Jambes, ancrées au sol comme à l'accoutumée. Poitrine, toujours aussi désastreusement plate – elle soupira néanmoins de dépit pour ce dernier point. Non, rien n'avait changé.

Pourtant en toute logique, avec ce qu'elle avait tenté, elle devrait plutôt ressembler à un festin pour Rattata, soit grosso modo à un énorme tas de chairs puantes et sanguinolentes. Mais non, force était de constater qu'elle n'avait pas encore sa place sur le menu des charognes. En revanche, on ne pouvait pas dire autant de la demoiselle devant elle.

Assise sur son trône de velours écarlate, magistrale, droite, cette dernière avait tout pour imposer le respect à quiconque la regarderait droit dans les yeux. Sauf que désormais ses yeux gisaient au sol avec la tête, recouverte d'un long voile de deuil, qui les contenait. Sae avait beau attendre, rien ne se passait. Étrange, très étrange.

Ingénue, Sae s'approcha de la demoiselle somptueusement vêtue de noir et inspecta son cou d'un regard avisé. Yep, il était bien tranché. Propre, net et précis ; il y avait même une jolie fontaine de sang. Un coup de maître. Sae pensa vaguement que si elle savait couper les oignons aussi méticuleusement, la gouvernante arrêterait de lui refourguer les corvées de chiottes. Enfin, ce n'était peut-être pas le moment de se remémorer les moments les plus terribles de sa vie de servante. Elle avait comme qui dirait d'autres Chacripan à fouetter, là.

Parce qu'effectivement, elle avait tué la reine de Rosae, la fameuse Rose Queen. Disons le clairement, ça le foutait mal.

Pour sa défense, personne n'aimait vraiment la reine. En fait, tout le monde la détestait, genre vraiment. Comme preuve, le nombre de tentatives d'assassinat que cette pauvre reine avait essuyé. Combien en tout ? Dix ? Cent ? Mille peut-être ? Qui pouvait le dire après tout ? Personne. Cependant, ce qu'on pouvait affirmer c'était qu'aucune de ses tentatives n'avait ne serait-ce qu'eut le moindre effet.

Certains ont tenté l'empoisonnement dans sa nourriture, la Rose Queen s'en fichait, continuant de manger sans se soucier des plus létales des toxines. D'autres, plus téméraires, s'essayèrent à l'assaut frontal. La Rose Queen les avaient tous décimés en moins d'une seconde. Les plus fourbes tentèrent les coups en traître, embuscade et dérivés, la Rose Queen les repérait à des kilomètres à la ronde et offrait leur cœur encore palpitant à ses Némélios.

Voilà ce que représentait la Rose Queen, une reine sans pitié et invincible. Voire même fantastique. Tout le monde se souvint de ce jour, où le plus puissant et noble chevalier du royaume la défiât en duel singulier. Un combat à la fois titanesque et pittoresque. Durant cet affrontement épique, la Rose Queen fut tranchée en deux, dans le sens de la largeur ; son squelette et sa chair étaient visibles. Tous exultèrent, jusqu'à ce que les deux morceaux royaux se recollèrent d'eux-même, sous l'œil tétanisé de la populace. Ce fut le dernière tentative d'assassinat avant un très long moment ; la Rose Queen dégusta savoureusement les parties intimes de son assaillant le soir même, avec du persil et de l'ail. Sae s'en souvint particulièrement car ce fut elle-même qui dû les préparer.

Que valait une telle haine pour cette fameuse Rose Queen ? Tout plein de petites choses. Déjà, peut-être par le fait que s'était l'une de ces infâmes garces des familles comme on en faisait plus ? Le genre capricieuse, à demander à son peuple mille et une choses aussi impossibles qu'inutiles et qu'elle s'amusait à torturer copieusement ceux n'y arrivant pas ?

Comme ce pauvre majordome là, la Rose Queen lui avait demandé de capturer tous les Pokémon sauvages du Royaume et de les lui ramener le soir même. La malheureux c'était démené à la tâche.
Une fois l'échéance arrivée, – suant jusqu'au sang, vous pouvez l'imaginer – il présenta à la Rose Queen des centaines de Pokeball. Cette dernière le toisa dédaigneusement, avant de pointer un stupide Nirondelle voletant à travers la fenêtre. Elle déclara simplement « J'avais demandé tous les Pokémon. » avant de demander à ses gardes d'immobiliser le majordome faillant.

La Rose Queen, s'égaya ensuite à libérer directement dans la bouche de son servant quelques petits Pokémon, tel les Statitik ou Anchwatt. Elle se réjouissait espièglement en admirant le corps torturé du majordome se contorsionner dans tout les sens pendant que les petites bestioles qu'il avait lui-même capturé un peu plus tôt ravageaient ses organes. Cependant, le Rose Queen éclata carrément de rire devant l'étonnante réaction du majordome lorsqu'elle libéra un Grindur ,directement et sans détour, par le petit trou de son derrière, déchirant ce dernier. C'était qu'elle savait s'amuser cette Rose Queen, on ne pouvait pas lui reprocher ça.

Évidement, par la suite le majordome mourut de ses blessures, agonisant dans son propre sang. La Rose Queen en profita pour couper la tête à son fils et à sa fille, prétextant que les rejetons d'un incapable étaient forcément de la mauvaise graine. Ah, elle força aussi leur mère à dévorer le corps cru de ses enfants, car – toujours selon la Rose Queen – c'était de sa responsabilité de faire disparaître les atrocités qu'elle avait mises au monde ; on retrouva plus tard une femme sur un arbre, ses pieds ne touchaient plus le sol.

On pourrait faire une longue liste des sympathiques exploits de la Rose Queen, cependant, une vie entière ne suffirait pas à tous les narrer, alors autant s'en tenir là. En tout cas, c'était à peu près pour cela que le peuple de Rosae ne portait pas trop sa reine dans son cœur et que Sae avait elle aussi finit par craquer.

Forcément, à force de voir ses collègues de travail tomber un à un, comme des mouches, sous l'humeur de la Rose Queen, Sae commençait légèrement à flipper. Du coup, mourir pour mourir, autant en finir avec grâce. Ni une ni deux, elle avait empoigné son couteau de cuisine– le même avec lequel elle avait préparé les castagnettes du chevalier quelques mois plus tôt – et s'était dirigée à pas de Riolu à travers la salle du trône.

Heureusement pour Sae, la salle royale n'était jamais gardée par quelqu'un d'autre que la Rose Queen elle-même – de toute façon, elle seule valait le double de son armée. La simple servante avait donc pu s'introduire sans vraiment de difficultés. La Rose Queen était là, sur son trône, toujours habillée de cette énorme robe bouffante noire à motif floraux, sans oublier cet épais voile de deuil nocturne que la Rose Queen arborait en permanence. Ce voile était si épais qu'il ne laissait personne entrevoir son visage. En fait en y repensant, personne n'avait jamais vu le visage de la Rose Queen. C'était dingue de penser que l'on ait déjà pu admirer le squelette de cette garce et pas un truc aussi banal que son visage !

Enfin, donc, elle était là, sur son trône, sans bouger. Sûrement en train de machiner à diverses amusements, tortures, bref, des trucs tout joyeux. Sae s'était lentement approchée d'elle, le couteau fermement en main. A ce moment, la servante avait pensé qu'elle avait déjà été repérée. On parlait de la Rose Queen, celle qui était capable de repérer un Gueriaigle avant que ce dernier ne la remarque. Cependant, Sae était déjà résolue. Encore une fois, à mourir pour mourir...

Or, contre toute attente, alors que Sae n'avait été qu'à quelques centimètres de la Rose Queen, cette dernière ne réagissait pas. La tueuse amateur en était éberluée. Dans le doute, elle arma son couteau et trancha horizontalement le cou de sa victime. La suite, vous la connaissez.

Sae s'interrogeait encore. Venait-elle vraiment de tuer la Rose Queen ? Avec un couteau de cuisine ? C'en était presque risible. En fait, si Sae n'avait pas envie de faire dans sa culotte, là, maintenant, elle exploserait de rire. Elle s'attendait à tout moment de voir la tête désolidarisée revenir s'installer comme par magie à sa place, comme lors de ce fameux duel contre le chevalier. Mais non, elle avait beau attendre, rien de fabuleux ne se déroulait. Juste une simple tête écrasée au sol barbotant misérablement dans une piscine pourpre, rien d'autre.

Petit à petit, la réalité devint évidence indiscutable. La Rose Queen était morte. Tuée par l'une de ses simples servantes. Par un simple couteau à cuisine. Là où un puissant chevalier avant échoué, une bonniche avait réussit. Vive la logique. Sae aurait du se réjouir. Elle n'en avait pas envie.

Parce que si la reine était détestée par environ 99% de la population – officieusement et par 0% officiellement –, de rares privilégiés l'adoraient. Principalement des très-haut placés ayant su s'attirer ses faveurs. Car la Rose Queen n'était pas non plus idiote, elle savait qu'elle ne pouvait pas torturer tout le monde. C'était pour cela qu'elle s'était entourée d'un groupe d'aristocrate qu'elle choyait à ses heures perdues, comme une vieille donnant un bon gros nonos à ses chiots pour avoir leur loyauté éternelle. Et ça marchait, ces aristocrates disposaient d'une espèce d'immunité à la fureur de la Rose Queen, en plus d'avoir des privilèges exceptionnels, tel le droit de vie ou de mort.

La reine réduite en macchabée, c'était logiquement ces abrutis de toutous qui menaient la danse. Et nul doute que leur premier acte sera de punir la régicide. Si mourir des mains de la Rose Queen indifférait – enfin façon de parler – Sae, périr par celles de ces crétins pantouflards était insupportable. Diantre, pourquoi cette fichue Rose Queen s'était laissée tuer ? Chiante jusqu'au bout celle là !

Alors qu'elle paniquait, le regard de Sae s'arrêta sur le fameux voile de deuil de la Rose Queen. Un instant. Personne n'avait vu le véritable visage de la Rose Queen, n'est-ce pas ? Même les aristocrates n'avaient pas ce privilège dans leur longue liste.
… donc, quiconque porterait cette robe de roses ténébreuses et ce voile nocturne serait immanquablement prit pour la Rose Queen, n'est-ce pas ? Intéressant, très intéressant.
Un petit sourire naquit sur les lèvres de la servante. N'était-ce pas là l'opportunité inespérée de grimper en échelon ? De passer de domestique à Rose Queen ?

Soudain emplit d'une volonté sans faille, Sae se déshabilla précipitamment et aida la Rose Queen à faire de même. L'échange eut lieu sans plus de procès.

Sae hocha la tête. C'était que cette robe lui allait bien en plus ! Bon un peu trop noire certes, mais globalement, c'était vraiment pas mal. Un petit tour au lavage pour enlever le sang de sa précédente porteuse, et ce serait parfait.
En revanche, Sae rechignait quelque peu à enfiler le fameux voile de deuil. Pas trop son style, elle devait l'avouer. Mais bon, c'était soit ça, soit la mort, alors autant ne pas faire la difficile.

Sae ramassa la tête de la Rose Queen ; elle déglutit. Elle s'apprêtait à la dévoiler. Elle serait l'une des seuls à connaître son visage. A quoi devait t-elle s'attendre ? A un démon ? Rouge sang, aux dents de Seviper, cornes rouges, peau décrépie et tout le tralala ? Réunissant son courage, Sae empoigna le voile ; elle remercia le ciel que son cri soudain ne fut entendu par personne.

Magnifique. Sublime. C'était les seuls mots qui lui venait en tête. Une beauté saisissante, capable d'attirer irrémédiablement l'attention du plus frigide des êtres. On aurait dit une poupée de cire, parfaite de tout point de vue, à la longue chevelure dorée. Passée l'admiration, une certaine jalousie tenailla sévèrement Sae. Parce qu'en plus d'être surpuissante, cette garce était divinement merveilleuse ?! C'était clair, la justice n'existait pas en ce monde.

Une fois le voile en main, Sae leva le crâne de la défunte reine et le fracassa au sol, avant de s'acharner dessus jusqu'à ce que la tête ne soit qu'un grotesque tas de pulpes écarlate. Pas de conclusions hâtives, elle ne faisait pas ça par jalousie, mais par nécessité.
En effet, après avoir commis un crime, une seule question harcelait le meurtrier : comment se débarrasser du corps ? Et c'était là que Sae avait eut son deuxième coup de génie.

Comme prévu, elle prendra le rôle de la Rose Queen. Et elle va faire passer le corps de l'ancienne reine pour Sae Ishtar, la petite servante inutile. Le problème, était que même si personne ne savait à quoi ressemblait le visage de la Rose Queen, c'était différent pour Sae. D'où la nécessité de rendre l'ancienne reine méconnaissable, de façon à ce que personne ne se rendît compte de la supercherie.

Tremblante, à la fois d'appréhension et d'excitation, Sae – vêtue des atours de la Rose Queen – s'installa sur le trône. Si on lui avait dit qu'un jour, elle poserait son derrière de pauvresse sur ce symbole de majesté !

Du trône désormais sien, elle avait une vue très différente de la grande salle, une sensation de puissance l'envahit instantanément. Désormais, c'était elle qui allait commander.

Tout était clair dans sa tête, elle appellerait bientôt un garde, elle lui expliquera qu'une servante a voulu l'assassiner et que donc, elle s'en était débarrassée avec supplément de cruautés. Ça passera crème, le plan parfait.

Elle n'était plus Sae Ishtar, simple servante souffre-douleur et vivant dans la peur.
Non, elle était la terrible Rose Queen.