La délivrance de Leopoldine

Chapitre 3



L'arrivée à Ildor

(Thème musical suggéré : https://www.youtube.com/watch?v=i5Kwf_nNmGI )

Les deux nouveaux amis continuèrent leur marche encore pendant quelques minutes. Chacun d'eux était muet. On pouvait seulement entendre les bruissements d'herbes que provoquaient les pokémons sauvages. Hans avait de plus en plus de mal à marcher, sa blessure devenait de moins en moins supportable. Alors qu'il était en train de se concentrer sur son objectif, ce qu'il vit en levant la tête lui fit complètement oublier sa douleur.
« - Regarde ! Regarde, nous y sommes. Au bout du chemin. Enfin ! S'écria-t-il. »
En effet, à quelques mètres devant eux se tenait un gigantesque arbre. Il était resplendissent. Leopold leva à son tour la tête, interpelé par les cris de son compagnon de route. Et il constata qu'en effet, ils touchaient à leur but. Il leva la tête, encore et encore afin d'arriver à entrevoir la cime du colosse. *Elle doit se trouver au moins à plusieurs kilomètres de hauteur,* se dit-il silencieusement. Le jeune homme n'avait pas tort. *Qu'il est majestueux*, se dit-il à lui-même avant d'ajouter
« - Voilà un endroit idéal pour se reposer avant de prendre la route vers Ildor !
- Tu as raison, répondit Hans soulagé d'avoir trouvé refuge pour quelques jours. »
Ils restèrent là, encore quelques minutes, à contempler cet arbre haut de cinq kilomètres de hauteur. Pour en faire le tour il aurait fallu aux deux jeunes gens au moins trois jours, mais heureusement, cela ne leur a pas traversé l'esprit ne serait-ce qu'une seule petite seconde. Non. Ils étaient trop occupés à observer le moindre froissement de feuille vert pomme, tenue par de robustes branches d'un marron éclatant. Son tronc, quant à lui, laissait voir de larges excroissances qui semblaient lui donner vie. En suivant celui-ci des yeux, Leopold arriva à regarder le sol, il le scruta, et remarqua de grandes bosses, qui ça et là laissait sortir les immenses racines du grand essieu. Elif et Eden étaient quant à eux en train de vagabonder à quelques centimètres d'un immense trou caché par les feuilles de l'arbre. Ils s'éloignèrent de plus en plus, jusqu'à ce que Leopold et Hans se rendent compte que leurs petites bêtes ne répondaient plus à l'appel. Ils entendirent un cri sourd.
« - Eden ! Je reconnaitrais son cri parmi tous les cris du monde ! Où est-il passé ? Ce n'est pas possible ! Je lui ai toujours dit de rester à côté de moi !
- Ne te mets pas dans un tel état. Elif est avec lui, à deux ils pourront se défendre jusqu'à temps qu'on les retrouve. Ils se turent un court instant. Le cri venait de l'arbre, mais je ne vois personne. Approchons nous, Ils sont sûrement cachés derrière ces feuillages ! »
Les deux jeunes gens s'avancèrent donc au point de toucher le feuillage. Ils entendaient les gémissements de leurs pokémons. Hans releva les feuilles d'un coup vif, et ce qu'il vit le laissa bouche-bée. Leopold constata lui aussi l'énorme trou dans le tronc. Ils décidèrent donc d'entrer afin de récupérer Eden et Elif. Lorsque Leopold posa son premier pied à l'intérieur du trou il fut comme absorbé, en une fraction de seconde Hans le rejoignit et ils se trouvèrent là, dans l'inconnu, face à un homme à l'apparence antipathique et hargneuse.
« - Pourquoi avez-vous pénétré à Ildor ? Qui êtes-vous, et que voulez-vous ? Ne voyez-vous pas que notre ville est assez détruite pour subir l'assaut de nouveaux escrocs ? »
Et à ces mots, l'inconnu défia les deux jeunes dresseurs au combat. Eden, n'étant qu'au niveau six, commença par rugir doucement. Elif lança jet de sable sur chenipan, l'unique pokémon de l'inconnu, ce qui le mit K.O au vu de son faible niveau d'expérience.
« - J'en étais sûr, nous sommes encore une fois trop faible, et nous ne pouvons pas défendre la ville. A quoi bon rester là, à prier tous les jours que ça s'arrête. Dit-il il en disparaissant par le gigantesque trou. »
Hans et Leopold, le regardèrent partir. C'est à ce moment qu'ils se rendirent compte de la laideur du paysage. Cet arbre, si beau de l'extérieur renfermait une ville désastrée. Les magasins et le centre de soin étaient fermés, les vitres brisés, les néons arrachés. Le paysage était stupéfiant, le noir dominait les quelques tâches verdâtres qui se trouvaient au sol. Les branches semblaient moisies et les feuilles n'étaient plus d'un vert vif mais d'un kaki. Les deux jeunes dresseurs étaient bouche-bées devant ce funeste spectacle. Aucun signe de vie, aucun rire, aucun rayon de soleil ne se dégageait d'Ildor. Cette ville citée dans les livres d'école comme la ville aux mille verts, était devenue la ville noire. Trop préoccupés par cette surprenante découverte, le vieil homme adossé à sa porte était invisible à leurs yeux. Ce n'est que lorsque celui-ci les invita à entrer dans sa maison qu'ils remarquèrent sa présence.
L'homme était petit, le dos courbé, s'appuyait à une lourde canne. Ses yeux reflétaient la ville ; ils n'avaient aucune lueur.
Un grand sentiment de peur envahit Leopold, il se souvint des paroles du professeur Gaïus et se dit qu'il était face à cette magie noire qui plongeait petit à petit le merveilleux monde des pokémon dans le chaos. Le vieux, prénommé Uther, fit rentrer Eden et Elif dans leur pokéball afin de les soigner.
« - Il n'y a plus de centre de soin pokémon ici, depuis que le groupe de sorcier maléfique s'est emparé de la ville. J'ai réussi à brancher la machine à soigner dans ma chambre, comme ça je peux aider les habitants et les jeunes dresseurs qui, comme vous, s'égarent et pensent trouver du réconfort à Ildor. Mais comme vous avez pu le remarquer, cette ville n'est pas à la hauteur de ses apparences et des dires. Elle a été plongée dans la noirceur depuis qu'évoli a été capturée et gardée prisonnière. Nous somme impuissants, nous ne pouvons rien changer à cela. Les habitants, les uns après les autres, s'enfuient de peur d'être volés ou agressés. Laissez-moi soigner vos pokémons, j'ai vu qu'ils se sont battus avec le charipan de Sam. C'est un brave homme, il ne fait que défendre Ildor, mais son pokémon manque beaucoup trop d'expérience pour pouvoir faire reculer qui que ce soit.
- Merci pour votre aide. Est-ce que vous demander de soigner mon ami qui s'est fait attaquer par un pokémon sauvage serait de trop ? Je crois qu'il souffre de plus en plus, et je ne supporterais pas de perdre le seul ami que j'ai.
- Assieds-toi jeune homme, dit Uther à Hans, je vais regarder ta blessure. Oh. Ce n'est pas grand-chose, le pokémon devait être lui-même blessé pour t'attaquer. Il a dû utiliser griffe, et dans l'état où il devait se trouver son attaque n'a pas eu grand effet. Ta blessure est superficielle. Elle s'est juste un peu infectée le temps que tu arrives ici. Tu te sentiras nettement mieux demain matin. »
Sur ces mots, le vieil homme remplit un bol d'eau et y ajouta quelques gouttes provenant d'un flacon aussi poussiéreux que lui. A l'aide d'un chiffon, il étala cette préparation sur le torse de Hans. Il le pria ensuite d'emprunter son lit pour la nuit. Il plaça sur son front une serviette gorgée d'eau glacée pour faire descendre la température. Il ne fallut pas longtemps avant que Hans sombre dans un profond sommeil. Elif et Eden, dans leur pokéball, s'étaient eux aussi endormis. Leopold alla donc les placer à la tête de son ami, sur l'oreiller, pour que ceux-ci puissent prendre le plus de force possible et pour qu'ils veillent sur le blessé.
« - Ton ami n'est pas très bavard dis-moi ! Vous ne vous êtes même pas présenté, je suis curieux de voir d'où vous venez et comment vous vous êtes retrouvés ici ! »
Leopold conta donc au vieillard leur aventure, l'attaque du pokémon sauvage, sa rencontre avec Hans et son pokémon, leurs paroles échangées... Les yeux d'Uther s'écarquillaient de plus en plus puis il eut un soupir de soulagement. Ses yeux, jusqu'alors sombres et secs, se mirent à briller.
« - Leopold, tu t'appelles Leopold. Et tu es le fils d'Adriel. Je te présente mes excuses je n'ai pas pu assister aux condoléances. Je devais veiller sur la ville. Je t'attends maintenant depuis bien longtemps. Il invita le jeune homme, abasourdi, à s'assoir en face de lui, et commença. Tu as sûrement remarqué la splendeur de cet arbre, je suis sûr qu'il t'a énormément touché. Tu as vu comme son feuillage est vert, comme son tronc est élégant. Jamais la nature n'a offert et n'offrira une si jolie plante. Non. C'est ton père, à l'aide de la magie, qui l'a battit. Après avoir vaincu les Sorciers Maléfiques et délivré évoli et ses évolutions. C'est ici même, il y a des années de cela, que ce groupe malfaisant avait séquestré ces pauvres bêtes. Ton père avait donc décidé de construire cet arbre et de disperser évoli et ses évolutions partout dans le pays, afin de les protéger et de nous protéger nous, humains, de la menace qui pesait sur nous. Son sortilège de protection a fonctionné pendant plusieurs années et nous lui sommes tous reconnaissant pour l'aide qu'il nous a fourni. Il mit un temps à se remettre de ses émotions avant de continuer. Mais malheureusement, la magie noire à bien évoluée depuis cela, et, à présent, le sortilège de protection qu'avait jeté ton père sur notre ville n'a d'effet qu'à l'extérieur de celle-ci. En capturant évoli, les Forces du Mal ont plongé notre ville dans le chaos, et seul un magicien comme Adriel peut nous aider à nous sortir de ce désastre. Tu es son fils, tu as hérité de ses pouvoirs ainsi que de son expérience de dresseur. Toi et toi seul peux délivrer la ville et ses habitants. Lorsque tu auras battu les premiers gardes de la tour, tu pourras monter au sommet de celle-ci. Là, se trouvera l'un des chefs des Sorciers Maléfiques. Tu devras te battre contre lui, n'aie crainte, ses pokémons n'ont pas bénéficié d'un grand entrainement, c'est pour cela qu'il a été missionné à Ildor. Evoli se trouve dans son équipe tu devras te battre contre elle pour l'affaiblir mais en aucun cas la mettre K.O sinon Jude l'a fera rentrer dans sa pokéball et il s'enfuira. Je sais que ce que je vais te demander de faire n'est pas dans les codes mais c'est la seule façon de sauver évoli... Tu dois te débrouiller pour voler ce pokémon, dit-il en lui tendant une MasterBall. Tu n'auras qu'une chance pour réaliser ta mission. Je sais que tu en es capable. Ainsi, le groupe de Sorciers s'en ira d'Ildor et la ville retrouvera sa splendeur. Un sourire paternel s'échappa de son visage ridé. Vas te reposer, une longue journée t'attend demain. »
Leopold, se leva sans dire mot, il aurait voulu remercier Uther pour son aide, pour ses conseils, pour la MasterBall... Mais sa bouche restait close. Il alla dans un coin du salon avec des couvertures et un oreiller que lui avait donnés le vieux. Il s'allongea et s'efforça de garder les yeux ouverts le plus longtemps possible, rivés sur l'homme qui restait assis, le regard fixe vers la porte.