chapitre 4: Le voyage commence sur une guerre
Il existait dans les marais du sud un peuple sur le déclin mais encore fort qui répondait au nom des Carahas. Une légende racontait que ce peuple était les descendants de celui qui avait colonisé la région de Safaïa, au commencement de l'ère des hommes. Mais cela faisait des années qu'ils perdaient territoires et importance, l'empire de Lokthar s'arrangeant pour que ce peuple disparaisse au plus vite. Leur territoire actuel ne dépassait pas la superficie d'un petit village et des marécages environnants menant à la mer, ce qui leur avait valu d'être renommé le peuple des marais par les impériaux. Leur population en elle-même ne devait pas dépasser la quarantaine d'individus.
Alexia était la femme du chef de ce peuple. C'était une femme de 32 ans de taille moyenne à la chevelure verte pomme arrivant au milieu des hanches et des yeux dorés souvent plongés dans le vague.
Elle était mère de deux enfants merveilleux qu'elle chérissait plus que tout au monde et les protéger, eux et son peuple était sa priorité.
Elle était également considérée comme étant la chef spirituelle parmi la population car elle avait régulièrement des visions venant des dieux.
Elle connaissait son ascendance et sa destiné. Alexia espérait juste que ses compagnons avaient également conscience de l'importance qu'ils avaient pour le futur de ce monde et si, ensemble, ils seraient à la hauteur. Elle fut tentée plusieurs reprises de partir à leur recherche mais à chaque fois, une voix lui intimait d'attendre, que ce n'était pas le bon moment. Elle avait alors demandé quel serait le bon moment et elle n'avait eu pour toute réponse :
« Le jour où l'empire viendra à ta porte ».
Depuis ce jour elle attendait avec impatience et inquiétude la venue de ce jour. Chaque jour elle guettait l'arrivée des soldats
impériaux.
Ils vinrent le lendemain de son anniversaire et, suite à des négociations tendues, déboucha sur un état de siège. Chaque jour des soldats venaient pour exterminer le maximum de personnes, des escarmouches avaient lieues et des morts étaient à déplorer dans les deux camps.
Ces drames avaient lieu tous les jours depuis plusieurs semaines et la seule et unique chose qui avait permis aux habitants du village de tenir avaient été les Pokémons. En effet, tous les habitants maîtrisaient les Pokémons quels que soit leurs types ou leurs utilités. Mais, depuis le début des hostilités, plusieurs Pokémons avaient trouvés la mort ainsi que leurs maîtres humains et Alexia, qui aimait son peuple plus que tout au monde, ne pouvait accepter ces pertes. Son peuple n'était pas au bord de la destruction, il avait un pied dans la tombe ! La femme rêvait de détruire l'empire de Lokthar pour que son peuple puisse s'épanouir à nouveau. La perspective que les personnes qu'elle aimait disparaissent par la main de cette secte la rendait nauséeuse. Et bien que les signes de son départ s'accumulaient, elle hésitait à partir et à laisser son village sans défense.
L'attaque de la journée s'était terminée sur plusieurs morts du côté des soldats et trois blessés légers de leur côté. La femme au regard d'or observait le campement de l'armée, guettant le moindre signe de menace, sa sœur Pokémon à sa gauche. Du plus loin qu'elle se souvienne, sa sœur avait toujours été là quand elle en avait besoin et, en ces heures sombres, sa présence rassurante était plus que bienvenue.
- Ce fut une bonne journée pour nous, commenta le Pokémon de sa magnifique voix de soprano.
Alexia détacha son regard pour observer sa sœur. Akiten était une Altaria magnifique, gracieuse et douce.
- Une journée en temps de guerre ne sera jamais une bonne journée pour qui que ce soit, répondit-elle.
- C'est vrai, tu as raison, excuse moi, s'empressa le Pokémon. C'est juste que, pour notre peuple, une journée sans perdre quelqu'un est miraculeux si on considère que ces adeptes de malheur sont mieux armés, plus nombreux et surtout, mieux entraînés.
Alexia soupira.
- Si cette situation perdure, nous serons exterminés. Nous ne sommes qu'une trentaine d'humains et à peine une vingtaine de Pokémons valides et ces chiens de soldats reçoivent des renforts en permanence.
- Il nous faut partir alors, déclara Akiten. Il nous faut trouver nos compagnons et accomplir notre destiné.
Alexia grimaça.
- Je sais que notre devoir est de partir mais je ne peux laisser mon peuple sans défense.
- Ton peuple ou tes enfants ? Demanda l'Altaria.
Surprise, Alexia ne répondit pas. C'était vrai, elle avait peur pour ses enfants mais pas ils n'étaient pas les seuls à qui elle tenait. Il y avait son époux, ses parents, le boulanger qui lui avait appris à cuisiner, le professeur qui lui avait permit de devenir une dompteuse de Pokémon qualifiée… Il y avait tant de personnes à qui elle tenait et qu'elle ne voulait pas voir mourir que parfois, elle en négligeait sa propre sécurité.
Sa sœur remarqua son trouble.
- Ecoute. Moi aussi j'aime ce village, ces habitants, notre famille. Mais notre destiné n'est pas limitée à cet endroit. Il prend en compte le pays entier. Si nous n'agissons pas, notre peuple sera exterminé. Si nous partons maintenant et que nous agissons rapidement, certes, il y aura certainement des morts mais les Carahas auront une chance de survivre et de prospérer à nouveau.
L'humaine acquiesça. Sa sœur personnifiait la voix de la sagesse et ne pas l'écouter était un crime. Alexia se releva, décidée à accomplir son destin. Elle retourna au village où elle prépara ses affaires pour voyager, annonça son départ à son époux qui, après une hésitation, la laissa accomplir sa mission d'ordre divin.
« Reviens nous vite », furent ses seules paroles. Puis, chevauchant Akiten, elle décolla et se dirigea vers le nord. Même si elle ne les avait jamais vus, Alexia était capable de sentir la présence des autres enfants des dieux et deux d'entres eux étaient dans le nord. Elle sentait leur puissance grandir au fur et à mesure qu'elle diminuait la distance qui les séparait mais la région était grande. Plusieurs jours étaient nécessaires pour couvrir les lieues.
Alors que la fille de la réalité voyageait vers le début de son combat, Giratina sentit que le moment était venu.
Il se tourna vers les six autres dieux qui avaient accepté de donner une partie de leur pouvoir aux humains et leur sourit.
Artikodin, l'adolescent aux cheveux de givre, calme et obéissant, Xernéas, la voix de la vie, pure et innocente, Rayquaza, à la chevelure émeraude aussi indomptable que le vent, Ho-oh, le feu réparateur, doux et chaleureux, la réaliste Reshiram au regard le plus pur qui soit et Palkia, la déesse de l'espace, aussi puissante qu'elle était belle.
- Vous avez sentit mes chers amis ? Nos enfants se mettent en marche.
- Devons nous les guider ? Demanda Artikodin. Pour qu'ils ne se détournent pas du droit chemin.
- Seulement si cela se révèle nécessaire, répondit le maître du monde Distorsion. Jusqu'à maintenant, ils ont su se maintenir dans la voie de la sagesse. Attendons de voir ce dont ils sont capables. Mais gardez-les à l'œil.
Ils hochèrent la tête ensemble et disparurent pour mener à bien leur mission. Giratina, quant à lui, ouvrit une fenêtre dimensionnelle pour observer son fils. Il avait hérité de sa noblesse et de son horreur des conflits mais pas de son courage. Serait-il à la hauteur de ce qui l'attendait ? Le maître des dimensions était curieux de le savoir…
Dans la ville de Karilios, dans l'enceinte du palais impérial, dans la salle du trône, le grand Patriarche rendait la justice, droit comme un « i ». C'était un homme petit et maigrelet, portant une barbe grise avec quelques traces de cheveux blancs, les cheveux rasés de près, le regard semblable à celui d'un Flambusard. Sur chacune de ses mains, un ongle était rouge vif et en forme de griffe redoutable. En cet instant, ce vieil homme écoutait les jérémiades d'un paysan dont on avait volé l'esclave. Cette sangsue était la vingt et unième qu'il recevait depuis le début de la journée et il en avait plus qu'assez. Il coupa la parole du paysan d'un vulgaire geste de la main.
- Vous aurez droit à un remboursement de la valeur de l'esclave que vous avez perdu plus les intérêts et vous pourrez choisir gratuitement un nouvel esclave à la ville de Scaria parmi la nouvelle fournée qui va arriver. Mes scribes vont vous la rédiger. Maintenant disparaissez de ma vue.
Le plaignant, ne voulant pas faire perdre la patience de l'héritier de grand Lokthar, se dépêcha de lui obéir mais les gardes purent admirer le sourire satisfait de ce gueux alors qu'il sortait de la salle du trône. Un homme d'une cinquantaine d'années s'avança aussitôt et se plaça à la droite du grand Patriarche.
- Dois-je faire entrer le nouveau plaignant, mon seigneur ?
- Non ! S'exclama le vieillard. J'en ai écouté plus que je ne devrais. Que les autres reviennent demain.
- Bien monseigneur, déclara l'homme d'un ton révérencieux et en s'inclinant bien bas. Désirez-vous quelque chose ?
- Je veux voir mes fils, tout de suite.
- Bien, je vais les faire quérir.
L'homme laissa ensuite le vieil homme seul avec ses gardes qui faisaient plus office de décoration qu'autre chose. Comme si la réincarnation du dieu tout puissant avait besoin de protection. Il pouvait tuer d'un simple contact, ces simples mortels ne pouvaient rien faire face à lui.
Il n'eut pas à attendre bien longtemps car son fils aîné arriva bientôt, vêtu d'une armure impériale de qualité. L'arrivée de son aîné ne provoqua rien au vieil homme. Alexandre n'était pas destiné à lui succéder. Il était trop impulsif, trop stupide pour espérer régner un jour. Néanmoins, dans l'armée, il avait su se distinguer. Sa force et son côté impitoyable lui avait ouvert les plus hauts grades possibles. Il était passé, en vingt ans, du simple soldat au grade de général. Il avait la responsabilité d'une légion et possédait quatre capitaines délites qui lui obéissait au doigt et à l'œil.
Alexandre était un homme d'une quarantaine d'année au visage beau et arrogant, les cheveux bleus attestant de ses origines tressés avec des fils d'or. Une cicatrice barrait sa joue gauche, marquant de manière indélébile les combats qu'il avait menés au nom de son père.
- Vous m'avez fait demander père ? Demanda-t-il d'un ton qui n'avait rien de respectueux.
Le grand Patriarche ne releva pas la pique et ne daigna même pas lui répondre. Alexandre se tut et se résolut à attendre. Cela faisait longtemps que son bon à rien de père ne lui parlait plus comme le faisait un père à son fils. Il le considérait selon son grade. C'est tout ce que le fils représentait pour son père.
Ils attendirent encore plusieurs minutes avant qu'un serviteur entre en trombe dans la salle, complètement affolé.
- Monseigneur, pardonnez moi de venir vous trouver en étant possesseur de si terribles nouvelles mais…
- Arrête de prendre tes airs, le coupa insolemment le général. Dis ce que tu as à dire et fiche le camp.
Le serviteur sursauta et repris d'une voix terrifiée, comme s'il pressentait ce que ses mots allaient lui faire.
- Nous n'arrivons pas à trouver le prince Almos. Nous avons fouillé partout mais il semble avoir disparut.
- Quoi ?!
Le patriarche s'était levé, les yeux lançant des éclairs. Il s'avança lentement vers le domestique, un pas après l'autre. Ce dernier, pétrifié par la peur, se recroquevillait petit à petit. Une fois que le vieil homme parvint à son niveau, il le redressa, la main sur la gorge du pauvre homme.
- Tu viens de me dire que le garçon dont tu avais la charge s'est échappé ? Mon fils, l'héritier légitime du grand Lokthar ? Comment est-ce arrivé ?
- Il m'a drogué votre seigneurie, plaida le majordome en pleurant. C'était il y a trois jours, il m'a donné à boire et je me suis endormis. Quand je me suis éveillé, il avait disparut.
Il en avait assez entendu. Le pauvre entendit dans le dos de son empereur les ricanements du général et il sut ce qui l'attendait. L'héritier de Lokthar posa son ongle rouge en forme de griffe sur la joue du pauvre homme et fit une petite entaille avec. Aussitôt, le serviteur fut pris de convulsions violentes qui durèrent quelques secondes avant que son corps ne devienne flasque. Le vieil homme laissa tomber le corps sur le sol et se tourna vers son fils aîné.
- Rassemble autant d'hommes que tu pourras. Je me fiche de ce que tu auras à faire mais ramène-moi Almos ici vivant ! Il doit s'adonner au rituel de transmission le plus vite possible. D'ici là, il sera vulnérable.
- Bien père, je ferais ce que vous m'ordonnerez.
Alexandre sortit aussitôt de al salle, laissant son sénile de père seul. Oh que oui il allait retrouver son petit frère mais jamais il ne prendra la place qui lui revenait de droit. La fugue de ce gamin lui donnait une chance en or et il n'allait pas la louper. Et puis, c'était facile à camoufler. Il suffisait de dire qu'il l'avait retrouvé mort, ramener son cadavre ainsi que du monstre qui l'aurait agressé. Après tout, c'est vrai qu'il était vulnérable sans pouvoirs…