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Legendary Bonds de Clafoutis



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» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 03/10/2015 à 15:23
» Dernière mise à jour le 03/10/2015 à 15:25

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Chapitre 28 : Le dernier jour. ( Nelly )
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Samedi 13 février
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– J-Je ne comprends toujours pas ce que ma personne fait en ces lieux, et encore moins avec vous !
– Allons Jean-Kevin ! Il est tout à fait naturel pour les amis de partir en vadrouille !
– Humpf ! A-Admettons ! rougit le noble.

Jean-Kevin se retourna soudainement et pointa vivement un majordome à la chevelure bleutée ainsi qu'un étrange adolescent au masque de Pikachu.

– Mais eux je ne les connais pas !
– Il y a un début à toute chose, s'inclina Julio.
– J'espère que l'on s'entendra bien ! s'avança Zmrc.
– Le jour où j'arriverai à prononcer ce qui vous sert de nom..., grommela Jean-Kevin.
– C'est pourtant simple ! protesta le lycéen au masque. En fait, c'est une question d'angle d'ouverture de la bouche et d'inclinaison de la langue par rapport au palais, comme ça...

Et sous l'œil perplexe de son auditoire, Zmrc se mit à contorsionner sa bouche en un angle bien trop effarant pour être décrit.

– STOP ! le supplièrent les trois autres garçons.
– ... bah quoi ? s'étonna franchement Zmrc.
– ... et si on y allait ? tenta Sofian en dernier recours.
– Effectivement, soupira Julio en essayant d'oublier cette vision d'erreur.
– Le plus vite sera le mieux, geignit Jean-Kevin.

Acquiesçant, le quatuor masculin se dirigea vers la petite auberge de Vermilava. Ce week-end, Sofian avait décidé de s'évader un peu, dans une petite bourgade reculer et surtout, un endroit où le ciel n'était pas recouvert par un fichu cercle obscur venu d'une dimension X.
Évidement, Sofian n'était pas venu seul, il avait invité son club, mais aussi son nouvel ami ,Jean-Kevin Gabaïto, et le mystérieux « Zmrc ». Il aurait bien voulu inviter Thomas, mais ce dernier avait mystérieusement disparu depuis peu, enfin, ce type avait toujours été imprévisible.
Cette sortie n'était pas innocente, plus le temps passait et plus Sofian sentait que le moment critique se rapprochait. Alors, il avait décidé de mettre le dernier conseil d'Eve en pratique, il allait profiter du temps qu'il lui restait.
Ce voyage serait le dernier où ils seraient tous ensemble.

Une fois à l'auberge, Sofian s'occupa de confirmer sa réservation. Il rejoignit ensuite les trois autres garçons qui s'étaient déjà installés un petit salon disposé au client au rez-de-chaussée. Du moins, qui tentaient de s'installer serait plus précis.

– Hé ! protesta Zmrc. Pourquoi c'est toi qui dois avoir le fauteuil !
– Je suis un noble misérable ! argumenta vivement Jean-Kevin. Je dois avoir le meilleur !
– M'en fiche, je l'ai vu le premier !

Sofian plissa les yeux, maudissant celui qui avait eu la bonne idée de ne composer ce petit salon que d'un seul fauteuil moelleux et de nombreuses chaises en bois.

– Hé bien mes amis, sourit Julio. Si vous restez debout...

Profitant de la dispute du noble et du lycéen au masque, Julio se faufila discrètement derrière eux et se laissa allègrement tomber sur le fauteuil.

– HÉÉÉ !!
– L'avenir appartient à ceux qui agissent, et non pas à ceux qui controversent, déclara sereinement le majordome.
– Allons, tenta de tempérer Sofian, ce n'est qu'un fauteuil. Ce n'est pas une question de vie ou de mort !
– SI ÇA L'EST !! hurlèrent Jean-Kevin et Zmrc en un chœur parfait.

Finalement, le noble et le lycéen au masque concédèrent, après une longue et éreintante discussion animée, à poser leur délicat popotin sur une chaise en bois toute simple. Malgré tout, la tension était loin d'avoir disparu, et le petit sourire narquois de Julio n'y était pas innocent.

– Bref ! s'exclama subitement Sofian pour changer de sujet. Elles vont bientôt arriver, je pense !
– Elles ? interrogea Jean-Kevin.
– Camélia Rozelia, Nelly Strike, Ilyana Manyula, et mademoiselle Miya Rotomu, énuméra Julio. Les autres membres du club, elles n'ont malheureusement pas pu prendre métro en même temps que nous. D'autres choses à faire, sans doute.
– ... attends, plissa Jean-Kevin des yeux. Il y aura d'autres personnes, en plus de nous quatre ?
– Yep ! confirma joyeusement Sofian. Je ne te l'avais pas dit ?
– NON ! vociféra t-il.
– Ah ? J'ai du oublier, hihihi !
– Tu l'as fait exprès plutôt !
– Moi je le savais ! lança innocemment Zmrc. C'est Sofian qui me la dit lorsqu'il m'a invité en précisant bien : « Ne le dis surtout pas à Jean-Kevin, je veux voir sa tête d'ahuri quand il apprendra la nouvelle, hihi ! ».

Le noble tourna lentement la tête vers le brun, assassin.

– Que cela veut-il dire ? siffla t-il bien méchamment.
– Tout cela n'est que pure fabulation ! se défendit vaillamment Sofian.
– Mais enfin, c'est la vérité ! proclama candidement Zmrc.
– Petit, grinça le brun en direction du lycéen au masque. Toi, tu n'iras pas bien loin dans la vie !
– Toi non plus..., se leva Jean-Kevin en faisant craquer ses poings.

Pendant que Jean-Kevin se découvrait des talents de lutteur, Julio eut le temps de commander une tasse de café, qu'il dégusta sereinement.

– Pourquoi Jean-Kevin est fâché avec Sofian ? demanda sérieusement Zmrc.
– Va savoir, sourit évasivement Julio.

***

Quelques bleus plus tard, le calme revint enfin.

– Au moins, relativisa Sofian en se massant ses bosses, j'ai pu voir ta tête d'ahuri !
– ... t'en veux encore ? grinça le concerné.
– J'apprécie l'idée mais non merci !
– Euh, s'immisça Zmrc. Alors comme ça, d'autres gens vont venir ?
– Exactement ! bondit un Sofian trop heureux de pouvoir changer de sujet. Les membres de mon club ! Ce serait super triste de n'être qu'à quatre dans une si belle ville, non ?
– Assurément, acquiesça Julio. Cependant, je ne comprends pas pourquoi vous avez tant tenu à inviter ces filles, mis à part mademoiselle Miya. Gâcher cet endroit paradisiaque par l'horrible présence féminine...

Le majordome soupira profondément, secouant la tête.

– Non, je ne comprends pas...
– Vous êtes misogyne ? s'avança Jean-Kevin.
– Non, réaliste, décréta Julio avec conviction.
– Oh ! s'exclama soudainement Zmrc.

Surpris, les trois autres hommes se tournèrent vers lui.

– Je viens juste de me rendre compte de quelque chose ! Les gens qui arrivent, ce sont les membres de ton club c'est ça ?
– Euh... oui ? pencha Sofian de la tête.
– Et ce ne sont que des filles ?
– ... oui ?
– C'est comme un harem alors ?!
– PFFT !
– Assurément, sourit malicieusement Julio.
– Hé ! protesta Sofian. Ne sois pas d'accord !

Jean-Kevin se gratta le menton, réfléchissant.

– Maintenant que j'y pense, à chaque fois que je t'ai vu, tu étais avec une fille... toujours différente en plus.
– Oooh ! pétilla le lycéen au masque. Vraiment ? Vraiment ?!
– Assurément, continua inlassablement Julio.
– Je ne vois pas où vous voulez en venir ! se défendit Sofian.
– Courir plusieurs Laporeille à la fois, glissa adroitement le majordome.
– Oooh ! s'excita Zmrc de plus belle. Réellement ? Réellement ?!
– Mais non, ce n'est pas ça ! rougit Sofian.
– Si ce n'est pas ça c'est quoi alors ? demanda un Jean-Kevin soupçonneux.

Sofian déglutit, ne s'attendant absolument pas à être interrogé sur la question.

– Euh... et bien..., balbutia t-il. C-C'est mon club, et... ce sont mes assistantes...
– « Assistantes » ? releva le noble.
– C'est un fétichiste, déclara sereinement Julio. Saviez vous qu'il leur donne aussi des numéros ? Comme si elles n'étaient que de simples possessions.
– OOOH ! bondit un Zmrc tout tremblant. J'avais raison ! J'avais raison ! C'est comme un harem !
– Mais nooon ! se plaignit Sofian. Et pourquoi tu racontes tout ça, Julio ?!
– Je ne dis que la vérité, une fois encore. Où alors, contestez vous le fait que vous leur donnez des numéros ?
– O-Oui... enfin... n-non mais c'est que...
– Ta crédibilité m'aveugle, assena un Jean-Kevin blasé.
– Et donc ! Et donc ! sautilla le lycéen au masque.
– ... et donc quoi ? soupira un Sofian qui regrettait d'avoir eu l'idée de ce week-end.

Tout guilleret, Zmrc s'approcha tout près du brun.

– Dans ton harem, c'est qui ta favorite ? Tu sais, celle avec qui tu as le plus envie de faire "ceci" et... et " cela", sans oublier " ça" !!
– Je dois avouer être moi aussi curieux, sourit Julio. Éclairez nos lanternes, monsieur le « chef de club ».
– .....

Sofian resta silencieux, se mordant les lèvres. Deux minutes, on lui posait réellement CETTE question ? A lui ? Diantre, s'il l'avait su, il serait resté dans son lit ce matin ! Qu'est-ce qu'il y connaissait à ce genre d'histoire lui ? Il avait passé son enfance et son adolescence en solitaire, il venait à peine d'élargir son cercle social ! Le brun inspira longuement, tentant de se calmer. Concrètement, on lui demandait de choisir qui il préférait entre ses assistantes, il n'y avait aucun, mais alors absolument aucun autre sous-entendu, assurément !
Donc, en tentant d'ignorer le regard pétillant et impatient de Zmrc, Sofian décida de réfléchir à la question. Maintenant qu'il y pensait, il ne se l'était jamais réellement posée, même en privé. Il tenait à établir un régime de non-préférence dans son club, c'était la moindre des choses !
Mais ces pitoyables excuses mises de cotés, qui, personnellement, il préférait un peu plus que les autres ?

Brusquement et sans crier gare, l'image de Nelly Strike apparut dans sa tête. La mystérieuse Nelly, Sofian se souvint de la première fois qu'il l'avait rencontrée, au Thunderbolt. Un belle et distante jeune femme aux courbes raffinées, sereine, presque immobile, sirotant paisiblement une boisson forte. Une scène digne de figurer sur un tableau de maître.
Cependant, cette beauté froide cachait une puissance surprenante, presque absurde. Sofian avait été plus d'une fois ébahi devant la force de combat de Nelly, sa capacité de prendre des décisions rapides et justes, et toujours avec ce flegme qui la caractérisait. En y repensant, elle était totalement son inverse...

– .... Tu es toujours avec nous ?
– ... hein ?

La voix du noble sortit soudainement Sofian de ses pensées. Trois pairs d'yeux étonné étaient rivées sur lui.

– Ça va faire cinq minutes que vous réfléchissez, expliqua Julio. Serait-ce possible que vous pensiez à quelqu'un en particulier ?
– ... !! N-Non pas du tout ! s'exclama vivement Sofian.
– Vraiment ? plissa Jean-Kevin des yeux.
– C'est suspect..., renchérit Zmrc.
– Gnn... mais pourquoi vous insistez autant là dessus, ça ne vous regarde pas !!
– Alors vous admettez avoir pensé à quelqu'un, déduisit le majordome.
– OOOOH ! s'enflamma Zmrc. Qui ça ? Qui ça ?
– Personne je vous dit ! rougit furieusement Sofian.

Ayant légèrement marre de cette interrogatoire sans aucun sens – selon lui – Sofian se leva et s'enfuit virilement à l'extérieur.

– Vous voyez, sourit Julio. Un homme ne fuit que lorsqu'il a tort.
– Mmh, mmh ! acquiesça joyeusement Zmrc.


***

– Quelle bande de commères !

Marchant furieusement à travers chemins rocailleux de Vermilava, Sofian ne décolérait pas. Il ne s'était pas vraiment pas attendu à ce que CE sujet soit abordé, et encore moins à propos de LUI. Il avait aussi grandement sous-estimé Julio, sous ses airs de majordome de bonne famille se cachait un sadique sans pitié. Ce domestique méritait une petite leçon, Sofian pensa un moment à l'enfermer à double tour dans une pièce remplie de femmes féministes ; la vengeance parfaite ! Enfin, trouver et enfermer préalablement une dizaine de féministes dans la même pièce risquerait d'être légèrement ardu...

Sofian secoua vivement sa tête, non, il n'avait plus les idées claires pour penser des choses pareilles ! Il fallait qu'il se calme. Le brun repéra un petit banc en bois perdu au bord du chemin, il décida de s'y installer ; ce serait l'endroit parfait pour méditer sur soi-même sans qu'un fichu majordome de bleu et blanc ne vienne l'assommer de présomptions toutes aussi fausses les unes que les autres !

N'empêche, toutes ces histoires de relations n'avaient pour ainsi dire jamais traversé l'esprit de Sofian avant cela. Son ignorance sur le domaine était grande, il ne savait même pas ce que ça voulait dire concrètement. Il n'avait découvert le véritable concept d'ami que très récemment après tout, voir au-delà était forcément très prématuré ; sans oublier que le seul couple qu'il avait connu dans sa vie était ses parents. Pas vraiment le meilleur exemple qui soit.

Mais cependant, lorsque ce lycéen au masque de Pikachu lui avait demandé qui il préférait dans son club, pourquoi diable l'image de Nelly était apparue dans son esprit ? Et pire, maintenant qu'il l'avait en tête, impossible de l'effacer ! Diantre, que cela voulait-il dire ?! Non, il n'était tout de même pas...
Sofian chassa rapidement l'idée de son esprit. C'était absurde, et surtout, si c'était le cas, il s'en serait rendu compte plus tôt ! ... ou pas ? Encore une fois, c'était la première fois qu'il y pensait plus ou moins sérieusement, et il était aussi un grand ignorant en la matière...

– Raaaah !!

N'y comprenant plus rien, Sofian laissa s'échapper un puissant cri du cœur. Mais à quoi pensait-il, bon sang ? Comme si c'était le moment en plus, avec toutes ces catastrophes et compagnie d'Avalon ?! Il avait trop de choses à faire pour se laisser porter à de telles élucubrations ! Mais quand bien même, il avait beau nier en bloc, tenter de se concentrer sur les possibles désastres qu'allaient s'abattre sur le monde via le mystérieux « cercle », l'image de la belle Nelly Strike perdurait.

Tout était de la faute de ces fichus Zmrc et de Julio ! Si seulement ils n'avaient pas abordé le sujet, il aurait encore les idées claires en ce moment ! Et au lieu de ça, il était en train de divaguer au lieu de penser à ce qu'y était véritablement important. Si la fin du monde arrivait, ce serait de leur faute tiens !

Sofian laissa sa tête retomber sur ses épaules, soupirant longuement. Concrètement, se triturer l'esprit comme ça sur ce pauvre banc ne servait à rien. Dire qu'il était venu pour se détendre, c'était gagné. Bien que ses pensées soient encore perturbées, le pauvre brun décida de retourner à l'auberge. De toute évidence, il perdait son temps ici et de toute façon il devait être présent avant l'arrivée des filles.

***

Un peu avant midi, le Super-Club de recherche Ultra-Paranormal fut réuni au grand complet au salon du Rez-de-chaussée. Avec bien évidemment en guest-star l'imprononçable Zmrcz,fte et l'inimitable Jean-Kevin Gabaïto. D'ailleurs, ce dernier semblait légèrement intimidé devant autant de monde. Il fallait dire qu'il n'avait pas l'habitude d'être avec autre chose que des majordomes dévoués.
A noter au passage que cette fois-ci, le fauteuil revint à Ilyana, la petite démone ayant littéralement envoyé Julio bouler.

– Comme quoi, tu peux avoir de bonnes idées de temps en temps, sourit Camélia.
– Toujours tu veux dire, fanfaronna Sofian. Avec toute l'agitation de Mérouville, je me suis dis que ce serait sympa d'aller voir ailleurs si on y était !
– Et surtout loin de ce fichu cercle..., grommela Zmrc.
– Mais, plissa Camélia des yeux en fixant un certain noble et le lycéen au masque, qu'est-ce qu'ils font là eux ?
– Ce sont mes nouveaux amis ! tonna fièrement Sofian. Jean-Kevin à l'air un peu stupide comme ça, mais il est sympa au plus profond de lui même, je le jure !
– Je ne sais pas si tu me complimentes ou si tu m'insultes, grinça ce dernier.
– 20 et 80% ! répliqua le brun en un clin d'œil espiègle.
– Alors tu m'insultes plus que tu ne me complimentes !
– Vous vous entendez bien, décréta sereinement Nelly.
– Oui, plissa Camélia des yeux. On dirait presque deux frères vu de loin...
– Qui se ressemble s'assemble, reprit la grande brune.
– Je ne lui ressemble pas !! hurla presque Jean-Kevin. Cessez de profaner des infamies à mon égard !
– Aaaaaah ! geignit dramatiquement Sofian en se tenant le cœur. Mon frère me renie, quelle tragédie !
– Je ne suis pas ton frère !! beugla le noble.

Quelques minutes après la querelle « fraternelle », un semblant de calme revint à l'auberge. Le moment fut choisi pour établir le plan de la journée.

– Miya veut jouer dans le sable ! proclama cette dernière.
– Tu sais, souffla Camélia, on a une grande plage au nord de Mérouville...
– Ce n'est pas pareil, se leva la petite rousse. Ici, c'est du sable des sources chaudes !
– Mademoiselle Miya à raison, la soutint son majordome. Le sable de Vermilava est connu pour ses vertus curatives, nombre de touristes ne viennent que pour s'y enterrer.
– Chelou les touristes, s'étonna Zmrc, je préférerais les sources chaudes moi.
– Évidement, acquiesça le majordome. Vermilava est avant tout connu pour ces...
– LAVA COOKIES !!

Brusquement, Ilyana bondit de son fauteuil, comme si elle venait de trouver la réponse à l'univers.

– On est à Vermilava, ce qui signifie Lava Cookies à la pelle !!

Sept paires d'yeux perplexes la fixèrent, muets par tant de passion.

– ... bah quoi ? grogna Ilyana en fronçant méchamment les sourcils. Z'avez un problème ?
– Pas du tout ! s'esquiva rapidement un Jean-Kevin apeuré.
– De même ! se recroquevilla Zmrc.
– Nyaaah..., miaula faiblement Miya en se cachant derrière sa chaise.
– ..., fit genre Camélia en regardant autre part.
– N'empêche, très joli plafond ! tenta Sofian d'esquiver la réalité.
– Je devrais en prendre les mesures..., le rejoint Julio.
– Gamine.
– ... !!!

Cette fois, tout le monde fixa celle ayant osé dire la vérité, alias Nelly Strike.

– Nelly ! paniqua Sofian. Ne dis pas tout haut ce que tout le monde pense tout bas, c'est la moindre des choses !
– C'est la vérité, se défendit nonchalamment la grande brune.
– Naon, ce n'est pas comme ça que le monde fonctionne ! Dès fois, il faut mentir pour ne pas réveiller le dragon endormi !
– Je n'aime pas mentir, lança sèchement Nelly.
– Alors c'est ça ce que vous pensez de moi...

Ilyana baissa la tête, sombre. Sa chevelure noir de jais sembla flotter au gré de l'aura ténébreuse émanant de son corps. Autant dire que certaines personnes faisaient désormais un peu moins les malins.

– Le démon ! hurla Zmrc.
– .... quelqu'un a une croix et une bible ? geignit Sofian.
– Non, souffla fébrilement Jean-Kevin. Et même, je ne pense que pas que ce genre d'artefact suffirait...
– Bon, se leva Camélia, moi je vais aux toilettes...
– Miya te suis ! se pressa la rousse à couettes.
– Personne ne va nulle part ! Shiki ! vociféra Ilyana en libérant son Dimoret.
– HIIIIIII !!

***

Plusieurs combo-griffe et éclat-glace plus tard...

– Humpf ! bouda Ilyana.
– Gami..., tenta de prononcer Nelly avant que strictement tout le petit groupe ne lui sautât dessus.

Une fois la vérité réduite au silence, de multiples soupirs de soulagements retentirent.

– C'est pas passé loin ! geignit Zmrc.
– J-Je n'aurais pas supporté un autre passage à tabac, avoua Camélia.
– Moi non plus, soupira Jean-Kevin.
– Nyaaah, acquiesçant Miya.
– Bon, reprenons ! tenta Sofian de revenir au sujet. Miya veut euh... jouer dans le sable c'est ça ?
– Oui chef ! affirma t-elle en leva la main. Miya veut faire plein de château de sable !
– Ilyana..., inutile de demander sous peine de déclencher une nouvelle guerre Shiki-enne.
– Humpf ! continua de souffler la petite délinquante.
– ... d'autres suggestions ? geignit Sofian.
– J'aimerais bien faire les boutiques ! se lança Camélia.
– Ha ! ricana Julio. Les femmes et le shopping !
– ... qu'est-ce que ça veut dire ça ? plissa la « femme » des yeux.
– Rien du tout sourit le majordome, je dis juste que ce genre d'activité chronophage, exagérément dilapidatrice et hautement inutile correspond bien à des créatures de votre espèce.
– ... et mon poing, tu veux voir s'il est chronophage ?! grogna la « créature ».
– Calmons-nous ! s'interposa Sofian. Par pitié ne nous tapons plus dessus, on passe pour des sauvages ! Au pire passez vos nerfs sur Jean-Kevin, mais sur personne d'autre !
– Hé ! protesta vivement ce dernier.
– Jean-Kevin ! tonna le brun. Ne rends pas la situation plus compliquée !
– Un dévouement honorable, sourit Camélia en faisant craquer ses poings vers le noble.
– Mais pourquoi suis-je venu ici ?! recula Jean-Kevin.

Et un sacrifice plus tard...

– Nous avons donc quelqu'un qui veut faire du shopping et une autre qui veut jouer dans le sable ! résuma Sofian. Les autres ?
– Moi je veux juste être en paix..., supplia Jean-Kevin.
– De même, trembla Zmrc.
– ... chose que je comprends parfaitement !
– Moi, s'immisça Julio, je veux simplement être loin de toute répugnante trace de féminité.
– Fait attention à ce que tu dis, le prévient Sofian les « traces de féminité » en présence ne sont pas tendres !
– Je vais affronter la championne, déclara Ilyana.
– ... pardon ?
– Je veux tester ma force, c'est une occasion à ne pas manquer ! En espérant qu'Adrianne soit plus compétente que ce crétin à Mérouville...

Par crétin de Mérouville, Ilyana sous-entendait bien entendu le champion de la ville. Un type dont personne ne connaît le nom, qui n'avait eu sa place de champion uniquement parce qu'il a été le premier à lever la main lorsque Roxanne posa la fameuse question qui resterait dans les annales : « Qui veut prendre ma place ? ».
Malheureusement, ce « champion » était extrêmement faible, on racontait même qu'il distribuait les badges sans combattre, lui-même conscient de son incapacité. Cependant, il s'accrochait fermement à son poste ; fonction d'État étant synonyme de moult privilège.

– ... après avoir acheté mes Lava Cookies, précisa néanmoins la petite délinquante.

Tout le monde se retourna d'un coup vers Nelly Strike, vérifiant qu'elle n'eut pas l'idée de prononcer le mot tabou. Constatant que la grande brune avait décidé de se taire, chacun laissa s'échapper un profond soupir de soulagement et remercia abondamment le ciel.

– ... la championne, hein ? reprit rapidement Sofian avant que quelque chose ne dérape.
– Un problème ? grogna Ilyana.
– Aucun ! Je me disais juste que c'était étrange comme activité, pour un week-end de repos...
– Humpf ! siffla la petite délinquante. Je n'ai pas envie de finir aussi faible que certain.
– Alors là, je t'arrête tout de suite ! s'enflamma Sofian. Mon niveau de faiblesse est légendaire ! Même si tu paresses dix ans d'affilée, jamais tu ne l'atteindras !
– .....

Julio toussota délicatement.

– Sofian, glissa habilement t-il, c'est un fait très remarquable certes, mais je doute qu'il ne soit glorieux...
– Non, non ! sourit le brun en faisait gigoter son index de droite à gauche. Comme je le dis souvent, ce qui compte dans la vie c'est d'être le meilleur. Et moi, je suis le meilleur dans la faiblesse, et j'en suis fier !
– Impressionnant, dans tout les sens du terme...
– N'est-ce pas ?
– C'est surtout idiot ! grogna Camélia.
– Mon génie restera à jamais incompris ! souffla dramatiquement Sofian.
– Si tu veux mon avis, le toisa Jean-Kevin. Pour le bien de l'humanité, il vaudrait mieux qu'il le reste, incompris.

Vu que tout le monde le regardait d'un air de pitié absolu, Sofian se redressa et se pressa de changer de sujet.

– Ahem ! Dites, vous n'avez pas faim ?!
– Piètre tentative, commenta sévèrement Nelly.
– Mais véridique, admit Julio. Il est presque l'heure de déjeuner.
– Il doit bien avoir un petit resto dehors, proposa Sofian.
– ... pardon ? s'étonna Jean-Kevin. L'auberge ne propose pas ses propres repas ?
– Si, sourit maladroitement le brun. Mais la formule était trop chère, j'ai bien peur qu'on doive se rationner et s'entraider financièrement !
– Il y a énormément de détails dont je n'étais pas au fait à propos ce voyage..., plissa des yeux le noble.
– Et ce n'est pas fini..., marmonna Sofian.
– ... pardon ?


***

Après quelques recherches, le groupe de huit trouva facilement un petit restaurant bon marché à l'extérieur. Vermilava étant une petite bourgade vivant principalement du tourisme, ce genre d'établissement foisonnait, malgré la petitesse des lieux.
Comme prévu, tout le monde mit la main à la pâte, Jean-Kevin y compris. Ce dernier contribua même – involontairement – plusieurs fois, puisque Miya eut la bonne idée de lui chiper en douce son porte-monnaie afin de payer sa propre part et celle de Julio. Et voyant la petite rousse à couettes faire, Camélia l'imita – Jean-Kevin étant une personne remarquablement facile à voler – , puis, Sofian se servit lui aussi, et après avoir constaté la contenance de la bourse, passa le porte-monnaie à Zmrc, qui en extrait la solde nécessaire, avant de faire tourner vers Ilyana et Nelly. Donc oui, tout le monde avait mis la main à la pâte.

Une fois le déjeuner consommé, Jean-Kevin eut la curieuse impression que son porte-monnaie était un peu plus léger que d'habitude, mais il ne s'en formalisa pas.

Pour l'après-midi, chacun voulant faire des activités différentes et en même temps, le groupe se sépara momentanément. Ilyana alla comme prévu à l'arène locale, après avoir acheté ses cookies bien entendu ; Camélia alla faire de shopping, avec Zmrc – ce dernier étant très intéressé par des boutiques de masques – ; Miya et Julio se dirigèrent vers le sable entourant les sources chaudes ; Jean-Kevin resta paresser à l'auberge ; et Nelly s'éclipsa silencieusement en dehors de la ville.

En y repensant, Sofian remarqua enfin que cette dernière n'avait pas dit ce qu'elle souhaitait faire de l'après-midi. Toujours aussi mystérieuse, cette brune. Et tout ce mystère intriguait Sofian. Surtout qu'il n'arrivait toujours pas à s'enlever la demoiselle de son esprit. Il fut cependant rassuré d'avoir été capable d'agir normalement en sa présence précédemment, le brun appréhendait réellement que ses pensées parasites ne viennent perturber son comportement. Mais finalement, ses craintes s'étaient révélées infondées, même s'il avait tout de même un inexpliqué et continu petit pincement au cœur.

Le brun foula enfin le basalte de Mont Chimnée. Il était certain d'avoir vu Nelly se diriger dans le coin, non pas qu'il la suivait ! Il était juste curieux, oui, juste curieux, rien de plus, assurément. A la base, il n'avait même pas voulu s'aventurer là haut sur la montagne. C'étaient ses pieds qui avaient avancé d'eux-mêmes, lorsqu'ils aperçurent la fine silhouette de Nelly arpenter le chemin sinueux. Sofian n'avait pas eu d'autre choix que de se laisser porter.

– ... ?

D'ailleurs, en parlant de Nelly, où était-elle ? Le sentier était en ligne droite, normalement elle aurait dû être devant lui ! Or, Sofian arriva au rebord d'une falaise volcanique, sans aucune trace de brune à l'horizon.

– Tu me suis ?

Sofian sursauta vivement, surprit par cette voix nonchalante si familière. Lorsqu'il se retourna, se fut sans étonnement qu'il aperçut son assistante N°2.

– N-Non ! se justifia rapidement le brun. J-Je... je passais juste dans le coin !
– Hm, plissa sévèrement Nelly des yeux.
– J-Je t'assure ! transpira un Sofian livide.
– Hm.
– ... arrête de me regarder comme ça, je t'en supplie !

Nelly continua de toiser suspicieusement Sofian avant de finalement se détendre et d'avancer simplement jusqu'au rebord de la falaise.

– Ça faisait longtemps.

Sofian pencha la tête, interloqué.

– Qu'on ne s'était pas retrouvés seuls, termina Nelly.
– ...

Brusquement, Sofian sentit son cœur bondir hors de sa poitrine. Il sera les dents. Diantre, qu'est-ce que cette situation était embarrassante ! Rien à voir avec tout-à-l'heure, lorsque tout le groupe était ensemble !
Entre ses genoux fébriles, ses nerfs rigides et sa poitrine folle, Sofian avait l'impression de ne strictement plus rien controler.

– Tu ne dis rien ? remarqua Nelly.
– ...euh...

Pas de moqueries, ce « mot » était sans doute le plus élaboré qu'il pouvait sortir dans ce genre de situation.
Dire qu'il y avait à peine une heure, le pauvre brun avait été capable de s'exprimer de tout son saoul, et maintenant, son niveau d'expression s'approchait du néant complet. Était-ce un effet secondaire des élucubrations de Zmrc et de Julio ce matin ? Décidément, ces deux-là ne perdaient rien pour attendre !

Soudainement, une vibration caractéristique sortit Sofian de son état second. Intrigué, il sortit son portable ; il avait un nouveau message.

[Nel' : Tu n'arrives à parler ? (´o.o`) ]

– ... haha...

Sofian laissa s'échapper un petit ricanement, du point de vue de Nelly il devait avoir l'air d'un bel imbécile. Il avait l'air de ce qu'il était en fait. Enfin, ce petit message avait au moins eu le mérite de le détendre légèrement.

– N-Non, ça va. J-Je suis juste un peu... soucieux en ce moment !

Nelly baissa un instant les yeux, réfléchissant, avant de déclarer subitement :

– « Suspension Bridge Effect » ?
– ... pardon ?

La grande brune avança à la limite du précipice, se retourna vers Sofian, et écarta les bras comme si elle s'apprêtait à sauter.

– La peur de voir une personne du sexe opposé dans une situation de danger provoque un sentiment semblable à l'amour, expliqua t-elle sereinement.
– ...., geignit intérieurement Sofian.
– Serais-ce ton cas ?
– N-non ! bondit le brun. E-Enfin, c'est... euh... comment dire... gnn... !

Comment diable pouvait-elle parler aussi simplement de choses aussi embarrassantes ?! A l'heure actuelle, Sofian était si rouge qu'on jurerait qu'il était sur le point d'exploser, sensation renforcée par ses multiples et brusques mouvements de bras inexpliqués.

– Je plaisantais, avoua Nelly.
– .... ah.

Encore une fois, Sofian se sentit si stupide qu'il avait envie bondir de la falaise, là, tout de suite. Nelly pouffa légèrement.

– Je ne m'attendais pas à cette réaction.
– Gnn ! s'empourpra Sofian de plus belle. C'est toi aussi, quelle idée de dire quelque chose comme ça !
– Hm, médita la grande brune.

Après quelques secondes de silence, Nelly pencha légèrement la tête.

– Tu as peut-être raison.
– ... mouais, tant que tu comprennes ! ... et sinon, qu'est-ce que tu fais là ?


Aussi nonchalante que d'habitude, la demoiselle brune se retourna et s'assit purement et simplement sur le rebord rocailleux. Sofian tressaillit, un seul faux mouvement et elle tombait irrémédiablement au plus profond du gouffre naturel. Tiens, c'était peut-être ça le fameux « Suspension Bridge Effect »...

– J'observe, déclara t-elle simplement.

Et effectivement, la grande brune plongea son regard étrangement chaleureux au loin.

– Le monde est vaste, lança t-elle soudainement.
– ... oui ?

Sofian répondit automatiquement une réponse automatique. D'un autre côté, répliquer un « non » à cette affirmation aurait semblé un peu idiot.

– Vous avez de la chance d'être nés ici.
– ... en effet ?

Encore une phrase énigmatique. Sofian était en général très bon aux devinettes, mais pour Nelly, c'était une tout autre histoire. Essayer de comprendre ses phrases était comme tenter de déchiffrer des hiéroglyphes anciens, on trouvait ça très joli mais on n'avait fichtrement aucune idée de ce que cela pouvait bien vouloir dire.

Nelly ne dit plus rien d'autre, beaucoup trop occupée à contempler le paysage. Sofian lui aussi était occupée, non pas à admirer la beauté de l'azur céleste, ni l'immensité sylvestre s'imposant en contrebas, et encore moins la mystérieuse cendre faisant la particularité de la région qui valsait gracieusement sous l'impulsion des sylphides.
Non, malgré toutes les merveilles naturelles s'offrant à lui, le regard de Sofian restait inlassablement fixé sur la svelte demoiselle brune. Elle était immobile, pittoresque, captivante.
Au bout de plusieurs minutes, Sofian dut se rendre compte de l'évidence : son regard envers Nelly avait changé. En fait, peut-être qu'il avait toujours été ainsi, mais qu'il n'en avait simplement pas conscience...
Une foule de questions vient de nouveau triturer l'esprit du brun ; c'était là le signe de cette journée il semblerait.

– Dis-moi, demanda brusquement Nelly.
– ... ?
– Si tu pouvais mourir à n'importe quel moment, comment réagirais-tu ?
– Pardon ?
– Vivre pleinement et craindre en permanence son destin ; ou attendre simplement la fatalité sans regret, puisque l'on aura jamais vraiment vécu. Deux choix incompatibles.
– ... en voilà une question étrange !
– Hm.
– Mais je pencherais pour la première solution. J'ai passé mon enfance sans réellement la vivre, comparé à maintenant, j'ai l'impression d'avoir perdu mon temps. Si je devais mourir maintenant, je regretterais de ne pas pouvoir profiter plus de ma vie ; mais je serais satisfait d'avoir vécu temps de moments heureux !
– Hm, sourit légèrement Nelly.

La demoiselle leva son regard vers le ciel.

– Je pense la même chose. Mais je serais tout de même triste.
– ... Nelly ? s'inquiéta soudainement Sofian. N-Ne me dis pas que tu es gravement malade, sur le point de mourir ou quelque chose du genre !
– Ça te fais peur ?
– Un peu, oui ! cria presque le brun.

Toujours assise sur le bord de la falaise, Nelly se pencha en arrière jusqu'à pouvoir entrapercevoir Sofian.

– « Suspension Bridge Effect », déclara t-elle avec un petit sourire en coin.
– Qu... !! Tu te fichais de moi ?!
– Peut-être.
– Raaah ! s'énerva Sofian. Mais j'ai vraiment eu peur moi ! Ne refais plus jamais ça !

Constatant que le chef du club ne plaisantait pas, Nelly se redressa, légèrement peinée.

– Désolée, souffla t-elle.
– ... tant que tu comprennes ! grommela Sofian. La mort c'est hyper sérieux, surtout lorsque ça concerne les proches !
– Les proches..., répéta une Nelly songeuse. Tu me considères comme une proche ?
– É-Évidemment ! rougit furieusement Sofian. Tu fais partie du groupe, comme tout le monde !
– Hm.

La grande demoiselle brune se releva, un énigmatique sourire sur le visage. Elle se retourna, provoquant au passage un magnifique contre-jour sublimant ses contours.

– Oui, c'est vrai. Je fais partie d'un groupe.

Étrangement, Sofian perçut comme une pointe de soulagement dans cette phrase. Nelly Strike était encore plus insaisissable que jamais ; une femme mystérieuse imposant une telle aura de noblesse qu'elle pouvait changer l'ambiance de sa seule présence. Sofian sourit à son tour, pas étonnant qu'il se sente tout petit et intimidé face à elle. Même s'il y avait peut-être quelque chose de plus...


***


La nuit était tombée sur le paisible village de Vermilava. Visiblement, chacun avait globalement apprécié son après-midi. Sauf peut-être Ilyana, qui s'était fait laminer à l'arène. Peut-être aurait-il fallu lui dire qu'avoir uniquement un Dimoret face à une championne feu n'était pas franchement une bonne idée ; d'autant plus que le match d'arène se jouant à trois Pokémon contre trois, n'avoir qu'un seul Pokémon n'était de base pas très avantageant. En revanche, la petite délinquante s'était consolée en consommant une quantité astronomique de Lava Cookies, alors peut-être n'était-elle pas si mal au point que ça finalement.

Restriction de budget oblige, le groupe avait réservé deux chambres, l'une pour les garçons, l'autre pour les filles. Ce fut donc tout naturellement que le quatuor de garçon se retrouvèrent sous leur abri provisoire.

– C'est étrange..., grommela Jean-Kevin. J'étais persuadé d'avoir plus d'argent dans mon porte-monnaie...

Sofian et Julio se regardèrent réprimant un sourire.

– Tu devrais le savoir ; l'argent, ça va, ça vient ! s'exclama Sofian.
– Assurément, confirma Julio, ce genre de chose est on ne peut plus éphémère.
– Bah ! s'étonna Zmrc. C'est pas parce qu'on a tous piqué dedans ?
– ...
– ...
– ...

Le chef de club et le majordome exécutèrent un parfait et magnifique facepalme d'une synchronicité stupéfiante.

– Petit, geignit Sofian, qu'est-ce que j'avais dis sur ton avenir déjà ?
– ... ? pencha innocemment Zmrc de la tête.
– Qu'il ne fera pas long feu, répondit Julio à sa place.
– Attendez ! intervint Jean-Kevin. Qu'est-ce que cela signifie ?! Vous m'avez volé ?!
– Bien sûr que non, lui sourit Sofian. Nous n'oserons jamais faire une telle chose !
– Mais siii ! insista le lycéen au masque. Je m'en souviens parfaitement, on s'est tous passé le porte-monnaie en douce, sans qu'il ne le remarque !
– PARDON ?! bondit Jean-Kevin.

Sofian et Julio soupirèrent.

– Et bien, mon ami, signifia Julio. Que faisons-nous ?
– Élimination des témoins gênants ? proposa Sofian.
– Assurément.

Avec un regard entendu, les deux acolytes saisirent chacun un gros oreiller et le fracassèrent simultanément sur le crâne de Zmrc et dans la foulée sur celui de Jean-Kevin. La frappe fut si puissante que les deux victimes tombèrent dans les pommes.


***


– Grrbll...

Dès son réveil, Jean-Kevin s'était mis à bouder dans son coin, toisant fixement les trois autres garçons d'un regard noir dont il avait le secret.

– Bah ! s'étonna Zmrc. Pourquoi il est en colère ?
– .... tu veux un autre coup d'oreiller ? grinça Sofian.
– Non ! paniqua soudainement le lycéen au masque.

Julio secoua la tête, accablé.

– Bien, j'imagine que nous avions peut-être eu tord de vous dérober votre argent. Peut-être.
– Pas de peut-être ! grommela le noble. C'était toute mes économies !!
– Allons, nous allons bien sûr vous rembourser, inutile de faire cette tête de Férossinge.
– Encore heureux ! s'exclama vivement Jean-Kevin. Et j'exige des dommages et intérêts !
– N'abusez pas de notre générosité, le menaça le majordome. Ou vous n'aurez que des dommages...
– Cela vous va bien de parler de générosité...

Ignorant totalement la tension ambiante, Zmrc, tout guilleret, s'exclama joyeusement :

– Dites, dites ! Vous savez quoi ?!
– Vous devriez réellement apprendre à lire l'ambiance, soupira Julio à sa destination.
– ... ? s'interrogea une seconde Zmrc avant de reprendre. Plus tard ! Vous savez la particularité de cette auberge ?
– ... non ? plissa Sofian des yeux.
– C'est simple, les clients peuvent se baigner dans les sources chaudes privée de l'auberge quand ils le veulent ! Il paraît que c'est génial, surtout le soir !
– Mmmh, réfléchit le brun, la perspective est intéressante...
– Mais ce n'est pas tout ! renchérit le lycéen au masque.
– Quoi d'autre ? s'étonna Jean-Kevin.

Zmrc se leva brusquement, tout joyeux.

– Je me suis renseigné sur le top 10 des choses à faire à Vermilava avant de venir ! fanfaronna t-il.
– ... et donc ? s'impatienta Sofian.
– Et bien, pour les garçons, ce qui arrive en numéro 1 est bien sur....

Le lycéen marqua une courte pause, fixant joyeusement un à un chaque membre de son auditoire, histoire de faire monter la tension, avant de crier un gros :

– ... espionner le bain de filles bien sûr !
– PFEUUH !

Sofian et Jean-Kevin crachèrent instinctivement sous l'effet de la surprise. Seul Julio semblait perplexe.

– Que gagnerons nous à espionner ces immondes créatures ?
– Je ne sais pas ! avoua Zmrc. Sur le site, c'était juste marqué que c'était génial !
– D-Deux secondes ! parvint enfin à prononcer Jean-Kevin. J-Je ne suis pas certain que cela est une bonne idée...
– Mais c'était le top 1 !
– L'argument est faible..., geignit le noble.

Zmrc ricana.

– Ah ! Et sur le site, ils disent aussi que c'est une activité que seule les plus courageux sont capables de tenter ! Mais j'imagine que c'est trop demander pour vous...
– ... comment ?

Piqué au vif, Jean-Kevin se redressa, courroucé.

– Tu OSES dire que je ne suis pas courageux ?! Je suis le grand Jean-Kevin Gabaïto, jeune inconscient ! Il n'y a rien que je ne sache faire !
– Chouette alors ! s'enthousiasma Zmrc. Alors tu viens avec moi ?!
– ... euh ? s'étonna le noble réalisant trop tard qu'il s'était fait avoir. E-Et bien... hem... comment dire...
– Tu ne vas pas te défiler tout de même !
– Gn... ! É-Évidemment que non ! J-Jean-Kevin Gabaïto n'a qu'une parole !
– Paix à votre âme..., souffla Julio.
– Et toi n'en rajoutes pas !

Satisfait d'avoir capturer sa première proie, Zmrc se tourna vers Sofian.

– Tu ne viens pas, Sofian ? demanda t-il innocemment.
– ... pas vraiment, plissa ce dernier des yeux.
– Ah ? C'est dommage ! Qui sait, peut-être y aura t-il les membres de ton harem !
– Ce n'est pas un harem ! se défendit ardemment Sofian.
– Bah, harem ou pas, c'est l'occasion ou jamais ! insista le lycéen au masque.

Brusquement, Sofian eut comme une révélation. Hé, peut-être, juste peut-être, que Nelly était en ce moment même dans les sources chaudes...
Le brun sentit ses joues rougir et secoua vivement la tête. Bordel, mais quoi il pensait?! Ça ne le ressemblait tellement pas ! Mais désormais, son intérêt fut diablement piqué. Les poings serrés et les nerfs à vifs, il succomba à la tentation.

– D'accord ! abandonna t-il. Je viens aussi !
– Doux Arceus, s'étonna Julio.
– Oh ? fit un Zmrc surprit. Ce fut plus rapide que je le pensais !
– Pas de commentaires, grommela Sofian. J-Je ne pouvais pas laisser Jean-Kevin seul dans cette galère, c'est mon ami, je dois le soutenir !!
– Vous savez, sourit Julio, le fait que vous rougissez, tremblez et gesticulez les mains dans tous les sens ne vous rend pas plus crédible.
– Gn...

Zmrc hocha la tête, tout joyeux. Bien, il avait attraper ses deux poissons. Plus que le troisième, le plus difficile pour la fin.

– Julio, s'avança le lycéen au masque. Tu n'aimes pas les filles n'est-ce pas ?
– Assurément, répliqua ce dernier sans hésiter. Ce sont des abominations ne méritent même pas d'avoir forme humaine.
– Je vois, je vois. Alors tu ne ferais rien pour leur faire plaisir ?
– Quelle est donc que cette infamie encore ? plissa le majordome des yeux. Évidemment que non, au contraire, je ferais tout pour les nuire !
– Ça tombe bien ! bondit vivement Zmrc. Les filles détestent par dessus tout être espionnés ! Du genre vraiment ! Si tu veux vraiment les nuire au plus haut point, c'est le moment où jamais ! La situation ne se reproduira pas une deuxième fois !
– .... ces créatures détestent réellement cela ?
– Et comment ! Tu ne peux pas savoir dans quel état de rage ça les met ! C'est le plus mauvais coup qu'on puisse leur faire !
– Mmmh...

Julio plongea un instant dans ses pensées, avant d'acquiescer.

– Dans ce cas, si je peux montrer à ces viles créatures à quel point je les haïs, je le ferais.
– Chouette !

Et paf. Trois sur trois, succès critique pour Zmrc, alias le lycéen au masque de Pikachu !

« Haha ! ricana t-il mentalement. Trop facile ! »


***


Peu après, le quatuor partait en mission, aussi furtif et discret qu'un groupe d'Amphinobi. L'auberge en elle-même n'était pas très grande et à cette heure-ci, les risques de rencontrer des badauds vagabondant à travers les coursives étaient minces ; mais prudence était de mise. Après tout, l'objectif du petit groupe devait rester secret, il fallait éviter tout témoin.

– ... dis, lança Sofian à Zrmc. Pourquoi tu n'enlèves pas ton masque ? Quitte à être discret...

Question légitime. Sur une échelle de discrétion, un lycéen affublé d'un gros masque de Pikachu noir, ça ne volait pas bien haut. De plus, Zrmc avait la particularité d'avoir si peu de présence qu'il était quasiment invisible sans son masque et ça, pour une mission secrète, c'était le top.

– Je n'ai pas choisi de le faire car c'est simple, mais justement parce que c'est difficile, signifia t-il fièrement.
– ... pardon ?
– C'est une super phrase que j'ai lue dans un bouquin ! En gros, si je ne prends pas de risque, c'est moins marrant !
– ... mouais...

Cependant Sofian trouverait encore moins marrant de se faire prendre. Enfin, il s'était laissé tenter par ce même lycéen au masque, alors qu'il assume maintenant.

Une approche directe aurait été du suicide pur et simple, ce fut pourquoi les quatre garçons se faufilèrent à l'extérieur. Les sources chaudes étaient à l'air libre, cloisonnées par de hautes et épaisses barricades de bois, de ce fait, l'idée était simple. Il fallait se concentrer à chercher soit des failles dans la barricade ou carrément trouver un moyen de voir au dessus.

– ...
– ...
– ...
– ...

Cependant, une fois arrivés à destination, tous se regardèrent, perplexes. Visiblement, ils n'étaient pas les seuls à avoir eut la même idée. En fait, c'était même pire que ça, vu la foule masculine s'étant amasser à l'ombre des barricades.
Un vieil homme bien habillé remarqua les nouveaux venus et se dirigea vers eux, un grand sourire aux lèvres.

– Bienvenue à l'attraction principale de Vermilava ! s'inclina t-il. La corporation Voyeurs&Co est heureuse de vous recevoir.
– ... l'attraction principale ? releva Jean-Kevin.
– ... la corporation quoi ? plissa Sofian des yeux.
– La corporation Voyeurs&Co, répéta l'homme. Je suis moi-même le représentant de la branche affectée à cette auberge. Nous somme une entreprise sérieuse et professionnelle, permettant aux jeunes comme vous de satisfaire leur besoin de jouissance visuel !
– Je commence à avoir mal à la tête..., geignit Julio.

Sans ce démonter, le représentant de l'étrange corporation désigna plusieurs stand installés dans le coin.

– Ici, nous vendons tout ce qui est nécessaire pour un espionnage efficace et discret ! Toutes sortes de caméras miniatures, petites perceuse silencieuses afin de trouer la barricade, prêt de Keckléons afin de devenir invisible, paquet de mouchoirs pour des raisons évidentes...
– Qu'est-ce que..., parvint à peine à finir Sofian.
– Ah j'oubliais ! reprit le vieil homme. Bien évidemment, notre corporation ne se limite pas à voyeurisme féminin, une autre branche est affectée du côté du bain des hommes, y a pas de raisons, n'est-ce pas ?
– C'est bon à savoir..., grommela Jean-Kevin.
– Mais vous avez le droit de faire ça ? geignit Sofian.

Le représentant de Voyeurs&Co rigola de bon cœur.

– Nous sommes une entreprise sérieuse et professionnelle je vous l'ai déjà dit ! La direction de l'auberge est au courant de notre présence, mais évidement, ce n'est pas le cas des locataires. Secret et discrétion sont nos deux mots clefs !
– Secret et discrétion ?

Sofian plissa les yeux en jetant un œil à la masse masculine accumulée non-loin.

– ... sérieusement ?
– Je vois la question dans votre regard ! s'amusa le vieil homme. Comment parvenons nous à rester aussi secrets avec tant de clients ? C'est simple. S'ils nous dénoncent, nous serions forcés de mettre fin à notre commerce. Or, nous offrons à ces âmes en peines un véritable oasis de bonheur, aucun d'autre eux ne voudrait le voir disparaître. D'ailleurs, le seul moyen de connaître notre existence est de venir directement ici, et seuls les pervers les plus chevronnés foulent cette terre ! C'est pourquoi nous réussissons à perdurer, encore et toujours !
– Le monde est décidément empli de mystères...
– Haha ! Mais certains mystères ne le seront plus pour vous si vous profitez de nos services ! s'amusa le représentant avec un petit clin d'œil. Sur ce, je vous laisse, petits chenapans, les affaires m'appellent !

Et l'extravagant vieil homme se retourna vers d'autres clients, laissant le quatuor masculin aussi circonspect qu'au début.

– Je ne sais pas vous, souffla Zmrc. Mais je suis un peu déçu.
– ... de même, admit Jean-Kevin.
– On devrait prévenir les filles de ne pas utiliser les sources chaudes..., pointa Sofian.

Seul Julio avait une vision différente des choses.

– Ça alors, s'étonnait-il encore. Il y a autant d'individus qui haïssent les femmes ?

Le groupe décida de rentrer dans leur chambre. Tant pis. De toute façon, l'ambiance avait été quelque peu fichue en l'air avec cette étrange corporation. Même si Julio ne comprenait pas ce soudain retrait.
En passant, le quatuor laissa un message sous la porte des filles, les mettant anonymement en garde, en espérant que cela suffît.
Les garçons décidèrent également de ne pas utiliser leur source chaude, mais de se servir à tour de rôle de la douche individuelle de leur chambre. Après avoir néanmoins vérifié qu'aucune caméra cachée n'était planquée dans le coin, on n'était jamais trop prudent.
Et puis, une fois le minimum de toilette effectué, les membres quatuor masculin s'endormirent un à un...


***

Minuit. Il se faufila discrètement à travers la chambre, une gemme à la main.
C'était le moment, il était désolé de laisser ses camarades en plan comme ça, mais il n'avait pas le choix. Au moins, il avait apprécié ce dernier jour passé en leur compagnie.
Si Sofian avait choisi Vermilava, ce n'était pas uniquement parce que c'était une bourgade paisible retirée de tout. Non, c'était parce que c'était l'endroit.

Le brun sortit de l'auberge, et sous le ciel nocturne, se dirigea vers le Mont Chimnée. Depuis l'étrange déclaration d'Eroman, Sofian n'avait cessé d'analyser la Géogemme qu'il lui avait confié. Le mystère de la pierre lui fut rapidement révélé, c'était même très simple ; dès qu'il touchait la pierre, une image floutée d'une petite grotte venait à lui.

A l'aide de ce seul indice, Sofian passa la semaine à localiser l'endroit. Au bout d'un moment, le brun remarqua le petit détail qui fit mouche, c'était de la roche volcanique. Or, il n'y avait qu'un seul volcan à Hoenn ; le Mont Chimnée. Restait maintenant à trouver l'origine de la vision.
Pour ce dernier point, Sofian ne se faisait pas trop de soucis. Il avait examiné la Géogemme il y a peu, et la vision de la grotte se fit plus précise que jamais. Le brun aperçut même l'extérieur de la cache, lui donnant ainsi de précieuses informations sur sa localisation.

Évidemment, Sofian n'avait aucune idée de ce qu'il devait faire une fois à l'intérieur. Cependant, il savait qu'il devait y être, avec la Géogemme. Il allait jouer le jeu d'Avalon, et le terminer. Il en avait assez d'être le dindon de la farce, il comptait bien avoir son mot à dire.

Résolu comme jamais, Sofian commença l'ascension du volcan, sans se douter une seule seconde de ce qui l'attendait.