Nous serons les meilleurs dresseurs ... de Naerth

Taï et Johanna s'approchent de Bourg-en-ciel. Depuis le début de son voyage, le dresseur n'est encore jamais retourné dans son village natal. Cependant, il avait très envie de revoir Evoli et ne savait plus vraiment quoi faire après avoir enfin vaincu Morgane. Sur le chemin, Johanna et Pikachu avaient eu une dernière dispute qui a conduit la jeune fille au choix de faire l'échange inverse avec Édouard, un ami d'enfance, à qui elle avait cédé son Miaouss contre le Pokémon électrique. Au terme d'un rude combat, montrant la caractère désagréable du possesseur d'un Persian, Pikachu a montré à quel point il voulait réellement faire efforts et rester avec Johanna. La blonde a finalement décidé de le garder et de le considérer comme son véritable premier Pokémon. Toutefois, elle n'est pas encore sûr que Pikachu soit suffisamment docile, même si leurs liens sont désormais tissés à jamais. La souris jaune marche donc tranquillement à côté de sa maîtresse, alors que le petit groupe arrive à l'entrée de la ville. Taï en profite pour laisser sortir Elekid, qui également ravi de revenir ici.


-C'est quand même plus grand que ce je pensais, avoue Johanna.

-Je n'ai pas arrêté de te le répéter. C'est plus une petite ville, ou un très grand village. Nous avons notre propre école Pokémon. C'est vrai qu'il n'y a pas de supermarché, mais on a suffisamment de fermiers. De plus, plusieurs bus passent tous les jours si on a vraiment besoin d'aller en ville.

-On reste quand même dans un lieu rural. Les rues sont encore pavées, quand ce n'est pas un chemin de terre.

-Oui, c'est la campagne, mais un pas un trou paumé non plus.


À Bourg-en-ciel, tous les habitants saluent Taï et Elekid, et ceux qui ne sont pas trop occupés se présentent même à Johanna en supposant qu'il s'agit de sa petite amie. Ils doivent donc passer une bonne demi-heure à démentir les passants avant d'arriver à la maison des parents du dresseur. Le bâtiment en lui-même n'est pas plus grand que les autres, mais derrière, un domaine largement plus important que le village s'étend à l'intérieur d'un enclos en bois. Taï saute par-dessus une barrière.


-On ne passe pas par la porte ?

-Non, à cette heure-là, mes parents doivent s'occuper des Pokémon. Allons les voir tout de suite !


Le garçon semble vraiment heureux de les retrouver. Johanna repère plusieurs granges, alignés sur l'une des bordures du terrain. Sur le mur de la maison, elle voit qu'ils sont en plein aménagement spécifiques pour certains Pokémon. Ils leur manquent notamment un endroit ressemblant à un désert, mais un lac artificiel vient d'être fini. Pikachu lui fait remarquer que Taï court très vite. Johanna quitte donc des yeux les travaux à faire pour rattraper son ami. Quand elle le rejoint enfin, il a déjà commencé à discuter avec ses parents.


-Ah, et je vous présente Johanna.

-On l'a reconnue, dit son père sur un ton plaisantin.


En effet, elle a déjà parlé avec eux lorsque le jeune garçon leur téléphonait, même si cela arrivait rarement.


-Ça a l'air d'aller mieux avec ton Pikachu, commente la mère.


Johanna approuve et leur raconte tout ce qu'il s'est passé depuis qu'ils sont partis de Safrania.


-Alors tu es prête à participer à la Ligue Pokémon ?

-Pas vraiment. Je n'aurais jamais assez de temps pour avoir mes huit badges. De toute façon, je n'ai pas envie de me retrouver face à Taï. Il est bien plus puissant que moi, et pourtant, il fait partie des dresseurs les moins forts que je connaisse.

-Merci beaucoup, ironise l'intéressé. Je suis moins fort qu'Akaï, c'est sûr, mais je suis capable de vaincre tous les autres.

-Bref, j'attendrai l'année prochaine. Là, je serai vraiment prête et mes Pokémon auront déjà un peu d'expériences. Même Minidraco pourra livrer de sérieuses batailles.

-C'est tout le mal qu'on te souhaite.


Ils continuent de discuter tous les quatre quelques minutes avant qu'Evoli n'arrive et saute dans les bras de son maître. Il ne lui en veut pas de l'avoir laissé ici. Les parents de Taï s'occupent très bien de lui et il s'amuse beaucoup avec les Pokémon d'Akaï, en plus de s'entraîner.


-Il a oublié charge, indique le père du dresseur. À la place, il sait utiliser attraction. J'espère que ça ne te dérange pas.

-Non. Au contraire, ça prouve qu'il a bien grandi. En plus, j'ai remarqué qu'il était plus défensif qu'offensif. Il possède déjà morsure en capacité physique et écho en attaque de type normal. Je suis sûr qu'il m'impressionnera d'ici la prochaine d'arène.

-Tu le reprends avec toi ?

-Oui. Le problème, c'est que je ne sais pas qui laisser, explique Taï. Carabaffe n'a pas encore pu livrer de match d'arène, donc je veux le garder. Elekid restera toujours avec moi. Après, j'aimerais toujours être avec tous mes Pokémon, tout en continuant à voyager.

-J'ai une idée, propose sa mère. Le temps de ton séjour ici, vous allez laisser tous vos Pokémon, toi et Johanna s'amuser ici. S'entraîner c'est bien, mais un peu de repos est également essentiel. Quand tu voudras repartir, tu leur demandera si l'un d'eux accepte de rester quelques temps.

-Oui, ça me va.


Taï repose Evoli à terre puis ouvre les cinq pokéballs accrochées à sa ceinture, l'une après l'autre. Il leur explique la situation, puis les laisse gambader tranquillement à travers tout le domaine.


-C'est quand même un très grand endroit.

-C'est essentiel pour une pension, explique la mère. Il faut de l'espace pour qu'un Pokémon grandisse correctement. Avant, c'était à mon père. Il a passé une bonne partie de sa vie à acheter les terrains adjacents pour s'agrandir.

-J'étais son apprenti, continue son mari. Au début, je m'étais engagé pour séduire sa fille. Quand il sentait qu'il avait du mal à gérer les Pokémon et les négociations, il m'a donné cet endroit, et un peu plus tard la main de sa fille. Par contre, il a continué à agrandir le terrain jusqu'à sa mort.

-Aujourd'hui, nous en avons plus qu'il n'en faut. Mais au moins, on peut créer des espaces pour chaque environnement.

-Oui, j'ai vu les notes sur la maison.

-Ah bon ? Je n'étais pas au courant, dit Taï.

-On a commencé avant ta naissance, mais tu n'écoutes jamais nos histoires.


Le dresseur hausse les épaules. Il propose ensuite à ses parents de les aider, mais ils refusent. Ils préfèrent que les enfants se reposent. De plus, ils savent que leur fils doit également réfléchir à la prochaine arène qu'il défiera. Pour le moment, Taï et Johanna vont donc à l'intérieur de la maison. Elekid les suit, car il ne veut pas quitter son dresseur plus d'une seconde. Le reste de la journée se passe tranquillement. On aménage la chambre d'Akaï afin que Johanna y dorme, puisque le grand garçon est absent pour le moment. Le lendemain, Taï veut commencer à vérifier dans quelle arène aller. Afin de ne pas abîmer le guide régional de Johanna, celle-ci veut photocopier la carte où sont annotés toutes les arènes de Kanto. Malheureusement, aucune photocopieuse ni imprimante ne se trouve à Bourg-en-ciel. Elle doit donc faire un aller-retour en bus à la ville voisine. Elle y va seule, avec Pikachu. Taï reste donc chez lui et, malgré leurs réticences, aide ses parents.


-Si tu y tiens tant, dit son père, va dans la zone savane. Elle n'est pas encore terminée, mais la plupart des Pokémon venant d'endroits comme le Parc Safari s'y plaisent. Il faut que tu les nourrisses.

-Pas de problème.


Il charge une grosse carrioles de plusieurs sacs de nourriture, puis commence à tirer le véhicule. Elekid vient lui prêter main forte, suivi rapidement pour les Pokémon de Taï et de Johanna. Tracter tout ce poids n'a jamais été aussi facile. De plus, la zone savane est assez éloignée des granges. Ils y arrivent tout juste à midi. Ils préparent les gamelles et s'apprêtent à partir, pour laisser les occupants tranquilles. C'est alors que de gros bruits de pas retentissent. Un grand Pokémon les empêche de s'en aller.

« Kangourex. Type normal. Forme de base. Pokémon maternel. Il élève son petit dans sa poche ventrale. Celui-ci quitte rarement cette poche, à moins d'être en lieu sûr. La mère est extrêmement protectrice. Si son bébé est blessé, elle entrera dans une immense colère. »

Kangourex regarde Taï d'un air mauvais.


-Bonjour... on vient d'apporter à manger. Ce n'est pas à ton goût ?


Kangourex rugit et tente de frapper le jeune garçon avec un ultimapoing. Heureusement, il se fait bousculer par ses Pokémon et seul le sol reçoit le coup. Evoli commence à lui crier dessus, mais Kangourex ne semble pas d'accord avec lui.


-Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi il m'en veut ?


Le grand Pokémon fait signe d'un doigt à Evoli de venir l'affronter. Conscient qu'il ne comprendra pas le problème tant que Kangourex ne sera pas calmé, Taï accepte le défi. Dans le pire des cas, il a plus d'une dizaine de compagnons prêt à intervenir. Le kangourou commence par coup double. Le Pokémon chromatique l'affaiblit avec regard touchant puis encaisse l'attaque. Evoli a bien renforcé ses défenses depuis qu'il est ici. Il réplique avec attraction, rendant ainsi son adversaire amoureux de lui.


-Ça nous laissera quelques instants de répit. Continue avec des regards touchants jusqu'à ce que sa force soit diminuée au maximum.


Malheureusement, même en étant sous le charme, Kangourex a quelques moments de lucidité, comme lors d'une confusion, et parvient à placer un ultimapoing entre deux baisse de puissance.


-Il est de temps de passer à l'offensive. Lance une série d'écho !


Evoli obéit, mais entre temps, son adversaire reprend totalement ses esprits. Alors qu'il est sur le point de se faire abattre, Kangourex se protège avec ténacité puis enchaîne avec contre.


-Fais attention !


Evoli esquive sans peine en sautant. Il atterrit sur le bras de son ennemi et grimpe jusqu'à son cou pour y placer une morsure et l'achever.


-Hé bien, c'était tout juste. Tu t'es bien débrouillé, complimente Taï. Je suis vraiment fier de toi et j'ai hâte qu'on combattre ensemble contre de vrais adversaires. Celui-ci, je me demande ce qu'il avait.


Justement, les parents du dresseur arrivent, dans une petite voiturette.


-Tu mettais du temps à revenir, explique sa mère. Qu'est-il arrivé ?

-Ce Kangourex m'a attaqué.

-Ah oui. Elle est arrivée à la pension il n'y a pas longtemps. Elle a dû te prendre pour un étranger.

-C'est pour ça qu'Evoli la grondait. Il a dû lui dire qui j'étais.

-Les Kangourex sont très protecteurs, déclare le père. Même si elle a confiance en Evoli, elle ne t'aurait jamais accepter aussi facilement. Nous allons nous occuper d'elle pendant que tu retournes à la maison. Tu aideras Johanna à préparer le repas, elle est rentrée.


Taï acquiesce et s'en va silencieusement. L'instinct des Pokémon est fortement développé. Kangourex aurait dû comprendre qu'il était le fils de ceux qui s'occupent d'elle. En même temps, il existe des enfants en froid avec leurs parents. C'est vrai qu'il était possible que malgré ce fait, Taï puisse vouloir du mal aux autres Pokémon. Après le déjeuner, il passe enfin au programme de la suite de son voyage, installé à la table de la cuisine.


-Il ne reste pas tant d'arènes que ça, observe-t-il.

-Et encore, tu as de la chance. À une époque, il n'y avait pas plus de huit arènes.

-Au moins, je n'aurais pas eu à me tracasser sur lesquelles choisir en dernier.

-Celle-ci ne semble pas très loin, dit Johanna en indiquant une ville au nord-ouest. Mais elle est difficile d'accès.

-Tiens, il y en a une à Jadielle.

-Et alors ?

-C'est de là que vient Midori. Il m'avait dit qu'il y avait perdu d'ailleurs, la première fois que je l'ai rencontré.

-C'est bizarre, j'ai entendu dire que cette ville avait perdu son champion.

-Pourquoi pas Cramois'île ?


Les parents du garçon viennent de rentrer. Ils ont fini leur journée, à moins qu'un imprévu arrive. Le père les regarde pendant qu'il prend de quoi grignoter dans le frigo, alors que la mère indique qu'elle va prendre une douche.


-C'est un peu loin et en pleine mer.

-Akaï a dit qu'il y allait. La veille de votre arrivée, il nous a téléphonés pour nous dire qu'il prenait un bateau à partir de Carmin-sur-mer.


Il n'en faut pas plus pour convaincre Taï de prendre le même chemin. Il décide donc de retourner à Carmin-sur-mer et d'également partir en mer jusqu'à Cramois'île. Mais il lui reste encore à choisir quel Pokémon laisser ici. Le lendemain matin, avant de repartir, il réunit donc ses Pokémon. Comme il l'avait déjà dit, il prend Elekid, Evoli et Carabaffe avec lui. Salamèche tient à venir aussi, surtout après avoir entendu qu'il retrouvera peut-être Akaï, et surtout son Dracaufeu, son propre rival. Scarabrute vient aussi. Bien qu'il soit docile, il reste têtu par moment. Taï veut donc le discipliné.


-Il te reste Kadabra ou Rapasdepic, commente Johanna.

-Si ça ne te dérange pas, laisse-nous Rapasdepic, demande le père. Il peut voler longtemps et sur de grandes distances. Il nous aiderait à surveiller la pension. Bien sûr, si tu en as besoin pour un combat, nous ferons le transfert immédiatement.

-Si ça peut vous aider, c'est d'accord. Et toi, ça te convient ?


Rapasdepic est un peu déçu. Étant le premier Pokémon capturé par Taï, il espérait rester avec lui pour tout son voyage à Kanto, au moins. Toutefois, il accepte sans rechigner. Après tout, Evoli a pu nettement progressé en demeurant à Bourg-en-ciel. Il pourra faire de même et être plus fort quand il reverra son dresseur adoré. C'est donc décidé. Taï laisse Rapasdepic à ses parents et ira à Cramois'île, défié son champion, et peut-être son grand frère s'ils s'y croisent.