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Une radio, un pendentif et une tablette de chocolat. de TheMizuHanta



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» Auteur : TheMizuHanta - Voir le profil
» Créé le 04/09/2015 à 18:10
» Dernière mise à jour le 08/01/2016 à 19:25

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Chapitre 26 : L'enfant de la lune.
Route 206 : 20h14

- C'est bon, tu peux arrêter pour aujourd'hui.

Je me laissais tomber sur l'herbe tendre avec un léger soupir de soulagement. Les entraînements imposés par mon dresseur étaient de plus en plus rigoureux. Tenir le rythme tenait presque de l'exploit. Mais ces instants qui délimitaient la fin de ces exercices épuisants étaient une véritable bouffée d'air frais. Je n'avais pas cessé de me battre aujourd'hui face à des Dardargnan, des Racailloux ou encore des Roselia. Rode m'avait demandé de ne pas utiliser Poing de Feu pour ces derniers ennemis. J'avais du mal à saisir une raison à tout ça. Il m'avait toujours demandé d'user de capacités qui seraient le plus efficace en fonction du type de mon opposant. Et je savais que notre prochain adversaire sera Flo Shito, la championne de l'arène de Vestigion. Son Pokémon de prédilection était une Roserade, le stade supérieur de l'évolution des Roselia. Il est évident qu'ils seront forts, peut être même plus que Pierrick Stark et Kohle. Le fait même de penser à ce dernier me redonnait des frissons, ce duel restera gravé au plus profond de ma mémoire. C'est là bas que j'ai pu acquérir une nouvelle force, et c'est avec celle ci que j'accompagnerais Rode le plus loin possible.
Mon maître m'accompagna dans ma petite pause, il s'allongea sur le dos, tout juste à côté de moi. Il fixait le ciel, qui commençait déjà à se teinter d'un orange dû au soleil qui allait bientôt se coucher, avec un regard détendu. Il prenait de profondes inspirations pour expirer lentement. Il faisait toujours ainsi après les entraînements pour se relâcher. Et j'ai l'impression qu'il avait finit par déteindre sur moi, car je faisais exactement pareil. Une fois que je me sentais détendue, je relevais le dos pour pouvoir regarder autour de moi. Cela faisait déjà deux jours que nous arpentions la route 206, afin de pouvoir accéder à la grotte qui nous mènerait ensuite à Vestigion. La forêt était vraiment dense, mais les arbres s'éloignaient de plus en plus les un des autres. Rode m'avait dit qu'il ne suffirait que de deux heures de marche pour arriver à la grotte Revêche, qui était le seul moyen d'arriver à Vestigion après la chute de la piste cyclable. Mais quelque chose me dérangeait, un détail que je trouvais étrange. Je n'attendais pas plus longtemps pour avoir davantage de détails auprès de mon dresseur :

"- Dis moi au fait... S'il ne suffit que d'un peu plus de marche, on pourrait s'établir à côté de l'entrée de la grotte, ce serait déjà une demi heure de trajet en moins pour demain. On pourrait même faire toute la grotte d'une traite si on se débrouille bien."
- Tu as raison, observa-t-il sans détacher ses yeux du ciel, mais si on fait ça, on risque de croiser d'autres personnes.
"- Tu ne le dis pas avec beaucoup d'enthousiasme..."
- C'est normal. Dans le monde des dresseurs, quelqu'un qui a prouvé sa valeur devient rapidement une cible, une proie. Vu le désordre que l'on a fait à Charbourg, beaucoup de personnes voudront se mesurer à nous.
"- Tu es sûr ? Enfin... Ce que je voulais dire..."
- Tu pensais au fait que tu ai battu Kohle alors qu'il avait subitement gagné en puissance ? demanda-t-il d'un air méfiant.
"- Oui... Tu ne penses pas que ça en dissuaderait plus d'un de nous affronter ?
- On rencontre toujours plus fort que soit. Cette citation s'applique dans les deux sens. Non seulement on peut tomber sur un gars qui a déjà tenté la ligue, mais le combat peut aussi vite dégénérer.
"- Comment ça ?"
- Ceux qui veulent devenir plus fort n'ont qu'un moyen de parvenir à leur but, c'est de se battre contre un adversaire plus puissant que soit. Ce sont souvent des gens qui confondent motivation et inconscience. Ils sont prêt à tout pour gagner, et les moyens ne manquent pas pour parvenir à ses fins.
"- Ah... D'accords."
- Maintenant que nous avons un magazine pour nous, on va accroître notre popularité. Mais cela impliquera que nos voyages seront maintenant dans la solitude. On ne pourra plus faire confiance à qui que ce soit au milieu des routes ou même dans les villes.

Il avait prononcé ces mots avec un calme froid. Il s'était déjà préparé à vivre ainsi pendant tout ce voyage. Tous ces détails étaient des étapes dans le plan qu'il a élaboré depuis dix ans. Il savait de quoi il parlait. Il tendit son bras droit vers le ciel, prêt à attraper quelque chose. Il resta ainsi quelques secondes, immobile. Puis son poing se ferma, il serrait si fort que tout son bras tremblait. Il laissait ensuite retomber son poing sur l'herbe, avant de se redresser à son tour. Il avait encore le regard perdu devant lui. Il devait penser à beaucoup de choses, j'en étais sûre. Il laissa ensuite un sourire timide sur le coin de sa bouche avant de se relever entièrement. Il prit les outils pour monter la tente afin d'établir le camp pour la nuit et me demanda d'aller chercher des bûches, afin de pouvoir faire un foyer. Il me donna quelques détails :

- Prend aussi des brindilles pour le départ, et fait attention à ce que tu ramène. Le bois doit être sec, sinon on ne pourra rien allumer.

Route 206 : 20h36

Cela faisait déjà un moment que j'avançais, à tourner en rond pour essayer de trouver du bois sec. Les seuls morceaux que je pouvais ramasser trempaient dans la boue depuis des jours. J'avais beau chercher, rien ne pouvait être utilisé pour faire un bon feu. Une petite idée germa dans ma tête. Je pouvais peut être briser un arbre. Mon évolution m'a conféré une puissance qui était loin d'être négligeable. Et puis je pourrais tenter de découvrir la manière d'ouvrir la porte de la force. Kuro m'avait offert la capacité de pouvoir utiliser l'énergie qui était enfouie au plus profond de moi. Mais il ne m'avait donné aucun indice concernant le comment. Il ne m'a pas donné la méthode pour pouvoir utiliser l'une des deux premières portes. C'est rageant, j'ai à ma disposition une force débordante et je ne suis pas capable de les utiliser. Il va falloir y remédier, et vite.
Je choisissais ma cible, elle devait être assez large pour en faire de bonnes bûches. Il fallait aussi qu'il n'y ait rien aux alentours, afin de ne pas altérer l'environnement ou les Pokémon qui pouvaient habiter les environs. Je trouvais rapidement une petite clairière, qui permettait d'admirer le ciel dégagé. Le vent se rafraîchissait, il me chatouillait le cou. Il me faisait penser à l'endroit où nous nous rendions souvent, Rode et moi, pendant plus d'un an. C'était un grand chêne avec des racines ancrées dans le sol depuis des dizaines d'années. Il n'avait plus de feuilles, et la couleur de son tronc me faisait penser qu'il était mort. Il avait probablement été touché par la foudre et a assez brûlé pour ne plus pouvoir refleurir. Il était malgré tout grand et large, il faudra donner un grand coup. Je m'assurai qu'il n'y avait personne autour de moi, je donnais même un léger coup dans l'arbre pour vérifier si personne ne s'y était installé à l'intérieur. Pas de réponse. C'est étrange qu'il n'y ait rien dans un ancien conifère qui se démarquait des autres, mais bon, ce n'était pas le plus important.
Je posais doucement mes deux patte antérieures sur le tronc, les paumes touchant l'écorce. J'écartais légèrement les jambes, afin de ne pas me faire propulser si jamais le choc provoqué par mon attaque était trop fort. Je fermais doucement les yeux pour me concentrer sur ma respiration. J'inspirais lentement afin d'oxygéner au maximum les muscles de tout mon corps, puis j'expirais afin que mes poumons puissent emmagasiner encore plus d'air ensuite. Une fois que je sentais la force se propager le long de mon corps, j'essayais d'en prendre un peu et de la transférer dans mes deux mains. Il ne fallait pas trop en user car je pouvais vite m'épuiser. J'étais capable de doser la puissance que j'allais projeter, ce sera important en combat, la maîtrise de son endurance est cruciale. Ça y est, j'avais rempli toutes les conditions pour lancer mon attaque. J'ouvris les yeux, afin de visualiser ma cible, et lançai mon attaque Forte Paume avec toute la puissance possible.

- Doubles paumes... Palier numéro 3 !

Je sentais le recul causé par le choc de mon attaque à travers mes bras, jusqu'aux épaules. Mais il n'était pas aussi puissant lors de mon combat contre Khole, et je ne ressentais pas encore de violente brûlure qui signalaient les effets secondaire de l'utilisation de l'aura. Je n'avais donc pas réussit à ouvrir la porte de la force. Je regardais ensuite ma cible, pour voir les impacts de ma capacité. Je fus surprise en voyant que je n'avait laissé qu'une petite marque, assez creuse pour n'avoir fait voler que l'écorce. J'y avais mis pourtant une bonne partie de ma puissance. Rode m'avait entraînée à maîtriser ma force dans mes attaques Forte Paume. J'étais capable de lancer cette attaque avec cinq niveaux de puissance, chacun représentés par un palier. Le numéro 3 est le plus grand niveau de puissance que je peux avoir sans m'échauffer. Il peut facilement affaiblir un grand Pokémon, il représente 60% de la force que je suis capable de déployer. Mais mon attaque avait beau être puissante, la marque sur l'arbre était vraiment ridicule. Elle ne faisait que prendre la surface sur laquelle j'avais posé mes paumes, je ne comprenais rien. J'avais déjà fait plusieurs fois cet exercice en compagnie de mon dresseur, et la marque se propageait beaucoup plus sur le bois. Alors que j'essayais de comprendre la raison de ce manque d'impact, quelque chose me tira hors de mes esprits. L'arbre commençait à se pencher en arrière. Il s'écrasa contre le sol d'une telle violence que les oiseaux aux alentours s'envolèrent, comme si ils avaient entendus les coups de feu d'un chasseur. Est ce que c'était moi qui venait d'abattre ce chêne ? J'enjambais la racine qui ne soutenait maintenant plus rien du tout et compris la raison de cette différence par rapport à mes anciens entraînements.
J'avais peut être fait voler que peu d'écorce à l'avant, mais tout le reste du tronc à l'arrière s'était réduit en petits bouts. Je pouvait voir les morceaux et copeaux qui faisaient penser aux entrailles de l'arbre à plusieurs mètres de ma cible. Ma capacité Forte Paume ne faisait plus de dégâts au niveau de l'endroit où je touchais ma cible, mais faisait de lourds dommages à l'intérieur du corps. Est ce que cette amélioration de mes capacités était due aux évènements de mon combat face au champion ? Peut être, voire probablement. En tous cas, je n'avais pas pas d'autres explications. Si c'était le cas, il ne fallait donc pas en parler à Rode. Il ne doit en aucun cas savoir ce qu'il s'est passé pendant ce combat contre Kohle. Il avait déjà eu des suspicions et m'avait posé plein de questions avant hier, il se doute déjà que tout ceci n'était pas dû au hasard. Apprendre que mes attaques étaient elles aussi améliorées ne ferait que lui donner encore plus de doutes.
Je commençais à ramasser les quelques branches qui s'étaient cassées sous la force de la chute. Je m'attaquais ensuite au tronc, je répétais mes attaques pour obtenir des bûches assez larges pour faire de bonnes braises. Une fois que j'avais obtenu tout ce dont j'avais besoin, je me dirigeais vers le campement, j'avais déjà perdu beaucoup de temps, et Rode devait m'attendre.

Route 206 : 20h53

"- Je suis de retour !"
- Ca fait plus de vingt cinq minutes que tu es partie... remarqua mon dresseur d'un ton morose, qui avait déjà monté la tente et délimité le foyer avec des pierres.
"- Je sais, je suis désolée... Mais j'ai eu du mal pour trouver du bon bois, il y en avait beaucoup qui était détrempé. m'excusais je brièvement avant de lui donner ce que j'avais amassé.
- Et ce que tu as sur les épaules ?
"- C'est un chêne qui est tombé il y a peu de temps. peut être quelqu'un qui a voulu entraîner son Pokémon."
- Tu as vérifié si il n'y avait personne aux alentours ? me demanda-t-il avec méfiance.
"- Je n'ai trouvé aucune présence, que ce soit autour du camp ou à l'endroit où j'ai trouvé le bois."
- D'accord...

Je lui tendis les bûches et les branches que j'avais dégotté par moi même, et il commença à installer le tout. Il prit du papier de journal et mis les feuilles en boule après les avoir arrachées. Il posa au dessus des branches en pyramide, afin de protéger le papier et mit ensuite trois bûches au dessus du tout. Il utilisa son briquet pour allumer le journal. Le feu s'attaquera ensuite eux branches pour se propager finalement sur les plus gros morceaux, qui est le plus important quand on veut un feu qui dure longtemps. Après avoir allumé le tout, Rode souffla doucement sur le papier afin d'attiser les flammes, puis s'écarta un peu pour laisser le tout se faire seul.
Je levais doucement la tête, le ciel s'assombrissait doucement, mais sûrement. La nuit allait bientôt s'installer, le feu arrivait à point nommé. Je jetais un coup d'oeil vers mon maître, il avait déjà branché sa radio et prenait des notes dans son carnet. Je ne me demandais ce qu'il pouvait bien écouter. Je lui lançais alors :

"- Il se passe quelque chose d'important ?"
- Non... Toujours rien. Il n'a jamais mis autant de temps à faire trouver ses corps depuis 2006...
"- Faire trouver...?"
- Oui. Ne pense pas que la police trouve les cadavres grâce à leurs recherches, parce que sinon la deuxième personne, celle qui survit, serait elle aussi morte de déshydratation ou de faim. Baptiste aiguille toujours un agent, directement ou inconsciemment pour qu'il se trouve vers l'endroit où il a commis ses actes.
"- Ses actes ? Ce qu'il fait sont des crimes !" rétorquais je, outrée.
- Techniquement, il n'a tué personne. Ce sont ceux qu'il soumet qui s'entre-tuent. La seule chose dont on pourrait le blâmer d'un point de vue juridique, ce serait de kidnapping et de complicité, quand l'une des deux victimes tue l'autre. Il ne tue personne, il ne fait que se délecter de la terreur qui se dessine sur le visage de ceux qui doivent appuyer sur la détente.

Il n'avait pas dégagé son regard des flammes qui léchaient les bûches. Elles commençaient à suinter, à perdre le reste de sève qui leurs restaient. Les derniers mots qui sortaient des lèvres de Rode étaient froids, ils n'avaient qu'une seule émotion, qu'un seul sentiment, la haine. Je tournais la tête vers lui, ses yeux commençaient à brunir. Ils commençaient à changer de couleur. Je posais immédiatement ma main sur son épaule. Lorsqu'il me regarda, il avait retrouvé ses iris vertes. J'étais rassurée, il n'était pas allé trop loin. Mais je commençais à avoir aussi peur, le simple fait de parler de lui l'entraînait dans un gouffre profond, qui lui donnait peu de chance de s'en sortir. Il fallait que je reste à tout prix à ses côtés, car sinon, sa haine allait le consumer de l'intérieur, il fallait que je le protège à tout prix, même si je devais payer cher, avec mon corps ou même mon âme. Je devais le protéger, car je suis un Pokémon, et il est mon dresseur.

Route 206 : 21h37

- Est ce que tu peux sortir les couverts et les assiettes ? C'est bientôt prêt.
"- Tout de suite !"

Je savais déjà où se trouvaient les ustensiles pour le repas. Deux fourchettes, deux couteaux, deux assiettes en plastique. On ne pouvait pas utiliser autre chose, c'était trop lourd et fragile. Je retirais aussi le filtre qui reposait au sommet du thermos en aluminium. Ce dernier contenait de l'eau que j'avais puisé dans la rivière, et le filtre était remplit de charbon actif. Cette poudre noire permettait de retenir les bactéries qui pouvaient nous rendre malade. Couplée au filtre à café, on obtenait une eau claire et limpide, comme si elle était récoltée au sommet du mont Couronné. Je posais le tout au pied du tronc qui nous servait de banc, aux côtés du foyer qui faisait cuire le repas du soir. Mon dresseur éloigna la casserole des flammes, son contenu était cuit. Il me servit une plâtrée d'une pâte verte foncée, la couleur était difficile à distinguer à cause du soleil qui se couchait. Une forte odeur de conserve émanait de mon assiette, Rode m'annonça directement le menu du soir :

- Épinards en conserve, avec une tranche de jambon.
"- C'est quoi ? J'en ai jamais mangé..."
- Ce sont des feuilles comme le basilic, fer. Elles sont aussi bien plus nourrissantes, même si les gosses n'aiment pas vraiment ça. expliqua mon dresseur comme si il en avait fait l'expérience.
- Tu en as déjà mangé quand tu étais petit ?
- Je crois bien... Mais comme mon père en reprenait tout le temps, je faisais pareil. En fait... J'ai toujours voulu faire comme lui.

Il avait légèrement baissé la tête après ses derniers mots. Je pensais qu'il allait se ressasser des souvenirs insupportables, mais bizarrement, il se mit légèrement à sourire. Ses épaules sautillèrent, puis il me lança, avec légèreté.

- Je me souviens quand on essayait de finir notre assiette le plus vite. Jeanne nous engueulait toujours à la fin, et on finissait tous les deux au coin... Mais on recommençait le lendemain !

Il se mit à rire, puis me racontait d'autres anecdotes concernant John. Plus il sortait d'histoires insolites, et plus son coeur était léger. Il se détachait des griffes de son passé, il oubliait tout ça l'espace d'une soirée. Je trouvais là un garçon plein d'entrain, amusant, gentil. En fait, il a toujours été une bonne personne. C'était un jeune homme intelligent, travailleur et sociable. Si son père était toujours à ses côtés aujourd'hui, il serait l'être humain le plus heureux sur terre. Mais il a fallut que le destin croise son chemin. Il terrassa ses espoirs ainsi que son avenir d'un coup de faux de la mort. Si seulement je pouvais revenir dans le temps, pour empêcher que ce tragique évènement n'arrive dans la vie de mon maître, mon dresseur, Rode...
Tout à coups, il tourna la tête derrière lui. Il fixa des arbres aussi communs que ceux qui étaient à côté. L'épais feuillage ne laissait pas passer le moindre rai de lumière offert par la lune, et les troncs bloquaient la vue. Il se leva lentement, tout en fixant le vide, je ne comprenais pas ce qu'il se passait :

"- Qu'est ce qu'il se passe ?"
- J'ai... Entendu quelque chose. lâcha-t-il en étant sur alerte.
"- Entendu...? Qu'est ce que c'était ?" demandais je en me levant à mon tour, laissant mon assiette vidée au sol.
- C'était un cri... Non, deux. Le premier était un ordre, ou une menace je crois, ça venait d'un homme. Le second venait clairement d'un Pokémon. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais une chose est sûre, c'est que ce n'était pas loin. Et si ça continue comme ça, remarqua Rode en fronçant les sourcils, il y a des chances qu'ils arrivent à notre camp à cause du feu.
"- Qu'est ce que l'on doit faire alors ?!"
- Il va falloir les éloigner... Ça veut donc dire qu'il va falloir aller à leur rencontre. Prépare toi au cas où, ils peuvent nous provoquer en duel.
"- D'accord !"

Je n'avais pas vraiment le temps de m'échauffer, mais un simple instant pour faire le vide dans ma tête suffisait. Voyage est synonyme d'imprévisible. Si je devais prendre plus d'un quart d'heure pour me préparer à chaque fois, je ne serais pas capable de protéger mon dresseur de tous les risques qu'il peut courir, que ce soit un Pokémon sauvage ou même une catastrophe naturelle. J'étais maintenant prête, on pouvait s'occuper de cet évènement qui était de l'ordre de l'imprévisible.

"- On y va!"

Route 206 : 21h58

"- On va rester ici, il faut d'abord faire un repérage."

Nous nous étions cachés, accroupis derrière des buissons. Rode avait décidé d'utiliser ma capacité à lire ses pensées pour communiquer avec moi. Il fallait que l'on soit discret afin de ne pas se faire repérer. Il proposa une première tactique d'approche.

"- On va commencer par se séparer, je vais à gauche et toi à droite. Si on peut le prendre en tenaille, ça augmentera les chances de réussite."
"- Et s'il n'est pas tout seul?"
"- Je vais d'abord aller le voir moi même, tu attends dans les buissons. Tu attaqueras quand je te le demanderais, si jamais ça se passe mal."
"- C'est beaucoup trop dangereux, je ne peux pas te laisser seul!"
"- Écoute moi bien Anna... Si je te propose ce plan, c'est uniquement parce que je te fais confiance. Je sais que tu saura parfaitement réagir sous n'importe quelle situation."
"- Mais..."
"- Ne t'inquiète pas, si tu fais exactement comme je te le demande, tout se passera bien."
"- Je... D'accords."
"- Si jamais je suis en mauvaise posture, je pointerais la personne à attaquer avec la main gauche, et je lui dirais "Mauvais choix"... Est ce que tu m'a compris ?
"- Oui, je ne bougerais pas tant que tu ne me le demandera pas."
"- Bien... Dans ce cas, c'est parti."

Rode se déplaça discrètement à droite, et essaya de passer derrière arbres et buissons afin de ne pas être visible. Le problème, c'est que je n'arrivais pas à voir la personne qui pouvait se trouver à un mètre de moi ou qui ne se trouvait même pas ici. Je ne pouvais pas sortir ma tête des buissons maintenant, je risquerais de griller ma couverture. Au pire, je pouvais essayer de passer pour un Pokémon sauvage, mais je me rappelais que mon espèce était extrêmement rare, et puis je n'avais aucune raison de m'approcher de lui. Il fallait donc attendre le signal de mon dresseur. Ce dernier me prévint qu'il allait sortir de sa cachette. Je pouvais sentir de l'appréhension, et un peu de pression dans sa voix. Au moins, je savais qu'il se trouvait à environ huit mètres de moi, sans que je n'ai à le regarder.
J'attendais, je comptais les secondes qui se passaient depuis qu'il s'était mis à découvert. Je ne savais pas quoi faire d'autre, je ne pouvais rien faire d'autre. Mais... S'il ne dit rien pour l'instant... Est ce que cela veut dire qu'il n'y a personne aux alentours? Si c'était le cas, je pouvais aller le rejoindre sans aucun problème. Il dégageait toujours un sentiment de méfiance, mais pas assez fort pour avoir peur, il n'avait encore rencontré personne. Je me penchais alors sur le côté, afin de voir s'il allait bien. Il me tournait le dos, avec un genou posé au sol. Il était en train de regarder quelque chose, qui semblait se trouver par terre. Je ne savais pas ce qu'il faisait, ni ce que je devais faire. Il fallait que je lui demande si je pouvais venir :

"- Rode ? Que se passe-t-il ? Est ce que je dois te laisser ou peux te rejoindre ?"

Il ne répondit pas tout de suite, il avait l'air absorbé par ce qu'il se passait sous ses yeux. Il attendit une dizaine de secondes avant de relever la tête. Il regardait maintenant en face de lui, sans bouger, toujours à genoux. Il avait l'air extrêmement concentré, comme s'il essayait d'écouter le moindre son qui pouvait provenir de quelque chose, voire quelqu'un. Il se mit ensuite à regarder à droite, puis à gauche. Il se remit à regarder ce qu'il avait devant lui et leva le bras droit. Il fit un geste de la main pour me dire que je pouvais venir sans danger. Je sortis donc rapidement des broussailles afin de le rejoindre. Mais plus je me rapprochais, et plus je ressentais une sensation de mal être, comme si quelque chose de malsain m'attendait.
Lorsque j'arrivais enfin à la hauteur de mon dresseur, je pouvais enfin voir ce qu'il regardait avec tant d'insistance. Je pouvais enfin voir ce qui l'empêchait de rechercher notre cible qui s'éloignait de nous en ce moment même. Devant lui se trouvait le corps d'un Pokémon de petite taille. Il était parsemé de blessures sur tout le long, que ce soient des bleus, plaies ouvertes ou même deux pattes brisées. Ces dernières étaient complètement tordues, et je pense même que ce n'étaient pas les seuls os qui étaient touchés. Il était difficile de donner une description précise de cette créature, à cause de tout ce dont il souffrait, et aussi parce que je n'avais jamais vu cette espèce. Il devait probablement se tenir à quatre pattes, et sa tête atteindrait sûrement mes genoux. Son corps était recouvert de poils gris, tournant vers le clair quand ils n'étaient pas tachés par des larges griffures. Il possédait aussi une large fourrure au niveau du torse jusqu'au dessous de la tête, où se mêlait de la salive et du sang. Il avait le même genre de toison sur la queue, dont les poils s'entremêlaient de feuilles mortes et d'herbe desséchée. Il était aussi doté de longues oreilles qui devaient le doter d'une ouïe sensible. Les rayons argentés de la lune faisait ressortir les couleurs claires de ce Pokémon. C'était comme s'il avait été déposé ici par l'astre qui planait au dessus de nous... L'enfant de la lune, c'était ce à quoi il me faisait penser. Cette créature était vraiment étrange, mais ce qui retenait maintenant mon attention, c'était ce qu'il avait sur lui.
Il portait à son cou un long fil, pas très épais mais assez pour ne pas être trop fragile. Une petite pierre se trouvait au bout, mais l'astre de la nuit ne me donnait pas assez de lumière pour en distinguer clairement la couleur, elle devait avoir une teinte foncée. Il avait aussi à ses pieds une balle, son hémisphère supérieur était de couleur bleue, et une bande rouge en faisait presque tout le tour. Elle me faisait penser à une Pokéball, mais ce n'était pas non plus exactement la même chose. Qu'est ce que cette créature ? Que fait elle ici ? Pourquoi est ce qu'elle est dans un tel état ? Et pourquoi est ce qu'elle a un tel attirail avec elle ? J'avais trop de questions sur le bout des lèvres, et bien trop peu de réponses. Je tournais la tête vers mon dresseur, il fixait toujours la pauvre bête d'un regard totalement neutre, comme s'il était en train de résoudre une équation. Tout ce qu'il me restait à faire était de lui demander s'il pouvait m'expliquer ce que je ne comprenais pas :

"- Qu'est ce que c'est ?"
- C'est un Évoli, une espèce de type normal qui est capable d'évoluer sous différentes formes... Mais...
"- Comment ça "Mais..." ? Il y a un problème ?"
- Et bien... Normalement, les Évoli possèdent un pelage brun et une fourrure crème. Il peuvent parfois avoir une teinte légèrement différente en fonction du sexe ou de l'individu, mais ça ne tourne jamais jusqu'au gris et au blanc. fit-il d'un air perplexe.
"- Ça n'a pas de sens..."
- Sauf s'il s'agit d'un chromatique.
"- Chromatique ? demandais je d'un air surpris. Qu'est ce que ça veut dire ?"
- Personne n'a jamais pu expliquer pourquoi, mais il y a une chance infime qu'un Pokémon sortant d'un oeuf prenne une couleur différente de ses congénères. Après plusieurs recherches, il a été prouvé que les chromatiques était dotés de forces et capacités que les communs n'ont pas. D'après les écrits saints de l'Alphanisme, on dit qu'au bout de 100 000 oeufs pondus dans le monde, les deux suivants donneraient des créatures différentes de ses frères et soeurs. Et il paraîtrait que ces deux là soient liés.
"- Liés... ? Comment ça ?"
- La légende dit que les deux chromatiques amènent avec eux quelque chose au sein de leur famille... Le premier y apporte un bonheur éternel, et le second donne la souffrance et la mort à tous ceux qui se trouvent à leurs côtés.
"- Mais... C'est horrible..."
- Ne t'inquiètes pas... Les recherches ont beau avoir été assez courtes, car manque de cobayes, il ne reste que cette rumeur soit encore infondée. Tous les dresseurs qui possédaient un Chromatique ne sont jamais morts, du moins pas à cause de leurs Pokémon.
"- Il leur est arrivé des choses...?"
- Certains sont morts d'une chute lors d'une escalade, ou noyés dans une rivière... Mais ce ne sont que les risque du métiers, des centaines sont déjà morts de la même manière et l'on ne pointe pas leurs Pokémon du doigt.
"- Alors... Pourquoi est ce qu'il est dans un tel état ?"
- Ça... Je ne peux pas te répondre pour l'instant, il faudrait en parler à son ancien dresseur.
"- Ancien...?"
- Oui... Tu vois la balle qui est à côté de lui ? C'est une Super Ball, c'est comme la capsule que l'on connaît tous, mais dans une version améliorée, elle est plus chère et permet d'attraper des Pokémon plus facilement... Ou attraper des Pokémon plus forts.
"- Pourquoi est ce que son dresseur l'a laissée ici alors ?"
- Le seul outil qui peut lier humain et Pokémon est la Pokéball... Avec cet objet dans les mains, le dresseur est capable et a le droit de faire ce qu'il désire avec son compagnon. Il peut lui donner les ordres qu'il veut, lui imposer différentes règles. C'est celui qui possède cette balle qui décide de ce que peut faire le Pokémon qui y est attaché. Quand un dresseur donne la Pokéball à son partenaire, il le rend libre de toute emprise qu'il lui avait imposé. Il le relâche, il le laisse seul, mais libre.
"- C'est comme ça... Qu'on relâche les Pokémon ?"
- Exactement. Mais normalement, on n'est pas sensé le battre jusqu'à la mort après lui avoir redonné la liberté.
"- Jusqu'à la... Est ce que..." demandais je en craignant le pire.
- Non Anna, il est encore vivant. Il respire difficilement, mais il n'est pas encore mort.
"- Dans ce cas, commençais je en s'agenouillant pour le prendre dans mes bras, il va falloir l'amener au campement avant de..."
- Attends un peu.

Il avait tendu son bras pour m'empêcher d'avancer. Est ce que... Est ce qu'il ne voulait pas que je lui vienne en aide ? Qu'est ce qu'il avait derrière la tête ? Il continuais de regarder l'Évoli en train de succomber à ses blessures. Il fallait faire vite.

"- Qu'est ce qu'il y a ? Qu'est ce qui ne va pas ?"
- Tu comptes... Le sauver ? demanda-t-il dans un ton extrêmement calme.
"- Bien évidement ! Il a besoin de nous, et maintenant !"
- Bien... Dans ce cas, je vais te demander de reculer.
"- Pourquoi ?"
- On va s'en aller.
"- Quoi ?!"
- Je te rappelles que si on est venu ici, c'est parce que quelqu'un risquait de nous trouver, et qu'il fallait l'éloigner de notre campement.
"- Il faut le soigner, il ne lui reste plus beaucoup de temps ! Tu peux bien le soigner non ?"
- J'ai prévu dans mon sac du matériel médical... Mais pour une personne, toi. Je ne peux pas utiliser ce qu'il nous reste pour quelqu'un qui risque de mourir alors qu'on a une grotte à se farcir. Il y a beaucoup trop de risque pour que je gâche nos bandages et médicaments comme ça.
"- Tu le dis comme si c'était quelque chose sans importance... Comme si c'était déjà un poids mort !"
- Réfléchis un peu... A ton avis, pourquoi est ce qu'un dresseur déciderait tout à coup de relâcher un Pokémon, chromatique qui plus est, et de le tabasser pour qu'il ne puisse plus le suivre ?
"- Je... Je ne sais pas..."
- Moi non plus, mais ce mec devait avoir de sacrés arguments, vendre une espèce aussi rare sur le marché noir le rendrait milliardaire. Il peut très bien être malade, attaquer tout le monde où même causer d'autres troubles. répliqua-t-il en insistant sur ses derniers mots.
"- Il n'empêche qu'on peut le sauver ! Il peut toujours intégrer notre équipe !"
- Est ce que tu es sérieuse ?
"- Oui."
- Je vais être franc avec toi... Je ne compte accueillir personne dans "l'équipe". Ça demande trop de ressources, de gestion et ça fait trop augmenter les risques d'accident. Et puis est ce que tu connais son niveau ? Est ce que tu as oublié le fait que tu as réussis à battre le Pokémon le plus puissant d'un champion d'arène il y a deux jours ? Tu possèdes sans doute une puissance énorme, qui recèle un grand potentiel ! Peut être que son ancien dresseur l'a jeté parce qu'il n'arrivait pas à se défendre.
"- Ce n'est pas une raison ! Un dresseur digne de ce nom s'abandonnerait pas ainsi un Pokémon en danger de mort !"
- Anna... lâcha Rode d'un air exaspéré. Je te l'ai déjà expliqué... On n'est pas une petite équipe pour visiter la région, et si tu avais bien écouté, récupérer les mourants sur le bas côté de la route n'est pas ma priorité !
"- Et John ?! Qu'est ce qu'aurait dit ton père ?!"
- Mon père n'a rien à voir là dedans, et tu ferais mieux d'abandonner tout de suite ce que tu viens de commencer.
"- Il avait travaillé si dur pour devenir quelqu'un de bien... C'était un homme respectable, et il avait tout fait pour t'apprendre tout ce que tu sais sur le monde des dresseurs. Est ce que tu crois qu'il serait fier de toi, quand il saura que tu as piétiné ses leçons pour le venger ?"
- Si ça me permettra d'arriver à mes fins... Je ne le ferais pas par plaisir, mais par obligation.
"- Est ce que... Tu te souviens quand je t'ai rapporté une pomme ?"

Il écarquilla les yeux quand je lui avais transmis mes dernières paroles. Oui, il s'en souvenait parfaitement. Ce triste jour d'octobre, sous une pluie battante. Jeanne était malade, et elle avait besoin de médicaments. Nous étions sortit ensemble pour se diriger vers la pharmacie, sauf que mon dresseur se fit attaquer par deux mauvaises personnes, et se fit voler son argent. Alors qu'il était sous la prise de la colère, et souffrant de ses blessures, j'avais volé une pomme d'un stand de vente de fruits, afin qu'il puisse se calmer. Je pensais tellement à son bien être que j'en avais oublié l'une des leçons les plus importantes qu'il m'avait appris, celle de ne jamais voler. L'effet fut l'inverse de ce que je pu espérer. Ce fut la première fois que je le vis avec des iris rouges comme le sang. J'en étais pétrifiée de peur, et cette réaction reste encore un mystère pour moi.
Il s'était lui aussi souvenu de ce jour, son regard s'échappa vers le sol, il avait les sourcils froncés d'un air désolé. Je n'avais pas besoin de lire dans ses esprits, c'était pour moi un moment où je devais le laisser seul dans ses pensées. Il devait maintenant prendre une décision, et je devrais la suivre quelque en soit l'issue. Il regarda une dernière fois l'Évoli qui se mit à tousser et cracher du sang. Il releva la tête pour me fixer, avec un regard sérieux. Il me demanda calmement, et lentement :

- Si j'utilise le matériel sur cet Évoli, sera tu capable de te porter garante de lui ? Sera tu prête à nous protéger tous les deux pendant la traversée jusqu'à Vestigion, sans prendre de blessures qui requéraient le besoin de bandages ou médicament ?
"- Je... Je le ferais."
- Tu es en train de jouer notre vie en jurant que tu endossera toutes les responsabilités pour la totalité du voyage. Je veux une réponse claire Anna.
"- Bien... Je vous protégerais tous les deux, et je me défendrais en sorte de ne pas avoir besoin d'assistance médicale. J'en fais le serment."

Il m'avait demandé d'être sûre de mes paroles, je le comprenais parfaitement. Je rendais un voyage risqué dangereux, et il n'était pas volontaire pour utiliser nos médicaments sur quelqu'un que nous ne connaissions même pas. Mais quelque chose, mon instinct peut être, me disait de le sauver, de le garder à nos côtés. De plus, Rode m'a toujours appris à être quelqu'un de bien, et aujourd'hui n'allait pas être une exception.
Il resta immobile encore un instant, pour me regarder droit dans les yeux. Il vérifia au plus profond de mon regard pour être sûr que mes paroles n'étaient pas vaines. Il finit par se tourner une dernière fois vers l'Évoli souffrant, et tendit sa main vers lui pour vérifier les parties les plus touchées.
Il approcha ses doigts de son museau, et ce dernier ouvrit la gueule pour la refermer violemment sur la main de Rode. Mon dresseur ne put s'empêcher de lâcher un grognement de surprise et de douleur. Il essaya de tirer la main en premier lieu, mais il avait l'air bien décidé de se défendre jusqu'au bout. Il a fallu que mon maître utilise sa deuxième main libre pour lui ouvrir la mâchoire de force. Une fois qu'il avait réussit son opération, le Pokémon fixa du regard Rode avec un regard noir, comme s'il le maudissait. Il essaya même de se relever, mais ses blessures ne pouvaient que le faire couiner de douleur. Mon dresseur se leva en vitesse et maugréa :

- Il ne m'a pas raté le con...
"- Pourquoi est ce qu'il est comme ça ?!"
- C'est probablement un une réaction post traumatique, il était dans un état d'inconscience, et les évènements l'ont brusquement ramené à la surface. Là, il n'a pas toute sa tête, seul son instinct le guide.
"- Comment est ce que l'on va faire pour le ramener au camp ?
- Si on le porte comme ça, il risque de gesticuler et d'aggraver ses blessures. Il va falloir que tu le calme.
"- Comment ça moi ?"
- Tu peux essayer de poser tes paumes sur lui et de faire comme sur moi. J'ai jamais compris comment est ce que tu arrivais à faire ça, mais tu arrivais à me réchauffer, et c'était étrangement apaisant.
"- Mais... Comment..."
- J'en ai aucune idée... Mais je pense qu'il ne nous reste que ça comme solution.

Comment est ce que je pouvais faire ceci ? Je pensais que c'était quand je me sentais proche de mon dresseur qu'un "lien" devenait fort entre nous. Comment est ce que je pouvais faire la même chose sur quelqu'un que je ne connaissais pas ? Je n'avais de toutes façons pas le choix, il fallait que je le sauve, d'une manière ou d'une autre. Je posais donc une patte sur sa cage thoracique et l'autre sur le bas du flanc. Son corps n'était plus très chaud, il avait déjà perdu trop de sang. En plus de ça, il continuait à en perdre à force de bouger. J'essayais de lui parler, de le calmer. Je prenais un ton doux et ne le quittais pas des yeux afin qu'il commence à avoir confiance en moi. Il réduisait ses mouvements, soit grâce à moi, soit à cause de la fatigue qui le gagnait. En tout cas, il fallait faire vite. Il commença à articuler des mots, mais il n'avait pas assez de souffle pour faire porter sa voix. Je pouvais tout de même essayer de communiquer avec lui par la pensée, et je pouvais entendre ses premiers mots :

- T'es... Qui... Toi...
"- On est là pour te soigner, il faut que tu respires calmement, et tout ira bien."
- C'est ce... Que m'a dit Harry... Avant de... Je te crois pas.
"- Harry ? Non, je m'appelle Anna, et mon dresseur c'est Rode Ward. On veut te sauver, et là tu aggraves tes blessures."
- Dégagez... J'ai autre chose... A faire... lâchâ-t-il entre deux respirations difficiles et crachats de sang.
"- Mais tu vas... Il faut que l'on te soigne au plus vite. Je t'en prie, fais moi confiance, je veux te protéger..."
- Me... Protéger...?
"- Oui, on veut te sauver, et je ferais tout mon possible pour qu'il ne t'arrive rien. Tout ce que tu as à faire, c'est de ne plus bouger pour que l'on t'amène à notre campement.
- Tu... Tu le...
"- Je te le promets. Il ne t'arrivera plus jamais rien, je serais à tes côtés, quoi qu'il arrive."

Il gesticulait de moins en moins, et sa respiration s'adoucissait, elle devenait plus lente, plus profonde. Il continuais de me fixer, mais la colère avait quitté ses yeux. Il me dévisageait avec un regard perplexe, et curieux. Il devait demander qu'est ce que je devais être, et qui est ce que pouvait être mon dresseur. J'essayais de lui adresser un sourire afin d'avoir l'air digne de confiance. Il avait l'air de s'être enfin calmé. Est ce que j'avais réussis à lui donner cette "chaleur" qui avait le don d'apaiser mon dresseur ? Je sentais ce dernier se tenir debout, derrière moi. Il avait l'air tout aussi surpris que moi de m'avoir vu réussir. Il commença à se déplacer, et il se plaça derrière lui. Il se mit à genoux et posa doucement sa main gauche sur sa nuque. Il était calme, mais tout de même concentré. Pourquoi est ce qu'il s'approchait maintenant de l'Évoli ? Il venait de le mordre, et je doutais qu'il lui accorde encore sa confiance. Mais il ne s'était pas placé ici pour le caresser.
Il sortit sa main droite qu'il avait caché de derrière son dos et la porta à la nuque. Une fois qu'elle avait touchée sa cible, le Pokémon blessé écarquilla les yeux, et se remit à se débattre, comme si Rode lui avait donné une décharge électrique. Il retira ensuite sa main, et je pus voir ce qu'il lui avait fait. Il avait une seringue entre les doigts, je reconnaissais ces outils médicaux que l'on nous plantait dans la peau pour nous inoculer un quelconque produit. Ces aiguilles me faisaient toujours peur, j'avais donc compris qu'il vient tout juste de lui faire une injection. Je relevais brusquement la tête, complètement dépassée, je ne comprenais plus rien :

"- Qu'est ce que tu viens de faire ?!"
- Je lui ai injecté un anesthésiant. lâcha-t-il tout en fixant le Pokémon ralentir ses mouvements petit à petit.
"- Un quoi ?"
- C'est un produit qui va endormir chacun de ses nerfs afin qu'il ne ressente plus la douleur, jusqu'à ce que le produit remonte au cerveau pour l'endormir.
"- Mais... Pourquoi...?"
- On pourra le transporter facilement, et puis il faudra qu'on aille le recoudre, vaut mieux qu'il ne sente rien maintenant.
"- Mais... Qu'est ce que... Pourquoi..."
- Oui ?

Il releva les yeux vers moi, avec un regard normal. Comme s'il avait fait ça des dizaines de fois. J'étais incrédule, je ne comprenais plus rien. Que faisait il avec des seringues dans ses affaires ? Et en plus de ça, pourquoi en a-t-il amené une alors que l'on ne savait même pas que l'on allait tomber sur un Pokémon qui aurait besoin de secours ? On était partit pour éloigner un dresseur qui s'approchait de notre camp...
Alors que je réfléchissais, Rode prit l'Évoli dans ses bras et se releva. Il me demanda de vite aller jusqu'au camp et de sortir rapidement la trousse de secours, afin pouvoir commencer l'opération. Je partis le plus vite possible, chaque seconde comptait. Une fois arrivée près du feu, je trouvais rapidement la trousse rouge, qui se trouvait au sommet du sac. Je l'ouvrais afin de regarder son contenu, j'avais raison. Il avait encore trois seringues, avec un produit de couleur bleue à l'intérieur. Est ce que c'était là aussi des anesthésiant ? Ou est ce qu'il serviraient à autre chose ? Ou plutôt à une autre personne ?
Je n'avais plus le temps de fouiller le reste de ses affaires, il était arrivé, et il fallait agir vite. Une fois que l'on avait déplié un sac de couchage pour le poser dessus, il prit la trousse afin de choisir les outils dont il aurait besoin. Une fois qu'il avait posé tout ce qu'il comptait utiliser, entre produits désinfectants, aiguilles, sutures, bandages et autres produits, il prit une inspiration et se lança. Avant d'apliquer le premier produit, il tourna la tête vers moi et me dit, avec un petit sourire timide :

- Au fait Anna... Bien joué.
"- Euh... Merci." répondis je, sans savoir pourquoi il me dit ceci maintenant.
- Sans toi, il aurait pu crever... Je vais faire de mon mieux pour le sauver.
"- Je compte sur toi."
- Compris, c'est parti.

Il se lança dans une opération périeuse. Chacun de ses mouvements se devaient d'être précis, afin que ses blessures ne s'aggravent pas plus qu'elles ne le sont déjà. Pour ma part, je ne pouvais qu'attendre, et espérer que tout ceci ne soit pas fait pour rien. Je regardais chacun des mouvements de mon dresseur. Je ressentais même une certaine douleur quand il plantait l'aiguille dans la chair du Pokémon, comme si je ressentais ce qu'il endurait, même s'il était complètement assommé pour l'instant. Il fallait que Rode le tire d'affaire, qu'il ne sombre pas dans le sommeil à tout jamais. Mon intuition me criait qu'il devait rester avec nous, qu'il nous aidera à avancer, pour que Rode puisse avancer. Je veux que mon maître puisse atteindre son but, car je suis un Pokémon et il est mon dresseur.