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They don't need to understand. [O.S.] de MerrySai



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Informations

» Auteur : MerrySai - Voir le profil
» Créé le 08/08/2015 à 06:15
» Dernière mise à jour le 08/08/2015 à 06:46

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Chapitre unique.
Le malheur. On dit tous être malheureux. Moi, je l'ai toujours été. Et je me complais dans ce malheur. Est-ce toujours être malheureux que de se complaire dans son malheur?


Mon nom est Darkrai, je suis un paria, rejeté de tous malgré mes actions lors de la bataille d'Alamos. Et ces humains que j'ai tenté d'aider, ah ces humains... Ils ont créé, dans leur besoin de feint équilibre, une guerre dont je n'ai jamais voulu. Et pourtant. Leurs légendes inventées de toute pièce ont finies par me convaincre que j'étais l'un des acteur principal d'un combat qui ne devrait pas exister.
Mais je devrais cesser de tergiverser sur les bases de mon existence. Le Soleil vient de se coucher. Il est l'heure pour moi d'aller remplir le rôle que les humains m'ont attribué: [leur] faire peur.
Je me glissai dans l'ombre d'une jeune dresseuse qui cherchait visiblement un coin où installer la tente, qu'elle portait sur le dos, pour la nuit. Le Chimpenfeu qui marchait en bâillant à côté d'elle s'agita en sentant ma présence.

"Chimpenfeu, pourquoi tu t'énerves comme ça? marmonna l'enfant. Tu veux bien te calmer? On va manger, oui..."

Ah, les humains. Persuadés d'être capables de nous comprendre. Si l'on ne parle pas leur langue, ils ne peuvent pas répondre à nos questions, nos inquiétudes. Le singe de cette jeune dame exprimait sa préoccupation, par exemple. Et elle, sûre de sa supériorité, mettait l'excitation de son partenaire au compte de son estomac. Dire que mon existence est dirigée par ces choses, ces petits être au quotient intellectuel faible, à la jugeote inexistante, à l'anthropocentrisme marqué... Je m'égare.
Tandis que la gamine - effrontée de dormir au cœur d'une forêt aussi sombre que celle-ci - posait ses affaires au sol, je sortis de son ombre et me dressai devant elle. Je vis ses prunelles sombres s'écarquiller de terreur et sa mâchoire se détacher. Son Pokémon, quant à lui, bondit à ses côtés, prêt à se battre, n'attendant que l'ordre de sa jeune maîtresse pour agir. Je laissais échapper un léger rire de mépris. Cette petite chose pense réellement pouvoir faire quelque chose contre moi? Ou ne sait-il pas qui je suis? La vraie question est probablement de savoir laquelle de mes précédentes interrogations est la plus absurde.

"Vous êtes sur mon territoire, lançais-je aux deux petits êtres."

Ne voyant pas sa dresseuse réagir, le Chimpenfeu tourna la tête et scruta le visage de la demoiselle. Curieux, je ne pus réfréner l'envie de plonger au plus profond des pensées de la gamine. Dans le fouillis de son esprit, je discernais une admiration et une excitation violentes, une fascination qui dépassait l'entendement. Plus étonné qu'autre chose, je m'arrachais à la contemplation du visage bruni par l'astre solaire de l'enfant.
Qu'a-t-elle à me fixer avec ses yeux brillants? Pourquoi ne dit-elle rien? N'est-elle pas censée être terrifiée? Ses parents ou tuteurs légaux - ma connaissance de leur monde m'effraie... - ne lui ont-ils pas enseigné les légendes du monde ou, du moins, celles de Sinnoh? Agacé de me poser tant de questions inutiles sur cette dresseuse, je lançais mon attaque Trou Noir sur elle et me glissais instantanément dans son rêve.
Elle va venir. Je le sais. Elle vient toujours. Mûe par un instinct inexplicable, si j'agis, elle me rejoint. Et contre mon action. J'ai peu de temps pour accomplir la tâche ingrate que les humains m'ont attribué.
Le décor de ce cauchemar est ridiculement simple. Une pauvre pièce aux contours indéfinis plongée dans le noir.
La fillette tourna sur elle-même, cherchant un repère.

"Peur du noir? fis-je résonner dans l'esprit de l'enfant. Dommage, moi qui adore l'obscurité.

-M-mon Chimpenfeu va me sauver!! protesta la dresseuse.

-Ton ridicule singe de cirque ne peut rien contre moi. Et encore moins dans tes cauchemars..."

Je tentai de réprimer le sourire sadique qui me montait aux lèvres en entendant la petite fille paniquer et sangloter. Je me mis à rôder autour de ma victime. Ces enfants, tellement faciles à angoisser. Mais, je dois l'avouer, j'attends avec impatience son arrivée. Elle aussi doit remplir le rôle idiot que les humains lui ont donné.
La gamine hurlait une nouvelle fois de peur lorsque je fus éjecté du songe. Calme, je regardais le corps endormi de la dresseuse et, levant les yeux au-dessus d'elle, je pus enfin la contempler. Cresselia. Ah, Cresselia, ma meilleure ennemie. Toujours là pour transformer mes cauchemars en doux rêves. Enfin, seulement si je la laisse faire.
Sans un mot, elle chargea et je m'écartais vivement tout en préparant un Vibrobscur. Mon adversaire, parée à recevoir l'attaque, contra avec une puissante attaque Psycho.
Face à face pendant que la fumée s'écartait, mon regard se planta dans le sien. Cette scène, nous la vivions presque chaque soir. J'attaquais un quelconque humain ou Pokémon, elle venait le défendre, on se battait jusqu'à l'aube et nous repartions, la haine au cœur. Parfois, je laissais une nuit de repos à l'inconscient des êtres vivants et m'amusais simplement à effrayer les veilleurs tardifs. D'autres fois, elle n'intervenait pas pour je ne sais quelles raisons.
Mais cette nuit, quelque chose avait changé. Au fond de ses prunelles, je pus lire la lassitude. Et cette fois, elle parla.

"Darkrai. Voilà de - trop - nombreuses années que toi et moi nous nous battons. Mais cela a assez duré. Notre guerre n'a pas de sens. Je ne sais même plus pourquoi tu fais le mal, ni pourquoi c'est à moi d'intervenir chaque nuit en ta défaveur. Je suis lasse, Darkrai. Alors ce soir, quel que soit le moyen, finissons-en, acheva-t-elle."

J'eus un léger sourire.

"Tu ne te souviens donc pas? Il n'y a rien de plus simple, pourtant. Nous avons été manipulés. Les légendes humaines nous sont parvenues et, nous, nous avons finis par y croire. Tu ressemble à la Lune qui éclaire, le soir venu, les ténèbres que je parais représenter. Tellement que les humains, pour quelques obscures raisons, ont décidé que j'étais le mal des nuits et, toi, le remède contre les cauchemars, déclarai-je d'un ton légèrement moqueur.

-Je suis le remède contre les cauchemars, protesta le Pokémon lunaire. Je peux t'éloigner ou éloigner les mauvaises pensées qui hantent le subconscient des humains et des Pokémons.

-Les Poissirènes peuvent nager mais ne passent par leurs vies à sauver ceux qui se noient. Peut-être était-ce pour la gloire, pour donner corps à la légende, pour que nos noms soient éternels, je ne sais pas, mais quelque chose nous a tous deux poussé à vivre pour appuyer les légendes que les humains ont créées. Nos vies ne sont définies que par des fables inventées par les Hommes. Et nous, pauvres imbéciles, nous nous complaisons dans le malheur que cette vie nous donne. Je comprends ta lassitude, Cresselia, car je ressens la même. Mais aucun combat ne pourra nous permettre le repos."

Je remarquai du coin de l'œil que la jeune dresseuse s'était réveillée et, mal dissimulée dans un buisson aux côtés de son Pokémon, elle écoutait notre conversation en tremblant. Cresselia m'arracha à ma contemplation:

"Nous ne serons sereins que lorsque nous aurons accepté d'abandonner le rôle que nous ont donné les humains. Lorsque nous auront accepté d'abandonner notre vie actuelle.

-Mais, le pouvons-nous?"


Le malheur, c'est quelque chose de rassurant, au fond. Lorsque nous sommes habitués à nous sentir mal, cela peut nous effrayer de tenter d'être heureux. De changer. Cresselia et moi nous complaisons dans notre malheur. Si bien que ce malheur n'est plus qu'une habitude. Et une habitude ne peut nous rendre réellement malheureux.