Le mousquetaire divin : L'éclat de l'or causera la mort de ShiroiRyu

Chapitre 16 : Dans la capitale

« Hum ... Rappelles-moi pourquoi j'ai accepté d'aller là-bas ? »

« Car malgré tout ce que j'ai dit, malgré tout ce que tu as fait, je t'aime, grande sœur. »

« Et surtout parce que tu m'as grandement forcé la main aussi, ne l'oublions pas. Ah ... Ce n'est vraiment pas une bonne nouvelle, Soklar, tu l sais ? »

« Je le sais parfaitement mais je sais aussi que je ne risque rien, rien du tout. »

« Nous nous jetons dans la gueule de nos adversaires. Ils n'auront plus qu'à la refermer pour nous attraper et nous serons coincés à tout jamais. »

« Si c'est aussi facile que ça de nous enfermer, ça doit être la même pour s'enfuir non ? »

« Pas avec autant de mousquetaires dans les environs, loin de là. Je ne pourrais pas te défendre contre eux, Soklar. Pas s'ils sont tous là. »

Elle-même avouait sa totale impuissance face à de si nombreux et puissants adversaires. L'adolescent aux cheveux blonds regarda sa sœur aînée. Si elle doit finir par déclarer une telle chose, peut-être qu'il vaut mieux revenir en arrière et prendre une autre destination ? Mais elle fait un geste négatif de la tête, disant calmement :

« C'est trop tard maintenant, ils sont au courant de notre position. Nous ne pourrons plus fuir dorénavant. Ça en est ainsi ... et pas autrement. »

Il devait s'excuser envers sa grande sœur mais il n'était pas sûr qu'elle apprécierait ça. Malgré les événements dans les ruines qui étaient encore récents, l'adolescent avait retrouvé sa place par rapport à sa grande sœur : il était à nouveau si frêle et fragile.

« De toute façon, si quelque chose devait arriver, tu n'as pas à t'en faire, Soklar. J'arriverai à te faire gagner du temps pour que tu puisses t'enfuir. Tu peux être rassuré. »

« Je ne serais pas rassuré car il s'agit de te mettre en danger et de t'abandonner. Tu penses vraiment que cela me fera plaisir de savoir que tu risques de mourir ? »

« Nullement mais des fois, on ne nous laisse pas le choix. Bon par contre, dans la capitale, tu as intérêt à te montrer discret. Je ne parle pas de ne pas utiliser tes pouvoirs ... mais surtout de ne pas faire le petit gars de la campagne qui découvre pour la première fois ce qu'est une véritable ville, d'accord ? Je n'ai pas envie que tu me fasses honte, Soklar. »

« J'aime la confiance que tu m'accordes, grande sœur. Je trouve ça vraiment très rassurant si tu veux tout savoir. Je me sens plus que serein maintenant. »

« C'était le but voulu, Soklar ! »

Et voilà qu'elle continuait de se moquer gentiment de lui. Sa sœur n'était franchement pas très sympathique avec lui. Il fit une petite moue boudeuse mais elle vint placer son bras autour de lui, le regardant tendrement à travers le masque. Hop ! Une petite visite de la capitale ?

Non. En fait, non. Ce n'était pas une bonne idée. Ils n'étaient pas encore dans la capitale mais Soklar n'avait pas besoin de le savoir. Elle poussa un petit soupir avant de se remettre en route, lui expliquant avec douceur :

« Soklar, sais-tu que les mousquetaires n'habitent pas dans la capitale ? »

« Hein ? Ah bon ? Mais alors, pour servir le roi, comment est-ce qu'ils font ? Ils ne doivent pas être à ses côtés vingt-quatre heures sur vingt-quatre ? »

« Si c'était aussi simple que cela, ça se saurait mais non. Ils ne sont pas obligés, loin de là. »

« Alors, comment est-ce qu'ils font exactement ? Je ne vois pas du tout, moi. Tu veux bien m'expliquer ? Ils habitent où alors ? Est-ce que tu peux me le dire ? »

« Je peux te le dire, bien entendu. Ils habitent tout simplement dans les environs. Rien de bien difficile. Lorsqu'ils doivent travailler pour le roi, ils ont des logements qui sont réservés à leurs noms, voilà tout. Rien de plus simple. »

« D'accord, d'accor ... mais au final, où est-ce qu'ils habitent ? A part dans les logements du roi ? Enfin, quand ils sont dans la capitale ? Quand ils le sont pas, je veux dire. »

« Dans les régions avoisinantes. Nous pouvons plutôt parler de domaines dans leurs cas vu qu'ils appartiennent aux mousquetaires. A partir de là, il n'est pas difficile de comprendre pourquoi beaucoup veulent devenir des mousquetaires. Ils sont considérés comme des nobles et même leurs familles, après la mort du mousquetaire, garde son statut de noble. Néanmoins, bien souvent, celles-ci se font assassinées par des êtres sans scrupules travaillant pour des nobles plus « purs ». Mais tout cela ne te concerne pas, Soklar. Tu es trop jeune pour te préoccuper de choses qui ne nous intéresseront jamais. »

« Oh mais si, ça m'intéresse même si ça reste des histoires plutôt sanglantes. C'est quoi cette pureté que possèdent certains nobles ? »

« Des foutaises, tout simplement. Ils se considèrent meilleurs que les mousquetaires car ils ont du sang bleu en eux. Sauf que lorsqu'ils coulent car ils s'en prennent aux mousquetaires, on finit souvent par remarquer qu'il est rouge, comme celui des autres. »

« Euh ... c'est plutôt violent comme test, non ? « 

« Des fois, certaines personnes ne comprennent que par cette méthode, Soklar. Tu finiras par le voir par toi-même dans quelques années. »

« Mais sinon, nous sommes proches de la capitale, Melgana ? Car j'ai l'impression que nous n'avonçons pas depuis que nous parlons des mousquetaires. »

Humpf ! Il avait remarqué son petit manège ? Elle le fixa en fronçant les sourcils. Ah non. Son petit frère n'avait rien vu ... mais sa question était des plus sincères. Elle poussa un léger soupir avant de gratter la chevelure auburn qu'était la sienne pour murmurer :

« Nous avons encore du chemin à faire, Soklar, beaucoup de chemin. »

« Ca se calcule en combien d'heures ? »

« Tu veux dire de jours, n'est-ce pas ? » rétorqua presque aussitôt la femme masquée. Une moue dubitative se dessina sur les lèvres de Soklar, celui-ci fronçant ensuite les sourcils avant de demander d'une voix lente :

« Grande soeuuuuuuuuuuur. Tu n'oserais pas me remettre en colère, n'est-ce pas ? »

« Ce n'est pas vraiment ce que j'ai en tête, loin de là. » dit calmement Melgana, détournant néanmoins la tête pour ne pas soutenir le regard de son frère. « Enfin, pas tellement. »

« Nous nous dirigeons donc vers la capitale du royaume, n'est-ce pas ? »

« C'est bien ça, oui, oui, c'est exact, Soklar. Nous allons vers la capitale ! Ne t'en fait pas, le chemin n'est pas aussi long. J'exagérais un peu, tu verras. »

« D'accord, d'accord, grande sœur, je verrais alors en temps et en heure ! Merci bien ! »

Voilà comment redonnait le sourire à son petit frère. Sauf que le sourire avait quelque chose de mauvais, comme s'il avait parfaitement compris qu'elle avait été manipulée par Soklar. L'adolescent n'était guère dérangé par le geste qu'il avait accompli, Melgana venant subitement le serrer contre sa poitrine.

« Mon petit frère adoré. Mon petit frère qu'à moi. »

« Heyyyyyyyyyyy ! Mais qu'est-ce qui te prend, Melgana ? Et si des personnes nous remarquent ? Allez, libères-moi plutôt ! Je ne veux pas que les gens nous voient ! »

« Voilà une très bonne réaction de la part de mon adorable petit frère nommé Soklar. Il est gêné, n'est-ce pas ? C'est pour ça que je l'aime tant. Mais oui, c'est mon petit frère. »

Mais elle allait arrêter ? Pourquoi est-ce qu'elle se comportait comme ça sur lui ? Il n'avait rien fait pour mériter un traitement aussi horrible ! HEY ! Il se retourna et vient tenter de chatouiller les hanches de sa sœur, celle-ci commençant à rire avant de finir par s'écrouler au sol, emportant son frère avec elle.

« Soklar ? Soklar ? Où est-ce que tu es ? Soklar ? Réponds-moi ! »

« Humpf ! Gnn Grr ... Soeur ! Peut pas respirer à cause ... de .... seins ! »

Il tenta de se mouvoir sous Melgana, celle-ci finissant par remarquer qu'elle avait coincé son frère sous son propre corps. Hum ? Pourquoi pas ? Elle resta ainsi pendant quelques secondes, se frottant à lui en faisant mine de ne pas savoir où il était avant de finalement le libérer, le visage de Soklar étant complètement rouge de gêne et peut-être même d'autre chose. Elle posa tendrement un doigt sur son nez avant de chuchoter :

« N'oublie plus à qui tu as affaire, petit frère. Tu n'es encore qu'un enfant. »

« Un jour, tu verras comment je te ferais sentir que je suis un adulte ! Tu verras ! »

« Je suis pressée que ce jour arrive. Par contre, sois doux. »

Hein ? Il resta immobile pendant quelques secondes avant que sa grande sœur ne lui envoie une pichenette. AIE ! Ca faisait mal, elle exagérait ! Il n'avait rien fait pour mériter un traitement aussi horrible sur sa personne. Mais bon, il avait parfaitement compris le message : stopper de provoquer sa sœur ou la piéger. Du moins, il allait s'en rappeler pendant quelques heures puis demain, il allait sûrement recommencer.

« Bon, on y va, grande sœur ? Car là, on ne fait que traîner. »

« Oui, oui, nous y allons mais à une condition : tu dois me tenir la main. »

Pfff ! S'il refusait, elle allait se moquer encore plus de sa personne. Il l'avait parfaitement compris en la regardant. Avec lenteur, il vint croiser ses doigts avec ceux de Melgana. Elle avait une main si chaude et tendre. Il comprenait pourquoi elle lui demandait un tel acte, pourtant si infantile. Tout simplement pour confirmer qu'ils n'allaient jamais être séparés.

Mais ça, même s'ils cherchaient à s'en convaincre, ils ne pouvaient jamais en être certain. Soklar regardait le sol tout en marchant, tête baissée, n'osant pas la relever. Melgana ... malgré tout ce qu'il avait dit ou fait, il ne pouvait pas la détester ou la haïr.

Les journées qui suivirent furent bien plus aisées et calmes, nul mousquetaire ne venant les déranger. Est-ce qu'ils avaient abandonné ? Melgana lui chuchota que non, c'était tout simplement impossible. Un mousquetaire n'abandonnait jamais. Il préférait encore mourir plutôt que de devoir admettre sa défaite.

« Ils sont complètement fous ... non ? C'est de l'imbécillité de faire une telle chose. »

« Non. Ils ont juste un code de l'honneur très poussé. Néanmoins, cela ne les rend pas meilleurs que d'autres hommes, loin de là. Certains ne méritent pas ce titre. »

« Tu donnes l'impression de si bien les connaître, grande sœur. »

« Non, certains ont mon âge, d'autres un peu moins, Soklar. Ce n'est pas logique hein ? »

Oui, elle avait raison encore une fois à ce sujet. Mais pour lui, ce n'était pas comme s'il comprenait la logique de ce monde. Il y avait encore quelques semaines ou mois, il était un adolescent bien sage... et un peu turbulent avec les autres. Depuis qu'il avait la possibilité d'utiliser ses pouvoirs, tout avait changé.

« Grande sœur, est-ce que tu regrettes de m'avoir laissé mes pouvoirs ? »

« Tous les jours, Soklar. Tous les jours. Si cela n'avait pas été le cas, nous n'aurions jamais eut toutes ces mésaventures qui nous tombent dessus. »

« Ah ... Oui ... C'est vrai. » murmura l'adolescent, comme pris en faute. Que sa sœur confirme cela ne le rassurait pas vraiment ... mais il reconnaissait qu'elle avait raison. Tout ça était de sa faute, totalement de sa faute. Pourtant, elle passa une main dans sa chevelure avant de reprendre d'une voix légèrement enjouée mais très tendre :

« Ca ne veut pas dire que je n'accepte pas ce que l'on vit actuellement, Soklar. C'est une autre aventure, bien différente de celle que j'imaginais pour nous. Mais on va la vivre tous les deux, nous avons juste pas pris le chemin le plus aisé pour notre futur à tous les deux. »

Sa sœur se voulait rassurante et elle y arrivait. Après quelques heures de marche, il était temps de faire une pause mais Melgana lui signala une chose qui lui mit un peu de baume au coeur : ils venaient de rentrer dans la province où la capitale u royaume se trouvait. Ils étaient maintenant si proches de ce l'adolescent désirait.