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» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 13/07/2015 à 15:24
» Dernière mise à jour le 13/07/2015 à 15:24

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Chapitre 53 : Entrée en scène des Ténéfix
Au cours des jours qui suivirent Bill et moi fîmes plus ample connaissance. Certes la bagarre dans le parc et l'épisode des oranges nous avaient irrémédiablement rapproché, mais le fait de se trouver dans le même dortoir, nos lits étant voisins, aida un peu plus à consolider une amitié qui ne pouvait que tenir durablement.
Ainsi il me montra ce qu'il y avait à savoir sur l'orphelinat de Fan. Tout d'abord celui-ci était composé de deux ailes. L'une était réservée aux dortoirs des enfants, aux douches et aux salles de jeux où l'on trouvait cartes, télévision ou encore des livres. Celles-ci étaient au rez-de-chaussé, le second étage étant celui des garçons et le dernier celui des filles ; avec évidemment une interdiction formelle de se mélanger.
Pour ce qui était de la deuxième aile, elle était dédiée au personnel, du moins dans les étages. Tout en bas se trouvaient les cuisines et la salle de banquet dans lequel nous nous réunissions trois fois par jour. Un pallier supplémentaire par rapport à l'autre partie du manoir se composaient de labos et de toutes sortes de zones de test.
« C'est ici qu'ils font les recherches sur la malédiction, expliquait Bill. Le docteur H y passe ses journées, des fois on ne le voit même pas descendre pour manger. Il est devant ses éprouvettes. »

Durant le reste de la journée il me montra tout ce qu'il savait sur cet endroit. De la cachette qu'il avait aménagée dans l'un des murs du local à jardinage, derrière l'un des parpaings qu'il déplaçait afin d'y accéder, et dans laquelle il enfermait de la nourriture volée en cuisine. Il m'expliqua à ce propos la façon dont il s'y prenait pour se fournir en gâteaux secs, céréales et yaourts.
« Ici, dit-il en désignant une petite entrée qui d'apparence menait à une cave, ça arrive directement à l'arrière de la cuisine. Il suffit de connaître les horaires du chef et d'y aller quand personne n'est là. Bien sûr il ne faut pas être trop gourmand et prendre ce qui est nécessaire. Sinon ils vont remarquer que quelque chose cloche.
– Il y a un cadenas sur la porte, avais-je remarqué en pointant ce dernier du doigt, Bill me répondant en sortant la clé de sa poche.
– Je l'ai volé un jour où il n'était pas assez attentif, ajouta-t-il avec un clin d'œil. Bien sûr je n'ai pas commencé à piquer tout de suite dans le garde-manger, pour qu'il pense l'avoir perdu. »
Puis il se mit à rire.

La visite de l'orphelinat se termina enfin par la bande dont Bill était le chef. Au cours de ces années passées en ce lieu, ce dernier s'était évidemment fait des amis et ils se réunissaient au moins une fois par jour pour s'amuser ensemble.
« Je vais te montrer, me dit-il durant la récréation du soir en m'entraînant vers la haie dans le fond du parc, on ne se réunit pas n'importe où non plus. Notre gang est plus malin qu'on pourrait le croire tu sais. »
Il parlait comme un enfant qui s'amuserait avec ses amis en s'inventant une histoire. Enfin, c'était un enfant, nous étions des enfants. Et j'allais rapidement me prendre à ce jeu et m'amuser avec tous les gens que j'allais rencontrer dans cette cachette.

En effet dans la haie était aménagé un endroit secret qu'il était impossible de trouver pour celui qui ne savait pas quoi chercher. Les feuilles dissimulaient ce renflement dans lequel les enfants qui s'y trouvaient avaient aménagé une sorte de quartier général à petite échelle dans lequel ils préparaient les prochaines excursions de leur clan.
« Je te présente Mathilde, Guillaume et Franck ! annonça mon nouvel ami en faisant le tour de ses trois amis présents dans la cachette, attablés autour d'une planche de bois qui faisait office de table et sur laquelle étaient étalés quelques cookies, volés en cuisine, qu'il me semblait avoir remarqué plus tôt dans la journée lorsque j'avais visité la planque dans le mur de l'abri de jardinage. »

Le premier à venir me saluer fut Guillaume qui se leva d'un bond pour me serrer dans ses bras, un geste que je trouvais étrange pour une première rencontre mais qui ne me dérangea pas plus que ça. « Alors c'est toi qui a abîmé le chef ? me demanda-t-il en faisant allusion à l'œil poché du garçon qui se courbait à mes côtés, trop grand pour le quartier général. J'aurais aimé voir la baston, c'était sûrement génial ! »
Il leva les bras en l'air et exprima son bonheur par un grand sourire, ce qui était en totale opposition avec son apparence décharnée. D'une maigreur presque inhumaine, l'adolescent qui devait avoir un ou deux ans de moins que moi, avait le visage pâle et des yeux presque dénués de pupille. Il était le portrait cliché de ces enfants capables de voir les fantômes. À y réfléchir, il voyait les fantômes, de la même manière que tout le monde ici.

« Arrête de dire ça ! lui cria Mathilde d'une voix aiguë. Bill ne devrait pas se battre, personne doit se battre ! »
Et étrangement Guillaume n'ajouta rien. Obéissant à la fillette de quelques années de moins que lui, sans doute âgée de douze ans tout au plus, il repartit s'asseoir sans rien dire avant de lui présenter tout bas ses excuses. Des mots qu'elle accepta d'un sourire accompagné d'un hochement de tête. « Ne dis plus ça, ok ?
– Ok. »
Mathilde avait de l'autorité malgré son âge et sa petite taille, cela pouvait se lire dans ses yeux verts en amande autour desquels tombaient quelques cheveux bruns. Elle était mignonne, et je vis dès la première seconde que Guillaume, malgré ses deux ans de plus, n'était pas insensible à son charme. Les jambes rabattues contre son corps dont les formes commençaient à peine à poindre, un sursaut de sa poitrine se distinguant sous son uniforme, elle laissait tomber sa jupe noire sur le drap qu'elle avait étalé sous ses fesses pour ne pas se salir, au contraire des autres qui se moquaient de la terre meuble sous la haie. Autour de son poignet, je remarquai un petit bracelet de perles de couleurs chaudes, le même étant accroché autour de sa cheville. Une barrette rose tenait ses cheveux en guise de dernier bijou porté par la cadette du groupe ; bien que le dernier membre ne soit guère plus âgé qu'elle.

Franck n'avait en effet que treize ans, âge que je ne saurais que quelques jours plus tard après avoir posé la question. Il était de loin la personne la plus renfermée de ce petit comité, restant en retrait à chaque instant. Durant les opérations il préférait se tenir à l'écart et coordonner les événements. Sur son visage se lisait une timidité constante à l'origine de ses rares prises de paroles. Lorsque j'entrai pour la première fois au quartier général, il me fit brièvement un signe de main et sembla murmurer un salut entre ses lèvres.
« T'en fais pas pour Franck, m'assura Bill en m'invitant à m'asseoir pendant que le jeune garçon à la coupe au carrée blonde baissait les yeux en rougissant derrière ses lunettes. Après quand il connaît il se détend, t'inquiète. Bon, on en était où ?
– Opération gargouilles, répondit nonchalamment Mathilde. »

Bill hocha la tête et déplia une feuille devant nos yeux. Sur cette dernière on pouvait apercevoir un dessin très appliqué représentant le portail d'entrée de l'orphelinat.
« Je comprends pas, c'est quoi l'intérêt de ces gargouilles ?
– Soit pas idiot, Jake, me répondit Guillaume en tendant le poing. On va voler l'une des gargouilles et la cacher dans l'abri de jardinage. » Sur ce il se mit à pouffer de rire tandis que mon cœur partait dans un élan symphonique, orchestre tumultueux et agité.
Me tournant vers Bill pour trouver du soutien, je cherchai à savoir si son compagnon était sérieux. Il l'était, mon ami me l'affirma par un hochement de tête.
« C'est suicidaire, on va se faire détruire. » Disant cela je repensais aux sermons que nous avait tenu mademoiselle Harper dans son bureau, la manière qu'elle avait de choisir les mots justes pour nous remettre en place sans pour autant nous blesser… Je n'avais pas envie de revivre cette expérience. Et si Bill avait eu un minimum de bon sens il aurait pensé de même. Mais au contraire de cela, il se mit à rire.

« Je t'explique. Nous sommes les Ténéfix, une bande organisée prêt à tout pour parvenir à ses fins et rien ne pourra nous arrêter !
– T'en fais trop, lui reprocha Mathilde.
– Je vois, je vois, répondis-je. En attendant, j'aimerai savoir pour quelle raison vous voulez voler la gargouille.
– Pour rire et mettre en colère mademoiselle Harper ! expliqua cette fois Guillaume. Tu veux que ce soit pour quoi ? »
Rire ? Mais où étais-je tombé ? Surtout que tous, même Mathilde qui n'avait que douze ans, souriaient rien qu'à l'idée de mettre la directrice en colère. Mon seul soutien était Franck qui ne disait mot et baissait les yeux ; je me demandais comment il avait pu atterrir dans une telle équipe. Je n'étais pas vraiment intéressé par l'idée de troubler le calme de l'internat, encore moins par celle de retourner dans le bureau d'Harper. Mais j'aimais bien les Ténéfix et leur chef. Puis depuis que j'étais à leurs côtés j'oubliais pour un temps Mila et la destruction de Rovia.
Lentement et non sans une pointe d'hésitation, je laissai un sourire poindre sur le coin de ma lèvre. « Alors, c'est quoi le plan ? »