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» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 12/07/2015 à 23:37
» Dernière mise à jour le 12/07/2015 à 23:37

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Chapitre 52 : Souvenirs oranges
Il régnait dans les cuisines de l'orphelinat un calme troublant que seuls les ronflements du cuisinier venaient perturber. Bill ne disait rien et ne m'adressait pas un regard ; je faisais de même. Au fond de moi je ressentais un sentiment oscillant entre la gêne et la colère. Et, qu'importait le sermon que la directrice nous avait tenu dans son bureau avant de nous affilier pour deux heures en cuisine en guise de punition, je n'étais pas prêt de pardonner à mon camarade.
Ainsi je me concentrais bêtement sur les oranges que nous devions presser pour je ne savais quelle raison, un jus dont nous ne verrions jamais la couleur le lendemain. Même si je me moquais bien de la tâche, elle me permettait de ne pas penser au gamin qui me tournait le dos et faisais de même sur la table de derrière.

Une heure passa. Le chef, les mains posées sur son ventre, laissait ses deux acolytes de fortune faire le travail à sa place, ses ronflements venant bercer la pièce, ou la secouer, selon le point de vue. Un bruit persistant qui me faisait monter le sourire aux lèvres. Geste que je tentais de retenir car l'heure n'était pas à la rigolade et que je ne voulais pas paraître faible devant mon nouveau rival.
« J'ai plus d'oranges, tu peux m'en passer ? me lança d'ailleurs ce dernier en faisant attention à ne pas croiser mon regard.
– Ouais. »
D'une main, je m'emparai de l'un des fruits sur ma table et le lui lançai. Il tendit le bras et, par un malheureux concours de circonstances qui allait sceller notre amitié, loupa le projectile qui vint se loger tout droit dans le ventre du cuisinier dont le ronflement sursauta. Bill serra les poings et j'en fis de même, stressé à l'idée qu'il puisse se réveiller et nous coller le double de la punition qui nous était infligée.
Mais heureusement ce ne fut pas le cas et, après un sursaut, il reprit de plus belle sa sieste, un filet de bave dévalant le coin de sa bouche.

Un silence suivit, de deux seconde, puis nos deux rires. Nous ne pouvions nous retenir devant une telle scène et ainsi s'envola toute l'animosité qui existait entre nous.
« Désolé pour tout à l'heure, me suis-je avancé, j'aurais pas dû parler sans réfléchir. Je devrais savoir que nous ne sommes pas tous dans le même cas.
– T'inquiète, j'avais pas à te frapper. On mérite tous les deux d'être ici.
– Je crois pas que quelqu'un mérite d'entendre ses ronflements pendant deux heures. Même pas un serial-killer. »
Bill se mit à rire de nouveau tout en épluchant l'orange qu'il était allé ramassé à côté de la chaise du chef.

« Si tu veux demain on parlera tous les deux, je veux te connaître. Et puis je peux t'aider à en savoir plus sur l'orphelinat.
– Je compte sur toi dans ce cas. » Je lui fis un clin d'œil en réponse.
Depuis le début nous étions faits pour nous entendre, c'était prévu. Bill était sur le chemin de ma vie depuis des années et pour longtemps. Nous allions combattre ensemble, souffrir ensemble et durant trois ans dans cet internat, partager la même douleur.
Autour d'une orange.