chapitre 1: deux évasions
La grande capitale de la région de Safaïa est actuellement Schukugakaï mais il y a 1000 ans ce n'était pas le cas. C'était une ville du nom de Karilios située au nord de la région. C'était une ville située au milieu d'une grande plaine herbeuse où plusieurs petits villages agricoles fleurissaient ça et là. La grande cité ressemblait à une énorme forteresse sombre qui s'élevait comme une montagne à plusieurs étages. C'était une ville qui suscitait le malaise quand on la voyait car elle était entièrement construite dans des matériaux sombres qui la rendaient inquiétante et pas vraiment accueillante.
A son sommet pointait le palais royal et à son côté la grande cathédrale. Puis, à l'étage en-dessous se situaient les quartiers les plus riches de la ville, habités par les cadres et les gens de la noblesse. Encore en-dessous il y avait les quartiers intermédiaires et marchands, qui étaient de moindre qualité que les quartiers nobles mais qui restaient acceptables. Et enfin, au dernier niveau, il y avait les bas-quartiers, où les personnes les plus pauvres accompagnés des malades et des indésirables vivaient comme des animaux. Ces quartiers étaient insalubres, sales, puants et regorgeaient de coupe-jarrets et de voleurs qui faisaient ce qu'ils pouvaient pour survivre. La plupart des soldats qui patrouillaient dans la cité avaient pour tâche de veiller à ce que les habitants des bas-quartiers ne s'aventurent pas dans les quartiers supérieurs et de garder la seule et unique porte de la ville qui était reliée aux quartiers par une route qui était séparée des quartiers les plus bas par un grand mur.
Ainsi, la plupart des habitants pouvaient ignorer que la pauvreté existait dans leur vie e que tout était parfait, sans se préoccuper des personnes qui mourraient les uns après les autres derrière un simple mur de pierre.
Mais ce n'est pas la cité en elle-même qui a de l'importance à cette heure même si elle en aura un jour dans notre histoire. Nous étions en fin d'après-midi et le soleil commençait à descendre doucement derrière l'horizon et les rues du quartier commerçant commençaient petit à petit à se vider bien qu'ils soient encore grouillants d'activités en tout genre.
Divers marchands scandaient leurs slogans où leurs derniers produits pour recevoir un dernier client avant la fermeture de leurs boutiques. Des femmes de familles discutaient entre elles de leurs acquisitions de la journée en riant tout en se dirigeant vers leurs foyers mais sans jeter un dernier coup d'œil sur les rares articles encore présents sur les étalages. Des ouvriers ou des soldats ayant fini leur service ou n'ayant pas encore commencé le leur se dirigeaient vers les tavernes pour boire une bière ou une liqueur quelconque avant de rentrer chez eux ou prendre la relève.
Personne ne faisait attention aux faibles râles venant des quartiers inférieurs sauf une seule et unique personne. Elle se tenait à l'écart des autres, dans une ruelle sombre et déserte, le visage recouvert par un énorme capuchon noir. Il était assis sur une marche de perron appartenant à une maison vraisemblablement abandonnée car les fenêtres avaient été condamnées, le dos appuyé contre le fameux mur séparant les autres quartiers, lui permettant d'écouter continuellement les lamentations de toutes ces pauvres personnes. Il resta ainsi sans bouger pendant des heures, jusqu'à ce que les rues de la ville soient vidées, les échoppes fermées et le couvre feu installé.
A cet instant précis seulement, la silhouette bougea. Elle se leva, étira ses membres endoloris par l'inaction et se mit en route. La silhouette encapuchonnée traversa les rues à présent presque désertes en prenant garde à ne pas attirer l'attention de qui que ce soit, s'assurant tous les trois ou quatre mètres que son capuchon recouvrait bel et bien son visage.
Cette personne traversa toute la cité en esquivant tous les gardes qui passaient comme si elle était fugitive. Personne ne fit attention à cette silhouette dans les rues sombres sous le clair de lune avant que celle-ci n'atteigne la grande porte.
Le seul et unique moyen pour sortir de Karilios était, sauf par la voie des airs, la grande porte qui ne s'ouvrait que pendant la journée. Il se trouvait que celle-ci était sur le point de se fermer. La silhouette se précipita vers la porte mais un soldat la retint avec un air soupçonneux.
- On peut savoir ce que tu es en train de faire ? Lui demanda-t-il.
- C'est simple, lui répondit l'inconnu d'une voix claire mais indubitablement masculine. Je désire emprunter la porte pour sortir.
- Et pour aller où ? Et pourquoi tu l'as pas franchi avant ?
- Les préparatifs monsieur, répliqua doucement le garçon sous le capuchon, comme s'il récitait un texte répété à l'avance. J'ai eu beaucoup de choses à faire et la ville est plutôt grande. Je n'ai pas pu rejoindre la porte plus tôt et j'en suis le premier navré.
- Et pourquoi tu quitterais notre bonne vieille Karilios ? Demanda le soldat, visiblement éméché mais encore alerte. Pourquoi vouloir quitter notre ville parfaite ?
Les muscles du garçon se tendirent mais ce fut d'une voix calme qu'il répondit :
- Un pèlerinage monsieur. Je dois effectuer mon voyage au temple des éléments. C'est pour cela que je voulais partir plus tôt mais que je n'ai pas pu.
Le garde but une gorgée de la grosse gourde qu'il tenait et se gratta le crâne avant de parler d'une voix qui commençait à montrer les effets de l'alcool :
- C'est vrai que c'est pas la porte à côté ton temple des élémeuh... Et la route est pas mal dangreuse. Euh dangereuf, euh dagereu... Fin bref, tu m'as l'air jeune pour partir tout seul sur les routes.
- Oh rassurez-vous, je ne suis pas sans ressources et encore moins tout seul. Damien, Siffl'herbe.
Avant que le soldat ait pu comprendre ce qu'il arrivait, il s'endormit sur le coup et tomba comme une pierre sur le sol. Sur son corps ronflant se tenait un petit Arcko souriant, qui se dépêcha de monter sur l'épaule du garçon qui, souriant à son tour, retira son capuchon, dévoilant un visage de jeune adulte aux traits nobles, aux yeux mauves et aux cheveux bleu sombres. Le garçon devait avoir entre 18 et 20 ans.
- Bien joué mon vieux, Bon, partons vite d'ici avant qu'un autre poivrot ne se pointe.
Et il se précipita et franchit la porte avant qu'elle ne se ferme. Une fois dehors, le garçon prit une grande inspiration.
- Enfin libre, murmura-t-il, euphorique. Nous sommes enfin libérés de cette ville maudite et de ces croyances insensées.
- Que nous soyons dehors ne signifie pas que l'on est tiré d'affaire, protesta le petit Arcko.
- Oui tu as raison. Bah, même si le garde se souvient de notre conversation, nous leur avons donné une mauvaise direction. Nous avons d'ors et déjà plusieurs jours d'avance. Et puis, ce n'est pas comme si nous avions le choix Damien.
Le Pokémon Bois Gecko acquiesça.
- Je sais Almos mais tu restes naïf. Nous devons mettre le plus de distance entre Karilios et nous. Idéalement, mettre le plus de distance entre cet empire et nous.
Le garçon ne répondit pas et se mit à marcher. Ce qu'il avait vu, ce qu'il avait entendu, jamais il n'accepterait une telle misère et encore moins une telle horreur. Jamais il ne retournerait là-bas et jamais il ne deviendrait ce que l'on voulait qu'il devienne. Avec son frère Pokémon, il voyagerait et trouverait un endroit où vivre, où travailler, où se marier, où avoir des enfants et où mourir paisiblement Tant que son cœur battrait, il ne connaîtrait la paix que le jour où il trouverait ce qu'il cherche. Pas avant.
Plus au sud de Safaïa, à quelques kilomètres de la forêt sombre se trouvait une petite ville du nom de Scaria mais la plupart des habitants la surnommaient la ville aux esclaves. En effet, Scaria était la seule ville de la région où le commerce d'esclave commençait.
Beaucoup de prisonniers ou de malchanceux qui avaient eu la malchance de tomber sur les gardes de Lokhtar étaient acheminés par carrioles jusqu'à Sacria où, après avoir été préparé soigneusement, étaient vendus à de gros propriétaires qui les transportaient dans les autres villes pour trouver des maîtres, en échange de monnaie brillante et trébuchante. Les esclaves pouvaient venir de n'importe où dans le monde, pouvaient appartenir à n'importe famille, paysanne ou royale, à partir du moment où les chaînes étaient mises aux pieds et embarqués vers Scaria, cela n'avaient plus aucune importance. Ces pauvres personnes étaient à présent des esclaves au service des habitants de Safaïa.
Lysandre n'était pas un fils de roi ou de quelconque empereur. C'était le fils d'un simple charpentier originaire de Kanto qui avait été capturé par les gardes de Safaïa alors qu'il faisait des recherches pour des nouveaux matériaux.
A présent, il était enchaîné, entouré d'autres malchanceux qui avaient eu le malheur de croiser la route de ces chasseurs d'esclaves. Certains pleuraient, d'autres maudissaient leur sort, d'autres encore se résignaient. Pas Lysandre. Il savait que son frère les suivait de près et dès que la situation se présenterait, il s'échapperait. La liberté des autres lui importait peu. Certes, la plupart des personnes enchaînées avec lui ne méritaient pas plus leur sort que lui mais il n'était pas un héros.
Cela faisait des jours qu'ils voyageaient et qu'ils n'avaient pas entraperçut la lumière du jour, encore moins mangé et bu. Quelques uns d'entre eux avaient déjà rendu l'âme d'ailleurs. La puanteur de la décomposition de leurs corps couplée avec la chaleur de l'été avait rendu malade beaucoup de personnes leurs vomi avait ajouté une autre dose de puanteur.
Lysandre s'était placé dans un coin pour ne pas bénéficier de la totalité de l'odeur nauséabonde, pour conserver un minimum de propreté et pour entendre les conversations de leurs ravisseurs, saisissant la moindre chance qui était à sa portée.
- Bonne prise aujourd'hui non ?
- Excellente. Deux carrioles pleines à craquer d'esclaves venant d'à peu près partout. On va se faire une fortune je te raconte pas.
- Et d'ailleurs qu'est-ce que tu vas en faire de ta fortune ?
- Je vais me saouler à mort et je vais baiser toutes les prostituées de tous les bordels de Scaria. On raconte que ce sont les meilleurs de la région.
- T'as pas envie d'en garder un peu ? Pour par exemple ta retraite ?
- Pourquoi j'y penserais ? ça fait à peine deux ans que je fais ce travail et personnellement je ne pense pas m'arrêter de sitôt. C'est pas le meilleur poste possible mais il a des avantages et on gagne bien sa vie. Et en prime, on peut s'amuser avec les prisonnières si tu vois ce que je veux dire...
Lysandre plissa les yeux de dégoût et serra les poings de colère. Ces hommes étaient pires qu'une meute de Caninos galeux.
L'autre soldat soupira, de toute évidence il ne partageait pas le point de vue de son collègue.
- Écoute-moi bien. Ça fait 30 ns que je fais ce travail et crois moi, si on pense avoir trouvé le gros lot sur le coup, après quelques années, tu regrettes amèrement d'avoir fait tout ce que t'as pu faire. Ces prisonniers, imagine toi à leur place. Techniquement, ce que nous faisons est mal. On leur arrache leur liberté et leur vie.
- Ce que tu dis, certaines personnes pourraient penser que c'est de la trahison. On ne fait qu'accomplir la volonté du dieu Lokhtar. Ce que Lokhtar veut que l'on fasse ne saurait être mal. Aller contre sa volonté, c'est ça le mal.
- Peu importe si ce que je fais est bien ou mal, répliqua le deuxième soldat. De toute façon, ce chargement sera mon dernier. Je démissionne après et je pars rejoindre ma femme et mes gosse. Tout ce que j'ai gagné je le leur ai donné.
- Bah, on en est pas encore là t'façon. Allez Scaria est encore à trois jours de route. Faut rester concentré.
- Mouais. On devrait s'arrêter pour leur donner à boire et à manger. Si notre cargaison meurt arrivée à Scaria on ne touchera rien. De toute façon la nuit va tomber et je ne veux pas continuer dans le noir si près du désert d'Egyptica.
- T'as raison. Hé les gars, on stoppe ici !
Voilà la chance qu'attendait Lysandre. Il attendit patiemment que le convoi ne s'arrête. Là , les soldats ouvrirent la porte en acier de la carriole et poussèrent les personnes dehors sans ménagement. Puis ils les alignèrent et ils se mirent à les compter. Enfin, ils eurent la permission de s'assoir et pendant que deux soldats nourrissaient et donnaient à boire, les autres montaient la garde et les autres vidaient et nettoyaient les cales. Puis ils furent reconduits à l'intérieur sans que les hommes en armures ne prêtent attention aux supplications des plus misérables.
Lysandre, lui n'avait pas bougé. Il avait vu son frère et lui avait communiqué son plan avec des regards et des signes discrets. Mais ce fut bientôt son tour et un soldat vint le voir.
- Allez, on retourne dans le chariot maintenant, la pause est finie.
Le jeune homme leva la tête vers le soldat, se tourna vers l'entrée de la cave sombre et étouffante qu'il avait connu depuis un mois, tourna à nouveau la tête vers le soldat et secoua la tête.
- Non.
On aurait dit que l'homme avait mangé une baie Tamato de travers.
- On peut savoir ce que t'as dis ?
Lysandre se releva lentement et toisa l'homme qui faisait une tête de moins que lui et le regarda de toute sa hauteur, faisant jouer sa carrure musculeuse. Lysandre était un homme de 26 ans bien bâti mesurant au moins 1m90 aux cheveux rouges et aux yeux dorés pénétrants, ce qui lui donnait un air de statue guerrière particulièrement intimidante. Le soldat déglutit à la vue de ce colosse.
- J'ai dis non. Je refuse de retourner dans ce lieu puant qui m'éloigne chaque jour un peu lus de ma demeure.
Le soldat ricana, reprenant contenance.
- Comme si tu avais ton mot à dire. Tu es un esclave maintenant il va falloir t'y faire. Tu es enchaîné, tu n'as pas d'armes et tu es seul.
Un mince sourire appart sur le visage impassible de lysandre.
- Certes, je suis enchaîné et n'ai pas d'armes. Mais je ne suis pas seul. Roronoa, Tranche.
Le soldat, soudainement paniqué, n'eut que le temps de se retourner qu'une forme verte passa à toute vitesse et le trancha en deux comme s'il n'avait été composé de beurre. La forme verte repassa derrière Lysandre et découpa les chaînes du prisonnier. Aussitôt libre, le jeune homme se précipita sur le cadavre du soldat et empoigna son épée et fit face aux soldats qui, ayant entendu les éclats de voix, s'étaient approchés et furent pétrifiés quand ils virent leur collègue mort, tranché en deux, un des prisonnier libres armé et un Insécateur à ses côtés, une des lames qui composaient ses bras dégoulinante de sang.
- Tu n'as pas tardé Roronoa, tu t'améliores.
- Ne fais pas le malin, répliqua le Pokémon insecte. J'en avais marre de vous suivre. Encore une journée et je m'attaquais à ces satanées carrioles.
- Eh bien, il faut croire que nous sommes chanceux.
Il fit quelques moulinets maladroits avec l'épée du soldat et la pointa en direction des hommes qui ne cessaient de pester.
- Qu'est-ce que c'est que cette chose ? Un Pokémon ?
- Pourquoi obéit-il à ce garçon ?
- On dirait qu'ils se comprennent, comment ça se fait ?
- Ce sont des monstres.
- Vous imaginez combien ils vaudraient si on les vendait ? Un homme costaud qui parle et qui contrôle un Pokémon, vous vous rendez compte de la valeur de cet homme.
Rouge de colère, Lysandre se jeta sur le premier soldat qui fut à sa portée et lui transperça la
poitrine.
- Jamais vous ne nous aurez mon frère et moi. Nous sommes libres.
L'insécateur se jeta également dans la mêlée qui suivit. Plusieurs soldats furent tués mais lysandre, aussi fort qu'il l'était, ne savait pas se servir dune épée. L'exploit qu'il avait accompli avec le premier homme était impossible à réitérer. Il porta quelques coups dérisoire et para du mieux qu'il put quelques coups mais il fut rapidement désarmé. L'insécateur, lui, portait des coups puissants et souvent mortels.
Mais le combat tourna court quand un soldat eut la bonne idée de présenter Lysandre, une lame sous la gorge devant le Pokémon. Celui-ci s'arrêta immédiatement, les yeux remplis de colère et d'inquiétude. Il s'avança mais l'officier appuya la lame et un filet de sang coula.
- Si tu veux que ton humain garde sa jolie tête sur ses épaules, tu vas te laisser faire, créature.
- Ne l'écoute pas Roronoa, enfuis-toi !
- Si tu bouges je le tue tu m'entends ? Ceux qui sont encore debout, ligotez-moi ces monstres et enfermez-les. J'exigerais le triple de la somme convenue pour compenser les pertes essuyées aujourd'hui.
Plusieurs heures plus tard, le convoi se remit en route, Lysandre enfermé à l'intérieur d'une carriole. Roronoa, qui, avait fini enchaîné à l'extérieur, forcé de courir derrière le même chariot, subissant les moqueries et les coups rancuniers des militaires.
Le jeune homme du écouter pendant les quelques jours qui les séparaient encore de Scaria les cris de douleurs de son frère et pleura de toutes les larmes de son corps son idiotie. Pourquoi le destin s'était-il acharné sur lui et sa famille ? Pourquoi ?