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Blue Rhapsody - 1. Awakening de BlueBreon



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» Auteur : BlueBreon - Voir le profil
» Créé le 07/07/2015 à 11:35
» Dernière mise à jour le 07/07/2015 à 11:36

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CT12 . poivre et sel

— Potions, OK. Antidotes, OK. Anti-para, OK...

Arno recompta une dernière fois les objets afin de s'assurer qu'il n'avait rien oublié. Il cocha mentalement sa liste en même temps qu'il vérifiait le coût total de ses achats.
Tout était en ordre de son côté. Ne manquait que...

— Arno... ?

Le garçon sursauta légèrement en entendant Prune l'interpeller depuis l'autre extrémité du rayon Consommables. Lorsqu'il lui fit face en s'efforçant de paraître naturel, la jeune fille avait déjà détourné les yeux.

— Est-ce que tu trouves tout ce que tu cherches ? lui demanda-t-elle en faisant mine de regarder les produits.
— Oui, je pense avoir tout... Et de ton côté ?
— J'ai tout trouvé aussi.

Ils se jetèrent un regard furtif puis reportèrent leur attention sur leurs courses respectives. Malgré le beau temps qui illuminait cette fin de matinée, la boutique était vide, si bien qu'un silence de plomb tomba lorsqu'il se turent.

— On va payer... ?
— O-Oui...

Le silence retomba aussitôt alors que les deux dresseurs prirent le chemin de la caisse sans s'adresser un mot ni un regard de plus.

« On a connu mieux comme ambiance... » pensa Arno en déposant son cabas sur le comptoir.

Il s'était pourtant organisé de façon à éviter ce genre de situation. Comment en étaient-ils arrivés là ?
Non, question inutile : il savait exactement qui était à l'origine de cette situation désastreuse !




— Du coup, Arno... Prune et toi pouvez vous chargez des courses, pas vrai~?

Voilà ce que Wally lui avait annoncé plus tôt dans la matinée.
Établis au Centre Pokémon de Poivressel après deux jours de marche depuis Lavandia, le groupe devait profiter de cette étape pour de nouveau refaire ses réserves d'objets et de nourriture. Selon les arguments de Wally, Luna et Sebii étaient occupés de leur côté et lui-même avait « des choses importantes » à faire au Centre.

Bien entendu, s'il ne s'agissait que d'aller faire les courses, Arno n'aurait eu aucune objection. Après tout, il se considérait comme le garant du porte-feuille commun.
Seulement, Wally semblait tenir à ce qu'il emmène Prune avec lui.

— Je peux y aller tout seul, Wally, répondit-il avec fermeté.
— Et tu laisserais Prune toute seule ici ? Je ne te savais pas d'une telle cruauté...
— En quoi ce serait cruel ? Tu restes au Centre Pokémon, toi, non ?
— Je n'aurais malheureusement pas le temps de faire la causette. Je suis très occupé, tu sais~
— Comme par hasard. De toute façon, tu sais très bien que je ne suis pas à l'aise avec elle. Il vaut mieux éviter de nous retrouver seuls tous les deux...
— Oh ? C'est inattendu. Tu la regardes pourtant avec des yeux rêveurs tout le temps, donc--
— Je ne la regarde pas avec des yeux rêveurs ! s'insurgea Arno, attirant sur lui les regards amusés de l'infirmière et d'un autre groupe de dresseurs. A-Arrête de t'imaginer n'importe quoi !
— « Imaginer » ? N'est-ce pas toi qui t'es jeté sur elle, hier, alors que nous traversions calmement la cambrousse~?
— C'est toi qui as provoqué ça !! Et on a encore plus de mal à se parler depuis !

Arno était sûr et certain que le coordinateur avait tout manigancé lors de cet incident. Il n'était pas responsable.
Et évidemment, il avait raconté cette histoire suffisamment fort pour que tout le Centre l'entende !

« Je veux disparaître... »
— Les Pokéballs sont vraiment extraordinaires, à pouvoir enfermer quelque-chose d'aussi gros, lança Wally en désignant du regard ce qu'Arno portait sur ses genoux.
Il faisait sans doute référence à l'œuf noir qu'il frictionnait avec un linge afin de lui donner un peu de chaleur. Arno s'était rapidement rendu compte qu'il lui était possible de le « capturer » dans une Pokéball, ce qui facilitait considérablement son transport. Cependant le garçon prenait à cœur de s'en occuper chaque jour avec attention.
— Bien sûr, les Pokéballs ne servent pas qu'à transporter exclusivement des Pokémon. On les utilise souvent pour ce genre de-- Attends, ne change pas de sujet !
— Teehee~! l'acheva le coordinateur en tirant la langue de manière espiègle.




— Je, hem... Encore pardon pour hier, j'ai été victime d'un esprit trop malin.
— Ne t'inquiètes pas, je pensais bien que ce n'était pas ton intention, lui assura Prune.

Arno accueillit son sourire forcé avec une pointe de culpabilité. Il comprenait que la jeune fille n'eût pas envie de ressasser cela, mais il se sentit rassuré de la voir aussi compréhensive. L'inverse aurait rendu la suite du voyage bien plus compliquée à vivre. Peut-être était-ce aussi son avis ?
Il songea que cette journée allait peut-être pouvoir prendre une tournure raisonnable, maintenant qu'il était établi qu'il n'y avait aucun souci entre Prune et lui. Une fois revenus au Centre Pokémon, chacun reprendrait ses occupations et ce moment embarrassant disparaîtrait dans la course du temps. Oui, le juste cours des choses.

Mais une certaine personne ne l'entendait pas de cette oreille.

— Ugh...
— Ça ne va pas ? demanda Prune, interloquée par la grimace désespérée du garçon dont la main était crispée sur son téléphone.
— Ce n'est rien. Rien du tout... I-Il semblerait que Wally ait besoin de pièces de tissus et il n'a pas le temps d'aller en acheter, réussit à articuler calmement Arno malgré l'envie de meurtre qui naissait en lui.

Il l'avait fait exprès. Il l'avait forcément fait exprès ! Cela devait faire partie de son plan vicieux depuis le début ! Cet idiot devait vraiment tenir à le mettre mal à l'aise.

« Mais plus important, je ne me souviens pas lui avoir donné mon numéro... »
— Du tissu... Je pense que l'on peut en trouver au marché, dit Prune après un moment de réflexion. La dernière fois que je suis venue à Poivressel, il y avait un vendeur... je crois...
— Hein ? Tu comptes y aller ?
— Ça ne me dérange pas. Ah, mais peut-être que tu ne veux pas ? C'est vrai que cela fait un bout de chemin pour revenir au Centre ensuite...

Ses mains s'agitèrent subtilement devant elle comme pour discrètement barrer le passage à sa propre suggestion. Mais Arno répliquait déjà en jetant un œil dans la direction du marché.

— Non, non, allons-y. J'y serais allé avant que l'on reparte de toute façon, alors au contraire, ça nous fera gagner du temps.

La raison qui pouvait pousser la jeune fille à accepter cette requête indésirable, alors qu'elle semblait tout aussi embarrassée que lui par leur sortie à deux, échappait totalement à Arno. Il jugea cependant qu'après l'intervention de Prune, un refus catégorique de sa part pourrait être rédhibitoire pour leur bonne entente et l'ambiance au sein du groupe.
Bref, il n'avait d'autre choix que d'accepter la course de Wally.

Á mesure qu'ils approchèrent du Sud de la ville, ils croisèrent de plus en plus de passants. Cette affluence se révéla provenir du marché, dont la place était si bondée de monde qu'ils durent faire bien attention de ne pas se faire happer par un groupe de personnes au détour d'un étal. Par sécurité, ils convinrent de se retrouver au Centre Pokémon s'ils venaient à être séparés.

Tandis qu'ils sillonnaient entre les stands variés où se bousculaient chaque fois plusieurs dizaines de personnes, Arno plaignait la Boutique Pokémon, qui par de tels jours de beau temps ne devait pas faire un bon chiffre d'affaire face à un marché aussi actif.

— C'est rare de voir ce genre d'appareil de nos jours, lança subitement Prune alors qu'ils scrutaient un stand de poupées, brisant de nouveau leur intime silence.
— Quoi donc ?
— Ton téléphone. Il n'y a plus beaucoup de monde à en utiliser.

La jeune fille hésita un instant, comme si elle venait de dire quelque-chose d'offensant. C'est ce qu'elle devait penser, car elle reprit la parole d'une voix rapide :

— Enfin, je veux dire... aujourd'hui, les gens préfèrent utiliser un PokéMatos ou un appareil du même type. C'est même rare d'en trouver en magasin.

Arno ne pouvait que rejoindre Prune sur ce point. Son téléphone à clapet faisait pâle figure face à des bijoux de technologie toujours plus innovants et fabriqués aux quatre coins du monde.
Pas que cela le dérangeait réellement. Son vieux téléphone remplissait parfaitement son rôle, et il n'avait pas besoin de gadgets supplémentaires.

— C'est vrai que Wénora a toujours été en retard sur les nouvelles technologies, expliqua-t-il pour celle qui ne devait pas connaître les détails de cette région isolée. Mais il paraît que cela a empiré depuis il y a dix ans.
— « Il y a dix ans » ?
— À cause d'un certain incident. Les installations électriques et le système de stockage ont été complètement déréglés. Les dresseurs ne peuvent plus déplacer leurs Pokémon via les réseaux d'ordinateurs, et même les communications à distance sont compliquées.

À cause du peu d'archives qui existaient sur le sujet, Arno avait dû demander plusieurs fois au professeur Bibacier pour obtenir quelques explications. C'était une histoire que les adultes évitaient d'aborder, et dont les enfants ne savaient rien – lui excepté, pensait-il.

— Hem... Je devrais peut-être éviter de déblatérer mes explications tout seul comme ça, s'excusa le garçon en remarquant que Prune le fixait depuis un moment.
— Non, ce n'est pas grave ! Je trouve ça intéressant.

Disait-elle cela pour le rassurer, ou était-elle vraiment sincère dans ses mots ? Arno décida d'arrêter là ses explications, et racla nerveusement sa gorge un peu sèche. À côté de lui, Prune avait posé son regard sur une série de brûleurs d'encens très colorés.

Depuis qu'il lui avait proposé de les accompagner, à New Lavandia, la jeune fille semblait s'être détendue. Elle semblait en réalité beaucoup plus sûre d'elle qu'elle ne l'avait laissé paraître lors de leur rencontre. Depuis, elle avait passé la majeure partie de son temps avec Luna, embêtant occasionnellement Wally en l'appelant par son vrai prénom.
Bien qu'il fut toujours convaincu d'avoir pris la mauvaise décision pour lui-même, Arno ressentait une certaine satisfaction lorsqu'il voyait Luna se lancer à corps perdu dans des discussions entre filles avec leur nouvelle compagne.

Comment une décision pouvait-elle lui sembler bonne et mauvaise à la fois ?
Alors qu'il méditait la question sans y trouver de réponse satisfaisante, il sentit deux mains lui attraper le bras et l'entraîner plus profondément dans la masse grouillante qui profitait du marché.

— Prune... ?

Arno, trop surpris par le comportement de la jeune fille pour se troubler de sa proximité, attendit une explication que Prune lui refusa. Celle-ci, une main toujours accrochée à son poignet, scrutait avec inquiétude un stand situé à quelques mètres d'eux.

Un sentiment similaire envahit le garçon lorsqu'il aperçut les deux figures habillées de ponchos blancs traverser habilement la foule. Malgré leurs cheveux teintés en vert pomme, personne ne sembla faire attention à eux, chacun étant trop occupé par ses propres affaires.

— Eux... !
— Tu... les connais ? s'enquit Prune dont le regard révélait sa tension.
— Non. Mais on a rencontré leurs collègues sur la route.

Et d'après sa réaction, C'était également le cas de Prune.

— Ils sont dangereux, dit-elle. Il ne faut pas les approcher.

Sa voix était redevenue hésitante comme deux jours auparavant. Les deux hommes en uniforme semblaient lui inspirer une crainte sans pareille.

Cachés derrière un couple de vieilles personnes qui discutaient le prix de lots de baies, ils se firent le plus discret possible afin de ne pas attirer leur attention. Même si ces personnes ne les connaissaient pas, Arno craignait que leurs agresseurs du Site Météore ne leur aient transmis leur description.

Les hommes passèrent derrière eux d'un pas pressé. Une partie de leur conversation arriva aux oreilles d'Arno, avant que leurs voix ne s'effacent dans le brouhaha général :

— Je pensais qu'on avait envoyé assez d'hommes à la Grotte Island. Qu'est-ce que les autres ont encore foutu... C'était censé être une mission de reconnaissance, non ?
— Ça faisait partie des risques. Pour le moment, on obéit aux ordres et on les rejoint.
— Ouais. J'imagine même pas les remontrances de Borée si on se pointe en retard...

Une fois les individus éloignés, Arno se retourna pour confirmer qu'ils s'éloignaient bien du cœur du marché où ils se trouvaient. Il ne put s'empêcher de lâcher un soupir de soulagement tandis que de nombreuses questions revenaient tarauder son esprit.

— Qui sont ces types... ? laissa-t-il échapper pour lui-même.
— Aria...

Arno sentit la main de Prune se resserrer un peu autour de son bras. La jeune fille s'en rendit compte quelques secondes plus tard et le relâcha, avant de baisser les yeux.

— Ils se font appeler la « Team Aria »...




Arno tapota distraitement le clavier du vidéophone pendant de longues minutes avant de se décider à entrer le numéro de téléphone.

Une fois revenus du marché, Prune s'était rapidement excusée auprès de lui et était partie se reposer dans la chambre qu'elle partageait avec Luna.
Elle n'avait pas beaucoup parlé depuis qu'ils avaient croisé les deux hommes de cette « Team Aria ». Arno avait jugé bon de ne pas lui demander dans quelles circonstances elle avait eu affaire à l'organisation.

Le garçon jeta un œil derrière lui. Les rouleaux de tissus que Wally lui avait demandé traînaient sur une table basse à proximité. Ce dernier devait s'être absenté, car la chambre des garçons était vide. Néanmoins, l'heure du déjeuner approchant, les trois dresseurs manquants ne devraient pas tarder à les rejoindre.

— Yo, fit une voix familière en se laissant tomber sur un canapé.

Arno sursauta légèrement avant de se retourner vers Sebii, dont le manteau rouge se fondait dans la couleur de la banquette.

— Oh... Je ne pensais pas que tu serais le premier à revenir. Un problème ?
— C'est plutôt à moi de demander ça, non ?

Son ami avait rétorqué cela avec une voix détachée, mais Arno pouvait sentir qu'il avait posé cette question sérieusement. Il hésita cependant à lui parler des hommes en ponchos blancs. Il devrait pourtant en parler rapidement afin que le groupe se montre plus prudent.

Reviens ici ! Tu ne peux pas y aller comme ça !

Arno sursauta une nouvelle fois en entendant la voix sévère en provenance du téléphone. Avec l'arrivée de Sebii, il en avait oublié son appel.
Mais s'il reconnaissait la voix qu'il venait d'entendre, il ne s'attendait pourtant pas à un accueil aussi vif.
À travers le grand écran du vidéophone, il aperçut la silhouette mouvante de Libella, l'assistante du professeur Bibacier, avant que celui-ci ne se glisse devant son propre écran pour lui faire face.

Laisse, Libella, ce n'est pas grave. Ah, Arno ! Alors, comment se passe ce voyage ? Je m'attendais à recevoir des nouvelles plus tôt que ça.
— Pardon, j'ai été un peu occupé... Est-ce que tout va bien, professeur ?

Derrière l'homme, Arno pouvait entrevoir une partie du laboratoire. D'habitude parfaitement rangé – si l'on omettait la table de travail qui croulait souvent sous la paperasse et les objets en tous genres – c'était maintenant un vrai champ de bataille. On aurait dit qu'une tornade avait traversé la pièce.

Oh, ça ? fit Bibacier en remarquant les coups d'œil du garçon. Ce n'est rien, ne t'inquiète pas. Simplement... Une jeune personne qui a voulu exprimer son mécontentement, ajouta-t-il en titillant une mèche de cheveux rebelle.
On ne devrait pas... ?
Tout va bien, Libella, répéta le professeur avec un sourire détendu. Ça lui passera.

Arno considéra la jeune femme habillée d'une tunique qui s'était rapprochée du moniteur.

Apparemment du même âge que le professeur Bibacier, Libella passait bon nombre de ses journées en sa compagnie. Elle n'était pas vraiment une assistante ; elle ne participait pas concrètement aux recherches du professeur et son propre emploi l'obligeait parfois à s'absenter durant plusieurs semaines. Cependant, elle l'aidait dans sa vie quotidienne et s'occupait de la paperasse administrative, chose que le professeur n'appréciait guère.

De ce que Bibacier avait bien voulu lui dire, Arno avait retenu qu'ils étaient des amis de longue date et que Libella avait décidé de l'assister malgré ses obligations personnelles.

Même à moitié cachés par d'épaisses lunettes rondes, le garçon remarqua fort bien les sourcils colériques de la jeune femme, qui s'adoucirent lorsqu'elle le salua d'un hochement de tête.

Bonjour, Arno. Tout se passe bien pour toi ?

À chaque fois qu'il parlait avec elle, Arno était surpris par le fort contraste entre sa voix claire, sa silhouette élancée et ses longs cheveux bleutés, qui lui donnaient une apparence de mannequin, et ses étranges – d'aucuns auraient préféré le terme « hideuses » – lunettes qu'elle ne quittait jamais. Il avait d'ailleurs toujours pensé qu'il s'agissait d'une sorte de gage de mauvais goût imposé par le professeur.

— Oui, merci. J'aimerais pouvoir vous poser la même question.
Cet idiot va finir par se faire tuer, se lamenta Libella en fusillant Bibacier du regard derrière le verre de ses lunettes.

L'homme répondit par le rire à l'inquiétude de ses deux interlocuteurs, avant que le poing de Libella ne s'abatte sèchement sur le sommet de son crâne.

Les salutations achevées, Arno s'entretint une longue demi-heure avec le professeur, pendant laquelle ils firent le point sur le fonctionnement de l'Indexon, dont le dresseur était en charge d'expérimenter.
Il ne put se retenir de sermonner plusieurs fois Sebii qui, resté avachi dans le canapé, ne se retint pas de bailler bruyamment pendant leur conversation.

Puis, ne pouvant se débarrasser de ses préoccupations, il décida de lui raconter leur première altercation avec la Team Aria.

— La « Team Aria » ? tiqua Sebii, sans pour autant prendre la peine de se redresser. C'est comme ça qu'ils s'appellent ?

Il jeta à Arno un regard suspicieux. Il voulait certainement savoir comment il avait découvert le nom de cette organisation.
De l'autre côté du vidéophone, Bibacier croisa les bras et marqua un temps de réflexion.

Je ne me souviens pas en avoir entendu parler dans les médias, dit-il finalement. Ils n'ont pas dû faire beaucoup parler d'eux. Quoi qu'il en soit, je vous conseille de redoubler de prudence pendant la suite de votre voyage.

Malgré son ton sérieux, le professeur montrait toujours un visage détendu ; ce qui n'était pas le cas de Libella, dont les sourcils se froncèrent de plus belle, marquant de petites rides sur son front. La jeune femme s'éclipsa de l'écran sans dire un mot.

Beaucoup auraient qualifié Bibacier d'irresponsable pour laisser des enfants voyager seuls dans de telles circonstances, et bien qu'Arno était satisfait de pouvoir poursuivre leur voyage, il ne savait pas trop que penser des décisions du professeur.
Ceci étant, Sebii refuserait certainement de retourner à Wénora malgré le danger que représentait la Team Aria, et Arno ne se voyait pas l'abandonner à Hoenn.
Le résultat aurait été le même que le professeur leur demande de rentrer ou non. Et ce dernier devait le savoir.

Ne prenez pas de risques inutiles, les mit en garde Bibacier en levant son index gauche. Si un problème survient, contactez-moi immédiatement. D'accord ?
— Oui.
— Heyoh~! On dirait que tout le monde est là ! s'exclama une voix derrière Arno. Ah, non, Prune n'est pas là ?

L'instant d'après, le garçon se retrouva avec les bras de Wally paresseusement croisés autour de son cou.

— Alors, tu as apprécié votre petit rendez-vous en tête-à-tête~? murmura-t-il sans lui laisser le temps de protester.

Arno se dégagea de l'étreinte du coordinateur sans lui adresser un mot. Un regard sur le côté lui permit de voir que Luna était également présente. Chacun était finalement revenu de sa quelconque promenade.

Oh, je vois que tu t'es fait de nouveaux amis, fit joyeusement Bibacier – que la scène semblait bien amuser. C'est bien, très bien.
— Je n'irais pas jusqu'à parler d'ami, rétorqua Arno avec un regard noir à Wally.
— Aww~! Tu es si méchant~!
Ah ! Avant que je n'oublie, Arno : j'ai fait des modifications au logiciel ainsi qu'aux composants de l'Indexon, et il serait intéressant de le mettre à niveau. Je peux t'envoyer tout cela, mais ce sera un peu compliqué pour toi de changer les pièces. Le plus rapide serait de les envoyer avec l'Indexon au professeur Séko afin qu'il réalise la mise à niveau. Tu devras interrompre les essais pour une bonne semaine, mais je pense que cela vaut le coup.
— D'accord, acquiesça Arno en recalculant mentalement le temps d'envoi et de retour de l'appareil. Quand est-ce que--
— Un instant !

Cette fois, ce fut la main tendue de Wally qu'Arno trouva entre son visage et l'écran du vidéophone. Le coordinateur se colla contre lui pour être sûr de se faire voir de son interlocuteur.

— Je ne veux pas me vanter, mais je me débrouille plutôt bien en électronique. Si vous le permettez, je serai ravi de m'occuper de ce petit boulot. Et gratuitement, en plus~!
« Tu l'aurais fait payer... ? »
Hm...

Le professeur Bibacier parut réfléchir un instant. Oui, « paraître » était le bon mot, car l'on devinait déjà sa réponse à son large sourire.

Ah ha, quelle chance ! Cela nous ferait gagner beaucoup de temps, je t'en remercie ! Dans ce cas, Arno, je vous enverrai un agent postal dans les prochains jours. Portez-vous bien !
— Euh, professeur, attendez une... !

« Seconde » ; le dernier mot d'Arno n'atteignit jamais le professeur Bibacier, qui venait de lui raccrocher au nez.
Le garçon avait le sentiment de s'être légèrement fait embobiner.

— Oh ! Il m'a fait confiance bien plus rapidement que je ne l'aurais pensé~
— Wally.

Arno repoussa dans un coin de sa tête sa dernière conversation avec le professeur. Pour le moment, il y avait quelque-chose de bien plus important dont il devait s'occuper.

Peut-être l'embarras qu'il avait dû subir ce matin-là l'avait-il exténué, ou peut-être se sentait-il simplement excédé par les grivoiseries incongrues de Wally.
Autant fut-il qu'Arno ne prit pas la peine d'une transition pour poser la question qui lui trottait dans la tête depuis plusieurs jours maintenant :

— Pourquoi la Team Aria te recherche-t-elle exactement ?

Il n'était plus question de tourner autour du pot. Ils étaient tous les cinq potentiellement en danger. S'ils voulaient continuer de voyager tout en restant en sécurité, ils devaient au moins savoir à qui ils avaient affaire et ce que ces gens cherchaient.

— Aahn...

Wally soupira, résigné, après avoir croisé le regard sérieux d'Arno, celui impatient de Sebii, celui désemparé de Luna, et celui troublé de Prune qui venait de descendre les escaliers menant aux chambres.

— Bon, je suppose que ça veut dire que la récréation est finie pour aujourd'hui...



BR1-CT12.poivre et sel/fin