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Legendary Bonds de Clafoutis



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» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 23/05/2015 à 10:11
» Dernière mise à jour le 22/06/2015 à 08:20

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Chapitre 21 : Les fantômes d'Espoir.
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Mardi 2 février
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– Yoosh !! Tout le monde est chaud ce soir ?!
Sofian tentait de toutes ses forces d'enflammer l'ambiance, sans grand succès.
– On perd notre temps..., grinça Camélia.
– Humpf, siffla Ilyana, j'ai autre chose à foutre...
– Hm, acquiesça tristement Nelly.
Seule Miya semblait un peu un accord avec Sofian.
– Miya est toujours chaude, chef !!
– Parfait ! approuva Sofian. Puisque tout le monde est paré, il est temps de commencer notre enquête dans la terrrrriiiible .... maison hantée ! Un mystère resté irrésolu depuis des siècles, que nous, membres du fier Super-Club de recherche Ultra-Paranormal, allons dévoiler au grand jour !
– Ouaiiis ! s'enthousiasma Miya.
– Et c'est pour ça qu'on est dehors à 22h..., résuma sinistrement Camélia.
– ... mais qu'est-ce que je fous ici..., grommela Ilyana.
– Tu t'es vendu pour un maxi-pancake au sirop d'érable, lui rappela la présidente du conseil des élèves.
– Humpf, siffla honteusement la délinquante.
– Et toi pour 50 Pokédollars, lança Nelly.
– Gnnn ! grogna Camélia. Et à qui la faute ?! J'ai perdu toutes mes économies en pariant sur ta victoire !! Faut que je me refasse ! Et d'ailleurs, toi, qu'est-ce que tu fiches ici ?
– Je fais ce que je veux.
– ... parce que tu veux vraiment explorer une maison abandonnée en pleine nuit ?
– C'est moins étrange que de se vendre pour 50 Pokédollars, statua Nelly.
– ..... ggnn !! trépigna Camélia. Pourquoi j'arrive jamais à gagner contre elle !!
– Vous ne jouez tout simplement pas dans la même catégorie ! intervint joyeusement Sofian.
– Toi, grinça Camélia, ta gueule.
– Gniih !
Sentant le danger, Sofian s'éclaircit la gorge et reprit rapidement les rênes de la discussion.
– Hem, et pour cette incroyable épopée, nous avons l'honneur d'être rejoints par notre majordome attitré, que tout le monde avait oublié, j'ai bien sûr nommé Julio Gothimu ! On l'applaudit bien fort !
– ...
Mais l'individu aux courts cheveux bleus clairs, toujours vêtu de son impeccable uniforme de majordome bleu et blanc, restait silencieusement caché derrière Sofian, presque tremblant.
– ... salut ! fit-il faiblement.
– Mmh, réfléchit Sofian, ça ne s'arrange pas hein...
– Julio a toujours peur des femmes..., rappela Miya.
– D-désolé, lâcha courageusement le majordome. Mais c'est plus fort que moi ! Dès que je vois leur affreux visage dégoulinant d'une irrépressible envie de tuer, leur posture de prédatrices prêtes à déchiqueter leur proie, et surtout lorsque j'entends leur voix doucereuse semblant venue d'outre-tombe, je perds absolument tous mes moyens !
– Voilà qui est embêtant..., souffla Sofian.
– Mais ne vous inquiétez pas ! se redressa fièrement Julio. Je reste avant tout le majordome attitré de mademoiselle Miya, la seule femme digne d'exister, et par cette fonction, je ne faiblirai pas, dussé-je être entourée de démones assoiffées de sang !
– Voilà qui est rassurant ! sourit Sofian.
– Ggnn, grogna Camélia. J'ai une furieuse envie de le frapper et de jeter son corps dans un fleuve !
– Je te rejoins avec grand plaisir..., siffla Ilyana.
– Hé du calme ! s'interposa courageusement Sofian. Tuer Julio n'est pas à l'ordre du jour ! Et n'oublions pas notre mission première ! À savoir... la terrrrrible maison hantée !
– Arrête de rouler les R comme ça, grogna Camélia, ou c'est toi qu'on va jeter dans un fleuve !
– Gniih ! paniqua Sofian. J-je vous sens un peu tendues aujourd'hui..., quelque chose ne va pas ?
– J-je vous l'ai dit, lui souffla discrètement Julio, des démones, des démones assoiffées de sang...
– Si quelque chose ne va pas ?! Il est 22h, on se caille et va devoir fouiller une vielle bicoque pourrie à la recherches de « fantômes » !!
– Hm, acquiesça tristement Nelly.
Sofian secoua la tête.
– Non, non, sourit-il. Tu ne vois pas les choses du bon angle, assistante N°1 ! Nous sommes de fiers héros bravant la froideur de la nature à la recherche d'une légende disparue !
– Tu ne fais que jouer sur les mots !
– C'est ce que font tous les politiciens, mademoiselle la présidente du conseil des élèves !
– Ggnn..., je suis arrivée à mon poste honnêtement sans mentir !
– Vraiment ? intervint Miya en pointant obséquieusement la poitrine de Camélia.
– Gggnn !! Ç-ça ne compte pas ça !!
– Ah..., souffla Sofian, ça commence toujours comme ça, un petit mensonge et ensuite le grand crime...
– C'est une femme après tout, décréta implacablement Julio en hochant lentement la tête.
– Humpf, siffla Ilyana. Z'avez pas fini parler pour ne rien dire ?! Dépêchons-nous fouiller ce taudis qu'on puisse rentrer chez nous...
– Oh ! sourit grandement Sofian. Bien sûr ! Je suis fier que tu présentes autant d'intérêts à notre enquête, assistante N°3 !
– Humpf, je veux juste foutre le camp d'ici au plus vite...
– Mais oui, mais oui, s'amusa le brun.
Tout content, Sofian s'approcha de la porte de la fameuse maison supposée hantée. En pleine nuit, ce vieux manoir délabré faisait vraiment mauvaise impression, avec ses murs gris effrités, ses nombreuses fenêtres brisées et sa toiture partiellement effondrée. Pourtant, dans le temps, ça devait être une bien belle demeure. Le manoir était plutôt large et pour y accéder, il fallait arpenter un long chemin pavé digne de la plus haute bourgeoisie.
– En plus, grommela encore Camélia, je suis certaine que nous sommes sur une propriété privée... si on nous voit ici, on va encore avoir des problèmes...
– Mais non, la rassura Sofian. C'est complètement abandonné ici, tout le monde y rentre comme dans un moulin !
– C'est pour ça qu'on a dû défoncer le portail pour entrer...
– Que veux-tu, ce n'est pas si facile de rentrer dans un moulin... bref ! Je sonne !
Effectivement, à côté de la grande porte du manoir, se trouvait une petite sonnette ronde. Sofian appuya dessus de tout son saoul.
– ... t'es con ? siffla Ilyana. Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans « maison abandonnée » ?!
– On ne sait jamais ! Peut-être que le manoir est hanté par des fantômes civilisés, ce serait malpoli d'entrer sans prévenir !
– ... de toute façon, maugréa Camélia, je doute que cette sonnette fonctionne toujours depuis le temps...
– Voyons assistante N°1, s'indigna Sofian. Quand bien même ce serait vrai, qui te dit qu'il n'y a pas d'électriciens parmi les fantômes ?
– .... qu'est-ce que je suis censée répondre à ça ?!
Mais alors que la présidente du conseil des élèves se blasait de plus en plus, Miya sauta soudainement.
– Nyaah ! La porte s'ouvre !
– ... hein ?!
– Tu vois, sourit Sofian, j'avais raison !!
Tout doucement, la grande porte en bois s'entrouvrit devant un groupe de lycéens incrédules. Puis, une petite tête se pencha timidement à travers l'entrée.
– Waaah !! s'écria brusquement Camélia. Un-un-un-un-un fantôme !!
Et la pauvre présidente courut se recroqueviller derrière un des nombreux piliers en pierres du palier de l'entrée.
– Reviens ! lui cria Sofian. C'est peut-être le fantôme électricien !
– Nyahaha..., ricana malicieusement Miya. Camélia a donc peur des fantômes...
– J-je ne rêve pas, bafouilla Julio. V-vous voyez bien quelqu'un vous aussi ?
– Hm, confirma férocement Nelly.
Ce « quelqu'un » cligna des yeux, visiblement surpris. Et après avoir hésité un petit moment, le « quelqu'un » franchit timidement la porte. Et ce « quelqu'un » se révéla être une jeune femme, vêtue d'une très longue robe bouffante rouge et noire. Sofian ne savait pas vraiment ce qui l'intriguait le plus chez cette apparition, son immense chevelure multicolore touchant le sol ou cette étrange clef à molette dans son dos, qui tournait en continu.
– V-vous êtes un fantôme ?! demanda un Sofian plein d'espoir.
– U-un fantôme ? sursauta l'apparition. Où ça ?!
– Bah vous ! renchérit le brun. Vous habitez dans un manoir abandonné, vous êtes sûrement un fantôme !
– M-moi ? Non ! Je ne suis pas un fantôme, je suis un simple robot, comme tout le monde !
– ... un... robot ?
– .....oh !
Soudain la demoiselle ouvrit grand les yeux, effarée. Sa clef à molette se mit brusquement à tournoyer à une vitesse folle.
– N-non ! Hahaha ! Je ne suis pas un robot, qu'est-ce que qui vous fait dire ça ? Hahaha ! J-je suis une jeune humaine tout à fait normale ! Le truc derrière mon dos ? C'est juste un accessoire à la mode ! Ce n'est absolument pas ma clef d'activation ou autre ineptie du même genre, hahaha ! Vous voyez, je suis parfaitement humaine ! D'ailleurs entrez, je vais vous préparer du thé, comme le ferait n'importe qu'elle humaine normale !
Et elle disparût rapidement à l'intérieur du vieux manoir, laissant la porte grande ouverte.
– Ah bon ! fit simplement Sofian. Bah, si c'est si gentiment proposé !
– N-nononon ! réapparut une Camélia livide. Il y a forcément quelque chose de louche là-dedans !! C'est un manoir abandonné depuis des lustres ! Personne ne devrait y habiter ! Et... et cette fille n'était pas humaine ! Ces cheveux multicolores, cette clef à molette dans le dos ! Tout ça ce n'est pas humain !
– Pourtant, se souvint Sofian, elle avait dit qu'elle n'était qu'une simple humaine normale !
– C'est un piège ! Elle t'a menti !
– Voyons, assistante N°1, ce n'est pas parce que tu es une menteuse que tout le monde ment aussi !
– Je-ne-suis-pas-une-menteuse !! Et vous autres, dites quelque chose ! Vous voyez bien que la situation n'est pas normale !!
– Elle avait l'air assez polie... pour une femme, souffla faiblement Julio.
– J'espère que son thé sera sucré, marmonna Ilyana.
– Hm, acquiesça Nelly.
– Nyah ! Miya adore le thé !
Satisfait, Sofian se retourna vers Camélia.
– Tu vois ? Tout le monde est content ! Suis le mouvement, assistante N°1 !
– Gnnn !!
Et le club des six rentra dans le vieux manoir.

***

***

L'intérieur était à peu près comme l'extérieur : délabré à souhait. De nombreux meubles et statues de Pokémon disloqués jonchaient le sol, sans compter les multiples toiles d'araignée tissées un peu partout et le papier-peint bleu roi du mur qui commençait sérieusement à se faire la malle. Ces petits détails esthétiques mis de côté, l'entrée était très grande, et donnait directement sur un énorme escalier central, ainsi qu'à de nombreuses petites portes latérales. Le tout étant faiblement éclairé par de nombreuses et simples bougies.
Devant l'escalier, le groupe retrouva la demoiselle aux cheveux multicolores, toujours en état de panique, qui défilait furieusement de droite à gauche.

– Aah ! Je suis une idiote ! Il n'y a pas de thé ici, qu'est-ce qui m'a pris de dire ça ?! Ils vont se rendre compte que je suis un robot à ce rythme là ! Allez Espoir, du calme, du calme, tu trouveras bien un moyen t'en sortir ! Rappelle, toi, tu es une simple humaine, une simple humaine, donc tu dois te comporter comme une simple humaine et non pas comme un robot ! Aaaaaah ! J'ai le processeur qui surchauffe !!

Non loin de là, Camélia la pointa violemment du doigt.

– Vous voyez ! Ce n'est pas une humaine !
– Ne tire pas de conclusion hâtive, tempéra Sofian.
– Elle a de la fumée qui lui sort des oreilles !
– Elle a peut-être simplement une petite fièvre.
– Elle vient de s'écrouler au sol et convulse en lâchant de petites étincelles !
– Bon ok, une grosse fièvre alors !
– Euh, intervint Julio, on devrait faire quelque chose...
– Hm, admit Nelly en s'approchant du corps convulsant.

La grande brune s'accroupit devant la demoiselle au sol et l'examina rapidement, tâtant quelquefois le corps de sa patiente.

– Hm, hocha t-elle de la tête. Une simple surchauffe de processeur. Le processus de refroidissement semble s'être correctement enclenché, elle devait se réveiller dans quelques minutes, le temps que son programme d'auto-réparation stabilise ses circuits.

Nelly avait sorti son diagnostic simplement, comme si elle annonçait que le ciel était bleu. Mais son auditoire ne l'entendit pas de cette oreille, et la fixa longuement, interloqué.

– ... Nelly ? lâcha enfin Sofian. J'ai... j'ai bien peur de ne pas avoir tout compris...
– Hm ? plissa t-elle des yeux. C'est une surchauffe de...
– N-non, l'arrêta le brun. Ça, je l'avais bien entendu mais... tu veux dire que... c'est vraiment un robot ?!
– Ce n'est que maintenant que tu t'en rends compte ?! grogna Camélia. Mais ce n'est pas ça le plus étonnant ! Comment ça se fait que t'y connais autant en automates, Nelly ?!

Nelly plaqua sa main droite contre son menton, faisant mine de réfléchir.

– Je le sais. C'est tout.
– ... évidement, marmonna Camélia.
– Un robot hein..., répéta mystérieusement Julio.
– Hé ! réagit soudainement la présidente. Pourquoi vous n'êtes pas plus surpris que ça vous autres ?! Ohé ! Il y a un robot humanoïde devant vous ! Ce n'est pas normal !
– Humpf, siffla Ilyana. De nos jours, plus rien ne me surprend...
– Avec tout ce qu'on voit à la télé, soupira Sofian.
– Nyaaah, acquiesça Miya.
– Gnnn ! Rhaa ! Faîtes ce que vous voulez, j'm'en fiche !

***

Comme l'avait prédit Nelly, à peine cinq minutes plus tard, la demoiselle robotique se releva, les yeux vides.

– rrrrrh, ronronna t-elle. Redémarrage en cours...rrrrrh...activation du mode sans échec Windows...rrrrrh...
– Nyah, soupira Miya. Même les robots souffrent de Windows...
– Hm, acquiesça tristement Nelly.
– rrrrrh... récupération des données, veuillez ne pas éteindre....rrrrrh...1%....2%...
– Euuh..., tenta Sofian, ça va encore durer longtemps ?

Miya et Nelly se regardèrent un moment et haussèrent les épaules.

– C'est Windows.

***

Dix minutes plus tard...

– rrrrrh... récupération des données, 20%... rrrrrh...
– C'est long, commenta Sofian.
– J'commence sérieusement à m'faire chier ! grinça Ilyana.

***

Trente minutes plus tard...

– rrrrrh...récupération des données, 100%....rrrrrh...
– Ah enfin ! s'illumina Sofian.
– Pas trop tôt ! s'impatienta Camélia.

Mais alors que l'espoir était revenu, le corps de la demoiselle émit un petit bruit étrange et :

– rrrrrh... configuration des mises à jour.... 1/5, 1%...rrrrrh...
– Rhooo !! soupira tout le monde en même temps.

Seules Miya et Nelly, bien que lassées, ne paraissaient guère surprises. Elles haussèrent les épaules une nouvelle fois.

– C'est Windows.

***

Une heure plus tard...

– rrrrrh... configuration des mises à jour.... 5/5, 100%...
– Pffiouu..., souffla Sofian, enfin...
– Ggnn... il est presque minuit ! grogna Camélia, comment je vais rentrer chez moi... ma mère va me tuer si elle apprend ça...
– Oh ? Elle n'est pas au courant que tu es sortie ? s'étonna Sofian.
– Comme si ! « Maman, je vais sortir très tard ce soir avec un maboul qui croit aux fantômes, une délinquante miniature, une psychopathe en chaleur qui miaule et une blasée de la vie participant à des combats sauvages ! Et tout ça parce qu'on m'a donné 50 Pokédollars ! Je reviendrais après minuit, à bientôt ! »
– Tu as une vision très péjorative de notre groupe, remarqua Sofian. Mais donc, tu as fait le mur ! Haha, tu es une vraie petite délinquante toi aussi !
– Et à qui la faute !
– Tu n'avais qu'à pas perdre tout ton argent sur un pari !
– Grr... et elle en est où notre robot bugué ?!

Nelly et Miya s'échangèrent un regard lourd de conséquences.

– rrrrrh... erreur...erreur... redémarrage en cours...rrrrrrh...
– Raaah ! hurla presque Ilyana. Mais ça ne finit jamais ce truc ?!
– Hm.
– Nyah.

D'un commun accord, Nelly et Miya s'approchèrent de la demoiselle robotique en souriant et l'assommèrent d'un puissant coup de coude sur le crâne.

– Voilà comment on traite avec Windows ! s'exclamèrent les deux expertes.

Et visiblement le traitement sembla fonctionner puisqu'à peine quelques secondes plus tard :

– rrrrrh... récupération terminée ! Bonjour et bienvenus, chers utilisateurs. Je me nomme Espoir, je suis un androïde multifonction et... héééé ! Pourquoi je raconte ça moi ?!
– ...
– Waaaah ! Oh non ! Je m'en souviens ! Je suis rentrée en surchauffe devant eux ! Ils savent que je suis un robot maintenant ! Que faire, que faire ?!
– Nyaah ! paniqua Miya. Calmez-vous, mademoiselle Espoir ! Sinon vous allez de nouveau être en surchauffe !
– Pffiouu..., souffla l'androïde. Vous avez raison, je me suis trahie, c'est trop tard, autant tout avouer... oui, effectivement, je ne suis pas humaine, je suis un robot... J'étais censée me cacher ici le temps que mon concepteur revienne me chercher...
– J'avais raison ! s'exclama Camélia. J'avais raison !
– Oui, siffla Ilyana. On a compris !
– Quelle découverte incroyable ! s'enthousiasma Sofian. Un robot ! Et tu dis être multifonction, c'est ça ?
– Effectivement, je suis Espoir, l'androïde multifonction.
– Et qu'est-ce que tu peux faire exactement ? Tirer des rayons lasers avec des yeux ? Voler à une vitesse supersonique ? Changer l'eau en vin ?
– Rien de tout cela j'en aie bien peur...
– Oh..., soupira un Sofian déçu.
– Mais je possède également des capacités très utiles !
– Ah ? se ranima un Sofian plein d'espoirs.
– Hé oui, regardez.

Espoir sortit de sa robe trois grosses balles en caoutchouc, une rouge, une verte et une bleue et... se mit à jongler très habilement.

– Alors ? sourit une Espoir toute fière d'elle. Je peux même le faire à cloche pied !

Et l'androïde s'exécuta tout aussi adroitement. Sofian observa le petit numéro de cirque improvisé d'un œil circonspect et irrémédiablement déçu. Constatant l'échec de sa prestation, Espoir serra les dents.

– M-mais je peux aussi jongler avec quatre balles !! insista t-elle.
– Euh...
– Bouhouhou ! craqua l'androïde. Oui c'est vrai, je suis bonne à rien ! C'est pour ça que j'ai été abandonnée ici ! Et en plus que je ne sais même pas jongler avec quatre balles !
– Voyons mademoiselle Espoir, intervint Miya. Ne vous laissez pas abattre, Miya est sûre que vous avez plein de qualités !
– Hm, acquiesca fermement Nelly. Tout le monde à son utilité en ce monde.
– Exactement ! renchérit Sofian. Jongler avec trois balles à cloche pied c'est déjà pas mal, j'en suis incapable personnellement !
– Snif..., renifla Espoir. M-merci jeunes gens... je me sens un peu moins inutile maintenant...
– Mais vous vivez vraiment ici ? s'étonna Sofian. C'est... assez délabré comme coin !
– Mmh, réfléchit un instant Espoir. Je suis un androïde, je n'ai pas vraiment besoin de confort. Ni même de manger ou de boire, je possède une batterie qui se recharge aux rayons solaires ou lunaires en fonction de la situation, de ce fait je suis parfaitement autonome niveau énergie.
– Peut-être, souffla Sofian, mais tu ne voudrais pas mieux vivre dans un cadre un peu plus agréable ?
– J'avoue je ne pourrais jamais vivre une seconde dans ce trou à rat, décréta Camélia.
– En fait j'aimerais bien, soupira honteusement Espoir. Au début, j'ai essayé de nettoyer mais...

L'androïde engloba tout le Rez-de-chaussée délabré de ses deux bras.

– ... j'ai tout cassé.
– Ah oui quand même ! s'étonna Sofian.
– Mais ce n'est pas le pire, se renferma soudainement Espoir. Je... je ne suis pas la seule habitante de ce manoir.

Tout d'un coup, Camélia sursauta, inquiète.

– V-vous... vous n'êtes pas la seule ?! Il y a d'autres robots ici ?
– Non..., déclara sinistrement Espoir. Je ne sais pas moi-même ce qu'ils sont exactement... ils traînent dans le manoir, en émettant des bruits étranges...
– Hiiiiiii ! s'écria Camélia. Des fantômes !! Ce sont des fantômes ! J'en suis sûre !!
– Alors cet endroit est vraiment hanté ! s'enjoua Sofian. Merveilleux ! À toute l'équipe, on reprend du service !!
– Ouaiis ! le suivit Miya.
– Ne vous inquiétez pas, mademoiselle Espoir, l'assura Sofian. On va vous débarrasser de vos nuisibles !
– Hein ? paniqua Camélia. T-tu n'es pas sérieux ?!
– Assistante N°1, c'était notre but premier tu ne l'as pas oublié quand même !
– Ggnn... o-oui mais... d-des fantômes... m-maintenant qu'on y pense c'est complètement stupide hein ? hein ? Alors euh... on devrait juste partir, il est vachement tard en plus on devrait rentrer !
– Je t'accorde ce dernier point, grommela Ilyana.
– Nous n'allons tout de même pas abandonner cette pauvre androïde à son pauvre sort ! s'indigna Sofian.
– C'est vrai, le rejoignit inespérément Nelly. Il faut faire quelque chose.
– Miya est d'accord ! s'exclama la rousse.
– Ggnn..., grogna Camélia. Et je passe encore pour la méchante...

Espoir croisa les mains, comme si elle venait d'être témoin d'une apparition divine.

– A-alors c'est vrai ? Vous allez m'aider ?
– Bien sûr ! affirma Sofian. Dites-nous juste où sont ces fichus fantômes et le Super-Club de recherche Ultra-Paranormale s'en chargera !
– Mmmh... je ne sais pas vraiment où ils sont... ils se baladent de temps en temps dans le manoir, je fais tout mon possible pour rester discrète, je n'ai jamais vraiment su à quoi ils ressemblaient aussi !
– Voilà qui complique la tâche, analysa Sofian. Mais ce n'est pas ce qui va nous arrêter ! Restez ici, mademoiselle Espoir, nous allons fouiller le manoir, on finira bien par trouver quelque chose.
– F-Fouiller le manoir ?! s'écria une Camélia livide. M-mais il est immense ! Et... très sombre ! Et il est tard !

Sofian sembla peser le poids de ces contestations.

– Pas faux..., oh. On n'a qu'à se séparer, ça ira plus vite ! On est suffisamment nombreux pour explorer tout le Rez-de-chaussée rapidement.
– S-se séparer...
– Nyahaha, s'enquit une certaine rousse à couettes. Que ce passe t-il Camélia Rozelia ? Tu as peur de te retrouver seule dans un manoir hanté ?
– ... !! N-non ! nia cette dernière avec ferveur. J-jamais de la vie ! Je suis la présidente du conseil des élèves du lycée de Mérouville ! Ce ne sont pas quelques ectoplasmes imaginaires qui vont me faire peur !
– Dans ce cas c'est parfait ! résuma Sofian en claquant des mains. On se sépare, on fouille partout, on trouve ces fantômes et on les expulse !
– Hm, confirma Nelly.
– Ggnn.., répondit Camélia en serrant les dents.

***

Aussitôt dit, aussitôt fait. Sofian, Nelly, Ilyana, Miya et Camélia se dispersèrent à travers cinq salles du Rez-de-chaussée. Julio quant à lui, resta à l'entrée avec Espoir, au cas où.

– Voyons voir...

Sofian se trouvait dans ce qui semblait être une chambre d'ami, entièrement délabrée comme le reste du manoir. Le brun ne pouvait pas faire un seul pas sans soulever un nuage de poussière. Le pauvre matelas du lit semblait avoir connu toutes les guerres du monde, littéralement éventré et troué de partout, sa mousse et ses ressorts jaillissaient de toutes parts. La feu commode de nuit était complètement réduite en pièces, pire qu'un meuble Ikea.

– Mis à part ça... il n'y a rien d'autre ici.

Effectivement, Sofian avait beau retourner les décombres, aucun fantôme n'apparut. Déçu, Sofian s'apprêtait à faire son rapport au reste du groupe lorsque soudain.

– Tu abandonnes bien vite, mec.
– ... !!

Le brun sursauta et se retourna vivement. Et ce fut à ce moment qu'il le vit... assis en seiza sur les restes du lit, un adolescent, qui ne lui était pas inconnu...

– P-professeur Eroman ?! s'écria Sofian. Que faîtes vous là ?!

Sofian cligna plusieurs fois des yeux, mais non, il ne rêvait pas. Le grand Eroman, le maître de la perversité en personne était devant lui. Au début, Sofian l'avait pris pour un frappadingue, lorsqu'il l'avait rencontré dans les toilettes des filles du lycée. Mais lors de leur seconde rencontre, Eroman avait démontré tout son innombrable savoir en faisant comprendre à Sofian toute l'importance qu'une petite culotte pouvait avoir. Depuis ce jour, Sofian voyait Eroman comme son professeur et espérait bien à son tour être capable de comprendre l'art de la perversité, même s'il n'avait strictement aucune idée de ce que cela signifiait.
Devant l'incompréhension de Sofian, Eroman sourit.


– Sache mec, que je me trouve toujours là on se dévoile la passion de l'homme !
– B-bien sûr ! s'exclama un Sofian qui ne comprenait pas vraiment ce que cela signifiait.

Néanmoins, Eroman sourit, satisfait de la réaction de son élève.

– Et toi, reprit-il, tu l'as vu aussi n'est-ce pas ? Cette merveilleuse incarnation de la passion...

Sofian haussa un sourcil surprit. Encore une fois, les préceptes de son professeur lui étaient inconnus.

– J-je suis désolé professeur, gémit piteusement le brun. J-je n'ai rien vu.
– Mmh.., marmonna Eroman. Je vois, peut-être avais-je eu de trop grandes espérances pour toi... mais après tout, l'inconnu ne demande qu'à être connu jeune padawan de la perversité ! C'est pourquoi je vais aujourd'hui t'enseigner ce qu'est que la passion.

À ces mots, les yeux de Sofian s'emplirent d'étoiles brillantes.

– Suis-moi, lâcha simplement Eroman.

Le professeur guida son élève jusqu'à la porte de la chambre, qu'il entrouvrit légèrement. Juste assez pour apercevoir Espoir qui s'évertuait à nettoyer un peu sa demeure de fortune.
Comme Eroman restait silencieux, Sofian prit timidement la parole.

– Euh... professeur ?
– Silence. Observe.

Interloqué, Sofian obéit néanmoins. Le brun se concentra sur Espoir. Elle soulevait à grande peine une espèce de grande planche moisie. Mais visiblement, elle avait beaucoup de mal, et par un enchaînement de cause à effet complètement saugrenu la voilà maintenant complètement K-O sous la planche.

– Alors ? s'enquit Eroman. Qu'as-tu appris ?
– ... de ne jamais sous-estimer une planche ?!

Eroman secoua la tête.

–Mon ami, ne regarde pas tes yeux, mais avec ton cœur d'homme !
– ... euuh...
– Je vois, tout une éducation à refaire... mais ne t'en fait pas je vais t'ouvrir à l'Art !

Eroman toussota un moment et pointa Espoir, toujours coincée sous une lourde planche, du doigt.

– Jeune Sofian, regarde bien, car là, se trouve le fantasme de toute l'humanité ! Regarde ! Une petite princesse, innocente, maladroite, donnant le meilleur d'elle-même, même en sachant qu'elle n'est qu'une bonne à rien ! N'est-ce pas là une flèche qui te transperce le cœur ?!
– ... !!
– Cette petite est un être rare Sofian, pure et naïve, encore aucunement corrompu par cette société putride ! La pureté se fat rare dans notre monde, avoir la chance de croiser une pareille merveille fait pleuvoir en mon être un torrent de bonheur !!

Des cascades de larmes s'écoulaient véritablement sur les jours d'Eroman. La gorge serrée, le maître de la perversité parvint toutefois à continuer sa tirade.

– Mais ce n'est pas tout ! En plus de représenter la perfection perdue de ce monde... elle est un androïde ! Sais-tu ce que cela signifie, Sofian ?!
– N-non professeur ! Dites-le moi !
– Un androïde ! Un être artificiel doté de capacités de penser ! Le rêve de l'humanité ! La perfection à l'état pur ! Elle n'est pas humaine, elle est plus que ça ! Elle est un trésor, un fantasme ! Imagine cela Sofian, un être artificiel qui vient de voir le jour... elle est déjà à l'âge adulte et pourtant est aussi ignorante qu'une enfant ! Alors il en revient à toi de l'apprendre le monde, et elle, elle s'émerveillera sur tout ce qu'elle verra, fort de son innocence sans limite ! Elle te suivra ou que tu ailles, te seras fidèle pour l'éternité, car elle te doit la vie ! Vous serez inséparable, l'incroyable alliance entre un homme et sa machine, une passion interdite mais pourtant bien réelle... ! Mais qu'importe la différence ! Qu'importe l'origine ! La passion est plus forte que tout !
– ...!!
– Tu comprends Sofian ?! C'est pour cela que celle petite est l'Espoir personnifié ! Elle est l'Espoir de l'homme ! La finalité de siècles de passion ! L'APOTHEOSE DU BONHEUR ABSOLU !

L'implacable vérité frappa Sofian comme un éclair.

– M-mais bien sûr !! Comment ai-je pu être aveugle à ce point ?!

Eroman sourit en essuyant ses larmes.

– Ah, ils disent tous ça. Mais je suis ravi que tu aies compris mon jeune ami. Peu peuvent se targuer de saisir ce qui fait la passion.

Le maître de la perversité lança un dernier regard à Espoir, et lâcha d'une voix presque nostalgique.

– ... c'est pourquoi tu dois l'aider, mon ami. Elle est précieuse, bien plus que tu ne peux l'imaginer.

Sofian se retourna, dans l'idée de répondre à son professeur mais...

–... hein ?

... celui-ci avait disparût. Eroman s'était littéralement évaporé, comme s'il n'avait jamais été là. Sofian cligna plusieurs fois des yeux, perplexe.

– ... professeur ?

Aucune réponse. La chambre était complètement vide. Sofian se surprit même à se dire que tout cela n'était peut-être qu'un rêve après tout. Mais le brun se souvenait très bien de la Passion d'Eroman, des frissons qui avaient parcouru son corps pendant que le maître de la perversité délivrait sa sainte parole. Non, Sofian n'avait pas rêvé, il le savait.

– ...

Bien que cela l'intriguait au plus au point, Sofian se rendit à l'évidence : rester comme un gland dans cette chambre n'allait pas arranger les choses. Il se souvint alors de sa mission première, chercher les fantômes du manoir. Peut-être que les autres avaient trouvé quelque chose...

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