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Une radio, un pendentif et une tablette de chocolat. de TheMizuHanta



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» Auteur : TheMizuHanta - Voir le profil
» Créé le 28/03/2015 à 16:51
» Dernière mise à jour le 20/04/2015 à 00:27

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Chapitre 25 : Étape 2 : Rallier un magasine à sa cause.
Route 206 : 19h47

- Est-ce que l'on a assez de bois pour la soirée ?
''- Je pense que oui, de toute façon, trois bûches suffisent, n'est ce pas ?''
- C'est vrai, tu as raison...

Oui, pour un campement d'une seule nuit, on avait assez de bois pour que l'on puisse se réveiller avec des braises. Le soleil commençait à prendre doucement des teintes orangées, il se couchera dans moins d'une demi-heure. On pouvait déjà observer le ciel étoilé au-dessus du Mont Couronné, qui donnait à la région de Sinnoh le nom de ''Contrée aux deux régions''. La chaîne de montagnes était tellement plus imposante une fois l'on s'y trouve à ses pieds. On se sent tellement petit, tellement insignifiant. On pouvait aussi admirer, ou plutôt fixer avec regret, la piste cyclable qui faisait la fierté du conseil administratif de Sinnoh. Elle était maintenant en ruines, quelques portions de route s'étaient effondrés pour s'écraser sur la forêt qui s'était créée en dessous, qui fait maintenant office de Route 206. Cette destruction était due aux utilisateurs de cette construction. Divers gang pas vraiment en accord avec la loi utilisaient cet endroit pour régler leurs comptes à coup de Déflagration et Ultralaser. Le pont n'était pas fait pour les combats, et ce qui devait arriver arriva, la piste cyclable fut fermée il y a quatre ans, et il fallait maintenant passer par la forêt qui se trouve au sol et traverser la Grotte Revêche pour atteindre la ville du temps, Vestigion.
Je faisais face au foyer qui offrait de belles flammes orangées, prêtes à danser toute la nuit pour pouvoir nous réchauffer. Je tenais mon carnet dans les mains et la radio tournait sur la fréquence des infos qui s'échangeaient dans tout le pays. Cela faisait deux semaines qu'un meurtre de la Lame Infinie ne s'était pas présenté. Les forces de l'ordre allaient finir par en trouver un dans la soirée, c'était sûr. Je notais non seulement les lieux, dates ainsi que noms de victimes, mais j'y inscrivais aussi les quelques indices que la police de Sinnoh laissait aux médias, pour qu'ils puissent raconter quelque chose à la population. Mon téléphone portable était lui aussi posé à côté de mon appareil. Mais aujourd'hui, un autre fait marquant passait en boucle sur toutes les chaînes, émissions, sites ou encore fréquences radio :

- Aujourd'hui, un grand coup de pied dans la fourmilière dans le monde de la ligue Pokémon de Sinnoh a été donné. Le jeune Rode Ward, venu d'Unionpolis, vient d'écraser le Pokémon le plus puissant de Pierrick Stark, champion de Charbourg. Il a déjà réussi à faire parler de lui lors de la cérémonie de lauréat exemplaires en décrochant une réussite de 100% aux examens ainsi qu'à toute sa période scolaire. Son discours des moins provocateurs avait fait couler beaucoup d'encre, comme le montre cet extrait, je cite : ''Je vais vous dire comment avoir un résultat parfait sans avoir à soudoyer les correcteurs. Il vous suffit de vivre ma vie, et quand vous serez capable d'un tel exploit, vous ne me regarderez plus avec mépris, mais avec respect.''. Il semble qu'il soit lancé pour continuer à grimper dans les sommets.

Nous venions de combattre Pierrick, le dresseur le plus puissant de Charbourg, il y a à peine plus de cinq heures et demi. Anna a vaincu Kohle, le Pokémon le plus puissant d'un champion d'arène en début d'après midi. Sans que je ne sache comment, la situation avait dégénéré contre ma volonté. Le Charkos est entré dans une phase extrêmement étrange. Quand Anna avait achevé une première fois son adversaire, il se releva complètement changé. Il avait les yeux livides et ne faisait que regarder le ciel. Sa voix à elle seule avait suffi pour détruire un plafond en béton armé d'un mètre d'épaisseur. Mais celle qui me surprit le plus, c'était mon Pokémon.
Anna a réussi à s'échapper d'une situation quasi impossible en effectuant un saut de plus de dix mètres. Elle arrivait ensuite à se déplacer extrêmement vite, à une telle vitesse que je perdais le fil de mon observation. Elle remit au sol, et pour la dernière fois, le Pokémon de prédilection du champion de Charbourg. Cette victoire était écrasante, et je me sentais tellement rassuré de la voir sans aucune blessure. Nous étions immédiatement allé au centre Pokémon de la ville minière afin qu'elle passe un rapide diagnostic. J'appris avec soulagement qu'elle allait parfaitement bien, nous partions ensuite en direction de la forêt de la route 206 pour nous retrouver ici en ce moment même. Mais plus le temps passait, et plus ces évènements me dérangeaient. Comment a-t-elle réussit à obtenir de tel capacités de mobilité ? Tout ceci n'avait aucun sens, même un Pokémon des plus agiles, tel un Simiabraz, n'est pas capable de dépasser les détentes de plus de deux mètres. Et puis ses attaques Forte Paume gagnèrent graduellement en puissance, jusqu'à obtenir l'impact d'un véritable fusil à pompe. Même la ''vision'' qu'elle a eu en salle d'échauffement ainsi que sa capacité à entendre les pensées de tout le monde étaient plus que suspect. Mais la chose qui m'avait le plus choqué, ce fut lors ce que je fus à sa hauteur. Une fois qu'elle s'était relevée, elle avait une tête de plus que moi. Je suis sûr qu'elle avait ma taille avant notre premier combat en arène, comment est-ce qu'elle a pu autant grandir en si peu de temps ? Pour ses capacités d'écoute accrues, ça devait forcément avoir un rapport avec l'aura, ou quelque chose dans le genre. Il fallait que je découvre les méthodes qu'elle a utilisée pour ses conditions physiques.
Je jetais un rapide coup d'œil vers ma partenaire, elle était en train de s'entraîner à envoyer des coups de coude dans le vide. Elle répétait son mouvement sans cesse, jusqu'à ce qu'elle obtienne un résultat fluide et qui puisse lui convenir. Une fois qu'elle avait obtenu le bon coup, elle se mettait aux coups de pieds. Elle frappa un arbre bien enraciné pour travailler sa façon de faire. Au moment où son mouvement devient parfait, elle se remet aux coups de coude pour voir si elle n'a rien oublié. Cet exercice permet de perfectionner son arsenal d'attaques et crée une mémoire pour les retenir le mieux possible. Il faut toujours travailler plus, c'est la condition pour pouvoir s'améliorer. Une fois que son exercice était terminé, un petit sourire de satisfaction se dessina sur ses lèvres. Je lui lançais une bouteille d'eau pour qu'elle puisse s'hydrater correctement. Elle s'assit ensuite à côté de moi, fixa pendant quelques secondes la radio et me demanda :

- Qu'est-ce qu'il se passe en ce moment ?

Elle ne pouvait pas entendre le son qui venait d'une machine. Son aura ne lui permettait pas de pouvoir parler avec quelqu'un au téléphone ou d'écouter de la musique. Elle ne pouvait que fixer cette radio et attendre que je lui explique ce que je comprenais. Mais l'important n'était pas là, elle m'avait parlé de sa propre voix, avec un timbre clair et harmonieux. Je me demandais comment est-ce que cela pouvait être possible. Mes souvenirs concernant ses paroles enrouées lors ce que l'on se trouvait dans cet hôpital psychiatrique s'envolaient. Je n'avais pas envie de lui demander le pourquoi du comment, j'étais heureux de pouvoir l'écouter à nouveau. Je lui répondais alors, avec un ton joyeux :

- Pour l'instant, tes prouesses sont en train de se répandre dans les quatre coins de la région.
- Ah bon ? Tant mieux alors, c'est ce que tu voulais n'est-ce pas ? demanda-t-elle en fixant le feu d'un air reposé.
- Oui, tu as même surpassé mes prévisions, son Charkos aussi d'ailleurs...
- Oui... Il avait l'air... Effrayant, et beaucoup plus fort lorsque j'avais gagné une première fois.
- C'est vrai, il avait l'air de cacher des réserves... Et on dirait que toi aussi.
- Hein ?

Elle tourna la tête vers moi immédiatement après que j'ai parlé d'elle. Elle avait maintenant un visage inquiet, comme si je venais de mettre le doigt sur quelque chose qu'elle devait cacher à tout prix. Cela voulait donc dire que j'étais dans la bonne direction, elle avait gardé quelques détails pour elle. Je me penchais légèrement en arrière et pris un visage tout de même souriant afin de ne pas lui faire plus peur :

- Oh, ne fais pas cette tête ! Je ne faisais que des observations. En même temps, je me demande comment est-ce que tu as pu le battre alors qu'il avait l'air de gagner en puissance.
- Et bien... Je... Je ne sais pas vraiment non plus.
- Tu n'as rien sentis, ou autre, au moment où Kohle t'as attaqué quand il est devenu timbré ?
- Et bien... Non, je ne pense pas.

Elle avait hésité pour donner sa réponse, soit il lui fallait du temps pour se souvenir d'un évènement qui lui est arrivé il y a quelques heures, soit elle me racontait une autre version des faits. Elle avait l'air un peu mal à l'aise, perdue dans ses pensées. Tout ceci était suspect, il faut essayer de tirer tout ceci au clair.
Tout à coup, mon téléphone portable se mit à sonner. Je tournais immédiatement la tête vers ce dernier pendant qu'Anna me demandait ce qu'il se passait. Je lui expliquais rapidement la situation avant que mon futur interlocuteur ne tombe sur mon répondeur.
Après avoir remporté la victoire face à Pierrick Stark, je suis retourné voir la journaliste qui était sensée retranscrire les combats de la catégorie étudiant pour le Weekly's Beginners. Bien évidemment, elle ne s'attendait pas du tout à nous voir battre le Charkos du champion de Charbourg, surtout dans cette seconde forme. Je lui ai tout simplement donné une lettre, car elle n'avait pas l'air vraiment disposée à parler, avec ses yeux exorbités et sa bouche entrouverte. Il y avait à l'intérieur les instructions qu'elle avait à lire et appliquer dès qu'elle ouvrirait l'enveloppe. Je lui avais annoncé que c'était sa chance d'avoir une jolie augmentation de salaire, puis je suis partit accompagné d'Anna de l'arène. De toute façon, avec les évènements qui se sont produits, le champion n'allait plus livrer de combats de la journée. Si mon portable sonnait, cela voulait donc dire qu'elle se trouvait à sa maison d'édition, se trouvant à Féli-Cité et qu'elle était en face de quelqu'un en haut de la hiérarchie de sa boîte, que ce soit un éditeur en chef voire même le patron.
Après avoir rapidement expliqué tout ça en une manière bien condensée, je pris une petite inspiration. Tout allait se jouer maintenant, il faudra que je sache me montrer convainquant, voir persuasif en cas de besoin. Il faudra que je trouve les bons mots. Une fois que je me sentais prêt, j'ouvris mon téléphone à clapet, appuya sur la touche étoile et activa le haut parleur. J'annonçais ensuite, en articulant sans trop exagérer :

- Vous êtes bien sur le téléphone de Rode Ward, je vous écoute.
- Bonsoir monsieur Ward, annonça une voix bien masculine, bien touchée par l'accoutumance, je me présente. Je me nomme Brad Jeklings, je suis le responsable éditorial de la zone sud-ouest de Sinnoh pour l'hebdomadaire Wekly's Beginners.
- Donc vous êtes le supérieur direct de la personne qui vous a demandé de m'appeler ?
- Oui, elle se trouve à côté de moi en ce moment, et elle peut vous entendre, comme vous l'avez demandé.
- Je confirme, annonça celle avec qui j'ai parlé il y a quelques heures de cela.
- Bien... Dans ce cas, nous pouvons commencer les négociations sans plus tarder.
- Négociations ? demanda Brad, surprit par mon expression, que voulez vous dire par là ?
- Je ne vais pas y aller par quatre chemins, je compte faire de votre magazine celui qui sera au plus près du plus grand rookie de cette décennie, voire du siècle.
- Et bien monsieur Ward... Vous me semblez bien présomptueux, et je doute que cela puisse être en votre faveur.
- Seriez vous en train de douter de mes compétences à atteindre mes aspirations ?
- En aucun cas, on m'a montré la vidéo de votre combat, on y ressent clairement le niveau d'un véritable dresseur confirmé. Je voulais juste vous prévenir qu'avoir la tête dans les étoiles n'a jamais été une qualité.
- Et bien dans ce cas, je vais utiliser d'autres termes pour vous faire plaisir. Je vous offre l'exclusivité concernant tout évènement me rapprochant de près ou de loin. Vous serez les seuls qui auront le droit à des interviews, impressions d'après combat ou encore d'autres sources d'article qui feront augmenter la vente de vos numéros, je vous le garantis.
- Et bien sachez que la maison éditoriale est honorée de votre offre, j'espère que nous aurons un bel avenir ensemble.
- Minute, ne brûlons pas toutes les étapes, j'ai parlé de négociations, pas de stupide générosité. Si je vous accorde tous les droits de diffusion me concernant, il faudra respecter quelque critères, êtes-vous prêt à les entendre ?
- Euh... Bien. Donnez vos conditions monsieur Ward.

C'était maintenant que le plus gros allait se passer. Sa réponse dépendra de la suite des évènements, et je ne comptais pas sur une défaite maintenant. Je tournais rapidement les pages de mon carnet pour retrouver ces conditions qui allaient me permettre d'avancer dans mon voyage. Une fois que j'étais arrivé sur cette liste, je relus une première fois avant de me lancer.

- En premier lieu, je ne veux qu'aucune recherche ne soit faite sur moi et tout ce qui me concerne. Cela portera donc sur mon passé, mon Pokémon, mes affaires personnelles ou même les dernières personnes que j'ai rencontré, même si je ne leur ait que demandé l'heure. Vous ne pourrez me trouver que là où je donnerais le rendez-vous. Vous n'aurez donc pas le droit de m'accompagner dans la nature, ou encore d'essayer de me chercher, en triangularisant la position de mon téléphone par exemple. Tout article me concernant en projet de parution dans le magazine devra avant tout être estampillé de mon accord. Si jamais quelque chose que je n'ai pas vu apparaît sur une de vos pages, les risques seront grands de votre côté.
- Et bien... On dirait que vous savez ce que vous voulez... Je ne sais pas si je peux accepter ces conditions sans voir avant mes supérieurs...
- Je vais être très clair, vous êtes le seul à pouvoir répondre à ma requête. Coupez cette conversation et je considérerais que votre réponse sera négative.
- Qu'est ce qui arrivera si je refuse votre offre ?
- Je ne suis pas un monstre. Si votre réponse est non, je chercherais une autre maison d'édition qui acceptera le contrat. Sauf que, sans vouloir influencer votre choix, toute la région est désormais au courant des évènements qui se sont produits dans l'arène de Charbourg. Les autres médias voudront sûrement avoir mes avis sur les faits. Après, si vous désirez laisser tomber une exclusivité, c'est tout à votre honneur.
- Ce n'est pas ce que j'ai dit...
- Attendez un peu ! répliqua la journaliste qui ne faisait qu'écouter la conversation depuis le début, on ne peut pas accepter quoi que ce soit n'importe comment. On n'est pas une association de journalisme scolaire, il y a tout un protocole à respecter !

La présence de cette femme m'était sortie de la tête. J'étais centré sur les premières négociations et j'avais oublié la raison de sa position aux côtés de Brad. J'allais donc profiter de ce court instant de silence pour poser un nouveau sujet sur la table.

- Excusez-moi mademoiselle, j'avais complètement oublié le fait que vous étiez là !
- Qu'est-ce que ça peut bien faire ? Je me demande après tout pourquoi est-ce que je suis ici...
- Et bien vous vous souvenez de mon conseil pour avoir une augmentation ? Voilà ma proposition : Monsieur Jeklings, je veux que vous donniez à la personne en face de vous le poste d'attaché de presse. Elle sera la seule personne qui aura le droit de contact entre moi et votre société. Ce sera la seule détentrice de mon numéro de téléphone et elle sera la principale rédactrice des articles me concernant.
- Euh... Est-ce que vous êtes sérieux ? demandèrent les deux personnes à l'autre bout du fil, d'un air abasourdit.
- Je ne suis pas du genre à plaisanter, alors considérez plutôt cette proposition comme étant une autre condition parmi les autres.

Ça y est, j'avais posé toutes les règles à appliquer pour que le contrat puisse être finalisé dans de bonnes conditions. La nouvelle mission consistait donc à faire plier mon interlocuteur, qu'il accepte ces lois dictées par moi-même. Je devais alors attaquer immédiatement.

- Maintenant que tout est dit, il ne me reste plus qu'à attendre votre réponse.
- Je... bafouilla l'homme habitué aux cigares.
- Je vous ai prémâché tout le travail. Je ne demande qu'à être tranquille lors de mon voyage et de voir ce que vous désirez écrire sur moi avant la publication. Et vous avez en retour l'exclusivité de mes actions. Ne pensez - vous pas qu'il s'agit là d'une très bonne affaire ?
- Oui... Mais je ne peux rien décider seul...
- Dans ce cas, est ce que nous serions dans une impasse ? Je suis donc forcé de couper cet appel, j'ai encore des choses importantes à régler ce soir.
- Mais savez-vous à quel point un attaché de presse peut coûter cher ? La logistique, le matériel, l'habitat ou encore la nourriture... Un tel poste demande énormément de frais et je ne peux pas jeter l'argent de la trésorerie ainsi !
- Peut être, mais votre investissement sera rapidement remboursé quand vous aurez multiplié votre production concernant l'impression de vos prochains numéros par dix.
- Vous vivez en pleine utopie... Vous n'avez que dix sept ans, vous n'avez aucune idée de la notion de responsabilité ?

Et bien, ça faisait longtemps que je n'avais pas entendu un argument d'un tel calibre. Maintenant qu'il ne savait plus quoi dire, il a décidé de me rabaisser avec mon âge. J'en avais déjà rencontré des dizaines, à me prendre de haut parce que je n'étais pas majeur, que je n'avais « aucune connaissance du monde qui m'entoure ». Pour celui-ci, je décidais de lui pardonner, il ne me connaissait pas et semblait déjà débordé à essayer de gagner du temps. Je pris juste une courte inspiration afin d'éviter d'avoir à m'énerver et lui répondit tout simplement :

- Vous connaissez mon âge, vous connaissez mon nom, et si vous avez regardé les infos il y a deux ou trois semaines, vous savez que je viens d'Unionpolis. Cependant, vous n'avez aucune idée de ma vie, de ce que j'ai fait ou réalisé. Je vous conseille vivement d'éviter ce genre de terrain, il est plus que glissant.
- Excusez moi des termes employés, c'est ma langue qui a fourché... Le fait est que je ne peux rien vous promettre sans voir mes supérieurs, les revenus en ce moment sont très faibles et des dépenses engagées pour une attachée de presse risque d'être bien plus...
- Dans ce cas, si la discussion ne va que dans un sens, elle n'a plus lieu d'être... Monsieur Jeklings, ça aura été un plaisir d'avoir perdu mon temps en votre compagnie. Passez une bonne soirée et félicitez votre employée pour avoir réalisé du bon travail aujourd'hui.
- Attendez monsieur Ward !
- Je vais être direct. Si je n'ai pas une réponde maintenant, je raccroche de suite. J'ai encore beaucoup de choses à régler et j'ai tout sauf le temps d'attendre un oui ou un non.
- J'accepte votre offre !

Ça y est, j'avais franchis une nouvelle étape dans mon plan. J'avais maintenant un contrôle partiel sur une maison d'édition. Bien évidement, je n'ai pas prit autant de risque dans un pur soucis de popularité. Cet hebdomadaire déjà bien implanté dans la région va me permettre d'adresser des messages envers Baptiste. Je vais pouvoir enfin m'adresser, de manière indirecte certes, à l'homme que je désire traquer depuis maintenant plus de onze ans. Bien entendu, il va falloir trouver les bons mots, les meilleurs moyens de faire en sorte qu'il comprenne qu'il soit le destinataire de mes invitations. Ce que je sais déjà, c'est qu'il a toujours gardé mon nom, mon visage dans un coin de sa tête. Il se souvient forcément de moi, j'ai été sa première victime, le seul qui ait survécu à ses épreuves. Il faudra engager un plan d'attaque dès maintenant, je dois prévoir mes prochains coups, afin de ne pas me faire dépasser. La chasse va enfin pouvoir commencer.
Mais pour l'instant, il s'agissait de finir au plus vite cet appel, je ne voulais pas perdre plus de temps comme ça, j'avais encore plusieurs choses à régler. J'annonçais alors immédiatement :

- Bien, dans ce cas, nous pouvons enfin mettre un terme à cette conversation, et dans de bonnes conditions cette fois ci.
- Et c'est tant mieux pour tout le monde, remarqua la jeune femme au bout du fil.
- Ah tiens, autant profiter de ces derniers instants pour corriger un léger détail... Mademoiselle, même si les circonstances ne sont pas vraiment appropriées, je voudrais poser une dernière question, y voyez vous un inconvénient ?
- Allez y, je suis là pour ça.
- Est ce que je peux vous demander votre nom ?
- Il est vrai que je ne l'ai pas donné à Charbourg à cause des évènements... Je m'appelle Jeslie Kireum.
- Enchanté Jeslie, j'espère que l'avenir de notre collaboration sera radieuse.

Je pouvais enfin appuyer sur la touche rouge de mon téléphone afin de couper définitivement l'échange. Je jetais un rapide coup d'oeil sur le résumé de l'appel. Seulement cinq minutes ? J'avais l'impression d'avoir débattu pendant un quart d'heure ! Mais je pouvais enfin lâcher un soupir de soulagement, tous mes objectifs de la journée sont remplis. Je pouvais maintenant me relâcher un peu afin de profiter un tant soit peu de la soirée qui s'invitait autour de nous et du calme qui règne dans cette forêt, éloignant toute autre forme de vie humaine. Il fallait tout de même faire attention à l'environnement dans lequel nous nous trouvons. Ce lieu rassemble de nombreux critères pour être un endroit offrant des conditions propices à la prolifération de dizaines d'espèces de Pokémon sauvages en tout genre. Certains peuvent être inoffensifs, ou amicaux avec les étrangers. Mais d'autres pourraient être agressifs envers la personne qui empiète sur leur territoire. Étant donné que la faune de la route 206 se résume majoritairement à des créatures de type Insecte ou Plante, la simple vue du feu offerte par notre foyer sera largement suffisant pour les éloigner.
Maintenant que tout était réglé, je pouvais enfin me repencher sur le cas d'Anna. A cause de cet appel de dernière minute, je n'ai pas eu le temps de pouvoir en savoir plus sur les raisons de son gain immédiat de puissance. Le problème, c'est que ces cinq minutes de discussion ont permit à mon Pokémon de pouvoir trouver une histoire qui tiendrait la route afin de m'éloigner de ce qu'elle a l'air de vouloir me cacher. Je n'aurais aucun moyen de la mettre dans le droit chemin, à moins que son récit des faits soit totalement absurde. J'ai peut être un moyen d'obtenir un semblant de piste, mais il y a peu de chances que cela puisse marcher, je devrais faire attention. Je me mis à fixer son visage légèrement mal à l'aise, elle avait un regard inquiet. Que pouvait elle donc bien me cacher pour que je doive rester en dehors de...

"- Est ce que... Tu as réussit...?"

Elle m'avait complètement coupé dans ma réflexion, et sa voix était teinté de crainte. Elle devait essayer de me faire penser à autre chose. Elle était sûrement bornée dans son but de m'éloigner de ce qu'elle doit me cacher, il va falloir contourner son attention. Je lui répondais alors immédiatement, afin qu'elle n'ai pas de doutes, et avec un sourire chaleureux :

- Oui, j'y suis enfin arrivé... C'était chaud, mais tout se passe comme prévu !
"- Félicitations, ça me rassure tellement de te voir sourire !"
- Merci, c'est gentil.
"- Alors ? Qu'est ce que l'on pourrait faire maintenant ?"
- Oh, je ne sais pas trop... On peut profiter de ce moment pour se poser deux secondes. Faut avouer que je ne t'ai pas laissé beaucoup de temps pour toi, tu a fait tout ce que je t'ai demandé sans rien dire pendant presque une semaine... Je voulais m'excuser pour ça.
"- Tu n'as pas à t'excuser, et puis grâce à toi, nous avons atteint ton objectif, c'est très bien ainsi. "
- Oui... Ça fait du bien de pouvoir s'asseoir et respirer un coup... Tiens, j'ai une idée.
"- Qu'est ce qu'il y a?"

Je me mis à fouiller dans mon sac, il y avait une chose qui lui permettrait de faire envoler sa concentration. Il me fallut une bonne quinzaine de secondes pour la trouver, elle était entre les conserves et les fruits secs. Je pouvais enfin sortir sa tablette de chocolat sans qu'elle ne se casse. Dès qu'Anna aperçu ce que j'avais dans les mains, son visage s'éclaircit. Je m'en doutais, un carré lui ferait vraiment plaisir. Je lui demandais bien évidement son avis avant que je n'en prenne un morceau, elle accepta de la tête avec un grand sourire aux lèvres. Je lui tendit sa part avant de remballer le tout pour le ranger dans mon sac à dos. Elle me demanda si j'en voulais, elle était prête à partager sa part pour moi. Je lui répondis alors :

- Non merci, j'ai pas très faim là.
"- Je ne pense pas que l'on a forcément besoin d'avoir faim pour manger un simple carré." observa ma Lucario
- Peut être, mais n'oublie pas que c'est ta tablette, elle est à toi toute seule. Je n'ai pas à en manger.
"- Oui, mais comme elle est à moi, j'ai le droit de vouloir la partager avec toi."
- C'est vrai... Tu as raison sur ce coup là.
"- Mais... J'ai l'impression qu'il y a une autre raison derrière ton refus. Tu me cache quelque chose..." observa-t-elle en fronçant légèrement les sourcils.
- Et bien... Pour être franc, j'aime pas trop le chocolat noir.

Je n'ai jamais aimé le chocolat noir, le goût amer du cacao était loin d'être appréciable pour moi. Je préfère prendre du chocolat au lait ou tout simplement un fruit, ce qui est plus sain au passage. Elle continuait à me fixer pendant quelques secondes avant de sourire et lâcher un petit rire, entendre sa voix était vraiment rassurant. Elle croqua un bout avant de lever la tête vers les étoiles. Il n'y avait pas de nuages, et un léger vent frais se faufilait entre les arbres autour de nous, il fallait avouer que c'est agréable en été. Une fois qu'Anna avait fini son carré de chocolat, elle se mit à fixer le feu de ses yeux de velours. Elle avait posé sa tête sur ses pattes, les coudes sur ses genoux. Elle avait l'air apaisée, c'était maintenant que je pouvais reprendre les questions, mais de manière suggestive. Je lui demandais alors, afin d'amorcer une nouvelle conversation.

- Anna... Ça n'a pas l'air d'aller.
"- Comment ça?" me demanda-t-elle en se retournant vers moi légèrement surprise.
- Je sais pas... Tu m'a l'air étrange ce soir. Est ce que tu as mal quelque part ?
- Non... Pas spécialement.

Elle venait de placer ses paumes sur les cuisses, cela voulait donc dire qu'elle sentait réellement de la douleur, même légère aux jambes. J'avais une première information dans la poche, il fallait continuer ainsi.

- Je ne veux pas trop te déranger aujourd'hui, mais je voulais savoir quelque chose. Tu te souviens quand tu m'a vu en flammes bleues ? Je pensais que ça avait un lien avec le jour de ton évolution, est ce que tu a pu voir une différence ?
"- Hmmm... Je ne pense pas. Je ne me souviens que d'un cours moment du moment où j'ai évolué, mais je ne me rappelle pas d'assez de moments pour comparer avec aujourd'hui..."
- Mince... Tu ne pense pas que ça aurait un lien avec ton combat ?
"- Je ne pense pas."
- Comment ça ?
"- Si j'avais obtenu des pouvoirs au moment où j'ai pu te voir les yeux fermés, je n'aurais pas eu autant de mal en début de combat."
- C'est vrai que ça se tient. Donc ces deux évènements n'ont aucun lien.
- Oui !

Elle m'avait répondu avant même que je ne puisse dire mon dernier mot. Elle avait l'air sacrément pressée que notre conversation se termine. Il était donc clair que sa dernière affirmation soit erronée. J'avais déjà deux nouvelles informations à traiter, mais une dernière me sera bien utile. Je me suis alors mis à la fixer, sans être sévère. Elle semblait moins calme sur le coup. C'était maintenant ou jamais. Je lui posais calmement ma dernière question pour la soirée :

- Anna, est ce que tu me cache quelque chose ?
"- ... Non Rode, rien du tout."

Ça y est, j'avais enfin ce qu'il me fallait. Elle venait de se pincer la lèvre inférieure et elle a resserré ses poings. Elle avait fait un tic nerveux, signe d'une anxiété qui l'empêchait d'agir normalement. Pour mentir, on essaie d'avoir un visage serein et d'agir naturellement, afin d'être crédible et de ne pas attirer l'attention quand on veut cacher quelque chose. Mais quand quelqu'un est sous pression, il ne peux pas tout contrôler, et son stress laisse passer des petits signes permettant de savoir si quelqu'un dit la vérité ou non. Et le corps d'Anna venait clairement de me dire que ses paroles étaient fausses. C'était la deuxième fois que j'ai pu apercevoir son tic nerveux. La première était lors du premier jour de l'examen commun, il y a moins d'un mois. Elle m'avait caché le fait qu'elle ai usé de ses capacités de parole pour Nikolaï. Quand je lui ai demandé si elle m'avait caché quelque chose d'autre, elle avait répondu de la même manière. Je risque de m'avancer dans un terrain inconnu, mais il peut y avoir un lien entre ces deux mensonges. Est ce qu'il lui est arrivé quelque chose de semblable ce jour là ?
J'arrêtais mes pensées sur le champs. Qu'est ce que j'étais en train de faire ? Je voulais des réponses et me voilà à mener un interrogatoire à mon Pokémon. J'étais bien ridicule sur le coup. Je m'empressais de m'excuser envers Anna, mon comportement était inacceptable :

- Je suis désolé, je ne voulais pas te déranger comme ça...
"- Ce n'est rien, répondit elle doucement, tout va bien."
- Et bien dans ce cas, lançais je en me relevant, il est grand temps de préparer le dîner, je commence à avoir faim.
"- Ce n'est pas ce que tu disais il y a deux minutes..."
- Hein ? répliquai je d'un ton ironique, qu'est ce que tu as dit ?
"- Rien, rien du tout."

Elle avait répondu en mettant sa patte devant sa bouche, pour cacher son sourire et le rire qu'elle laissait passer. Je me mis à sourire à mon tour, ça faisait un moment que je n'avais pas laissé transparaître la joie sur mon visage. Je sentais une vague de réconfort venant de mon Pokémon. Malgré son évolution, elle avait gardé ses capacités d'émanation d'émotions et de sentiments en tant que Riolu. Elle avait mûrie, mais quelque part, elle est toujours resté celle que j'avais rencontré. Elle arrivait toujours à avancer malgré les obstacles qui se dressaient sur son chemin. Je devais prendre les avants, je ne pouvais pas la laisser continuer ainsi seule. Je me devais d'être son exemple, pour qu'elle ne subisse plus à cause de mes erreurs. Elle a travaillé dur pour obtenir sa force, et je devais faire de même pour acquérir la mienne. Car elle est un Pokémon, et je suis son dresseur.