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» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 07/03/2015 à 18:29
» Dernière mise à jour le 12/03/2015 à 19:53

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Chapitre 23 : Petit morceau de cervelle
Cullen était là, assit sur la chaise, les mains ficelées dans son dos, un bâillon sur la bouche et un foulard sur les yeux. Du sang et de la sueur se mêlait sur son visage en décomposition et, quand bien même il avait dû se débattre avant, il était inerte à mon arrivé. Le corps chancelait et s'écrasait sur lui même, retenu simplement par les cordes qui le cerclait et ses jambes pendaient lamentablement. Le seul élément prouvant qu'il était encore en vie était la respiration rauque qui sortait de sa bouche par instants, très brève.

Si j'avais eu cette vision vingt ans auparavant cela m'aurait sans doute horrifié, après tout je n'étais qu'un gamin. Mais pas simplement. Les choses que j'avais vécu entre temps avant d'en arriver ici avaient fait de moi un homme fort, qui ne redoutait plus la douleur.
La destruction de Rovia, la mort du vieux, l'orphelinat de Fan, ma séparation avec Mila, ma marche vers la tête de la résistance et la Ligue... C'étaient tant de choses que j'avais du mal à réaliser et que je ne concevais qu'à moitié.
Le fait est que je les avais vécu, que j'avais vu plus de choses dans ma vie que dans celles de trente hommes. Voir Cullen, l'homme que j'avais affronté en combat régulier quelques jours avant, ficelé comme un chien puant à cette chaise ne provoquait en moi aucun sentiment. C'était naturel.

Charles m'attendait dans la salle de torture dont Bill m'ouvrit la porte. Elle était sobre, situé dans le sous-sol de l'un des bâtiments que nous avions établis dans la capitale, possédant quatre murs, une chaise, une ampoule pendant au plafond, de l'humidité, de la moisissure et des crottes de rat. L'odeur qui s'en dégageait semblait vous absorber les narines et de bousiller votre odorat mais cela n'avait actuellement aucune importance.
Celui qui m'intéressait était enfin parmi nous.

« Edward Cullen. »
Il releva la tête quand je prononçai ce nom et se tourna dans ma direction. Si certains de ses sens ne lui étaient actuellement pas disponibles, l'ouïe n'en faisait pas partie. Il essaya d'ailleurs de parler mais le bâillon sur sa bouche l'en empêchait de sorte à ce que je n'entendis qu'un bafouillement inaudible.
« Je vais être clair, repris-je sans la moindre once de compassion dans ma voix. Nous allons enlever le bâillon dès que j'aurais terminé les explications mais tu vas respecter tout d'abord certaines règles sans sourciller. Tout d'abord tu sais sans doute à ma voix qui je suis, notre rencontre est récente. En revanche nous ne sommes pas là pour parler de moi. Deuxièmement c'est à moi de parler, tu ne le feras que lorsque je t'aurais demandé de le faire et pour dire ce que je veux que tu dises. »

Cela dit j'ai adressé un signe de tête à Charles qui s'est avancé pour défaire le bâillon. Cullen s'est mit à souffler en guise de libération, non pas pour montrer un mécontentement mais pour récupérer son souffle. Je l'ai laissé faire, quelques secondes, avant de reprendre notre discussion.
« Je sais que tu es à la solde d'Aimé, ce n'est pas un secret et tu ne m'apprendra rien de nouveau sur le sujet et...
– Je ne sais pas où il est, je le jure.
– C'est moi qui parle, toi qui réponds. Respecte cette règle et il n'arrivera rien de fâcheux. Pour ce qui est du président, je m'en doute et je m'en fiche. Je veux savoir où se trouve Monsieur H. »

Il n'a pas répondu toute suite, comme s'il hésitait à le faire pour ne pas enfreindre mes règles. Et le silence a duré jusqu'à temps que Bill s'en mêle en lui donnant un coup de pied dans la rotule qui le fit gémir de douleur. « Tu entends ? Monsieur H, où est-il en ce moment ?
– Je ne sais pas qui est ce type, répondit en criant l'ancien maître.
– Monsieur H, repris-je, docteur et scientifique. Un vieux chauve, propriétaire de l'orphelinat de Fan à la solde du gouvernement, chercheur sur le troisième œil, recherches financés par Aimé. T'es qu'un sbire mais fais un effort. »

Il a soufflé, encore une fois, haletant puis a tenté de glisse une réponse. « Je connais un Monsieur G, il est chercheur pour Aimé mais je ne sais rien de plus.
– Monsieur G ?
– Il change de pseudonyme au fil du temps, est intervenu cette fois Charles, tu penses bien que ce n'est pas vendeur Tueurs de gosses sur un CV. »
J'ai plissé les sourcils comme pour réfléchir mais tout était flou dans ma tête. Cela faisait des années que je traquais ce type et voilà la seule piste à laquelle j'accédais après tout ce temps : une autre lettre sans la moindre signification. Ce n'était pas comme cela que j'allais le retrouver.

« Enlève le truc qu'il a sur les yeux, ai-je demandé à mon père adoptif qui s'est immédiatement exécuté. Je veux qu'il voit ce que l'on m'a fait à l'orphelinat. »
Quand il revint à la lumière, Cullen paraissait encore plus pathétique qu'avant. Tel un rongeur plongé trop longtemps dans le noir, son regard se promenait autour de nous, cherchant à discerner avec efforts ses ravisseurs. La lumière de la salle lui arrivait en plein visage et le retour à la réalité faisait mal.
Mais sans attendre je me suis avancé dans sa direction, me moquant qu'il soit ou non rétablit. Je me suis emparé de sa tête à deux mains, l'est tournée dans ma direction et ai soulevé mon pull afin de découvrir mon ventre.

Son visage s'est alors décomposé, teinté d'horreur. Ce n'était pas chose facile d'être le pion d'Aimé mais au moins on s'épargnait tout le sale travail. Il n'avait que rarement dû voir une telle chose au cours de sa carrière en tant que marionnette basée à la Ligue pokemon.
« Voilà ce que l'on faisait à l'orphelinat de Fan, en secret, sifflai-je haineusement en lui crachant au visage quelques postillons. Voilà ce que les fils de pute de ton espèce faisaient là-bas. Tu en as sans doute entendu parler, de cette grande maison à l'ouest, près de la mer, dans laquelle on faisait des recherches pour le compte du gouvernement, pour aider à la guerre. Tu savais que les cobayes qu'on y parquaient par dizaines n'étaient que des gosses. Et pourtant, comme tous les autres, vous n'avez fait que lécher le cul de votre président. Tout ça pour quoi ? Une place de maître même pas mérité, pour un équipe de pokemons offerte gracieusement par ton maître pour garder ta place et ta laisse ? Et en retour il suffisait de sucer et de fermer les yeux sur deux ou trois bricoles. »

Il était pâle, plus qu'il ne l'avait sans doute jamais été dans toute sa vie. Dans son regard se mêlaient la peur, l'étonnement et la peine. Mais je n'en avais rien à foutre, strictement rien à branler. Même si des larmes de sang se mettaient à couler sur son visage, je continuerai mon petit discours.
« Les gosses qui se trouvaient là-bas avaient parfois dix ans et tu sais combien en sont revenus en vie ? Aucun, c'était la version officielle qu'on a balancé à Aimé pour qu'il ne se fâche pas. En vérité Monsieur H savait qu'il avait manqué deux cobayes pendant le nettoyage. Pour lui me voir dans tous les écrans de télévision l'autre jour n'était sans doute pas une surprise. Aimé en revanche devait faire la tête. »

Cullen n'a rien répondu, il ne pouvait rien répondre. Il s'est contenté de baisser la tête, ce qui m'a mit en colère. J'ai bandit le poing en l'air avant de le lui coller dans le menton, faisant voler une dent à travers la pièce ainsi qu'un gros glaviot de sang qui est allé se coller contre le mur d'en face.
« Vous irez tous crever en enfer pour vos actes, pour les vies détruites, pour la guerre et toutes ces saloperies. »
J'ai relevé plus haut mon pull tout en le forçant à regarder. Puis, après qu'il eut fixé deux secondes mon torse, j'ai décoché une autre droite, en plein dans son œil. Tout ma haine se déversait dans cet instant, toute celle que j'avais accumulée durant des années était en train de bouillir au fond de mon esprit et de jaillir dans mes poings. Cullen reçu une dizaine de coups et, alors que j'allais poursuivre la torture, Charles a intercepté la suite.

« Arrête. »
J'ai voulu répliquer quelque chose mais il ne m'en a pas laissé le temps. D'un signe du menton il m'a demandé de regarder en direction de notre prisonnier.
Il pleurait.
Ce n'était en revanche ni des larmes causées par la douleur, ni celles qui coulent à cause de la panique. Il s'agissait de peine et de regrets des plus sincères. Mes mots plein de haine étaient allés le toucher droit dans son cœur. Venant de lui je ne pouvais douter de la sincérité de ce sentiment, après tout il n'était qu'un pion, un pion blessé.

Entre deux sanglots il bafouilla deux mots : « ... Gefat... désolé... »
Une lumière s'alluma dans mon regard. « Gefat ? La ville sur la côte ouest, qu'est-ce qui s'y trouve là bas ?
- Monsieur G, me répondit-il en séchant ses larmes. J'ai entendu il y a deux mois qu'ils relançaient les recherches menées à Fan.
– C'est tout ce que tu sais ?
– Je le jure. »

Je me suis tourné vers Charles qui m'a adressé un sourire. « Il a coopéré et je doute qu'il soit aussi responsable que tu le penses.
– On ne peut pas pour autant le relâcher.
– L'extrader à Kanto est possible. J'ai un contact prêt à le charger dans une heure dans un camion qui roulera jusqu'à la côté où il embarquera demain matin et...
– Ne vous fatiguez pas, l'interrompit Cullen. Je n'ai plus le temps.
– Plus le temps ? »

Mais dès l'instant où je posai ma question, ce fut comme si le temps se mettait à défiler au ralentit. La tête de Cullen sembla grossir comme un ballon, ses yeux voulant comme s'échapper de leurs orbites, sa peau se craquelant de part en part. Puis son crâne éclata, des morceaux volèrent au travers de la pièce, de la cervelle teinta les murs et il ne resta sur la chaise qu'un tronc puant. Une vision d'horreur qui nous laissa tous les trois sans voix.
Cela venait de se passer si rapidement, trop rapidement...
Et les derniers mots de Cullen avaient été un repentir, un moyen pour se racheter. Il savait ce qui l'attendait, l'explosion de ce dispositif qu'Aimé avait fait installer dans son cerveau dès ma victoire à la Ligue afin de le faire exploser en cas d'urgence... Et, devant cette mort certaine, il avait décidé de délivrer un dernier message, un indice précieux.
Contrairement à ce que je pensais en entrant ici, j'en ressortais le cœur lourd. La nuit à venir, mon esprit n'aurait de cesse de penser à H et au courage de Cullen.